Par Yann P. Caspar
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« Voici la terrible histoire de Philippe Ignace Semmelweis ». C’est ainsi que le Docteur Destouches amorce la préface de 1936 à la première édition commerciale de sa Thèse de Médecine, soutenue douze ans plus tôt à Paris, et ayant pour sujet la vie et l’oeuvre du plus célèbre médecin hongrois. Alors qu’on omet aisément de rappeler qu’avant de s’illustrer par une production littéraire hors du commun, Céline est avant tout un médecin sincèrement convaincu de sa vocation, cette thèse peut se lire comme l’étincelle qui allumera la flamme du style célinien et une lumineuse évocation du destin maudit des deux hommes.
D’une patte narguant continuellement les standards de la rédaction scientifique, Céline raconte le toujours plus insoutenable agacement de ce jeune obstétricien hongrois découvreur de l’asepsie face à la crasse et jalouse ignorance de ses confrères viennois. Peignant un monde médical majoritairement composé d’esprits invariablement tièdes, étroits et mesquins, Céline fait de Semmelweis l’archétype du génie s’acharnant passionnément à vouloir imposer ce qu’il pense être juste et vrai, sans bien sûr s’encombrer inutilement du moindre tact mondain. Quiconque sait le parcours de Céline pourra ainsi voir dans ce texte de 1924 une étonnante et splendide prophétie auto-réalisatrice rédigée par le futur prostré de Meudon, où vivant chichement ses dernières années de pestiféré avec sa femme Lucette, coupé du monde et clochardesque devant ses rares visiteurs, il écrira coup sur coup trois chefs d’oeuvre absolus : D’un château l’autre, Nord et Rigodon.
Quel est donc le génie d’un Semmelweis ? Exerçant dans une clinique où la fièvre puerpérale ravage les femmes en couche, surtout lorsque celles-ci sont tripotées par des étudiants ayant plus tôt effectué des dissections, Semmelweis comprend que cette mortalité massive est directement liée à la propagation de miasmes cadavériques dans les organes génitaux féminins. Déjà persuadé que la cause de ces décès se trouve au sein de la clinique même, son déclic survient le jour où son ami Kolletschka, souffrant d’une blessure au scalpel contractée lors d’une dissection, meurt des suites de symptômes similaires à ceux de la fièvre puerpérale.
Commentant cette révélation, Céline se plaît à souligner qu’elle intervient au retour du jeune Hongrois d’un voyage de plusieurs mois à Venise. Profondément ému par la beauté de cette ville, Semmelweis aurait tout naturellement flairé l’évidence : la pourriture cadavérique est à l’origine de la fièvre puerpérale. Ébloui par le génie de Philippe, Louis préfigure alors le sien : « La Musique, la Beauté sont en nous et nulle part ailleurs dans le monde insensible qui nous entoure. Les grandes œuvres sont celles qui réveillent notre génie, les grands hommes sont ceux qui lui donnent une forme »1.
Les accoucheurs se lavent les mains et la mortalité se met à dégringoler. Aux quatre coins de l’Europe, les médecins, tout réputés qu’ils soient, se mobilisent contre ce ridicule et vaniteux Hongrois, et entendent bien mettre un terme à cette folie hygiéniste. Semmelweis est mis à l’index, on l’humilie et l’invite prestement à rejoindre Budapest. Il arrive dans une capitale hongroise en pleine effervescence, peu de temps après le déclenchement des événements de 1848. Ce trentenaire banni de médecine s’éprend de politique avant de plonger dans une sérieuse dépression suite à la défaite des révolutionnaires. Bien que Céline n’ait jamais montré de tropisme centre-européen — et a fortiori une passion pour la Hongrie —, il met brillamment le doigt sur un caractère national hongrois : la propension magyare à savourer trop rapidement une victoire avant de se laisser happer par un état de mélancolie aggravé ; en somme, la Hongrie : une nation dont l’histoire n’est qu’une succession de sauteries sans lendemain.
L’histoire de Philippe Ignace Semmelweis, c’est celle de Louis-Ferdinand Céline. C’est celle de deux tarés se sentant dès leur adolescence investis d’une mission contre la bassesse et la lourdeur de notre monde. Reniés, exclus, ils crient, vocifèrent ; ils délirent. Ils savent que le talent est monnaie courante, alors que le génie est rare. Le talent procède de la matière grise, il est froid. Ils montrent qu’il n’y a guère que la chaleur des émotions et des tripes pour transformer le talent en génie. Imposer son génie à la société est possible en maîtrisant les codes des relations humaines — qualité que possédait assurément Louis Pasteur pour théoriser et faire reconnaître ce que le furieux Semmelweis avait senti avant lui.
1 Louis-Ferdinand Céline, Semmelweis, Collection L’Imaginaire, Gallimard, 1999, Paris, p. 67
Neben diesen Riesen nimmt sich der spanische Beitrag zu der Sache „Liberalismus“ recht mickrig aus. Allein der Name geht auf spanische Geschehnisse „von vor zweihundert Jahren“ zurück.
Der Liberalismus brachte einen Jahrhundertbrand für Spanien
Seit dem 1812 – zur Zeit der napoleonischen Besetzung Spaniens – in der freien Hafenstadt Cádiz vollzogenem Verfassungsexperiment, standen die Anhänger des Absolutismus denen des Liberalismus feindlich gegenüber. Erstere wurden von den Verfechtern von Volkssouveränität und Parlamentarismus „Servile“ geschimpft, diese wiederum nannten jene abschätzig „Liberale“. Von Cádiz und aus dem Spanischen fanden „liberal“, „Liberaler“ und, endlich, „Liberalismus“ schnell Eingang in den modernen europäischen Wortschatz.
So schnell, wie die Liberalen die Chance ergriffen hatte, die ihnen die Kriegswirren – inklusive scheußlichsten Thronstreitigkeiten, an deren Ende die Gefangennahme der gesamten Königsfamilie durch Napoleon, stand – geboten hatten, genau so schnell formierte sich die absolutistische Opposition: Nicht wenige der 1812 nach Cádiz berufenen gewählten Abgeordneten waren geschworene Feinde des Liberalismus.
Nach der Rückehr König Ferdinands (VII.) aus dem unfreiwilligen französischen Exil (1814) baten dieselben „Servilen“ ihn in einer später als „Manifest der Perser“ (Manifiesto de los Persas) berühmt gewordenen Schrift, die revolutionären Neuerungen zu verwerfen. Der seltsame Name rührt von einer Bezugnahme auf die alten Perserkönige zurück, welche der Überlieferung zufolge die Pflicht hatten, mit ihrem Thronantritt die alte Ordnung wiederherzustellen.
Mit dieser ihrer Bitte rannten die deswegen später von den Liberalen auch als „Perser“ verschrienen Absolutisten bei Ferdinand, der nur allzugern den Monarchen von Gottes Gnaden abgeben wollte, offene Türen ein. Trotzdem: mit dem Cádizer Verfassungsexperiment war ein Jahrhundertbrand gelegt. Für Spanien brach eine neue Zeit der Verfassungskämpfe und Bürgerkriege an, welche im Bürgerkrieg (1936-1939) ihren vorerst letzten Gipfelpunkt fand.
Ein gottesleugnerischer Humanismus
Im Zuge der Restauration des Ancien Régime, die in Spanien den Charakter einer regelrechten Rückgängigmachung von Französischer und liberaler Revolution annahm, kam es zu Liberalenverfolgungen solchen Ausmaßes, dass sich selbst das legitimistische Europa, mit Metternich an der Spitze, darüber entrüstete. Tatkräftig unterstützt wurde die Reaktion in Spanien vom Klerus.
Der Klerus hatte gute Gründe, den Liberalismus, der ein direkter Erbe von Aufklärung und Revolution war, zu verfolgen. Der aufrichtige Katholizismus vieler Liberaler änderte nämlich nichts daran, dass ausnahmslos jeder Liberalismus, sei es theoretisch, sei es praktisch, ein gottesleugnerischer Humanismus ist: „Menschenrechte“, „Philanthropie“, „Humanität“, „Volkssouveränität“, „Rationalismus“, „Selbstbestimmung des Individuums“, „Fortschritt“, verstanden als irdische Vervollkommnung und moralische Höherentwicklung des Menschengeschlecht, standen und stehen in einem unvereinbaren Gegensatz zu Gott, seiner Vorsehung sowie seiner Weltordnung.
Ihre Ideologie machte die Liberalen politisch gefährlich
Auch politisch war der Liberalismus bei weitem nicht so harmlos, wie es auf den ersten Blick, d.h. noch zu Cádiz, 1812, geschienen hatte: Von Anfang an sorgten für seine Verbreitung Geheimgesellschaften, allen voran die Freimaurerei. Es war geradezu eine Spezialität spanischer Liberaler und Freimaurer, überall Verschwörungen, wie z.B. die, welche 1820 im unteritalienischen Bruderkönigreich Neapel-Sizilien die Revolution auslöste, anzuzetteln.
Auch war es nicht unüblich, dass dieselben Verwaltungseliten des Absolutismus gleichzeitig ebenfalls Anhänger der liberalen Sache waren. So war es unvermeidlich, dass der letzte monarchische Absolutismus in Spanien über kurz oder lang den Liberalismus befördern würde, wenn auch unfreiwillig. Aus diesem Grunde auch scheinen alle späteren Tatsachen das liberale Selbstbewusstsein zu bestätigen, die von der Geschichte als „richtig“ vorgestellte Richtung, wenn nicht gar denselben Sinn der Geschichte, zu repräsentieren.
Der Liberalismus hatte für die Liberalen unzweifelhaft auf seiner Seite das geschichtliche „Recht des Neuen“ gegenüber dem Alten und Verbrauchten. In diesem Sinne das Neue und deshalb wirklich Rechtmäßige zu verkörpern, trieb die liberale Ideologie zur politischen Handlung an.
Die spanische Revolution von 1820 und die Heilige Allianz
Im bereits genannten Jahre 1820 gelang es den Liberalen, sich mit Hilfe des von ihnen unterwanderten Militärs für drei Jahre an der Macht zu halten. Während dieses sogenannten „liberalen Trienniums“ (Trienio Liberal) ging es hoch her in Spanien. Es kam zu den ersten antiklerikalen Gräueltaten – in Madrid war eine Gruppe Geistlicher auf offener Straße ermordet worden –, zu „Privatisierungen“ sowie zu unpopulären „kapitalistischen Reformen“.
Alarmiert von den Vorgängen in Spanien und Neapel beschloss die Heilige Allianz unter der Führung der Großmächte Russland, Österreich und Preußen, dem revolutionären Treiben in Südeuropa ein Ende zu setzen. Eine Intervention war so oder so unumgänglich. Namentlich die neapolitanischen Vorgänge hatten gezeigt, welche Kreise eine Revolution in Spanien ziehen konnte: Nicht ganz zufällig hatte die neapolitanische Verfassung die spanische von 1812 zum Vorbild und war auch sonst unter Mitwirkung bedeutender spanischer Liberaler zustande gekommen.
Nach der Intervention der Heiligen Allianz in Neapel-Sizilien wussten die spanischen Liberalen, dass sie als nächstes dran sein würden. Deshalb versuchten sie, sich auf ihre eigene doktrinäre und ideologische Weise in „Europa“ – worunter sie vornehmlich ihren imaginären Verbündeten Frankreich verstanden – Gehör zu verschaffen, was natürlich misslang.
Französische Befreier
Das real existierende Europa war restaurativ, das System der internationalen Politik das der Legitimität und des „Gleichgewichts der Kräfte“, nicht das der „Solidarität zwischen freien Völkern“ wie die spanischen Liberalen genauso trotzig wie verzweifelt verlautbaren ließen. Überhaupt machten Trotz und Verzweiflungsgeheul auf die Heilige Allianz nicht den geringsten Eindruck.
Auf dem Veroneser Kongress (1822) wurde Frankreich damit beauftragt, ein Expeditionsheer unter der Führung des Herzogs von Angouleme nach Spanien zu entsenden, um König Ferdinand als absoluten Herrscher wieder einzusetzen. Die Franzosen, die 1823 in Spanien eindrangen, um die Rechte des Thrones und des Altars wieder herzustellen, wurden als die „hunderttausend Söhne des heiligen Ludwig“ vom spanischen Volk als Befreier, und zwar vom Liberalismus, umjubelt.
Im Schatten des Absolutismus wuchs der Liberalismus
Mit dem unrühmlichen Ende des „Liberalen Trienniums” setzte eine extreme Reaktionsperiode ein (1823-1833), die von den Liberalen das „abscheuliche Jahrzehnt“ getauft wurde. Trotz der Schwere der Verfolgungen sowie zahlreicher Hinrichtungen konnten die Liberalen weiterhin an ihrer Revolution arbeiten: Als Untergrund standen sie in ständigem Kontakt mit ihren politischen Weggefährten im französischen und englischen Exil.
Auch die Solidarität unter Freimaurern leistete ihnen gute Dienste. Und dank der Änderung des internationalen politischen Klimas sowie der anhebenden kapitalistischen Entwicklung Europas konnten sie nun doch Unterstützung, und zwar von England und Frankreich, erwarten. Der ultraabsolutistischen „Kamarilla“ um Ferdinand – von daher stammt übrigens auch des deutsche Wort – zum Trotz war ab 1830 sogar der Hof liberal durchsetzt: Königin Marie Christine, selbst liberalen Reformen nicht abgeneigt, legte ihr gewichtiges Wort für liberalisierende, später offen liberale, Räte und Minister ein.
Es darf also nicht wundern, dass, als Ferdinand VII. 1833 starb, den Liberalen Spanien wie eine reife Frucht in die Hände fiel. Eine erneute Thronstreitigkeit – diesmal mit dem Bruder Ferdinands, Don Carlos, dem absolutistisch-legitimistischen Thronanwärter – bot den Liberalen einen Rechtsvorwand, sich der Krone zu bemächtigen: Angeblich im Sinne des traditionellen kastilischen Erbfolgerechts hielten die Liberalen die „Rechte“ der kaum den Windeln entschlüpften Tochter Ferdinands, Isabella, hoch.
(Bild: Verfassunggebende Versammlung, Cádiz 1812)