mercredi, 04 septembre 2013
Au royaume de Kipling
Au royaume de Kipling
1894. Publiée cette année-là, la Légion perdue évoque dans un même mouvement la frontière afghane, le souvenir d'une colonie britannique massacrée en se retirant de Kaboul et la récolte des Cipayes. L'écrivain reporter conserve de l'afghanistan l'image d'un pays fascinant et redouté.
Kipling nous avait prévenus : cette guerre ne pas être gagnée! De même que l’échec – re - latif – de l’invasion soviétique des années 1980, les difficultés rencontrées par les Britanniques en Afghanistan un siècle plus tôt servent de caution historique à ceux qui, aujourd’hui, jugent perdu d’avance le conflit mené par la coalition occidentale contre les talibans. Il est in contestable que Kipling a connu l’Afghanistan de la fin du XIXe siècle, expérience qui a influencé et nourri son oeuvre littéraire ; il est tout aussi vrai de dire que celle-ci n’a constitué qu’un épisode parmi d’autres d’une vie passée à parcourir de long en large l’Empire britannique, de l’Inde au Canada en passant par l’Afrique australe et l’Australie. Une biographie fouillée de Charles Zorgbibe, déjà auteur de travaux sur Herzl, Mirabeau ou Metternich, permet de mieux cerner le regard que l’auteur du Livre de la jungle portait sur le “pays rebelle”.
Joseph Rudyard Kipling est né le 30 décembre 1865, à Bombay, où ses parents sont arrivés huit mois plus tôt. Enfant, Kipling parle l’hindoustani aussi bien que l’anglais et, s’échappant du bungalow familial en compagnie de sa nounou (ayah), il découvre les foules indiennes aux turbans multicolores, les illusionnistes montreurs de serpents, les sons et les odeurs du bazar de Borah.
Toute sa vie Kipling gardera la trace de cette dualité de culture, ce « scandale intime » qu’on retrouvera aussi chez un autre écrivain, français cette fois, Albert Camus. À 6 ans, il est envoyé en Angleterre pour y suivre sa scolarité. Si ses premières années en famille d’accueil à Southsea sont douloureuses (il parlera plus tard de la « maison de la désolation »), ses années de collège à Westward Ho ! constituèrent en revanche une époque plus heureuse, à laquelle l’écrivain devra une part certaine de ses ressources littéraires – notamment l’humour et une imagination débridée.
Au sortir du collège, la vie de Kipling prend un tournant décisif : grâce aux relations de son père et du principal de Westward Ho !, il est engagé par la Civil and Military Gazette, le grand quotidien de Lahore, où il arrive le 18 décembre 1882, à l’âge de 17 ans. Après deux années d’apprentissage de son métier, durant lesquelles il découvre le microcosme de la société angloindienne, le jeune Kipling accompagne le nouveau vice-roi des Indes, lord Dufferin, sur la frontière afghane. Quarante ans plus tôt, à l’hiver 1842, seize mille soldats britanniques ont été massacrés dans la retraite de Kaboul et, si les Anglais ont pu ensuite y acheter un semblant de paix, la situation devait à nouveau se détériorer. À Rawalpindi, tout près de la frontière afghane, Kipling observe, prend des notes, recueille les confidences d’un proche d’Abdur Rahman, l’émir de Kaboul, alors en visite officielle. Il s’agit, pour lui, non seulement d’exercer son métier de journaliste mais aussi et surtout de nourrir des réflexions personnelles qu’il exprimera plus tard dans ses nouvelles. En particulier dans l’Homélie de l’émir, dont Charles Zorgbibe dit qu’elle constitue un « portrait extraordinairement percutant de l’émir et de son royaume ».
On y lit notamment que, pour Kipling, les Afghans constituent tout simplement « la race la plus turbulente qui existe ici-bas » ; il les voit comme des guerriers indépendants, éternels insoumis, rétifs à toute autorité interne ou étrangère. «Pour l’Afghan, écrit-il, ni la vie, ni la propriété, ni la loi, ni la royauté ne sont sacrées lorsque ses appétits le poussent à la révolte. L’instinct l’érige en voleur, l’hérédité et l’éducation le transforment en meurtrier, les trois réunis le rendent bestialement immoral. Il a, certes, une certaine conception de l’honneur, tortueuse et très personnelle, et son caractère est passionnant à observer. »
Ces réflexions – dont on comprend qu’elles aient pu contribuer à forger le mythe d’un Kipling “raciste” – traduisent chez le journaliste de 20 ans une vision qui porte davantage sur les hommes qui font un pays que sur des considérations militaires. D’ailleurs, si, à l’occasion de son séjour à Simla, la résidence d’été du vice-roi, Kipling est longuement interrogé par le général Roberts, commandant en chef des armées, c’est parce que celui-ci souhaite recueillir des impressions de journaliste sur l’état d’esprit des officiers ou le moral des troupes. Immergé dans le milieu militaire, Kipling met à profit son « extraordinaire faculté d’assimilation des moeurs et de la couleur locales » selon l’avis de son rédacteur en chef Kay Robinson ; il double son activité journalistique d’une production littéraire qui lui offre d’être plus offensif, plus critique, d’adopter un regard plus perçant sur le monde qui l’entoure. Sa nouvelle réputation de journaliste et le succès croissant de ses nouvelles (notamment les Simples Contes des collines) le conduisent bientôt à quitter Lahore pour Allahabad et la rédaction du Pioneer, puis à rejoindre l’Angleterre via la Chine, le Japon et les États-Unis. Il rencontre Mark Twain, Henry James ou Jerome K. Jerome, l’auteur de Trois hommes dans un bateau, avec qui il partage le goût d’un humour très britannique. Tout ce qu’il voit constitue pour lui une matière à écrire, qu’il s’agisse d’articles ou de nouvelles.
Il n’en demeure pas moins attaché à l’Inde, qui continue d’occuper son imaginaire ou nourrir ses réflexions politiques. Naturellement prisonnier d’une vision très “anglo-indienne”, il accueille avec beaucoup de scepticisme la naissance du Parti du Congrès et estime que, « sans les Britanniques, l’Inde s’effondrerait dans le chaos ». En Afghanistan, un accord entre les Afghans et les Anglais a donné naissance en 1893 à la ligne Mortimer-Durand (actuelle frontière avec le Pakistan, dans les monts Sulayman, au coeur du pays pachtoun). S’il ne s’exprime pas directement sur la politique menée par les Anglais, Kipling va donner à voir ses sentiments à travers plusieurs nouvelles aux genres très différents.
La Légion perdue, publiée en 1894, évoque dans un même mouvement la frontière afghane, le souvenir de la colonne massacrée lors de la retraite de Kaboul, plaie toujours à vif dans l’imaginaire britannique, et la révolte des Cipayes, qui secoua l’Inde huit ans avant la naissance de Kipling. Il brouille ici les cartes de la loyauté et de la rébellion entre les Britanniques, les Hindoustanis et les Afghans, dans le cadre d’une expédition visant à capturer « l’éternel trublion, le dissident islamique immuablement dressé contre la présence étrangère, le mollah Gulla Kutta ».
Dans Chéri des dames, publié un an plus tôt, une nouvelle sur le thème de l’amour fou, le régiment du héros rentre décimé d’une campagne en Afghanistan, preuve que, pour Kipling, comme pour ses lecteurs, la région conserve une résonance tragique.
Entre Lahore et la contrée mystérieuse au nord…
L’Afghanistan servait déjà de décor à la nouvelle l’Homme qui voulut être roi – publiée en décembre 1888, c’est-à- dire toujours dans la période indienne de Kipling. « Deux aventuriers ont conçu le projet fou de se tailler un royaume en Asie centrale, au-delà de la passe de Khyber – au “Kafiristan”, habité par des tribus aryennes. » Sensibles à l’équilibre géo stratégique de la région, ils sont en effet « soucieux d’établir un “glacis” sur la frontière nord de l’Inde, qui s’appuierait sur des populations plus assimilables que les tribus afghanes ». Où l’on voit qu’au-delà de la trame romanesque (doublée ici d’une ré - flexion sur la franc-maçonnerie), l’Afghanistan apparaît déjà aux yeux de Kipling, qui y a passé deux mois, comme une terre indomptable.
Enfin il y a Kim, cette grande fresque publiée en 1901, roman picaresque, envoûtant, colonialiste et généreux, « l’oeuvre de la vie de Kipling ». Bien que le personnage principal en soit l’Inde, une Inde totale, éternelle, l’Inde de la grande route de liaison, l’un des personnages principaux est afghan. Celui-ci, Mahbub Ali, est marchand de chevaux ; il passe sa vie sur les pistes, entre Lahore et « la contrée mystérieuse au-delà des passes du Nord ». Agent des Britanniques, il surveille depuis Peshawar les principautés des montagnes. Selon Zorgbibe, Mahbub Ali incarne aux yeux de Kipling « à la fois l’Afghanistan hostile, incontrôlable et redouté, et l’espoir d’une alliance avec une fraction des Afghans » – ce qui est probablement le lien le plus pertinent qui puisse être établi avec les enjeux du conflit actuel.
Si Kipling n’est pas l’inventeur de la notion de “Grand Jeu” – cet affrontement entre les empires russe et britannique sur le terrain afghan –, il l’a rendu populaire par l’intermédiaire de ses nombreux récits. On peut y voir la raison pour laquelle l’écrivain est invoqué encore aujourd’hui quand il est question de l’Afghanistan, alors que l’importance réelle de ce pays fut, dans la vie de Kipling, inférieure à celle de l’Inde, de l’Empire britannique dans son ensemble, des États-Unis, de l’Angleterre, voire même de l’Afrique au trale, où Kipling joua un rôle important à l’époque de la guerre des Boers.
Car Rudyard Kipling ne saurait être réduit à ses récits les plus fameux, Kim, le Livre de la jungle ou son poème If («ce texte au souffle de forge volontariste »), encore moins à ses caricatures : écrivain colonialiste, héraut de la « plus-Grande Bretagne », voix officielle de l’Empire britannique.
Ce fut un homme à la pensée nuancée et complexe, célèbre à 20 ans, Prix No bel de littérature, qui influença aussi bien Baden-Powell que George Orwell, ami de Théodore Roosevelt ou de Clemenceau. Un Anglais amoureux de la France. Un homme qui perdit une fille en bas âge puis un fils à la guerre. Un écrivain convaincu que les écoles devaient « forger des hommes afin de créer et de conserver des empires », mais persuadé en même temps que « le fardeau de l’homme blanc » est finalement trop lourd à porter. Un homme d’action enfin, devenu mystique, partagé entre saint Paul et Kismet, le petit dieu malin de la mythologie indienne.
Mickael Fonton
Kipling, de Charles Zorgbibe, Editions de Fallois, 490 pages, 24€
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dimanche, 08 janvier 2012
Rudyard Kipling: The White Man’s Poet
Rudyard Kipling:
The White Man’s Poet
By National Vanguard
Ex: http://www.counter-currents.com/
Editor’s Note:
Rudyard Kipling was born on December 30, 1865 and died on January 18, 1936. In commemoration of his birth, we are reprinting the following article from National Vanguard, March 1984. Share your favorite Kipling quotes and poems in the comments section. This version is from Irminsul’s Racial Nationalist Library [2] site. The poems quoted below are available in the Wordsworth Poetry Library edition of Rudyard Kipling, Collected Poems [3].
One hundred years ago, in Lahore—today the second city in independent Pakistan but then an administrative center in British India—a 17-year-old subeditor, fresh out of school in England, worked very hard to get out each day’s edition of the Civil and Military Gazette. His name was Rudyard Kipling.
Every now and then the young subeditor, with his editor’s assent, would fill up a little left-over space in the newspaper with a poem of his own composition, much to the annoyance of the Indian typesetters, who did not like to use the special typefaces which Kipling deemed appropriate to distinguish his poems from the prose around them. In 1886 he gathered up all of these poems from the previous three years and republished them in a book, under the title Departmental Ditties. The book was an immediate hit with other British colonials, and the first printing sold out very quickly.
Then it was one book after another, for from 1883 until his death in 1936 Kipling’s pen was seldom idle; hardly a week went by that he did not write one or more poems. Because his poetry expressed so well the common sentiment of the race—the deep soul-sense of men conscious of their breeding and of their responsibility to live up to a standard set by their forebears—it became very popular with his fellows. He was by far the most widely read—and the best-loved—poet writing in English at the beginning of this century; every cultured person in the English-speaking world was familiar with at least some of his poems. In 1907 he was awarded the Nobel Prize for Literature.
Kipling chose as his symbol—his personal rune—the swastika, the ancient Aryan sign of the sun and of health and of good fortune. Most editions of his works published in the first decades of this century are adorned with this symbol. Beginning in 1933, however, Jewish pressure was brought to bear against the publishers, and the swastikas were dropped from subsequent printings.
Unfortunately, the censorship did not end there. Kipling’s poetry was obnoxious to the new men who began tightening their grip on the cultural and informational media of the English-speaking world in the 1930s—obnoxious and dangerous. Actually, the whole spirit of Kipling’s writing was dangerous to them, totally at odds with the new spirit they were promoting so assiduously, but they could not simply ban all further publication of his works.
What they did instead was take measures to have dropped from new editions of his collected writings those of his poems and stories which expressed most explicitly the spirit and the ideas they feared: the spirit and the ideas of proud, free White men. Today every school child still reads a bit of Kipling’s poetry: such things as “Mandalay” and “FuzzyWuzzy” and “Gunga Din,” which superficially seem safely in tune with an age of multiracialism and “affirmative action” and White guilt.
But what American schoolchild has ever been given an opportunity to read Kipling’s “The Children’s Song”? The first two stanzas of that poem are:
Land of our Birth, we pledge to thee
Our love and toil in the years to be;
When we are grown and take our place,
As men and women with our race.
Father in Heaven who lovest all,
Oh help Thy children when they call;
That they may build from age to age,
An undefiled heritage.
There are many other Kipling poems, equally dangerous, which have been deleted from every edition of his works published since the Second World War. Here are three of them:
A Song of the White Men
Now, this is the cup the White Men drink
When they go to right a wrong,
And that is the cup of the old world’s hate–
Cruel and strained and strong.
We have drunk that cup—and a bitter, bitter cup
And tossed the dregs away.
But well for the world when the White Men drink
To the dawn of the White Man’s day!
Now, this is the road that the White Men tread
When they go to clean a land–
Iron underfoot and levin overhead
And the deep on either hand.
We have trod that road—and a wet and windy road
Our chosen star for guide.
Oh, well for the world when the White Men tread
Their highway side by side!
Now, this is the faith that the White Men hold
When they build their homes afar–
“Freedom for ourselves and freedom for our sons
And, failing freedom, War. ”
We have proved our faith—bear witness to our faith,
Dear souls of freemen slain!
Oh, well for the world when the White Men join
To prove their faith again!
The Stranger
The Stranger within my gate,
He may be true or kind,
But he does not talk my talk–
I cannot feel his mind.
I see the face and the eyes and the mouth,
But not the soul behind.
The men of my own stock
They may do ill or well,
But they tell the lies I am wonted to.
They are used to the lies I tell,
And we do not need interpreters
When we go to buy and sell.
The Stranger within my gates,
He may be evil or good,
But I cannot tell what powers control
What reasons sway his mood;
Nor when the Gods of his far-off land
Shall repossess his blood.
The men of my own stock,
Bitter bad they may be,
But, at least, they hear the things I hear,
And see the things I see;
And whatever I think of them and their likes
They think of the likes of me.
This was my father’s belief
And this is also mine:
Let the corn be all one sheaf–
And the grapes be all one vine,
Ere our children’s teeth are set on edge
By bitter bread and wine.
Song of the Fifth River
When first by Eden Tree,
The Four Great Rivers ran,
To each was appointed a Man
Her Prince and Ruler to be.
But after this was ordained,
(The ancient legends tell),
There came dark Israel,
For whom no River remained.
Then He Whom the Rivers obey
Said to him: “Fling on the ground
A handful of yellow clay,
And a Fifth Great River shall run,
Mightier than these Four,
In secret the Earth around;
And Her secret evermore,
Shall be shown to thee and thy Race.”
So it was said and done.
And, deep in the veins of Earth,
And, fed by a thousand springs
That comfort the market-place,
Or sap the power of Kings,
The Fifth Great River had birth,
Even as it was foretold
The Secret River of Gold!
And Israel laid down
His sceptre and his crown,
To brood on that River bank,
Where the waters flashed and sank,
And burrowed in earth and fell,
And bided a season below,
For reason that none might know,
Save only Israel.
He is Lord of the Last–
The Fifth, most wonderful, Flood.
He hears Her thunder past
And Her Song is in his blood.
He can foresay: “She will fall,”
For he knows which fountain dries
Behind which desert-belt
A thousand leagues to the South.
He can foresay: “She will rise.”
He knows what far snows melt
Along what mountain-wall
A thousand leagues to the North.
He snuffs the coming drouth
As he snuffs the coming rain.
He knows what each will bring forth,
And turns it to his gain.
A ruler without a Throne,
A Prince without a Sword,
Israel follows his quest.
In every land a guest,
Of many lands a lord,
In no land King is he.
But the Fifth Great River keeps
The secret of Her deeps
For Israel alone,
As it was ordered to be.
Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com
URL to article: http://www.counter-currents.com/2011/12/rudyard-kipling-the-white-mans-poet-2/
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