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samedi, 02 janvier 2021

2020 et le triomphe du techno-mondialisme en France

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2020 et le triomphe du techno-mondialisme en France

par Nicolas Bonnal

Ex: https://reseauinternational.net

La facilité avec laquelle s’installe l’horreur techno-mondialiste nécessite un rappel historique. La dictature pseudo-médicale est liée à l’ascension prodigieuse de l’État moderne. De grands penseurs très différents ont dénoncé cet État moderne : Marx, les anarchistes français (génial Proudhon…), Tocqueville. Mais quand on sait sur quoi ont débouché marxisme et libéralisme, on comprendra pourquoi je ne propose jamais de solution. Ma solution c’est Fly you fools dans la caverne de la Moria de Tolkien. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai publié plusieurs livres sur Tolkien, et qui tournent autour de cette question : comment les gens libres du monde traditionnel ou les rebelles du monde moderne peuvent-ils échapper à l’horreur du totalitarisme postmoderne occidental ? Le grand traditionaliste Coomaraswamy a écrit :

« …le gouvernement traditionnel de l’Inde est bien moins centralisé et bien moins bureaucratique que n’importe quelle forme de gouvernement connue des démocraties modernes. On pourrait même dire que les castes sont la citadelle d’un gouvernement autonome bien plus réel que ce qu’on pourrait réaliser par le décompte de millions de voix prolétaires. Dans une très large mesure, les diverses castes coïncident avec les corps de métier ».

Correspondant de Guénon, Coomaraswamy est alors proche des derniers grands écrivains catholiques Chesterton ou Bernanos. Son fils chirurgien a d’ailleurs écrit un livre contre Vatican II. Et on voit que le paganisme de l’Église romaine débouche sur son acquiescement au totalitarisme mondialiste sous le pontificat de l’autre. Je recommanderai aussi la lecture du jeune historien Yohann Chapoutot qui établit le lien entre occident et nazisme, cette machine coloniale à organiser pour dépeupler et contrôler.

9782081204959.jpgLa France est à la tête du totalitarisme néo dans le monde, et Macron a succédé au prince-président dont a génialement parlé Hugo dans Napoléon le petit. La France a toujours été à l’avant-garde de la tyrannie étatiste. Lisez Taine (le tome cinquième de sa France contemporaine) à ce sujet, l’Ancien Régime de Tocqueville, et même mon livre le Coq hérétique, publié en 1997, qui eut de nombreuses recensions en Angleterre… et en France.

Un qui en a bien parlé c’est Marx dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte :

« On se rend compte immédiatement que, dans un pays comme la France, où le pouvoir exécutif dispose d’une armée de fonctionnaires de plus d’un demi-million de personnes et tient, par conséquent, constamment sous sa dépendance la plus absolue une quantité énorme d’intérêts et d’existences, où l’État enserre contrôle, réglemente, surveille et tient en tutelle la société civile, depuis ses manifestations d’existence les plus vastes jusqu’à ses mouvements les plus infimes, de ses modes d’existence les plus généraux jusqu’à la vie privée des individus, où ce corps parasite, grâce à la centralisation la plus extraordinaire, acquiert une omniprésence, une omniscience une plus rapide capacité de mouvement et un ressort, qui n’ont d’analogues que l’état de dépendance absolue, la difformité incohérente du corps social, on comprend donc que, dans un tel pays, l’Assemblée nationale, en perdant le droit de disposer des postes ministériels, perdait également toute influence réelle, si elle ne simplifiait pas en même temps l’administration de l’État, ne réduisait pas le plus possible l’armée des fonctionnaires et ne permettait pas, enfin, à la société civile et à l’opinion publique, de créer leurs propres organes, indépendants du pouvoir gouvernemental ».

Aujourd’hui cette armée de fonctionnaires, encore un peu pseudo-grévistes dans les années 90, se mettent goulument au service de la dictature cléricale et médicale de Macron. Le régime reste bourgeois et Marx explique pourquoi il y a cent-cinquante ans :

index18BR.jpg« Mais l’intérêt matériel de la bourgeoisie française est précisément lié de façon très intime au maintien de cette machine gouvernementale vaste et compliquée. C’est là qu’elle case sa population superflue et complète sous forme d’appointements ce qu’elle ne peut encaisser sous forme de profits, d’intérêts, de rentes et d’honoraires. D’autre part, son intérêt politique l’obligeait à aggraver de jour en jour la répression, et, par conséquent, à augmenter les moyens et le personnel du pouvoir gouvernemental, tandis qu’en même temps il lui fallait mener une guerre ininterrompue contre l’opinion publique, mutiler et paralyser jalousement les organes moteurs indépendants de la société, là où elle ne réussissait pas à les amputer complètement. C’est ainsi que la bourgeoisie française était obligée, par sa situation de classe, d’une part, d’anéantir les conditions d’existence de tout pouvoir parlementaire et, par conséquent aussi, du sien même, et, d’autre part, de donner une force irrésistible au pouvoir exécutif qui lui était hostile ».

Entre le lumpenprolétariat (la bohème de Marx, racailles d’aujourd’hui, suppôt du pouvoir rose-brun), la population superflue et l’ordre bourgeois, on conçoit que la France est mal partie pour réagir.

Marx ajoute dans le même élan :

« Napoléon acheva de perfectionner ce mécanisme d’État. La monarchie légitime et la monarchie de Juillet ne firent qu’y ajouter une plus grande division du travail, croissant au fur et à mesure que la division du travail, à l’intérieur de la société bourgeoise, créait de nouveaux groupes d’intérêts, et, par conséquent, un nouveau matériel pour l’administration d’État. Chaque intérêt commun fut immédiatement détaché de la société, opposé à elle à titre d’intérêt supérieur, général, enlevé à l’initiative des membres de la société, transformé en objet de l’activité gouvernementale, depuis le pont, la maison d’école et la propriété communale du plus petit hameau jusqu’aux chemins de fer, aux biens nationaux et aux universités. La république parlementaire, enfin, se vit contrainte, dans sa lutte contre la révolution, de renforcer par ses mesures de répression les moyens d’action et la centralisation du pouvoir gouvernemental ».

J’ai déjà cité cette phrase prodigieuse, alors je la répète :

« Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d’État comme la principale proie du vainqueur ».

9782080703538.jpgAujourd’hui la machine se met au service du techno-mondialisme, des GAFAM, de l’écologisme malthusien, de Davos.

La suite avec Tocqueville : lui a décrit la triomphe de l’État et de sa bourgeoisie un peu comme Guénon dans Autorité spirituelle et pouvoir temporel.  Tocqueville décrit déjà distanciation et isolement, et fin de la patrie :

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie ».

Au-dessus de cette meute, l’État qui n’a pas attendu nos commentateurs télé pour découvrir qu’il faut maintenir les Français dans l’enfance (il faudra un jour comprendre qu’on n’était pas beaucoup plus libres avant le coronavirus) :

« Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? »

On répète car c’est magnifique : que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

Et bien c’est fait avec le vaccin et la télé et la grande confiscation de l’année prochaine.

9782081451667_1_75.jpgTocqueville ajoute :

« Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger ».

J’ai déjà parlé de l’hébétude, mot repris par Baudrillard dans sa Guerre de Troie et subtilement commenté par Mgr Gaume : c’est la fin de l’intelligence du baptême et l’abrutissement esclave, celui que vous et moi, rebelles impuissants, constatons autour de nous. Le rebelle découvre alors que lui aussi n’est pas libre sur le terrain…

Tocqueville explique la vraie raison de notre stupide soumission :

«  Chaque individu souffre qu’on l’attache, parce qu’il voit que ce n’est pas un homme ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne. Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent ».

le_coq_heretique_autopsie_de_l_exception_francaise-71933-264-432.jpgCe qui nous arrive était écrit, comme dirait un beau rebelle arabe dans Lawrence d’Arabie, tourné près de chez moi en Andalousie.

Faites attention, l’État mondialiste a toute la technologie pour s’installer, et les « bourreaux volontaires » abondent. Il a son armée de politiciens, de drones, de fonctionnaires et de journalistes hypnotiques, de victimes hébétées.

Bonne année à ceux qui veulent vivre et résister.

Nicolas Bonnal.

Sources :

Nicolas Bonnal – Le coq hérétique (Les Belles Lettres)

Tocqueville –  De la Démocratie en Amérique, volume II, part 4, chap VI.

Marx – Le dix-huit Brumaire

Chapoutot – Libres d’obéir, nazisme et management

Le Grand Khorasan : un modèle géopolitique dans le cadre de la multipolarité

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Le Grand Khorasan : un modèle géopolitique dans le cadre de la multipolarité

Un point de vue tadjik

Karim Nazriev

Ex : https://www.geopolitica.ru

À différents moments et dans différents espaces, les forces dirigeantes de la société ont soulevé des questions liées au développement de l'État et ont présenté diverses propositions pour le développement de celui-ci. Chaque État peut se développer à sa manière, et il doit trouver et mettre en œuvre sa propre voie vers le développement et vers la réalisation de ses grands projets. Les stratégies pour les développement à suivre (obligatoirement) pendant le prochain millénaire sont proposées par les superpuissances et les organisations internationales, qui ne prennent pas en compte le développement de tous les pays du monde, et ne sont spécifiques qu’à un petit nombre d'États qui façonnent la politique mondiale et déterminent le processus politique du globe.

Tout le monde croit que les grandes puissances mondiales et les puissances en voie de développement veulent également le développement des autres États, ce qui est en fait tout à fait contradictoire dans la réalité. La réalité, c’est que, dans les conditions modernes, il y a un dilemme entre la sécurité et le développement. Le développement d'un État est susceptible de poser problème à un autre, ou l'affaiblissement d'un État déjà faible peut aussi poser un problème grave pour un grand pays. Il est dans l'intérêt des grandes puissances mondiales de maintenir une inégalité générale dans les processus de développement à l’œuvre dans le monde car, ainsi, elles conservent leur statut. À cet égard, tous les pays du monde n'ont pas les mêmes intérêts, d'une part, ils essaient de prendre le contrôle de la plus grande partie du monde, et, d'autre part, d'autres essaient de ne pas être détruits dans les affrontements entre les superpuissances. La disparition de certaines nations de la carte politique du monde, ces dernières années, est le résultat des actions menées par les superpuissances. Dans de nombreux cas, le développement de tout État se traduit par son expansion, et en fait, tout empire sera détruit s'il n'est pas élargi. La voie de l'expansion dans les conditions modernes ne passe pas par l'expansion proprement dite, mais par l’application de nouvelles méthodes. Par conséquent, le rôle géopolitique qui se profile derrière tout développement d’un État se révèle très important. Les intérêts géopolitiques ont été un facteur important pour les États dans le passé, le restent dans le présent et le resteront l'avenir, car ils sont un vecteur de la politique étrangère et contribuent de ce fait au développement de l'État.

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Dans les conditions modernes, les intérêts géopolitiques du Tadjikistan sont débattus dans différents cercles. Mais il s'agit d'intérêts qui ne sont pas essentiellement géopolitiques. D'une part, il est très difficile d'exprimer un point de vue géopolitique propre au Tadjikistan, car les possibilités et le potentiel du pays sont limités et son champ d'action est très restreint. Bien sûr, dans une telle situation, une expertise géopolitique est nécessaire pour saisir la moindre opportunité d'atteindre de plus grands objectifs. Étant donné que les intérêts géopolitiques du Tadjikistan doivent être pris en considération dans le cadre imposé par les superpuissances et par les environnements politiques particuliers de la région du monde où se situe le Tadjikistan, il est important de savoir que, de prime abord, on peut dire que ces intérêts n'existent pas sur le plan géopolitique. En fait, il est illogique de considérer les intérêts géopolitiques du Tadjikistan par rapport aux superpuissances mondiales et régionales, car nous sommes une sorte de pur objet géopolitique passif pour ces pays.

Dans ce cas, seul et isolé, le Tadjikistan ne cherche qu’à obtenir son propre statut particulier et à acquérir une certaine importance mineure dans les conflits d'intérêts opposant les grands États. Le Tadjikistan n'a aucun intérêt géopolitique bien profilé dans une telle situation, mais il est cependant possible d'y avoir des aspirations géopolitiques.

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Dans l'histoire de la politique mondiale, le rôle des Tadjiks et des Perses dans la formation des empires et des États, ainsi que dans la civilisation a été très important. C'est une réalité objective qui ne peut être niée par aucun sujet actuel de l’échiquier international ou par un quelconque parti pris. Le grand continent de l'Antiquité était sous la domination de l'Empire perse. Au fil du temps, le changement d'acteurs dans le processus politique, les tournants de l'histoire et les facteurs objectifs et subjectifs ont supprimé la sphère d'influence des Tadjiks et des Perses. D'autres forces sont devenues les déterminants du destin des sociétés et des communautés qui leur étaient voisines. Le processus politique a trouvé de nouveaux maîtres ; les conséquences de ce changement de donne ont changé le cours de l'histoire. Afin de ne pas répéter le cycle historique, une grande communauté sociale - les Tadjiks - a été éparpillée dans différents pays, afin de ne pas recréer le potentiel précédent. Cette pratique a commencé après l'effondrement de l'État samanide, comme en témoigne l'émergence de trois pays persanophones au cours des siècles suivants sur la scène historique. Les forces qui ont réalisé ce paysage géopolitique avec trois pays différents pour les Tadjiks dans cette région et qui ont pratiqué la même politique dans d'autres parties du monde, en appliquant le principe de "diviser pour régner", sont les États impérialistes de la nouvelle étape de l’histoire.

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Le nouvel impérialisme, ou néo-impérialisme, a limité les possibilités de ses anciennes colonies au point d'éliminer toutes les caractéristiques de leur indépendance dans le plein sens du terme, à l'exception du nom, ce qui fait de leur pseudo-indépendance une indépendance purement formelle. Dans ces conditions, le phénomène de l'indépendance politique va diminuer et l'État deviendra une simple province du nouvel ordre mondial. La conquête et l'expansion dans leur sens classique, ne sont plus d’actualité, mais dans les conditions déterminées par le néo-impérialisme, la conquête des terres des États « provinciaux » se fait d'une manière nouvelle. Les conditions en vigueur dans la modernité sont la suite logique de l'impérialisme classique. Il convient de noter que s'il y a un changement de sujets dans d'autres strates politiques, les néo-impérialistes modernes sont les mêmes que les anciens colonisateurs. Rien n'a changé dans le paysage cratopolitique du monde, et l'élite mondiale dirigeante n’a fait que changer de nom sur la scène mondiale. La colonisation qualitativement nouvelle est la politique des néo-impérialistes du monde, qui ont pris le contrôle de certaines régions géopolitiques et luttent pour étendre leur sphère d'influence. La division du monde entre les néo-impérialistes et le redécoupage des frontières s'est traditionnellement poursuivie sous une forme ou une autre. Le néo-impérialisme n'est pas un phénomène complètement nouveau, il est guidé par les lois de l'impérialisme classique. Avec le progrès de la civilisation, de la science et des réalisations spirituelles des peuples, l'accent mis sur les éléments matériels de la géopolitique, tels que les ressources souterraines, la terre, l'eau, etc. n'a pas diminué. La tâche principale du néo-impérialisme est d'utiliser les États comme source de matières premières et de les maintenir dans une dépendance sectorielle. Chaque puissance néo-impérialiste a ses propres méthodes pour traiter avec les pays qui n’appartiennent pas directement à leur sphère d’influence. Aucun pays néo-impérialiste n'a intérêt à ce que les Etats non impérialistes parviennent à l'autarcie. D'autre part, la dépendance de tout État non impérialiste à l'égard d'autres pays et l’obligation à suivre un mouvement indiqué par d’autres sont une preuve évidente des lacunes de l'indépendance formelle. Pour trouver une solution appropriée à ce problème, il faut avant tout faire preuve d'indépendance d'esprit, car l'idée d'appartenance n'a pas la capacité de créer une alternative.

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La force du néo-impérialisme a érodé le sentiment de confiance dans les États soi-disant indépendants, qui croient qu'il n'y a pas d'autre solution que la subordination à ce nouveau système. Dans la plupart des pays, il n'est pas question d'envisager un nouveau système mondial, différent du néo-impérialisme. L'esprit d'impuissance imprègne la communauté scientifique dans ces pays qui ne cesse plus de répéter qu’il est nécessaire de s'adapter au nouveau système et non de penser à des alternatives. Le débat sur l'indépendance n'est pas une question triviale, il doit être renforcé et amélioré en fonction de l'espace et du temps.

Il est nécessaire de s'appuyer sur la géopolitique pour renforcer l'indépendance de la République du Tadjikistan.

Dans le temps et l'espace d'aujourd'hui, il est important de s'appuyer sur les connaissances géopolitiques. La géopolitique ne doit pas être utilisée à des fins cognitives, mais à des fins pratiques et empiriques, et doit être mise en œuvre en articulant des concepts concis. À cet égard, il est nécessaire de présenter la géopolitique intérieure, celle de la voie vers le développement du Tadjikistan dans un avenir proche et lointain. Le renforcement de l'indépendance du Tadjikistan est impossible sans un développement intérieur, et celui-ci doit prendre de l'élan. Il doit y avoir une impulsion pour le développement basée sur le potentiel national, car si l’on place l'espoir en un avenir meilleur, qui ne dépendrait que des seules actions entreprises par d’autres États, cela ne nous mènera qu’à la destruction de l'indépendance du pays. Par conséquent, le processus de décision doit être rationnel et stratégique. Les intérêts géostratégiques et géopolitiques du Tadjikistan devraient être formés sur la base des capacités existantes. Naturellement, il n'y a pas suffisamment de potentiel intérieur pour le développement du Tadjikistan et on ne peut pas compter sur lui seul sur le plan stratégique. À cet égard, il est nécessaire de trouver un moyen stratégique de protéger et de renforcer l'indépendance du Tadjikistan. Le Tadjikistan doit se constituer en un bouclier géopolitique basé sur un "Lebensraum".

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Le "Lebensraum" du Tadjikistan est le "Grand Khorasan". Le projet du Grand Khorasan a pour but le développement du Tadjikistan, la protection du Tadjikistan et l'avenir du Tadjikistan. Dans le nouvel ordre mondial et les divers processus mondiaux, le Tadjikistan n'a pas d'autre voie de développement. Il existe d'autres plans, mais dans ceux-ci, le Tadjikistan perd son essence d'État indépendant. La doctrine et les projets mis en œuvre en Asie centrale sont considérés comme peu intéressants pour le Tadjikistan. En fait, ces doctrines ne prennent pas en compte le statut propre du Tadjikistan. Les concepts et les projets du "Grand Turan", de la "Grande Asie centrale" et de la "Sinicisation" ne peuvent être dans l'intérêt du Tadjikistan. Le projet du Grand Khorasan est une alternative à ces concepts et une réponse géopolitique et géostratégique à ceux-ci.

Le "Grand Khorasan" est la correction des erreurs et des injustices historiques et l'application de la justice historique. Le "Grand Khorasan" est l'aspiration géopolitique de chaque Tadjik, et ce concept devrait contribuer à l'éducation géopolitique de toute individualité tadjik et à la formation de la pensée géopolitique tadjik. Nous devons savoir que l'avenir du Tadjikistan est impossible sans le projet du Grand Khorasan. Il devrait être suivi dans les milieux scientifiques et dans la politique actuelle.

La sagesse géopolitique et la géophilosophie constituent la base du projet du Grand Khorasan. Le Tadjikistan mène une politique de paix dans une nouvelle ère historique. Cela signifie que le Tadjikistan n'a pas d'objectifs expansionnistes, ne veut usurper aucun pays, ne vise pas la conquête de territoires : tout cela n'est pas le but vectoriel de la politique étrangère du Tadjikistan. La question de savoir comment nous allons obtenir le projet du Grand Khorosan est donc importante. La première étape est franchie, c'est-à-dire que les fondateurs ressentent le besoin de créer un "Grand Khorasan", il y a une renaissance du Grand Orion, une mémoire historique entre en scène ou un cycle historique se répète, le projet du "Grand Khorasan" est lancé. En effet, l'Iran et l'Afghanistan, tout comme le Tadjikistan, ont besoin d'un "Grand Khorasan".

La mise en œuvre du projet du Grand Khorasan intervient à un moment où la lutte pour le pouvoir en Asie centrale s'intensifie. Les États-Unis font tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger le "cœur de l'Asie" et pour maintenir longtemps leurs troupes sur le sol afghan. L'erreur géopolitique de la Russie, de la Chine et de l'Iran a été de faciliter et non d'empêcher les États-Unis de venir en Afghanistan. Cependant, cette erreur ne pourra pas être corrigée dans les années à venir. Les États-Unis, s'appuyant sur l'Afghanistan, cherchent à libérer les États d'Asie centrale de la subordination russe et à mettre en œuvre la doctrine de la grande Asie centrale avec l'Afghanistan et d'autres États de la région. À cet égard, il convient de noter que le chaos qui règne sur le territoire de l'Afghanistan et les intérêts divergents des pays de la région compliquent la mise en œuvre du projet "Grand Khorasan".

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Le projet du Grand Khorasan, une fois mis en œuvre dans les pays de langue persane et ayant atteint ses objectifs stratégiques, ouvrira la porte aux pays voisins. C'est une renaissance historique qui remet tout à sa place. Ailleurs en Asie centrale, il existe un potentiel et une opportunité similaires pour l'unification des peuples et des nations. Cependant, une telle possibilité s’offre aux États du "Grand Khorasan". Il est important de noter que l'intégration et les processus d'intégration sont une question de temps. Les pays du monde, sous une forme ou une autre, forment des associations visant toujours plus d’intégration dans une zone distincte. L'intégration est considérée comme un phénomène propre au nouvel âge : on l’ignore souvent mais, dans la plupart des cas, on est inconscient qu'il s'agit là de la première étape vers la formation du système mondial et du nouveau gouvernement mondial. La plupart des États et des chefs d'État du monde n'ont pas compris les secrets du processus d'intégration et n'ont pas su créer les conditions d’autres processus intégrateurs. Cependant, l'intégration dans le cadre du Grand Khorasan prend une forme complètement différente, montrant un élément d'intégration différent car il est centrifuge par rapport à la conception d’un gouvernement mondial et s’éloigne du nouveau système et du nouvel ordre mondial. En effet, la formation d'un nouvel ordre mondial basé sur une conception atlantiste n'est pas dans l'intérêt des pays du Grand Khorasan.

L'indépendance politique du Tadjikistan n'interviendra que si le pays est autosuffisant. Cependant, les conditions mondiales et régionales, d'une part, et les intérêts des superpuissances, d'autre part, entravent l'autarcie du pays. C'est pourquoi il faut tout d'abord influencer la situation locale. L'influence ne vient que lorsque nous disposons d’un grand potentiel et d’un grand pouvoir. C'est pourquoi le projet "Grand Khorasan" est le reflet de l'énorme potentiel des acteurs régionaux et un moyen d'influencer d’abord les conditions en place de la région et, deuxièmement, d’influencer la formation des processus politiques mondiaux.

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Dans les conditions modernes, il n'y a pas d'autre moyen de proposer un nouvel ordre en dehors du nouvel ordre mondial, qui est le projet exclusif de l'élite politique mondiale. Dans un tel ordre mondial, seul un petit nombre d'États ont acquis l'indépendance politique et ont donné aux autres pays l'indépendance dont ils avaient besoin. L'indépendance politique des pays du monde, dont le Tadjikistan, est mesurée dans le cadre du nouvel ordre mondial. Dans ce cas, la volonté tadjike de l'État tadjik ne peut pas se réaliser, car les conditions mondiales ne le permettent pas. La mesure de l'indépendance politique du Tadjikistan dans le cadre du nouvel ordre mondial nécessite un examen par des experts, qui déterminera le phénomène de la volonté politique et de la détermination politique, et la mesure dans laquelle le Tadjikistan est souverain. Le projet du Grand Khorasan vise également à renforcer l'indépendance politique du Tadjikistan, à poursuivre son développement et son amélioration, et à protéger le pays. Comprendre l'essence de ce projet, définir la souveraineté politique du Tadjikistan, les conséquences du nouvel ordre mondial pour le pays, les intérêts des superpuissances et son impact sur le Tadjikistan, les conséquences et les perspectives pour le futur proche et lointain, tend inévitablement à un mégaprojet – celui du "Grand Khorasan".

Comme le temps passe, le roman mythologique de Robert Brasillach

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Comme le temps passe, le roman mythologique de Robert Brasillach

Par Frédéric Andreu-Véricel

René et Florence, les personnages principaux de ce roman arc-en-ciel sont deux jeunes gens qui s'aiment.

Aimer, pour eux, cela veut dire se tenir la main, se promener au bord de la mer et cela veut dire, aussi, contempler des îles lointaines, ces miroitantes fata morgana de leur enfance.

Par leurs yeux nimbés de réminiscence, nous entrons presque à notre insu dans le royaume émerveillé de leur enfance, qui est aussi un peu le nôtre.

Il n'est pas rare que j'ouvre mon vieux livre de poche, à la couverture déchirée, dans le métro, le bus, les salles d'attente du dentiste et, avouons-le, dans la vie elle-même que la démocratie libérale a transformé en une grande salle d'attente. Alors, ces temps morts se transforment en moments narratifs aux éclats de rêve, d'enfance et d'amour...

Mais, comme tout ce qui touche de près ou de loin aux années trente, à la Collaboration, à Brasillach, la lecture de Comme le temps passe ne va pas vraiment de soi. D'où, la question : peut-on lire Comme le temps passe de ce côté-ci de l'Histoire ?

Comme le temps passe est une des oeuvres les plus sensibles du XXe siècle, une oeuvre qui n'a pas oublié le nom des fleurs. Tout le monde en convient y compris les professionnels de la détraction.

Il est cependant regrettable que les controverses entre détracteurs et partisans de l'auteur toisent les oeuvres. Si populaires avant-guerre, ses romans, et surtout les poèmes écrits en prison, sont devenus, à une époque où l'on ne lit plus guère de poèmes, des bannières de ralliement.

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L'Histoire est écrite par les vainqueurs et il ne nous appartient pas d'écrire l'Histoire écrite par les vaincus. Rappelons tout de même que Robert Brasillach a subit un procès au terme duquel il fut exécuté dans la fleur de l'âge pour fait de Collaboration.

Tuer un poète, afin de prouver au monde entier sa détermination à lutter contre la barbarie nazie, il fallait y penser. Tuer un poète - étoile montante de la littérature française - au terme d'un procès bâclé, afin de rétablir la démocratie et l'Etat de droit, il fallait y penser. Et ils y ont pensé.

On pourrait cependant se dire, cela concerne l'homme, ses engagements politiques et non l'oeuvre, si les choses se passaient comme nous aimerions qu'elles se passent.

J'aimerais tant que l'on cesse de prendre en otage - dans le sens du pour ou celui du contre - une oeuvre romanesque et poétique si originale et féconde, à des fins bassement idéologiques. Oui mais voilà, l'idéologisme, c'est comme la délation en temps de guerre, cela ne fait pas partie des grandeurs françaises ; cela fait partie des "passions tristes" au sens que Spinoza donne à ces termes.

On a beau dire que Comme le temps passe est un roman sensible, un dialogue avec les personnages qui sont ceux-là même de l'âme, un bonheur inouï de lecture, lire Brasillach reste, 75 ans après le procès de son auteur, une activité "suspecte".

Du coup, celui qui aurait l'idée saugrenue de réhabiliter l'oeuvre de Brasillach serait suspecté de coucher avec les idées de l'auteur ; le jeu freudien des compensations psychologiques, le mettrait dans la quasi-obligation de ramener Louis Aragon au niveau d'un auteur mineur. Moi, je défends l'oeuvre lumineuse de Brasillach comme je défends bec et ongle celle d'Aragon, comme je défends la nécessité de la lecture en elle-même, aussi absolument que je hais la société post-littéraire.

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Ouvrir un ouvrage de Brasillach, c'est ouvrir un arc-en-ciel dans la monochromie de notre temps et tant pis si l'évoquer dans un article ou dans une causerie entre amis, c'est s'exposer à des remarques, des procès d'intention logés entre les sourcils. Prononcer le nom même de Brasillach, c'est aussi montrer que les maîtres de la réduction et de l'amalgame, ont certes remporté des batailles stratégiques, mais non la guerre.

Laissons donc ces "termites de la réduction qui rongent la vie humaine depuis toujours" (Kundera) a leur périmètre : les faux plafonds de la critique universitaire ; à leurs réseaux: les médias "mainstream" et surtout à leurs tuniques de Nessus : le politiquement correct et ses déclinaisons infinies (l'historiquement, le moralement, le littérairement correct, etc.).

Le principe de séparation d'une oeuvre et de son auteur, proposé je crois bien par Marcel Proust en son temps, c'est bien joli, cela prévaut dans le monde des madeleines trempées dans le thé, mais dans le monde réel, cela ne marche pas ou très mal. C'est l'exemple type d'une mauvaise bonne idée. Cela fonctionne par temps de paix mais non par temps de guerre, et nous sommes en guerre, celle que livre la fausse liberté à la vraie liberté, le pays légal au pays réel, celle que livrent, redoutable, les mondialistes aux patriotes.

Par temps de guerre, dans un pays occupé, on prend des risques. On ne trahit pas ses amis, ni leur mémoire. On défend Brasillach comme le fit, en son temps, son beau-frère, Maurice Bardèche.

Et puis, voyons aussi les choses autrement, en attendant la trêve des confiseurs, la rareté des livres de Brasillach sur les étagères des libraires, c'est la rareté de l'or.

Une question demeure, essentielle : Pourquoi Comme le temps passe peut changer la vie? Pas la vie en général, mais votre vie à vous, irradiée que vous êtes par sa lecture.

A mon avis, cette question ne peut avoir de réponse qu'intérieure. Lire Comme le temps passe, c'est s'exposer à une fréquence narrative qui fait entendre les chuchotements de l'enfance. C'est comme porter à son oreille un coquillage tout résonnant des bruits de la mer, les vagues de la baie d’Alcudia.

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Tout se passe en effet comme si le lecteur qui regarde le monde par les yeux de René et/ou de Florence (les personnages principaux du roman) accédait au double regard platonicien. Il perçoit alors, pour reprendre les termes de Luc-Olivier d'Algange, "le matin profond de sa mémoire". Sans le savoir, il se relie à une "cadena aurea", une chaîne d'or fréquentielle des chercheurs d'âme. Oui, Comme le temps passe parle de l'âme et parle à l'âme. Et c'est là l'essentiel.

En un mot, Comme le temps passe, c'est l'oeuvre de la "réminiscence" des choses qui ne passent pas. Comment ce miracle est-il possible ?

Sans prétendre là encore à une réponse exhaustive, je commencerais par évoquer une expérience personnelle (et donc aussi potentiellement transpersonnelle). Il m'arrive d'ouvrir Comme le temps passe comme on consulte un oracle, avec de belles et surprenantes rencontres à la clé, non seulement avec les personnages du roman, Florence, René et la majestueuse tante Espérance, mais aussi avec des personnes bien réelles. Anne Brassié, la biographe de Robert Brasillach que je rencontrais alors que je tenais le livre à la main - rencontres qui laissent à penser qu'elles sont aussi des rencontres d'âmes.

Il arrive aussi que les pierres d'attente de ce livre, les roches narratives que la lecture rend soudain phosphorantes, éclairent les voies anciennes de mon enfance. Hölderlin a tout dit lorsqu'il a dit : "L'homme est un dieu lorsqu'il rêve et un mendiant lorsqu'il réfléchit". Ces rêves-là ne s'écrivent non pas au passé mais au présent, le présent de la "réminiscence". J'ai notamment revu, en lisant Brasillach, la crique de nos vacances, entre Sète et Agde.

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La chienne Nita s'amuse avec les vagues, tandis que le tuba de plongée de mon père sillonne l'onde comme la nageoire d'un requin. Ma mère, qui ne sait pas nager, me surveille de loin. Partout, le bleu immense de la mer.

J'étais un enfant rêveur, dans le brouillon de ses 9 ou 10 ans. Dans l'immeuble encore brut de décoffrage de nos vacances (celui des ouvriers et des classes moyennes de l'époque), il y avait cette fille de l'étage du dessus qui se penchait à la fenêtre. Brune comme le soir. Je crois qu'elle était Espagnole mais je n'en suis pas certain. Elle me regardait, je la regardais ; c'était ma Florence à moi.

Pour elle, je ramassais de jolis coquillages.

Comme Hernie dans Summer of 42 (le superbe film de Robert Mulligan), j'espérais tant la revoir l'été suivant. Mais l'été suivant, je ne la revis point. Je ne l'ai cependant pas oubliée. Elle est, comme l'écrit si joliment Brasillach à l'endroit de la Tante Espérance, "remontée de la banalité courante à un empyrée de mythologie". Comme le temps passe, la magie de l'enfance et le "halo autour des choses".

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In everyone's life there is a summer 42 dit le trealer du film de Mulligan. "Dans la vie de chacun, il y a en effet en chacun un amour d'été", réitération du paradis perdu qui est au fond de tous les peuples.  Le livre de Brasillach réveille cette mémoire endormie, ce temps où nous sommes nés à l'amour, cette rencontre d'été qui dort en nous comme une Belle au bois dormant et le paradis perdu d'Adam et Eve qui vit en chaque peuple. L'un conduit à l'autre ; l'autre conduit à l'un.

Le livre de Brasillach, c'est cette boite à souvenirs qui, une fois ouverte, dégage le "halo" mystérieux de la nostalgie. Ce halo mystérieux - que refuse obstinément notre époque - est pourtant essentiel à la vie véritable.

C'est ce halo qui fait que certains événements de la banalité courante rentrent dans notre "mythologie personnelle". Une vie sans "halo autour des choses" est une vie sans caisse de résonnance, réduite à une équation libérale, à un contrat à durée déterminée, à bilan de santé.

Autrement dit, l'équation, c'est le mythe moins la magie de la vie, moins l'inattendu, moins l'espérance ; c'est l'avènement de l'enfant de la mère inutilement né" (Aragon). Nous y sommes.

Ce halo enchanteur, c'est aussi le seul antidote véritablement efficace contre l'utilitarisme, "cette idée toxique, que l'économie pourrait résoudre l'essentiel de nos problèmes" (Alain de Benoist).

Avec le recul, on se rend compte que le procès de Brasillach, c'est aussi le procès de ce halo autour des choses, le procès de la "collaboration" avec l'enfance, avec la poésie de la vie.

Tuer un poète, ce n'est pas très difficile et cela rend possible toutes les lâchetés et les renoncements à venir. Cela rend possible la surexploitation des sols, les surdoses de sulfate et les poulets aux hormones. Il fallait tuer Brasillach pour que les multinationales remportent définitivement la guerre et pour que les peuples la perdent.

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La "mythologie personnelle" décrite dans Comme le temps passe, cela veut dire se remettre à l'écoute de la vie et de son récit.

Comme le temps passe est en effet le contraire même de "ces romans réalistes sans rivage" que fustigeait justement Aragon. Roman énigmatique ou autre chose qu'un roman, telle est la question ? Pour moi, on peut mettre Comme le temps passe dans le genre du roman comme on peut chausser un soulier d'une demi-pointure qui n'est pas la sienne. C'est possible mais pas très confortable.

Connaissez-vous beaucoup de romans avec pour incipit "Au commencement, il y eut le paradis terrestre" ? Avec Adam et Eve qui parlent dans la préface ? Un roman dont les lumineux accidents narratifs invitent à découvrir sa "mythologie personnelle" ? Moi, je n'en connais qu'un et c'est Comme le temps passe.

Dès la première ligne, le lecteur est en effet prévenu : les pages qui suivent relatent une histoire avec des personnages personnifiés à minima (on ne connaît que leurs prénoms) et une trame narrative qui conduisent moins à "définir" une "histoire" romanesque qu'à "infinir" sa propre vie.

"Infinir sa propre vie", en explorer les couches, les ciels, en percer l'intime secret, rien que cela ! En d'autres termes, ce roman vise à nous faire entendre notre "légende narrative", le récit, voire le récital, qui nous précède et dont chacun est tributaire, sans que nous en soyons conscients. Et cette découverte est aussi essentielle à la vie que l'oxygène que nous respirons.

Je parle avec le coeur, sans faux semblants, sans le recours à ce métalangage universitaire, ronronnant et velléitaire. Même si cette liberté de ton a un prix, même si elle me coûte peut être les fatwas des spécialistes aigris et des maîtres censeurs. Mais qu'importe ! Je persiste et signe : j'affirme que Comme le temps passe n'est pas à proprement parler un "roman".

Si Comme le temps passe, oeuvre hiéroglyphique de l'enfance, est "autre chose" qu'un roman, alors qu'est-il exactement ?

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Il y a tout d'abord un ton onirique général qui entoure le texte. Tel Ulysse conduit par les Phéaciens, le lecteur se retrouve sur Ithaque, un beau matin. Comme le temps passe nous conduit sur les rivages de notre enfance rêvée et de nos premiers amours. Bien qu'onirique, le décor du roman est ancré (et encré) par un espace circonstancié et non dans les brumes surréalistes. La côte catalane, les îles Baléares sont tout-à-fait repérables sur une carte.

Même si le texte de Brasillach nous entraîne dans une vision onirique, elle est celle des rêves éveillés et éveilleurs qui prolongent le réel et non des sommeils insondables.

Nous apprenons par exemple que le métier de René est vendeur d'automobiles, activité on ne peut plus concrète. Nous apprenons que les parents de René et de Florence ont disparu dans un accident ferroviaire. Cela aussi, voyez-vous, c'est concret comme une pierre.

D'autres accidents narratifs émaillent le récit. Par exemple, cette scène cocasse où la vieille auto de René tombe en panne, digne d'une scène à la Louis de Funès (On peut aisément imaginer le "coup de la panne" !).  La scène de l'auto rappelle à Florence (qui se trouve dans l'auto au côté de René) une scène heureuse de son enfance. Florence se revoit en effet en compagnie de son ânesse qui s'arrête soudainement. Impossible de repartir même en tirant sur l'attelage de l'animal entêté ! D'apparence anecdotique, cette scène (qui ne dure qu'un court paragraphe) est pour moi hautement significative.

Les traces du conte dans le roman brasillacien, les animaux dont il ne manque que la parole.

Nous savons depuis les travaux des anthropologues du monde animal, que le traitement infligé aux animaux par une société, métaphorise le degré d'humanité de cette société. Un baromètre qui indique presque objectivement ce qu'une société cache.

Essayons de relire cette scène de l'ânesse à l'aune de cet axiome. Le templum augural de cette scène, elle nous dit quoi ?  Elle nous révèle quoi de l'univers de Brasillach ? L'auteur fait de cette ânesse un "personnage mythologique". L'auteur nous précise ensuite qu'elle marche au rythme du "pas ecclésiastique", signe de la tradition chrétienne dans laquelle s'inscrit Brasillach. L'auteur campe avec cette ânesse un personnage à part entière dont il ne manque, au fond, que la parole.

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Les animaux, dans les romans, jouent aussi leur rôle. Mais ils en sont rarement les acteurs centraux. Le roman moderne met en scène des personnages, réels ou imaginaires.

Il en va tout autrement de ces contes de Grimm qui firent la joie de ma jeunesse. Ces derniers mettent en scène des animaux qui parlent "pour de vrai". Dans les contes, les grenouilles parlent aux princes ; les oiseaux élisent leur roi et racontent des histoires. Dans les contes de fée, les animaux ont la parole.

Avec ses animaux "mythiques" mais qui ne parlent pas, Comme le temps passe est donc à la fois "plus" qu'un roman, mais "moins" qu'un conte. Il serait en effet excessif de qualifier ce texte de conte de fée. Une seule fois, l'auteur précise qu'"il y eut un temps où les animaux parlaient". La rupture avec le conte est donc assumée. Le premier chapitre du "roman" décrit trois ou quatre poules ("dont l'une vécut très vieille et boitait"), une demi-douzaine de chats, un chien et un flamant rose "qui lui aussi fait partie de la mythologie personnelle" des enfants. Une maison, un jardin, des jeux qui trainent sur le sol et un jardin, un jardin surtout "où il semblait que toute l'existence devait s'écouler". On apprend aussi que les animaux de cette arche "suivent les enfants" lorsqu'ils empruntent le chemin menant à la mer.

Chez Brasillach, les animaux suivent les enfants, les rois du jardin. Dans le conte de fée, c'est généralement le contraire. Les animaux sont à la fois des messagers mais aussi des acteurs, des "personae" au sens grec du terme (per sonna, "pour le son") à part entière. Brasillach précise qu'"un jour les animaux parlaient" ce qui indique qu'ils ne parlent désormais plus. L'aigrette fait cependant partie de la "mythologique personnelle" des enfants, comme l'ânesse de Florence, mais ils ne parlent cependant pas à la première personne comme dans les contes de fée.

Bref, il ne manque aux animaux de Brasillach que la parole pour faire de Comme le temps passe un conte à part entière.

L'ânesse est un animal bourru ! Elle supporte mal l'attelage que Florence essaie de lui fixer sur le dos. Elle refuse subitement d'avancer, et a même semble-t-il, fait tomber d'un coup de patte le marque-page inséré dans le livre !

Vous rendez-vous compte ! Cela fait trois jours que je recherche en vain le passage de l'ânesse !

Trois jours que l'ânesse se joue de moi ! C'est dire la magie de Comme le temps passe qui est tout autre chose qu'un roman sans rivage, ni roman, ni un conte de fée. Alors qu'est-t-il ?

Il relève peut être d'un genre narratif situé "quelque part" entre le roman et le conte que l'on pourrait dire "le roman mythologique" - en tout cas un espace narratif où l'ânesse de Florence attend le lecteur pour une promenade à travers les mots...

Frédéric Andreu-Véricel

Contact : fredericandreu@yahoo.fr

Frédéric II de Souabe : une perspective méta-historique sur l'Europe

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Frédéric II de Souabe : une perspective méta-historique sur l'Europe

Andrea Virga

Ex : https://www.geopolitica.ru/es

Traduction de Juan Gabriel Caro Rivera

L'anniversaire du 26 décembre (ou 826ème anniversaire de la naissance de Frédéric II de Hohenstaufen, Empereur romain et roi de Sicile) est l'occasion idéale pour nous de réfléchir à certains aspects strictement méta-historiques et méta-politiques de notre discours, à partir du symbole que nous avons choisi pour représenter le GRECE italien.

En effet, contrairement au symbole originel du centre d'études historiques en France, représenté par le nœud breton, récupéré par la suite par certaines expériences politiques italiennes, l'homologue italien du GRECE a décidé d'opter pour un plan stylisé du château de Frédéric II lui-même, soulignant ainsi, en toute cohérence, la défense par le GRECE des différences ethno-culturelles en fonction de nos spécificités nationales. Alors que le premier fait référence au substrat celtique profond qui imprègne une grande partie de l'Europe centrale et occidentale, de l'Atlantique au Danube et des Orcades au Pô, un héritage d'une époque antérieure aux processus de romanisation et de christianisation, le second, qui conserve également une forme radiale d'origine solaire, est la projection d'un contexte spatio-temporel différent, même s'il appartient entièrement à la civilisation européenne.

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Castel del Monte, comme des centaines d'autres châteaux construits ou rénovés, a été construit par Frédéric II dans l'intention de renforcer son autorité dans le royaume de Sicile sur une colline près d'Andria, au cœur des terres des Pouilles. La raison politique de sa création correspond donc à la recomposition de l'autorité centrale face à la fragmentation féodale. Le projet de monarchie universelle réalisé par les Staufen préfigurait - il est vrai - l'avènement de l'État moderne (bien que dans une perspective qui transcendait les frontières nationales), mais, d'autre part, il constituait une restauration de l'ordre impérial romain qui s'était désintégré en Occident huit siècles auparavant et qui, à cette époque, s'effondrait également à l'Est sous les coups des Croisés et des Turcs. Ainsi, un réseau de châteaux fidèles au souverain empêchait toute action centrifuge des barons et des municipalités. Les grands espaces du Nord, les forêts sombres, les mers orageuses, les friches gelées, les forêts brumeuses, sont pour nous les porteurs de la menace d'un chaos informe, s'il n'y a pas la pierre d'un vallum, d'un castrum, d'une via, d'un templum, qui impose au cosmos la civitas.

De plus, son architecture complexe révèle, pour citer un document de l'UNESCO, "une fusion harmonieuse d'éléments culturels de l'Europe du Nord, du monde islamique et de l'Antiquité classique", affirmant ainsi une véritable synthèse non seulement des cultures présentes à l'époque du Royaume de Sicile (cultures grecque, latine, arabe et juive, normande et souabe), mais aussi des racines qui ont contribué à donner vie à la Kultur européenne (comme l'explique Spengler), dénotant ainsi une réelle rupture avec le monde méditerranéen classique : c'est l'union entre les vestiges de la civilisation gréco-romaine classique avec les populations "barbares" d'origine indo-européenne et la religion chrétienne qui a une origine au Moyen-Orient. Si, dans la pensée des intellectuels français, la Méditerranée est souvent apparue comme une barrière - et les cultures grecque et romaine ont parfois été réinterprétées de façon anachronique comme l'œuvre des élites "aryennes" - pour nous, Italiens, les descendants ainés de Rome, le rapport avec les rives orientale et méridionale de la Mare Nostrum ne peut être que totalement différent.

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Notre petit sous-continent, qui est une péninsule dans une péninsule d'Eurasie, entourée par les Alpes, a vu l'afflux et la fusion du Nord (Latins, Gaulois, Achéens, Goths, Lombards) et du Sud (Phéniciens, Pélasgiens, Tyrrhéniens, Byzantins, Arabes). Nous ne sommes pas un corps étranger à l'Europe, comme on l'a dit à tort, trompé par la controverse économique actuelle, mais le cœur de l'Empire, où Charlemagne et Charles Quint, Otton et Barberousse, empereurs romains et germaniques, ont été couronnés ; où Saint Benoît a commencé à répandre la Croix du Christ et les manuscrits de Virgile dans toute l'Europe ; où les pas des pèlerins et les caravanes de marchands se sont succédé lors de la traversée des Alpes. Mais nous sommes en même temps un quai qui se projette vers la mer du milieu, vers l'Afrique et le Levant, où depuis des millénaires nous négocions et dialoguons au moyen de l'or et du fer. Il n'y avait pas de ports sans emporium dans nos républiques, et les flottes de nos villes rivalisaient pour les mers avec celles des royaumes et des empires.

Enfin, sur le plan symbolique, Castel del Monte est la véritable couronne impériale en pierre, toujours baignée par le soleil, et qui est sous le signe du huit (8). C'est le nombre naturel qui suit le sept et représente donc ce qui est au-delà de la perfection terrestre : le ciel d'étoiles fixes et incorruptibles que l'on trouve après les sept planètes en mouvement, mais surtout, selon la symbolique chrétienne, c'est le huitième jour, le jour de la résurrection, le dimanche où il n'y a pas de coucher de soleil. Bien sûr, ce n'est pas par hasard que les Baptistères, depuis le début de l'ère chrétienne, avaient huit côtés. Toutefois, les principales références, pour le cas présent, sont au nombre de deux : la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle, érigée par Charlemagne et devenue plus tard le lieu de sépulture, ainsi que le siège du couronnement des rois d'Allemagne ; et le Dôme du Rocher à Jérusalem, construit sur la première pierre de laquelle le monde a été créé, où Adam a été formé, où Abraham a lié Isaac pour le sacrifier, où Salomon a placé l'Arche d'Alliance, où Muhammad a commencé son voyage vers l'autre monde, où la trompette du Jugement dernier sera sonnée et les Templiers ont consacré, pour une brève période, une église latine. Castel del Monte, géographiquement, se trouve à peu près à mi-chemin entre ces deux villes (bien que plus proche de la première), non loin du sanctuaire de Saint-Michel Archange sur le Monte Sant'Angelo et du port de Bari, sur les chemins des pèlerins. Frédéric lui-même était un empereur croisé - et les Croisades n'étaient-elles rien d'autre que des pèlerinages armés, comme le rappelle Cardini ? - couronné à Aix-la-Chapelle ainsi qu'à Rome et à Jérusalem.

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Cela dit, la figure de ce grand souverain italo-germanique n'est pas seulement une inspiration pour l'Italie, mais pour toute l'Europe. Son règne correspond à la période de plus grande puissance du Saint Empire romain au plus fort de la période classique du Moyen Âge, entre la Renaissance de l'an 1000 et la crise du XIVe siècle. Outre le royaume de Sicile, qui comprenait toute l'Italie du Sud, les frontières impériales s'étendaient de l'Ems au Tibre, de la Vistule au Rhône, en passant par la Provence et la Silésie, la Toscane et la Frise. Les États croisés de Jérusalem et l'Ordre Teutonique ont juré allégeance à l'Empereur, étendant leurs domaines à l'Orient. Les autres rois ont également reconnu, au moins d'un point de vue formel, la supériorité de leur rang. Frédéric, appelé Constantin par sa mère à sa naissance, a extrait des ruines de Constantinople l'idée que l'Empereur était le Vicaire du Christ, et donc que l'Empereur était à égalité avec le Pape, ce qui a conduit à la création des thèses et revendications de la faction gibeline qui seront exposées au cours des siècles suivants. Ce Premier (et le plus authentique) Reich était l'embryon d'une véritable unité européenne supranationale.

Grâce à tout cela, nous pouvons mener une réflexion plus approfondie sur les relations entre l'Europe et l'Occident et, surtout, sur le rôle que le premier devrait jouer dans ce monde globalisé, dans le contexte de l'unipolarité occidentale dirigée par les États-Unis et qui cède la place à l'émergence d'un monde de plus en plus multipolaire, déterminé par la montée de puissances émergentes comme la Chine. Les réactions apocalyptiques, qui parlent d'une "révolution mondiale des peuples de couleur" ou de la "fin de l'homme blanc", tout en constituant une forme de ressentiment au sens nietzschéen, sont fondamentalement anachroniques. D'un point de vue radicalement anti-libéral, comme le nôtre, la Belle Époque durant laquelle l'homme blanc chrétien occidental dominait le monde n'était pas un âge d'or digne de susciter un deuil aujourd’hui : c'était plutôt une époque où, derrière le voile de la suprématie et du progrès technique, se préparait une double guerre fratricide qui, en trente ans (1914-1945), a réduit notre continent à un satellite et à une frontière entre deux superpuissances. Pendant ce temps, l'exploitation impérialiste qui a lieu en Afrique et en Asie a jeté les bases des grandes inégalités entre le Nord et le Sud du monde, qui sont la cause des flux migratoires actuels devenus non durables. Pendant ce temps, la société bourgeoise et industrielle européenne a commencé à uniformiser et à dévorer toutes les traditions locales, à commencer par les langues considérées comme "minoritaires".

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Cependant, si l'on considère les cycles historiques dans leur intégralité, on s'aperçoit que l'exceptionnalité de l'Occident n'a occupé que l'espace de quelques siècles dans l'ensemble de l'histoire universelle. Avec sa fin, la Grande Divergence qu'elle représentait se referme sur les grandes civilisations orientales prêtes à retrouver la place qu'elles avaient sur la scène mondiale bien avant le XIXe siècle. L'Europe que nous devons construire et viser est donc politiquement celle de Federico et non l'Europe victorienne des chauvinismes nationalistes conflictuels qui contrastent avec la tendance à l'unité dans la diversité appliquée au niveau continental ; au lieu d'une hégémonie mondiale et d'une concurrence inter-impérialiste, nous voulons un équilibre et une coopération multipolaire entre les grands espaces. En outre, il convient de rappeler aujourd'hui que le règne de Frédéric II a coïncidé avec l'émergence de la Pax Mongolica, une époque où l'Orient était unifié sous le sceptre de fer de Gengis Khan et de ses disciples, ce qui a permis de maintenir ouvertes de nouvelles routes commerciales de l'Adriatique à la mer Jaune : une époque qui anticipait le rêve chinois actuel de créer un réseau de routes commerciales terrestres et maritimes destinées à relier plus étroitement les deux côtes de l'Eurasie.

Nous tournons alors notre regard pour dépasser l'image de cette Europe qui, consciente des limites imposées par la sagesse païenne et la doctrine chrétienne, et qui dialogue en position de force avec les forts et traite les faibles avec justice, sans sujétion ni arrogance, qui sait répondre avec une sérénité apollinienne aux défis de l'Extrême-Orient et de l'Extrême-Orient, qui oppose les sirènes faustiennes à la sagesse épicurienne du Stupor Mundi : "Idiots comme nous sommes, nous voulons tout conquérir, comme si nous avions le temps de tout posséder."