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jeudi, 30 juin 2022

Guido De Giorgio et la tradition de Rome

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Guido De Giorgio et la tradition de Rome

Daniele Perra

Source: https://www.paginefilosofali.it/guido-de-giorgio-e-la-tradizione-di-roma-daniele-perra/

"Rome est l'Orient de l'Occident" [1]. Cette affirmation résume à elle seule le sens de l'œuvre et de la pensée de Guido De Giorgio (1890-1957) : érudit, penseur et théoricien d'une forme très complexe de traditionalisme intégral (profondément enraciné dans la romanité) dont il considérait Dante Alighieri comme l'exposant le plus convainquant. Dans cette perspective, celui qui écrivait sous le pseudonyme d'Havismat dans la revue du Groupe Ur et qui était l'animateur (avec Julius Evola) de la revue La Torre considérait la médiation de la romanité comme la seule voie viable au regard d'une future normalisation traditionnelle en Europe. La "rectification de l'Europe" passe par un retour à la tradition romaine. Et le retour à la Tradition romaine signifie d'abord permettre à chacun le développement normal de sa propre nature. Une idée qui ressemble beaucoup à la dichotomie typiquement islamique entre mustadafin et mustakbirin. Ces termes, généralement traduits en Occident par opprimé/oppresseur, indique en fait la capacité d'un gouvernement correctement islamique à garantir ou non la possibilité pour l'homme de développer son potentiel donné par Dieu.

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L'influence de l'Islam, que De Giorgio a étudié en profondeur lors de son expérience tunisienne, se retrouve dans d'autres passages de son œuvre. En particulier, De Giorgio développe une idée de petite et grande "guerre sainte" qui est absolument interchangeable avec l'idée islamique de jihad as-ashgar et jihad al-akbar (petit et grand effort) qui indique la confrontation militaire (dans le premier cas) et le conflit intérieur pour échapper à la prison de l'ego et s'élever vers Dieu (second cas). La victoire dans la "Grande Guerre", selon De Giorgio, consiste à atteindre la "Solitude divine". La foi, écrit le penseur né à San Lupo, est l'isthme entre l'humain et le divin [...] entre ce que l'homme n'est pas et ce qu'il est vraiment quand il a dépassé et surpasse à jamais la condition humaine" [2]. Dans cette hypothèse également, outre la manifestation de certains aspects inhérents au thème de la géographie sacrée, on retrouve l'influence islamique. L'isthme, en effet, est généralement considéré comme l'endroit où deux mers convergent. Dans la sourate coranique de la Grotte (al-Kahf), Moïse est sauvé par al-Khidr alors qu'il se prépare à atteindre le "confluent des deux mers". Ce dernier, identifié comme une sorte de guide spirituel, aide Moïse à découvrir le bon chemin et à comprendre l'impénétrabilité de la volonté divine. C'est ainsi qu'al-Khidr se décrit dans un dialogue imaginaire relaté dans un texte d'Abdul Karim al-Gili : "Ma demeure permanente est la montagne de Qaf. Mon lieu de repos est al-Araf. Je suis celui qui est posté au confluent des deux mers, celui qui plonge dans le fleuve d', celui qui boit à la source de la source. Je suis le guide des poissons dans la mer de la divinité. C'est moi qui ai initié Moïse [3]. À cet égard, il convient de noter que dans la théosophie islamique, l'expression "confluent des deux mers" désigne le plan divin marqué par la confluence du mode d'être nécessaire et du mode d'être possible dans lequel sont contenues les formes imaginaires de l'universalité des choses et des êtres dans tous leurs degrés. C'est le moment où l'homme est réservé à l'instant de la décision : rester dans le monde des formes ou s'élever vers l'espace du pur intellect. De Giorgio écrit : "Mais celui qui, dans la forme, voit la forme, celui qui, dans le monde, ne voit que le monde et le sépare de Dieu en maintenant cette distinction sans en faire le lieu, la raison même de l'unification, non seulement ne saura jamais ce qu'est Dieu, mais il ne saura pas non plus ce qu'est le monde parce qu'il se perdra dans le monde et le monde en Dieu" [4].

Cette considération peut être traduite schématiquement par le symbolisme de la croix. Aux extrémités de la ligne verticale se trouvent l'alpha (le nord) en haut et l'oméga (le sud) en bas, tandis que la ligne horizontale a l'ouest à droite (mort, déclin) et l'est à gauche (naissance, lumière). Le mouvement traditionnel se déplace du nord à l'est. Le nord représente la tradition primordiale. Au-dessus de toutes les formes traditionnelles, affirme De Giorgio, il y a donc la Tradition primordiale, tout comme au-dessus de toute manifestation divine, il y a Dieu en qui ce qui, dans les traditions particulières, est présenté comme destiné à des peuples et des races spécifiques, se réalise dans un complexe fixe qui contient, outre une vision définie du divin, divers moyens de le réaliser efficacement" [5]. L'est est la lumière, le lieu encore le plus proche de la Tradition primordiale : c'est-à-dire le lieu où les hommes, en raison de la distance plus courte qui les sépare de l'origine divine, sont mieux à même de reconnaître la vérité que quiconque. Le sud est associé à des formes traditionnelles aujourd'hui disparues, tandis que l'ouest est inévitablement synonyme de décadence.

Le point où les deux lignes droites (verticale et horizontale) se rencontrent est l'instant du "Silence", du "vertige abyssal du Néant" (pour utiliser une terminologie heideggérienne) ; c'est le "Vide" du Tao. C'est le point/instant de la redécouverte de l'Être: le moment du coup de foudre qui régit toutes choses, selon Héraclite. Cette intersection contient la possibilité d'une expansion verticale en devenant une montagne, symbole de la transcendance et du sacré, de la stabilité de ce qui reste et de la hiérarchie. La base de la croix est la terre mais son sommet est le ciel dans un axe intégral qui constitue la polarité nécessaire à la conquête de tous les états intermédiaires. Dans le Zen et le Yoga, le corps humain, assis avec les jambes croisées et le dos droit, reproduit la forme géométrique de la montagne dans laquelle le sommet est la tête et les jambes représentent l'unité et l'harmonisation des opposés [6].

Le centre de la croix représente l'axe autour duquel la vie se cristallise: c'est un pôle. Le pôle est développé sur trois niveaux: le centre, la frontière et la périphérie qui, à leur tour, représentent non seulement la division en castes (le centre correspond aux prêtres gardiens du rituel et du sacré, la frontière fait référence aux guerriers défenseurs de la patrie en tant que lieu fixé par Dieu pour la conquête du ciel, la périphérie est liée aux travailleurs en tant que producteurs de la subsistance de la vie) mais aussi les différents degrés d'initiation, les "trois mondes" sur le chemin qui mène de l'humain au divin. Dante les identifie comme l'Enfer (le lieu des formes et des sens), le Purgatoire (l'espace de la psyché et des rythmes) et le Paradis (le lieu du silence et de l'intellect pur). L'intellect est le cœur et le feu, le cerveau est le rythme et l'air, le reste est la forme et la terre. Alors que l'eau est un pur devenir : une réalité de transition de la forme aux rythmes.

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Cette distinction, là encore, se retrouve dans l'Islam. L'imam Khomeini (celui qui a été décrit comme "un gnostique méconnu au 20e siècle") a écrit : "Sachez que l'homme a globalement trois domaines et possède trois niveaux ou mondes: d'abord, le domaine de l'au-delà, le monde caché et le niveau de la réalité spirituelle et de l'intelligence ; ensuite, l'intermundium, le monde intermédiaire entre les deux mondes et le niveau de l'imaginaire ; enfin, le domaine de ce monde inférieur, le niveau du domaine physique (molk) et du monde visible (shahadat). Pour chacun d'eux, il y a une perfection propre, une éducation et une activité spécifiques en fonction de son domaine et de son niveau [...] Ces trois niveaux de l'être humain sont interdépendants, de sorte que les effets de l'un s'étendent aux autres ... Celui qui cherche à partir pour l'au-delà sur le chemin droit de l'humanité doit donc améliorer et forcer l'ascèse sur chacun de ces trois niveaux avec une attention et un contrôle appliqués et assidus et ne négliger aucune des perfections qui proviennent de la connaissance et de la pratique' [7].

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Un motif similaire est représenté sur le bouclier d'Achille, forgé par Héphaïstos, dans l'Iliade. Celle-ci, en effet, était divisée en cinq zones circulaires différentes contenant des représentations différentes. Dans la première zone, la plus centrale, est représenté le ciel (l'espace du Divin) ; dans la deuxième zone se trouvent deux villes, l'une en paix et l'autre en guerre, représentant l'administration civile et militaire ; dans la troisième zone se trouvent des scènes qui rappellent l'activité agricole (semailles, moissons, vendanges) ; la quatrième zone représente des scènes de vie pastorale ; tandis que dans la cinquième zone, la dernière, se trouve le grand fleuve Océan, la mer qui enveloppe et renferme la terre. Encore une fois, la mer (l'eau) représente une "réalité qui disparaît". C'est particulièrement évident dans l'autre poème homérique, l'Odyssée, dans lequel le voyage initiatique est représenté comme un long voyage en mer jusqu'au retour à la patrie: la maison non voilée de l'Être initialement méconnaissable pour Ulysse lui-même, qui en a été éloigné trop longtemps.

Dans cette perspective, l'œuvre d'Homère et de Dante est présentée dans les deux cas comme une révélation divine. Si Homère a été la première révélation religieuse d'Europe, Dante est celui qui a révélé le premier le mystère de la romanité sacrée. La Commedia, selon De Giorgio, représente "l'assomption la plus vertigineuse de l'humain au divin, le tracé le plus intégral de la Via Sacra". L'œuvre de Dante est un retour à la source, à l'endroit où l'eau est la plus pure. Il exprime le besoin de revenir au début. Tout comme l'eau est plus pure près de la source (une idée qui rappelle la charia dans l'Islam comme le chemin vers une source d'eau dans le désert), l'homme est plus parfait à mesure qu'il se rapproche de Dieu. En d'autres termes, Dante trace "dans le sens de la double tradition unifiée au nom de Rome, les degrés de réalisation de l'ascétisme" [8] et, avec lui, la rectification spirituelle de l'Europe.

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Le symbolisme de la croix se retrouve dans le fascio littorio comme emblème figuratif du pouvoir. Les douze bâtons (12, comme 1+2, est également un symbole trinitaire) indiquent la couronne zodiacale et la fixité du cycle solaire (stabilité). Douze, d'ailleurs, étaient les vautours escortés vers l'est (avec la foudre, la lumière et le son comme véhicule de la révélation divine) par Romulus sur la colline du Palatin d'où il tira les auspices pour la fondation de la ville de Rome: l'Urbs à l'intérieur de laquelle il y a non seulement des temples dans lesquels les cultes des dieux sont célébrés mais dans lesquels leur présence est manifeste [9]. La hache à deux branches (une sorte de croix de Saint-André, similaire en cela au Geviert heideggérien) placée au sommet du faisceau est le symbole de la conjonction entre la loi humaine (jus) et la loi divine (Fas). Et le droit romain lui-même, fondé par Romulus et codifié par Numa, constitue l'égalisation des exigences humaines dans la loi de Dieu. Dans le droit sacré de la Rome antique, en effet, coexistent le Fas, droit divin (la norme émanant de la volonté divine), et le jus, droit humain façonné par la volonté des hommes. Comme le rapporte le penseur traditionaliste espagnol Antonio Medrano : "Le Fas constitue la base et le fondement du second, le jus, qui n'est rien d'autre qu'une dérivation du Fas [...] le jus ou la loi humaine doit respecter le Fas ou la loi divine" [10].

Le Fas, dans ce sens, est le jus divinum, le devoir sacré, l'ordre sacré ou le droit sacré. Le Fas est tout ce qui se conforme à la volonté des dieux. Ce qui est contraire à leur volonté, comme le proclame Cicéron, est nefas: "quod non licet, nefas" (ce qui n'est pas permis, est néfaste). À cet égard, Julius Evola est encore plus clair : "chaque fois que la vie humaine, individuelle ou collective, s'écarte du Fas, on commet un acte déplorable et générateur de conséquences fatales" [11].

Toujours selon Medrano : "le concept romain du Fas en vient à coïncider avec l'Asha ou 'bon ordre' de la religion zoroastrienne, le Rita de la tradition védique indo-aryenne et avec le Dharma de la culture hindoue et bouddhiste [...]. Le Fas romain présente également des similitudes avec les divinités grecques Dike et Themis, qui incarnent l'idée de Justice, de Loi ou de Norme divine (Nomos) [...] L'origine étymologique du mot latin Fas se trouve dans la racine indo-européenne dhe-, qui contient le sens de placer, situer, arranger" [12]. De la même racine dérivent les mots "heureux", "de bon augure", "faisceau" et les termes susmentionnés Dharma et Dike. De plus, les assonances avec le latin Deus et le grec Theos sont évidentes.

Romulus, chef militaire et augure, incarne parfaitement le rôle du roi et du prêtre dans la tradition indo-européenne. Il est le monarque qui combine les fonctions des trois classes de l'organisation sociale indo-européenne : la gestion du sacré, la gestion de la guerre et la gestion sacrée de la production, de la richesse et des activités matérielles nécessaires à la subsistance.

Lorsque les Grecs étaient sur le point d'abandonner l'entreprise troyenne, Ulysse leur a dit: "Non, il n'est pas bon de commander à plusieurs. Que l'un d'entre eux soit le chef de file". Nous trouvons ici l'idée (proprement indo-européenne) selon laquelle l'unité souveraine de l'éternité doit correspondre au Chef unique dans le temps. De Giorgio écrit: "et comme Dieu est pure contemplation, et qu'on ne peut concevoir en lui autre chose que la jouissance cognitive de l'éternité, ainsi le Chef inversement fera de sa vie une pure activité dédiée au maintien du commandement sur terre par l'exercice de la justice" [12]. Mais il ne peut y avoir de justice et d'exercice légitime de la règle si l'on dénature la nature des hommes en négligeant leurs possibilités réellement positives de développement, puisque le suum cuique tribuere du droit romain, au sens profond de l'expression (pour revenir aussi à ce qui a été soutenu au début de cet essai), signifie permettre à chacun de se conformer à sa propre nature et de profiter du courant dans lequel il est né.

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Dante est un défenseur de cette forme intégrale de traditionalisme parce qu'il reconnaît non seulement comment l'action est subordonnée à la contemplation, mais aussi comment la rectification spirituelle de l'Europe au moyen du "divin rectificateur" Veltro est inséparable de la romanité comprise comme un principe commun et une puissance unificatrice dans l'Empire et l'Empereur.

Le métaphysicien français René Guénon a trouvé ces aspects politico-spirituels dans l'étude numérologique de la Commedia de Dante. Dante, observe Guénon, place sa vision au milieu de sa vie et au milieu de la vie du monde (65 siècles). L'évaluation de la vie du monde (ou du cycle actuel), dans ce cas, comme le rappelle toujours le penseur de Blois, est de 130 siècles: soit 13.000 ans, ce qui correspond à la durée de la "grande année" pour les Grecs et les Perses considérés, par Hésiode et Hérodote, comme des "frères engendrés par la même lignée divine". C'est le temps entre deux renouvellements différents du monde. Le nombre 65, en chiffres romains, correspond à LXV qui, en inversant les deux dernières valeurs, devient LVX avec une référence plus qu'évidente à la "lumière divine" et à la "métaphysique de la lumière". D'innombrables autres nombres reviennent avec continuité dans le poème de Dante: de sept (le nombre sacré dans toutes les traditions religieuses) à 9 (le triple ternaire), de 33 (les années de la vie terrestre du Christ) à 99 (le nombre d'attributs divins dans la tradition islamique). Cependant, ce sont 666 et 515 qui jouent un rôle prédominant. Le 666 (nombre de versets séparant la prophétie de Ciacco de celle de Virgile et celle de Brunetto Latini de celle de Farinata), déjà une expression du soleil, apparaît comme le nombre de la Bête dans l'Apocalypse de Jean où il contient en lui-même le nom même de l'Antéchrist. Le nombre 515, quant à lui, est le nombre du messager de Dieu, parfois associé au "Veltro", c'est-à-dire à un chien: un terme dont la consonance particulière est proche du mot "Khan" indiquant la puissance/pouvoir dans diverses langues répandues sur le continent eurasien. Le 515, à son tour, en chiffres romains est transcrit comme DXV qui, en inversant les deux dernières valeurs, devient DVX : un terme indiquant le rôle de "chef", "guide" ou "chef militaire" [14].

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Dans l'idée politique de Dante, l'Empire est une monarchie universelle (voulue par Dieu) nécessaire au bon ordonnancement politique du monde. L'Empire, en tant qu'institution réunissant le pouvoir temporel et spirituel, est le seul système politique capable de réaliser la mission terrestre et céleste de l'homme. En effet, elle est l'aboutissement par excellence de la vie associée de l'homme. Un tel Empire, cependant, ne peut que (re)construire sur cette Tradition romaine dont le destin est d'être un médiateur entre l'Orient et l'Occident. L'Italie elle-même, de par sa nature et sa conformation géographique, est un isthme entre deux mondes. Une caractéristique que l'on retrouve dans la divinité "purement italique" de Janus, à deux visages, qui regarde à la fois l'ouest et l'est et dont le temple, fermé en temps de paix, n'est ouvert qu'en cas de guerre. Rome était en outre la seule ville à être le centre sacré de deux traditions différentes et, du point de vue de De Giorgio, seulement apparemment antagonistes, la tradition "païenne" et la tradition chrétienne. Rome est donc un phare ; elle est l'Orient de l'Occident. "L'Occident, écrit De Giorgio, doit son existence à Rome, et rien de durable ne peut y être accompli, rien de saint, rien de sacré qui ne soit pour Rome et à Rome" [15], le centre sacré situé à mi-chemin entre l'Orient et l'Occident. Si le déclin de l'Occident a pu se prolonger aussi longtemps, la seule solution est de se tourner à nouveau vers l'Orient d'où Rome, selon le penseur né en Campanie, aurait puisé deux fois, avec le retour d'Énée (fils d'un mortel et de Vénus, à l'égal de Romulus, fils d'un Dieu et d'une mortelle) et avec la nouvelle tradition chrétienne (une fois la première épuisée), la raison et la force même de son existence. "Jamais l'Occident n'a été plus original que lorsqu'il s'est rapproché de l'Orient et a reconnu sa suprématie contemplative en renouant avec son origine traditionnelle comme titre de fierté et de noblesse" [16].

Notes :

[1] G. De Giorgio, La Tradizione Romana, Edizioni Mediterranee, Rome 1989, p. 177.

[2] Ibidem, p. 110.

[3] Voir D. Perra, Dalla geografia sacra alla geopolitica, Cinabro Edizioni, Rome 2020.

[4] La Tradizione Romana, ibidem, p. 88.

[5] Ibidem, p. 99.

[6] A. Medrano, La via dell'azione, Cinabro Edizioni, Rome 2021, p. 69.

[7] Y. C. Bonaud, Un gnostique inconnu au 20ème siècle. Formation et œuvres de l'Imam Khomeyni, Il Cerchio, Rimini 2010, pp. 97-99.

[8] La Tradizione Romana, ibid. p. 255.

[9] M. Polia, Reges Augures. Il sacerdozio regale nella Roma delle origini, Cinabro Edizioni, Roma 2021, p. 34.

[10] La via dell'azione, ibid. p. 140.

[11] J. Evola, La Tradizione di Roma, Edizioni di Ar, Padoue 1977, p. 213.

[12] La via dell'azione, ivi cité, p. 144-145.

[13] La Tradizione Romana, ibid. p. 168.

[14] R. Guénon, L'esoterismo di Dante, Adelphi Edizioni, Milan 2001, pp. 81-83. Voir également G. De Giorgio, Studi su Dante. Scritti inediti sulla Divina Commedia, Cinabro Edizioni, Rome 2017.

[15] La Tradizione Romana, ibidem, p. 177.

[16] Ibidem, p. 296.

samedi, 21 mai 2016

La Tradición Romana: Julius Evola y Guido De Giorgio

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La Tradición Romana: Julius Evola y Guido De Giorgio

Ex: http://www.hiperbolajanus.com

Durante la década que comprende los años 1924 a 1934 hubo en Italia un desarrollo importante de las corrientes tradicionalistas, con la emergencia de representantes de gran valía dentro de las mismas, como bien pudieran ser Julius Evola, Arturo Reghini o Guido De Giorgio, junto con otras figuras de menor importancia que colaboraron activamente con publicaciones e iniciativas culturales de diversa impronta. El cometido de este artículo no es más que sondear aspectos generales de esta época, la cual fue especialmente fecunda dentro del Tradicionalismo, y que eclosionó, especialmente en los casos de Evola y De Giorgio, a la sombra de René Guénon, que pese a que siempre renunció a la posibilidad de tener a discípulos y continuadores de su doctrina siempre fue algo que rechazó de forma expresa. En el caso de Reghini es evidente que sus motivaciones y los referentes intelectuales de su obra tenían su origen en el siglo XIX, en la masonería y  las ideas ligadas al Risorgimento italiano. Por otro lado, podemos hablar de «Tradicionalismo Romano» en la medida que existía un ambiente intelectual y una serie de cenáculos y lugares de referencia en los que se veía renacer la función Tradicional de Roma vinculada a una guía o dirección de nuestro siglo.

tradizione-romana.jpgDurante estos años, y bajo el influjo permanente de los escritos de René Guénon surge, primero como un artículo de la revista Atanor, en 1924, y posteriormente como libro, concretamente en 1927, El rey del mundo. Un año después, en 1928, tendría lugar la publicación de otra obra de vital trascendencia; Imperialismo pagano, de Julius Evola, quienes representaban ya en aquella época dos mentalidades y formas de interpretar el mensaje de la Tradición desde polos más o menos diametrales, aunque con un punto de confluencia donde, finalmente, habrían de congeniar. Mientras Guénon trataba de encontrar aquellos centros espirituales y supremos, con sus respectivos puntos de referencia al margen de todas las vicisitudes temporales, Evola reclama una idea de Tradición estrechamente vinculada a la historia italiana y sus devenires temporales. De todos modos, la obra de Guenon permanece como imprescindible en la medida que hace referencia a los Principios últimos, muy necesarios en su comprensión, y que no pertenecen al ámbito de lo contingente en sus aplicaciones. El libro de Evola, mucho más relacionado con ese ámbito de la contingencia se presenta con una función y un cometido claro y contundente: afirmar, merced a la sapiencia itálica y pagana, la irrenunciable función imperial de la Roma precristiana, la cual tratará de hacer confluir con los intereses mismos de la «Revolución Fascista» y además persigue, con igual tenacidad, la resurrección de la esencia misma de la Romanidad, en sus términos clásicos e imperiales, con la intención de regenerar espiritualmente a la Italia de su tiempo, aquella que estaba bajo el mandato de Benito Mussolini.

Durante estos años, entre mediados de los veinte y casi la mitad de los treinta, Evola se encuentra a la expectativa respecto al cometido del fascismo, a sus posibilidades reales como representante cualificado de las ideas Imperiales y Tradicionalistas, frente a la Europa de las democracias liberales, que asumiendo la terminología gibelina del Medievo, califica como representantes de la ideología guelfa. En este sentido Evola se ve como un intérprete del fascismo pero desde fuera, sin pertenecer oficialmente, y en sentido estricto, a la jerarquía misma del régimen. Para el pensador romano el fascismo debía erigirse como líder hegemónico e incontestable de la Tradición mediterránea, como generador de un Principio aristocrático capaz de revivir la naturaleza iniciática y realizadora de antiguas corrientes sapienciales. Solamente de esta manera sería posible volver a forjar una Europa con referentes cualificados y válidos y, en definitiva, con una élite intelectual en el sentido Tradicional del término. Se trata del concepto de Imperium como fundamento Trascendente, que el fascismo mussoliniano debía asumir.

Como hemos comentado la anti-Europa, aquella que representa valores descendentes y de subversión es la que viene determinada por el güelfismo, y que, como en el contexto del conflicto de las investiduras, nos remite al papel de la Iglesia. El Cristianismo como tal es considerado como el comienzo del fin del Imperio Romano, un factor clave en la decadencia y destrucción de éste a nivel material y de estructuras así como a nivel de símbolos y aquellos elementos que estaban en conexión con lo Trascendente. Además cuando Evola nos habla del cristianismo en Imperialismo Pagano hay que entender que no nos habla solamente de una cuestión propiamente doctrinal, sino que establece una conexión directa entre el cristianismo histórico y todos los procesos disolutivos que desde la Reforma Protestante a la Revolución Francesa, pasando por el desarrollo del anarquismo y el bolchevismo, y el modelo de sociedad anglosajona han conducido, de forma inexorable, a la edad moderna como tal. Frente a todos estos procesos destructivos existe lo que Evola concibe como la Tradición Mediterránea y una cadena ininterrumpida de Misterios y secretos que se han ido transmitiendo en el devenir de los siglos que preceden al advenimiento del cristianismo. Evola no dudo un momento en reclamar al fascismo la restauración de la Italia pagana e imperial, así como la renuncia hacia toda suerte de tradición cristiana y católica, la cual es considerada por el pensador romano como totalmente desprovista de elementos tradicionales. Esta misma idea la mantendrá viva durante largo tiempo. De hecho, en Revuelta contra el mundo moderno sitúa el síncope de la Tradición europea occidental en el ascenso del cristianismo. Incluso durante los años de la constitución del Grupo de Ur, en los que Evola apuesta por la magia, se sigue manteniendo la idea de la existencia de un centro sagrado e iniciático, vinculado a la Tradición Romana, que podría mantenerse vivo hasta nuestros días. De igual manera encontramos en la figura de Guido De Giorgio ideas muy similares, y éste creía en la existencia de un centro oculto e inaccesible consagrado al culto de Vesta.

perennitas1.jpgEvola mantiene un discurso constante en el que asocia todas las formas de decadencia europea actuales, en lo que se refiere a mentalidades, estructuras sociales, en la filosofía y la ciencia positiva así como en las supersticiones de nuestro tiempo, que relaciona de forma indefectible con el cristianismo. En este sentido Evola hace una acusación directa al Cristianismo, y habla de éste como portador de una forma de «ascesis bolchevique», y más concretamente bajo lo que está en el origen del cristianismo, como es el concepto de ecclesia, entendida como una mística de la comunidad que subvierte todo el conjunto de valores jerárquicos e imperiales del mundo antiguo greco-romano. De ahí que el fascismo tuviese entre sus más importantes funciones destruir el cristianismo y apostar por una restauración pagana para salvar a Italia y a Europa de la hecatombe final. Evola busca claramente la confrontación llevada al extremo de un principio gibelino e imperial frente a otro güelfo y vaticano, es en este enfrentamiento donde se debe dirimir el destino de Europa, o bien hacia su renacimiento y cima o hacia su destrucción y ocaso. No obstante, es esencial aclarar también que al hablar de Imperio Evola no se remite a la concepción moderna del término, no habla de las categorías profanas y materiales del imperio, de la forma en la que modernamente se ha concebido tal término, al cual es totalmente opuesto en su formulación burguesa e industrial, y que nada tiene que ver con las modernas formas de colonialismo promocionadas por el capitalismo en sus estadios más desarrollados. Es evidente que los pactos lateranenses de 1929 fueron contrarios a las expectativas que se había generado el propio Evola, y que el fascismo decidió apostar por la vía güelfa de la anti-Europa de la que el propio autor romano había hablado en Imperialismo pagano. En este sentido los reproches del pensador romano hacia el fascismo estaban encaminados a denunciar que éste no poseía una espiritualidad y cultura propia. La idea de Imperio universal y gibelino implica ante todo la asunción de un principio de autoridad del Estado sobre la Iglesia, pero no desde una perspectiva anti-clerical o anti-espiritual, tal y como ocurre a día de hoy, sino desde la comprensión profunda del cristianismo a nivel doctrinal, entendida en su dimensión exotérica y popular, como una forma de «realidad espiritual» tolerada y adaptada a determinados estratos sociales, pero en ningún caso depositaria de las formas trascendentes y metapolíticas que sí representa la Tradición Mediterránea. Esta idea es tomada directamente de Guénon en el aspecto de entender la Tradición como una realidad unitaria de base netamente metafísica y sapiencial, estableciendo a su vez la idea de la existencia de distintos niveles y estadios jerárquicos en su realización, generando así una pluralidad de formas de realización espiritual. La postura de otros tradicionalistas romanos, como es el caso de Arturo Reghini, es totalmente concordante con aquella de Evola, al presentar la Tradición como una realidad inmutable, aunque en su caso la Tradición Mediterránea está en conexión directa con las enseñanzas pitagóricas. Pese a todo Reghini es, evidentemente, mucho más heterodoxo que Evola o De Giorgio, especialmente en la medida que concibe como parte de la Tradición ideas, movimientos y personajes que forman parte del marco histórico y temporal incluyendo a católicos, liberales, socialistas y hombres de poder que van desde Maquiavelo, Napoleón o Garibaldi o corrientes laicistas y anticlericales, que lo ubican en un espacio y realidad completamente antitético respecto a los grandes autores de la Tradición Perenne.

giorgioWcMro4lYVvPUfzOrF0.jpgEl otro gran representante de la Tradición Romana es Guido De Giorgio, el principal discípulo del pensamiento de René Guénon en Italia, un hombre oscuro, tanto en su trayectoria vital como en aquella intelectual, de una moral espartana, y definido por el propio Evola como un «iniciado en estado salvaje». Su principal obra, La Tradición Romana, fue publicada póstumamente, en el año 1973, y todavía a día de hoy existen obras inéditas del autor, que no han visto la luz todavía. Las premisas del pensamiento de Giorgio, como ocurre con Guénon, parten de un punto de vista absoluto, metafísico, sacro y Tradicional. No obstante su visión de la Tradición como tal cuenta con la confluencia de muy variadas influencias, entre las cuales podemos encontrar a los neoplatónicos, cristianos, hinduistas y musulmanes. A las citadas fuentes que nutren su pensamiento podemos añadir una peculiar forma de escribir, muchas veces teñida de una cierta iluminación, de una intuición muy sutil, y lo enigmáticos que resultan muchos de los pasajes de su obra. Un ejemplo de esta confluencia de ideas y doctrinas la vemos en sus consideraciones, de matiz claramente cristiano, en las que habla de la fe como la base de la Tradición por excelencia, al tiempo que contempla la concepción no dualista del Principio Supremo en lo que es un concepto de impronta hinduista. Sin embargo, la perspectiva islámica es la que toma mayor protagonismo en el conjunto de sus ideas, y es precisamente en base a esta visión de lo Absoluto a través del filtro de la doctrina islámica, la forma en la que De Giorgio comienza a edificar su Tradicionalismo Romano. Lo más llamativo de todo es que Guido De Giorgio jamás se convirtió al Islam, pero sin embargo, hay ideas relacionadas con éste, que son recurrentes en sus escritos. La idea fundamental que vertebra a través de las doctrinas esotéricas islámicas es aquella de la inefabilidad del Principio Supremo, la idea de la unicidad en el principio de la Creación y la ruptura de ese Principio a través de la acción del pecado, que actuando a través del hombre, rompe esa armonía. El mundo es Dios porque Él contiene al mundo en sí, y al mismo tiempo si el hombre se mantiene como tal se mantendrá asimismo ese principio de dualismo en el mundo. Se trata de una idea de clara inspiración sufí. En el límite de lo inefable se encuentran los defensores de lo Inaccesible, los santos de Dios que son los maestros y guías de la Realidad Suprema. De modo que es ese Principio de Unicidad el que resuelve cualquiera de las cuestiones doctrinales y metafísicas que puedan derivarse de otras fuentes como el cristianismo o el hinduismo.

De todos modos, lo fundamental es conocer cómo concibe De Giorgio la vuelta de Occidente al ámbito de la Tradición, y en este sentido, pese a las influencias del islamismo sufí, De Giorgio piensa en la vuelta a una Tradición propiamente romana y cristiana, al margen de otro tipo de influencias ajenas a su desarrollo histórico. A diferencia del anti-cristianismo de Evola, en el caso de De Giorgio hay un puente y una vía de entendimiento que reconcilia a la religión romana con el cristianismo en el contexto de una Roma que tiene una función metafísica y Trascendental de primer orden. En este contexto hay una serie de elementos simbólicos que nutren la citada función de la ciudad eterna, y es el caso del símbolo del Jano, que se completa en un contexto más amplio, con aquel simbolismo universal de la cruz del que nos habló Guénon en su momento. Por otro lado, Dante Alghieri representa la expresión más elevada y genuina de la Tradición Romana, quién representa a ojos de De Giorgio el aglutinador de las dos tradiciones de Roma; la pagana y la cristiana. Roma representa para nuestro pensador la función de centro mediador entre Occidente y Oriente, de equilibrio entre la vida contemplativa y aquella activa. Roma permite, a través de Eneas y Cristo, la realización de un principio de universalidad que la convierte en el faro de Occidente, y mientras Roma viva también vivirá la Tradición en Occidente. Pese a que De Giorgio coincide con Guenon al considerar la existencia de una Tradición Primordial, unitaria y sagrada en los comienzos, de la cual las restantes no son sino derivadas, considerada fundamental la función sagrada de Roma a través de sus símbolos, los cuales va desgranando en su obra cumbre La Tradición Romana y de la cual hablaremos en próximas entradas.

En conclusión el horizonte intelectual y las reflexiones acerca de la Tradición en la Roma del periodo de entreguerras nos ofrece un panorama rico y variado en cuanto a la producción de obras, ideas y doctrinas. Hoy hemos repasado algunos aspectos fundamentales de las obras de Evola y De Giorgio, teniendo siempre presente la enorme influencia que René Guénon tuvo en su momento, y sigue teniendo a día de hoy, sobre cualquier reflexión intelectual y metafísica sobre la Tradición Perenne.

mardi, 09 avril 2013

An Introduction to Guido de Giorgio

An Introduction to Guido de Giorgio

Guido de Giorgio

Guido Lupo Maria De Giorgio, pseudonym “Havismat” (San Lupo, October 3 1890 – Mondovi, December 27, 1957) was an esoterist and Italian writer.

After graduating with a degree in philosophy, he went to Tunisia where he worked as a teacher of Italian. There, he came into contact with Islamic esoterism through a local brotherhood. He then moved to Paris after WW I, where he got to know Rene Guenon. He back his friend, collaborated with him by writing articles for the two major French esoteric journals of the time: Le Voile d’Isis and L’initiation.

He returned to Italy in the 1920’s and participated in the Gruppo di Ur, writing under the name Havismat. In 1930, he joined with Julius Evola in promoting the journal La Torre, in which he came up with a theory of a type of Sacred Fascism with the effort to universalize the Fascist movement in an esoteric way.

In “La Tradizione romana” (The Roman Tradition), de Giorgio accused Europe in the aftermath of WW II of have become scientistic and of stifling the spiritual research of man. The solution, according to de Giorgio, lay in returning to an ancient conception of spiritual and temporal authority. A typescript version of this work, whose original title was “The dead badge of power. Introduction to the doctrine of Roman Sacred Fascism”, was given to Benito Mussolini for Christmas in 1939.

In Dio e il Poeta (God and the Poet), de Giorgio poured out his mystical experience arising from his ascetical practices.

None of his works was published during his lifetime, some posthumously and others still unpublished.

Julius Evola

In Cammino del Cinabro, Julius Evola describes Guido de Giorgio.

He was a type of initiate in the wild and chaotic state, he had lived among the Arabs and personally knew Guenon, who held him in high esteem. He was a man of exceptional culture, he knew several languages, but he had a rather unstable temperament and strong passionate positions, emotive and lyrical almost like Nietzsche.

Evola goes on to describe de Giorgio’s erratic personal and love life, his strong personality, then describes their collaborations and even trips together to the Alps. (They both loved the mountains.) Evola conceded that towards the end, they grew apart somewhat due to de Giorgio’s “indulgence in a sort of Vedanta-ized Christianity”. (Apparently, Evola was unaware of “La Tradizione romana”, which was never published during his lifetime.

From La Tradizione romana

The restoration that we propose, taking up again the thought, aspiration and ideal of Dante, is a return to the spirit of Rome, not the pure and simple repetition of the past that would unrealizable, because nothing of the contingencies of the world ever repeats itself, but the adhesion to those eternal principles of truth that are contained in the Sacred Books and expressed by ancient symbols.
[To save Europe and the West from catastrophe,] it would depend not as much on the external material things that are of scant value in themselves, but on those deep, internal, spiritual values … the catastrophe of the life of the spirit, the collapse of the truth.


References: