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mardi, 24 mars 2015

Exdirector de la CIA: "Se ha producido la mayor ruptura entre Alemania y EE.UU. desde la II Guerra Mundial"

Exdirector de la CIA: "Se ha producido la mayor ruptura entre Alemania y EE.UU. desde la II Guerra Mundial"

 

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Figuras como el exdirector de la CIA Michael Hayden no ocultan su malestar e intentan que Berlín rectifique su posición sobre el conflicto ucraniano porque los alemanes están actuando como adultos y no como siervos subordinados a la alianza de los 'cinco ojos' (EE.UU., Reino Unido, Canadá, Australia y Nueva Zelanda), sostiene el exoficial de la CIA Ray McGovern.

"La ruptura más significativa desde la Segunda Guerra Mundial entre Alemania y EE.UU. acaba de ocurrir", ha declarado el exoficial de la CIA Ray McGovern a RT. "Por primera vez en 70 años, los alemanes están saliendo de la adolescencia para entrar a la edad adulta; están dispuestos a hacer frente a EE.UU. y decirles 'mira, nuestros intereses no son los mismos que los vuestros, no queremos una guerra en Europa Central y vamos a evitarlo'", ha afirmado McGovern.

Asimismo, el exoficial ha revelado que el exdirector de la CIA está "muy instatisfecho estos días, especialmente con la actuación de la canciller alemana Angela Merkel porque ya no está actuando obedientemente al considerar en primer lugar los intereses de Alemania e impedir que empeore la situación en Ucrania".

"Hayden trata de decirle a Merkel y a todos los demás que están fuera de la alianza de los 'cinco ojos', que son ciudadanos secundarios y seguirán siéndolo mientras no obedezcan igual que lo hacen los otros cuatro (Reino Unido, Canadá, Australia y Nueva Zelanda)", ha advertido McGovern.

Un livre collectif: «Maurice Bardèche l’insoumis»

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POUR CONNAÎTRE MAURICE BARDÈCHE

Un livre collectif: «Maurice Bardèche l’insoumis»

Pierre Le Vigan
Ex: http://metamag.fr
 
bardeche-l-insoumis.jpgPolémiste, écrivain politique, critique littéraire, Maurice Bardèche (1907-1998) a été tout cela. Son image reste sulfureuse. Elle l’est même beaucoup plus que dans les années 1950, preuve que nous avons fait un grand pas vers le schématisme, l’intolérance et l’inculture. Philippe Junod, aidé de sa femme, a voulu mieux faire connaître celui qui fut le beau-frère et l’ami de Robert Brasillach mais qui avait, bien entendu, son tempérament, ses goûts et son histoire propres. Le pari de mieux connaître Bardèche est tenu dans le cadre des Cahiers des amis de Robert Brasillach

Officiellement apolitique jusqu’en 1945, ses activités hors enseignement n’allèrent guère au-delà, sous l’Occupation, d’essayer de sauver Jean Cavaillès. Plus handicapé qu’aidé par ses liens familiaux trop voyants, il passe de maître de conférence à la Sorbonne à professeur à l’Université de Lille où il n’avait aucune attache.
 
Ce qu’il ressort des études consacrées à Bardèche, est l’unité de sa vision des choses, du politique au littéraire. Cela ne veut évidemment pas dire que l’on soit obligé d’être « fasciste » pour, en même temps, lui reconnaître d’avoir beaucoup apporté à la connaissance de Balzac ou de Proust.  Mais il faut reconnaître que ce qu’il appelle « fascisme » est en fait quelque chose qui va au-delà d’un épisode historique, aussi important qu’il ait été (et sachant qu’il fut définitivement clos en 1945). Au-delà : c’est-à-dire une critique de la domination de l’économie sur nos vies, et une critique de la domestication de l’homme par le monde moderne.

bardeche3.jpgBardèche était non pas un homme de concepts mais un homme de principes. Il  été pionnier en maints domaines dans une large mouvance intellectuelle : la critique de la « conscience universelle », c’est-à-dire l’appareil idéologique du nouvel ordre mondial américain, le refus de l’uniformisation planétaire par le règne des marchands, le souci de la liberté des peuples et de la continuité de ceux-ci qui doivent rester fidèles à leurs instincts (thèse assez rousseauiste), l’appel à l’indépendance de l’Europe. Pour des raisons parfaitement évidentes, il était conscient de ne pouvoir être à la bonne distance pour juger de l’action du général de Gaulle. Aussi demandait-il des avis autour de lui. Il faisait partie de ceux qui, à tort ou à raison (je m’interroge moi-même), ne prenait pas au sérieux la troisième voie gaullienne.
 
De la création du modeste Mouvement Social Européen, qui n’était certes pas un mouvement de masse, à novembre 1982, date de la parution du dernier numéro de sa revue Défense de l’Occident (elle accueillit quelques uns de mes premiers articles), fondée trente ans plus tôt, Bardèche a été le principal « doctrinaire » (mais on hésite à employer ce terme un peu trop sec et désincarné)  mais plus encore le principal écrivain du nationalisme européen.  Il a permis à beaucoup de ceux qui l’ont lu d’aller au-delà, ou ailleurs, preuve que c’était avant tout un homme libre, un rebelle non aligné. 

Les témoignages regroupés dans le cahier des ARB, souvent chaleureux, mais aussi bien sûr parfois critiques, aident à mieux connaître celui que l’on veut réduire à des caricatures, tant notre époque aime les idées simples, et fausses de préférence. Ce sont les idées les plus confortables, et notre époque aime son petit confort. Un excellent libraire, bibliophile de province, juif, et parfaitement (sic) de gauche me disait, à propos de la biographie de Balzac par Bardèche (Julliard, 1980) : « Il faut reconnaître que c’est quand même la meilleure des études parue sur Balzac ». 

Cahiers des amis de Robert Brasillach, 51/52,« Maurice Bardèche l’insoumis », courriel : brasillach@europe.ch

L’héritage calamiteux de la guerre d’Irak

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Entretien avec la géopolitologue et diplomate autrichienne Dr. Karin Kneissl :

L’héritage calamiteux de la guerre d’Irak

Sur la lutte contre l’EIIL, sur les questions énergétiques, sur le rôle des Etats-Unis, sur le clivage chiites/sunnites dans la région

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

BT : Les Etats-Unis et la Turquie veulent soutenir les rebelles dits « modérés » de Syrie dans le combat qu’ils entendent mener contre l’EIIL. Est-ce à vos yeux la bonne stratégie à suivre ?

KK : Aucunement. Pendant les quatre années que dure déjà cette guerre, nous avons maintes fois vu que les armes, destinées à l’Armée Syrienne Libre (ASL) se retrouvaient plus tard entre les mains du groupe Al-Nousra. Celui-ci est un rival de l’EIIL, mais on peut le classer dans la même catégorie idéologique. Or, justement, en ce qui concerne la Turquie, nous avons beaucoup d’indices tendant à prouver que la Turquie, si elle n’agit pas directement, ferme souvent les yeux quand du matériel de guerre quitte son territoire pour être livré dans les régions septentrionales de la Syrie à des groupes islamistes. La Turquie joue ici avec des cartes truquées, si bien que la coopération entre Ankara et Washington apparait comme hautement contestable : comment faut-il armer les opposants syriens ? Quels matériels faut-il leur livrer ?

BT : Quels buts recherche la Turquie quand elle pratique une politique très ambigüe à l’endroit de l’EIIL ?

KK : Dès le départ, c’est-à-dire dès le printemps de l’année 2011, la Turquie poursuit l’objectif d’affaiblir et de renverser le régime alaouite d’Assad. Erdogan, qui était à l’époque premier ministre et non pas encore président, imaginait qu’il pouvait exercer une influence sur Assad. Cela s’est avéré une illusion : Erdogan a alors changé de stratégie, il s’est mis à soutenir les forces sunnites et à poursuivre des intérêts proprement turcs dans le conflit syrien. Erdogan s’est lourdement trompé, bon nombre de ses projets ne se sont pas réalisés ; aujourd’hui, il est coincé : les Pechmergas kurdes et le PKK se sont engouffrés dans la brèche et ont pris une position déterminante dans le vide de pouvoir qui s’est instauré entre la Turquie et la Syrie.

BT : La Turquie ne court-elle pas le risque que ces forces, qui reçoivent du soutien aujourd’hui, se retournent contre elle dans le futur ?

 KK : C’est myopie politique de croire qu'il faille à tout prix soutenir l’ennemi de mes ennemis, comme le préconise une stratégie militaire de l’Inde antique, car cet ennemi de mon ennemi pourra un jour se retourner contre la main qui l’a nourri autrefois.  Je pense que les milieux dirigeants et gouvernementaux turcs sont considérablement gênés aujourd’hui à cause du nouveau problème kurde, mais si, parmi les Kurdes, nous trouvons un vaste faisceau d’idéologies différentes, permettant éventuellement une marge de manœuvre. Les Pechmergas ne peuvent pas être classés dans la même catégorie que le PKK et poursuivent d’ailleurs d’autres objectifs politiques.

Syria_Obama-400x259.jpgBT : Pourquoi, à votre avis, les Etats-Unis sont-ils aussi obnubilés par l’idée de renverser Assad ?

KK : Sur le plan diplomatique, ce fut, de leur part, une décision inintelligente. Je me souviens encore qu’Hillary Clinton, alors ministre des affaires étrangères, avait exigé de son homologue russe Lavrov, de laisser tomber Assad. Lavrov avait réagi en affirmant que « ce n’était pas là la manière par laquelle fonctionnait la diplomatie russe qui, elle, respectait les traités conclus ». Il s’agissait surtout, à l’époque, de traités réglant des livraisons militaires. Les Etats-Unis défendaient un autre point de vue : ils estimaient qu’eux avaient laissé tomber leurs principaux alliés, dont Hosni Moubarak en Egypte, et qu’ils avaient ainsi permis les printemps arabes de 2011 auxquels ils avaient donné une impulsion décisive. En contrepartie, ils attendaient donc des Russes un geste similaire. Mais ceux-ci se seraient alors placés dans une position intenable.

Lorsqu’un attentat de grande envergure a eu lieu le 18 juillet 2012 contre le quartier général des forces de sécurité syriennes, plusieurs parents d’Assad ont trouvé la mort et les Etats-Unis ont cru que, pour le régime syrien, c’était le commencement de la fin. Les choses ne se sont pas passées ainsi : l’armée ne s’est pas disloquée, Bechar el-Assad n’a pas jeté le gant. Dans les hautes sphères du pouvoir syrien et dans les services secrets, la plupart des décideurs ont pris le parti de coopérer avec Assad. Le point de vue russe et aussi, partiellement, celui de l’Iran, s’est imposé. Les Américains ont donc dû se montrer un peu plus pragmatiques, d’autant plus qu’ils s’étaient déjà passablement embrouillés dans les affaires syriennes, notamment en invoquant des « lignes rouges » à propos de l’usage d’armes chimiques ou en exigeant au minimum le départ d’Assad.

BT : Peut-on avancer l’hypothèse que les Américains veulent toujours réaliser le vœu de Georges W. Bush, c’est-à-dire d’imposer un « ordre nouveau » au Proche Orient ?

KK : Quand on évoquait le « Greater Middle East », l’ancien ministre américain des affaires étrangères, Colin Powell, disait textuellement, en 2002 : « We have to reshape the map » (« Nous devons redessiner la carte »). Or les Français et les Britanniques l’avaient déjà fait immédiatement après la première guerre mondiale, entraînant des catastrophes pour toutes les populations de la région. Pourtant le monde était moins compliqué, il y a cent ans, que maintenant. Aujourd’hui, redessiner la carte de manière aussi systématique serait tout bonnement impossible.

BT : Alors on peut dire que les Etats-Unis font face à un dilemme…

KK : Oui, ils sont pris dans un véritable dilemme, parce qu’ils cherchent depuis longtemps à se désengager et à quitter la région. Jusqu’il y a deux ans, on disait à Washington : « ils ne nous aiment pas et nous n’avons pas besoin d’eux ». Dire que les autochtones du Proche et du Moyen Orient n’aimaient pas les Américain était un simple constat suite à l’occupation de l’Irak ; dire que l’Amérique n’avait pas besoin de ces autochtones était une déduction dérivée de la politique énergétique nouvelle qui misait sur le « Fracking », soit l’exploitation du gaz de  schiste sur le territoire même des Etats-Unis. Or la donne a changé depuis lors : avec le prix très bas du pétrole, le « fracking » ne s’avère plus aussi rentable que ne le laissaient imaginer les calculs d’il y a deux ans. Par ailleurs,  les décideurs politiques américains ont pris conscience du fait que quoi qu’il arrive au Proche Orient, le résultat aura d’importantes conséquences stratégiques sur le long terme ; d’où les Etats-Unis ne peuvent pas se désengager. Ces décideurs américains savent désormais qu’ils récoltent les fruits de la guerre menée en Irak et que celle-ci a provoqué la radicalisation en cours aujourd’hui.

BT :  En Irak, c’est dans les régions peuplées de Kurdes que l’on trouve les plus grandes réserves de pétrole ; ensuite, devant les côtes de la Syrie, il y a des réserves de gaz assez considérables. Par ailleurs, on envisage également d’acheminer du gaz naturel par gazoducs du Qatar jusqu’au littoral méditerranéen de la Syrie ou de transporter du gaz liquide, au départ des ports syriens, vers l’Europe. Quelle est l’importance des questions énergétiques dans ce conflit ?

kurdish_oil_fields.gifKK : Elles ont une importance cruciale. Les énormes gisements de pétrole dans le Kurdistan irakien sont la principale pomme de discorde entre le gouvernement régional des Kurdes et le gouvernement de Bagdad. En novembre, ces deux gouvernements irakiens se sont enfin entendus pour une exploitation conjointe, ce qui s’explique partiellement par la menace que fait peser l’EIIL. Quant aux gisements de gaz du bassin oriental de la Méditerranée, ils ont fait éclore les conflits entre Israël, la Turquie, la Syrie et le Liban. Les Libanais comptent nettement sur la participation des Qataris pour exploiter ces gisements mais ils ont tardé à accorder des concessions et à nommer les champs d’exploitation. Ces problèmes sont actuellement discutés au Parlement libanais. Cette problématique du gaz naturel peut à terme constituer un casus belli dans le triangle Liban/Israël/Turquie, mais aussi générer des nouvelles coopérations. L’avenir nous le dira. Mais nous pouvons d’ores et déjà constater que l’Egypte se rapproche d’Israël dans la question du gaz naturel. L’Egypte pourrait mettre ses terminaux à disposition pour liquéfier le gaz israélien. Il y a quelques mois le ministre égyptien de l’énergie avait déclaré qu’il pouvait parfaitement envisager d’importer du gaz israélien.

BT : Dans les conflits qui secouent la Syrie et l’Irak, l’Arabie Saoudite et l’Iran jouent tous deux leur part. Quel rôle joue en réalité la rivalité entre Saoudiens et Iraniens donc entre Sunnites et Chiites ?

KK : Cette rivalité joue de fait un rôle essentiel. Dans les médias arabes, l’ennemi est stigmatisé et déclaré « infidèle ». Ce conflit remonte au VIIème siècle et a commencé immédiatement après la mort du Prophète Mohammed et a été réactivé il y a une trentaine d’années, surtout en Irak mais aussi, de manière analogue, en Syrie, où le gouvernement d’Assad dominé par les Alaouites se heurtent aux sunnites qui composent la majorité de la population. On retrouve ce clivage au Liban entre, d’une part, le Hizbollah, chiite, et, d’autre part, les fractions sunnites de la population. Nous avons affaire à des conflits par personnes interposées que l’on peut comparer, sans toutefois oublier le contexte proprement proche-oriental, à notre guerre de Trente Ans au 17ème siècle. Nous avons connu en Europe aussi des guerres de religion du même ordre, entre protestants et catholiques, derrière lesquelles se profilait un conflit opposant une noblesse devenue protestante au pouvoir de la Maison des Habsbourg.  Dans le monde musulman d’aujourd’hui, nous observons de nombreux conflits entre Chiites et Sunnites, en Irak, au Liban, en Syrie mais aussi plus loin, au Yémen par exemple, où une milice chiite contrôle la capitale Sanaa. Le choc entre les deux formes d’islam se repère également en Arabie Saoudite même. Dans ce pays, qui abrite les lieux saints de l’islam, quelque 10% de la population sont chiites. Ces derniers temps, ces chiites saoudiens ont subi une forte répression. Ils habitent des régions du nord-est du pays, à proximité de la frontière irakienne. Ils y forment la majorité de la population dans ces régions riches en gisements pétrolifères.

 

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BT : Comment les Saoudiens perçoivent-ils les négociations en cours sur le programme nucléaire iranien ?

KK : La rivalité qui oppose l’Iran à l’Arabie Saoudite, deux puissances qui se considèrent comme hégémoniques dans la région, explique aussi l’immense suspicion qui tenaille les Saoudiens quand ils s’aperçoivent qu’Iraniens et Américains négocient. Il n’y a pas que les Israéliens qui crient au loup : en effet, pour les Saoudiens, ces négociations laissent supposer un rapprochement entre Washington et Téhéran et une nouvelle politique de compromis. Bien sûr, beaucoup d’événements peuvent encore se produire d’ici la fin des négociations mais tous noteront toutefois que l’on travaille assidûment à leur dernière tranche (prévue pour le 31 mars, date où l’on espère une issue définitive, pas à pas, conduisant à la levée des sanctions ; note BT). Cette échéance imminente jette un vent de panique en Israël, qu’illustre fort bien le dernier voyage de Netanyahou, début mars à Washington. Pas seulement en Israël, aussi en Arabie Saoudite.

yemenççç.jpgBT : Le Yémen deviendra-t-il un nouvel « Etat failli », un de plus, qui sera un havre pour les terroristes islamistes ?

KK : Les nouvelles ne nous parlent que trop rarement du Yémen, alors qu’il est stratégiquement très important ; pourtant, ces dernières semaines, plusieurs ambassades ont fermé les unes après les autres : Américains, Britanniques, Français ont tous quitté le pays parce qu’il n’est plus sûr. Ce qui est dramatique, c’est que personne ne sait au juste ce qui se passe au Yémen, alors qu’il pourrait devenir une zone de repli supplémentaire pour des extrémistes de toutes sortes, ce qu’il était déjà pour Al-Qaeda ; dans l’avenir, il pourrait abriter des formes encore plus extrêmes de terrorisme. Mais à ce risque-là, bien réel, s’ajoute encore celui de voir la situation yéménite se répercuter sur l’ensemble de la péninsule arabique. Il ne faut pas négliger cette éventualité : les tribus du sud de l’Arabie sont sans doute les plus importantes de la péninsule et la famille des Saouds, qui a donné son nom à l’Arabie Saoudite, est toujours potentiellement la rivale d’autres tribus, en dépit du fait qu’elle exerce le pouvoir. Si les fidélités des tribus subissent une mutation et quoi qu’il arrive au Yémen, cela aura des répercutions sur l’Arabie Saoudite.

(entretien paru dans « zur Zeit », n°10/2015, Vienne ; http://www.zurzeit.at). 

The Well-Bred Zombies

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The Well-Bred Zombies

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Ex: http://www.lewrockwell.com

Art is individualism, and individualism is a disturbing
and disintegrating force. Therein lies its immense value
For what it seeks to disturb is monotony of type, slavery
of custom, tyranny of habit, and the reduction of man to
the level of a machine.
 

- Oscar Wilde

For untold centuries, mankind has experimented with plant and animal life in an effort to produce organisms that might prove beneficial not only for human survival, but just for living well.  Playing around with various grasses, our ancient ancestors produced grains that provided alternative forms of food. The grafting of tissues from one plant to another has helped to create and/or alter trees that produce varieties of fruits that would likely not have come into existence without such human midwifing.

Through trial and error, testing, and other creative processes, hybrid plant and animal forms have been generated to serve our diverse tastes. Cattle, chickens, sheep – along with cats and dogs – have been bred for numerous desired qualities. The quality of wool or mutton drive the breeding of sheep, as the breeding of dogs has for qualities that allow them to protect sheep from their natural predators. Variations in the shapes and colors of roses and tulips have served primarily aesthetic preferences while, in doing so, provided Holland with a robust economic base. That this interplay between humans and other life-forms has created symbiotic relationships beneficial to both, has been well-developed in Michael Pollan’s delightful book, The Botany of Desire.

It is when human beings seek to promote their purposes by forcibly transforming other humans, that mankind heads down the path to its own extinction. Such is the role played by institutions – abstract systems that insinuate themselves into our species, generating conflicts between and among various categories of people. Having learned how to manipulate other life forms to serve the interests of humans, institutions have substituted themselves for people as ends in themselves, thus making individuals subservient to the organizational collective.

Until recently, the established order has had to rely on formalized practices to condition minds into accepting their submissive role in the institutional hierarchy. The forced-feeding of geese and ducks in order to produce the elite’s luxury food, foie gras, has long been recapitulated in most schools and the mainstream media. But now taking a lesson from the history of the breeding of plants and animals, the state has undertaken the Human Genome Project, in order to identify and locate the myriad genes – be they beneficial or detrimental – that make up individual human beings.  

Eugenics has long been popular among men and women who see in such practices the means for forcibly improving the production of people whose skills and other attributes would be most serviceable to their collectivist dispositions. At least as early as Plato, the idea has persisted that the state should decide, on the basis of the opinions of government officials, who should and should not have children. The evils of the Third Reich went beyond Hitler’s atrocities against Jews, but embraced the notion that genetic research should be encouraged, and its results implemented by the state, to improve the quality of human society. In America, Margaret Sanger became the most vocal advocate of sterilization, giving the state the power to decide who was “fit” or “unfit” to reproduce children.

More recently, the Human Genome Project has undertaken the task of identifying the genetic makeup of the human species. While, on the surface, such research is sold to the public as a tool for helping to select blue-eyed versus brown-eyed children; or – as an end that would serve the interests of Big-Pharma – discovering genetic dispositions for various diseases, its attraction for the institutional order is more akin to the cattle rancher’s preferences for modifying his product for the market. But it is the hidden agendas – and the unforeseen implications – of such applied research that should trouble us.

The institutional order has always benefitted from the presence of men and women whose range of thought and behavior can be restrained within boundaries that serve systemic interests. Might corporate-state interests find it useful to their purposes to discourage such traits as independence and resistance to authority in much the same way that modern schools war against students with “attention-deficit disorder”? Could “genetic engineering” become accepted as an alternative to such drugs as Ritalin?

There are other eugenicist-inspired attacks upon human characteristics that are inconvenient to some.  The U.S. Supreme Court, for instance, long ago upheld state laws for the forced sterilization of the “feeble-minded,” persons “unfit for continuing their kind”, a practice also followed by Nazi Germany. Those who might support government campaigns against genetic predispositions for cancer, might pause to consider that the Third Reich looked upon Jews as a “cancer” upon Germany, a fact documented in Robert Proctor’s book, The Nazi War on Cancer.

Genuine diversity, spontaneity, variation, and individual autonomy, upset the formal organization’s desire for uniformity and standardization. But, as historians have told us, it is the structuring and restraining of the systems of creativity and production – in the name of the stabilization and equilibrium conditions desired by institutional interests – that contributes most to the collapse of civilizations. Life and growth are characterized by change, not by enforcing uniform and standardized practices upon the living. When students of evolution tell us to “cherish your mutations,” they are reminding us of how the creative process depends more upon inconstancy than regularity. If, in 1900, Congress had enacted legislation to standardize the nature and design of systems used for human transportation, such regulations may have served the short-term interests of carriage manufacturers who might have been looked upon as “too big to fail.” This action, however,  would likely have hindered the development of the automobile and airplane.

To bring the point back to the irregularities and unpredictabilities associated with the development of individual human beings, how might the advocates of eugenics responded to a fifteen-year old boy who clashed with school officials when he opposed such teaching styles as rote learning? Ought he to have been forcibly treated for “attention deficit disorder” or, worse, been sterilized as “unfit for continuing his kind?” And what of another boy who, in later reflection on his experiences with schools, commented that their efforts to impose their authority upon him “came close to really beating any curiosity out of me.” Would some form of genetic engineering have been appropriate to instill institutionalized discipline upon his descendants? Would your initial response as to these two individuals change if I were to inform you that the first boy was Albert Einstein, while the second was Steve Jobs?  Whether we are considering those who wish to remake individuals in order to benefit society, or to direct society itself, might we reflect on Leo Tolstoy’s admonition: “What an immense mass of evil must result . . . from allowing men to assume the right of anticipating what may happen.”

Institutions thrive on the conflicts they induce us to believe we have with one another. Such contrived squabbles generate fears among people who might otherwise have no reason to distrust their neighbors. They demand security, which turns out to consist of little more than preserving the conditions that are most conducive to the interests of the ruling institutions. Those who equate security with permanency would do well to remember that life thrives on adaptability and change; that the only genuine security is to be a changing person in a changing world.

The institutional order sees most human beings as little more than resources to be exploited on its behalf. If people can be trained – or bred – to perform tasks useful to organizational purposes while, at the same time, avoiding traits that might be disruptive of such ends, the appropriate techniques will be developed. The corporate-state establishment will need men and women who can think analytically, as long as they are dissuaded from thinking outside the circle of permitted inquiry. As we are witnessing with the current campaign against the Internet, the established order will insist upon being “gatekeepers” regarding what individuals may communicate to one another; of being the keepers of the questions humans may ask. Those who regard others as serviceable resources whose physical and mental energies are to be constrained on behalf of exalted structures, may recall the brutal methods used to prevent slaves from leaving the plantation, as well as the crime of teaching slaves to read.

That such an assessment is more than just exaggerated hyperbole is found in the U.S. Army’s slogan to “Be All You Can Be” to young men and women being asked to join military forces to kill and be killed in foreign lands. Having unquestioning obedience and loyalty to the authority of a system to which one has accepted a subservient role is essential to the health of the state. It is in this sense that the corporate-state requires, and feeds upon, what can best be referred to as “zombies.” This is the “Brave New World” envisioned by the institutionalists; to create a mass of animated – but otherwise lifeless – brain-dead humanoids to be mobilized for purposes that do not benefit the conscripts.

Until the eugenicists can provide the science and genetic engineering to fulfill the institutional longing for a permanent class of zombies, such efforts will continue to be made by the government schools and the mainstream media. Whatever successes they achieve can be seen in flags flying on homes; bumper-stickers on cars that read “my child is an honor student” at a given school, or “proud parent of a Marine”; or the election-day wearing of a sticker that reads “I voted.” Those who cling to the illusion that their servitude is designed to benefit humanity should recall The Twilight Zone episode in which the promise “to serve mankind” was finally interpreted as “a cook book.”

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J. Rochedy: pour un discours communautariste

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POUR UN DISCOURS COMMUNAUTARISTE
Julien Rochedy*
Ex: http://www.rochedy.fr

Pendant des années, je me suis convaincu que le meilleur message à porter était celui de l'assimilation. Plusieurs raisons m'y poussaient. D'abord, ce principe était abandonné par les autres, la gauche et la droite, lesquelles prirent le parti de l'intégration voire de « l'inclusion », c'est à dire autant de systèmes laissant aux personnes d'origine immigrée le privilège de conserver, sinon l'entièreté de leur culture, au moins la fierté de leurs origines et tout ce qui va avec. La nature ayant horreur du vide, il y avait là un principe on ne peut plus républicain à récupérer et à porter d'un point de vue politique. Ensuite, je pensais que ce principe correspondait particulièrement à, disons, l'âme française. La France étant une nation singulièrement culturelle, et les français n'ayant, par nature, presque aucune conscience ethnique (contrairement aux allemands, anglais et autres italiens), nous ne pouvions que demander aux habitants de France de respecter une culture majoritaire.

Ce message, me semblait-il, non seulement pouvait être entendu et apprécié par les français, mais il présentait de plus l'avantage – considérable – de ne pas prêter le flanc, ou très peu, aux accusations de racisme qui ont toujours plu sur le mouvement national. Je supposais aussi que l'arbre français était capable de supporter de nouvelles branches, et que, perdus pour perdus, le mieux qu'il nous restait à faire était de transformer un maximum de personnes d'origine immigrée en parfaits français « culturels », c'est à dire prenant en eux-mêmes, le plus qu'ils le pouvaient, une partie de notre héritage civilisationnel afin de le transmettre, eux-aussi. Ce discours de « l'assimilation », avec tous les avantages qu'il procurait, devint celui que choisit Marine Le Pen pour parler d'immigration. C'est toujours le sien aujourd'hui, et, en tant que l'un de ses portes-paroles pendant des années, je véhiculais avec lui dès qu'un micro ou un auditoire m'étaient offerts. 

Aujourd'hui, je dois le dire, je veux faire mon « coming-out » communautariste. Là encore, plusieurs raisons m'y poussent. 

D'abord, même si je tentais d'y penser le moins possible, je savais très bien qu'il est impossible d'assimiler dix à quinze millions de personnes. L'argument est banal mais il est valable : on peut assimiler des individus mais pas des peuples. A l'échelle de ces chiffres, nous avons à faire à des peuples, non plus à des individus ayant été transférés dans des familles d'accueil. Cela ne s'est jamais produit dans l'Histoire, et puisqu'elle est, pour nous, notre seule véritable école politique, nous ne voyons pas comment un tel exploit serait possible aujourd'hui, d'autant que les conditions, ne serait-ce que pour essayer, sont désormais les pires possibles. 


En effet, la puissance d'attraction de la culture et de la civilisation françaises a fortement diminué. Nous ne sommes hélas plus au 18ème ou 19ème siècle. Nous avons cédé face aux cultures anglo-saxonnes depuis déjà trop longtemps, et, tandis qu'un certain nombre de Français de souche n'ont déjà quasiment plus beaucoup d'attirance pour leur propre civilisation, on voudrait que des français de fraîche date devinssent des Jean Gabin et récitassent du Corneille ou du Racine ? Cela paraît hautement improbable. Et puisque de toute façon nous n'avons pas commencé, depuis trente ans, par l'assimilation, nous nous trouvons en face de gens déjà formés par leur propre culture. En somme, c'est déjà trop tard. Ajoutez à cela des cultures profondément différentes des cultures européennes, parce qu'africaines, musulmanes, etc, et vous vous retrouvez dans une situation impossible.  En définitive, désormais, l'assimilation relève du rêve ou de la gageure. Les communautés se forment déjà sur notre territoire, tout à fait naturellement. Un million de hussards noirs, sveltes et sévères, qui ressusciteraient, n'y pourraient rien. Et de toute façon, nous ne les avons pas. Le sort est donc jeté. Mais puisque nous parlons de « messages politiques », venons-en. Les plus malins du Front National ne croient pas plus à l'assimilation de quinze millions de personnes que moi, mais rétorquent habilement que ce discours reste le plus utile à tenir. Il rassure les français sur une vieille illusion de paix sociale garantie par une forte culture commune, et peut même agréger au mouvement des personnes d'origine immigrée qui aurait fait le choix personnel de s'assimiler parfaitement. Oui, ça peut marcher, et d'ailleurs, dans une certaine mesure, ça marche. Toutefois, je crois qu'il est possible que le Fn ait un coup d'avance en assumant une donnée qui sera la réalité incontestable de demain. En vérité, puisque le communautarisme tiendra lieu de système social dans la France – voire l'Occident tout entier – de demain, la question qu'il reste à trancher est celle de son application : sera-ce un communautarisme larvé et conflictuel ou au contraire ordonné ? 

Les intérêts politiques d'un tel discours seraient les suivants : 

Déjà, il serait plus proche des réalités et du possible. Alors certes, dans la « politique com », ce n'est plus vraiment l'essentiel, mais pour celui qui voudrait se préparer à exercer, effectivement, le pouvoir, intégrer à son logiciel la vérité et les éléments du possible n'est pas chose superfétatoire.Il réaliserait aussi l'équation assumée de ce qui est déjà, à savoir que le Front National est le parti des français, de ceux qui se ressentent et se respirent comme tel, et dont la plupart, qu'on le veuille ou non, ne sont pas d'origine immigrée. De plus, ce message serait loin de faire fuir les voix des personnes d'origine immigrée.

Je m'explique : j'ai été frappé de constater qu'un tel discours responsabilise et rassure les français musulmans ou simplement d'origines étrangères. Il ne leur somme pas de devenir de « parfaits français », ce qu'ils n'ont pas envie d'être, à de rares exceptions, mais leur permet de rester ce qu'ils sont, organisés, respectés, avec comme seules conditions d'honorer les lois du pays en n'étant pas à sa charge. En clair, il rehausserait le drapeau et l'Etat au dessus des communautés, lesquelles seraient, le plus possible, encouragées toutes à leur porter allégeance. Nous aurions là des français, tous rassurés dans leur manière de vivre, mais travaillant de concert pour leur bien propre. Alors certes, on va me dire que ce modèle est celui des Etats-Unis. Oui, c'est vrai. Là-bas, dans l'archétype, les communautés existent et vivent plus ou moins comme elles l'entendent, du moment qu'elles respectent les lois de l'Etat et soient capables de le servir dans une conscience rehaussée de servir quelque chose qui les dépasse et les garantit dans leurs modes de vie.

Ce n'est pas l'idéal, bien entendu. Mais nous n'avons plus quinze ans : l'idéal est derrière nous. Nous devons faire au mieux avec les conditions sociales qui sont les nôtres, et tant pis si celles-ci ressemblent désormais aux sociétés multiculturelles anglo-saxonnes. Ce n'est pas de notre faute si c'est ainsi. S'il n'en avait tenu qu'à nous, il n'y aurait pas eu d'immigration et tous ces problèmes ne se seraient jamais posés. De toute façon, quelle est l'alternative ? Entendu que quinze millions de personnes, sans doute vingt demain, ne deviendront jamais, tous, des auvergnats et des bretons classiques, il va bien falloir organiser un peu tout cela. Ne serait-ce que – parce que nous y tenons – pour conserver le type classique de l'auvergnat et du breton. Restes des solutions de guerre civile, de remigration massive ou de génocides, mais personne, en l'état, en raison et en morale, ne peut proposer de telles solutions. Dès lors, organiser en vue de la France des communautés qui de toute façon existent et existeront encore plus demain, semble la seule solution d'avenir à la fois pacifique et salutaire. Le reste n'est qu'illusions, anarchie et sang.

 PS : J'ajoute, pour ceux qui rêvent de "remigration", que celle ci ne pourrait être envisageable que dans un contexte de communautés clairement identifiées. Tous les exemples de mouvements de populations dans l'Histoire en témoignent.


*Source

Gerd-Klaus Kaltenbrunner’s Work and Thought

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Gerd-Klaus Kaltenbrunner’s Work and Thought
 
An Interview with Martin J. Grannenfeld

by The Editor

Ex: http://traditionalbritain.org

Gerd-Klaus Kaltenbrunner (1939-2011) was an Austrian Catholic Traditionalist philosopher who was influential among conservatives and traditionalists in the Germanophone world. He is particularly well-known for his extensive corpus of works dealing with conservative, traditionalist, and religious theories and portraits of numerous thinkers involved in these philosophies.

by Lucian Tudor

Introductory Note: Gerd-Klaus Kaltenbrunner (1939-2011) was an Austrian Catholic Traditionalist philosopher who was influential among conservatives and traditionalists in the Germanophone world. He is particularly well-known for his extensive corpus of works dealing with conservative, traditionalist, and religious theories and portraits of numerous thinkers involved in these philosophies. However, his works and thought are, unfortunately, not well- known in the Anglophone world. In order to help introduce Kaltenbrunner to the English- speaking world and to encourage further studies and translations, we have chosen to interview Martin Johannes Grannenfeld – a German Catholic Conservative and editor of the website Geistbraus – who is among those who have studied Kaltenbrunner’s works in depth and has been inspired by them.

Lucian Tudor: How did you first become acquainted with Gerd-Klaus Kaltenbrunner and his work?

Martin J. Grannenfeld: It happened by mere chance. Around 2003, I read about the mythological figure of Prester John, a mighty oriental Christian priest-king during the Middle Ages, who was prepared to help the crusaders with a great army. I was somewhat fascinated by this figure, thus I looked for literature about him – and in the Bavarian State Library in Munich I found a book named Johannes ist sein Name. Priesterkönig, Gralshüter, Traumgestalt by an author I didn't know then – Gerd-Klaus Kaltenbrunner. From the very first sentence I was thrilled. Unlike many other scholars, Kaltenbrunner didn't demystify the legend. Quite on the contrary, he revealed its metahistorical core, and outlined a fascinating, rich, and deeply symbolic cosmos of ways to see our world and the beyond. I understood immediately that I had found an author whose writings were different from everything I had read before, and who would certainly keep me occupied for quite a while.

Lucian Tudor: Kaltenbrunner has written extensive studies on Dionysius the Areopagite, Prester John, and Anne Catherine Emmerich. Can you tell us about these figures and what you found most significant about them in Kaltenbrunner’s books on them?

Martin J. Grannenfeld: Kaltenbrunner wrote two large books about Dionysius and Prester John. His work about Anne Catherine Emmerich is much shorter and less complex. He intended to write another extensive study about Melchizedek, the mysterious priest-king from the Old Testament, but there exist only drafts of this work.

His book about Prester John was written in 1989 and published in 1993. Its first sentence, “Prester John has never lived and is nonetheless one of the most influential figures of the Middle Ages,” can be regarded as a motto: the mystical, invisible world can be more real than the visible everyday life. Subsequently Kaltenbrunner drafted a complex picture of this metahistorical

“John” – comprising not only Prester John himself, but also his spiritual ancestors John the Evangelist, his disciple John the Presbyter, and the esoteric school of “Johannides” – which is not primarily meant as a historical fact, but rather as a “Johannide,” i.e. a mythologic-symbolic way of thinking. In the second half of his book, Kaltenbrunner linked Prester John with the other great myth of the High Middle Ages: the Holy Grail – and interpreted some of the Grail epics against the background of the Johannide philosophy.

The other book, Dionysius vom Areopag. Das Unergründliche, die Engel und das Eine, was published in 1996. It is even more voluminous, comprising more than 1000 pages. Like the book about John, it focuses on one figure – Dionysius the Areopagite – and draws a specific theology out of this encounter. Like John, the figure “Dionysius” is composed from several single persons by the same name: a) Dionysius the Areopagite from the Bible, b) the author of the famous writings, c) the bishop of Paris from the 3rd century, d) the Greek God Dionysos, to whom the name Dionysius is dedicated. Starting with multifarious reflections on the Greek and Christian spiritual background of these figures, Kaltenbrunner finally sketches – inspired by Dionysius’ negative theology – a great picture of a hierarchical world, which comprises everything from the ugliest scarab up to the nine spheres of angels, and above all, the inexpressible and incomprehensible God – the “One,” as Dionysius calls Him.

Lucian Tudor: From your reading, what are the most important principles of Kaltenbrunner’s religious philosophy?

Martin J. Grannenfeld: 1. The Invisible is real. 2. History is full of symbolic meaning. 3. Legends, myths and tradition are important keys to the Eternal. 4. The esoteric core of all religions converges.

How does Kaltenbrunner believe we should understand the Sacred and the mystical experience?

Martin J. Grannenfeld: Kaltenbrunner is strongly influenced by negative theology and Platonism. God only discloses Himself through the hierarchy – the great Jacob’s Ladder where the angels descend and ascend, and our knowledge of the Eternal with them. We can ascend the Ladder, but we can never reach God: the inner core of His essence is beyond our thinking and our language. Kaltenbrunner insists that Buddha, Lao-Tse, Shankara, and Meister Eckhart would have been able to communicate, because they were very far in their hierarchical way of understanding the divine mysteries.

Lucian Tudor: Kaltenbrunner appears to have been very knowledgeable about a variety of religious beliefs and sects; what led him, in particular, to Catholic religiosity?

Martin J. Grannenfeld: Kaltenbrunner, born 1939 in Vienna, was raised as a Catholic. However, after he grew up, his belief took a back seat, and his interest in politics, history and culture became more important. Catholic thinkers like Franz von Baader remained important for him, but it was only in the mid-nineties – after the publication of his Johannes and before his Dionysius – that he rediscovered his faith. Father Georg Alois Oblinger, a Catholic priest who accompanied Kaltenbrunner during his last years, told that one day, while strolling in his garden,

Kaltenbrunner suddenly understood that God really existed. He had always had sympathy for the Catholic Church (at least in its traditional form, since he didn’t like the modern liturgy and the Popes Paul VI and John Paul II) – but he had looked to it simply in a cultural way, not in the way of a believer. His Dionysius is a striking testimony of his newly discovered faith: For example (inspired by the Old Testament story of Balaam’s donkey), he asks in all naivety if some sudden, irritated movement of our domestic animals might be caused by sudden encounters with angels, invisible for humans...?

Lucian Tudor: We often encounter nowadays people who ask for "scientific proof" that God and the supernatural exist. How does Kaltenbrunner address this kind of mentality?

Martin J. Grannenfeld: Mostly he ignores it. His Dionysius, the only major book he wrote after he became a believer himself, is obviously addressed towards an empathic, traditionalist reader. Kaltenbrunner’s concern was not primarily apologetics, but the conveyance of his spiritual insights to like-minded persons.

Lucian Tudor: Kaltenbrunner discussed in his works a vast variety of philosophers with differing viewpoints, some of them not even Christian. How did he reconcile his Catholic beliefs with his interest in the works of “Pagan” intellectuals such as Ludwig Klages and Julius Evola?

Martin J. Grannenfeld: Kaltenbrunner had an exceptional knowledge of Occidental thinkers, writers, and artists – some famous, some less known, some virtually forgotten. He wrote several hundred essay-portraits about them, most of which have been collected in his six “Europe” volumes, consisting of two series: Europa. Seine geistigen Quellen in Portraits aus zwei Jahrtausenden (three volumes, 1981-85) and Vom Geist Europas (three volumes, 1987-92). Kaltenbrunner had always pled for an “inspired Christianity” (“geistdurchwehtes Christentum”) without any ideological blinders. This explains why even after his rediscovery of faith he continued to be interested in all the different thinkers he had known and portrayed before. However, Julius Evola and the “Traditionalist” school founded by Rene Guenon held an exceptional position in Kaltenbrunner’s philosophy. Their concept of Integral Tradition, the Sacred, kingship, and priesthood was very close to Kaltenbrunner’s own views. Leopold Ziegler, the Catholic exponent of the Traditionalist school, was especially influential to Kaltenbrunner. His book about Prester John can in fact be read as a transformation of Guenon’s and Evola’s philosophy into the spiritual cosmos of Christianity.

Lucian Tudor: What are essential principles of Kaltenbrunner’s theory of Conservatism?

Martin J. Grannenfeld: Kaltenbrunner pointed out that conservatism cannot be a synonym for intellectual idleness. Referring to a poem by Goethe on breathing in and breathing out, he described conservatism as a sophisticated balance between things that stay and things that change. He thought that the real conservative has to be un-conservative in some matters, open to new solutions in order to prevent destruction of human culture and society as a whole. For example, nowadays, with war and poverty being absent from Europe, the contemporary conservative has to develop new ways of struggle, battle, heroism, and asceticism.

Lucian Tudor: How does Kaltenbrunner understand Tradition, specifically, and how does he believe that traditional values can be revived in the modern world?

Martin J. Grannenfeld: The concept of “Tradition” became important for Kaltenbrunner in the 80’s. As mentioned before, he got more and more influenced by Integral Traditionalism as taught by Guenon and his followers. Parallel to the shift from “conservatism” to “traditionalism,” Kaltenbrunner’s concern in changing today's world declined. He focused more and more on the single, remote individual, who preserves Tradition during the “spiritual winter” – a human network scattered through space and time, but unified in spirit. During the last fifteen years of his life, he took the most radical consequence of this world-view, becoming a hermit, living on his own in the countryside, without a telephone, without even a door bell, just with his books and his large garden.

Lucian Tudor: Traditionalists are often associated with a "cyclical" view of history in which the world goes through lengthy stages, beginning with a Golden Age and ending in a Dark Age. This is opposed to the "linear" and "progressive" views of history, although there are arguably other perspectives. Considering his Traditionalist influences, could you tell us if Kaltenbrunner held the cyclical view of history or did he offer another view?

Martin J. Grannenfeld: Kaltenbrunner certainly never held the cyclical view in a strictly “pagan” or “Indian” sense that after a huge fire everything starts again. Nevertheless, Kaltenbrunner was a cultural pessimist – his favourite centuries lay a long time in the past: the Greek antiquity, the High Middle Ages, the Baroque Period or the days of Goethe. Unlike Guénon and Evola, however, he was not very interested in speculation about a prehistoric “Golden Age.” As a literary person, an era without written documents did not concern him too much – with the only exception of the first chapters of Genesis, especially about the Nephilim and Melchizedek, with whom he dealt in his Dionysius.

Lucian Tudor: What are the fundaments of Kaltenbrunner’s theory of culture?

Martin J. Grannenfeld: Kaltenbrunner never sketched an explicit theory of culture. Culture meant for him rather a never-ending dialogue with thinkers and poets from all times. He did not approach thinkers from a modern, patronizing, “enlightened” position, but as equals, at eye level, no matter how ancient and strange they may be. In the beginning of his Dionysius he even wrote a personal letter to his hero. Kaltenbrunner is certainly more attracted by non-mainstream authors, individuals, and often forgotten thinkers, but he also adored well-known and famous writers like Goethe, Novalis, and Angelus Silesius.

Lucian Tudor: What did Kaltenbrunner say about social ethics, the individual’s role, and holism?

Martin J. Grannenfeld: A common topos in Kaltenbrunner’s philosophy is, as abovementioned, the remote individual preserving knowledge for the society. Kaltenbrunner often mentioned that the world as a whole is threatened by nuclear, ecological, and spiritual destruction, and that the effort of an elite is required to prevent or at least attenuate the upcoming catastrophe. Hence his sympathy for ascetics, hermits, mystics, monks, thinkers and writers in general. Particularly, the ecological concern is quite special for Kaltenbrunner and distinguishes him from many fellow conservatives, who abandoned environmental issues after the political left took possession of this complex in the late 80s. In his last years, living in harmony with nature became more and more important for Kaltenbrunner – he grew ecological food in his own garden and did not even possess a car. But all this was not condensed into a theory (he did not longer write texts during his last 15 years), but mere practical exercise.

Lucian Tudor: What did Kaltenbrunner conclude about the problem of secret societies and conspiracy theories?

Martin J. Grannenfeld: Frankly speaking, Kaltenbrunner did not see secret societies as a “problem” at all, but as an important means for the conservation of ideas rejected by the mainstream. He wrote a short text on the matter in 1986, entitled “Geheimgesellschaften als exemplarische Eliten” (“Secret Societies as Exemplary Elites”), which was included into the second edition of his book Elite. Erziehung für den Ernstfall. In this sketch, he did not only describe Freemasonry, Rosicrucianism, the Illuminati, etc., but also secret societies which managed to grow large and usurp a whole state – like the Bolsheviks in Russia, or formerly the Jesuits in Paraguay. However, he pointed out that this can be a possible escape from the typical loyalty conflict between the secret society and the state which every member has to face; his true sympathies lie without any doubt with the small, hidden groups without any political power. Kaltenbrunner’s text about secret societies could be regarded as a link between his earlier “conservative” and his later “traditional” views: getting less and less interested in changing the world in respect to the political, and more and more concerned about its spiritual renewal.

Lucian Tudor: Can you please summarize Kaltenbrunner’s position on political forms (monarchy, republic, democracy, etc.)? What political form did he see as ideal and did he believe that political corruption could be minimized in a certain system?

Martin J. Grannenfeld: In his heart of hearts, Kaltenbrunner was an aristocrat. Although he was sceptical about a restoration of the traditional nobility, he felt the necessity of a skilled elite in government, culture, and warfare. He did not directly reject democracy, but warned of the mediocrity which often accompanies it. In his early works, no specific sympathy for republic or monarchy is visible – aristocratic republics like Venice are approved by him as well. In the 80s, however, culminating in his Johannes, he is more and more absorbed by the idea of a universal Christian monarchy, with a supra-national emperor exercising spiritual-metapolitical leadership over the occidental Christianity – like it used to be in the best times of the Middle Ages, e.g. under the rule of Frederick Barbarossa or Emperor Charles IV.

Lucian Tudor: We are aware that very little of Kaltenbrunner's work is available in English and he is not well-known in the Anglophone world. In your opinion, what is the best starting point from Kaltenbrunner's works? Also, what would you suggest is the best book to translate first out of works?

Martin J. Grannenfeld: I would suggest the same book which happened to be my first one:

Johannes ist sein Name – Kaltenbrunner’s great essay about Prester John. This is in my opinion his best written and most inspiring book, comprising everything that makes Kaltenbrunner so unique. It is shorter, more concise and also more optimistic than his later opus magnum Dionysius vom Areopag, and yet more intriguing and unconventional than his earlier political and cultural writings. I really hope that one day an English translation of this work (and of other works by Kaltenbrunner) will be available! This will be a big step to make this great thinker of our time better known.

Lucian Tudor: Thank you very much for the interview.

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Knut Hamsun : Pan

Knut Hamsun: Pan

Ex: http://www.legoutdeslettres.com

 
livre-hamsun.pngLu Pan, de Knut Hamsun. Livre assez extraordinaire, qui reflète la personnalité hors-norme de son auteur. J’ai rarement vu une telle liberté d'esprit, liberté qui touche parfois à la folie, comme dans La Faim, son roman le plus connu. Il m’est toujours un peu difficile de parler de cet écrivain, et je constate à quel point, malheureusement, il est plus aisé de dénigrer que de louer. C’est que les romans d’Hamsun (ceux que j’ai lus du moins) ne ressemblent à rien de connu. Les mécanismes psychologiques s’y montrent à nu, dans leur instantanéité, sans le moindre commentaire, sans le moindre filtre d'un rôle social à jouer. Mais loin de tomber dans le monologue profus et un peu indigeste à la Joyce ou à la Céline, Hamsun, qui appartient à la génération précédente, conserve la forme épurée, presque elliptique, du récit classique. On a donc à la fois le plaisir d'un style classique et la surprise d’une psychologie tout à fait atypique. Et ce qui est admirable, c’est que, contrairement à Dostoïevski qui fouillait les côtés louches de l’âme humaine, Hamsun, doté d’une grande et noble personnalité, se maintient toujours à cette hauteur pour observer le monde. Il voit parfaitement les ridicules des hommes, mais il ne s’attarde pas, son regard reste distant et détaché. Il n’est pas étonnant que Bukowski, après Gide et Henry Miller, le cite parmi ses romanciers préférés. Après l’avoir lu, on se sent plus libre, et on lui a de la gratitude d’éprouver un tel sentiment.

Renaud Camus nous lit un conte prémonitoire d’Andersen

Discours de Renaud Camus (écrivain et président du Parti de l’In-nocence) aux assises de la liberté d’expression à Rungis le 15 mars 2015

Renaud Camus nous lit un conte prémonitoire d’Andersen

L'art du vin grec

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L'ART DU VIN GREC: Quand il a conquis les Celtes

François Savatier*
Ex: http://metamag.fr
 
Les objets découverts dans l'extraordinaire tombe princière celte de Lavau nous renseignent sur la façon dont les Celtes ont commencé à boire du vin : à la grecque !

Qui eût cru cela encore possible ? La « tombe à char » celte fouillée par  Bastien Dubuis et son équipe de l’INRAP à Lavau, près de Troyes, s'avère d'une importance comparable à celle de la princesse de Vix ! Située à deux kilomètres de la Seine, la chambre mortuaire de 14 mètres carrés a déjà livré un char à deux roues, deux céramiques, un poignard et son fourreau ainsi que de très nombreuses traces de bois et de tissus. Toutefois, c’est l’extraordinaire service à boire qui lui confère son rang de découverte exceptionnelle et invite les archéologues à penser qu’elle date du début du Ve siècle avant notre ère.


La pièce maîtresse du dépôt funéraire est un chaudron en bronze de près d'un mètre de diamètre, ce qui rappelle la tombe de Vix, où se trouvait un énorme cratère en bronze. Le bord du chaudron est décoré par huit têtes de félins, tandis que ses quatre anses circulaires sont ornées de têtes d’Acheloos, l’esprit-dieu du fleuve grec Achéloos. Au centre du chaudron se trouve une ciste, c'est-à-dire un contenant à objets sacrés qui est l’un des éléments bien connus du culte de Dionysos, le dieu du vin et… de ses excès. La ciste de Lavau a la forme d'un seau cylindrique en bronze. Un vase de bronze – un contenant à liquide selon Bastien Dubuis – se trouve aujourd'hui dans cette ciste, mais la stratigraphie (l'ordre des strates archéologiques) indique qu'il se trouvait à l'origine dans, ou sur le chaudron. Finalement, une œnoché (œnochoe), c'est-à-dire une cruche utilisée dans le rite dionysiaque pour puiser le vin, se trouve au fond du chaudron, accompagnée d'une passoire en argent destinée filtrer le liquide.

 
L’intérêt intrinsèque du chaudron et des objets qu'il contient est dépassé par celui de la seule œnochoé. Une œnochoe, littéralement, une « puiseuse à vin », est une cruche à panse large, à une seule anse et à bec verseur trilobé. Généralement en céramique, les œnochoés peuvent aussi être en métal, et être décorées ou non. La décoration de celle de Lavau met en scène Dionysos couché sous une vigne (une grappe de raisin est visible, ainsi que ce qui semble être du lierre) et parlant à une femme. Pour Dominique Garcia, président de l'INRAP, cette femme pourrait être Ariane, une mortelle censée avoir épousé Dionysos. Pour Bastien Dubuis, en revanche, ce pourrait être Déméter, la déesse grecque de l'agriculture et des moissons, souvent représentée avec Dionysos sur les œnochoés. Les deux personnages sont représentés par des figures noires sur fond rouge, un type de céramique produit dans la région d’Athènes jusqu'à la moitié du Ve siècle avant notre ère.

Pour Dominique Garcia, il est vraisemblable que l’œnochoé de Lavau a été importé de Grèce en Italie, où un habile artisan a recouvert le bord verseur et le pied d’une couche d’or agrémentée de filigranes. Cet artisan se serait employé à «customiser» un objet de luxe fréquent, peut-être même produit en série, pour s'adapter aux goûts celtes. En faisant travailler cet artisan spécialisé, le marchand méditerranéen qui a vendu ou offert le service à boire de Lavau à un prince celte aura ainsi cherché à s'adapter aux goûts exotiques des Celtes, un peu comme les marques de luxe françaises adaptent aujourd'hui des produits bien français aux goûts orientaux ou asiatiques…

Pour Bastien Dubuis, cette hypothèse, qui correspond à ce que l'on sait de la circulation des biens de luxe entre les peuples antiques, est séduisante, mais les princes celtes, grands amateurs de joaillerie, ont aussi pu faire appel sur place un artisan étrusque ou ibère. Peut-être cet artisan a-t-il est-il aussi l'auteur du magnifique torque (collier en forme d'anneau) décoré de chevaux ailés et d'une sorte de filigrane retrouvé dans la tombe de la princesse de Vix ? La tombe de Vix et celle de Lavau sont en effet très proches dans le temps et l'espace, et les relations entre ces deux tombes devront être étudiées en détail.

Quoi qu’il en soit, au début du Ve siècle avant notre ère, c'est-à-dire de la fin du Hallsttatt ou premier Âge du fer (de 800 à 450 avant notre ère), un prince celte (Lavau) et une princesse celte (Vix) se sont fait enterrer avec un service à boire destiné à célébrer les rites grecs de l'orgie dionysiaque. Or selon les indices archéologiques, l'élite celte ne connaissait pas le vin avant sa rencontre avec les marchands méditerranéens. Le fait qu'elle semble avoir repris à son compte le rite dionysiaque suggère qu'elle était en voie d'acculturation en reprenant les usages grecs. À moins que les élites celtes aient possédé depuis longtemps leur propre version des célébrations orgiaques grecques, de sorte que sous l'impulsion de marchands héllénisés, la mode du luxe grec se serait imposée aux élites celtes à la fin du Hallstatt. Une seule chose est sûre, tranche Dominique Garcia, cet œnochoe ornementé d’or et de filigranes est unique au monde. Le kitsch du luxe, c'est sûr, est très ancien.

Pour en savoir plus :

Michael Dietler, L'art du vin chez les Gaulois, Dossier Pour la Science N°61, octobre-décembre 2008.
François Savatier, Le trésor du Keltenblock, actualité Pour la Science, en ligne le 4 avril 2012.
Stéphane Verger, La Dame de Vix : une défunte à personnalité multiple, dans J. Guilaine (dir.), Sépultures et sociétés. Du Néolithique à l’Histoire, Paris 2009, p. 285-309.

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