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jeudi, 30 juin 2022

Le véritable ésotérisme

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Le véritable ésotérisme

Par Idelmino Ramos Neto

Source: https://auroradeferro.org/blog/f/o-verdadeiro-esoterismo?blogcategory=Tradicionalismo

Le monde, c'est bien connu, traverse depuis longtemps un long et progressif processus de corruption de l'âme. Il atteint actuellement les dernières étapes de cette longue chaîne dégénérative, plongeant dans la période que les anciens peuples nordiques appelaient l'âge du loup.

Dans ce sens, non seulement les hommes de petite vertu domineront l'État, exerçant une sorte de pouvoir décadent et inversé, mais aussi le sens profond de toute la connaissance sacrée sera perdu, jusqu'à ce qu'un restaurateur de la souche divine vienne rétablir cet axe correctement.

Il n'est donc pas faux de souligner qu'en vérité, une grande partie de ce que l'on entend par ésotérisme, profondément influencée par les interprétations erronées proposées par des figures de l'occultisme des XIXe et XXe siècles, est presque entièrement fausse.

En premier lieu, il est nécessaire de souligner que l'ésotérique, c'est-à-dire la Métaphysique, concerne la structure qui sous-tend l'ensemble du champ religieux - ce qui est, en soi, Supra-religieux, et non pas irréligieux ou antireligieux.

En allant plus loin, la fonction de la doctrine ésotérique n'est pas simplement de "vénérer" les dieux en tant que principes en soi, mais, par la connexion à ces aspects immortels, d'instiller dans l'intérieur de l'homme un pont vers l'éternité - permettant de dépasser ses propres limites.

Par conséquent, tout rite qui n'a pas pour nord (pour étoile polaire) l'ascèse est inutile et contre-productif.

L'homme moderne, même celui qui se considère comme anti-moderne, voit l'ésotérisme avec des yeux qui ne cherchent à trouver dans le sacré qu'une source de marchandage pour des avantages matériels - et c'est pour cette raison qu'il est frustré, se noyant dans la fange profonde des ténèbres telluriques, aspirant à ce que le Surnaturel se soumette au profane.

En ce sens, il est péremptoire de rompre tous ces liens telluriques et décomposés.

Les dieux sont extérieurement des forces subtiles de la nature, intérieurement des puissances à cultiver et à nourrir - afin que l'homme puisse surmonter sa propre nature déchue et s'élever au firmament.

D'où la maxime des Grecs, gravée dans le temple d'Apollon à Delphes : "nosce te ipsum" - connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux.

*YouTube : Chaîne

*Support : apoia.se/auroradeferro

*Télégramme : t.me/auroradeferro

*Gab : gab.com/auroradeferro

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samedi, 05 février 2022

Futurisme et occultisme

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Futurisme et occultisme

Andrea Scarabelli

Source: https://blog.ilgiornale.it/scarabelli/2018/09/19/futurismo-e-occultismo/

Comme l'a écrit le politologue Giorgio Galli, en Occident, le culte de la déesse Raison du siècle des Lumières a représenté une césure sans précédent, bannissant une série de composantes alternatives, y compris le soi-disant "occultisme". Une fois passé le printemps de la Renaissance, qui a vu des scientifiques et des mathématiciens s'occuper d'alchimie et d'astrologie, la modernité a choisi une autre voie, matérialiste et mécaniste. Mais quelque chose n'allait pas : il semble que cet état refoulé ne veuille tout simplement pas savoir comment être refoulé, et le voilà qui réapparaît en fait dans les endroits les plus disparates, comme une rivière souterraine qui refait périodiquement surface. La politique en est un exemple très éloquent. Aucune formule institutionnelle n'est à l'abri de l'attrait de l'occulte : ainsi, si Galli a parlé d'ésotérisme sous le national-socialisme, mais aussi sous le libéralisme et la démocratie (notamment dans La politica e i maghi, 1995), Francesco Dimitri a écrit Communism Magico (2004) et Gianfranco de Turris a édité un volume au titre significatif Esoterismo e fascismo (2006).

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Le phénomène occultiste agit de manière karstique : chassé par la porte d'entrée par les flèches positivistes et par les "Lumières", il revient par la fenêtre, choisissant souvent les artistes comme terrain d'élection. Ceci explique, par exemple, les œuvres de William Butler Yeats, Fernando Pessoa ou Ezra Pound, auxquels sont consacrées respectivement les études de Luca Gallesi (Esoterismo e folklore in Willam Butler Yeats, 1990), Brunello De Cusatis (Esoterismo, Mitogenia e Realismo Político em Fernando Pessoa, 2005, inédit en italien) et Demetres Tryphonopoulos (Pound e l'occulto, 1998). Ces exemples témoignent d'une facette largement ignorée de l'avant-garde - et, en fin de compte, de la modernité elle-même, dans laquelle semble brûler une flamme différente de celle qui a enflammé le siècle des Lumières.

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Le futurisme - dernier phénomène culturel italien à avoir enflammé le monde - n'échappe pas à cette ambiguïté : oui, le futurisme, mouvement moderne par excellence, obsédé par la machine, le futur, la vitesse, la nouveauté... Mais il y a plus que cela. Simona Cigliana en avait déjà parlé dans son Futurismo esoterico (2002), mais récemment Guido Andrea Pautasso est revenu sur le sujet, comblant une énorme lacune, dans Vampiro futurista, publié en avril par Vanilla edizioni et consacré à la présence de l'archétype séculaire du Nosferatu, le mort-vivant, dans la littérature futuriste. Cependant, en sondant l'inconscient - individuel et collectif, comme l'aurait dit Carl Gustav Jung - les futuristes ont exhumé non seulement des vampires, mais aussi ces composantes alternatives que nous avons mentionnées. L'étude de Pautasso est riche et passe en revue de nombreuses suggestions - souvent sui generis, mais en tout cas suffisantes pour démolir les lieux communs de certaines critiques littéraires et artistiques - à travers une immense quantité de citations et de documents de première main.

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Quelques exemples ? Le manifeste La scienza futurista (1916), signé par l'entourage de la revue florentine L'Italia Futurista, qui attire l'attention "sur les domaines les moins explorés de notre réalité, [...] les phénomènes de médiumnité, de psychisme, de radiesthésie, de divination et de télépathie". Parmi les signataires figure également Bruno Ginanni Corradini (alias Corra), qui, quatre ans plus tôt, dans la revue Centauro, avait anticipé la fameuse "écriture automatique" des surréalistes: "Je vais fermer la porte de mon esprit et dire à ma plume : utilise mon encre et ma main comme tu veux [...]. Ce sera une chose presque spirituelle". Dans son poème Attimo (1916), Corra avait déclaré qu'il cherchait "une lueur vers l'ultra-naturel", vers ces régions explorées par une science qui, en plein positivisme, avait sondé tout ce qui était possible et avait maintenant atteint les frontières de l'invisible. Dans sa fureur de tout illuminer, elle a atteint une limite qu'elle ne peut pas franchir : le futuriste Arnaldo Ginanni Corradini ("Ginna", frère du susdit Bruno) en était conscient, et dans Pittura dell'avvenire, il considérait la magie comme la "science de demain" (on croirait lire Colin Wilson...), concevant même une "peinture occulte".

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Se déplaçant avec aisance à travers une immense quantité de documents, Vampiro futurista "mord" dans l'avant-garde, exterminant les "racines occultes du modernisme" dont parlait Léon Surette dans l'un de ses livres les plus célèbres, consacré à Ezra Pound, William Butler Yeats et Thomas Stearns Eliot. Cette dimension se conjugue à une révolte antimatérialiste et antimoderne contre une époque qui commence à montrer les défauts qui conduiront bientôt au massacre du "siècle court". Et cette révolte a enflammé l'avant-garde, mais aussi des cercles hétérogènes comme la Societas Rosicruciana en Anglia, la Theosophical Society (avec les distinctions appropriées, ça va sans dire) et la Golden Dawn, interceptant des géants comme Alfred Richard Orage et Aleister Crowley, Pound et Yeats (entre autres, liés à la revue milanaise Poesia, fondée par Filippo Tommaso Marinetti en 1905).

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Tableaux de Gaetano Previati: "Chasser les marcvhands du Temple", "L'Assomption" et "Le Songe".

Marinetti lui-même fréquentait des érudits ésotériques et des membres de sociétés occultes, comme le théoricien divisionniste Gaetano Previati (qui était également un ami de Boccioni), qui, comme l'écrit Pautasso, a été le seul artiste autorisé par Sâr Péladan (fondateur, avec Oswald Wirth et Stanislas de Guaita, de l'Ordre de la Rose+Croix catholique du Temple et du Graal) à "représenter le symbolisme italien au premier Salon de la Rose+Croix". En 1920, le fondateur du futurisme avait été nommé président du Circolo Occultistico de Milan : des séances médiumniques y étaient organisées, dont Marinetti était témoin et qu'il discutait dans divers rapports publiés dans la revue Senza veli. En ce qui concerne le spiritisme, même Gino Severini et Umberto Boccioni n'échappent pas à sa fascination : ce dernier, en particulier, croit à la "matérialisation des ectoplasmes" et parle des séances de la célèbre médium Eusapia Palladino. Mais il a également déclaré avoir été influencé par les théories de la Quatrième Dimension de Bragdon et d'Ouspensky, un disciple de Gurdjieff.

Pour en rester aux grands noms de l'avant-garde, il est impossible de ne pas mentionner Giacomo Balla, qui a avoué dans une interview: "Je marche sans toucher le sol, tant et si bien que mon esprit s'élève et que je ressens aussi ce qui ne peut être vu (occultisme)". Tandis que son manifeste La ricostruzione futurista dell'universo (La reconstruction futuriste de l'univers), signé avec Fortunato Depero, proclame : "Nous donnerons un squelette et une chair à l'invisible, à l'impalpable, à l'impondérable, à l'imperceptible". C'est dans l'atelier de Balla que se forme, entre autres, le tout jeune Julius Evola, futur créateur d'un dadaïsme supra-rationnel et métaphysique qui s'exprime au début des années 1920 dans le manifeste de l'art abstrait et dans le "poème à quatre voix" La parole obscure du paysage intérieur.

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Non seulement les futuristes étaient ésotéristes, mais ils l'étaient de manière spécifique et différenciée. Les spécialistes, dit Pautasso, identifient même trois lignes principales: la ligne milanaise de Marinetti et Boccioni, "d'un moule magique-théosophique" ; la ligne florentine, développée autour de la revue Lacerba de Papini (fondateur du périodique théosophique L'Anima), "animiste-métaphysique" ; enfin, celui de L'Italia Futurista, lié "aux intérêts spirituels et occultistes", dans lequel apparaît, entre autres, un article d'Irma Valeria, proposant l'utilisation de méthodes occultes pour faire de l'art, à la recherche "d'une nouvelle âme aux facultés supérieures de découverte et de sensation": c'est enfin découvrir l'âme de l'univers caché ; l'atome occulte de notre être et celui du monde sont unifiés". Voici les masques du futurisme occulte: de la "subconscience consciente" qui aspire à "une vérité plus lointaine, plus cachée et occulte" dont parle Ginna, au "désir latent d'expérimenter les forces occultes de l'idéalisme cosmique" d'Enrico Prampolini ; De Carlo Carrà, qui définit ses Parole in libertà comme des "divagations médiumniques", à Ardengo Soffici, dont "la conscience est un globe de lumière qui brille de tous ses rayons selon sa propre force" ; de l'"éclatement ultra-magique" d'Alceo Folicaldi au "mysticisme" de Giovanni Tummolo. Autant d'aspects - auxquels on pourrait ajouter bien d'autres, conclut Pautasso - qui témoignent d'un "lien subtil mais profond entre la culture futuriste, l'art d'avant-garde et le monde de l'occulte". Un univers qui attend d'être découvert et étudié par une nouvelle histoire des idées qui ne s'arrête pas aux piliers des Lumières, mais qui veut étudier le monde moderne sous tous ses aspects. Haut et bas.

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jeudi, 02 décembre 2021

Reghini et Cornelius Agrippa

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Reghini et Cornelius Agrippa

Giovanni Sessa

Le De Occulta philosophia commenté par l'ésotériste néo-pythagoricien

Arturo Reghini était une référence dans la tradition ésotérique du début du vingtième siècle. On sait qu'il a dirigé et collaboré à de nombreux périodiques connus de l'époque et qu'il a été en contact avec des représentants du traditionalisme romain, notamment Julius Evola, avec lequel, après une période de collaboration, il a rompu définitivement. Un moment important dans l'élaboration de son système spéculatif-opératif a été la comparaison avec le travail de Cornelius Agrippa de Nettesheim (1486-1535). Notre affirmation est confirmée par un volume récemment publié, Agrippa e la sua magia secondo Arturo Reghini, qui figure dans le catalogue des Edizioni Aurora Boreale, édité par Nicola Bizzi, Lorenzo di Chiara et Luca Valentini (pour les commandes : edizioniauroraboreale@gmail.com, pp. 327, euro 20,00). Le livre contient trois essais de mise en contexte rédigés par les éditeurs, l'article de Reghini sur l'œuvre d'Agrippa, la biographie du néo-pythagoricien par son disciple Giulio Parise, ainsi qu'une vaste bibliographie.

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Nicola Bizzi signe un essai reconstructif qui met en évidence le rôle joué par l'ésotériste italien dans le contexte historique dans lequel il a agi. Son action est centrée sur une pars destruens, la critique du "modèle post-illuministe de la franc-maçonnerie" (p. 55, soit un modèle ultérieur à l'imposition de la philosophie des Lumières, ndt), et sur une pars construens, la réactualisation de la franc-maçonnerie initiatique et de ses rites. Bizzi reconstruit de manière organique le processus de développement intellectuelle de Reghini, en alternant les données biographiques et la discussion des plexus théorico-opérationnels les plus pertinents de la vision du monde du mathématicien-penseur. L'importance du travail d'Agrippa pour la pensée de Reghini ressort de ces analyses. Le magicien de Nettesheim a corrigé, comme le rappelle opportunément Di Chiara dans son article, dans un sens praxiste, la grandiose vision néo-platonicienne du monde de Marsile Ficin et de Pic de la Mirandole. L'œuvre majeure d'Agrippa, le De occulta philosophia, ne peut être réduite à un exemple d'encyclopédisme érudit de la Renaissance. Dans la dernière édition de 1533, résultat d'une soigneuse et vaste révision textuelle: "la nécessité [...] de procéder à un travail radical de purification et de restauration du corps des enseignements magiques liés à l'ancienne sagesse théurgique devient plus forte" (p. 9). En fait, ils couraient le risque de tomber dans l'oubli, obscurcis par les couvertures intellectualistes/séculières que la vision moderne leur imposait.

La tâche qu'Agrippa s'était fixée est la même que celle que Reghini se fixera au vingtième siècle: vivifier les anciennes connaissances magiques-hermétiques. Dans ce but, la fréquentation de Trithemius (alias Jean Trithème, Johannes Trithemius, Johann von Tittheim ou Johann von Trittenheim), qui le stimule à étudier la tradition ésotérique, lui est très utile. Trithemius, comme s'accordent à le dire les biographes les plus célèbres d'Agrippa, était le Maître d'Agrippa, l'ayant rencontré à une époque où il sortait d'expériences dans des cercles initiatiques, qui ne s'étaient pas révélées entièrement positives. Entre 1510 et 1533, Agrippa consolide son patrimoine idéal, ses expériences sur la voie transmutative. Ainsi, avec l'édition de 1533, il réalise "une véritable systématisation des enseignements magiques et ésotériques disponibles à l'époque" (p. 10). Le savant a pu y parvenir grâce à la protection de l'archevêque de Cologne, Hermann von Wied. Dans le De Occulta, on peut voir diverses influences, déduites des traductions par Marsile Ficin de textes hermétiques, mystérieux, théurgiques et pythagoriciens, mais aussi des références à Pic de la Mirandole. Il y a des références claires au De Verbo Mirifico de Reuchlin ou à des savants comme Paolo Ricci et le franciscain Francesco Giorgio Veneto: "Enfin, la grande tradition de la magie naturelle médiévale, qui de Maître Albertus Magnus (Albert le Grand) passait par [...] Roger Bacon, était largement créditée" (p. 15).

L'œuvre d'Agrippa est organisée en trois livres. La première concerne le niveau le plus bas de la magie, lié à la dimension naturelle. La seconde traite de la magie dite astrale, c'est-à-dire du traitement des sphères intermédiaires et célestes. Enfin, le troisième livre traite du type de magie qui "étudie le plan supra-céleste et purement intellectuel [...] relié au domaine des essences éternelles" (p. 16). L'univers agrippien est régi par une série de correspondances internes ; le niveau inférieur entretient une relation sympathique et analogique avec le niveau supérieur, et vice versa. Le cosmos est animé, vivant. Pour cette raison, chaque entité ne peut être connue à travers ses aspects de surface, en s'arrêtant au mode extérieur, apparent "puisqu'il y a plusieurs niveaux de connaissance d'un même être" (p. 17). En revanche, si l'inférieur est né du processus émanationniste, qui conduit de l'Un au multiple, rien n'empêche de penser à une possible conversion épistrophique, à une "ascension" des entités vers l'Un: " C'est le principe de l'anima mundi qui fonde chez Agrippa à la fois la vue spéculative et l'application magico-opérationnelle de la doctrine" (p. 17). Le cosmos est donc l'imago Dei, tandis que l'homme est considéré par Agrippa, comme microcosme, "image d'une image", imago mundi.

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Le magicien est l'homme qui sait attirer les forces d'en haut, les utiliser pour "écraser la pierre" et la transmuer en sa véritable nature divine: "À la base de cet idéal, il y a la persuasion intime [...] du caractère intégral ou de la dignité [...] congénitale de l'homme " (p. 25). Le magicien réunit les trois niveaux de réalité dans une puissante opération de réintégration. Valentini fait mouche en identifiant dans la déesse Hécate qui, dans le monde gréco-romain, avait des fonctions de psychopompe, la symbolisation d'une fonction essentielle: unir les trois mondes du Cosmos. La déesse était représentée avec un visage infernal, un chien, indiquant la réalité chthonique, un visage terrestre, représenté par un cheval, l'animal vital par excellence. Enfin, un visage céleste, celui d'un serpent, force du primordial, qui a sublimé alchimiquement le caractère éphémère et transitoire des deux premiers mondes, indiquant "la régénération finale d'Hécate triforme [...] qui change de peau, qui de rampant dans la boue devient le Djed égyptien [...] le cobra dressé" (p. 32). Valentini fait remarquer que cette tripartition se retrouve également dans l'hermétisme.

Dans cette tradition, le monde élémentaire, le champ d'action du philosophe naturel, est donné par le Sel, dont la réalisation est obtenue avec la Séparation lunaire, qui induit une première autonomie par rapport à la physicalité. Le monde sidéral est alchimiquement assimilé à Mercure, dont le Travail sur le Blanc jette les bases du dépassement du tellurique. Au bout du chemin, l'assimilation au monde intellectuel, associé au Soufre et au Travail Rouge, témoigne de la transmutation en Or. Cela dit, on comprend que le commentaire de Reghini sur Agrippa est en réalité un traité théorico-réaliste sur l'Opus Magicum.

vendredi, 05 novembre 2021

Prof. Luca Siniscalco : qu'est-ce que l'ésotérisme ?

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Prof. Luca Siniscalco: qu'est-ce que l'ésotérisme?

Professeur d'esthétique à l'université de Milan, professeur de philosophie contemporaine, histoire et culture de l'ésotérisme.

Propos recueillis par Susanna Basile

Ex: https://www.leculture.it/prof-luca-siniscalco-che-cose-lesoterismo/?fbclid=IwAR0fgfXK1BH-LkYKP8X1DydY1aRI2nZbvjJ7b_girMTm-k-MMbwXxhaqri0   

s200_luca.siniscalco.jpgUn entretien avec Luca Siniscalco, professeur d'esthétique à l'université de Milan et professeur de philosophie contemporaine, d'histoire et de culture de l'ésotérisme à Unitreedu. Éditeur d'essais sur Ernst Niekisch, Ernst Jünger et Julius Evola, il collabore à diverses revues et maisons d'édition.

S.B. : Qu'est-ce que l'ésotérisme ?
L.S. : D'une manière générale, l'ésotérisme désigne une doctrine secrète, occulte, réservée à un groupe initiatique, par opposition à la connaissance "exotérique", la connaissance visible, conceptuelle, accessible à la plupart des gens. L'ésotérisme est structuré en un enseignement d'une matrice spirituelle, intérieure, visant la croissance du moi et sa transfiguration, dans un sens vertical et anagogique.

Suivant l'enseignement d'Antoine Faivre (photo, ci-dessous), premier chercheur à s'être spécialisé dans le domaine académique de l'ésotérisme occidental (en tant que fondateur et titulaire de la chaire d'"Histoire des courants ésotériques dans l'Europe moderne et contemporaine" à l'École pratique des hautes études de Paris), on peut reconnaître une tradition comme "ésotérique" dans la mesure où elle satisfait à quatre principes essentiels, qui agissent, pour ainsi dire, comme son "plus petit dénominateur commun" : l'adhésion à la doctrine analogique de la correspondance entre macrocosme et microcosme ; la perception - pas nécessairement panthéiste - de la nature comme une force vivante, animée (une "énergie" plutôt qu'une "chose" - natura naturans plutôt que natura naturata pourrait-on dire, en langage philosophique) ; la contemplation de certaines figures de médiation entre les plans transcendant et immanent, des niveaux cosmiques intermédiaires entre la matière et l'esprit ; la tension existentielle vers la transmutation intérieure.

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Ce dernier point nous permet de penser l'ésotérisme plus comme une orthopraxie que comme une orthodoxie : il existe de nombreux ésotérismes, parfois en opposition aux religions officielles, dans d'autres cas en harmonie symbiotique avec elles (comme le côté occulte, intérieur, de l'"église" visible, extérieure, à laquelle ils se réfèrent), dotés de doctrines, de cosmogonies et de philosophies distinctes, mais toutes ces formes poursuivent la recherche "scientifique" (au sens épistémique traditionnel, certainement pas moderne) de la conjonction concrète, expérientielle, effective avec le divin (métaphorisé de la manière la plus variée : theosis, indiamento, coincidentia oppositorum, nuptiales chimiques, rebis, etc. ). L'ésotérisme - que j'étudie essentiellement dans sa tradition occidentale, mais qui a des liens profonds avec l'Orient - est donc un savoir pragmatique, ou, à l'inverse, une praxis sapientielle, visant à pousser le chercheur vers ceux-ci et la construction d'un chemin individuel, adapté à son "équation personnelle" (je cite ici Evola), enraciné dans la Tradition mais ouvert sur l'Histoire.

S.B. : L'érudit Elemire Zolla parle de vérités (expériences métaphysiques) exposées dans les preuves : quelle est votre opinion ?
L.S. : Dans le binôme que vous proposez se trouve le cœur de la sagesse métaphysique archaïque, en accord avec la définition de l'ésotérisme que j'ai tenté d'élaborer précédemment. On retrouve la trace pragmatique-existentielle de la Sagesse (on parle d'"expériences", et non de "concepts", de "spéculations", de "raisons") et le caractère clair-obscur de la Vérité, que l'ésotérisme, en tant qu'occultisme, permet d'exposer en évidence, comme une connaissance lumineuse et évidente. Cela ressemble à un paradoxe - et c'en est un. En effet, comment peut-on imaginer que des connaissances cachées, obscures, mystérieuses soient "exposées en évidence" ? Nous sommes au cœur de la contradiction logique de la connaissance métaphysique, qui déplace " de force " l'organe de la connaissance du plan logico-dialectique, dominé par le principe aristotélicien de non-contradiction, au plan supra-rationnel, intuitif, symbolique. Ici, tout est Un, et la vérité de l'Un, comme l'enseigne la culture grecque, est donnée comme aletheia, c'est-à-dire comme "non-fondation". Mais cette non dissimulation, tout comme la natura naturans, n'est pas une "chose", un "donné", mais un processus dynamique, fait de polarités, de métamorphoses, d'energheia. La "non dissimulation" n'est possible que si la "dissimulation" est donnée simultanément. La vérité s'offre comme apparition et disparition, présence et absence, lumière et obscurité. Martin Heidegger, dans le domaine philosophique, a écrit des pages splendides sur le sujet qui font écho à une tradition pré-philosophique, une tradition véritablement sapientielle, celle des présocratiques, les "philosophes surhumains" sur lesquels Giorgio Colli a longuement médité. La vérité, au sens authentique, n'est pas la "commensuration", l'"être conforme" à quelque chose d'autre, mais l'ouverture rayonnante et extatique de l'Être de l'entité. L'aletheia, en somme, en tant que révélation dans laquelle la voilure de l'être est transfigurée, n'est pas la propriété d'une affirmation ou d'une proposition, ni une soi-disant valeur, elle n'est pas donnée comme un " concept ", une connaissance spéculative, mais comme un événement : " L'être - écrit Heidegger - est (ouest) essentiellement comme événement (Ereignis) ". C'est la survenance de l'événement de la vérité, à laquelle conduit seulement cette voie sapientielle " qui sort des sentiers habituels des hommes " (Parménide, fr. 1, 27).
C'est à ce type de vérité que l'ésotérisme est confronté.

S.B. : Un auteur parmi d'autres, Julius Evola. Pouvez-vous nous donner quelques indices sur sa personnalité ?
L.S. : Il n'est pas facile de parler de la personnalité d'un auteur qui a systématiquement décrété la non-pertinence de sa propre - comme de toute autre - personnalité dans la transmission du savoir, au point de revendiquer la centralité de la notion d'"impersonnalité active" comme facteur discriminant entre une pensée métaphysique véridique et une extraversion narcissique et pathologique de l'ego hypertrophique d'un sujet "rhétorique".

Toutefois, je peux fournir quelques indications générales, qui sont particulièrement utiles dans la phase d'introduction pour aborder l'auteur traditionaliste. En premier lieu, nous sommes aidés par la célèbre affirmation, proposée par Evola lui-même dans son autobiographie intellectuelle Le chemin du cinabre, sur la base de laquelle Evola définit son "équation personnelle", c'est-à-dire son identité profonde, comme double : d'une part une forte "impulsion vers la transcendance", liée à un "certain détachement de l'humain" ; d'autre part une disposition kshatriya, ou oxyde "guerrier", "un type humain enclin à l'action et à l'affirmation".

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Ces deux niveaux, apparemment antithétiques, ont suscité chez Evola le désir d'une sublimation capable de les réunir, sans perdre leurs particularités, à un niveau supérieur. "Evola conclut dans Il cammino del cinabro (Le chemin du cinabre): "Il se peut que la tâche existentielle fondamentale de toute ma vie ait été de concilier les deux tendances. L'accomplir, et aussi éviter un effondrement, a été possible au moment où j'ai assumé l'essence des deux impulsions sur un plan supérieur. Dans le domaine des idées, leur synthèse est à la base de la principale formulation que j'ai donnée, dans la dernière période de mon activité, au "traditionalisme", par opposition à celui, plus intellectualiste et orientalisant, du courant dirigé par René Guénon".

L'immensité des intérêts théoriques d'Evola, qui s'est occupé d'art et de philosophie, d'ésotérisme et de métapolitique, d'histoire des religions et de symbolisme, de sexologie et d'alpinisme - pour ne citer que quelques-uns de ses principaux noyaux de recherche - témoigne également d'une personnalité complexe, protéiforme mais intégrale, égocentrique mais capable d'extraversion, de confrontation avec l'altérité. Ce type de personnalité est confirmé dans le souvenir du président de la Fondation Julius Evola, Gianfranco de Turris, que nous fréquentons depuis longtemps, qui, dans diverses interviews, rappelle l'impression de "caractère" que lui a laissée Evola. Contrairement à d'autres "témoins" qui parlent d'Evola comme d'un maître spirituel sévère et ascétique, De Turris se souvient du philosophe romain comme d'une "personne normale", sans excentricités ni particularités, à part l'habitude de prendre son monocle dans le tiroir de son bureau et de le porter en présence de dames et de demoiselles ; aucune attitude de supériorité ou de "maître", aucunement une attitude de "je-sais-tout".

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De Turris esquisse ainsi son propre souvenir précieux d'Evola : "Une personne qui parlait de tout et de tous, à la limite du bavardage et de la plaisanterie, comme un vieil ami, sans pomposité ni saccage ni attitude de "gourou"". Et il ajoute : "Un ami, qui n'est pas un "Evolien", m'a raconté que lorsqu'il est allé lui rendre visite avec un fidèle de sa pensée, ce dernier, en entrant dans sa chambre, s'est prosterné sur le sol et a absorbé en silence les préceptes quelque peu absurdes et intemporels qu'Evola lui dictait ! Je ne peux pas penser que cet ami a tout inventé. En revanche, une fois à d'autres qui s'étaient adressés à lui dans un esprit trop superficiel, il les renvoyait à la fin, comme le rappelle Renato Del Ponte, en leur donnant un exemplaire de Tex, la bande dessinée occidentale alors (et maintenant) la plus durable et la plus répandue, comme pour dire, à mon avis : vous êtes mieux adaptés à ce genre de lecture. Le mot du sage...". Comment expliquer cette diversité d'approche, en considérant les différents témoignages comme fiables ? De Turris propose à nouveau une thèse tranchante : Evola aurait fait preuve d'une aptitude - affinée sur le plan psychologique - à reconnaître la sensibilité intérieure de son vaste auditoire, une intuition "subtile" qui l'aurait conduit à "donner à chacun le sien". Ainsi, De Turris conclut : "C'est pourquoi il est apparu "différent" ou singulier à ceux qui lui ont rendu visite, peut-être juste pour une fois. Il se comportait comme un maître zen ou soufi, un peu comme le faisait Pio Filippani-Ronconi : il disait des choses absurdes, utilisait des expressions paradoxales, provocantes, extrêmes, presque comme si, en provoquant, il voulait sonder les réactions de ceux qui étaient en face de lui, comme s'il voulait les tester, les sonder, observer leurs réactions extérieures, mais aussi intérieures.

Les adeptes, les "évolomanes" comme il les appelait lui-même, ont peut-être pris ses propos au pied de la lettre et se sont fait une fausse impression. Il en va de même pour ceux qui venaient à lui avec une attitude trop superficielle, ou pour les fauteurs de troubles, qui se prenaient pour des "hommes d'action" (...). Il n'était donc pas une personnalité multiforme, un caractère variable, mais son être avait un sens parce qu'il correspondait à la personnalité et à l'âme de ses interlocuteurs, sérieux ou pas, préparés ou pas, éduqués ou pas, naïfs ou pas, amis ou ennemis. Son attitude et son langage étaient utilisés pour comprendre qui étaient les nombreuses personnes qui voulaient le voir, le rencontrer, lui parler, peut-être même pour les taquiner subtilement sur leurs exagérations, même si elles ne s'en rendaient pas compte. D'où, mais il s'en moque visiblement, la naissance de certaines légendes urbaines à son sujet qui ne l'ont pas toujours aidé.

En bref, un voyageur de l'Esprit capable de sarcasme et d'auto-ironie. Comme l'enseigne un maître zen : "Si tu rencontres le Bouddha sur ton chemin, tue-le ! Le magistère d'Evola proposait le "meurtre" de son propre moi, brisant sa pluralité et multipliant sa performativité, également au profit des interlocuteurs. Pour de plus amples informations philosophiques, cliquez sur ce lien https://www.siciliareport.it/wp-admin/post.php?post=147989&action=edit.

 

lundi, 18 octobre 2021

Le péronisme ésotérique

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Le péronisme ésotérique

par Claudio Scabuzzo

Ex: https://legio-victrix.blogspot.com/2021/10/claudio-scabuzzo-o-peronismo-esoterico.html?spref=fb&fbclid=IwAR1lL0heEhGKoG6Y_r-OrFiw6wP8aRJaJXLCfZysOQfWh9_SseOkJelgvLI

"La métaphysique et la cosmogonie religieuse ont tenté de réduire le monde à des symboles ou à des idées primordiales"

Jorge Luis Borges

De la divinité des rois à la prestation de serment des souverains avec une Bible, les questions religieuses ou quasi-religieuses ont toujours été associées au pouvoir. Une alliance qui a parfois bien fonctionné pour les groupes au pouvoir car ils ont pu se perpétuer grâce à la bénédiction mystique, mais pas pour leurs subordonnés. La politique et la foi ont cimenté des États puissants, mais ont parfois aussi conduit leurs habitants au désastre.

Il existe des religions de masse, organisées comme un État. Il en existe de plus petites, décrites comme des quasi-religions ou des sectes, mais elles partagent les mêmes ingrédients : elles ont un fondateur, des textes sacrés, des rites et des croyances. Leurs membres croient en l'existence d'un être supérieur, suivent un ensemble de principes religieux, de règles de comportement social et individuel et considèrent cette croyance comme un aspect important ou essentiel de leur vie. Parfois, ces cultes sont liés à la politique de telle manière qu'ils deviennent une seule et même entité. Certains décrivent les groupes islamiques, le fascisme, la mafia italienne, la franc-maçonnerie et le communisme comme des quasi-religions ou des forces politico-idéologiques très proches d'elles.  Il ne faut pas s'étonner qu'un mouvement politique s'appuie sur des éléments de la Foi pour atteindre ses objectifs, puisque les religions sont nées avec l'humanité comme moyen de contrôle social.

Aujourd'hui, au XXIe siècle, nous trouvons des traces de religions dans des mouvements politiques, traces qui passent inaperçues pour beaucoup. Serments d'allégeance, éléments ou symboles catalogués comme sacrés liés à la nationalité, uniformes ostentatoires des autorités civiles qui se transforment en pharaons, actes patriotiques de type rituel, œuvres monumentales avec des objectifs de pérennité du créateur et positions de pouvoir proches du messianisme. La vie pour Dieu et la patrie est un dogme qui enflamme les passions, entre autres choses. Une grande partie du monde vit avec cette dualité et ne reconnaît pas qu'une partie de ses problèmes sont dus à de vieilles traditions doctrinales de foi qui limitent la liberté individuelle et le développement d'une société égalitaire. Les affronter est, dans certains endroits, un défi.

Le fanatisme religieux, la dévotion à l'occulte et le désir de pouvoir ont conduit certaines personnes éclairées à former des loges secrètes basées sur différents cultes et philosophies, où elles ont conçu des plans complexes pour sauver l'humanité du mal. Éclairées par des connaissances "surnaturelles", leurs idées séduisent les personnalités les plus éminentes, les influencent et font partie de leur cercle intime. La franc-maçonnerie a une histoire séculaire de ces pratiques, qui ont été copiées par d'autres loges avec des intentions différentes. Ainsi naissent les loges dogmatiques qui se nourrissent de parapsychologie, d'astrologie, de spiritisme, de magie et d'alchimie, où les élus et les illuminés prétendent aller à l'encontre des lois naturelles grâce à leurs dons particuliers et mystérieux.

Lorsqu'une religion ou une quasi-religion touche un dirigeant politique de masse, les conséquences sont souvent catastrophiques. À une certaine époque, de puissants groupes ésotériques se sont introduits trop facilement dans la vie de Juan Domingo Perón. Il y avait un pourquoi.

Le péronisme mystique

Dans l'Argentine du milieu du XXe siècle, les sciences occultes (en particulier le spiritisme), en vogue dans le monde entier depuis le siècle précédent, bénéficiaient d'un certain soutien officiel. Dans les années 1930, la faculté de psychologie de Buenos Aires possédait un département de psychologie paranormale. En 1948, le parti justicialiste est au pouvoir et la psychologie est incluse comme matière d'enseignement au niveau secondaire, y compris les matières relevant de la parapsychologie. Cette pseudo-science avait un grand soutien dans le péronisme. C'est précisément le secrétaire à la santé de Perón, Ramón Carrillo, qui a créé un bureau de parapsychologie au sein de l'Institut de psychopathologie appliquée, dont faisait partie Pedro Baldasarre, juriste et parapsychologue qui était un grand ami du général Perón.

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C'est le docteur Baldasarre qui a hébergé le lieutenant-colonel de l'époque dans sa maison de Mendoza lorsque, en 1941, il a été affecté au centre d'instruction en montagne. C'est là qu'est née une relation qui a permis à l'avocat et au mentaliste d'accéder aux cercles du Parti Justicialiste.

À cette époque, la Société argentine de parapsychologie est née et, avec le soutien du parti péroniste, l'Ordo Rosae Crucis (les rosicruciens) a reçu un statut légal et l'École scientifique Basilio a connu du coup un grand élan.

Dans l'école scientifique Basilio, on respirait le péronisme. C'est sous les premier et deuxième gouvernements de Perón qu'ils ont été autorisés à utiliser le Parque Luna pour leurs spectacles spirites et, comme si cela ne suffisait pas, ils ont été inscrits au registre national des cultes sous le numéro 209 afin de pouvoir rivaliser à armes égales avec l'Église catholique traditionnelle.

Cette secte spiritualiste est aujourd'hui en déclin, mais elle a recruté 600.000 adeptes dans plus de 40 filiales à travers le pays et à l'étranger. Dans l'une d'entre elles, j'ai vu en 1980, en pleine dictature militaire, comment un groupe de médiums a ramené l'esprit d'Eva Perón sur terre pour transmettre un message aux personnes présentes. Un montage à fort impact accompagné d'une musique d'orgue et de très peu de lumière.

Au cours de son gouvernement, le président Perón n'a pas hésité à accueillir dans son cabinet des personnalités controversées et mystiques telles que Menotti Carnicelli et le pasteur "pentecôtiste" américain Theodore Hicks.

Tout cela n'était peut-être que des gestes pour irriter l'Église catholique, avec laquelle il a eu un affrontement politique majeur au sujet de l'éducation publique, mais cela a montré que Perón ne méprisait pas l'occulte ou les "pseudo-sciences", de sorte que ce qui s'est passé ensuite n'est pas le fruit du hasard, mais de la perméabilité du leader aux questions ésotériques.

Les détenteurs du pouvoir

Au moins deux loges ont accompagné Perón jusqu'à sa mort. L'Anael et la Propagande Due. Ils se sont nourris du pouvoir qui émanait du péronisme et de sa grande mobilisation de masse. Magie, rites, prophéties entourent un Perón avide de connaître l'avenir, manipulé par un entourage qui cherche à lui succéder.

imanaelages.jpgL'Italo-Brésilien Menotti Carnicelli était un médium et un sorcier connu au Brésil et avait des contacts avec Juan Domingo Perón. Il aurait fondé la loge secrète Anael avec d'autres Brésiliens et Argentins, affirmant recevoir des messages d'un ange du même nom.  Certains prétendent même que la loge a été fondée par le dictateur Getúlio Vargas et Perón lui-même, car leurs figures étaient adulées au sein de la confrérie.

Cette loge Anael n'a rien à voir avec la secte colombienne du même nom, qui s'inspire de la gnose et qui est parvenue jusqu'à nos jours avec son cortège de tromperies. L'Anael de Menotti Carnicelli continua sur d'autres chemins, proches de la haute politique.

Getúlio Vargas avait été déposé en 1945 au Brésil et est resté en exil dans son propre pays, créant un réseau d'influences qui le ramènera au pouvoir. Sa fille, Alzira, était son alliée dans cette opération. L'énigmatique Menotti Carnicelli a eu une grande influence sur elle et l'a représentée lors de son voyage à Buenos Aires. Le mystique a rencontré Perón pour qu'il intervienne dans la libération de Getúlio Vargas. Là, il aurait commencé une relation avec la Loge Anael qui ne serait pas interrompue jusqu'à sa mort. Mais il y avait un autre membre de la loge proche du président, Héctor Caviglia, un commissaire-priseur argentin qui devint un conseiller des conseillers de Getulio Vargas, qui devint également proche de Perón pendant sa deuxième présidence et qui l'appelait "le chef d'orchestre cosmique de l'Argentine".

Caviglia affirmait que Perón levait les bras sur le balcon de la Casa Rosada devant ses fidèles parce que ses mains tournées vers le ciel fonctionnaient comme des radars pour recevoir les vibrations des sphères supérieures, qui descendaient ensuite vers le peuple à travers lui. À sa mort, un juge influent a hérité de la direction de la loge. Il s'agissait de Julio César Urien, un péroniste qui avait des liens étroits avec les bureaucrates et les militaires.

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Le texte étrange La raison du tiers monde, le seul livre connu de la loge Anael, qui pourrait avoir été écrit par Urien, indique que Perón a reçu un "homme de liaison" de la loge qui lui a annoncé que "le collaborateur efficace se présentera pour aider à compléter le travail". Cela s'est produit peu avant son exil. Le livre indique qu'en juin 1956, le collaborateur a rejoint la loge et qu'à partir de ce moment-là, il "travaille continuellement et en silence".

    "L'Argentine commence déjà à être le point de départ. C'est l'heure cruciale. Nous sommes proches de l'imposition de la nouvelle civilisation ici. Elle le sera bientôt et par ses meilleurs hommes, et surtout par la jeunesse, aujourd'hui sans espoir ni foi. La destination est la liberté, mais pour l'atteindre, il est nécessaire de passer par différentes étapes", Julio César Urien au magazine Panorama, 7 décembre 1972.

Lorsque le dirigeant d'Anael fait référence au collaborateur qu'il a introduit dans l'entourage de Perón, peut-être fait-il référence au premier secrétaire "homme à tout faire" du général: José Cresto, un spirite qui faisait partie d'Anael et qui progressera plus tard dans la structure justicialiste. Il a joué un rôle important dans la rencontre de Perón avec sa troisième épouse, la danseuse María Estela Martinez.

On dit que sa femme Isabel Zoila Gómez de Cresto était si importante pour María Estela qu'elle a décidé de se faire appeler Isabel, ou Isabelita, comme nom de guerre. Pour elle, José et Isabel Cresto étaient ses parents.

Un autre membre d'Anael va entrer dans la vie du couple Perón avec Crestos. Il s'agit du sinistre ancien policier José López Rega, présenté à María Estela Martínez au milieu des années 60. Ils partageaient un goût pour le spiritisme, qu'ils avaient adopté lors de leur passage à l'école scientifique Basilio. López Rega est entré dans le monde anaélien grâce à sa relation avec Urien, qu'il a rencontré dans l'imprimerie où il était associé.

López Rega avait déjà une carrière prometteuse dans l'occultisme. Il avait écrit deux livres et entretenait des relations avec les dirigeants péronistes par le biais de l'imprimerie Suministros Gráficos. Dans les cercles ésotériques, il s'identifie comme "Frère Daniel" et dans les cercles politiques, il sera connu comme "Lopecito" ou "Le Sorcier". Il ne faut pas longtemps pour que l'ancien policier se rende en Espagne avec Isabelita et devienne le nouveau secrétaire particulier du "tyran fugitif", comme le baptisent les militaires qui ont renversé le général Juan Domingo Perón.

Le magasin s'est transformé en une faction péroniste lorsqu'il a été diffusé que son nom angélique signifiait Avanzada Nacionalista Argentina de Liberación, une façon de dissimuler son origine mystique par un mensonge.

En tout cas, les dirigeants péronistes de l'époque relativisent le poids de ces organisations fascistes ésotériques qui avancent avec leur leader. Ils n'imaginaient pas qu'à un moment donné, ils arriveraient au pouvoir pour démontrer leur bestialité.

La Loge Anael mélangeait ésotérisme et politique. Après le suicide de Getulio Vargas, le projet s'est concentré sur Perón comme leader d'un mouvement hémisphérique qui établirait une troisième position politique avec la justice sociale, un "capitalisme indigène". L'"homme nouveau" de Perón (un concept déjà utilisé par le nazisme, le communisme et le christianisme) a émergé des doctrines de la boutique elle-même. Son départ d'Argentine lui a également été attribué comme une manœuvre de "haute stratégie politique" à la suite du coup d'État de "l'impérialisme anglo-saxon et des oligarchies indigènes". Anael pense qu'après le coup d'État de 1955, le gouvernement a été remis, mais pas les masses "qui appartenaient déjà à la conscience justicialiste". Ils ont également prophétisé qu'"il reviendrait en tant que leader de l'Amérique latine", et qu'il serait "président à perpétuité".

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Le Triple A, qui a plus tard inspiré à López Rega (photo, ci-dessus) le nom de son groupe paramilitaire qui assassinait les opposants en pleine démocratie, a une signification différente dans le livre de la Loge, où il représente les sommets de la géopolitique mondiale avec trois sommets occupés par la Chine, l'Algérie et l'Amérique latine avec un axe reliant Lima, Buenos Aires et Sao Paulo. Ces sommets représentent le "nouveau mouvement messianique de masse, initié dans l'antiquité par Bouddha, Confucius, Lao-Tse, Krishna, Jésus, Mahomet". Ils ont imaginé que nous ferions notre propre révolution "avec une empreinte américaine, avec les idées de base du nazaréisme et de la justice sociale".

De toute évidence, l'environnement de Perón était loin de correspondre à ce que sa figure méritait. Ses relations avec l'ésotérisme vont marquer le destin de son mouvement. L'histoire officielle du dirigeant et de son parti n'aborde pas ces questions controversées, alors qu'ils ont manipulé les événements et précipité la tragédie.

Ni le cadavre momifié d'Eva Perón, rendu à son ex-mari en 1971, ni Juan Perón sur son lit de mort en 1974 n'ont échappé aux rites ésotériques de López Rega, certains en présence d'Isabelita, censée être la bénéficiaire des pouvoirs de ces cadavres célèbres. Le "Sorcier" a suscité la crainte pour ses pratiques et sa cruauté, mais il a dû démissionner puis s'exiler, comme d'autres membres de son organisation paramilitaire et sectaire.

Récemment, sa seconde épouse, María Elena Cisneros, a tenté de blanchir le passé sombre de son mari devant le journaliste Luis Gasulla. Elle a déclaré qu'il était accusé d'être un Templier, un franc-maçon et un membre de l'ordre rosicrucien. Il n'était rien de tout cela. C'était un simple chercheur de vérité. Il n'appartenait à aucune loge, c'était un simple travailleur". Elle nia également qu'il ait été le fondateur de l'Alianza Anticomunista Argentina, le groupe paramilitaire connu sous le nom de Triple A, qui a été responsable de plus de 2 000 crimes politiques au milieu des années 1970, sous le gouvernement de María Estela Martínez de Perón.

Porte de fer, lieu saint et l'homme aux mille visages

Dans son exode, l'ancien président a atterri dans une propriété importante de Madrid, à Puerta de Hierro, que les ésotéristes ont décrit comme un lieu "sacré" aux énergies cosmiques. Le lieu n'était pas au nom de Juan Perón, mais d'Estela Martínez. Le manoir, qui a été baptisé le 17 octobre, a coûté des millions.

Cette porte était l'entrée du Monte de El Pardo, où le dictateur Francisco Franco avait établi sa résidence. Le manoir de Puerta de Hierro était un lieu de pèlerinage pour le péronisme et l'une des destinations de l'intense échange épistolaire que Perón entretenait avec des personnalités politiques similaires du monde entier. Là, il a non seulement renforcé ses relations avec la Loge Anael, mais il a également approfondi son engagement envers la Loge Propaganda Due, ou P2, lorsque les deux s'accordaient.

La Puerta de Hierro se reflète dans un monument avec un arc où Licio Gelli, chef de la loge P2, a effectué un rite d'initiation avec Juan Domingo Perón, le "orecchio del maestro" (à l'oreille du maître), pour l'incorporer à la loge maçonnique qu'il dirigeait.

"L'homme aux mille visages" ou "le marionnettiste", Licio Gelli, a dû se réfugier en Argentine entre 1944 et 1960 pour échapper aux procès pour les crimes commis par le fascisme, auquel il a adhéré en Espagne comme membre de la Phalange espagnole et en Italie avec les Chemises noires. Pendant son séjour dans notre pays, il est devenu l'ami de Perón, qui lui a même remis la Grand-Croix de l'Ordre du Général Libérateur San Martín en 1973 pour "services rendus à la patrie".

La Loge Propaganda Due, P2, une scission des francs-maçons, a été impliquée dans l'un des plus grands scandales d'Italie, la faillite de la banque Banco Ambrosiano en 1982. Cette banque était liée au Vatican et Gelli, son chef visible, dirigeait une organisation dédiée au blanchiment d'argent et aux ventes d'armes composée de politiciens, de magistrats, d'officiers militaires et d'hommes d'affaires européens et argentins.

Des enquêtes récentes ont montré que c'est Gelli qui a négocié avec Lanusse le retour de Perón, qui a nommé Cámpora comme président et qui a choisi Massera comme chef de la marine dans le gouvernement péroniste. Comme si cela ne suffisait pas, même la guerre des Malouines est née de ce plan maçonnique secret. P2, avec des liens bien huilés avec Anael, transcendait tout gouvernement.

    "Isabel Perón s'est rendue chez le major Alberte à Yerbal 81, dans le quartier de Caballito. Elle était accompagnée du jeune médecin Pedro Eladio Vázquez, un dirigeant justicialiste et également un étudiant en sciences occultes. À la maison, Isabel a rencontré le chef de la Loge Anael, le Dr Julio Cesar Urien: "J'ai enfin rencontré le célèbre Dr Urien, m'a dit Isabel, se souvient Urien, Perón a parlé de vous en bien. Et puis il m'a dit: "Docteur Urien, je veux vous demander de prendre en charge le secrétariat du parti justicialiste". J'ai dit non. Je n'avais pas l'ambition d'être secrétaire. Combien de temps pourrais-je tenir comme secrétaire ? Trois ou quatre mois. J'avais une autre mission. Mon idée était de travailler pour l'unité de l'Amérique latine, d'attendre le retour de Perón et de faire un grand mouvement national. Et pour que Perón revienne comme leader de l'Amérique latine. Il serait une sorte de Mao Zedong, un Grand Timonier, un philosophe, un conseiller, un vieux sage, et nous dirigerions le gouvernement d'ici", explique Urien (Marcelo Larraquy, Journaliste et historien, Infobae).

Le fanatisme religieux perdure derrière les extrémismes de la foi 

Les mouvements chrétiens comme l'Action catholique ont été la forge dans laquelle s'est forgé le groupe péroniste subversif Montoneros. C'est également le lieu de naissance de la secte Silo, fondée par Mendocino Mario Rodriguez Cobos (photo, ci-dessous), le "Messie des Andes", en 1969. Le siloïsme s'est nourri du mouvement hippie peace and love, confrontant Anaël à sa conception militante, ses rites spiritualistes et astrologiques. La gauche et la droite dans le domaine des sectes indigènes ont coexisté à l'époque la plus sombre du 20e siècle. Pour Silo, Anael était son véritable ennemi et il craignait même d'être assassiné par eux.

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La secte de Silo est devenue un parti politique dans les années 1990 sous le nom de Parti Humaniste et Parti Vert. Aujourd'hui, elle survit grâce à des cours de méditation pour recruter des membres ayant le désir de faire partie d'une masse qui ne vient jamais.

Les sectes sont imbriquées dans le pouvoir politique et appliquent depuis l'ombre leur idéologie sectaire, fasciste et régressive. La quête du pouvoir peut inclure le mysticisme, mais aussi le meurtre. 

*
Le vieux général Juan Domingo Perón est revenu au pays en 1973, lorsque la dictature du général Agustín Lanusse a permis le début d'un nouveau cycle démocratique. Ce fut un retour sanglant, comme dans les années à venir. Le chef mourra un an plus tard, laissant la Loge Anael comme héritière.

Comme je le raconte dans la trilogie Somos La Rabia, à la mort de Perón, son épouse, María Estela Martínez de Perón, a pris le relais, accompagnée de José López Rega et d'un entourage de membres de l'ultra-droite qui ont confronté la gauche à un autre groupe armé clandestin: la Triple A.

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Le gouvernement démocratique a été transformé en un État terroriste, et ses victimes n'étaient pas seulement les Montoneros, mais aussi ceux qui pensaient différemment. Ils sont devenus l'école que les dictateurs ont ensuite suivie pour anéantir la subversion. Les Montoneros poursuivent leur tâche et collaborent à la chute du gouvernement d'Isabelita. La puissance de López Rega et la faiblesse d'Isabelita étaient évidentes. Le "Sorcier" ne pouvait pas aligner les planètes pour se perpétuer, pas même avec toute la magie qu'il dégageait avec ses rites dans le domaine présidentiel d'Olivos, pendant que sa task force assassinait ses opposants.

Avec le coup d'État contre Isabel, la montée de la dictature militaire, la fuite de Lopecito et de plusieurs membres du péronisme, la Loge Anael semble s'éteindre. Ses prophéties ne prévoyaient pas un tel résultat. Son essence secrète ne permet pas de documenter ses étapes, mais certaines traces ont survécu jusqu'à aujourd'hui. Le cas de la Loge P2 était différent, car elle a continué pendant plusieurs années avec des liens bien huilés avec les militaires putschistes (l'amiral Massera et le général Suarez Mason avaient une relation étroite avec Gelli) et même un événement choquant qui lui a été attribué et qui a touché les fibres intimes du péronisme.

Carlos Manfroni, auteur du livre "Propaganda Due" décrit un réseau de banques tissé par les membres de la loge, qui impliquait même la banque du Vatican dirigée par Paul Marcinkus. "L'objectif ultime pour l'Argentine était de porter Massera au pouvoir, d'aliéner l'Argentine du monde développé et de transformer le pays en une plateforme pour le crime organisé", a expliqué Manfroni. La chute en disgrâce de Gelli et de sa Loge est due à un juge américain bien connu ces dernières années: Thomas Griessa. En 1980, il a poursuivi le banquier Michele Sindona pour la faillite de la Franklin National Bank à New York. Sindona était un membre de la boutique.

Les mains de Perón

Dans un événement choquant, le 1er juillet 1987, les mains de Juan Perón ont été arrachées de sa tombe dans le cimetière de Chacarita, ainsi que d'autres objets (une bague, une cape, un sabre militaire et une lettre d'Isabelita). Comme je l'ai raconté dans l'article La Sociedad de los Muertos vivos, la raison de cette profanation n'a jamais été connue et les objets n'ont jamais été retrouvés.

Les accusations et les soupçons fusent : certains péronistes incluent les Cubains, les Montoneros, les Anglais, les francs-maçons et les spirites parmi les suspects possibles; ils cherchent des coupables dans le reste du monde,

La CIA et les États européens ont fini par s'intéresser à ce cas si étrange de nécrophilie et de profanation, qui encourageait des versions de sorcellerie, d'ésotérisme et de sorcellerie. Précisément, la lettre d'Isabelita a été déchirée en dizaines de morceaux qui ont été envoyés aux dirigeants péronistes avec une note anonyme où l'on pouvait lire "Hermes Iai et les 13", et ils demandaient également 8 millions de dollars pour le retour des membres.

Dans la perplexité d'un cas aussi étrange, les juges et la police ont consulté des diseurs de bonne aventure, des magiciens, des sorciers et des voyants, qui prétendaient avoir des images de rêves prémonitoires et qu'à tout moment ils pouvaient voir où se trouvaient les mains. Elles n'ont jamais été retrouvés.

En 2016, le journal Clarín a publié un article citant le livre La secunda muerte, publié par Planeta, des journalistes David Cox et Damián Nabot. Ils affirment que la signature de la lettre anonyme recèle un mystère et se plongent dans un monde souterrain pour en retrouver le sens.

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Cette profanation entourée de tant de mystères et même de morts inexpliquées pourrait avoir été le dernier acte de la Loge P2 dans sa relation étroite avec le péronisme.

Ils ont consulté des livres ésotériques, parcouru la mythologie égyptienne ancienne pour délimiter les caractéristiques du rituel que les profanateurs ont tenté - ou plutôt réussi. Au cours de leurs recherches, ils ont découvert que "Hermès" est le dieu des morts dans la mythologie égyptienne, que "Iai" signifie rébellion dans la transition entre la vie et la mort, et que "13" sont les parties en lesquelles le corps est divisé, selon les anciennes croyances, au moment de passer de l'autre côté.

"La mutilation du corps de Perón était un crime rituel", affirme le livre, qui relate un témoignage perdu dans le volumineux processus judiciaire sur l'affaire, fait quelques mois après la profanation, par Leandro Sánchez Reisse, l'un des rares qui, dans ces années-là, ont osé accuser Licio Gelli et le lier à "ces rituels". Sánchez Reisse n'avait aucune crédibilité en raison de son passé de répresseur et de membre des services secrets militaires pendant la dictature. Mais en Europe, il avait partagé un donjon avec Gelli et le connaissait bien.

Selon Cox et Nabot, la profanation répondait à un rite destiné à priver un cadavre de certains de ses membres afin que l'âme du mort ne puisse pas accomplir en paix "son transit vers l'au-delà". Ce rite, disent-ils, est en accord avec les croyances de la Loge P2. Pour ce faire, ils ont consulté les archives personnelles de Gelli, qui, en février 2005, a fait don de l'ensemble de sa bibliothèque à sa ville natale de Pistoia, en Toscane. Ils y ont trouvé des livres de Cagliostro, Franck Ripel et d'autres experts en ésotérisme et en rituels anciens. Ils ont même trouvé une lettre de Gelli à Ripel, le découvreur de la signification du mot "Iai".

Le retour d'Anaël

José Cresto était un membre important de cette organisation secrète et nous le citons aux côtés de Perón en exil. Son fils, l'historien Juan José Cresto, était lié au gouvernement justicialiste de Carlos Menem. Il a été le promoteur du motonaute Daniel Scioli pour le lancer dans l'arène politique, son véritable mentor. Cresto, son fils, a été à la fin des années 1990 et au début des années 2000 directeur du Musée historique national et Anael, au XXIe siècle, semble toujours bien vivant. Dans le domaine de la spéculation et des conspirations, certains l'ont désigné comme le "Frère John" et Scioli comme un "initié" présumé de la boutique.

Le frère John a fait l'objet d'allégations de discrimination et de mauvais traitements à l'égard des femmes (dans la loge fasciste, il n'y avait que des hommes) et, pendant son mandat au musée, de nombreux objets historiques auraient disparu. Le journaliste Jorge Boimvaser s'interroge: "Pourquoi les maîtres des lieux ont-ils besoin de l'horloge de Belgrano, par exemple ? Pour les rituels, les supposés transferts d'énergie et autres barbaries similaires qui semblent excentriques pour le commun des mortels, mais pour les membres d'Anael, ils sont sacrés".

En 2014, le journal Clarín a publié que "Le bâton et l'écharpe présidentielle de l'ancien président Arturo Frondizi ont été volés dans la vitrine du musée Casa Rosada en 2009. En août 2007, au même endroit, l'horloge de poche et une montre-bracelet en or appartenant aux présidents Nicolás Avellaneda et Agustín Pedro Justo ont disparu. Au cours du même vol, le stylo en or d'un autre ancien président a disparu: celui de Roberto Marcelino Ortiz. La catégorie des pièces historiques volées comprend également la montre de Manuel Belgrano, qui a disparu du Musée historique national".

L'Argentine occupe la première place en matière de vol de biens culturels, selon Interpol. Plus de 2800 objets ont disparu des musées entre 2008 et 2015. En outre, un Argentin faisait partie d'un puissant gang qui se consacrait au vol de livres anciens et de cartes dans les bibliothèques du monde entier.

Le site web chequeado.com ajoute: "La justice argentine enquête sur au moins deux affaires qui lient un ancien conseiller du parti PRO au pouvoir et un homme d'affaires kirchneriste de premier plan au côté obscur de cette macabre collecte. D'une part, il y a le cas de Matteo Goretti Comolli, ancien conseiller du président de la nation, Mauricio Macri, et qui a fait l'objet d'une enquête parce que 59 pièces archéologiques qui avaient été volées dans un musée de la province de Cordoue se sont retrouvées à son domicile ; et, d'autre part, le cas de l'ami et homme d'affaires du secteur de la construction de l'ancienne présidente Cristina Fernández de Kirchner, Lázaro Báez, qui fait l'objet d'une enquête pour blanchiment d'argent présumé et chez qui les autorités ont saisi une précieuse collection de 312 livres historiques, dont certains incunables.

L'Argentine est l'un des plus grands épicentres de biens culturels d'Amérique latine : elle compte 100.000 pièces artistiques, historiques ou documentaires à caractère public, considérées comme irremplaçables, enregistrées dans la base de données des collections nationales argentines du ministère de la culture. À ce patrimoine s'ajoutent d'innombrables œuvres d'art provenant de collections privées et familiales qui ont été nourries grâce à la migration et à l'argent qui est arrivé en Argentine en tant que "grenier du monde" au début du XIXe siècle (chequeado.com).

Dépossédé de son poste, Juan José Cresto est resté dans l'entourage de Scioli, le candidat frustré du Kirchnerisme à la présidence, qui n'exclut pas la possibilité d'occuper ce poste à l'avenir.

C'est précisément cette interrogation de Boimvaser qui m'amène au fait que des documents historiques sont apparus lors de l'inauguration de l'ancienne présidente Cristina Fernández de Kirchner. En 2018, lors d'une perquisition ordonnée par le juge Bonadío dans le cadre des affaires de corruption qui la visent, une lettre du général José de San Martín de 1835 adressée à Bernardo O'Higgins et un document faisant référence à l'ancien président Hipólito Yrigoyen ont été trouvés dans sa propriété à El Calafate. Les experts affirment qu'elles proviennent du marché noir (bien que l'ancienne présidente ait écrit que la lettre lui avait été offerte par le président russe, Vladimir Poutine, qui l'avait achetée à New York). Je me demande si tout cela n'a pas à voir avec les questions mystiques entourant les objets historiques dans le monde des boutiques comme Anael. Qui sait ?

Certains disent qu'Anaël survit dans certains instituts d'enseignement et dans les autorités publiques. Qu'il existe une "secte d'économistes" liée aux Chevaliers de l'Ordre du Feu, à laquelle López Rega et Celestino Rodrigo ont également adhéré, dont les résultats ne sont pas éblouissants.

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Moon

Des années 1980 à aujourd'hui, une autre secte a envahi le monde politique et des affaires. L'Eglise de l'Unification ou la secte Moon. Fondé par l'anticommuniste coréen Sun Myung-Moon, il s'est répandu dans le monde entier et surtout dans les territoires où il pouvait faire des affaires rentables.

La pensée religieuse de l'Église de la Réunification est un mystère total, Moon prétend que le jour de Pâques 1935, Jésus-Christ lui est apparu alors qu'il priait sur une montagne. Il avait 16 ans lorsqu'il a affirmé avoir reçu de Jésus l'ordre de poursuivre son œuvre inachevée. En 1954, Moon a fondé la Holy Spirit Association for the Reunification of World Christianity. 

La doctrine de Moon est exprimée dans son livre Le Principe Divin. Selon ce texte, Adam et Eve n'ont pas respecté l'idéal de Dieu de former une famille, et Jésus, à son tour, ne s'est pas marié et a été crucifié. Ainsi, l'avènement d'un nouveau messie était nécessaire, né sur terre comme Adam et Jésus, appelé à se marier et à fonder une "famille idéale", et à parcourir le monde pour établir le Royaume des Cieux sur terre (Revista Proceso, Mexique).

En 1995, Moon est reçu par le président Carlos Menem, mais avant cela, il avait séduit la dictature militaire. Quelques années auparavant, il avait même été reçu par le dictateur chilien Augusto Pinochet et progressait déjà avec de multiples entreprises en Uruguay.

La secte a même publié un journal à Buenos Aires, Tiempos del Mundo, dont l'inauguration a été suivie par le président des États-Unis lui-même, George Bush. En 2000, ils ont établi un siège à Corrientes, dans une grande propriété sur les rives du fleuve Paraná. Ils ont même nommé le célèbre Juan Carlos Blumberg comme ambassadeur de la paix.

La secte Moon a des liens avec les industries minières et de l'armement, les chantiers navals, les banques, les fermes, les hôtels, les casinos et les médias. Ils demandent à leurs adeptes de "sortir de l'enfer". Avec leurs collections et leurs entreprises, ils déplacent beaucoup d'argent, séduisant les puissants.

Le côté obscur

On dit que les boutiques et les sectes n'abandonnent pas ceux qui attirent les majorités, elles écrivent l'avenir pour eux, elles les flattent. Ils font revivre les mythes pour persuader des peuples entiers, mais ils font aussi leurs affaires juteuses avec la mémoire émotionnelle des figures épiques. Il ne fait aucun doute qu'ils ont fait partie du péronisme et qu'ils le font peut-être encore aujourd'hui, pour conspirer comme les seuls élus, bénis par un peuple prêt à les suivre et à leur donner du pouvoir.

mardi, 12 mai 2020

Mysticism After Modernism: From Meme Magick to Evolian Populism

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Mysticism After Modernism:
From Meme Magick to Evolian Populism

mysticismaftermodernism-198x300.pngJames J. O’Meara
Mysticism After Modernism: Crowley, Evola, Neville, Watts, Colin Wilson & Other Populist Gurus
Melbourne, Australia: Manticore Press, 2020

“For me real and imagined, by the way, is just the same. Because the world is our imagination.” — Aleksandr Dugin [1] [1]

“The whole vast world is nothing more than the confused imaginations of men and women.” — Neville [2] [2]

A new book from James O’Meara is always a treat, but until that long-awaited collection of film reviews arrives, this will serve to assuage the hungry public. Astute readers here at Counter-Currents will immediately perceive that this is a new, slightly but cunningly revised edition [3] of Magick for Housewives: Essays on Alt-Gurus (Manticore, 2018). Although the title was intended as an homage to Crowley titles like Yoga for Yahoos and Yoga for Yellowbellies, I am told that the publishers found that too many potential buyers were unable to look past the thumbnail online and took it to be a work of “kitchen magic,” which is a new one on me but apparently is a real thing.

I myself miss the perky housewife of the original cover, an icon of American postwar ascendancy who not only alluded to the “ladies who lunch” that filled Neville’s audiences, [3] [4] but also connected it to the author’s End of An Era: Mad Men and the Ordeal of Civility [5] (Counter-Currents, 2017). Arguably the new cover, a moody, misty collage of the subjects, is more appropriate to the contents as a whole.

The subtitle also frees the book from any links to the late, mostly unlamented “alt-right.” Strange as it may seem to our grandchildren — or children — there was a time when anything “hip” was linked to the “alt” phenomenon; sort of like those funny haircuts in old pictures. Potential readers were left asking, along with Steve Bannon:

“But why does a guy who is that sophisticated get hooked up with Richard Spencer? [He’s] a goofball, and you can’t get in business with goofballs like that.” [4] [6]

For the new edition, the contents have been carefully revised, occasional misprints silently corrected, and an index of gurus added for the reader’s convenience.

Since all but the title essay — a synoptic look at the Hermetic tradition from Plotinus to Evola to Neville, demonstrating the author’s easy mastery of the field, which first appeared in Aristokratia IV — appeared in some form here on Counter-Currents, the high level of scholarship and presentation can be taken for granted. But what is the principle of selection for this motley crew, ranging from the infamous Crowley and the underground magic of Evola, to the misunderstood “popularizer” Alan Watts, then to modern chaos magic and Colin Wilson’s Outsider, finally back to the barely remembered midcentury phenomenon who called himself Neville?  As O’Meara explains it,

You can buy James O’Meara’s book The Eldritch Evola here. [7]

51OCsL3ZCNL.jpgIn the wake of the populist revolt against globalist tyranny, and its controversial tribunes like Trump, it’s time for a look at what can now be discerned as an equally new development, on the fringes of Western civilization, among what came to be known as “popular culture,” during the so-called pre- and post-war eras: a new kind of spiritual teacher or “guru,” one more interested in methods, techniques and results than in dogmas, institutions, or — especially — followers.

In the wake of even more recent developments, what O’Meara previously styled “alt-gurus” he now calls “populist gurus.” An equally good term, if we extend our temporal limits back into the 19th century, and acknowledge how geographically American this phenomenon is, [5] [8] might be what Arthur Versluis has dubbed “American gurus,” who espouse what he calls “immediatism.”

[Immediatism is] the assertion of immediate spiritual illumination without much if any preparatory practice within a particular religious tradition. Some call this “instant enlightenment.” [Its] origins precede American Transcendentalism, [6] [9] and whose exemplars include a whole array of historical figures, right up to contemporary New Age exponents. In this line, a figure like Timothy Leary, and other erstwhile psychedelic evangelists, play a significant role because what could be more immediate than the result of taking a pill? [7] [10]

Immediatism is based, in turn, on “an underlying metaphysics” which Versluis calls “primordialism”: “We as human beings have access to blissful awareness that is not subject to temporal or spatial restriction [and] is always present to us.” [8] [11] Since it is always present, it pops up from time to time in history, only to be occulted again by mainstream dogmatism, until rediscovered once more; it endures in time not by institutions but by texts and gurus, [9] [12] and above all by techniques: from Crowley’s convoluted and obscurantist rituals and doctrines to Wilson’s “pencil trick” and, perhaps most archetypally, Neville’s “simple method to change the future”; as Neville says repeatedly, “Go home and try it tonight — prove me wrong!”

So it’s no surprise that immediatism should be so prevalent today, and especially in the United States: in the Kali Yuga, where institutions are in decay, or, as in America, they never really existed.

Immediatism is sort of the Dark Twin of Traditionalism; or rather, seeing it from our Yankee perspective, it’s the Bright Twin. To Traditionalism’s innate pessimism — “You must submit to an orthodox tradition to have even a glimmer of a change, after arduous labor, to achieve enlightenment or even a fully human life; oops, looks there aren’t any around these days, too bad, better luck in the next kalpa” — Emerson, the original American Guru, asks bluntly:

The foregoing generations beheld God and nature face to face; we, through their eyes. Why should not we also enjoy an original relation to the universe? Why should not we have a poetry and philosophy of insight and not of tradition, and a religion by revelation to us, and not the history of theirs? [10] [13] Embosomed for a season in nature, whose floods of life stream around and through us, and invite us by the powers they supply, to action proportioned to nature, why should we grope among the dry bones of the past, or put the living generation into masquerade out of its faded wardrobe? The sun shines to-day also. [11] [14]

This may all seem too airy-fairy, but if you want a practical application, consider, as O’Meara does here, the role played by “meme magick” in the Trump phenomenon; it can also provide the key to understanding Steve Bannon’s surprising and complex relationship with Traditionalism.

Benjamin Teitelbaum, in his War for Eternity: Inside Bannon’s Far-Right Circle of Global Power Brokers, devotes considerable attention to Bannon’s idiosyncratic reading of Guénon and Evola. He never discusses Bannon’s American intellectual heritage, which is a pity, since it would help explain what he calls Bannon’s “horizontal Traditionalism”: rather than bemoaning the confusion of the castes in the modern world, and futilely wishing for a “return of kings” (with oneself, of course, as a king, or at least on the general staff), Bannon tips the hierarchy on its side, and puts his faith in the ordinary working-class Joe Schmoe (Bannon calls them “serfs”) as a perennial source of traditional values to counterbalance the elite’s secular globalism. It’s basically Jeffersonian “natural aristocracy” and a political application of Emerson’s primordialism. [12] [15]

But how does Evola fit in here, with all these mystical Yankee peddlers, these Melvillian confidence men, and lightning-rod salesmen? Was Evola not the proponent of capital-T Tradition with its hierarchies and fatalism?

Indeed; but before he became the darling of alt-rightists seeking “our Marcuse, only better,” before reading a word of Guénon, he was a magician; that is, neither a dogmatic theologian or a materialistic scientist, but an esotericist. That Evola is quoted as the epigraph of the work under review:

One can expect that one day religion, as well as theology itself, will become an experimental science, certainly an upheaval, not lacking interest, that leads us back to a proper view of mystical and traditional esotericism. [13] [16]

This was the “good” Evola. The “bad” Evola arose from what Pierlo Fenili, in an eye-opening article in Politica Romana — “The Errors of Evola” — calls the “wrong choice of traditions;” as Jocelyn Godwin explicates: [14] [17]

Fenili points out that of the four protagonists who were left at the end of the Western Empire in 476, only the Roman Senate and the Eastern Empire had authentic Roman roots. The other two players were the Church, whose origin was in the Near East, and the Germanic peoples of the north, and it was with these enemies of Romanity that Evola chose to align himself.

You can buy James O’Meara’s End of an Era here [5].

51mlLDdbThL._SX322_BO1,204,203,200_.jpgFrom this followed another error, “alienation from the ancestral tradition.” [15] [18] The true Western Tradition was

[Carried] onward by such figures, ignored by Evola [and loathed by Guénon], as. . . Boethius. . . who worked under a Gothic emperor to preserve all he could of Greco-Latin learning; Michael Psellus. . . the Byzantine Platonist; the early Humanists from Petrarch onwards, whom Evola dismisses as merely safeguarding the “decadent forms” of Antiquity; Ficino, who continued Boethius’s project by translating the works of Hermes, Plato, and the Neoplatonists; Pico della Mirandola with his defense of the dignity of man [which Evola] censured for its “rhetorical exaltation of individuality.” 

The choice is not between secular science and “Tradition” in the form of dogmatic religion. [16] [19] The true “Roman” tradition is the one that gave birth to the Renaissance, the Reformation, and the Enlightenment, the bug-bears of both Traditionalists and Neo-Reactionaries. Needless to say, this is the Platonic tradition — pro-science but anti-scientism, pro-spirituality but anti-“churchianity” — to which Emerson and the “American Gurus” belong.

And this is why Evola belongs here; Fenili insists that “the most important part of Evola’s creative oeuvre consist[s] of the works of esoteric, orientalist and philosophic character,” which include The Doctrine of Awakening, The Hermetic Tradition, and The Yoga of Power, which, together with Magic: Rituals and Practical Techniques for the Magus, are the works constantly cited by O’Meara to explicate and justify what he calls “America’s homegrown Hermeticism, native Neoplatonism, and two-fisted Traditionalism” — a more authentic Tradition than anything dreamed up in Guénon’s cork-lined bedroom.

Bringing these figures together illuminates a uniquely American and Modernist phenomenon, excavates a third stream — esotericism — between science and religion, and de-occultates the hidden passage from Evola’s magic to post-Trump populism.

There is another thread of continuity in the studies presented here. Starting from reminiscences of teenage years listening to early Sunday morning radio broadcasts of Alan Watts, through the dense accumulation of names and references, surfacing in the clear, easy mastery of his presentation of Neville as the greatest voice of hermetic tradition in the 20th century, we have here, intended or not, an intellectual biography, a more modest version of Evola’s Path of Cinnabar.

And so we can say, as Teitelbaum says of the Brazilian Traditionalist and populist Olavo de Carvalho:

Thinking in these terms. . . made his ostensible journey seem like no journey at all: his activities since discovering Traditionalism in the 1970s would instead appear variations on a theme rather than a dilettantish succession of gimmicks and reinventions. [17] [20]

Whitman, one of the great voices of American immediatism, comes to mind. “This is no book, cammerade [sic]. Who touches this touches a man. . .”

If you want to support our work, please send us a donation by going to our Entropy page [21] and selecting “send paid chat.” Entropy allows you to donate any amount from $3 and up. All comments will be read and discussed in the next episode of Counter-Currents Radio, which airs every Friday.

Notes

[1] [22] Quoted in Benjamin Teitelbaum, War for Eternity: Inside Bannon’s Far-Right Circle of Global Power Brokers (New York: HarperCollins, 2020), p. 153

[2] [23] “Neville’s Purpose Revealed,” in Let Us Go Into the Silence: The Lectures of Neville Goddard, compiled by David Allen (Kindle, 2016)

[3] [24] Described in the title essay, “Magick for Housewives: The (Not So) New (and Really Rather Traditional) Thought of Neville Goddard.”  Neville, by his own admission, was known as “The Mad Mystic of 48th Street.” The haute bourgeois ladies Tom Wolfe later called “Social X-Rays,” looking for a new thrill, would say to each other: “Oh, do come along and hear him, it’s free and he’s terribly funny!”

[4] [25] Teitelbaum, op. cit., p.267.

[5] [26] Watts were British, but Watts emigrated to the US and gained fame there, while Wilson always felt like an “outsider” in British culture and openly preferred Americans. Neville was from Barbados, emigrated to New York at seventeen, and was given citizenship after being drafted in World War Two. The outlier is Crowley, but he would be an outlier anywhere, and at least spent some time in the US.

[6] [27] Versluis traces it back to Plato, via Emerson: see American Gurus, Chapter 2, “Revivalism, Romanticism, and the Protestant Principle.” Camille Paglia also delineates a “North American Literary Tradition” that originates in the collision of American Puritanism with European Romanticism; see my review “The Native American Nietzsche: Camille Paglia, Frontier Philosopher [28].”

[7] [29] See his interview here [30].

[8] [31] American Gurus: From Transcendentalism to New Age Religion (Oxford, 2014), p 248.

[9] [32] Like Zen, a “special transmission outside the scriptures” – Heinrich Dumoulin, Zen Buddhism: A History. Volume 1: India and China, World (Wisdom Books, 2005), pp. 85-94.

[10] [33] Neville: “Religious progress is a gradual transition from a god of tradition to a God of experience.” (“Control Your Inner Conversations [34],” 4-26-1971.

[11] [35] “Nature” (1844).

[12] [36] “When I was drafted, called, and sent, it was with the command, ‘Down with the bluebloods.’ In other words, down with all church protocol, with anything that would interfere with the individual’s direct access to God. There is only one foundation upon which to build. That foundation is I AM, and there is no other.” Neville, “No Other Foundation [37],” 11-04-1968.

[13] [38] Julius Evola, “The New Spirit Movement”; originally published in Bilychnis, June, 1928.

[14] [39] See Jocelyn Godwin, “Politica Romana Pro and Contra Evola,” in Arthur Versluis, Lee Irwin, and Melinda Phillips (eds.), Esotericism, Religion, and Politics (Minneapolis, MI: New Cultures Press 2012). I don’t read Italian and haven’t read the article itself, so I am relying on Godwin’s presentation.

[15] [40] Guénon, for his part, never even pretended to be “Roman” and in fact despised the Classical world, no doubt a reaction to a typical French education; after years of trying to interest the Catholic Church in his ideas, he eventually converted to Islam. Why rightists think he has anything to contribute to their struggle is a mystery.

[16] [41] Commenting on 1 Corinthians, Robert Price notes that in the “Catholic anti-wisdom section” of Chapter 3 we find “once again, the opposite of [worldly] wisdom is not esotericism but simplicity. The pious attitude is that which regrets the sampling of the knowledge tree in Eden, the erection of the Babel tower. Such a one is happy to mortgage his faith to the Grand Inquisitor.” The Amazing Colossal Apostle: The Search for the Historical Paul (Salt Lake City: Signature Books, 2012); compare Evola’s The Hermetic Tradition: Symbols and Teachings of the Royal Art (Rochester, Vt.: Inner Traditions, 1995), especially the “Introduction to Part One: The Tree, the Serpent, and the Titans.”

[17] [42] Teitelbaum, op. cit., p.260.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2020/05/hes-our-bannon-only-better-from-meme-magick-to-evolian-populism/

jeudi, 12 mars 2020

Le Raspoutine d’Himmler

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Le Raspoutine d’Himmler

par Julien DARVANT

Sur le fameux « Ordre noir » de la SS, de nombreuses choses furent dites et écrites. La légende entourant ce corps d’élite se nourrit des spéculations des historiens qui font souvent appel aux mythes, plutôt qu’aux faits pour expliquer ses symboliques. Chevalerie moderne, ordre occultiste, secte néo-païenne… plusieurs interprétations ont été données pour expliquer cet ordre qui revêtait un caractère spiritualiste le distinguant des autres formations militaires de son époque. Une des théories en vogue fut que la SS possédait une religion qui lui était propre. Celle-ci aurait été inspirée par Karl Maria Wiligut, véritable Raspoutine du Reichsführer Heinrich Himmler.

Mais il s’agit de fiction. Dans une récente monographie dédiée à Wiligut, Christian Bouchet remet les pendules à l’heure. Oui, Wiligut fut bien impliqué dans la SS et oui, il développa des thèses spiritualistes qui le conduisirent à l’hôpital psychiatrique, mais il n’eut pas l’influence que certains lui prêtent. Wiligut en tant qu’éminence grise d’Himmler n’est qu’un mythe.

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Bouchet nous présente ainsi l’histoire pour le moins inusitée de ce personnage atypique qui fait partie de de ces hommes singuliers qui rêvent de faire l’histoire ou d’y laisser leur trace de façon indélébile, mais qui de par leur originalité restent en marge, ne parvenant pas à s’imposer ou à transmettre ce qu’ils auraient aimé pouvoir laisser comme héritage.

C’est après avoir servi durant la Première Guerre mondiale que cet ancien officier se tourna vers l’ésotérisme. Wiligut entama une quête spirituelle qui le mena de la franc-maçonnerie à diverses organisations ésotériques qui pullulaient alors, comme la Société Guido von List, l’Ordre du Nouveau Temple et la Société de l’Edda. Puisant dans les textes anciens, il analysa les mythes du passé pour leur donner une nouvelle interprétation, parfois déconcertante.

Pour cet homme qui croyait que la Bible était en fait un texte allemand et que le monde avait connu des âges divers durant lesquels les forces telluriques s’étaient affrontées, « le monde est animé par une circulation cosmique d’esprit, d’énergie et de matière auquel les runes participent ». Ses croyances étaient donc un amalgame entre diverses croyances auxquelles il donnait une interprétation germaniste.

Wiligut serait resté confiné dans les cercles ésotériques qui foisonnaient à cette époque de grande instabilité, s’il n’avait pas rencontré Heinrich Himmler à une réunion de la Nordische Gesellschaft en 1933. Il rejoignit alors la SS sous un pseudonyme et devint général.

Il servit alors de conseiller à Himmler, produisant pour ce dernier plusieurs rapports sur la cosmogonie, la théologie, l’histoire et évidemment sur le paganisme, dont il se revendiquait, lui qui proposait la confiscation des biens de l’Église en vue d’une redistribution auprès des néo-païens. On lui attribue une certaine influence sur certains rites de la SS, mais Bouchet est formel, Wiligut ne fut pas le maître à penser d’Himmler. Son influence fut limitée, surtout qu’il dut démissionner de la SS en 1939, lorsque fut rendu public son internement passé.

Après la guerre, Wiligut sombra dans un certain oubli, ses thèses continuant pourtant d’être étudiées et transmises par un cercle d’initiés relativement discret. C’est l’ancien SS Rudolf Mund qui le remit à l’avant-scène en publiant une première biographie le présentant comme un penseur majeur de l’aventure SS.

Son paganisme n’était pas folklorique, comme celui des Odinistes, et se basait sur l’esprit plutôt que sur la lettre. Bouchet en nous présentant cet homme ainsi que quelques textes choisis nous permet de nous replonger dans l’effervescence spiritualiste de l’Entre-deux-guerres, mais aussi de déboulonner le mythe de la religion SS et de son mage noir Karl Maria Wiligut.

Julien Darvant

Christian Bouchet, Karl Maria Wiligut, le Raspoutine d’Himmler, Ars Magna, coll. « Sonnenwende », 2019, 87 p., 26 €.

mercredi, 05 février 2020

Nicholas & Helena Roerich: The Spiritual Journey of Two Great Artists & Peacemakers

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Nicholas & Helena Roerich: The Spiritual Journey of Two Great Artists & Peacemakers

 
Nicholas & Helena Roerich
This article was published in New Dawn 99 (Nov-Dec 2006)

Visionaries, luminaries, and spiritual pioneers Nicholas and Helena Roerich were two of Russia’s most outstanding people. High initiates, they devoted their lives to helping the advancement of humanity. And as is often the way with many great spiritual leaders, their path was liberally strewn with hardship and adversity: revolutions, captivity, spy charges, deception and deceit; testing the Roerichs constantly on their shared belief that it was these very obstacles that would allow them to grow. 

Yet, despite the fact that the couple were once barred from entering the United States and their teachings prevented from circulating freely throughout Russia, the Roerichs’ ideas are today reaching an ever-expanding group of people around the world.  

Perhaps it is an attempt to bring balance and harmony to our world of unrest, pain and strife that is causing the massive desire to know more of Nicholas, the painter and mystic, and his wife Helena, the co-author of the Agni Yoga series of metaphysics and deep spirituality.  

Internationally acclaimed artist, author, explorer, archaeologist, humanitarian, conservationist and peacemaker Nicholas Konstantinovich Roerich (1847–1947) was born in St. Petersburg, Russia. He met his beloved wife and life partner Helena Ivanovna (1879–1955) on his way to excavate in the eastern part of Russia, and they married in 1901. 

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She was a gifted musician and healer who had been studying the ancient spiritual writings of India and the East for years; in time, she became an inspired writer and teacher. He eagerly shared her pursuits for wisdom and knowledge. Together, they explored the teachings of Rama Krishna, the Buddha and also studied Madame Helena Blavatsky’s writings and philosophies. Once safely out of Russia and the civil war that raged following the 1917 Russian Revolution, they used their time in exile to test and experiment with the Theosophical teachings. It was at this time that they met Master Morya, their spiritual teacher. Since her childhood, the Masters (members of the Brotherhood of Light) had been working with Helena in her dream world but now the work took an additional form as page after page of expansive, astonishing information was dictated to them. 

unnamed.jpgAfter leaving Russia, the Roerichs and their two sons had first gone to Scandinavia, then made their way to England, eventually arriving on the shores of America. But the United States was not their ultimate destination. Their actual goal was India. For some years after 1917, India – the Raj – was closely maintained by the British who were constantly on guard against infiltration by Russian Bolsheviks bringing their inflammatory thoughts of revolution. The Roerichs were clearly on the list of those not wanted. In time, the way did open for them to enter India and although they never knew it, they were continually kept under surveillance. This fact accounts for many of their hardships.

The Roerich family arrived in New York City in the fall of 1920. Within the next three years they had gathered about them a little circle of the perfect people to accomplish all of their goals: the formation of an idealistic artist’s society called Cor Ardens, to encourage artists to push themselves to greater heights of artistic ability; the Master School of United Arts where all of the arts where taught under one roof and students were encouraged to express themselves in various media – thereby giving them the opportunity to become more rounded individuals. And Corona Mundi, an international art museum, founded to display artistic treasures from Central Asia and other areas of the world. Roerich’s paintings were exhibited in 26 US states and he and Helena toured much of the country – meeting and exchanging ideas with the most open-minded, progressive people in the arts and humanities.

Central Asian Expeditions

In 1924, they left New York for Europe which was the last stop before going to India and beginning their four-year Central Asian expedition. The history of Central Asia of the late 1800s and early 1900s is sprinkled with daunting accounts of fearless explorers and adventurers; men and women such as Helena Blavatsky, Alexandra David-Neel, Sir Aurel Stein, Sven Hedin, and Russian born Col. Nikolai Przhevalsky, who discovered a breed of horse that was named in his honour. But none of those were artists and to the best of my knowledge, none were on a mission to Shambhala. The couple were both past fifty years old when they undertook the gruelling journey to traverse Central Asia for four years on foot, camel, horse and yak enduring the brutal heat of the lowest desert elevations and laboring over the highest mountains ranges on the planet. 

What is it that stirs people to leave the comfort of their home and set off for the unknown? Gold? Religious freedom? The quest for a better life? For the Roerichs, the reasons were many. Nicholas was interested in proving the migration routes of the early tribes that encircled the globe. He wanted to be the first Westerner to paint and document the vast mountain ranges of India, Tibet and Central Asia and search for and uncover treasures long-hidden by the desert sands. 

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Through fourteen years of researching, thinking and writing about the Roerichs, I could not help but question the real purpose of the Roerichs’ Central Asian expedition. Unbeknownst to me, a Russian scholar by the name of Vladimir Rosov, was quietly helping. Just as I had began my work by living a short time in India and meeting with Svetoslav Roerich, reading through Madame Roerich’s journals and some personal correspondence, searching through the files kept in the Library of Congress and the Freedom of Information Act; researching old micro-fiche, newspapers, and the British Secret Files for facts regarding the Roerichs’ years in America, Rosov had been studying and sifting through all the Roerich documents which had been unavailable to researchers before Gorbachev’s Perestroika restructured the country. The results of his work can be read (in Russian) in his two volumes, whose name in English translates to Nicholas Roerich, The Messenger of Zvenigorod

In the first volume, he relates a startling story which answered all my questions and astonished the world of Roerich followers. Since it was already in print, I was able to use it, thereby becoming the first person to tell (in English) the real story of the Roerichs’ four-year expedition. Rosov’s account also provided a new basis for understanding the Roerich’s second trip – during which the United States sent Roerich and his son George, back to Central Asia in search of drought resistant grasses to help prevent a reoccurrence of the disastrous “dust bowl” of 1934. It was this expedition which broke Roerichs’ friendship with Henry A. Wallace, US Secretary of Agriculture during Franklin D. Roosevelt’s administration, and led to Roerich being barred from returning to the United States.

Shambhala

For years various authors have written about Shambhala. Though many people are familiar with the term, a far greater number of people have no idea what it refers to. Those “in the know” think that the search for Shambhala was the purpose of the Roerichs’ four year expedition. And they are both right – and wrong. 

Shambhala is a Sanskrit word meaning “place of peace, tranquillity and happiness.” It is considered a mystical place – both visible and invisible – where the higher world connects with the realm of Earth. The earliest references to Shambhala are found in the more than three hundred volumes of Kanjur and Tangyur, the most sacred books of Tibetan Buddhism. The books say it is a hidden kingdom, located somewhere north of Bodh Gaya, the Buddhist shrine in northern India. Shambhala is thought to be an oasis, completely ringed by high, snowy mountains that glisten with ice. Some lamas were said to hold the opinion that it has peaks which are perpetually hidden in the mists, while others believe it is visible but too remote for anyone to get close enough to see. And then there are the stories of people who tried to find Shambhala and were never seen nor heard of again.

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Many Tibetans were said to regard Shambhala as a heaven of the gods or a special paradise, meant only for those on their way to Nirvana. Possibly the Roerichs first heard the term while reading one of Madame Blavatsky’s books on Theosophy or if not then, it might have been in 1912 when a famous Buddhist lama was in St. Petersburg helping with the construction of a Buddhist temple. However, when the lama spoke of it, he was not speaking of a destination; he was speaking of a famous Buddhist prophecy.

The prophecy involved the Panchen Lama, who held a position the Dalai Lama had created several hundred years earlier in order to share the leadership of Tibet. The Dalai Lama was the temporal leader of the country and the Panchen Lama was the spiritual leader. The prophecy predicted that one day the Panchen Lama would leave Tibet. Once this happened, a great army would arise to destroy the forces of evil and usher in a golden age, a thousand years of peace and harmony. In order for that to occur, however, the Panchen Lama would have to die. When he was reborn, he would be named Rigden Jypo and be the Maitreya, The Coming One, the king of Shambhala, the abode of the mystical Buddhist learning and the symbol of the Great Future. Shambhala was the guiding principle of the coming Kalpa, or cosmic age, and at the sound of that powerful name, certainly something awoke in the Roerichs’ hearts as it does in the hearts of all people who yearn for peace.

However, when the Roerichs’ spiritual teacher, Master Morya, spoke of Shambhala, he gave the name an additional meaning for it was how he referred to the new country that he wanted the Roerichs to create. Morya envisioned a new Buddhist spiritual country to be established on the borders of Mongolia, the Gobi and Siberia. This country was to be governed jointly by the Panchen Lama and Roerich. 

Therefore, the two major purposes for the expedition – which were kept private and confidential – were so that the Roerichs could prepare the ground for the new country and the commerce necessary for it to be financially sound; and to find the Panchen Lama so that they could parlay with him, present this startling (and naive) idea, and convince him it was possible and viable. Considering, however, that all of the land involved was already occupied and within the boundaries and domain of other governments, the fulfilment of this plan was highly improbable. One country attempting to take land from another is what wars have been fought about throughout time. When the first expedition was aborted after the Tibetans (and British) kept the Roerich Central Asian expedition freezing in captivity for four months on the border of Tibet and then sent them straight back to India, it looked as if all plans were foiled.

Then, Henry A. Wallace offered Roerich a second chance and sent him back to Central Asia. But, with China and Japan on the brink of war, it was a very dangerous and volatile time. This trip Helena Roerich stayed behind and Nicholas, an artist – not a diplomat, blundered about until Wallace ordered him to return to India and stay there – and not leave again.1 Years later, looking back on the entire event, Madame Roerich wrote in her journal that both the Panchen Lama and her husband were too old at the time to accomplish this feat. Perhaps the Roerichs were laying down the lines of light necessary for it to become a reality in the future.

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Considering that during the entire four year expedition Roerich’s travel plans were continually thwarted by visa and passport difficulties, it is surprising that Nicholas and Helena even attempted to accomplish the establishment of a new country. To me it seems a demonstration of their loyalty and dedication to work with their teacher. 

Art, Beauty and Unity

Roerich loved the concept of unity. He believed that “beauty is the force that can bring nations together.” He hated borders and boundaries and thought that since all the people of the world belonged to one family, they should be able to roam and travel freely throughout it. 

Nicholas and Helena Roerich had very expanded consciousnesses. They believed “that knowledge and beauty are the real cornerstones of evolution, the gates to a world community.” They taught that a synthesis of knowledge from all fields of human endeavours was needed to form a fully developed being. Nicholas wrote nearly thirty books and created over 7,000 paintings and theatre designs depicting scenes from ancient Slavic myths, the Himalayan Mountains, and spiritual themes from the world’s religions. 

People who see his art for the first time are often speechless at the inspirational use of colour and the spiritual power it evokes – especially his later work, completed during and after the four years of expedition. Roerich’s paintings portray spiritual development, culture and its role in human evolution and possibilities for peace in a troubled world. A broader and more metaphysical understanding is added to the paintings once the viewer penetrates Helena’s deeply spiritual writings. In addition to the Agni Yoga series, which she wrote in conjunction with Master Morya, she wrote On Eastern Crossroads under the name of Josephine Saint-Hilaire. 

Daring explorers, the couple investigated the remote and dangerous regions of China, Mongolia and the Gobi Desert where few Westerners had previous ventured. They were seeking ancient manuscripts hidden in subterranean crypts and caves, the treasures to be found in burial mounds, and the wealth of statues, artifacts and wall paintings left behind in caves by the artistic Buddhists. 

In 1929 Nicholas Roerich was nominated for the Nobel Peace Prize for his work in creating the Banner of Peace and the Roerich Peace Pact, designed to preserve the world’s treasures from being destroyed in time of war. Franklin Roosevelt and twenty-six world leaders met in Washington, D.C. to ratify the agreement. The Roerichs were friends and advisors to heads of state, scientists, artists, writers and poets. Roerich’s work won praise from Albert Einstein, Leo Tolstoy, George Bernard Shaw, Jawaharlal Nehru, Rabindranath Tagore, and many others. 

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Madonna Oriflamma, the original Roerich painting where the Banner of Peace flag appears for the first time (courtesy Nicholas Roerich Museum, New York)

Now, over fifty years later, many of their key ideas have found a place in the human soul: the equality of the feminine and the masculine principles, the wisdom of the heart and the striving for the common good and brotherhood. The eternal truths the Roerichs demonstrated on Earth are echoing through time, awakening humanity to beauty and unity. “Beneath the sign of beauty we will walk joyfully,” wrote Nicholas Roerich. “With beauty we conquer. Through beauty we pray. In beauty we are united.”

To the Roerichs, culture was the highest expression of the Light – the “cult” of Ur (Light). They considered that beauty and art speak an international language understood by all and that focusing on the beautiful in life would lead us to world peace. 

Nicholas Roerich wrote: 

If you shall be asked, of what kind of country and of what constitution you dream, you can answer in full dignity: the country of Great Culture. You shall know that in that country peace and knowledge and beauty will be revered…. You may say: life is hard. How can I think of knowledge and beauty if we have nothing to live on? Or: We are far away from knowledge and art; we have important business to attend to first. But I say: You are right, but you are wrong. Knowledge and art are not luxuries. Knowledge and art are not idleness. They are the prayer and work of the spirit. Men pray in the moments of great difficulty. So too, is this prayer of the spirit most needful, when one’s whole being is shaken and in want of support, and when it seeks a wise solution.

An arduous trial awaits the whole world: the trial by the assimilation of truth. After the medieval trials by fire, water and iron, now comes the trial by assimilation of truth. But if the power of the spirit upheld men against fire and iron, then will that same power not also raise them up the steps of knowledge and Beauty? 

Throughout the world, in Israel, India, Mexico, Germany and many other countries, schools, civic organisations, and ordinary citizens are flying the Banner of Peace, proclaiming Peace through Culture. Do you want to join in this effort? If each person who reads this article would take the time to research, create, and fly the Banner of Peace – a white flag with three magenta balls in the middle – over their home, place of business, he or she will be contributing to the cause of Peace. 

Let’s all do it now! Dedicate ourselves to the cause of peace and align ourselves with the hundreds and thousands of people around the world who are using Nicholas and Helena Roerichs’ legacy and memory for inspiration.

Please visit www.roerich.org to see Roerich’s wonderful paintings and learn more of this fascinating couple.
This article was published in New Dawn 99.
 

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mardi, 13 février 2018

Bêtes, hommes et dieux - L’énigme du Roi du Monde

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Vient de paraître aux editions Déterna :

Bêtes, hommes et dieux

L'énigme du Roi du Monde

de Ferdinand Antoni Ossendowski, préface de Michel Gaudart de Soulages.

« On lira avec plaisir ce livre de Ferdinand Ossendowski
qui retrace son voyage véritablement initiatique
et qui le conduira non seulement
à des rencontres avec des êtres de légende,
mais aussi à le faire pénétrer dans les mystères
d’une Asie immémoriale et éternelle »

 

(propos sélectionnés par Fabrice Dutilleul)

 

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Qui était Ferdinand Ossendowski ?

 

Nommé ministre des finances des forces anti-bolcheviques durant la guerre civile russe, par le Gouverneur Suprême de la Russie Alexandre Vassilievitch Koltchak (1874-1920). En 1920, dans une Russie toujours déchirée par la guerre civile entre les Bolcheviques et les Blancs, l’auteur, brillant ingénieur géologue polonais au service de la Russie tsariste, va être arrêté par un détachement de l’Armée rouge voulant le fusiller.

Pour sauver sa vie, il décide de traverser à pied la Sibérie, la Mongolie et le Tibet pour atteindre l’Inde anglaise ; ce périple lui fait traverser une nature hostile, à cheval et bien armé avec des compagnons de voyage tout aussi menacés. Son récit n’est pas une simple histoire de fuite et de survie : il rend hommage à la beauté âpre de l’Asie.

Après de nombreuses péripéties – comme la débâcle de l’Iénisséi : les énormes blocs de glace qui partent à la dérive dans des claquements assourdissants entraînent derrière eux les cadavres encore frais des innombrables victimes de l’automne précédent– qui le conduise à Pékin, après une tentative manquée pour s’échapper par le Tibet.

 

Grand amateur de mystères, Ferdinand Ossendowski donne enfin une dimension ésotérique à son odyssée…

 

Oui, lorsqu’il évoque ses expériences chamaniques et sa révélation du mythe du Roi du monde : en Mongolie, il rencontre ainsi des personage historiques, tel le Bouddha vivant, le « roi du monde », le Bogdo Khan, des chamans visionnaires, des lamas empoisonneurs, un monde de magie et de folie mystique…

Dans le présent ouvrage est relaté sa rencontre de dix jours avec le premier, Roman Fedorovich von Ungern Sternberg (1886-1921), dernier khan de Mongolie, surnommé après sa mort le « baron fou » par ses détracteurs.

 

Remarquable notamment est l’évocation faite de l’Agarttha…

 

En effet, rappelons que l’Agarttha est ce sanctuaire souterrain caché sous la chaîne de l’Himalaya où officieraient les Maîtres du Monde : « Le roi du Monde appraîtra devant tous les hommes quand le temps sera venu pour lui de conduire tous les bons dans la guerre contre les méchants ; mais ce temps n’est pas encore venu. Les plus mauvais de l’humanité ne sont pas encore nés. »

 

On lira avec plaisir ce livre de Ferdinand Ossendowski qui retrace son voyage véritablement initiatique et qui le conduira non seulement à des rencontres avec des êtres de légende, mais aussi à le faire pénétrer dans les mystères d’une Asie immémoriale et éternelle.

 

Bêtes, hommes et dieux. L’énigme du Roi du Monde – Ferdinand Antoni Ossendowski, préface de Michel Gaudart de Soulages (éditions Déterna, 334 p. – 31 euros)

BON DE COMMANDE

à renvoyer à : Francephi diffusion - Boite 37 - 16 bis rue d’Odessa - 75014 Paris - Tél. 09 52 95 13 34 - Fax. 09 57 95 13 34 – Mél. diffusion@francephi.com

Commande par internet (paiement 100 % sécurisé par paypal ou carte bancaire) sur notre site www.francephi.com.

Bêtes, hommes et dieux - L’énigme du Roi du Monde

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Vient de paraître aux editions Déterna :

Bêtes, hommes et dieux

L'énigme du Roi du Monde

de Ferdinand Antoni Ossendowski, préface de Michel Gaudart de Soulages.

« On lira avec plaisir ce livre de Ferdinand Ossendowski
qui retrace son voyage véritablement initiatique
et qui le conduira non seulement
à des rencontres avec des êtres de légende,
mais aussi à le faire pénétrer dans les mystères
d’une Asie immémoriale et éternelle »

 

(propos sélectionnés par Fabrice Dutilleul)

 

Ferdynand_Antoni_Ossendowski',_1933_(cropped).jpg

Qui était Ferdinand Ossendowski ?

 

Nommé ministre des finances des forces anti-bolcheviques durant la guerre civile russe, par le Gouverneur Suprême de la Russie Alexandre Vassilievitch Koltchak (1874-1920). En 1920, dans une Russie toujours déchirée par la guerre civile entre les Bolcheviques et les Blancs, l’auteur, brillant ingénieur géologue polonais au service de la Russie tsariste, va être arrêté par un détachement de l’Armée rouge voulant le fusiller.

Pour sauver sa vie, il décide de traverser à pied la Sibérie, la Mongolie et le Tibet pour atteindre l’Inde anglaise ; ce périple lui fait traverser une nature hostile, à cheval et bien armé avec des compagnons de voyage tout aussi menacés. Son récit n’est pas une simple histoire de fuite et de survie : il rend hommage à la beauté âpre de l’Asie.

Après de nombreuses péripéties – comme la débâcle de l’Iénisséi : les énormes blocs de glace qui partent à la dérive dans des claquements assourdissants entraînent derrière eux les cadavres encore frais des innombrables victimes de l’automne précédent– qui le conduise à Pékin, après une tentative manquée pour s’échapper par le Tibet.

 

Grand amateur de mystères, Ferdinand Ossendowski donne enfin une dimension ésotérique à son odyssée…

 

Oui, lorsqu’il évoque ses expériences chamaniques et sa révélation du mythe du Roi du monde : en Mongolie, il rencontre ainsi des personage historiques, tel le Bouddha vivant, le « roi du monde », le Bogdo Khan, des chamans visionnaires, des lamas empoisonneurs, un monde de magie et de folie mystique…

Dans le présent ouvrage est relaté sa rencontre de dix jours avec le premier, Roman Fedorovich von Ungern Sternberg (1886-1921), dernier khan de Mongolie, surnommé après sa mort le « baron fou » par ses détracteurs.

 

Remarquable notamment est l’évocation faite de l’Agarttha…

 

En effet, rappelons que l’Agarttha est ce sanctuaire souterrain caché sous la chaîne de l’Himalaya où officieraient les Maîtres du Monde : « Le roi du Monde appraîtra devant tous les hommes quand le temps sera venu pour lui de conduire tous les bons dans la guerre contre les méchants ; mais ce temps n’est pas encore venu. Les plus mauvais de l’humanité ne sont pas encore nés. »

 

On lira avec plaisir ce livre de Ferdinand Ossendowski qui retrace son voyage véritablement initiatique et qui le conduira non seulement à des rencontres avec des êtres de légende, mais aussi à le faire pénétrer dans les mystères d’une Asie immémoriale et éternelle.

 

Bêtes, hommes et dieux. L’énigme du Roi du Monde – Ferdinand Antoni Ossendowski, préface de Michel Gaudart de Soulages (éditions Déterna, 334 p. – 31 euros)

BON DE COMMANDE

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dimanche, 22 mai 2016

ULTREÏA ! 07

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ULTREÏA ! 07

Collectif ULTREÏA !

Magazine-livre - Printemps 2016

19,90€

228 pages

Le numéro de printemps s’ouvre sur le portrait d’un éminent “serviteur de la paix”, Lanza del Vasto, dont l’oeuvre prolifique n’est que le reflet d’une vie orientée vers la non-violence, la sobriété et la spiritualité. Un riche parcours qui demeure plus que jamais d’actualité.

Quête d’absolu et somme spirituelle traduite dans le monde entier que l’on retrouve chez le métaphysicien Frithjof Schuon, qui porta l’idée d’ “unité transcendante des religions” et de sagesse pérenne qu’il opposa au nihilisme du monde moderne en une pensée d’une rare acuité.

L’ésotérisme est-il (encore) une voie ? Dans ce dossier, nous avons questionné des auteurs de plusieurs disciplines et religions pour savoir si celui-ci était universel et s’il pouvait être une opportunité pour notre temps. Et être une voie de liberté face à la perspective souvent très légaliste de l’exotérisme, la religion conventionnelle ?

À la croisée des chemins, dans un long et riche entretien, Matthieu Ricard revient sur son parcours singulier, expose sa perspective bouddhiste et partage ses réflexions sur l’altruisme, le bonheur ou la conscience.

Dans un beau portfolio, Tuul – photographe d’origine mongole – et Bruno Morandi nous emmènent dans les steppes de Mongolie à la rencontre des chamanes qu’ils connaissent bien.

À Philae, dans l’extrême sud égyptien, nous goûterons à la magie de l’île d’Isis qui fut sauvée des eaux dans les années 1960. Aux portes de la Nubie, ce territoire dédié au féminin sacré “enchante” véritablement ceux qui le foulent.

Nous mettrons aussi nos pas dans ceux de Nicolas Bouvier, célèbre écrivain-voyageur suisse, qui, pour raconter le monde, tissa un “langage à l’exigence splendide”. Un être rare et jubilant qui accepta que le voyage le fasse… et le défasse.

Christiane Rancé rendra un ultime hommage à René Girard.

Puis nous bivouaquerons à Sheikh Hussein, au cœur même du pèlerinage extatique et universaliste de l’Aréfa, en Éthiopie, en Bolivie, dans les pas de Charles de Foucault. Enfin, Florian Rochet nous invitera à être des « nomades contemplatifs « .

Pour en découvrir plus (interview, vidéos, sommaire détaillé…) : www.revue-ultreia.com

Feuilleter et découvrir quelques pages du n°07 

Format : 21cm x 27cm

ISBN :978-2-37241-022-9

dimanche, 22 novembre 2015

Letteratura esoterica e Magia dell'Eros in Gustav Meyrink

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mercredi, 22 octobre 2014

Kemi Seba/Laurent James : "Le pérénialisme global ou l'union ésotérique des dissidences"

Kemi Seba/Laurent James :

"Le pérénialisme global ou l'union ésotérique des dissidences"

dimanche, 10 mars 2013

Raymond Abellio: a modern Cathar?

Raymond Abellio: a modern Cathar?

The French politician and author Raymond Abellio could be one of modern history’s most enigmatic characters… if his career and reputation were known outside of France, where he is largely an unknown entity.

Philip Coppens

Ex: http://www.philipcoppens.com/



Raymond Abellio

The French Cathar expert Déodat Roche may not be the only modern Cathar. Another candidate put forward for such a distinction is “Raymond Abellio”. Raymond Abellio is the pseudonym of French writer and political activist Georges Soulès. Already, in his choice of nom de plum, there is a direct reference to the solar deity of the Pyrenees, often linked with Apollo – and Lucifer. It was, in fact, Otto Rahn himself who made the link between Lucifer and Abellio.
Abellio was a deity of Soulès’ homeland, especially the Garonne Valley in Gallia Aquitania. His existence is known through a number of inscriptions that were discovered at Comminges. He may have been a god of apple trees. Equally, though Raymond is a name of Germanic origin, composed of the elements ragin (“counsellor”) and mund (“protector”), the name was, at the time of Catharism, specifically linked with the counts of Toulouse. The choice of protector and counsellor of the deity of light is an apt choice to describe what Soulès envisioned to be his mission in life.

Soulès was born November 11, 1907 in Toulouse, and died August 26, 1986 in Nice. His parents came from Ax-les-Thermes, in the Ariège valley, only 16km from the ancient Cathar castle at Montségur. Soulès was a brilliant student, and during his engineering studies, discovered an interest in politics and became a staunch supporter of Marxism. He joined the Étudiants Socialist of the XIV arrondissement of Paris, affiliated to the French Socialist party (SFIO). Here he befriended the celebrated political philosopher, Claude Lévi-Strausse. Amongst his tutors was Marcel Deat, the politician and philosopher who formed his own party, the Parti Socialiste de France, under the motto “Order, Authority and Nation”.


In 1931, at the age of 24, he joined the Centre Polytechnicien d’Études Économiques, popularly known as X-Crise. The aim of the group was to study the political and economic consequences of the 1929 Wall Street crash. One of the results of this study was his adoption of “Planisme”, a political philosophy that embraced centralised control of the economy and key services, such as power and transport, which today remain pillars of most socialist governments.


According to Guy Patton, author of “Masters of Deception”: “It appears that the Planist approach offered the best route to a French national renewal and a change in France’s economic fortune. He wanted to replace the famous Republican slogan, ‘Liberty, Equality, Fraternity’, with ‘Prayer, War, Work’, to represent a new society built on an absolute hierarchy led by a king-priest.” It is therefore apparent that Abellio did not want to stop with bringing socialism to power, but had a much greater vision for France.

Abellio was also on the board of the Atlantis magazine, founded, in 1926, by Paul Le Cour. Le Cour was to be an inspiration for Pierre Plantard’s political and esoteric philosophy – the illustrious Priory of Sion. Le Cour himself was the heir of the Hiéron du Val d’Or movement, which campaigned for the return of a priest-king to rule France. All of these organisations, however diversified they might appear to be, had one common denominator: the return of a New or Golden Age, and it is here that they link up with Abellio’s vision for France.
In 1947, Abellio’s “Vers un prophetisme nouveau” specifically called for the formation of “a grand order consisting of a community of initiates under the direction of a man with a sense of mission”. The question, of course, is: initiates of what?

Abellio wrote two books in the Gnostic genre, entitled “Manifeste de la nouvelle gnose” (Manifestation of the New Gnosis) and “Approches de la nouvelle gnose” (Approaches of the New Gnosis). He was also interested in the possibility of a secret numerical code in the Bible, a subject that he developed in “La Bible, document chiffré” (which could best be translated as “The Bible Code”!) in 1950, and later in “Introduction à une théorie des nombres bibliques” (Introduction to a theory of biblical numbers), in 1984. He proposed in particular that the number of the Beast –i.e. the Devil – 666, was the key number of life, a manifestation of the holy trinity on all possible levels, material, animist and spiritual.


Abellio’s writings all underline his ideology, which is that there is an ongoing process whose final term he called the “assumption” of the world’s multiplicity into the “inner Man”. Man was supposed to be able to achieve the complete unification of that multiplicity, a unification that would end up providing the subject with a “gnostic consciousness”, also called “secondary memory”, by the same token leading to the “transfiguration of the world”.

So far, there is little evidence that Abellio might have been a Cathar. Whenever his ideology is explained, there are references to the influence of Pierre de Combas on his thinking, as well as his interest in Oriental philosophy, the Vedas, and eschatology. Indeed, it is only in Jean Parvulesco’s “Le Soleil Rouge de Raymond Abellio” (The Red Sun of Raymond Abellio) – and then even in a somewhat secretive manner – that the notion that Abellio likely had Cathar allegiances rises to the surface.


Parvulesco was a writer and French journalist, who argued that he was heir of the “Traditional thinking”, in line with other esoteric authors like René Guénon and Julius Evola. He knew Abellio personally, and was thus a person who could penetrate into his inner world – see his “true self”, which was an important part of Abellio’s philosophy.

It is in the chapter “The Final Secret of Raymond Abellio” that we find – unexpectedly – two direct references to Catharism. But before doing so, Parvulesco opens the chapter by underlining that Abellio died in an “immense solitude”. He then writes how “Raymond Abellio never stopped to be, secretly, and whether he himself knew or not nevertheless is important, the ecstatic and suicidal ecstatic of Montségur, whom carried inside himself the mission for this life and for all lives to come.” He continues: “And, on the other part, he, so long amongst us as the confidential agent of the other world, is going to try to be, now, our confidential agent in the other world.”


The first paragraph is a rather awkward method of writing and it is almost as if Parvulesco is about to fall over his own words, trying to express something that is very intense. Parvulesco nevertheless makes it clear that Abellio had a mission, which he links with Montségur, and though some might argue that Parvulesco used the castle’s name because it was near to where Abellio’s family originated from, that actually doesn’t work within the context, with references to suicide – noting that suicide was specifically linked with the Cathars besieged at that castle during the Siege of Montségur. Even more specific: Parvulesco implies Abellio’s mission is specifically linked with Montségur – known for one thing only: the symbolic demise of Catharism.


Two pages later, and totally out of sorts with the tone of the book and chapter, Parvulesco introduces the consolamentum. Parvulesco is at odds to explain the end of Abellio’s life, why he died in total isolation, and is unable to come up with a logical answer – except one: “the only answer that I can support is not the least: […] it is in the mystery of this sacrament instituted by the consolamentum of the very perfect that it is where we need to search the reasons of his mystic complicity with the arrest of death that concerned him, and about which he did not ignore the promises of deliverance, the suspension of the movement of the penitential wheel of the blind lives. But let us not talk about that which is so savagely prohibited to be spoken off.”

Jean Parvulesco

Few have read this sole paragraph for what it truly states. Not only does it refer directly to the fact that Parvulesco knew what Catharism meant – the end of the series of incarnations, accomplished through the consolamentum –, not only does he reveal that such things should not be spoken off, but he specifically does note that it is in this framework and especially in the sacrament of the consolamentum that one should search the reason why Abellio died in the manner that he did. In short, Parvulesco states that Abellio died in total solitude, as he died after receiving the consolamentum; the total isolation being nothing else but his endura.

These two paragraphs are powerful evidence, by a person who knew him, that Abellio was indeed a Cathar. In two paragraphs, Parvulesco sums up the life of his friend as that of a man who was born with “the mission of Montségur” and who died conform to the Cathar rituals.


These paragraphs also put another episode in Abellio’s life in context: a theatre play entitled “Montségur”, which was about the Cathar Crusade. In the play, he set off the conflict between knowledge and power on the one hand, as well as an awakening and the part it played in a particular mindset. Was it his awakening and his mindset?

As such, all of his interests in the Bible, as well as Oriental philosophy, should be seen for what they were: the interests of a Cathar, who realised that the Bible and these philosophies contained ideas that were similar to his own – those of Catharism. These interests should not be seen – as most interpret them – as those of a social activist who went in search of a larger religious framework. It was a confirmation of his belief, rather than exploration of beliefs, to eventually pick one that suited him best.


Equally, as Parvulesco underlined, perhaps we should see his social activism and his strife for a New Europe as his “mission” – to once again quote Parvulesco – a mission that equally was part and parcel of the Cathar social agenda of medieval Europe. Though Abellio has often been labelled a synarchist (i.e. a man who proposed that the world was ruled by a secret elite – his “initiates”), it may be that he realised that after the fate that Catharism befell in the 13th century, rule by secrecy might have been the only method through which his – if not their – social reform could ever be accomplished. Hence, we need to ask whether his strife – and that of those like him – as another Cathar revival.

 

mercredi, 17 octobre 2012

Julius Evola e l’esperienza del Gruppo di Ur

Julius Evola e l’esperienza del Gruppo di Ur.

La storia “occulta” dell’Italia del Novecento

Ex: http://www.centrostudilaruna.it/

Evola_l-res.jpgIn Italia gli anni fra il 1927 ed il 1929 sono segnati da una vicenda spirituale, esoterica e culturale, sconosciuta al grande pubblico e poco esaminata dagli storici, ma che, nondimeno, è una esperienza importante perché é la più significativa della cultura esoterica italiana (ed anche europea) del Novecento: il Gruppo di Ur, diretto dal filosofo Julius Evola – e l’omonima rivista Ur negli anni 1927-28, poi divenuta Krur nel 1929. Di questo gruppo esoterico facevano parte le personalità più significative dell’esoterismo italiano di quel tempo, quali Arturo Reghini (studioso del pitagorismo e fondatore del Rito Filosofico Italiano), Giulio Parise, Giovanni Colazza (antroposofo, interlocutore diretto e fiduciario di Rudolf Steiner in Italia), insieme ad altri insigni esoteristi quali, ad esempio, Guido De Giorgio, il poeta Girolamo Comi, forse lo psicanalista Emilio Servadio (ma la partecipazione di quest’ultimo è controversa), il kremmerziano Ercole Quadrelli e vari altri altri.

La peculiarità di questo sodalizio stava nell’essere un momento ed un tentativo di sintesi fra varie correnti di spiritualità esoterica, quindi élitaria, selettiva, non accessibile a tutti. Tale sintesi veniva cercata anzitutto sul piano spirituale, “magico-operativo”, poi anche su quello dell’elaborazione culturale, in termini di dottrina esoterica, quale si esprimeva sulla rivista Ur-Krur. Erano infatti presenti nel gruppo una certa corrente massonica (impersonata da Reghini e Parise) che intendeva riportare la massoneria ai suoi significati originari, depurandola delle degenerazioni profane e mondane che l’avrebbero caratterizzata dall’illuminismo francese in poi, insieme alla corrente di ispirazione kremmerziana (impersonata dall’esoterista che sulla rivista Ur si firmava Abraxa), richiamantesi cioè agli insegnamenti di Giuliano Kremmerz (fondatore della Fratellanza Terapeutica di Myriam) alla corrente antroposofica, fino a quella dell’esoterismo cristiano. Evola impersona la linea di un paganesimo integrale distante sia dall’indirizzo massonico (col quale vi fu una rottura nel 1928), sia dall’esoterismo cristiano.

Ciò che noi conosciamo di questa esperienza lo evinciamo dai contenuti della rivista, nonché da quanto lo stesso Evola racconta nel suo libro autobiografico Il Cammino del Cinabro.

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Diamo al lettore un sia pur sommario inquadramento storico-culturale per contestualizzare il senso e la funzione di Ur. Siamo nell’Italia del fascismo-regime, per dirla col linguaggio di Renzo De Felice. Le leggi speciali che introducono il regime a partito unico sono del 1926. Gli anni di Ur sono quelli delle trattative fra Stato e Chiesa per risolvere la questione romana, rimasta irrisolta dal 1870 con l’annesso problema del rapporto fra cattolici e Stato unitario.

Sul piano internazionale, il Trattato di Versailles del 1919 ha messo in ginocchio la Germania ed ha lasciato nell’opinione pubblica italiana un profondo e diffuso senso di frustrazione per quella che viene considerata la “vittoria mutilata”. L’economia internazionale è alla vigilia di una crisi – quella di Wall Street del 1929, che influirà profondamente sullo sviluppo delle relazioni fra gli Stati. La nascita del fascismo nel 1919 – ossia di un movimento che si richiama al simbolo romano del fascio littorio – e i primi anni del governo Mussolini dal 1922 in poi segnano un momento importante di apertura di nuovi spazi di influenza della cultura esoterica nei confronti del nuovo indirizzo politico e quindi nei confronti dello Stato.

E’ un tema complesso, inedito fino a pochi anni orsono ed approfondito in modo scientifico, per la prima volta, nel libro Esoterismo e Fascismo (a cura di Gianfranco De Turris, Mediterranee, Roma, 2006), cui hanno contribuito ben 35 studiosi, di diversa provenienza culturale e delle più diverse specializzazioni e che ha rappresentato lo sviluppo elaborativo di una monografia della rivista Hera (al tempo in cui era diretta da Adriano Forgione) sullo stesso tema, pubblicata nel 2003, dallo stesso curatore.

Per entrare meglio in argomento, è bene lasciare la parola allo stesso Evola, in un suo brano significativo nel Cammino del Cinabro: “Già il Reghini, quale direttore della rivista Atanor e poi Ignis… si era proposto di trattare le discipline esoteriche e iniziatiche con serietà e rigore, con riferimenti a fonti autentiche e con uno spirito critico. Il “Gruppo di Ur” riprese la stessa esigenza, però accentuandone maggiormente il lato pratico e sperimentale. Sotto la mia direzione esso fece uscire dei fascicoli mensili di monografie destinate ad essere riunite in volumi epperò coordinate in modo che si avesse, in buona misura, uno sviluppo sistematico e progressivo della materia… Fu adottato il principio dell’anonimia dei collaboratori perché – era detto nell’introduzione – “la loro persona non conta, quel che possono dire di valido non è loro creazione o escogitazione ma riflette un insegnamento superindividuale e oggettivo”… Nell’introduzione, come punto di partenza veniva posto ancora una volta il problema esistenziale dell’Io, la crisi di chi non crede più ai valori correnti e a tutto ciò che dà abitualmente, sul piano sia intellettuale, sia pratico, sia umano, un senso all’esistenza. Il presupposto ulteriore era che di fronte a tale crisi non si scartasse, non si ricorresse a dei lenitivi, ma nemmeno si crollasse, che in base al fatto irreversibile ormai determinatosi si fosse invece decisi assolutamente a “dissipare la nebbia, ad aprirsi una via”, volgendo verso la conoscenza di sè e, in sé , dell’Essere” (J.Evola, Il Cammino del Cinabro, Scheiwiller, Milano, 1972, pp.83-84).

Questa conoscenza ha il carattere di una scienza che, pur non avendo a che fare con cose e con fenomeni esteriori, ma concernendo le forze più profonde dell’interiorità umana, procede in modo sperimentale, con gli stessi criteri di obiettività e di impersonalità delle scienze esatte. Ad essa si lega “una tradizione unica che, in varie forme di espressione, si può ritrovare in tutti i popoli, ora come sapienza di antiche élites regali e sacerdotali, ora come conoscenza adombrata da simboli sacri, miti e riti le cui origini si perdono in tempi primordiali, da Misteri e da iniziazioni”.

Il punto di partenza è quindi il rifiuto dei valori correnti, di tutto ciò che abitualmente dà un senso alla vita; il riferimento è ai valori del mondo cattolico-borghese, verso i quali si avverte una profonda insoddisfazione esistenziale. E’ un tema che già compariva, in forme diverse, nella fase artistica di J. Evola, quella del dadaismo, di cui fu il maggiore esponente italiano; il linguaggio artistico del dadaismo si configura infatti, come una rottura verso i canoni tradizionali dell’arte dell’800 e di tutto il mondo che quell’arte esprimeva.

Tale rifiuto non è però fine a se stesso, ma sfocia in una ricerca costruttiva di diversi e più alti orizzonti,verso una conoscenza di sé e, in sé, dell’Essere, che non è una speculazione astratta, ma una concreta e sperimentale ricerca interiore, secondo una precisa metodica che non è una escogitazione individuale di questo o quell’autore, ma il frutto di una scienza antica, millenaria e universale, al di là delle sue varie forme espressive, secondo le diversità di tempo e di luogo.

Il fine di Ur, sul piano operativo-spirituale, è dunque quello di evocare una forza metafisica, attirandola col magnete psichico costituito dalla “catena” di Ur e dalle correlative operazioni di catena sulle quali, nella rivista omonima, si leggono precise istruzioni. Questa “forza” doveva poi trovare un suo sbocco, una sua estrinsecazione sul piano dell’azione culturale ed anche su quello politico.

urflauto5.jpgLe monografie della rivista furono poi raccolte in volume col titolo della rivista e poi, nella loro prima riedizione (1955, a cura dell’editore Bocca di Milano, poi per le Edizioni Mediterranee di Roma nel 1971) presero il titolo di Introduzione alla Magia, aggiungendo come sottotitolo “quale Scienza dell’Io”.

Nell’introduzione del testo si precisava che il termine “Magia” non era adoperato nel senso popolare e nemmeno in quello adoperato nell’antichità, perché non si trattava di certe pratiche, reali o superstiziose, volte a produrre fenomeni extra-normali. Il Gruppo di Ur si riferiva essenzialmente al senso etimologico del termine (nella lingua iranica la radice “Mag” vuol dire sapiente), ossia ci si riferiva al sapere iniziatico in una sua speciale formulazione, ispirata ad un atteggiamento “solare”, ossia attivo e affermativo rispetto alla sfera del sacro. A tal riguardo si può ricordare una celebre frase di Plotino “Sono gli Déi che devono venire a me, non io agli Déi”, per rendere l’idea di questo peculiare orientamento spirituale. Peraltro la radice Ur in caldaico significa fuoco, ma vi era anche un senso aggiuntivo, quello di “primordiale, di “originario” che esso ha come prefisso in tedesco.

I contributi del Gruppo di Ur davano dunque orientamenti, spunti, sollecitazioni con l’esposizione di metodi, di discipline, di tecniche, insieme ad una chiarificazione del simbolismo tradizionale; inoltre con relazioni di esperienze effettivamente vissute e infine con la traduzione e la ripubblicazione di testi delle tradizioni occidentali e orientali integrati da opportuni commenti, quali, ad esempio, il Rituale Mithriaco del Gran Papiro Magico di Parigi, i Versi aurei di Pitagora, testi ermetici come la Turba Philosophorum, alcuni canti del mistico tibetano Milarepa, passi del canone Buddhista, brani scelti di Kremmerz, di Gustav Meyrink, di Crowley. Un quarto profilo di Ur riguardava i contributi di inquadramento dottrinario sintetico nonché puntualizzazioni critiche.

Evola scrive al riguardo “Indirizzi molteplici di scuole varie venivano presentati, a che il lettore avesse modo di scegliere in base alle sue particolari predisposizioni o inclinazioni”.

Ur si presenta quindi come una elaborazione critica della spiritualità esoterica tradizionale e, correlativamente, della cultura esoterica sia sul piano tecnico-operativo che su quello dell’esegesi testuale e dell’inquadramento dottrinario. Esso è, al tempo stesso, un momento di confronto pluralistico fra vari indirizzi iniziatici, in modo che il lettore possa scegliere avendo una panoramica generale, una visione d’insieme dei molteplici indirizzi operativi presenti nella spiritualità esoterica della prima metà del Novecento.

Va peraltro evidenziato che Ur fu il primo sodalizio a pubblicare il Rituale Mithriaco, fuori da ogni consorteria accademica e fu la prima rivista a pubblicare in Italia alcune pratiche del Buddhismo Vajrayana sotto il titolo La Via del diamante-folgore (si tratta della pratica di Vajrasattva – il Buddha della purificazione – e della sua “Sposa”, cioé la sua Shakti), dimostrando una apertura mentale ed una lucidità che ne facevano una vera e propria avanguardia sia sul piano spirituale-operativo, che su quello dell’elaborazione culturale che anticipava di gran lunga, cioè di molti decenni, la diffusione in Italia delle religioni orientali…

Peraltro la pubblicazione del Rituale Mithriaco si inseriva in un disegno – cui lo stesso Evola accenna espressamente nel Cammino del Cinabro – volto ad esercitare una influenza sul regime politico allora vigente, per svilupparne le potenzialità legate all’assunzione del fascio littorio come simbolo. In altri termini, una influenza volta a radicalizzare e potenziare l’anima “pagana” del fascismo, con ripercussioni concrete in termini politici e di orientamento culturale. Il commento di Ur al Rituale Mithriaco non sembra lasciare dubbi al riguardo, visto che si parla di un conflitto fra paganesimo e cristianesimo tuttora attuale e non confinato nella lontana antichità del IV secolo d.C. E’ un tema che, in altra sede, ho già ampiamente approfondito, poiché il disegno spirituale e di sistematizzazione dottrinaria aveva anche un suo profilo politico preciso, forse contando anche sul sostegno di alcune componenti interne al Partito nazionale fascista, sull’anticlericalismo di una certa area liberal-risorgimentale e, come ho già dimostrato altrove, sul tacito sostegno – quantomeno in termini di tolleranza – dello stesso Mussolini, poiché altrimenti non si spiega la libertà di movimento di questa rivista che, in un momento delicatissimo del rapporto diplomatico fra Stato e Chiesa, interviene con una affermazione di antagonismo nei confronti della religione cristiana. Le confidenze del Duce al suo biografo Yvon De Begnac sono eloquenti al riguardo (Y. De Begnac, Taccuini Mussoliniani (con prefazione di Renzo De Felice), Il Mulino, Bologna, 1990). Negli stessi anni – e precisamente nel 1928 – Evola pubblica Imperialismo Pagano, col significativo sottotitolo Il fascismo dinnanzi al pericolo eurocristiano. Le tesi del libro – ossia la necessità per il fascismo di attuare una rivoluzione spirituale in senso “pagano” – suscitarono le proteste dell’Osservatore Romano e contrasti anche nell’area della pubblicistica fascista.

Ur e Imperialismo Pagano si collocano quindi nell’ambito del medesimo disegno – poi storicamente fallito – volto a influire sulla direzione spirituale e politica del regime fascista (cfr. J. Evola, La Via della realizzazione di sé secondo i Misteri di Mithra (a cura di Stefano Arcella), Fondazione J.Evola-Controcorrente, Napoli, 2007).

Al di là di questo profilo esoterico-politico, intendo soffermarmi sui contributi di Giovanni Colazza (che si firmava Leo) e sull’influenza che il suo orientamento ebbe sulla formazione di Evola.

I contributi di questo esoterista si distinguono per una impostazione tutta concentrata sulla interiorizzazione personale di una visione animata e attiva della realtà, del mondo e della vita. Il primo contributo, dal titolo “Barriere”, è molto eloquente in questo senso. Non vi sono riferimenti a rituali magici, né a cerimoniali, ma tutto è imperniato sulla elaborazione cosciente di una visione e percezione più sottile e profonda delle cose. Si insiste quindi sulla responsabilità personale, sullo sviluppo di un percorso di consapevolezza in cui l’uomo opera su sé stesso per trasformarsi.

Nella prospettiva di Colazza, gioca quindi un ruolo fondamentale la volontà unita all’autoosservazione con la calma interiore di un critico. E’ una via dell’anima cosciente in cui ci si osserva come se si stesse osservando un altro. E’ evidente che sulla formazione di Colazza gioca un ruolo fondamentale l’influenza di Steiner e delle sue opere nelle quali viene tramandata la “scienza dello spirito”, che l’esoterista austriaco definisce antichissima e millenaria, non confondibile quindi con una escogitazione intellettuale soggettiva.

I contributi successivi di Leo vanno nella stessa direzione e sono un ulteriore approfondimento della medesima impostazione. Peraltro egli contribuisce all’introduzione ed al commento del Rituale Mithriaco insieme a Pietro Negri (Reghini), a Luce (Parise) e ad EA (Evola), come in Ur è esplicitamente attestato.

Ho avuto modo, già in altra sede, di evidenziare come la lettura evoliana dei Misteri di Mithra risenta dei contenuti della Filosofia della Libertà di Rudolf Steiner soprattutto nel punto in cui parla di questa volontà individuale che afferma la centralità di una coscienza calma ed autosufficiente e rifiuta la dimensione dell’agitazione e della perenne insoddisfazione della vita profana e ordinaria. E l’incontro con Colazza contribuì sicuramente a questo ampliamento di orizzonti del giovane filosofo romano.

E’ degno di attenzione che, nel III volume di Introduzione alla Magia (che corrisponde alla raccolta della rivista Krur del 1929) venga pubblicato un contributo non firmato – e quindi riferibile al direttore di Ur, ossia ad Evola – che si intitola “Liberazione delle facoltà”; si tratta di una sequenza metodica di esercizi personali, che riguardano il dominio del pensiero, il dominio dell’azione, l’equanimità, la positività come nuovo stile di pensiero, l’apertura mentale o spregiudicatezza e, infine, il riepilogo contestuale dei 6 esercizi.

Ognuno di questi esercizi dura 1 mese e vanno praticati nell’ordine in cui li abbiamo menzionati. Il primo riguarda la fortificazione del principio cosciente rispetto al flusso dei pensieri e consiste nella “concentrazione sull’oggetto insignificante”. Il secondo concerne la fortificazione della volontà cosciente rispetto al proprio agire che da agire abitudinario deve trasformarsi in agire consapevole. Il terzo riguarda lo sviluppo di un calmo distacco rispetto agli eventi, piacevoli o spiacevoli che siano, della propria vita, senza che ciò implichi insensibilità o indifferenza, ma la capacità di non lasciarsi trascinare né dalla gioia né dal dolore. Il quarto esercizio attiene allo sviluppo del pensiero positivo, ossia la capacità di saper cogliere gli aspetti positivi, benefici, di ogni cosa e di ogni evento, senza che ciò significhi scadere in un ingenuo ottimismo o non vedere gli aspetti negativi della realtà, ma sapendo valorizzare ciò che, in ogni cosa, può aiutare la nostra evoluzione di coscienza. Il quinto concerne l’apertura mentale, la capacità di saper uscire fuori dagli schemi ordinari, ammettendo la possibilità che della realtà facciano parte altri aspetti non ordinari. Il sesto è un momento di sintesi e di coordinamento dei 5 esercizi precedenti. Ognuno di questi esercizi è integrato da una precisa pratica di visualizzazione di una corrente eterica allo scopo di mettere in movimento le nostre energie che, nella fisiologia occulta, sono quelle del cosiddetto “corpo eterico” e dei “centri energetici”(i “chakra” della tradizione esoterica indiana).

Orbene tali esercizi di liberazione delle facoltà del pensiero, dell’agire, della calma e della solarità nel modo di affrontare la vita, sono esattamente, con un sola variante tecnica nel 1° esercizio, i sei esercizi fondamentali insegnati da Rudolf Steiner e ripubblicati in Italia dall’editrice Antroposofica di Milano. Steiner muore nel 1925 mentre il Gruppo di Ur si colloca negli anni fra il 1927 ed il 1929, per cui l’influenza di Steiner su Ur, sotto questo particolare aspetto, è storicamente documentata.

Eppure lo stesso Evola, nel suo libro Maschera e Volto dello spiritualismo contemporaneo (ora: Mediterranee, Roma, 2008), critica chiaramente e duramente la visione storica e cosmologica di Steiner che giudica come una visione evoluzionista e quindi antitradizionale (Evola si richiamava infatti alla dottrina dei cicli e della “regressione delle caste”, la storia venendo vista come un processo regressivo) ma in Krur riprende un preciso insegnamento operativo steineriano, anche se non cita Steiner.

Orbene, è evidente, a questo punto che, sotto alcuni specifici aspetti operativi, Evola risentì dell’influenza di Steiner attraverso la mediazione e l’insegnamento di Colazza che partecipava ad Ur con precisi insegnamenti di carattere operativo. A volte, i rapporti fra gli studiosi di esoterismo e fra i ricercatori spirituali sono più complessi di quanto possa apparire a prima vista.

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Articolo originariamente pubblicato su Hera di settembre 2012.

jeudi, 20 septembre 2012

Nicholas Goodrick-Clarke, R.I.P.

Nicholas Goodrick-Clarke, R.I.P.

By John Morgan

Ex: http://www.counter-currents.com/

On Wednesday, August 29, 2012, the British scholar of esotericism, Nicholas Goodrick-Clarke, passed away from cancer at the age of 59. Professor Goodrick-Clarke must have dealt with his illness quite well, as he was at work until only a few hours before his death, according to the testimony of some of his students. This is yet another great blow to our community, following hard on the heels of the loss of two other Englishmen, Jonathan Bowden and Anthony Hancock, earlier this year.

I must admit that I don’t know a great deal about Professor Goodrick-Clarke’s life. My personal contact with him was limited to a few e-mails, although I can attest that he was always a well-wisher to my company, Arktos, and its predecessor, Integral Tradition Publishing. He was always cordial and offered words of support to my own endeavors in the realm of the esoteric. According to his obituaries, he left behind a wife, Clare, who is a Professor of History at the University of Exeter, where he himself taught.

In 2005, Goodrick-Clarke was one of the founding members of the European Society for the Study of Western Esotericism (ESSWE) (http://www.esswe.org/ [2]), an organization which promotes the academic study of Western esotericism and supervises the studies of a number of graduate-level students at several European universities. He was also Professor of Esotericism at the University of Exeter and the Director of the Exeter Centre for the Study of Esotericism, which is the British branch of the ESSWE. I have known a number of students, some of whom travel in our circles, who went through this program and who have spoken highly of it. As such, Professor Goodrick-Clarke was actively engaged in the preservation and promotion of the traditions which form the eternal core of our civilization.

In addition to the program he founded and the students he taught, however, Goodrick-Clarke’s greatest legacy will be the books that he wrote. Most prominent among these is his 1985 study, The Occult Roots of Nazism: Secret Aryan Cults and Their Influence on Nazi Ideology [3],[1] which remains the definitive work on the subject in any language (it has even been translated into German).

As anyone who has studied National Socialism or the Third Reich in detail will know, tales of secret occult conspiracies at the highest levels of the NSDAP have abounded since at least the 1930s. Prominent among these works are Louis Pauwels and Jacques Bergier’s Morning of the Magicians and Trevor Ravenscroft’s The Spear of Destiny, the former of which claimed that National Socialism was little more than “Guénonism plus tanks”[2] run by occultists of the Vril and Thule societies who convinced the NS leadership that they needed to establish contact with a lost theocratic  civilization in the interior of the Earth, while the latter claimed that the entire history of the Third Reich was nothing more than a prolonged effort by Hitler, inspired by a mushroom trip he had had in his youth in Austria, to obtain the Spear of Longinus that pierced the side of Christ at the crucifixion.

Unfortunately, the vast majority of literature on the relationship between National Socialism and mysticism, both before and since Goodrick-Clarke’s study, has relied upon these and similar sources for their inspiration (or upon even more fantastic claims, such as that Hitler was working with Aleister Crowley).

Occult Roots is unique in that it is one of the few books to be written on this topic in a serious way, and not for the purposes of sensationalism. It is also unique in that it relies largely on primary sources from the German – one is loath to find a single German work referenced in many of the popular books on Nazi occultism. Indeed, entire shelves of other works on the subject could be thrown into the garbage in favor of this book.

Goodrick-Clarke traces the origins and development of Ariosophy, a type of theosophical mysticism infused with myths about the history and destiny of Aryan humanity and a great deal of “Orientalist” and Nordicist philosophies, in late 19th-century Germany. He follows its path through the anti-Semitic Germanenorden and other groups, to the origins of the Thule Society in Munich, which in turn sponsored the founding of the German Workers’ Party in 1919, which was transformed the following year into the National Socialist German Workers’ Party by Hitler.

Goodrick-Clarke’s ultimate conclusion is that, while there was indeed an organizational connection between the NSDAP and Ariosophy in its earliest days, and that some members of the NS leadership evinced interest in Ariosophy at some point in their lives, that “Ariosophy is a symptom rather than an influence in the way that it anticipated Nazism.”[3] The fact is that there is no evidence to support the claim that there was a hidden, mystical agenda behind the politics and strategies of the Third Reich.

As such, Goodrick-Clarke’s book provided a much-needed corrective to the oceans of ink that have been spilled attempting to link the Third Reich to wacky ideas, further consigning what is useful in its legacy to the gutter in the popular imagination. Regrettably, however, works which continue to foster this notion will doubtless continue to be written and published for many years to come, and will sometimes be cited with approval even by those who claim to be on our side.

Goodrick-Clarke later expanded his studies into the realm of post-war Nazi occultism, the first of which, Hitler’s Priestess: Savitri Devi, the Hindu-Aryan Myth, and Neo-Nazism [4][4] was published in 1998. This book holds a special place in my heart, as I came across the book by chance in a bookstore shortly after it was published, and it was the first time that I had come across such figures and movements as Savitri Devi, Julius Evola, and the Traditionalists; the connection between Indian politics and culture and Aryan thought; and the European New Right.

At the time, the book hit me like a bolt of lightning. I had no idea that over in Europe (little was happening in America at that time) an entire intellectual tradition had arisen to defend and propagate the ideas of the “true Right”! So the book allowed me to discover ideas which have come to play a central role in my life ever since, and for that, I must always be grateful to Goodrick-Clarke. I know from others that the book had a similar impact upon them at the time – one must remember that 1998 was in the days before one could learn very much about these subjects on the Internet, as is the case today.

In retrospect, I can see that the book has many flaws, as Goodrick-Clarke based his biography largely on Savitri Devi’s taped autobiographical interviews, and his depiction of the other movements and figures he discusses is shallow, to say the least. Still, until someone willing to delve deeper writes a more definitive biography of Savitri Devi, it is the only resource available, and it remains a good introduction to her life and work.

The next book Goodrick-Clarke wrote on this theme was Black Sun: Aryan Cults, Esoteric Nazism, and the Politics of Identity [5],[5] published in 2002. This is by far the least satisfactory of the three books. Goodrick-Clarke abandoned the scholarly rigor he had employed in Occult Roots, instead compiling a compendium of information derived almost entirely from secondary sources and the Internet. The chapter on Savitri Devi is little more than a summary of Hitler’s Priestess. And, inevitably I suppose given the time it was published, we are dutifully warned that such dangerous ideas could lead to another 9/11, and he continually attempts to link his subjects to terrorism, Islamic and otherwise.

And yet one cannot escape the feeling that Goodrick-Clarke vastly overestimates the power and influence that the groups he discusses actually had or have. As a review of the book at the Vanguard News Network put it at the time, “Want to be a threat to Western civilization? All you need is a post office box and a copy machine. Goodrick-Clarke will do the rest.”[6] I suppose Black Sun could be useful for someone who has never heard of such figures as Miguel  Serrano, James Mason, David Myatt, James Madole or Wilhelm Landig before to serve as an introduction, but as an attempt at a comprehensive study, even from a hostile perspective, it is a dismal failure. (A book which came closer to fulfilling that need, albeit with its own problems and deficiencies, is Kevin Coogan’s Dreamer of the Day[7] about Francis Parker Yockey and his milieu, and for which Goodrick-Clarke provided an Introduction).

Goodrick-Clarke also authored, edited, and translated a few other books unrelated to Nazi esotericism. The most important, in my view, is his 2008 book The Western Esoteric Traditions: A Historical Introduction [6],[8] which is a solid, if far from comprehensive, introduction to some of the most important figures in the tradition for newcomers. The others include a selection from the writings of the German alchemist Paracelsus [7]; another from H. P. Blavatsky [8], founder of the Theosophical Society, as well as a volume of selections from G. R. S. Mead [9], another Theosophist; and translations of books about the Swedish mystic Emanuel Swedenborg [10].

The question which often arises in our circles regarding Goodrick-Clarke is whether or not he was “one of us.” Certainly, to judge by his writings, he comes across as yet another of those career academics, such as Roger Griffin or Stanley Payne, who build their careers on writing book after book about “fascinating fascism” (to borrow Susan Sontag’s term) and yet claim to feel nothing but the obligatory liberal revulsion for it. Since I never had the good fortune of knowing Goodrick-Clarke in person, I cannot say with any certainty, but there do seem to be interesting hints in his Conclusion to Black Sun, that he was more than just an academic critic of the far Right.

The concluding chapter of Black Sun seems to be the author’s attempt to provide at least a minimum of balance against his exaggerated efforts to link the Right with absolute evil in the rest of the book.  Goodrick-Clarke attributes the rise of White racialism to the introduction of racial preferences in Western societies. He writes:

The discriminatory effects of these policies on whites, both potential and actual, has understandably caused some resentment among whites. . . . But liberal support for affirmative action has gone further in producing a climate of white guilt. The causes of black crime, drug involvement and welfare dependence are often sought in white racism. Black on white crime in terms of murder, rape and robbery with violence is many times greater than white on black crime. However, the national media typically highlight instances of white racial attacks, while many reports of black crime are ‘colorblind’ and mostly confined to the local press. The massive overrepresentation of blacks in the penal system, evident testimony of black crime, violence and underperformance are largely ignored by the liberal media, or otherwise invoked as further evidence of black disadvantage and white racism.[9]

Later in the same chapter, he also writes:

The question of whether the United States can actually assimilate such immigrants is begged by policies of bilingualism and multiculturalism in the education system. Assimilation is further undermined by the expansion of affirmative action, originally intended to benefit blacks as a result of civil rights legislation, into a government-mandated discrimination against white Americans (but also blacks in practice) in favor of Third World immigrants. The ascendancy of international human rights over notions of national sovereignty has also led to a progressive erosion of citizenship, whereby illegal aliens are granted welfare, education, government subsidies and even voting rights. These issues are a matter of deep concern to conservative groups in the United States, who see no particular reason to transform the demography of the United States, given its wholly unforeseeable consequences. The conversion of the United States into a ‘colony of the world’ or a ‘universal nation’ is without precedent in the modern world. Similar forces are at work in Europe, especially Britain, where multiculturalism is promoted by left-wing and liberal political agendas in the quest for the electoral support of the growing ethnic minorities. A recent report on the future of multi-ethnic Britain has even questioned whether the national epithet ‘British’ carries a racist taint.[10]

Such comments would certainly not be out-of-place at Counter-Currents or other “New Right” publications, but are surprising coming from the keyboard of an esteemed university professor. Even more shocking, in the passages quoted above, Goodrick-Clarke cites Jared Taylor (specifically, his book Paved with Good Intentions) and Peter Brimelow (Alien Nation) for support in his footnotes – sources which would surely mean professional death if quoted with approval in the work of less established academics.

He concludes the chapter as follows:

We cannot know what the future holds for Western multicultural societies, but the experiment did not fare well in Austria-Hungary, the Soviet Union and Yugoslavia. The multiracial challenges in liberal Western states are much greater, and it is evident that affirmative action and multiculturalism are even leading to a more diffuse hostility toward liberalism. From the retrospective viewpoint of a potential authoritarian future in 2020 or 2030, these Aryan cults and esoteric Nazism may be documented as early symptoms of major divisive changes in our present-day Western democracies.[11]

Goodrick-Clarke is careful to couch his prophecy of a catastrophic failure of liberal democracy only as a possibility, and not necessarily a positive one, but nevertheless, the fact that he even discusses the possibility is greatly at variance with the usual platitudes from the academy about the absolute need for ever-more diversity and multiculturalism in the Western nations.

Whether or not Goodrick-Clarke actually held more sympathy for the milieu he studied than he let on has now become irrelevant, since the Conclusion to Black Sun represents the totality of what he had to say on the matter publicly.  I would hazard to guess that, while he may have seen value in efforts to protect the cultures of the West from foreign influence, he probably had little regard for its more ridiculous and extreme elements, particularly those who make the world of Right-wing politics a playground for their own private obsessions and fantasies.  And, in that, I find little with which to disagree. Efforts to wed the philosophy and politics of the true Right to tales of Nazi UFOs and sinister pseudo-occult orders do more harm than good to those seriously engaged in the dialogues and struggles of our time.

Clearly, Goodrick-Clarke recognized that genuine esotericism was valuable, since he spent his life studying it, but at the same time, he must have made a distinction between genuine esotericism and those who ape its forms in the pursuit of their goals in some dark role-playing game, acted out using real people and very real problems. But genuine esotericism does exist, and it can be a force for good. The Traditionalists have taught us that.

Goodrick-Clarke’s understanding of the real issues at stake was further reinforced for me in our correspondence. When he first contacted me regarding some of Integral Tradition Publishing’s books in 2009, I felt compelled to tell him about how his Occult Roots and Hitler’s Priestess had led me to eventually become involved with ITP. He responded by writing, “Thank you for your appreciative comments regarding the inspiration of my own books.  They were written to give a voice to the excluded discourse of liberal modernity and its neglect of order and truth.”[12] This confirms for me that he was certainly no uncritical citizen of the world that has been produced by liberalism. Although regrettably, I never attempted to get him to discuss his views on this any further, fearing that he might think I was attempting to trick him into saying or writing something that might later come back to haunt him. In retrospect, perhaps I should not have been so cautious.

That said, Professor Goodrick-Clarke is not destined to be remembered as a political figure. He will be remembered for his scholarship – for setting the record straight regarding the relationship between the occult and National Socialism, and also for his efforts to preserve the genuine esoteric strivings of our people which have been sidelined by science, technology, and modernity. For that we should remain forever grateful.

Notes

1. Nicholas Goodrick-Clarke, The Occult Roots of Nazism: Secret Aryan Cults and Their Influence on Nazi Ideology (New York: New York University Press, 1992).

2. Pauwels and Bergier, The Morning of the Magicians (New York: Stein & Day, 1964), p. 180.

3. The Occult Roots of Nazism, p. 202.

4. Nicholas Goodrick-Clarke, Hitler’s Priestess: Savitri Devi, the Hindu-Aryan Myth, and Neo-Nazism (New York: New York University Press, 1998).

5. Nicholas Goodrick-Clarke, Black Sun: Aryan Cults, Esoteric Nazism, and the Politics of Identity (New York: New York University Press, 2002).

6. The Cat Lady, “Nutty Nazis,” at Vanguard News Network (http://www.vanguardnewsnetwork.com/v1/books8.htm [11]).

7. Kevin Coogan, Dreamer of the Day: Francis Parker Yockey and the Postwar Fascist International (Brooklyn: Autonomedia, 1999).

8. Nicholas Goodrick-Clarke, The Western Esoteric Traditions: A Historical Introduction (Oxford: Oxford University Press, 2008).

9. Black Sun, pp. 303-304.

10. Black Sun, p. 313.

11. Black Sun, p. 313.

12. Personal correspondence, September 16, 2009.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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mercredi, 02 février 2011

De esoterische dimensies van het dollarbiljet

SilverCertificate1Dollar.jpg

De esoterische dimensies van het dollarbiljet

(samenvatting van een lezing door Joseph Campbell)

OneDollar_NovusOrdoSeclorum[1].jpgIk nodig u uit om eens goed naar het bekende dollarbiljet te kijken. De interessantste kant is niet die waarop George Washington staat, maar de kant waarop het grootzegel van de Verenigde Staten is weergegeven.

De (gewoonlijk verborgen) voorzijde van het grootzegel toont links een beeld van de interpretatie door de Founding Fathers (de grondleggers van de Verenigde Staten) van de Bron der Openbaringen. De afgeplatte top van de piramide wordt bekroond door de Driehoek van het Licht met het alziende oog van God. Het geeft de geestelijke macht weer die de schepping van materie beveelt. Het oog geeft aan het ‘openen van het oog’ door Jahweh of door Brahma, waarmee Hij de fysieke wereld schiep. Dit verwijst naar het oog dat de eerste wereld openbaarde (in ons huidige wetenschappelijke taalgebruik zouden wij ‘big bang’ zeggen). De Latijnse tekst Annuit Coeptis laat zich vertalen als ‘Het ondersteunt ons streven’. Het is interessant om te zien dat het Latijn hier geslachtsneutraal is en daardoor niet noodzakelijk een ‘mannelijke’ God bedoelt. De andere tekst, Novus Ordo Seclorum, betekent ‘De Nieuwe Orde der Eeuwen’.

De andere kant van het zegel (de officieel zichtbare kant) geeft de Bron der Handelingen weer, gesymboliseerd door de Arend – het symbool van Zeus, de enige vogel die in de zon kon kijken. Deze arend heeft dertien pijlen (symbool van macht) in zijn linkerklauw en een olijftak (symbool van vrede) in zijn rechterklauw.


Het getal 13, het getal van de transformatie, geeft op ook voor niet-ingewijden begrijpelijke wijze het aantal staten weer die oor spronkelijk de Verenigde Staten vormden. Maar het moet hier ook begrepen worden in zijn esoterische betekenis, gegeven het buitengewoon grote aantal keren dat dit getal in de figuur is opgenomen. Er wordt niet minder dan zeven keer naar het getal 13 verwezen! Dit zijn: het aantal rijen stenen van de piramide, het aantal sterren, het aantal blaadjes op de olijftak, het aantal pijlen in de klauw, het aantal letters in annuit coeptis en het aantal letters in de rest van de figuur (inclusief de Romaanse letters voor het jaartal), dat 26 (2 x 13) bedraagt.


Het verkrijgen van het juiste aantal letters vereiste het toepassen van een ‘spelfout’ in de Latijnse tekst (seclorum in plaats van seculorum). De spreiding van de 13 sterren boven de arend vormt een ‘Zegel van Salomo’ (ook ‘Ster van David’ genoemd) en is bedoeld om ons nog een paar hints te geven. Die zespuntige ster is inderdaad een van de rijkste kabbalistische en alchimistische symbolen. Moeten we nog verdergaan om onze stelling te bewijzen dat, zelfs in de tegenwoordige volledig seculaire wereld, het muntbiljet dat het meest in de wereld wordt gebruikt doordrenkt is van aanzienlijke ‘mysterieuze heilige eigenschappen’?

Het kan fascinerend zijn om het volgende geheim te ontdekken dat onze gedachten ondersteunt. Liberia bijvoorbeeld geeft zijn wettig betaalmiddel uit met de beeltenissen van kapitein James T. Kirk en kapitein Jean-Luc Picard van het ruimteschip Enterprise, en betaalt daarvoor royalty’s aan Viacom, de eigenaar van het handelsmerk Star Trek.41 Tot voor kort was het mode om bankgebouwen op tempels te laten lijken, compleet met eerbied vereisende interieurs. Zelfs de eerste internetbank, de First Security National Bank, met alleen maar een internetadres en geen fysieke vestiging, voelde de noodzaak om zich aan deze gewoonte te onderwerpen door een imitatiebankgebouw in Griekse stijl als symbool voor haar eerste webpagina te gebruiken.

Centrale bankiers in het bijzonder verhullen nog steeds hun activiteiten in priesterlijke mysteries. Een hoorzitting voor de voorzitter van de Federal Reserve in het congres kent evenveel rituelen en bestudeerde dubbelzinnigheid als de orakels van de priesters van Apollo in Delphi in het oude Griekenland. Twee citaten geven dit perfect weer. Het eerste is mijn favoriete kwinkslag van Alan Greenspan: ‘Als u mij hebt begrepen, heb ik mijzelf níét duidelijk uitgedrukt.’ De ander komt van William Greider, in zijn bestseller over de Federal Reserve met de toepasselijke naam ‘Secrets of the Temple’: ‘Evenmin als de tempel antwoordde de Fed aan het volk, maar zij sprak voor hen. Haar uitspraken werden gegoten in een geheimzinnige taal die de mensen niet konden begrijpen, maar haar stem, wisten zij, was machtig en belangrijk.’42


Maar er zit méér achter het mysterie van het geld dan alleen een weerspiegeling van het sterk gevestigde conservatisme van de financiële wereld.



http://aardnoot.nl/Het_geld_van_de_toekomst/De_geschieden...

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lundi, 08 mars 2010

La teozoologia di Jörg Lanz von Liebenfels

La teozoologia di Jörg Lanz Von Liebenfels

Autore: Luca Leonello Rimbotti / http://www.centrostudilaruna.it/

Lanz_von_Liebenfels.jpgSi è ritagliato un suo piccolo posto nella storia. Lo troviamo in tutti i libri più importanti che si occupano delle primissime origini ideologiche del Nazionalsocialismo. A volte viene descritto addirittura come quello che fornì a Hitler le idee: Jörg Lanz von Liebenfels, a metà strada fra il monaco erudito e il visionario psichedelico, fu capace di immaginare fantastici mondi da apocalisse. Dipinse lo scenario della storia come una lotta manichea tra la razza ariana luminosa e quella tenebrosa degli uomini-bestia, attingendo dalla Bibbia, da antichi testi gnostici, aramaici, greci, da dimenticati libri apocrifi e da un’infinità di dettagli archeologici e filologici, nella certezza che l’Età dell’Oro, popolata in origine da un’umanità bella e nobile, fosse degenerata nel caos della modernità a causa degli incroci umani con gli animali. In questa sua «rappresentazione zoomorfa del principio del male», come l’ha definita lo storico Goodrick-Clarke, in realtà si ritrovano antichi incubi dell’uomo. La paura della bestia, e della bestia che è in noi, ha dato vita nel tempo ad ogni sorta di proiezione.

In materia, ci sono dei piccoli classici. Ad esempio, Il Bello della Bestia di Silvia Tommasi, in cui si è ripercorso l’immaginario “bestiale” da Lovecraft a Karen Blixen. Oppure, il famoso Bestie, uomini, dèi di Ossendowski, in cui l’Asia viene popolata di presenze oscure e terribili, fino a Bestie o dei? L’animale nel simbolismo religioso, in cui, tra l’altro, Grado G. Merlo sottolineava la pratica cristiana di attribuire agli eretici i tratti dell’immondo animale. Impostazione foriera di radicalismo tra opposte fazioni ideologiche, che avrà le sue ricadute nel Novecento. E proprio a questa mentalità giudeo-cristiana di associare la bestia al demoniaco, drammatizzando così al massimo il suo già robusto dualismo di fondo, si può far risalire la febbrile volontà di Lanz von Liebenfels di giudicare la vicenda storica come un continuo processo di corruzione, attraverso la promiscuità sessuale tra uomo superiore e uomo imbestiatosi.

teozoologia_grande.jpgAdesso le Edizioni Thule Italia ripropongono il testo certo più caratteristico di Lanz, Teozoologia. La scienza delle nature scimmiesche sodomite e l’elettrone divino, a cura e con la traduzione di Marco Linguardo. Si tratta di un vero unicum editoriale. Il bizzarro titolo ci rimanda direttamente all’epoca, il 1905, in cui il libro fu scritto. Le recenti scoperte scientifiche dei raggi X e della radioattività, di cui Lanz fu un appassionato studioso, lo portarono a diventare egli stesso uno sperimentatore, ottenendo anche svariati brevetti di motori e sistemi elettrici. Ne trasse le immagini del Theozoon, l’uomo divino fornito di poteri magnetici superumani, e del suo speculare semibestiale, l’Anthropozoon.

Questa nota futuristica, unita al tradizionalismo völkisch di cui Lanz era imbevuto e all’erudizione teologica, costituirono l’esplosiva miscela di una formula ideologica pericolosamente in bilico tra fantascienza e millenarismo pangermanista. Non sarà stato comunque un caso che il giovane viennese Lanz, assunti nel 1897 i voti monacali presso l’abbazia cistercense di Heiligenkreuz, si fosse dedicato non solo alla severa esegesi biblica, ma anche all’apprendimento di un sapere razzialista direttamente appreso dal suo istitutore conventuale, l’erudito Nidvard Schlögl, biblista e orientalista allora di fama. La teoria che «la radice di tutti i mali del mondo avesse effettivamente una natura animale subumana», come dice Goodrick-Clarke, si stilizzava in Lanz nel rappresentare la lotta cosmica tra l’ordine, di cui erano detti portatori i popoli bianchi dominatori, e il caos ingenerato invece dagli orgiasmi sessuali, con cui i popoli di colore avrebbero sedotto i signori, conducendoli a crescente rovina bio-psichica.

Ostara.jpg Questa idea fissa si era rafforzata in occasione del ritrovamento, avvenuto nel 1894 nello stesso monastero in cui Lanz ricoprì anche ruoli di insegnante, di una pietra tombale medievale, in cui compariva la scena di un antico aristocratico che teneva sotto i piedi una specie di animale. Da qui insorse nell’immaginario di Lanz una ricerca ossessiva di prove, che attraverso l’arte antica, certi obelischi e bassorilievi assiri, o i bestiari medievali, testimoniassero di quella pratica di ibridazione universale, che a un certo punto si saldò a idee di rigenerazione situate in un mitico futuro, in cui l’uomo – non diversamente da quanto tratteggiato da Nietzsche, che per il suo Superuomo usò il termine di Züchtung, che significa allevamento – si sarebbe purificato da ogni impurità attraverso la pratica di una selezione dei tipi migliori.

Lasciate entro pochi anni la tonaca e l’abbazia, Lanz dal 1900 entrò in contatto con ambienti del pangermanesimo, come quelli legati a Guido von List, Theodor Fritsch e Ludwig Woltmann. Non si sa come, riuscì ad entrare in possesso del castello di Werfenstein, sul Danubio, facendone la sede dell’Ordine del Nuovo Tempio, da lui fondato. Quanto poi alla sua rivista Ostara, che veicolava l’ideologia ariosofica in un misto di teosofia, cristianesimo ariano e pangermanesimo razzista, noi sappiamo da numerosi storici, a cominciare da Fest e Kershaw, che il periodico venne letto dal giovane Hitler. E, molto probabilmente, i due, che furono a Vienna e a Monaco in anni vicini, ebbero anche modo di conoscersi. Ma Hitler divenne ben presto un politico moderno e realista, e una volta al potere lasciò indisturbato Lanz, ma fece chiudere molti circoli dell’occultismo völkisch, giudicandoli confusionari.

Effettivamente, occorre dire che esiste da sempre nell’arte e nella psicologia umana un’associazione tra la bestia e l’uomo, che è circonfusa di pesanti inquietudini. Gli studiosi si sono spesso interrogati su quelle presenze animalesche così ricorrenti un po’ ovunque, dalle divinità egizie alla tavoletta di Narmer, in cui una figura di dominatore aggioga una forma subumana, alle cattedrali gotiche, sovrabbondanti di mostruose creature animali, alle placche dorate vichinghe, in cui si vedono bestie umanoidi, fino alle rappresentazioni legate al lupo, da alcuni studiosi rovesciate in miti sovrumani: per dire, anni fa Chiesa Isnardi studiò il lupo mannaro presente nelle tradizioni europee come un’immagine del Superuomo. In ogni caso, la strana figura del monaco Lanz – che ebbe tra i suoi estimatori personaggi come Lord Kirchner, August Strindberg e autorevoli biblisti del suo tempo – rimane ancorata a un’epoca in cui il progresso scientifico e il riemergere di arcaismi occulti si fusero in maniera impensata. Creando i presupposti di un’ideologia di massa che di lì a pochi anni avrebbe salito la ribalta mondiale.

* * *

Tratto da Linea del 21 febbraio 2010.

mercredi, 03 février 2010

Revue "Hyperborée": Qu'est-ce que l'ésotérisme?

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SOMMAIRE DU N°9

ÉDITORIAL

Qu’est-ce que l’ésotérisme ?

DOSSIER L’ÉSOTÉRISME CHRÉTIEN

Ganagobie : des mosaïques pas très catholiques
Thulé sous le masque chrétien
L’image du Golgotha et les mythes nordiques
Le secret polaire de l’Ordre du Temple
Les saints du calendrier et le symbole zodiacal
La religion orthodoxe, gardienne de la Tradition

LU, VU, ENTENDU

Charbonneau-Lassay et le Bestiaire du Christ
La chanson populaire
Page solaire
Le feu de Naciketas
Les alignements du Ménec
Vincenot, de Pierre Vial
Célestin et Amycus

ORIGINES

La Nwyvre, l’énergie procréatrice des origines
Pensée, parole, action dans la tradition européenne

NOTRE EUROPE

La Sardaigne : du temps et des dieux
L’Irlande - 2e partie : Du génocide à la reconquête

EDITORIAL DU N°9

Qu'est-ce que l'ésotérisme ?


Qu’est-ce que l’ésotérisme ? C’est le monde tel qu’il existe et tel que le voient certains êtres selon une logique et une vision qui ne sont pas apparentes ou reconnues par les autres. Nietzsche disait que le philosophe exotérique voit les choses d’en bas, tandis que le philosophe ésotérique les voit d’en haut. Cette explication n’est guère satisfaisante ; l’ésotériste n’est pas, dieu merci, un philosophe, tout au moins, dans son acception actuelle. Et, les choses, il ne les voit ni d’en haut ni d’en bas, il les voit à travers, superposées, ou comme à la lecture d’un palimpseste. Don Juan, le chaman yaqui de Castaneda, assimilait la connaissance aux peaux d’un oignon qu’il faut éplucher pour en découvrir le secret (… en pleurant). On peut tout aussi bien s’en référer à l’image de la peau humaine ; on ne voit des êtres que leur apparence physique. La peau humaine comporte elle aussi plusieurs couches ; sa fonction permet de protéger – quelquefois de refléter – l’intérieur. L’étymologie du mot ésotérisme renvoie à ce dernier mot, intérieur, avant de signifier caché. Mais il n’y a pas lieu d’opposer exotérisme et ésotérisme, comme il n’y a pas lieu d’opposer science moderne et ancienne qui sont deux aspects d’un même corpus. Evidemment, l’accélération de notre fin de cycle fait que l’on n’a guère le loisir de pousser l’investigation plus loin que les apparences.
Le monde est régi par un ensemble de lois qui ne sont pas édictées par les hommes. Lorsque le temps fut venu de les occulter, puisqu’on entrait dans l’« âge sombre », ces lois et principes furent conservés sous forme de symboles, architecturaux, artistiques, ou autres, sous forme de transmission orale, ou écrite, de traditions rituelliques ou autres perpétuées depuis le fond des âges. Eliade, Evola, Dumézil, ou Guénon et bien d’autres ont largement contribué à expliquer ces modes de transmission dans les sociétés anciennes ou celles contemporaines, qu’on nomme « primitives » mais chez lesquelles perdurent encore bien des signes d’un savoir oublié. L’ésotérisme est donc la science qui étudie les connaissances qui ne sont pas accessibles à une perception immédiate, tout en incluant celles qui le sont – qui peut le plus peut le moins – et qui structurent le monde en profondeur. Et dès l’origine. Ces connaissances étant éternelles et universelles, l’ésotérisme peut encore se définir comme la voie de leur transmission.
De ce fait, les connaissances exotériques contemporaines, telles que les hommes les pratiquent d’une manière qu’ils définissent comme « rationnelle » ou « cartésienne » et qu’ils appellent « scientifiques », ces connaissances somme toute superficielles - « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil » - ne sont qu’une infime partie du matériau intellectuel, et spirituel, que les hommes ont à leur disposition, de même que nous n’exploitons qu’une infime partie des potentialités de notre cerveau. Un domaine – celui le plus en pointe - de ces nouvelles sciences a inclus, ou plutôt rejoint, nous dirions presque spontanément, naturellement, certaines de ces anciennes connaissances ; c’est celui de la physique quantique, qui fausse justement ces règles de logique scientifique qu’on pensait indétrônables et incontournables. Le serpent se mord la queue. La science et la tradition se sont rejoints et ont un bel avenir commun.

L’ésotérisme chrétien

« Y a-t-il ésotérisme chrétien ou christianisme ésotérique ? dans le premier cas, le christianisme est fondamentalement un ésotérisme qui s’est dégradé en religion ; dans le second cas, le christianisme est une religion qui comporte quelques éléments ésotériques et a pris quelques formes ésotériques ».
Quant à nous, nous n’avons pas opposé exotérisme ou science à ésotérisme ou spiritualité. Il conviendrait tout autant de ne pas opposer paganisme et christianisme, en vertu d’une tradition de continuité redécouverte dans le présent numéro d’Hyperborée par Paul-Georges Sansonetti ; car il existe un ésotérisme chrétien qui énonce, lorsqu’on y prête attention, les mêmes vérités que professaient les spiritualités anciennes, que le christianisme dogmatique (ou religieux, comme l’écrit Riffard ) a tenté d’éradiquer par l’épée et le feu. Pour dire autrement, la Tradition s’est maintenue au sein même de ce qui pouvait être considéré comme son plus implacable ennemi. Ce qui nous permet, à nous, d’être encore là, nous référant à ces quelques bribes de savoir, tout aussi précieuses que la moindre molaire d’un mammouth qui permet aux archéologues de reconstituer le mastodonte dans son ensemble. Et à quelques injections d’ADN de faire marcher les spécimens congelés dans un proche avenir.
Et l’on s’attend, au jour du Jugement dernier, comme diraient les chrétiens, à voir se lever et s’animer toutes ces figures de pierre patiemment et délicatement sculptées dans la fraîcheur et la pénombre des cloîtres par des hommes courageux dont la mission était de transmettre ces connaissances primordiales, au nez et à la barbe (blanche) des Pères de l’Eglise.
Mais cela aurait-il pu se produire s’il n’y avait eu dans les fondements même du christianisme quelques éléments qui auraient permis cette continuité, à commencer par le personnage du Christ ?
Et même la vaste entreprise de récupération décidée d’une manière systématique par l’Eglise n’a-t-elle pas permis de sauvegarder certains vestiges ? On peut penser, bien sûr, à ces temples païens, eux-mêmes construits sur des lieux telluriques et qui ont été détruits, certes, mais aussi marqués, par l’emplacement d’une chapelle ? ou à cette surabondance de saints, destinés à remplacer les anciens dieux, lesquels étaient, rappelons-le encore une fois, des principes. Le coucou chrétien n’aurait, dans ce cas, fait que garder le nid au chaud pour le retour de l’aigle.
Pour illustrer ce qui vient d’être dit, voici le récit d’une petite expérience, que chacun peut faire sur le site de n’importe quel édifice chrétien près de chez lui.
J’ai découvert sur un tourniquet de l’unique bistrot d’un village perdu de la Drôme provençale une revue fort bien faite par une équipe d’érudits locaux qui s’appelle Mémoire d’Ouvèze, du nom de la rivière qui arrose les villages de ce pays aux confins de la Drôme et du Vaucluse, et qui a sinistre « mémoire » puisque c’est elle qui a emporté une partie de Vaison-La Romaine il y a quelques années. Ce numéro était consacré aux chapelles du Val d’Ouvèze et recense une trentaine de ces bâtiments qui sont souvent des petites merveilles d’architecture (voir encadré).

Notre dossier sur « l’ésotérisme chrétien » n’est évidemment pas exhaustif, nous aurions par exemple aimé évoquer la grande figure de Rudolf Steiner dont nous avons parlé à maintes reprises dans cette revue ; ce n’est que partie remise.

jeudi, 31 décembre 2009

Frithjof Schuon ou l'unité de l'essence-ciel: pour son 90ième anniversaire

Frithjof-Schuon.jpgArchives de Synergies Européennes - 1999

FRITHJOF SCHUON OU L'UNiTE DE L'ESSENCE-CIEL:

POUR SON 90ième ANNIVERSAIRE

 

Frédéric d'HÖLKELUNN

 

«Et telle que serait la folie d'un homme qui, ne sachant ce que c'est que la navigation, se mettrait sur mer sans pilote, telle est la folie d'une créature qui embrasse la vie religieuse sans avoir la volonté de Dieu pour son guide».

(Bossuet)

 

«Il est des hommes qui adorent le soleil parce qu'il est une manifestation de Dieu; il en est d'autres qui refusent de l'adorer parce qu'il n'est pas Dieu, ce qu'il semble prouver par le fait qu'il se couche. Les adorateurs du soleil pourraient faire valoir à bon droit qu'il ne se couche pas, mais que c'est la rotation de la terre qui crée cette illusion; et on pourrait comparer leur point de vue à celui de l'ésotérisme, qui, d'une part, a conscience du caractère théophanique et pour ainsi dire sacramentel des grands phénomènes du monde visible, et, d'autre part, connaît la nature réelle et totale des choses et non tel aspect ou telle apparence seulement.

 

Mais il faut mentionner aussi une troisième possibilité, celle de l'idolâtrie: il est des hommes qui adorent le soleil, non parce qu'il savent qu'il manifeste Dieu, ou que Dieu se manifeste par lui, ni parce qu'ils savent qu'il est immortel et que ce n'est pas lui qui se couche (1), mais parce qu'ils s'imaginent que Dieu est le soleil; dans ce cas, les contempteurs exotéristes du soleil ont beau jeu de crier au paganisme . Ils ont relativement raison, tout en ignorant que l'idolâtrie  —ou plus précisément l'héliolâtrie—  ne peut être qu'une dégénérescence d'une attitude légitime; attitude non exclusive sans doute, mais en tout cas consciente de la situation réelle, au point de vue du sujet aussi bien qu'à celui de l'objet».

 

- (1) “Le fait que le soleil se déplace à son tour, à ce qu'il paraît, n'entre pas en ligne de compte dans un symbolisme limité à notre système solaire”. (Frithjof Schuon, L'Esotérisme comme Principe et comme Voie, page 216).

 

C'est le 18 juin 1997, que “le plus grand philosophe du XXième siècle” selon Jean Biès (1), a discrètement fêté ses 90 printemps, à la lisière des vastes forêts de l'Indiana, près de la petite cité universitaire de Bloomington, aux Etats-Unis, où il vit depuis 1980.

 

Quelques jalons biographiques:

 

Près d'un siècle auparavant, la ville de Bâle en Suisse avait bercé les premières années de son enfance (2-, quasiment au son du violon de son père, d'origine wurtembergeoise. Après un apprentissage de dessinateur d'art sur tissus dans une entreprise de Mulhouse, Frithjof Schuon qui est d'ascendance alsacienne par sa mère, effectue son service militaire dans l'armée française, tout en poursuivant des études d'Islamologie à l'Institut de la Mosquée de Paris. Il voyage au Maroc et en Algérie, approfondi ses connaissances des arts et métiers traditionnels d'Extrême-Orient, et rencontre en 1932 le Shaykh Ahmad al-Alawî, Maître d'une tariquah soufie, dont il deviendra le disciple. Lors d'une escale au Caire en 1938, Schuon rend une visite courtoise à René Guénon avec lequel il entretenait d'importantes relations épistolaires. Pendant plus de vingt ans il sera d'ailleurs le plus proche collaborateur de Guénon auprès de la revue Etudes Traditionnelles.

 

Indépendamment de son engagement au sein de l'Islam, Schuon se lie a quelques-unes des personnalités les plus remarquables des tribus sioux Lakota d'Amérique du Nord, et accompli plusieurs séjours auprès d'elles durant les étés 1959 et 1963. Son journal, ainsi que maintes études d'une acuité exceptionnelle et de splendides fresques peintes témoigneront de son empathie à l'égard de la primordialité de cette civilisation qu'il désignera de l'épithète de “Rubérien” ou “Ruberindien”.

 

Cependant, la déclaration de guerre l'oblige à écourter un voyage en Egypte et en Inde pour servir sous le drapeau tricolore; puis, la lueur des hostilités s'estompant, il gagne la Suisse où il s'établit à Pully, près de Lausanne sur les bords du Lac Léman. C'est sur ces coteaux paisibles que va se peaufiner, pendant près de quarante ans, les linéaments d'une œuvre qui sert l'arc-en-ciel divin de la Vérité parce qu'elle témoigne dans les labours du cœur humain de la Grâce de la Présence.

 

Une œuvre “essence-ciel”

 

Si l'on tente de ceindre  —tant que faire se peut!—  d'un seul regard cette somme (3) spirituelle incomparable, l'éclat premier qui en rejaillit parait s'énoncer autour de trois principes fondamentaux: Le Beau, Le Vrai et Le Bien, qui, à l'instar des lois globales  de la physique, mais avec une dimension —universelle- qui les implique, conditionne toute une hiérarchie des états d'être du microcosme au macrocosme. Platon dans sa célèbre formule “le beau est la splendeur du vrai” avait confirmé le lien indissoluble qui unit la beauté et la vérité. Ce qu'il convient de souligner, c'est que ces notions comme toutes celles présentes dans les différents livres de Schuon, doivent être appréhendées au plus intime de soi, (re)-vécues par chacun, comme une aventure intérieure.

 

Ces éléments donnés pour préciser en quoi dès que l'on aborde les religions, et plus généralement le champs de la transcendance, on ne saurait se passer d'une herméneutique des formes et de la substance symboliques dont sont constituées les Révélations. Faute de quoi les concepts ne véhiculent qu'une sorte de constructivisme intrinsèquement subjectif.

 

Devant l'efflorescence actuelle de groupes néo-païens et l'opacité que recèle l'expression même de paganisme, il convient de nous interroger sur ce phénomène. Comme l'atteste la citation de Schuon en exergue, nul mieux que lui n'est à même de clarifier et rectifier certaines dérives  néo-paiennes, à l'image de celle offerte dans une récente revue de la “nouvelle droite” française. Ainsi se confirmera l'impérieuse nécessité de la perspective schuonienne pour cette fin du second millénaire.

 

Le néo-paganisme selon la “nouvelle droite”:

 

Le n°89 de juillet 1997 d'Eléments pour la civilisation européenne, s'ouvre sur un remarquable éditorial intitulé “sortir du nihilisme” dont le propos se poursuit en quelque sorte au sein d'un entretien avec Alain de Benoist, intitulé «Comment peut-on être païen?». Extrêmement synthétique et pleinement justifié dans son diagnostic, l'éditorial d'Eléments  souffre néanmoins d'une certaine incomplétude en ce qu'il ajourne la logique même qui le sous-tend. En effet, un tel constat ne devrait-il pas déboucher sur un rattachement à l'une des Voies authentiquement traditionnelles? Dans le cas contraire ne demeurons-nous pas simple spectateur-sociologue, d'un discours au demeurant brillant? Ce sont les premières questions que suscite cet éditorial comme l'entretien qu'a accordé Alain de Benoist.

 

En page 10-11 de celui-ci, nous découvrons, on ne sait trop pourquoi ce qui suit: «Les groupes “néopaiens” extrêmement nombreux qui évoluent dans ce milieu échappent rarement à ce syncrétisme (c'est nous qui soulignons), en fait un patchwork de croyances et de thèmes de toutes sortes, où l'on voit se mêler les tarots et les “charmes” karmiques, l'interprétation des rêves et les invocations à la Grande Déesse, les traditions hermétiques égyptiennes et les Upanishads, Castañeda et le roi Arthur, Frithjof Schuon et la psychologie jungienne, le marteau de Thor et le Yi-King (...), etc.».

 

Pour un lecteur peu ou non instruit des Doctrines Traditionnelles, et surtout qui ne dispose pas d'information précise sur Frithjof Schuon, ce qui précède prête à diverses supputations qui ont en commun d'altérer l'image de ce dernier. En effet:

- M. Schuon pourrait passer pour l'un des dirigeants ou conseillers de ces “groupes néo-païens”.

- On pourrait penser que M. Schuon avalise une quelconque idée de néopaganisme, ou cautionnerait l'une des tendances ou formulations du courant “New Age” ou de l'un des auteurs ci-dessus cité.

 

Or tout ceci est contraire à la Vérité et l'œuvre inestimable de Frithjof Schuon en apporte une éclatante réfutation. Mais il y a plus ennuyeux, ce sont les deux termes de “syncrétisme” et de “patchwork” accolé à sa personne qui ne peuvent qu'induire que son propos correspondrait à un (sic) “syncrétisme” ou un (sic) “patchwork”, ce qui est encore une fois l'exacte inverse de la réalité.

 

Il suffit pour s'en convaincre de se pénétrer des deux citations suivantes: “le paganisme c'est la réduction de la religion à une sorte d'utilitarisme” (4); “Le paganisme, s'il ne se réduit pas à un culte des esprits,  —culte pratiquement athée qui n'exclut pas la notion théorique d'un Dieu—  est proprement un “angélothéisme”; le fait que le culte s'adresse à Dieu dans sa “diversité”, si l'on peut dire, ne suffit pas pour empêcher la réduction du Divin  —dans la pensée des hommes—  au niveau des puissances créées. L'unité divine prime le caractère divin de la diversité: il est plus important de croire à Dieu -donc à l'Un- que de croire à la divinité de tel principe universel. L'Hindouisme ne perd pas de vue l'Unité; il a tendance à voir l'Unité dans la diversité et dans chaque élément de celle-ci. On ne saurait donc sans grave erreur comparer les Hindous aux païens de l'antiquité, pour lesquels la diversité divine était quasiment quantitative» (5).

 

Les interprétations limitatives d'Alain de Benoist

 

schuonregards.jpgIl est manifeste qu'Alain de Benoist, sans doute par tempérament, n'a malheureusement jamais étudié (6) les écrits de Frithjof Schuon. C'est regrettable, particulièrement, dans l'optique de cet article, l'ouvrage Regards sur les Mondes anciens (7) et le chapitre (pages 9-35) qui lui donne son titre, de même que le chapitre du même livre «Dialogue entre Hellénistes et Chrétiens» (pages 71-89) qui répond à notre sens bien mieux que ne le fait Heidegger de ce que fut la relation amphibologique mais véritable entre les anciens Grecs et les premiers Chrétiens.

 

Ceci exprimé, il convient d'éclaircir les points suivants:

- Maîtrisant à la perfection les catégories de la Métaphysique Universelle (8), M. Schuon ne saurait de ce fait en aucun cas être suspecté de syncrétisme ou de toute autre idée du même genre. Rappelons que Guénon a plus d'une fois montré la différence entre synthèse et syncrétisme d'une part, et la nécessité d'un rattachement à une tradition religieuse avérée d'autre part. En l'occurrence et comme pour M. Schuon, ce fut le Soufisme au sein de l'Islam Traditionnel.

 

- Quant à la psychologie jungienne et à Jung en particulier (9), nous citerons ce judicieux commentaire de Schuon (l0) à propos de l'exigence d'une “vigilance implacable” quant à “la réduction du spirituel au psychique”: «D'après C. G. Jung, l'émersion figurative de certains contenus du “subconscient collectif” s'accompagne empiriquement, à titre de complément psychique, d'une sensation nouménale d'éternité et d'infinitude; c'est ruiner insidieusement toute transcendance et toute intellection. Selon cette théorie, c'est l'inconscient  —ou subconscient—  collectif qui est à l'origine de la conscience “individuée”, l'intelligence humaine ayant deux composants, à savoir les reflets du subconscient d'une part et l'expérience du monde externe d'autre part; mais comme l'expérience n'est pas en soi de l'intelligence, celle-ci a nécessairement pour substance le subconscient, et on en vient alors à vouloir définir le subconscient à partir de sa ramification. C'est la contradiction classique de toute philosophie subjectiviste et relativiste». Il est difficile d'être plus clair quant à la dénonciation des erreurs de la “psychologie” jungienne, comme des dérives farfelues de groupes néo-paiens!

 

D'autre part, on ne saurait, sans fausser ce qui est présupposé dans toute Révélation ou Tradition authentique, parler des écrits de M. Schuon (11)  —ou de tout autre représentant qualifié de la Sophia perennis  (12)—  de la même façon que ceux des philosophes des XIXième et XXième siècle. Dans le cas contraire, on retomberait dans un relativisme (l3) n'autorisant pas un acte de foi plénier.

 

Métaphysique et philosophie ne sont pas synonymes!

 

On s'interroge sur l'existence distincte de ces deux termes dès lors que quasi toutes les sciences “dures” (sic) ou “humaines” (re-sic) les emploient alternativement et sans se préoccuper un seul instant du sens que ceux-ci avaient à l'origine. Ce confusionnisme (l4) est assez grave car il fausse toute tentative d'interprétation du fait religieux. René Guénon a pourtant définitivement établit la distinction radicale qu'il y a lieu de retenir entre philosophie et Métaphysique (15), et la démarche “quelque peu honteuse et confuse” (16) de Heidegger se trouve renvoyée à sa juste place.

 

Quoique nous estimons beaucoup la pertinence de certaines analyses critiques d'Heidegger sur le sens de la technique dans le monde moderne, nous ne pouvons acquiescer à l'engouement disproportionné que certains lui voue à l'instar du “gourou” de la psychanalyse Jacques Lacan (17). Frithjof Schuon a bien circonscrit les confins de la pensée d'Heidegger, lorsqu'il relève dans Les Stations de la Sagesse (18): «Pour Heidegger, la question de l'Etre “a tenu en haleine l'investigation de Platon et d'Aristote”, et: “ce qui a été arraché jadis, dans un suprême effort de pensée, aux phénomènes, bien que d'une manière fragmentaire et par tâtonnements (im ersten Anlaufen)  est rendu trivial depuis longtemps” (Sein und Zeit).  Or il est exclu a priori que Platon et Aristote aient “découvert” leur ontologie à force de “penser”; ils étaient tout au plus les premiers, dans le monde grec, à estimer utile de formuler par écrit une ontologie.

 

Comme tous les philosophes modernes, Heidegger est loin d'avoir conscience du rôle tout “indicatif” et “provisoire” de la pensée en métaphysique; aussi n'est-il pas étonnant que cet auteur conclue, en vrai “penseur” méconnaissant la fonction normale de toute pensée: «Il s'agit de trouver et de suivre un chemin qui permette d'arriver à l'éclaircissement de la question fondamentale de l'ontologie. Quant à savoir si ce chemin est le seul chemin, ou s'il est le bon chemin, c'est ce qui ne pourra être décidé qu'après coup» (ibid.). Il est difficile de concevoir attitude plus antimétaphysique; c'est toujours le même parti pris de soumettre l'Intellect, qui est qualitatif par essence (19), aux vicissitudes de la quantité, ou en d'autres termes, de réduire toute qualité d'absolu à du relatif. C'est la contradiction classique des philosophes: on décrète que la connaissance est relative, mais au nom de quoi le décrète-t-on?

 

L'estimation d'Evola et celle d'Henry Corbin:

 

Julius Evola rejoint là-dessus Schuon lorsqu'il note que “le sens de l'existentialisme de Heidegger” est “sans ouverture franchement religieuse”, et que lorsque le philosophe de la Forêt Noire “parle du courage qu'il y a à éprouver de l'angoisse devant la mort” (20), nous sommes aux antipodes du type humain que toute religion bâtit dans la tourbe du temps.

 

L'anecdote sympathique (pages 16-17) d'Heidegger procédant à une génuflexion (21) “lorsqu'il entrait dans une chapelle ou une église”, dévoile une signification dont le caractère “historique” précisément, est à comprendre dans la perspective que nous avons jusqu'à présent essayé de présenter et qui se trouve également au cœur du retournement, de la transmutation qu'effectua Henry Corbin lorsqu'il délaissa Heidegger pour l'étude approfondie de Sohrawardî, Shaykh al-Ishrâq. Daryush Shayegan écrit à cet effet: «Ce que Corbin trouvait chez les penseurs iraniens était en quelque sorte un autre “climat de l'Etre” (eqlîm-e wojûd, Hâfez), un autre niveau de présence, niveau qui était exclu pour ainsi dire du programme de l'analytique heidegerienne. Le “retour aux choses mêmes” que préconisait Husserl, les mises entre parenthèses, le retrait hors des croyances admises que prônaient les adeptes de la phénoménologie, ne débouchaient pas sur le continent perdu de l'âme pas plus que Heidegger, analysant les existentiaux du Dasein et la structure de la temporalité, ne parvenait à atteindre ce huitième climat  ou le monde de l'imaginal. Ainsi le passage de Heidegger à Sohrawardî n'était pas uniquement un parcours ordinaire, encore moins une évolution mais une rupture, une rupture qui marquait l'accès à un autre climat de l'être (...) (22)”. C'est avec la publication de la traduction française du livre du sage safavide Sadr al-Dîn Shîrâzî (Mullâ Sadrâ) intitulé Kitâb al-mashâ'ir  (= Le

 

livre des pénétrations métaphysiques), qu'Henry Corbin mis “en parallèle, écrit Seyyed Hossein Nasr, le destin de l'étude de l'être en Occident et en Orient (...)” et “montra (...) dans sa magistrale comparaison entre l'ontologie de celui-ci et celle de Heidegger, que la découverte d'une métaphysique authentique révèle la limitation et l'insuffisance des débats qui occupent les principaux courants de la philosophie occidentale” (23).

 

Ce “climat” ne s'accomplit pleinement dans les tréfonds de l'homme que par le guéret des rites  qui le rétablit dans sa verticalité  chaque fois qu'il y déchoît. Or ceux-ci pour rassasier l'être de l'eau du symbole  —étoile fixe— et générer toute leur efficience, reçoivent leur légitimité seulement de la radicale Transcendance du Tout Autre qui, nous affirme Le Saint Coran “est plus près de lui que sa veine jugulaire” (24), mais il est dans son évanescence  que l'homme ne cesse de l'oublier.

 

C'est pour cette juste mesure que Jean Borella remarque encore: «Un simple regard sur le Parménide  ou le Sophiste aurait dû suffire cependant à leur faire comprendre (parlant de Heidegger et de Derrida) qu'il ne peut y avoir de compréhension (à tous les sens de ce terme) de l'être que du point de vue, qui n'est pas un point de vue, du sur-ontologique. A défaut de s'établir dans le surontologique (on y est ou on n'y est pas), on ne peut jamais parler de l'être, mais seulement à partir de l'être, et bien que la parole elle-même soit alors tout simplement impossible. C'est ici que se trouve la réponse à la question que Derrida pose à Foucault: y a-t-il un “autre” du Logos et quel est-il? Ou bien n'y en a-t-il pas? Et cette réponse est la suivante: c'est le Logos  lui-même qui est l'autre (que l'être), contrairement à ce qu'affirme Parménide qui ne le conçoit que comme parole-de-l'être (ontologos);  sinon, comment serait-il possible de dire ce qui n'est pas?» (25).

 

icon3.jpgBien d'autres remarques seraient à formuler sur cet entretien qu'Alain de Benoist à d'ailleurs renouvelé dans la revue Antaios (26), ce qui justifie à nos yeux la présente mise au point. Ainsi à propos des nuances qu'il y aurait lieu de faire entre aimer et ne pas aimer le monde, dans la référence à la lère Epître de Jean (2, 15) que donne Alain de Benoist en pages 14-15 d'Eléments, mais nous ouvririons alors un autre débat. Néanmoins nous ne poserons qu'une très simple question pour en dégager les prémices: n'est-il jamais arrivé, dans toute son existence, à Alain de Benoist de maudire, et de vouer aux gémonies la terre entière, même l'espace d'un instant?

 

Pareillement nous ne pouvons pas nous accorder avec Alain de Benoist lorsqu'il dit (pages 10-11) qu'“il n'est que trop évident qu'il (= l'ésotérisme) sert aisément de support à tous les délires”, c'est un peu court (27)! En l'occurence un certain néopaganisme véhicule autant sinon davantage de (sic) délires, surtout lorsqu'il refuse de se présenter pour ce qu'il est. C'est pourtant grâce à l'apport guénonien que nous pouvons distinguer entre occultisme et Esotérisme, surtout dans son sens doctrinal. Ne conviendrait-il pas mieux alors de parler de spiritisme (rebaptisé channeling, comme il est indiqué d'ailleurs) ou d'occultisme?

 

Nous ne pouvons supposer qu'un livre de Sel et de vie  —à la dimension impeccablement axiale, et véritable viatique pour l'homme moderne décentré comme l'est L'Esotérisme comme Principe et comme Voie, de Frithjof Schuon, qui vient d'être réédité, véhiculerait (sic) un pareil “délire”? Nous sommes persuadé que tel n'est pas le propos d'Alain de Benoist, et que seul les nécessités de l'entretien lui ont obvié la possibilité de clarifier ce point.

 

Une lettre ridicule du rédacteur en chef d'«Eléments»:

 

A la fin des Actes du XXVIième Colloque national du GRECE, le 1er décembre 1996, intitulé «Les grandes peurs de l'an 2000», Alain de Benoist relève: «Je suis toujours un peu surpris de voir à quel point il est parfois difficile pour chacun d'entendre des points de vue avec lesquels ils ne sympathisent pas. Je suis un peu différent, (...) en général, j'aime bien entendre des gens qui disent des choses que je ne pense pas (...) (28)». Fort de cette belle profession de foi, nous souhaitons que le présent petit écrit soit lu en observant si possible le sens de cette dernière!

 

Suite à un échange de correspondance relativement à ce numéro, son rédacteur en chef m'a fait part de son refus de publier ma mise au point (29) et de quelques objections vaniteuses dénuée de toute pertinence. J'en relèverai trois qui sont symptomatiques d'une clôture épistémologique:

 

a) M. Champetier estime que l'on ne saurait s'autoriser à “déduire quoi que ce soit des limites évidentes de notre constitution humaine”. Mais il ne lui vient pas un seul instant à l'esprit que ces limites ne sont si évidentes que pour lui, et que c'est lui-même qui arbitrairement se les pose!

 

Nous sommes ici en présence de l'aporie kantienne-type qui induit obligatoirement une clôture épistémologique. Kant estimait en effet que “la philosophie est non un instrument pour étendre la connaissance mais une discipline pour la limiter” (30).  Or cette limite réside ici dans l'aperception et la mission octroyée à la ratio. Autrement énoncé, c'est le serpent qui se mord la queue pour emprunter à l'un des épisodes ubuesques de Tintin au Congo l'image qui qualifie au plus près la réflexion du rédacteur d'Eléments.

 

Sur un autre plan, M. Champetier en ne tenant aucun compte des remarques —plus haut—  relatives à la fonction (31) des écrits schuoniens, entérine curieusement un égalitarisme méthodologique en ce qu'il prétend a priori récuser la pertinence de ceux-ci sans se soucier des conséquences que cela implique. En d'autres termes: M. Champetier a-t-il, oui ou non, suivi une Initiation authentique, quel est le degré  et la qualité  de réalisation de celle-ci, et enfin, maîtrise-t-il, oui ou non, tout ce qui découle  —Métaphysique comprise—  d'une Tradition donnée? La réponse à ses diverses questions ne peut qu'être négative et il apparaît dès lors que nous sommes en présence d'un incroyable orgueil dû à une ratio mutilée.

 

b) M. Champetier cite Wittgenstein, manifestement sans l'avoir vraiment lu. Il traduit quasi littéralement tout en la surinterprétant sa formule “sur ce dont on ne peut parler il vaut mieux se taire”. Outre que l'on peut également renvoyer Wittgenstein aux observations citées en a), celui-ci n'infére aucunement  —contrairement aux positivistes du Cercle de Vienne—  d'une impossibilité du langage à désigner une acception alors que son expression la proscrirait. Dans une étude importante (32), Jean-François Malherbe relève: «Nul athéisme donc chez Wittgenstein qui s'en tient strictement à montrer qu'il n'y a pas de savoir sur Dieu, si du moins l'on entend par savoir ce qui peut faire l'objet d'un discours sensé, et à suggérer une possiblité (ineffable) de Dieu. Mais il n'en va pas de même chez les positivistes logiques qui se sont référés au Tractatus comme à une “Bible”. Ce que refusent obstinément les néo-positivistes  —et qui les distingue radicalement de Wittgenstein—, c'est la possibilité que le langage montre des choses qu'il ne peut pas dire. Le problème de Dieu est donc, à leurs yeux, strictement dépourvu de sens, même de ce sens ineffable dont Wittgenstein pensait qu'il pouvait se montrer sans se dire».

 

c) M. Champetier estime que l'on “retrouverait paradoxalement dans l'humanisme moderne” une “démarche d'absoluité propre à la métaphysique”. Ou est-il allé chercher pareille incongruité? Primo, comment entend-il le terme “métaphysique”? Secondo, lorsque nous lisons,  —connivence de vue?—  comme allant de soi, chez Alain de Benoist, l'expression “métaphysique de la subjectivité” (33), nous nous demandons ce qu'il faut comprendre exactement par là? En réalité, l'humanisme moderne nous apparait d'abord marqué par un refus ou une ignorance manifeste de toute dimension de transcendance et à fortiori d'Absolu, ce qui ne l'empêche pas d'absolutiser des concepts purement relatifs,  —le phénomène de la sécularisation—  ce qui constitue sa principale aberration. Frithjof Schuon souligne bien que “l'humanisme (...) exalte de facto l'homme déchu et non l'homme en soi. L'humanisme des modernes est pratiquement un utilitarisme pointé sur l'homme fragmentaire; c'est la volonté de se rendre aussi utile que possible à une humanité aussi inutile que possible” (34), ajoute-t-il avec humour.

 

Présence de Frithjof Schuon à l'aube du 3ème millénaire:

 

Michel Valsan signale qu'“il existe nécessairement un principe d'intelligibilité de l'ensemble, correspondant à la sagesse qui dispose cette multiplicité et cette diversité. Mais ce principe ne peut être que métaphysique” (35). Nous croyons que l'honneur revient à Schuon d'avoir livré, à tous ceux qui s'en montrent dignes, les clefs  —le principe d'intelligibilité—  inestimables des grandes sagesses incréées. Ce faisant, la responsabilité lui est dévolue d'un double écueil: celui d'une interprétation erronée par manque de qualification, et où même la sincérité peut s'avérer un piège, et celui de l'utilisation équivoque et délibérément altérée.

 

Or l'une des vertus proprement traditionnelle est de servir “La Tradition” et non de s'en servir  (36).  Dans cette configuration humaine se déclôt soit l'être transfiguré par l'appel intérieur à la verticalité, ou broyé par l'implosion d'une volonté qui le vampirise. Sur ce choix existentiel, comme sur bien d'autres, quels seraient les autres Métaphysiciens  en cette fin du XXième siècle qui apporteraient dans un langage aussi cristallin les réponses aux questions légitimes que l'humain, parfois pétri d'angoisse, se pose légitimement? C'est dans l'équilibre fragile  où se dévoile les arcanes de la quête que se meut également le mystère de la rencontre de Dieu avec sa créature.

 

Dès lors pourra-t-on approcher, comprendre, notre insistance sur le service et la Grâce dont Schuon est investi pour ce prochain millénaire, alors que partout se généralisent des conflits qui trouvent leur sens originel et par là-même final au sein d'une incompréhension capitale de la relation de l'Un et du multiple? Cette portée ontologique  a entre autre été relevée par Jean Biès (37) à la fin des entretiens que Frithjof Schuon lui avait accordé voici quelques années alors qu'il résidait encore en Suisse. A juste titre, Jean Biès compare la fonction de Schuon avec le Prophète Elie. L'Universalité vraie,  —qui est l'exact contraire de l'universalisme dégénéré abstrait ou cosmopolitisme totalitaire— que Schuon incarne, constitue justement, en cette fin de siècle où se généralise le triomphe de la parodie (38), comme une sorte de miracle. Songe-t-on un instant que l'une des perspectives essentielles d'un livre tel que De l'unité transcendante des religions  est d'offrir le socle inébranlable,  —par delà tous les confusionismes aberrants du New Age—,  et la colonne vertébrale céleste sur laquelle s'édifient et puisent toutes les religions, et à travers cette Unité  qui discerne, d'assécher jusqu'à une certaine limite le stérile jeu des conflits théologiques?

 

indians27a.jpgSelon la doctrine bien connue de Saint Augustin qui est comme l'image inversée du discours d'Alain de Benoist: «En soi, la réalité qu'on appelle aujourd'hui religion chrétienne, existait même chez les anciens, et n'a pas manqué depuis le commencement du genre humain jusqu'à ce que le Christ vînt en la chair, à partir de quoi la religion vraie, qui existait déjà, commença de s'appeler chrétienne» (39). De l'Islam au Christianisme, du Paganisme à l'Hindouisme ou au Bouddhisme, le vêtement de l'exotérique se dissout toujours devant la venue de l'Ineffable. Car comme le formule merveilleusement Schuon, “les antagonismes de ces formes ne portent pas plus atteinte à la Vérité une et universelle que les antagonismes entre les couleurs opposées ne portent atteinte à la transmission de la lumière une et incolore” (40).

 

N'entrons-nous alors pas dans le temps où il nous faudrait concevoir le paganisme non comme un unilatéralisme formel, toujours en opposition, ce qui est le propre d'une expectative qui résèque toute dimension métaphysique et spirituelle  —mais plus simplement et plus véridiquement comme un simple moment de l'être, une goutte dans l'océan du divin?

 

C'est dans ce sillon qu'à l'été de l'année 1980, Georges Gondinet (41), qui actuellement dirige les Editions Pardès, adressait une lettre ouverte à Alain de Benoist, dont les termes nous semble toujours d'actualité: «“Là où existe une volonté, existe un chemin”, déclarait Guillaume d'Orange. Malheureusement, si vous possédez une incontestable volonté, vous vous arrêtez en chemin. A l'imitation de Renan, vous proposez une “réforme intellectuelle et morale”, mais vous la proposez à une société qui appelle sourdement une révolution totale».

 

Puissions-nous miser sur cette révolution du cœur  flamboyant, qui se consume dans la fidélité inébranlable aux Principes de La Tradition.

 

Frédéric d'HÖLKELUNN.

 

NOTES:

(1) Qui écrit ceci: «S'avisera-t-on un jour que le plus grand philosophe (français) du XXème siècle n'était pas parmi ceux que l'on cite partout, mais très probablement celui qui, dans l'indifférence générale et la conjuration d'un silence bien organisé, édifia patiemment, hors de tout compromis, l'une des œuvres décisives de ce temps, la seule qui, à la suite de René Guénon, mais dans une autre tonalité, rend compte en notre langue de la Philosophia Perrenis». Précisons encore une fois  —en regard de la déclaration de Jean Biès—  que Frithjof Schuon est naturalisé Suisse et né en Suisse!

 

(2) Pour de plus amples détails biographiques, voir l'étude d'Olivier Dard, parue dansl es colonnes de Vouloir et intitulée: «Frithjof Schuon le Jnâni: transparence et primordialité chez un Métaphysicien et Maître spirituel du XXième siècle», in: Vouloir, n°1 (AS: n°114-118), avril-juin 1994.

 

(3) Au sens où le terme est usité, par exemple, dans le titre de la célèbre Somme Théologique  de Saint Thomas d'Aquin.

 

(4) Voir, F. Schuon, Perspectives spirituelles et faits humains, page 92.

 

(5) Idem, op. cit., page 91.

 

(6) L'un de ses proches collaborateurs nous a d'ailleurs confirmé le fait lors d'un entretien téléphonique!

 

(7) Editions Traditionnelles, Paris, 1980. Cet ouvrage vient d'être réédité aux Editions Nataraj, F-06.950 Falicon, France. Signalons également la réédition de deux ouvrages capitaux de Schuon:

a) L'Esotérisme comme Principe et comme Voie, collection l'Etre et l'Esprit, Edition Dervy, Paris, 1997.

b) L'Oeil du Coeur, Edition l'Age d'Homme, Lausanne.

 

(8) Telle qu'elles sont exposées chez Aristote et que Schuon a corrigé dans le chapitre II/1, «Catégories Universelles», in: Avoir un Centre, pages 73-95, Edition Maisonneuve & Larose, Paris, 1988.

 

(9) Que semble apprécier Alain de Benoist, qui lui avait naguère consacré une chronique dans le Figaro-magazine  en date du samedi 28 février 1981. Cet intérêt porté à l'œuvre de Jung, qui a reçu une réfutation définitive par Titus Burckhardt, ne rejaillit-elle pas sur sa propre conception du paganisme?

 

(10) In: Images de l'Esprit: Shinto, Bouddhisme, Yoga, note 54/ page 111, Edition Le Courrier du Livre, Paris,1982. L'ami d'enfance de Schuon, Titus Burckhardt, a démontré toute l'absurdité du concept d'“inconscient collectif” et la confusion qu'entraine la “psychologie” évolutionniste de Jung dans Science moderne et Sagesse Traditionnelle, c hapitre IV, pages 87-127, Edition Archè-Milano, 1986. Pareillement, nous y découvrons une splendide mise au point de l'incompatibilité totale entre Métaphysique et “théorie” (sic) darwinienne de l'évolution: voir chapitre III, pages 61-87, du même ouvrage.

 

(11) Avec une prétention monstrueuse  —et c'est un euphémisme!—  M. Charles Champetier, rédacteur en chef d'Eléments  nous a donné à mon compatriote Olivier Dard (spécialiste de l'œuvre de Schuon), dans une correspondance privée, que nous réfutons plus loin, les preuves de son étroitesse de vue conditionnée par un réductionnisme désuet en provenance directe des singeries de l'Union Rationaliste!

 

(12) Qui, rappelle Schuon, “désigne la science des principes ontologiques fondamentaux et universels; science immuable comme ces principes mêmes, et primordiale du fait même de son universalité et de son infaillibilité (...)”, in, Sur les traces de la Religion pérenne, page 910, Edition Le Courrier du Livre, Paris, 1982. Parmi ses représentants, outre René Guénon, citons, Titus Burckhardt, Ananda K. Coomaraswamy, Jean Borella, Seyyed Hossein Nasr, Jean Phaure, Julius Evola, etc.

 

(13) Dont Frithjof Schuon a amplement démontré l'inconsistance dans les premiers chapitres de Logique et Transcendance, Edition Traditionnelles, Paris, 1982, pages 7-67, justement intitulés “La contradiction du relativisme”, “Abus des notions du concret et de l'abstrait”, “Rationalisme réel et apparent”, etc. Après une aussi irréfutable démonstration, nous ne pouvons que sourire des “post-kantiens” qui s'amusent encore avec les joujoux du “positivisme” (sic), “logique” ou pas!

 

(14)  A ce sujet, voir l'excellent petit livre de Philippe BOUET, Le Divin commerce: de la croyance à l'intelligence, Editions Harriet-Jean Curutchet, Hélette, 1995. Certains pseudo-paiens devraient en méditer toute la substantifique moëlle!

 

(15) Voir le chapitre VIII, pages 115-133, d'Introduction générale à l'étude des Doctrines Hindoues, Edition Véga, Paris, 1983. Ainsi que: La Métaphysique orientale, seule conférence que Guénon donna à la Sorbonne, Edition Traditionnelles, Paris, 1985.

 

(16) Selon les termes de Georges Vallin dans La Perspective Métaphysique, note 9, page 237, Edition Dervy-Livres, Paris, 1977. Nous ne voyons pas ce que l'extrême imbroglio heideggerien apporte de plus au non-dualisme Védantique? D'ailleurs cette manie de l'a priori qu'ont les modernes  envers La Tradition ne renvoie-t-elle pas à un vieux fond d'ethnocentrisme et d'incapacité à penser l'altérité? Si l'on nous rétorque la même réflexion, nous rappellerons, avec Guénon, que l'on ne peut prendre “la partie pour le tout” ou que le “plus ne peut s'extraire du moins”. La remarque suivante de Schuon nous paraît s'appliquer au mode de fonctionnement et au type de représentation que suscite la verbosité  —pour ne pas dire le galimatias—  de certains textes d'Heidegger auquel des philologues allemands éprouvés nous ont plus d'une fois confirmé ne rien (sic) comprendre! Cette tendance ethnocentrique à plaquer la mentalité moderne sur tout et n'importe quoi: «On fait la “psychanalyse” d'un scolastique par exemple, ou même d'un Prophète, afin de “situer” leur doctrine  —inutile de souligner le monstrueux orgueil qu'implique une semblable attitude—  et on décèle avec une logique toute machinale et parfaitement irréelle les “influences” que cette doctrine aurait subie; on n'hésite pas à attribuer, ce faisant, à des Saints toutes sortes de procédés artificiels, voire frauduleux, mais on oublie évidemment, avec une satanique inconséquence, d'appliquer ce principe à soi-même et d'expliquer sa propre position  —prétendument “objective”— par des considérations psychanalytiques; bref, on traite les Sages comme des malades et on se prend pour un dieu. Dans le même ordre d'idées, on affirme sans vergogne qu'il n'y a pas d'idées premières: qu'elles ne sont dues qu'à des préjugés d'ordre grammatical  —donc à la stupidité des Sages qui en ont été dupes— et qu'elles n'ont eu pour effet que de stériliser “la pensée” durant des millénaires, et ainsi de suite; il s'agit d'énoncer un maximum d'absurdités avec un maximum de subtilité. Comme sentiment de plénitude, il n'y a rien de tel que la conviction d'avoir inventé la poudre ou posé sur la pointe l'oeuf de Christophe Colomb», note 1, chapitre «Chute et déchéance», page 40, in: Regards sur les Mondes Anciens, op. cit. Lorsque Heidegger disserte sur Platon par exemple, on sent bien qu'il ne le considère pas comme ce que l'Académie et son Guide incarnait véritablement en son temps. Voir le témoignage de Diogène Laërce, à ce sujet instructif.

 

(17) Ce n'est pas en vain que nous établissons ce rapport entre Jacques Lacan et Martin Heidegger, et indépendamment du fait que tous deux se sont sentis le besoin de se confectionner un langage imaginaire où ils puissent à la fois se réfugier et jouer par ce moyen ce rôle d'“intellectuels” dominateurs et condescendants envers autrui qui est le propre de l'hyperrationalité du monde moderne. La psychanalyste Elisabeth Roudinesco dans sa biographie de Jacques Lacan, Edition Fayard, Paris, 1993, écrit, page 297, à propos de Jean Beaufret qui était en cure chez le Dr. Lacan: «Quand J. Beaufret se rendit rue de Ulm, il se trouvait dans un grand désarroi. Son amant, en cure chez Lacan, venait de le quitter. (...)» Un peu plus loin: «(...) Lacan portait une attention particulière à Beaufret à cause de la relation privilégiée que celui-ci entretenait avec Heidegger»; elle ajoute, page 298 que, «Lacan accepta, de fait, d'être initié à une lecture de Heidegger qui était celle de Beaufret». Beaufret fut longtemps le chef de file des heideggeriens en France. Question à Alain de Benoist au sujet de l'homosexualité du sieur Beaufret et de ses relations avec un charlatan initiateur d'une secte néo-freudienne: estime-t-il qu'un vice contre-nature additionné de délires logomachiques constituent des aptitudes réelles pour être un grand (sic) “philosophe”? Peut-il nous expliquer pourquoi le “grand” Heidegger ne s'est jamais formalisé de l'inconduite extrêmement choquante de son principal interprête français? D'autre part et de façon non moins déterminante, relevons que l'ontologie heideggerienne ne permet pas d'entrer dans une célébration du sacré, dans une transcendance qui, reliant l'homme à l'Absolu (Dieu), le constitue en même temps gardien de la Règle et réceptacle de la Grâce déifiante ou de l'influence spirituelle de celle-ci. C'est en ce sens qu'il convient d'approcher la réponse du Pasteur Jean Borel, dans Quelle religion pour l'Europe? Un débat sur l'identité religieuse des peuples européens, auquel Alain De Benoist participa, textes et propos rassemblés par Démètre Théraios, Edition Georg, Genève, 1990, en page 289, lorsqu'il dit: “L'objet par excellence de sa quête” (à Alain De Benoist) étant la compréhension du sacré, il ne peut pas ne pas être convaincu, par le sacré lui-même, de se laisser “sacraliser”, pour pouvoir rejoindre le sacré là où il l'attend, son mode d'être déterminant, encore une fois, le mode de son comprendre”.

 

(18) Note 1/, page 53, Edition Maisonneuve & Larose, Paris, 1992.

 

(19) On rappellera la célèbre parole de Maître Eckhart concernant la “prééminence” de l'Intellect sur la ratio: «Aliquid est in anima quod est increatum et increabile; si tota anima esset talis, esset increata et increabilis, et hoc est Intellectus». Saint Thomas d'Aquin dit la même chose dans la Somme Théologique en I, q, 84, a, 5. Le Prophète Muhammad (sur lui la Paix et la Bénédiction de Dieu) exprime: «La prernière chose créée par Dieu a été l'Intellect». Dans la théologie Orthodoxe, notamment chez Maxime le confesseur, l'Intellect s'appelle le "Noûs".  Enfin, le passage suivant de la Bhagavad-Gîta, ref., 14, 3., énonce la même réalité: «La Vaste-immensité (le Principe dont est issu l'Intellect) est la matrice dans laquelle je dépose ma semence. D'elle naît le premier élément, l'Intellect manifesté (...)». Ceci pour souligner que la phrase ci-dessus de Maître Eckhart n'est ni “fausse”, ni en rien “suspecte” comme le prétend tout à fait gratuitement et de façon erronée François Chenique, page 92 et suiv., de son livre Sagesse chrétienne et mystique orientale, Edition Dervy, Paris, 1996. L'un de nos amis, M. Wolfgang Wackernagel, spécialiste de Maître Eckhart auquel il a consacré une thèse publiée chez l'éditeur Vrin, nous a confirmé par écrit la rigoureuse validité de cette importante citation et sa conformité selon les dernières traductions disponibles, entre autre celle qui fait autorité du Pr. Alain Libéra. Vu l'importance de cette citation, et malgré notre admiration pour Francois Chenique, nous ne pouvons accepter qu'il l'expédie laconiquement, pour des motifs personnels qui n'ont pas lieu d'être, et finalement, d'apologétique catholique.

 

(20) Voir Chevaucher le tigre, pages 122-123, Edition Guy Trédaniel, Paris, 1982.

 

(21) Nous connaissons des personnes d'une toute autre envergure —dans tous les sens du terme— que le jeune Champetier ou que le verbeux Heidegger, qui ont procédé de même lors de leur rencontre avec Schuon!

 

(22) C'est nous qui soulignons! Voir pages 41-42, in: Henry Corbin, la topographie spirituelle de l'Islam iranien, Edition de la Différence, Paris, 1990. Rappelons qu'Henry Corbin fut le premier traducteur d'Heidegger...

 

(23) Voir, Seyyed Hossein Nasr, L'Islam traditionnel face au monde moderne, pages 197-204, Ed., L'Age d'Homme, Lausanne, 1993; et Le livre des pénétrations métaphysiques, coll., Biblioth. Iranienne, n°10, Ed., Adrien Maisonneuve, Paris, 1964.

 

(24) Sourate Qaf, L-16.

 

(25) Voir La crise du symbolisme religieux, pages 264-265, Edition l'Age d'Homme, Lausanne, 1990.

 

(26) Voir «Penser le Paganisme, entretien avec Alain de Benoist», pages 10-23, in, Antaios, Hindutva II, n°11, solstice d'hiver 1996.

 

(27) Rappelons que dans le Soufisme (at-Taçawwuf) le mot arabe “bâtin” se traduit par “ésotérique” ou “intériorité”. Voir, Titus Burckhardt, Introduction aux doctrines ésotériques de l'Islam, Ed., Dervy-Livres, Paris, 1985.

 

(28) op. cit., page 120, Ed. du G.R.E.C.E., Paris, décembre 1997.

 

(29) Lettre à M. Olivier Dard du 15 septembre 1997. D'autant plus inadmissible que ce n'est pas la première fois, et que manifestement l'analyse développée dérange le confort intellectuel de M. Champetier. Et à la fin de cette année le GRECE organisait un colloque consacré à la censure!... Rapport de causalité?...

 

(30) Kant, Kritik der reinen Vernunft, page 256, Ed. Hartenstein.

 

(31) Dans le sens Métaphysique de l'expression, ou de la finalité réelle, et de la même façon que l'entend Michel Vâlsan dans L'Islam et la fonction de René Guénon, Ed. de l'Œuvre, Paris, 1984.

 

(32) Voir J.-F. Malherbe, Le langage théologique à l'âge de la science; lecture de Jean Ladrière, page 41, Ed. du Cerf, Paris, 1985. Ce réductionnisme langagier qui s'oppose à Wittgenstein, est défini par M. Schlick dans, Die Wende der Philosophie, Erkenntnis, 1, 1930. J.-F. Malherbe qui avait déjà publié une splendide étude sur Maître Eckhart, nous livre ici un travail de premier plan sur les rapports qu'entretient l'épistémologie scientifique avec la théologie et la Métaphysique.

 

(33) In: «Face à la mondialisation», communication au XXXième Colloque national du GRECE, «Les grandes peurs de l'an 2000», page 13, op. cit. L'expression revient dans l'entretien accordé à la revue Antaios, «Penser le paganisme», op. cit., page 11, pour qualifier le fondement de la modernité. Elle n'est guère heureuse, et nous lui substituerons celle d'“hyper-subjectivisme” ou d'“égo-lâterie”, en pensant bien sûr à Stendhal, qui est bien plus clair.

 

(34) F. Schuon, Avoir un centre, page 12.

 

(35) Voir Michel Vâlsan, L'Islam et la fonction de René Guénon, page 13, op. cit.

 

(36) Le nom islamique de René Guénon était Shaykh Abdel-Wâhid Yahya, qui signifie “Serviteur de l'Unique”...

 

(37) Voir Jean Biès, Voies de Sages, douze maîtres spirituels témoignent de leur vérité, Ed. Philippe Lebaud, Paris, 1996.

 

(38) Qui, par la doublure opérée sur toutes les facettes du réel —la pseudo “réalité virtuelle” en est un exemple extrême— produit au sein de la psyché une division, une dualité, que l'on est en droit d'appeler, respectant en cela l'étymologie, de satanisme (Satan = “celui qui sépare”).

 

(39) Saint Augustin, Retractationes, I, XII, 3; CSEL, t. XXXVI, pp. 58,12.

 

(40) F. Schuon, De l'Unité transcendante des religions, page 14.

 

(41) Voir la revue Totalité,  n°11, «La “Nouvelle droite” à la lumière de la Tradition», page 54.

 

 

 

mardi, 24 novembre 2009

Le rapport politique-ésotérisme: entretien avec le Prof. G. Galli

magier.jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1997

Le rapport politique-ésotérisme

Entretien avec le prof. Giorgio Galli

 

Pendant de nombreux siècles, les rois, les empereurs, les hommes politiques, toujours isolés de leurs contemporains, ont demandé les conseils de “mages”, d'astrologues, de voyants, d'alchimistes, avant de prendre des décisions importantes. Ces curieux conseillers étaient toujours présents, plus ou moins officiellement, dans l'orbite des hommes qui les consultaient fidèlement. La révolution scientifique nous a fait croire que le mystérieux filon occulte qui s'insère entre la politique et les pratiques ésotériques s'était dilué et avait disparu. Mieux vaut être prudent avant de l'affirmer péremptoirement! Même à notre époque pleinement sécularisée, marquée par un grand scepticisme, par l'athéisme généralisé, on peut repérer les liens obscurs unissant de mystérieuses congrégations aux hommes du pouvoir.

 

Giogio Galli, professeur d'histoire des doctrines politiques à l'Université de Milan, s'est préoccupé de ces thématiques, en écrivant des livres qui ont suscité la curiosité, l'intérêt mais aussi causé une certaine inquiétude. Nous lui avons demandé de nous expliquer dans quelle mesure l'ésotérisme influence les lieux du pouvoir dans le monde occidental, au seuil du troisième millénaire.

 

GG: «Les rapports entre l'ésotérisme et la politique n'ont plus de nos jours la continuité qu'ils avaient dans les temps passés, mais le phénomène n'est pas pour autant épuisé depuis l'avènement de la révolution scientifique. Il est moins apparent, mais il est néanmoins présent. En notre siècle qui s'achève, à côté des idéologies de masse qui ont favorisé l'avènement de l'homme nouveau, dominateur de la technique et de la science, forgé dans l'acier des fabriques et prêt à se jeter dans les tempêtes d'acier comme l'a décrit Ernst Jünger, nous voyons réémerger des cultures anciennes qui, bientôt, influeront les événements historiques. De la mystérieuse figure de Raspoutine installée à la cour des Tsars aux voyants consultés par Hitler pendant la guerre, on constate que les hommes à la tête de la politique mondiale contemporaine ont consulté des astrologues connus: autant de phénomènes qui contredisent l'apparent cynisme de notre société contemporaine et démontrent que l'homme, même s'il est puissant, a besoin de croire en quelque chose».

 

Q: Depuis plusieurs années, vous avez étudié les rapports entre la culture politique et les anciennes cultures ésotériques. En lisant vos livres consacrés à cette thématique, comme Hitler e il nazismo magico, La politica e i maghi, Alba magica,  des pans obscurs des époques historiques récentes se révèlent et j'ai noté que l'ésotérisme en politique intéresse davantage la droite que la gauche. Comment cela se fait-il?

 

GG: «Je crois plutôt que la présence de l'occultisme est transversale et se retrouve dans tous les camps politiques, même si divers penseurs auxquels la droite extrême fait constamment référence, comme Julius Evola ou Ernst Jünger, ou l'entourage des SS de Himmler, ou les savants nationaux-socialistes qui se préoccupaient du Graal, se sont profondément intéressés aux arts ésotériques. Les écrivains Pauwels et Bergier, auteurs d'un livre devenu rapidement très célèbre, Le matin des magiciens, ont donné une définition lapidaire du national-socialisme: «C'est Guénon plus les Panzerdivisionen». René Guénon fut un grand connaisseur des cultes traditionnels pré-chrétiens et est devenu une sorte de “phare illuminant” pour certains cercles de la droite dure en Europe. Ces phénomènes idéologico-politiques nous amènent à constater ce que vous venez d'évoquer dans votre question: l'ésotérisme semble être un engouement des droites dures, mais, à l'analyse, on doit constater qu'il est présent dans toute la sphère politique et n'est nullement un apanage exclusif des droites. La recherche de l'irrationnel est profondément ancrée dans l'âme humaine. La science ne peut pas expliquer aux hommes pourquoi ils sont nés, pourquoi ils tombent amoureux, pourquoi ils meurent, etc.».

 

Q.: D'aucuns prétendent que lorsque l'on ne croit plus en Dieu, on croit en tout le reste...

 

GG: «Nous nous trouvons face à une grande crise des religions institutionalisées de modèle occidental. Le christianisme s'est transformé, alors que le mystère nous accompagne tout au long de notre vie. Le sacré connait une éclipse, aussi parce que l'Eglise catholique ne réussit plus à donner une réponse convaincante aux questions que les hommes lui posent. L'illusion des Lumièresa réduit les mystères de l'univers, ce qui s'est avéré une erreur. En outre, dans le monde entier, on assiste à un retour aux peurs ataviques de la fin des temps, parce que nous approchons le passage d'un millénaire à un autre. Toutes ces situations sont le terrain de culture de doctrines plus ou moins ésotériques, présentes en filigrane dans la société moderne: de l'homéopathie au New Age, de la prolifération des cartomanciennes aux prédicateurs itinérants. Ce vaste champ, qui a été jusqu'ici ignoré des historiens et des sociologues, pourrait être défini comme celui de la “fantapolitologie”: il pourrait révéler des indices intéressants sur la société actuelle. C'est pour cette raison que j'étudie le phénomène avec une attention soutenue».

 

Q.: Les symboles utilisés par les mouvements politiques peuvent avoir une signification dépassant le message politique proprement dit et renouer avec des mythes très anciens. Que pensez-vous de la récupération par la Lega Nord de Bossi des traditions celtiques et lombardes-germaniques? Et du symbole de la Padanie, le “Soleil des Alpes”?

 

GG: «Il me semble que la Ligue, qui existe depuis bientôt quinze ans, a connu des évolutions diverses. Le concept de Padanie est très récent et s'est imposé dans une phase de l'évolution du mouvement, où l'aspect symbolique est devenu plus important, où l'on assiste à la réémergence graduelle de cultures alternatives, y compris dans le champ politique. Aujourd'hui, la Ligue cherche à créer une identité padanienne, mais qui ne pourra pas se profiler sur une base seulement économique, religieuse ou linguistique, vu que la Padanie n'est pas l'Ecosse. D'où le projet de fonder cette identité sur un symbole fort. Indubitablement, la symbolique padanienne semble jouir d'un certain succès: la couleur (le vert) et le symbole (le Soleil des Alpes) sont immédiatement et clairement perceptibles. Evidemment, nous ne sommes pas en mesure de jauger de l'efficacité d'un tel message à court terme. Je ne crois pas que la référence à la culture celtique soit adaptée à la Padanie actuelle. Les Celtes possédaient une vision du sacré fortement liée à la nature. Les prêtresses druidiques y jouaient un rôle important. Les croyances celtiques n'ont rien de commun avec la culture des habitants de la Padanie en 1997».

 

Q.: De quoi parlera votre prochain livre?

 

GG: «Il traitera d'un aspect social particulier de l'Italie contemporaine. Je vais me référer au premier livre que j'ai écrit et j'intitulerai mon nouvel ouvrage Italia e meriggio dei maghi  (= L'Italie et le midi des mages). Je parlerai des innombrables personnes qui se sont rapprochées des cultures restées jusqu'ici marginales dans la société post-industrielle. Je vais démontrer que ces personnes n'ont pas choisi cette voie parce qu'elles se défient de la science, ou qu'elles ne l'ont pas empruntée uniquement en raison d'une telle méfiance. En Italie, un quart de la population se tourne désormais vers la médecine alternative, croit aux horoscopes, visite les cartomanciennes ou se rapproche des philosophies orientales. L'Italie est en train de changer, sous bon nombre d'aspects».

(propos recueillis par Gianluca Savoini, parus dans La Padania, 22 oct. 1997; trad. frtanç.: Robert Steuckers).