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samedi, 29 janvier 2011

Jacqueline de Romilly et la bonne Grèce

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Jacqueline de Romilly et la bonne Grèce

par Claude BOURRINET

Assurément, il n’est guère correct de s’en prendre à une défunte et à son œuvre. La seule excuse à donner est que l’académicienne n’aurait pas pris la peine de réfuter ce qui suit. Cependant, le ton dithyrambique et l’encens qui ont accompagné les obsèques de l’illustre helléniste avait de quoi irriter, non seulement parce que la flagornerie, même quand il s’agit d’un mort, horripile, comme si ce supplément d’âme eût l’heur de faire oublier la catastrophe annoncée qui ruine l’enseignement du latin et du grec en France, mais on ne s’est guère demandé, et pour cause, si la bonne dame du Collège de France avait fait tout ce qu’il fallait pour qu’une telle tragédie fût devenue impensable. Il y eut bien des pétitions, des murmures de couloir, mais Jacqueline de Romilly était bien trop intégrée pour ruer comme une bacchante ou poursuivre les assassins du grec comme une Érinye assoiffée de sang.

À vrai dire, je n’ai jamais essayé de lire un de ses ouvrages sans que le livre me tombe des mains, tellement il est farci de bons sentiments, et de cette manie anachronique de démontrer l’impossible, à savoir que les Grecs, c’était nous, les modernes de 1789, de la République etc. Le paradigme politique a radicalement changé, tant le christianisme a bouleversé notre manière de voir le monde et les hommes, l’individualisme, la marchandisation, la coupure avec un ordre holiste du monde ont contribué à broyer ce qui demeurait de l’Antiquité. Au demeurant, Walter Friedrich Otto le dit très bien dans Les dieux de la Grèce; comme le souligne Détienne dans la préface de cet ouvrage fondamental : « il faut […] prendre la mesure de ce qui nous sépare, de ce qui nous rend étrangers à l’esprit grec; et en conséquence dénoncer les préjugés [positiviste et chrétien] qui nous empêchent de comprendre «  les dieux de la Grèce ” ».

Et si, bien sûr, la Grèce est à l’origine de l’Europe, ce n’est pas dans le sens où les héritiers de la IIIe République l’entendent. D’une certaine manière, même si je me retrouve dans cette époque, en en partageant tous les fondements, y compris les plus scandaleux pour un moderne, et qui sont très éloignés de l’idéologie néochrétienne des droits de l’homme, la Grèce antique est complètement différente du monde contemporain. À son contact, on est en présence avec la véritable altérité (en fait notre identité). Hegel disait que pour un moderne, un Grec est aussi bizarre et étrange qu’un chien.

Voilà ce que qu’écrivait Hegel de l’Africain dans La Raison dans l’Histoire : « C’est précisément pour cette raison que nous ne pouvons vraiment nous identifier, par le sentiment, à sa nature, de la même façon que nous ne pouvons nous identifier à celle d’un chien, ou à celle d’un Grec qui s’agenouillait devant l’image de Zeus. Ce n’est que par la pensée que nous pouvons parvenir à cette compréhension de sa nature; nous ne pouvons en effet sentir que ce qui est semblable à nos sentiments. »

Le fondement de la pensée véritable, c’est ce sentiment d’étrangeté, un arrachement aux certitudes les plus convenues, pour parvenir à notre vérité profonde.

Un Grec est plus proche du Sioux, d’une certaine façon, que du kantien.

Maintenant, avec un effort d’imagination et beaucoup de caractère, on peut se sentir plus proche du Sioux que du kantien.

Jacqueline de Romilly n’a eu donc de cesse d’invoquer la Grèce antique pour louer les vertus supposées de la modernité : la démocratie, dont chacun sait qu’elle est une « invention des Grecs », l’égalité, notamment entre hommes et femmes, les droits de l’homme, etc. La presse ne s’est pas fait faute de le rappeler à satiété, comme si le retour à l’hellénisme ne pouvait que passer par les fourches caudines du politiquement correct.

La source des confusions, lorsqu’on s’avise de s’inspirer des théories politiques de l’Antiquité pour définir les modèles organisationnels de la meilleure société possible, est que nous avons affaire à deux mondes différents, et l’erreur de perspective conduit à des décalages conceptuels et symboliques, à des malentendus. Les notions qui font l’objet d’un glissement suprahistorique fallacieux, confinant à l’anachronisme, sont aisément repérables dans cette phrase, tout à fait représentative du style qu’on trouve chez nos universitaires : « Un sens de l’humanité sorti de l’histoire dont les valeurs et les idées sont toujours dans l’actualité, surtout si on a à l’esprit les remises en cause actuelles des valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité, au nom du droit à la différence confinant à la différence des droits, du communautarisme encouragé par le clientélisme politique, d’un retour radical du religieux et du patriarcat déniant aux femmes qu’elles puissent être les égales de l’homme ! » (Guylain Chevrier, docteur en histoire, cf. http://www.agoravox.fr)

Tout y est, avec même le ton déclamatoire.

La réduction, dans les classes de collège et de lycée, de l’apport hellénique à la démocratie a de quoi irriter. Luciano Canfora , pour ne parler que du terme « démocratie », a démontré que, dans le préambule à la Constitution européenne de 2003, ses concepteurs, par « « bassesse » philologique », ont falsifié les « propos que Thucydide prête à Périclès » (qui était, de facto, prince – prôtos anêr, dixit Thucydide – d’Athènes) en assimilant démocratie et liberté. La « gaffe » provient de leur formation scolaire, qui leur a révélé que « la Grèce a inventé la démocratie » (« formule facile, tellement simplificatrice qu’elle se révèle fausse », écrit Canfora), sans entrevoir qu’« aucun texte écrit par un auteur athénien ne célèbre la démocratie » ! Celle-là, dans l’histoire des Grecs antiques, a été un régime minoritaire, ramassé dans le temps, qu’il n’a pas été si démocratique que cela (au sens moderne), et qu’il a été méprisé par pratiquement tous les penseurs, à commencer par le premier, Platon, qui lui reprocha d’avoir assassiné Socrate. Il faudrait analyser de plus près ce que dit Aristote, qui est plutôt pour le gouvernement des meilleurs.

D’autre part, la notion d’égalité est aussi un piège : Agamemnon par exemple est le primus inter pares. Il n’est pas question d’égalité entre êtres humains, mais entre aristocrates, entre rois. Thersite en sait quelque chose, qui reçoit de la part d’Ulysse un coup de sceptre pour avoir prôné le défaitisme, et, avant tout, pour avoir pris la parole.

Pratiquement personne n’a remis en cause l’esclavage.

Ce que l’on omet de dire, c’est que, si l’on survole l’histoire hellénique jusqu’à Rome et au-delà, le régime qui s’impose et qui, justifié par les stoïciens, les platoniciens et d’autres, semble le plus légitime, surtout après Alexandre, c’est la monarchie. L’Empire romain est fondé sur cette idéologie, comme l’a montré Jerphagnon.

Qu’en est-il de l’égalité entre l’homme et la femme ? Ce n’est pas à un Grec qu’on va faire passer cette baliverne ! Il en aurait bien ri, lui qui, sur cette question, ressemble beaucoup à un musulman, en remisant son épouse dans le gynécée. Lysistrata est une COMÉDIE, destinée à FAIRE RIRE ! Autant dire que l’idée d’égalité entre hommes et femmes était présentée comme une bouffonnerie.

Je renvoie à Vernant pour ce qui est du « mythe d’Œdipe », qu’il dénonce savamment en montrant que Freud s’était trompé sur toute la ligne.

Loin de moi l’idée de démolir la statue funèbre de Jacqueline de Romilly, mais j’avoue que les éloges actuels m’énervent un peu.

Pour apprécier en profondeur la pensée grecque (et subsidiairement romaine), autant lire Vernant, Jerphagnon (l’exquis !), Friedrich Otto, Paul Veyne, qui me semblent plus incisifs que la bonne dame pour classes terminales…

Claude Bourrinet


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Commentaires

Un billet d'humeur un peu rapide. Cela peut certes amuser la galerie mais comme souvent avec tous les cyber-polémistes, au risque de chagriner son sûrement sympathique auteur, on reste dans le survol, et le "name-dropping" pallie hélas souvent l'argumentaire.

Si l'Hellade est dite berceau de la civilisation européenne, au point qu'un petit entrepreneur d'idées à la manie encyclopédiste ait nommé dans le tourbillon de la fin des sixties son "association culturelle" du nom de ce pays, cela va un peu plus loin que l'éducation bourgeoise du XIXe siècle qui vantait le piano ou les belles lettres (les "humanités") pour montrer de la "distinction" (sociale) en "bonne société". L'art pompier de cette époque, reprenant les thèmes mythologiques de l'art classique, paraît de nos jours bien kitsch. Cette Grèce en carton-pâte, semblant sortir d'un peplum, plaira à coup sûr à ceux voulant faire preuve de "culture", quand bien même se parerait-elle de l'adjectif "nouvelle".

Alors qu'est-ce que la Grèce ancienne a-t-elle encore à nous dire ? Les plus savants évoqueront la Renaissance, ou bien encore l'identification secrète par les premiers poètes romantiques allemands entre Grèce antique et leur pays alors en quête d'unité nationale, et dont Nietzsche sera l'ultime avatar : critique de "l'histoire monumentale" et d'une certaine philologie le nez collé aux textes, il écrira "Naissance de la Tragédie" pour inviter rien moins qu'à une renaissance de l'esprit tragique en Europe. Tout cela c'est bien joli mais ça ne dit pas en quoi pour nous contemporains la Grèce aurait encore quelque chose à dire.

Et feu Mme de Romilly dans ses livres "grand public" nous le dit de manière lumineuse : le souci de l'universel. Et cela n'a rien à voir avec ce que certains plumitifs "droitisants" nomment "universalisme" (au sens d'homogénéisation, à la fois idéologique et économique, du monde). Quand elle évoque la démocratie grecque, la remet en contexte, cela n'a rien avoir avec un panégyrique des démocraties libérales du monde occidental. Elle ne l'idéalise pas non plus, il serait aisé de relever certains manquements factuels liés à la donne de l'époque (innovation technique laissée en friche, divisions entre Cités-États, places des femmes comme l'a noté Mme Loraux, esclavage qui au demeurant à plus à voir avec des domestiques qu'avec les champs de coton en Louisiane, etc...), mais elle en retient un esprit de civilisation dont nous restons en partie tributaires. Si on excepte ses textes universitaires (comme son introduction magistrale à Thucydide comme père de la discipline historique), elle appuie son illustration et défense de l'apport grecque principalement sur la littérature, notamment les Tragiques. Au fond cette charmante dame hellénisante n'aura jamais été qu'une amoureuse du classicisme comme idéal de vérité et de beauté qui serait donné à l'humanité. D'aucuns pourraient juger cela un peu Vieille France, nostalgie de Grand Siècle (le XVIIe s., ce qu'elle avoue volontiers dans un entretien à la feuille de chou "Les Épées"), humanisme ancien démodé, etc., mais à sa décharge rappelons que c'est une pédagogue. Alors même si, parce qu'on ne s'est peut-être pas engagé comme petit soldat, on s'adonne à la revanche du cancre en la taxant vertement de "philosophe pour classes terminales" (Camus y eut droit aussi), ce n'est tout de même pas une mamie "réac" travestie en donneuse de leçons face à un monde jugé décadent ("avant c'était mieux").

Évidemment plus stimulante est l'approche qualifiée de "psychologie historique" des Vernant, Veyne, etc. Elle a le mérite de remettre dans un cadre matériel, social, politique la pensée des Grecs anciens et nous permet de mettre en regard notamment leur processus de sécularisation (à partir du Ve s. av. N.7.) avec le nôtre. Curieusement ils sont restés assez discrets sur la lecture du penser mythique chez Walter Otto (qui a tant marqué Heidegger) et Veyne n'a rien trouvé de mieux dans son introduction aux "Dieux de la Grèce" de nous mettre en garde contre les récupérations nazies de l'Antiquité au lieu de dégager la spécificité méthodologique d'Otto (qui ne fut jamais "nazifiant" dans son travail comme par ex. Rosenberg). Mais passons, ainsi que sur le comparatif ridicule avec l'interprétation freudienne du mythe d'Œdipe car, même si Vernant s'en prend à elle dans un article de 1967, il nuance aussitôt en montrant que celle-ci n'avait pas pour objet "la pensée sociale propre à la Cité du Ve siècle" mais le système des lois de l'inconscient psychique. Et c'est d'ailleurs sur fond de ces débats que Deleuze & Guattari écrivent leur "Anti-Œdipe" en 1972 pour élargir au social et au politique la question de l'inconscient. Envoyer un taquet à la vulgate freudiste ambiante est peut-être un p'tit coup de griffe vite fait bien fait en passant, en tout pour quelqu'un qui se réclame d'un causer incisif y a encore de la marge.

Par-delà ce "texticule" comme aime à les appeler un savateur médiatique, et cela n'engage que moi, je n'en observe pas moins une tendance affirmée chez ceux se réclamant de l'idée européenne à gloser en cultureux déconnectés de tout réalisme politique. Ils se rengorgent souvent du combat des "valeurs" comme si au fond il s'agissait de folklore à défendre (dans sa réserve). Ce complexe quelque peu défaitiste pourrait laisser accroire qu'ils crèvent à petit feu d'un Occident avec lequel ils n'ont pas rompu. Je n'irai pas jusque là, je laisse le "stalking" sur le net aux agités du bocal et autres désœuvrés. Une des des leçons des Grecs n'est-elle pas après tout que nous sommes à chacun notre propre gouvernement ? Et pourtant, comme nous y convie le fidèle de Dionysos, il nous faut aussi passer les Grecs ...

Écrit par : Alcibiade | samedi, 29 janvier 2011

Oops, Marcel Détienne et bien sûr pas Paul Veyne pour la préface à W. Otto, l'un m'a fait penser à l'autre de par leurs propos moralistes sur ce que la Grèce ancienne a à nous apporter. Les heures nocturnes sont riches en raccourcis.

Écrit par : Alcibiade | samedi, 29 janvier 2011

J'ai découvert la nuit dernière la reprise - sans qu'on ait cru bon de m'en informer : ce n'est pas grave car je suis toujours content de voir que je suis lu au point qu'on veuille reproduire mes textes pour leur donner davantage de visibilité - sur votre site de mon LE SYMBOLISME DES MYTHES GRECS SELON FELIX BUFFIERE initialement paru chez Stalker, mis en ligne par Juan Asensio donc.

Et du coup j'ai naturellement navigué à vu et découvert cet autre texte sur Jacqueline de Romilly qui m'a bien amusé, sur le commentaire d'Alcibiade.

Votre intérêt pour le rapport entre la Grèce antique et notre Europe est sympathique, forcément initiateur de réflexions intéressantes mais attention à certaines erreurs et à certains jugements de l'auteur comme de son commentateur.

- Le père de l'histoire est Hérodote, pas Thucydide, et cela de l'avis des Grecs eux-mêmes;$
- Jean-Pierre Vernant et Paul Veyne étaient communistes tous les deux. Il existe un entretien filmé de Vernant avec la belle Laure Adler et je crois bien me souvenir qu'il existe aussi un entretien filmé de Veyne avec la même Laure Adler. Paul Veyne avait déclaré à Laure Adler en substance :" J'étais triplement marginal : juif, homosexuel, communiste. J'ai naturellement été aidé dans ma carrière par les membres de ces trois communautés." En matière d'universalisme revendiqué, la remarque est savoureuse... ou de l'universalisme appliqué à soi-même par ses défenseurs tutélaires...
- Citer LA RAISON DANS L'HISTOIRE et se satisfaire de ce titre, c'est prouver qu'on ignore la philosophie de Hegel. Le véritable titre de ce livre est INTRODUCTION à LA PHILOSOPHIE de L'HISTOIRE. Le titre français LA RAISON DANS L'HISTOIRE est un contre-sens puisque pour Hegel la raison est l'histoire, loin qu'elle soit "dans" l'histoire. J'ai évoqué ce contre-sens dans ma article sur LA VIE ET LA MORT DU SYSTEME DE G.W.F. HEGEL paru sur Stalker, mis en ligne par Juan Asensio.
- Concernant les différences et les similitudes entre les Grecs et nous, et le moins narcissiquement du monde, je vous prie de le croire, je vous recommande mon article sur LES DEUX VISAGES DE PERICLES, paru sur Stalker, mis en ligne par Asensio. Vous y lirez, je le gage, avec intérêt la remarque sur MYTHE ET TRAGEDIE EN GRECE ANCIENNE de Vernant qui est son livre le plus faible, parce qu'il croit venir à bout de la profonde thérorie freudienne, irréductible à son marxisme et à celui de Vidal-Naquet. Le grand Vernant est celui de MYTHE ET PENSEE CHEZ LES GRECS, pas celui de MYTHE ET TRAGEDIE EN GRECE ANCIENNE.
- la bonne Jacqueline de Romilly est celle des tragiques grecs, de Thucydide... celle des années 1955-1965. Ensuite, à partir de LA LOI DANS LA PENSEE GRECQUE, elle décline.

Bien cordialement à tous les deux
FM

Écrit par : francis moury | mercredi, 11 mai 2011

Merci d'avoir mis si vite en ligne mon commentaire.
Quelques coquilles de mon fait dans ledit commentaire supra, mais sans gravité concernant le sens... je n'avais pas pris le temps de relire... vous me pardonnerez donc ce curieux symbole du $ qui défigure la fin d'une de mes phrases, résultat d'une faute de frappe au clavier, d'autant plus que je suis un fervent partisan de l'Euro que je souhaiterais simplement qu'on arrimât à l'or par la création d'un Euro-or qui deviendrait, ipso facto, une monnaie de référence que le monde entier nous envierait en raison de sa puissance d'achat et de sa stabilité, bien supérieure à celle du $, de la £ sans parler de monnaies encore non convertibles comme celle de la Chine ou des "Brics" dont l'unité financière est contingente.

Encore une remarque me vient à l'esprit en relisant l'auteur et son commentateur Alcibiade : le premier penseur ayant élargi la question de l'inconscient au social et au politique, à l'histoire et à la culture, c'est Freud lui-même dans MALAISE DANS LA CIVILISATION, L'AVENIR D'UNE ILLUSION, MOISE ET LE MONOTHEISME, TOTEM ET TABOU. Il n'avait pas attendu les années 1970 pour ça... et avant Freud, d'autres l'ont pressenti, Nietzsche au premier chef dans LA GENEALOGIE DE LA MORALE, son texte le plus ardu et le plus difficile d'accès du point de vue de l'histoire de la philosophie, celui qui requiert la culture la plus riche. Deleuze fut un historien de la philosophie (et de la littérature) suggestif d'une part, un philosophe original d'autre part, mais l'anti-freudisme de ses collaborations avec Félix Guattari est, à mes yeux, la grande erreur d'un parcour autrement honorable.
Pour savoir ce que la Grèce a encore à nous dire, il faut d'abord relire l'histoire des littératures française, anglaise, allemande, italienne, espagnole. Elles sont dans leur ensemble un commentaire continu, général, obstiné des cultures grecques et latines. Et un commentaire obstiné de leur rapport au christianisme comme nouveau moteur de l'histoire occidentale. Ce double commentaire est le fond de l'histoire littéraire, qu'il s'agisse de poésie, d'histoire, de théâtre, de romans, de dissertations ou d'oeuvres oratoires. Quant à la philosophie, je n'insiste pas : je présume que vous avez lu A.-J. Festugière, E. Bréhier, R. Jolivet, C. Tresmontant, E. Gilson et quelques autres incontournables du rapport entre l'antiquité et notre modernité. Attention j'ai écrit "notre modernité" qu'il faut distinguer de notre contemporanéïté : période antique, période moderne, période contemporaine demeurent distinctes...

Bien à vous derechef
FM

Écrit par : francis moury | mercredi, 11 mai 2011

Oh peuchère mon brave Francis ! Avec la ciboulot farci comme ça de références, vé qu'on dirait le doctôr avec ses ciboulettes de bas latin, et bé vous ne respirez pas grandement le type grec. Mais à vous mettre à marcher sous le cagnard, ça vous requinquera la santé, la grande santé !

Écrit par : Koolie | samedi, 21 mai 2011

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