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jeudi, 30 juin 2022

Guido De Giorgio et la tradition de Rome

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Guido De Giorgio et la tradition de Rome

Daniele Perra

Source: https://www.paginefilosofali.it/guido-de-giorgio-e-la-tradizione-di-roma-daniele-perra/

"Rome est l'Orient de l'Occident" [1]. Cette affirmation résume à elle seule le sens de l'œuvre et de la pensée de Guido De Giorgio (1890-1957) : érudit, penseur et théoricien d'une forme très complexe de traditionalisme intégral (profondément enraciné dans la romanité) dont il considérait Dante Alighieri comme l'exposant le plus convainquant. Dans cette perspective, celui qui écrivait sous le pseudonyme d'Havismat dans la revue du Groupe Ur et qui était l'animateur (avec Julius Evola) de la revue La Torre considérait la médiation de la romanité comme la seule voie viable au regard d'une future normalisation traditionnelle en Europe. La "rectification de l'Europe" passe par un retour à la tradition romaine. Et le retour à la Tradition romaine signifie d'abord permettre à chacun le développement normal de sa propre nature. Une idée qui ressemble beaucoup à la dichotomie typiquement islamique entre mustadafin et mustakbirin. Ces termes, généralement traduits en Occident par opprimé/oppresseur, indique en fait la capacité d'un gouvernement correctement islamique à garantir ou non la possibilité pour l'homme de développer son potentiel donné par Dieu.

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L'influence de l'Islam, que De Giorgio a étudié en profondeur lors de son expérience tunisienne, se retrouve dans d'autres passages de son œuvre. En particulier, De Giorgio développe une idée de petite et grande "guerre sainte" qui est absolument interchangeable avec l'idée islamique de jihad as-ashgar et jihad al-akbar (petit et grand effort) qui indique la confrontation militaire (dans le premier cas) et le conflit intérieur pour échapper à la prison de l'ego et s'élever vers Dieu (second cas). La victoire dans la "Grande Guerre", selon De Giorgio, consiste à atteindre la "Solitude divine". La foi, écrit le penseur né à San Lupo, est l'isthme entre l'humain et le divin [...] entre ce que l'homme n'est pas et ce qu'il est vraiment quand il a dépassé et surpasse à jamais la condition humaine" [2]. Dans cette hypothèse également, outre la manifestation de certains aspects inhérents au thème de la géographie sacrée, on retrouve l'influence islamique. L'isthme, en effet, est généralement considéré comme l'endroit où deux mers convergent. Dans la sourate coranique de la Grotte (al-Kahf), Moïse est sauvé par al-Khidr alors qu'il se prépare à atteindre le "confluent des deux mers". Ce dernier, identifié comme une sorte de guide spirituel, aide Moïse à découvrir le bon chemin et à comprendre l'impénétrabilité de la volonté divine. C'est ainsi qu'al-Khidr se décrit dans un dialogue imaginaire relaté dans un texte d'Abdul Karim al-Gili : "Ma demeure permanente est la montagne de Qaf. Mon lieu de repos est al-Araf. Je suis celui qui est posté au confluent des deux mers, celui qui plonge dans le fleuve d', celui qui boit à la source de la source. Je suis le guide des poissons dans la mer de la divinité. C'est moi qui ai initié Moïse [3]. À cet égard, il convient de noter que dans la théosophie islamique, l'expression "confluent des deux mers" désigne le plan divin marqué par la confluence du mode d'être nécessaire et du mode d'être possible dans lequel sont contenues les formes imaginaires de l'universalité des choses et des êtres dans tous leurs degrés. C'est le moment où l'homme est réservé à l'instant de la décision : rester dans le monde des formes ou s'élever vers l'espace du pur intellect. De Giorgio écrit : "Mais celui qui, dans la forme, voit la forme, celui qui, dans le monde, ne voit que le monde et le sépare de Dieu en maintenant cette distinction sans en faire le lieu, la raison même de l'unification, non seulement ne saura jamais ce qu'est Dieu, mais il ne saura pas non plus ce qu'est le monde parce qu'il se perdra dans le monde et le monde en Dieu" [4].

Cette considération peut être traduite schématiquement par le symbolisme de la croix. Aux extrémités de la ligne verticale se trouvent l'alpha (le nord) en haut et l'oméga (le sud) en bas, tandis que la ligne horizontale a l'ouest à droite (mort, déclin) et l'est à gauche (naissance, lumière). Le mouvement traditionnel se déplace du nord à l'est. Le nord représente la tradition primordiale. Au-dessus de toutes les formes traditionnelles, affirme De Giorgio, il y a donc la Tradition primordiale, tout comme au-dessus de toute manifestation divine, il y a Dieu en qui ce qui, dans les traditions particulières, est présenté comme destiné à des peuples et des races spécifiques, se réalise dans un complexe fixe qui contient, outre une vision définie du divin, divers moyens de le réaliser efficacement" [5]. L'est est la lumière, le lieu encore le plus proche de la Tradition primordiale : c'est-à-dire le lieu où les hommes, en raison de la distance plus courte qui les sépare de l'origine divine, sont mieux à même de reconnaître la vérité que quiconque. Le sud est associé à des formes traditionnelles aujourd'hui disparues, tandis que l'ouest est inévitablement synonyme de décadence.

Le point où les deux lignes droites (verticale et horizontale) se rencontrent est l'instant du "Silence", du "vertige abyssal du Néant" (pour utiliser une terminologie heideggérienne) ; c'est le "Vide" du Tao. C'est le point/instant de la redécouverte de l'Être: le moment du coup de foudre qui régit toutes choses, selon Héraclite. Cette intersection contient la possibilité d'une expansion verticale en devenant une montagne, symbole de la transcendance et du sacré, de la stabilité de ce qui reste et de la hiérarchie. La base de la croix est la terre mais son sommet est le ciel dans un axe intégral qui constitue la polarité nécessaire à la conquête de tous les états intermédiaires. Dans le Zen et le Yoga, le corps humain, assis avec les jambes croisées et le dos droit, reproduit la forme géométrique de la montagne dans laquelle le sommet est la tête et les jambes représentent l'unité et l'harmonisation des opposés [6].

Le centre de la croix représente l'axe autour duquel la vie se cristallise: c'est un pôle. Le pôle est développé sur trois niveaux: le centre, la frontière et la périphérie qui, à leur tour, représentent non seulement la division en castes (le centre correspond aux prêtres gardiens du rituel et du sacré, la frontière fait référence aux guerriers défenseurs de la patrie en tant que lieu fixé par Dieu pour la conquête du ciel, la périphérie est liée aux travailleurs en tant que producteurs de la subsistance de la vie) mais aussi les différents degrés d'initiation, les "trois mondes" sur le chemin qui mène de l'humain au divin. Dante les identifie comme l'Enfer (le lieu des formes et des sens), le Purgatoire (l'espace de la psyché et des rythmes) et le Paradis (le lieu du silence et de l'intellect pur). L'intellect est le cœur et le feu, le cerveau est le rythme et l'air, le reste est la forme et la terre. Alors que l'eau est un pur devenir : une réalité de transition de la forme aux rythmes.

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Cette distinction, là encore, se retrouve dans l'Islam. L'imam Khomeini (celui qui a été décrit comme "un gnostique méconnu au 20e siècle") a écrit : "Sachez que l'homme a globalement trois domaines et possède trois niveaux ou mondes: d'abord, le domaine de l'au-delà, le monde caché et le niveau de la réalité spirituelle et de l'intelligence ; ensuite, l'intermundium, le monde intermédiaire entre les deux mondes et le niveau de l'imaginaire ; enfin, le domaine de ce monde inférieur, le niveau du domaine physique (molk) et du monde visible (shahadat). Pour chacun d'eux, il y a une perfection propre, une éducation et une activité spécifiques en fonction de son domaine et de son niveau [...] Ces trois niveaux de l'être humain sont interdépendants, de sorte que les effets de l'un s'étendent aux autres ... Celui qui cherche à partir pour l'au-delà sur le chemin droit de l'humanité doit donc améliorer et forcer l'ascèse sur chacun de ces trois niveaux avec une attention et un contrôle appliqués et assidus et ne négliger aucune des perfections qui proviennent de la connaissance et de la pratique' [7].

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Un motif similaire est représenté sur le bouclier d'Achille, forgé par Héphaïstos, dans l'Iliade. Celle-ci, en effet, était divisée en cinq zones circulaires différentes contenant des représentations différentes. Dans la première zone, la plus centrale, est représenté le ciel (l'espace du Divin) ; dans la deuxième zone se trouvent deux villes, l'une en paix et l'autre en guerre, représentant l'administration civile et militaire ; dans la troisième zone se trouvent des scènes qui rappellent l'activité agricole (semailles, moissons, vendanges) ; la quatrième zone représente des scènes de vie pastorale ; tandis que dans la cinquième zone, la dernière, se trouve le grand fleuve Océan, la mer qui enveloppe et renferme la terre. Encore une fois, la mer (l'eau) représente une "réalité qui disparaît". C'est particulièrement évident dans l'autre poème homérique, l'Odyssée, dans lequel le voyage initiatique est représenté comme un long voyage en mer jusqu'au retour à la patrie: la maison non voilée de l'Être initialement méconnaissable pour Ulysse lui-même, qui en a été éloigné trop longtemps.

Dans cette perspective, l'œuvre d'Homère et de Dante est présentée dans les deux cas comme une révélation divine. Si Homère a été la première révélation religieuse d'Europe, Dante est celui qui a révélé le premier le mystère de la romanité sacrée. La Commedia, selon De Giorgio, représente "l'assomption la plus vertigineuse de l'humain au divin, le tracé le plus intégral de la Via Sacra". L'œuvre de Dante est un retour à la source, à l'endroit où l'eau est la plus pure. Il exprime le besoin de revenir au début. Tout comme l'eau est plus pure près de la source (une idée qui rappelle la charia dans l'Islam comme le chemin vers une source d'eau dans le désert), l'homme est plus parfait à mesure qu'il se rapproche de Dieu. En d'autres termes, Dante trace "dans le sens de la double tradition unifiée au nom de Rome, les degrés de réalisation de l'ascétisme" [8] et, avec lui, la rectification spirituelle de l'Europe.

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Le symbolisme de la croix se retrouve dans le fascio littorio comme emblème figuratif du pouvoir. Les douze bâtons (12, comme 1+2, est également un symbole trinitaire) indiquent la couronne zodiacale et la fixité du cycle solaire (stabilité). Douze, d'ailleurs, étaient les vautours escortés vers l'est (avec la foudre, la lumière et le son comme véhicule de la révélation divine) par Romulus sur la colline du Palatin d'où il tira les auspices pour la fondation de la ville de Rome: l'Urbs à l'intérieur de laquelle il y a non seulement des temples dans lesquels les cultes des dieux sont célébrés mais dans lesquels leur présence est manifeste [9]. La hache à deux branches (une sorte de croix de Saint-André, similaire en cela au Geviert heideggérien) placée au sommet du faisceau est le symbole de la conjonction entre la loi humaine (jus) et la loi divine (Fas). Et le droit romain lui-même, fondé par Romulus et codifié par Numa, constitue l'égalisation des exigences humaines dans la loi de Dieu. Dans le droit sacré de la Rome antique, en effet, coexistent le Fas, droit divin (la norme émanant de la volonté divine), et le jus, droit humain façonné par la volonté des hommes. Comme le rapporte le penseur traditionaliste espagnol Antonio Medrano : "Le Fas constitue la base et le fondement du second, le jus, qui n'est rien d'autre qu'une dérivation du Fas [...] le jus ou la loi humaine doit respecter le Fas ou la loi divine" [10].

Le Fas, dans ce sens, est le jus divinum, le devoir sacré, l'ordre sacré ou le droit sacré. Le Fas est tout ce qui se conforme à la volonté des dieux. Ce qui est contraire à leur volonté, comme le proclame Cicéron, est nefas: "quod non licet, nefas" (ce qui n'est pas permis, est néfaste). À cet égard, Julius Evola est encore plus clair : "chaque fois que la vie humaine, individuelle ou collective, s'écarte du Fas, on commet un acte déplorable et générateur de conséquences fatales" [11].

Toujours selon Medrano : "le concept romain du Fas en vient à coïncider avec l'Asha ou 'bon ordre' de la religion zoroastrienne, le Rita de la tradition védique indo-aryenne et avec le Dharma de la culture hindoue et bouddhiste [...]. Le Fas romain présente également des similitudes avec les divinités grecques Dike et Themis, qui incarnent l'idée de Justice, de Loi ou de Norme divine (Nomos) [...] L'origine étymologique du mot latin Fas se trouve dans la racine indo-européenne dhe-, qui contient le sens de placer, situer, arranger" [12]. De la même racine dérivent les mots "heureux", "de bon augure", "faisceau" et les termes susmentionnés Dharma et Dike. De plus, les assonances avec le latin Deus et le grec Theos sont évidentes.

Romulus, chef militaire et augure, incarne parfaitement le rôle du roi et du prêtre dans la tradition indo-européenne. Il est le monarque qui combine les fonctions des trois classes de l'organisation sociale indo-européenne : la gestion du sacré, la gestion de la guerre et la gestion sacrée de la production, de la richesse et des activités matérielles nécessaires à la subsistance.

Lorsque les Grecs étaient sur le point d'abandonner l'entreprise troyenne, Ulysse leur a dit: "Non, il n'est pas bon de commander à plusieurs. Que l'un d'entre eux soit le chef de file". Nous trouvons ici l'idée (proprement indo-européenne) selon laquelle l'unité souveraine de l'éternité doit correspondre au Chef unique dans le temps. De Giorgio écrit: "et comme Dieu est pure contemplation, et qu'on ne peut concevoir en lui autre chose que la jouissance cognitive de l'éternité, ainsi le Chef inversement fera de sa vie une pure activité dédiée au maintien du commandement sur terre par l'exercice de la justice" [12]. Mais il ne peut y avoir de justice et d'exercice légitime de la règle si l'on dénature la nature des hommes en négligeant leurs possibilités réellement positives de développement, puisque le suum cuique tribuere du droit romain, au sens profond de l'expression (pour revenir aussi à ce qui a été soutenu au début de cet essai), signifie permettre à chacun de se conformer à sa propre nature et de profiter du courant dans lequel il est né.

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Dante est un défenseur de cette forme intégrale de traditionalisme parce qu'il reconnaît non seulement comment l'action est subordonnée à la contemplation, mais aussi comment la rectification spirituelle de l'Europe au moyen du "divin rectificateur" Veltro est inséparable de la romanité comprise comme un principe commun et une puissance unificatrice dans l'Empire et l'Empereur.

Le métaphysicien français René Guénon a trouvé ces aspects politico-spirituels dans l'étude numérologique de la Commedia de Dante. Dante, observe Guénon, place sa vision au milieu de sa vie et au milieu de la vie du monde (65 siècles). L'évaluation de la vie du monde (ou du cycle actuel), dans ce cas, comme le rappelle toujours le penseur de Blois, est de 130 siècles: soit 13.000 ans, ce qui correspond à la durée de la "grande année" pour les Grecs et les Perses considérés, par Hésiode et Hérodote, comme des "frères engendrés par la même lignée divine". C'est le temps entre deux renouvellements différents du monde. Le nombre 65, en chiffres romains, correspond à LXV qui, en inversant les deux dernières valeurs, devient LVX avec une référence plus qu'évidente à la "lumière divine" et à la "métaphysique de la lumière". D'innombrables autres nombres reviennent avec continuité dans le poème de Dante: de sept (le nombre sacré dans toutes les traditions religieuses) à 9 (le triple ternaire), de 33 (les années de la vie terrestre du Christ) à 99 (le nombre d'attributs divins dans la tradition islamique). Cependant, ce sont 666 et 515 qui jouent un rôle prédominant. Le 666 (nombre de versets séparant la prophétie de Ciacco de celle de Virgile et celle de Brunetto Latini de celle de Farinata), déjà une expression du soleil, apparaît comme le nombre de la Bête dans l'Apocalypse de Jean où il contient en lui-même le nom même de l'Antéchrist. Le nombre 515, quant à lui, est le nombre du messager de Dieu, parfois associé au "Veltro", c'est-à-dire à un chien: un terme dont la consonance particulière est proche du mot "Khan" indiquant la puissance/pouvoir dans diverses langues répandues sur le continent eurasien. Le 515, à son tour, en chiffres romains est transcrit comme DXV qui, en inversant les deux dernières valeurs, devient DVX : un terme indiquant le rôle de "chef", "guide" ou "chef militaire" [14].

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Dans l'idée politique de Dante, l'Empire est une monarchie universelle (voulue par Dieu) nécessaire au bon ordonnancement politique du monde. L'Empire, en tant qu'institution réunissant le pouvoir temporel et spirituel, est le seul système politique capable de réaliser la mission terrestre et céleste de l'homme. En effet, elle est l'aboutissement par excellence de la vie associée de l'homme. Un tel Empire, cependant, ne peut que (re)construire sur cette Tradition romaine dont le destin est d'être un médiateur entre l'Orient et l'Occident. L'Italie elle-même, de par sa nature et sa conformation géographique, est un isthme entre deux mondes. Une caractéristique que l'on retrouve dans la divinité "purement italique" de Janus, à deux visages, qui regarde à la fois l'ouest et l'est et dont le temple, fermé en temps de paix, n'est ouvert qu'en cas de guerre. Rome était en outre la seule ville à être le centre sacré de deux traditions différentes et, du point de vue de De Giorgio, seulement apparemment antagonistes, la tradition "païenne" et la tradition chrétienne. Rome est donc un phare ; elle est l'Orient de l'Occident. "L'Occident, écrit De Giorgio, doit son existence à Rome, et rien de durable ne peut y être accompli, rien de saint, rien de sacré qui ne soit pour Rome et à Rome" [15], le centre sacré situé à mi-chemin entre l'Orient et l'Occident. Si le déclin de l'Occident a pu se prolonger aussi longtemps, la seule solution est de se tourner à nouveau vers l'Orient d'où Rome, selon le penseur né en Campanie, aurait puisé deux fois, avec le retour d'Énée (fils d'un mortel et de Vénus, à l'égal de Romulus, fils d'un Dieu et d'une mortelle) et avec la nouvelle tradition chrétienne (une fois la première épuisée), la raison et la force même de son existence. "Jamais l'Occident n'a été plus original que lorsqu'il s'est rapproché de l'Orient et a reconnu sa suprématie contemplative en renouant avec son origine traditionnelle comme titre de fierté et de noblesse" [16].

Notes :

[1] G. De Giorgio, La Tradizione Romana, Edizioni Mediterranee, Rome 1989, p. 177.

[2] Ibidem, p. 110.

[3] Voir D. Perra, Dalla geografia sacra alla geopolitica, Cinabro Edizioni, Rome 2020.

[4] La Tradizione Romana, ibidem, p. 88.

[5] Ibidem, p. 99.

[6] A. Medrano, La via dell'azione, Cinabro Edizioni, Rome 2021, p. 69.

[7] Y. C. Bonaud, Un gnostique inconnu au 20ème siècle. Formation et œuvres de l'Imam Khomeyni, Il Cerchio, Rimini 2010, pp. 97-99.

[8] La Tradizione Romana, ibid. p. 255.

[9] M. Polia, Reges Augures. Il sacerdozio regale nella Roma delle origini, Cinabro Edizioni, Roma 2021, p. 34.

[10] La via dell'azione, ibid. p. 140.

[11] J. Evola, La Tradizione di Roma, Edizioni di Ar, Padoue 1977, p. 213.

[12] La via dell'azione, ivi cité, p. 144-145.

[13] La Tradizione Romana, ibid. p. 168.

[14] R. Guénon, L'esoterismo di Dante, Adelphi Edizioni, Milan 2001, pp. 81-83. Voir également G. De Giorgio, Studi su Dante. Scritti inediti sulla Divina Commedia, Cinabro Edizioni, Rome 2017.

[15] La Tradizione Romana, ibidem, p. 177.

[16] Ibidem, p. 296.

Une balle dans le genou: les sanctions font mal - mais pas à la Russie

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Sanctions de l'UE:   

Une balle dans le genou: les sanctions font mal - mais pas à la Russie

Source: https://www.unzensuriert.at/content/150401-schuss-ins-knie-sanktionen-treffen-schmerzlich-aber-nicht-russland/?utm_source=Unzensuriert-Infobrief&utm_medium=E-Mail&utm_campaign=Infobrief&pk_campaign=Unzensuriert-Infobrief

Bien que la majorité des Autrichiens ne veuillent pas geler le prochain hiver "pour emmerder Poutine", le gouvernement noir-vert soutient les sanctions contre la Russie. Mais elles n'y arrivent pas du tout comme prévu.

"Des sanctions inefficaces ?", demande ce jeudi le quotidien Die Welt. Et en résume dès le sous-titre la quintessence :

En avril, la Banque mondiale prévoyait encore un effondrement économique de 11,2% en 2022 pour la Russie, et a entre-temps ramené ce chiffre à 8,9% seulement. La tendance est encore à la baisse.

La banque centrale russe a annoncé il y a quelques jours que les craintes d'une contraction de l'économie de 8 à 10 pour cent en raison des sanctions occidentales avaient été surestimées. La Russie ne sera pas touchée aussi durement qu'après la crise financière de 2009.

Les leçons de l'histoire

Depuis les dernières sanctions occidentales - oui, les États-Unis et leurs vassaux jouent à ce jeu depuis des années ! - la Russie s'est délibérément rendue moins dépendante des importations, stratégie qui porte aujourd'hui ses fruits. Certes, des produits importants manquent, surtout dans le domaine de la fabrication, mais la situation est loin d'être aussi dramatique que ce qu'en disent les médias mainstream occidentaux.

Une autre chose ne devrait pas plaire aux fauteurs des sanctions: la monnaie russe s'est appréciée de plus de 40% par rapport au dollar depuis le début de l'année. A cela s'ajoute l'énorme augmentation des revenus issus de la vente de pétrole et de gaz naturel, car la Russie continue à honorer ses contrats de livraison. Le trésor de guerre n'est pas seulement rempli au sens propre du terme, il l'est de manière inattendue !

L'Europe chancelle

Si l'on met en parallèle les évolutions et les perspectives dans les pays occidentaux, le bilan est triste, car l'Europe chancelle. Le ministre fédéral allemand des Finances, Christian Lindner (FDP), a déjà engagé la population dans une ère de privations qui devrait durer plusieurs années, des privations posées comme un "renoncement dans l'intérêt d'objectifs supérieurs", dit-on dans les hautes sphères de la RFA, afin de punir la Russie pour son attaque contre l'Ukraine et de pérenniser la domination américaine.

Il y a quelques jours, Agenda Austria a analysé les conséquences que vont avoir ces "intérêts supérieurs" pour l'Autriche, et plus précisément l'impact que pourrait susciter une réduction des livraisons de gaz en provenance de Russie. Si la Russie livre 25% de moins, l'économie risque de perdre 2,4 points de croissance - ce qui devrait coûter environ 40.000 emplois. Et ce ne sont "que" les effets de la réduction des livraisons de gaz !

Les citoyens ne sont pas consultés

De plus, les citoyens ne soutiennent pas cette politique ! La majorité des Autrichiens ne veulent ni avoir froid, ni se serrer la ceinture pour en "montrer aux Russes". Cette rétivité des citoyens de la République alpine devrait encore augmenter lorsque la population se rendra compte que les sanctions frappent plus durement les pays qui les ont imposées que le pays qu'elles devraient frapper.

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Le véritable ésotérisme

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Le véritable ésotérisme

Par Idelmino Ramos Neto

Source: https://auroradeferro.org/blog/f/o-verdadeiro-esoterismo?blogcategory=Tradicionalismo

Le monde, c'est bien connu, traverse depuis longtemps un long et progressif processus de corruption de l'âme. Il atteint actuellement les dernières étapes de cette longue chaîne dégénérative, plongeant dans la période que les anciens peuples nordiques appelaient l'âge du loup.

Dans ce sens, non seulement les hommes de petite vertu domineront l'État, exerçant une sorte de pouvoir décadent et inversé, mais aussi le sens profond de toute la connaissance sacrée sera perdu, jusqu'à ce qu'un restaurateur de la souche divine vienne rétablir cet axe correctement.

Il n'est donc pas faux de souligner qu'en vérité, une grande partie de ce que l'on entend par ésotérisme, profondément influencée par les interprétations erronées proposées par des figures de l'occultisme des XIXe et XXe siècles, est presque entièrement fausse.

En premier lieu, il est nécessaire de souligner que l'ésotérique, c'est-à-dire la Métaphysique, concerne la structure qui sous-tend l'ensemble du champ religieux - ce qui est, en soi, Supra-religieux, et non pas irréligieux ou antireligieux.

En allant plus loin, la fonction de la doctrine ésotérique n'est pas simplement de "vénérer" les dieux en tant que principes en soi, mais, par la connexion à ces aspects immortels, d'instiller dans l'intérieur de l'homme un pont vers l'éternité - permettant de dépasser ses propres limites.

Par conséquent, tout rite qui n'a pas pour nord (pour étoile polaire) l'ascèse est inutile et contre-productif.

L'homme moderne, même celui qui se considère comme anti-moderne, voit l'ésotérisme avec des yeux qui ne cherchent à trouver dans le sacré qu'une source de marchandage pour des avantages matériels - et c'est pour cette raison qu'il est frustré, se noyant dans la fange profonde des ténèbres telluriques, aspirant à ce que le Surnaturel se soumette au profane.

En ce sens, il est péremptoire de rompre tous ces liens telluriques et décomposés.

Les dieux sont extérieurement des forces subtiles de la nature, intérieurement des puissances à cultiver et à nourrir - afin que l'homme puisse surmonter sa propre nature déchue et s'élever au firmament.

D'où la maxime des Grecs, gravée dans le temple d'Apollon à Delphes : "nosce te ipsum" - connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux.

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Les Etats-Unis veulent maintenir leur statut de superpuissance à tout prix

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Les Etats-Unis veulent maintenir leur statut de superpuissance à tout prix

Zamir Ahmed Awan

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/geoestrategia/37863-estados-unidos-quiere-mantener-su-estatus-de-superpotencia-a-toda-costa

Les États-Unis cherchent désespérément à maintenir leur hégémonie et leur suprématie. Ils prennent des mesures extrêmes et peuvent aller jusqu'au bout pour maintenir leur hégémonie et leur suprématie. Leur politique de pétrodollars a joué un rôle important, mais, récemment confrontés à des défis, les États-Unis deviennent nerveux et fous.

Le pétrodollar consiste en tout dollar américain versé aux pays exportateurs de pétrole en échange de pétrole. Le dollar est la monnaie mondiale prééminente. Par conséquent, le prix de la plupart des transactions internationales, y compris le pétrole, est fixé en dollars. Les nations exportatrices de pétrole reçoivent des dollars pour leurs exportations, et non leur propre monnaie.

En outre, la plupart des nations exportatrices de pétrole sont propriétaires de leurs industries pétrolières. Cela rend leur revenu national dépendant de la valeur du dollar. S'il baisse, il en va de même pour leurs recettes publiques. Par conséquent, la plupart de ces exportateurs de pétrole rattachent également leur monnaie au dollar. Ainsi, si la valeur du dollar baisse, les prix de tous leurs biens et services domestiques baissent également. Cela permet à ces pays d'éviter les grandes variations de l'inflation ou de la déflation.

Le système des pétrodollars est lié à l'histoire de l'étalon-or. Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis possédaient la plupart des réserves d'or du monde. Ils ont accepté d'échanger tout dollar américain contre sa valeur en or si d'autres pays attachaient leur monnaie au dollar. D'autres pays ont signé cet accord lors de la conférence de Bretton Woods de 1944, qui a établi le dollar américain comme monnaie de réserve mondiale.

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Le 14 février 1945, le président Franklin D. Roosevelt a scellé l'alliance des Etats-Unis avec l'Arabie saoudite. Il a rencontré le roi saoudien Abd al-Aziz. Les États-Unis ont construit un aérodrome à Dhahran en échange d'une formation militaire et commerciale. Cette alliance était si cruciale qu'elle a survécu aux années suivantes où il y a eu bien des divergences d'opinion sur le conflit israélo-arabe.

L'accord de 1945 entre les États-Unis et l'Arabie saoudite a cimenté la relation entre le dollar et le pétrole. Le pétrodollar était né. En 1971, la stagflation américaine a provoqué l'effondrement du dollar. De nombreux pays ont demandé à échanger leurs dollars américains contre de l'or. Pour protéger les réserves d'or américaines restantes, le président Richard Nixon a retiré le dollar de l'étalon-or. En conséquence, la valeur du dollar s'est effondrée. Cela a aidé l'économie américaine car la valeur de ses exportations a également baissé, ce qui la rendait plus compétitive. La chute du dollar a nui aux pays exportateurs de pétrole, car les prix contractuels étaient cotés en dollars américains. Leurs revenus pétroliers ont chuté en même temps que le dollar. Le coût des importations, libellées dans d'autres devises, a augmenté.

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En 1973, Nixon demande au Congrès une aide militaire pour Israël dans le cadre de la guerre du Yom Kippour. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole, nouvellement formée, a interrompu les exportations de pétrole vers les États-Unis et d'autres alliés d'Israël. L'embargo pétrolier de l'OPEP a quadruplé le prix du pétrole en six mois. Les prix sont restés élevés même après la fin de l'embargo. En 1979, les États-Unis et l'Arabie saoudite ont négocié la Commission mixte États-Unis/Arabie saoudite pour la coopération économique. Ils ont accepté d'utiliser des dollars américains pour les contrats pétroliers. Les dollars américains seraient recyclés aux États-Unis par le biais de contrats avec des entreprises américaines. Ces entreprises améliorent les infrastructures saoudiennes grâce au transfert de technologie.

Les États-Unis utilisent la puissance des pétrodollars pour imposer leur politique étrangère. Mais de nombreux pays ne ripostent pas. Ils craignent que cela signifierait l'effondrement du système des pétrodollars.

Cependant, plusieurs pays ont intensément réfléchi et ont réagi contre le concept du pétrodollar et quelques dirigeants arabes ont déclaré vouloir dorénavant faire du commerce en monnaie locale ou en toute autre monnaie, se dissociant ainsi du dollar. Le rôle principal a été joué par le président Saddam Hussein, le colonel Kadhafi de Libye et le président syrien. Les États-Unis les ont punis et ont changé les régimes de ces pays.

La Chine a appelé à un remplacement du dollar américain comme monnaie mondiale. Bien qu'elle soit l'un des plus grands détenteurs étrangers du dollar. La Chine influence le dollar américain en arrimant sa monnaie, le yuan, à celui-ci. La Chine a signé un accord d'échange de devises avec plus de vingt pays et commerce déjà avec eux en yuan ou en devises locales. Elle importe du pétrole et du gaz de certaines nations arabes en yuan.

La Russie a exigé de régler les factures de gaz en roubles et certains pays européens ont déjà accepté de payer en roubles. L'UE ne voit pas non plus d'objection à ce qu'un État membre paie en roubles plutôt qu'en dollars. La Russie commerce avec certaines autres nations en roubles ou en monnaies locales au lieu de dollars.

La Russie a fait chuter la valeur du dollar et de l'euro de 30 % en un clin d'œil en rattachant le rouble russe à la valeur de l'or et en déclarant qu'elle ne fournit du pétrole que contre le rouble russe. La décision de la Russie signifie que désormais le monde entier, en particulier l'Europe occidentale et le Japon, achètera le rouble russe en y vendant des dollars, car le rouble russe est devenu du jour au lendemain une monnaie plus stable après avoir été rattaché à l'or.

Les États-Unis, qui ne produisent en masse que des armes et des munitions, sont pris dans une terrible crise économique. En cas de contraction du dollar, les États-Unis ne peuvent pas couvrir leur déficit budgétaire de 306 milliards de dollars. Cela provoquera un grave chômage et affectera négativement le filet de sécurité sociale. C'est la bombe atomique économique dont Joe Biden était conscient lorsqu'il parlait de l'éviction de Poutine en Pologne.

Poutine ordonne aux pays européens d'effectuer les paiements de gaz et de pétrole en roubles et d'ouvrir des comptes dans les banques russes. Cela affaiblit les sanctions américaines contre la Russie. Bien que la Russie n'ait pas riposté aux sanctions américaines de manière aussi agressive, elle a introduit calmement ses politiques pour contrer les sanctions et ce, avec succès.

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Le déclin rapide des États-Unis a rendu ses dirigeants nerveux et fous. Ils prennent toutes les mesures possibles pour maintenir leur hégémonie et leur suprématie. Bien que la guerre en Ukraine ne soit qu'un phénomène marginal, l'objectif est de maintenir le statu quo. Malheureusement, les États-Unis ne s'intéressent pas à la paix mondiale, à la stabilité ou au sauvetage de vies humaines. Leur seule priorité est de maintenir leur hégémonie et leur suprématie. Pour atteindre cet objectif, les États-Unis peuvent sacrifier l'Ukraine ou l'Europe à n'importe quel prix. La politique américaine dans la guerre ukrainienne jette de l'huile sur le feu, il n'y a aucune volonté d'arrêter la guerre, de conclure un cessez-le-feu ou de sauver des vies humaines. Ils fournissent des armes et arment des civils pour provoquer une guerre civile prolongée, pour saigner les Russes à blanc et maintenir de nombreux pays trop engagés et permettre aux États-Unis de maintenir leur monopole et leur avantage.

La Russie était réticente à attaquer l'Ukraine et observe des restrictions depuis un certain temps. En montrant leurs véritables préoccupations en matière de sécurité et en alarmant l'opinion aux États-Unis mêmes où l'on évoque de graves conséquences, Washington a maintenu sa politique d'encerclement de la Russie.

L'adhésion de la Finlande à l'OTAN et son accord de défense avec le Royaume-Uni constituent également une véritable menace pour la Russie. La Russie et la Finlande partagent une longue frontière commune. L'adhésion à l'OTAN signifie le déploiement des forces de l'OTAN le long de la frontière russo-finlandaise, ce qui constitue une menace directe. L'adhésion à l'OTAN d'autres pays scandinaves est également une question sérieuse qui inquiète profondément la Russie.

Il semble que les États-Unis n'aient qu'une seule priorité, celle de maintenir leur position géopolitique, en ignorant les véritables préoccupations des autres nations. Nous, autres peuples, avons peur de l'avenir et craignons que les jours à venir soient difficiles pour l'humanité toute entière.

Dans l'histoire, de nombreuses nations ont atteint le statut de superpuissance et ont régné sur le monde pendant un certain temps, puis se sont effondrées et ont laissé le statut de superpuissance à d'autres nations montantes. Comme l'Empire romain, l'Empire ottoman, l'Empire grec, les empires britannique et français, etc. Mais, les Etats-Unis ne sont pas prêts à accepter le cycle naturel des superpuissances et peuvent aller jusqu'au bout pour maintenir leur statut à jamais, ce qui n'est ni rationnel ni naturel, cela pourrait causer des pertes irrémédiables à l'humanité.

* Prof. Ing. Zamir Ahmed Awan, sinologue (ex-diplomate), éditeur, analyste, membre non-résident du CCG (Centre for China and Globalisation).