[La Laïcité est une « méthode » (Valls) pour créer et faire durer la société multiethnique. C’est un système à tuer les identités, à justifier l’immigration et à légitimer le totalitarisme de la forme républicaine de gouvernement].
Pour la vulgate officielle, la laïcité serait un principe éternel de la République. Elle lui serait indissolublement liée depuis les origines révolutionnaires, voire même avant puisque la République c’est la France et que « la France c’est la laïcité » (selon Manuel Valls -Strasbourg, mars 2015).
Passons sur les raccourcis dogmatiques auxquels nous ont habitués les représentants du régime en place et vérifions l’antiquité du concept.
Plus de soixante ans après la Révolution, le « Nouveau Dictionnaire de la langue française » de Pierre Larousse (1856) ignore complètement le mot « laïcité » ! Celui-ci connaît parfaitement le mot « laïque » ou « laïc » mais ne fait pas mention d’une quelconque laïcité (« Laïque ou laïc. adj. et n. Qui n’appartient pas à l’église. Son opposé est ecclésiastique » P. 317). En 1874, le Dictionnaire de la langue française de Littré, ne paraît pas mieux renseigné. Lui aussi définit le mot « laïque » (« Qui n’est ni ecclésiastique ni religieux »), voir le mot « laïcisme » (du nom d’une doctrine du XVIe siècle qui reconnaissait aux laïques le droit de gouverner l’Eglise) mais ignore le concept de « laïcité ».
Ni Larousse, ni Littré ne font preuve de désinvolture, encore moins d’ignorance. Larousse était un républicain engagé et anticlérical, Emile Littré était un franc-maçon qui fut accompagné dans son initiation par Jules Ferry lui-même. Tous deux fréquentent et soutiennent le gotha républicain et sont parfaitement au fait des idées de leur milieu. S’ils ne font pas mention de la « laïcité », c’est que jusqu’au début des années 1880, le concept de « laïcité » n’existe tout simplement pas (Ferdinand Buisson utilisera le mot dans son Dictionnaire de Pédagogie et d’Instruction primaire de 1887. Pour le premier Petit Larousse, 1906, la « laïcité » est ce qui a un « caractère laïque » : « Laïciser » signifie « Remplacer un personnel religieux par un personnel laïque : laïciser une école », « Exclure des programmes scolaires l’enseignement religieux »).
Le mot est donc d’un usage tardif, c’est un pur néologisme de communicant.
Durant la phase révolutionnaire et jusqu’aux années 1880, ce qui est « laïc » est ce qui « n’appartient pas à l’Eglise » (Nouveau Dictionnaire, 1856). Dans l’esprit républicain le « laïc » se vit donc « en négatif » : c’est ce qui n’est pas soumis au « fanatisme religieux ». Durant la période révolutionnaire, la condition laïque ne suscite pas la violence, au contraire de l’état ecclésiastique. Cette aversion profonde pour le fait religieux et le catholicisme s’enracine dans une philosophie qui oppose les lumières de la raison à l’obscurantisme de la foi et débouche non sur une « laïcité » qui ferait pacifiquement sortir le religieux de la sphère publique mais sur une entreprise systématique de destruction de l’Eglise et d’extermination de ses représentants trop fidèles. Pour mémoire rappelons que plus de 8000 prêtres, religieuses et religieux ainsi que plusieurs milliers de… laïcs les soutenant ont été exterminés, sans compter ceux qui connurent la prison et les déportations. On a forcé les prêtres à se marier, on en a « déprêtrisés », c’est le mot employé, plus de 20 000. On a volé et souillé les églises, puis on les a fermées avant de les transformer en entrepôts ou en bordel, quand on ne les a pas détruites (plus de 400 dans le seul département du Nord ). Si la « laïcité » existe ou s’enracine dans cette période alors il s’agit d’une laïcité de persécution et la laïcité républicaine doit assumer un passé nauséabond qui lui enlève toute autorité morale.
A cette « laïcité de persécution » succède à partir des années 1880 une « laïcité de substitution ».
La narrative républicaine voudrait nous faire croire que la laïcité serait une sorte de sécularisation de l’espace public. Celui-ci serait devenu, grâce à la République, un espace neutre au niveau religieux, comme au niveau politique ou philosophique. Cela relève bien sûr d’une mythologie censée édifier les fidèles de la nouvelle Eglise républicaine.
En fait, il apparaît clairement qu’il n’a jamais été question pour la République de faire de l’Ecole ou de l’administration publique un espace « neutre » et de l’Etat une institution bienveillante qui protège la liberté de conscience et d’opinion. L’objectif de la République a été d’expulser tout système « concurrent » (et notamment celui de l’Eglise, mais aussi de la monarchie), hors de l’Etat, hors de l’Ecole, hors de la sphère publique… pour occuper elle-même tout l’espace et ainsi contrôler les esprits !
Ceci explique les lois sur l’enseignement et la mise en place d’une « école républicaine » devant enseigner les « valeurs de la République », l’anticléricalisme des années 1880-1900, les purges dans l’armée (affaire Dreyfus, affaire des fiches…) destinées à créer une armée « de la République », l’omniprésence dans la sphère publique de la devise de la République, du drapeau de la République, des symboles de la République, de l’hymne de la République… Ceci explique l’article 89 de la Constitution, rédigé à seule fin de confier à jamais l’espace politique à la République…
Politiquement, l’espace laïcisé par la République n’est pas un espace neutre : c’est un espace « républicain ». La République justifie cette prééminence par une sorte de transcendance, une sorte d’absolu consacré par des principes et des valeurs dérivés du « droit naturel », de « l’Homme », de l’Universel… Elle justifie son occupation de l’espace publique par son caractère révélé, indiscutable, infaillible, juste et bon : son caractère religieux ! Les principes républicains ne sont pas des conceptions politiques que l’on pourrait discuter ou remettre en cause, ce sont des dogmes indiscutables, donc religieux (voir ci-dessous une courte vidéo dans laquelle Vincent Peillon confirme le caractère religieux de la République et de la laïcité). Mais en fait, peu importe que les principes en question soient politiques ou religieux, qu’ils soient discutables ou qu’ils ne le soient pas : le fait qu’ils occupent tout l’espace politique, scolaire, juridique, intellectuel… fait que cet espace n’est pas neutre et que la laïcité qui nous est vendue est une escroquerie.
La laïcité des années 1880 a été un moyen pour substituer la religion républicaine à la religion chrétienne. Au regard des résultats, cette « laïcité de substitution », véritable prise du pouvoir culturel, a été plus efficace que la « laïcité de persécution » de la période révolutionnaire. Cette prise de pouvoir sur les âmes va ouvrir sur la troisième « époque » de la laïcité, celle qui devrait voir se réaliser le vieux fantasme républicain d’une société mondialisée.
Le projet de société mondialisée, ouverte à tous les hommes de la terre et destinée à s’étendre à la planète entière, est inscrite dans le code génétique d’une République qui dès les premiers massacres de masse se veut universelle en ses principes et en sa constitution. Le projet mondialiste prendra corps à travers les guerres révolutionnaires et l’installation de « républiques sœurs » partout en Europe, puis dans la création d’un empire colonial, enfin dans des politiques d’immigration de masse.
Si la guerre révolutionnaire et les guerres coloniales ont été l’occasion de mettre en œuvre une laïcité de persécution (on élimine les élites locales) ainsi qu’une laïcité de substitution (on impose les dogmes et la liturgie républicaine), les politiques d’immigration vont nécessiter une nouvelle approche de la « laïcité ».
En effet, à partir des années 1970-1980, l’universalisme républicain (que la décolonisation avait déjà envoyé dans la poubelle des idées fausses) allait être mis à l’épreuve des faits sur le sol national. Des millions d’immigrés non européens affluaient dans notre pays : comment la République, puisqu’elle se prétendait en mesure de réussir cet exploit, allait-elle faire « vivre ensemble » des populations différentes par la culture, les mœurs, le mode de vie, la religion, les aspirations… ? C’est à ce moment que le concept de « laïcité » revint à l’ordre du jour après plusieurs décennies d’effacement.
Le République ignorait jusque là la francité, c’est-à-dire l’identité, la culture, le mode de vie, les coutumes de la France et des Français. L’important pour le régime était que son pouvoir politique totalitaire ne fut pas contesté. Le reste lui importait peu. L’arrivée de populations exogènes change la donne dans la mesure où l’espace publique devient l’objet de tensions identitaires de plus en plus fortes. La République se trouve donc dans l’obligation de les résoudre sous peine de devoir reconnaître que son universalité proclamée relève de l’acte de foi et de la mythologie religieuse.
Dès lors, la cible de la laïcité ne sera plus comme autrefois une institution (l’Eglise), ou un régime politique (la monarchie) mais globalement les identités. Ce sont elles, peu importe leurs racines ou leurs justifications religieuses, qu’il faudra refouler hors de l’espace public au profit de la loi républicaine. Ce sont des manières de vivre, des manières de tables, des coutumes vestimentaires, des manières de concevoir les rapports sociaux qui devront réintégrer le domaine privé. Désormais, la loi républicaine, les dogmes républicains, l’historiographie républicaine doivent être le référent commun, la culture commune, l’identité nationale. De la loi sur la burka à la loi sur le « mariage pour tous », la République entend définir les contours de l’identité commune.
Manuel Valls à Strasbourg (mars 2015) a dit que la laïcité était une « méthode ». C’est effectivement une méthode pour faire cohabiter des gens dont l’identité est différente, voire opposée. Cette méthode suppose la dilution des identités dans l’espace publique (voyez les polémiques sur les crèches) afin que celui-ci devienne identitairement « neutre ». La contrepartie est la relégation des identités dans l’espace privé, donc leur disparition car l’identité est sociétale ou n’est pas. C’est aussi une société juridiquement encadrée, ou le code civil et pénal tient lieu de culture commune.
La laïcité apparaît ici comme un bain d’acide pour les identités. C’est une laïcité de dilution qui génère souffrances, frustrations et révoltes. Alors que la laïcité de substitution voulait substituer l’Eglise républicaine à l’Eglise catholique, la laïcité de dilution entend diluer les cultures et la richesse de notre humanité pour, au nom d’un projet fou, ne laisser subsister que des lois imaginées par des énarques républicains. La neutralité de l’espace public sera-t-elle pour autant assurée ? En quoi les lois sociétales, celle sur le mariage homosexuel par exemple, sont-elles plus neutres ou plus acceptables que la polygamie autorisée par la Charia ?
La « neutralité laïque » est un oxymore. La neutralité n’est possible qu’à l’intérieur d’un espace identitaire homogène dont les normes sont admises par tous. A partir du moment où un système produit de l’hétérogène, il se prive de toute capacité à la neutralité et doit imposer à tous son arbitraire. La proclamation de son caractère prétendument rationnel, légal ou universel ne change rien à la nature véritable de ce système, qui reste despotique pour la majorité. C’est pourquoi la laïcité de dilution est source de violences ethniques et religieuses.
En conclusion, la laïcité fut un moyen de persécution, puis un moyen d’imposer à tous la République et son idéologie. Elle est aujourd’hui une « méthode » (Valls) pour faire durer la société Frankenstein mais aussi pour intégrer toujours plus de populations exogènes. La laïcité républicaine n’est pas, n’a jamais été, une séparation du temporel et du spirituel ou une sécularisation de l’espace public. Elle a toujours été une arme au service de l’idéologie mondialiste, un moyen pour créer la société mondialisée, une justification des politiques d’immigration et surtout, aujourd’hui, une machine à tuer les identités.
Antonin Campana
Quelques propos assez révélateurs de Vincent Peillon ("On ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique"...). Il a été ministre de l'Education nationale entre 2012 et 2014.