lundi, 06 mai 2013
L’être de l’aikido
L’être de l’aikido
Ex: http://dhdc2917.eu/
L’aikido est le principe de la lignée des dix mille générations de l’univers.
L’aikido est la vérité reçue du ciel, l’agissement merveilleux de l’aiki de takemusu.
L’aikido est la voie d’harmonie du ciel, de la terre et des hommes.
Mais encore, l’aikido est la voie d’ordonnance des dix mille choses.
O’Sensei Morihei Ueshiba
« La multitude des visages de l’aikido, apparaissant souvent comme antagonistes par certains de leurs aspects, doit nous engager à nous poser cette question essentielle, en nous tournant vers Ueshiba Morihei : qu’est-ce que l’aikido ? Si depuis la disparition de Ueshiba Morihei, l’intérêt légitime du pratiquant a été le faire et le « comment faire ? », la question de l’être, de ce qu’est l’aikido, a été le plus souvent éludée. En matière de discipline orientale, l’appréhension de l’être passe nécessairement par la pratique et par conséquent, la question de ce qu’est l’aikido et la question de savoir comment faire l’aikido sont uniment liées. Pour autant le questionnement quant à l’essence fait le plus souvent défaut. Or, c’est proprement l’objet de ces discours, et particulièrement du premier d’entre eux, transcrit dans le présent volume. Ueshiba n’explique pas ici tel ou tel mouvement. Il ne s’agit ni d’une description technique ni de la présentation historique de la discipline, mais plutôt de l’essence de ce qu’on appelle « aikido ». Ainsi, dès les premiers mots de cette conférence, Ueshiba nous propose-t-il d’opérer un changement de point de vue, d’une part, en nous détournant de la question proprement gestuelle du comment, et d’autre part, d’une manière plus fondamentale, en nous invitant à abandonner l’idée qui consiste à réduire le terme aikido à une discipline particulière. En effet, à la question qu’est-ce que l’aikido ? il ne répond pas par une phrase du type : « L’aikido est une discipline martiale créée en telle année dont les pratiquants, aikidoka, portent tels et tels vêtements et usent de telles armes… », mais par « L’aikido est le principe de la lignée unique des dix mille générations de l’univers », assignant ainsi au terme « aikido » la valeur d’un principe et non celle d’un fait particulier. Au fil de ces conférences, Ueshiba Morihei donne ainsi un double sens au terme aikido : le premier désigne la discipline qu’il fonde au cours du vingtième siècle, le second signifie un principe naturel* de création et d’ordonnance qui, comme tel, existe depuis toujours concomitant à la création du monde. Les deux aspects du terme ne sont pas étrangers l’un à l’autre, mais entretiennent, pour Ueshiba, un rapport de type causal : l’aikido en tant que discipline est l’expression phénoménale adéquate, le visage, ou du moins sa recherche, de l’aikido en tant que principe**.
Dès lors la question qu’est-ce que l’aikido ? ouvre un questionnement sur l’être de l’aikido en tant qu’il est à la fois principe et chemin vers la réalisation effective de ce principe. Le double sens du terme « aikido » renvoie ainsi à l’idée d’actualisation, autrement dit au passage d’une virtualité à sa réalité tangible. Il y a donc implicitement l’idée majeure, s’agissant d’un principe naturel, d’une évolution de la nature vers sa pleine réalisation, son parachèvement [kansei]. »
Bruno Traversi, in préface de « Takemusu Aiki » de Morihei Ueshiba.
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* Le rapport de l’aikido avec la nature est communément admis. Toutefois, il faut préciser que nature doit s’entendre dans un double sens : la nature dans ses expressions, dans son foisonnement, et la nature en tant que force productrice et ordonnatrice du réel, autrement dit dans ses principes, nature naturée et nature naturante. On se fourvoierait certainement en pensant les techniques d’aikido d’après une imitation des formes et des mouvements de la nature. La corrélation entre nature et aikido doit se penser selon un plan plus fondamental, celui des principes. L’aikido, en tant que discipline, est naturel en ce que l’aikido, en tant que principe, est un principe naturel, et non une convention humaine et sociale. Et si, effectivement, on trouve entre les mouvements d’aikido et les mouvements de la nature une certaine similitude, c’est qu’ils sont produits selon les mêmes principes, issus d’une même origine ou racine [kongen].
** Ces notions sont particulièrement importantes pour comprendre que la génèse de l’aikido ne résulte nullement de la synthèse de différents arts martiaux, mais est un principe naturel qui se révèle à Ueshiba à travers diverses expériences spirituelles et martiales. Cet aspect fait l’objet de long développements dans ses conférences.
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00:05 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : aikido, japon, tradition, traditionalisme, art martial, harmonie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Hmmmm, si je vous écris, c'est que ce texte me touche beaucoup. J'ai pratiqué l'Aikido
de 1972 à 1986, puis de 1988 à 1990, selon le pays où je me trouvais. Force m'est
d'admettre que durant toutes ces années, l'accent était sur le "comment" et non pas
sur 'l'être". Oh, il y avait quelques références à la "spiritualité sous-jacente", mais pas
vraiment de recherche quant à l'essence de l'Aikido. Je souhaite que le mouvement
Takemusu puisse s'injecter dans le plus grand nombre de dojos possible.
Écrit par : Klaußius Germanicus | lundi, 06 mai 2013
À toute fin utile, le siège de la Fundamental Aikido Association (Iwama Ryu) de Daniel Toutain (élève de Morihiro Saito) se trouve à Aywaille en Belgique. Note importante, il est possible d'y pratiquer en ushi deshi.
http://www.fundamentalaikidoassociation.com/
Écrit par : dhdc | mardi, 07 mai 2013
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