samedi, 08 octobre 2022
La présidence uchronique de DSK
La présidence uchronique de DSK
par Georges FELTIN-TRACOL
Comment Dominique Strauss-Kahn (DSK) aurait-il gouverné la France s’il s’était présenté à l’élection présidentielle de 2012? David Desgouilles répond à cette question insoluble par une fiction politique uchronique, Le bruit de la douche.
Depuis ce premier roman, David Desgouilles a ensuite écrit Dérapage en 2017 et Leurs guerres perdues en 2019. Rédacteur au mensuel Causeur, il n’a jamais caché son souverainisme républicain. Jeune adhérent au RPR (Rassemblement pour la République) au début des années 1990, il milite avec Philippe Séguin, député-maire d’Épinal dans les Vosges, et Charles Pasqua, sénateur des Hauts-de-Seine, dans la campagne pour le « non » au traité de Maastricht lors du référendum de 1992. Il participe ensuite au RAP (Rassemblement pour une autre politique) qui regroupe les jeunes séguinistes. Mais le ralliement de leur champion, par ailleurs toujours en pointe contre le Front national, aux traités dits « européens », le déçoit.
David Desgouilles s’active à l’occasion de la présidentielle de 2002 aux côtés de Jean-Pierre Chevènement qui invite les « républicains des deux rives » à venir le rejoindre. Séguin et Pasqua resteront sourds à cet appel. Les 5,20 % de l’ancien maire de Belfort lui brisent tout espoir immédiat. Il prend alors du recul, ouvre un blogue avant qu’Élisabeth Lévy, la directrice de Causeur, ne le remarque et l’embauche.
Dédié à la mémoire de Philippe Cohen, chef de la rubrique « Économie » de l’hebdomadaire Marianne, un « journaliste [qui] s’intéressait beaucoup aux tenants de “ l’autre politique “ », co-auteur avec Pierre Péan d’une magistrale enquête sur l’organe officiel de la désinformation vespérale, Le Monde, et co-fondateur du laboratoire d’idées souverainistes, la Fondation du Deux-Mars (ex-Fondation Marc-Bloch), ce récit de politique très fictive a bénéficié des conseils de Coralie Delaume (1976 – 2020), l’une des rares spécialistes « eurosceptiques de gauche » de l’Union dite européenne.
Les tournants uchroniques
La bifurcation uchronique majeure se déroule le 14 mai 2011 au Sofitel New York Hotel de Manhattan. La femme de ménage, Nafissatou Diallo, nettoie les chambres du 28e étage. Quand elle entre dans la 2806, elle écoute de la musique , mais soudain s’arrête son MP3 ! Mécontente, elle retire ses écouteurs et entend alors distinctement « le bruit de l’eau qui coulait dans une douche. L’occupant de la suite avait omis de prévenir qu’il était présent en accrochant le fameux “ Do not disturb “ ». Elle quitte immédiatement la chambre et passe à la chambre voisine.
L’occupant de la 2806, « Dominique Strauss-Kahn n’avait pas entendu ni la porte s’ouvrir, ni la femme de ménage entrer, ni même la porte claquer ». De nombreuses préoccupations accaparent le directeur général du Fonds monétaire international : la faiblesse de l’euro, la prochaine élection primaire à laquelle il se présentera bientôt, sa décision d’engager comme sa conseillère politique spéciale Anne-Sophie Myotte. Personnage inventé, Anne-Sophie Myotte enseigne l’économie à Dauphine. Franc-comtoise comme l’auteur, elle milite au PS, appartient à un modeste courant souverainiste, critique l’homme fort de sa région Pierre Moscovici, et conseille le candidat de la démondialisation, Arnaud Montebourg. Dans sa vie privée, elle collectionne les aventures bien qu’elle éprouve un béguin réel pour son « Amant de Droite », Bruno Talanski.
Descendant d’émigrés russes et russophone, celui-ci travaille dans l’agence de conseil politique de Patrick Buisson au service du candidat Sarközy. Il discute régulièrement avec le journaliste politique du groupe Le Figaro Éric Zemmour. À l’occasion d’une conversation en terrasse, Bruno Talanski lui parle de sa maîtresse sans la nommer. David Desgouilles semble bien connaître le futur candidat présidentiel en 2022. « Je te connais. Tu ne pourrais pas t’empêcher de la draguer comme un malade. »
Les autres facteurs uchroniques mineurs de ce récit sont, d’une part, l’arrestation de Mohammed Merah avant qu’il ne commette son premier assassinat, et, d’autre part, la chanteuse britannique Amy Winehouse « avait été victime d’une overdose. Mais les médecins londoniens avaient réussi par miracle à la sauver. Elle était désormais hors de danger ».
Sous cette trame uchronique, l’auteur raconte au lecteur les coulisses du monde politique. Par exemple, Martine Aubry « avait gagné une image de gardienne du temple de la gauche éternelle à la faveur de sa loi sur les trente-cinq heures. Pourtant, c’était DSK lui-même qui avait imposé l’idée à Jospin, et Aubry était réticente, elle qui avait jadis sauté sur les genoux de Gandois, l’ami de son père ». Il imagine aussi une conversion quasi-réaliste entre deux soutiens du président sortant, Alain Minc et Pierre Giacometti. « Depuis vingt ans, les vainqueurs des élections gagnent sur de l’euroscepticisme, et ils font notre politique ensuite, mais à vitesse lente. Cela discrédite la parole politique mais, l’essentiel, c’est qu’on n’applique pas ce programme démentiel. » Il écrit même avec raison que « Nicolas Sarközy ne se considérait lui-même pas comme un gaulliste ».
Pour créer Anne-Sophie Myotte, l’auteur s’est probablement inspiré de l’exemple de Marie-France Garaud, la conseillère influente de Georges Pompidou à Matignon et à l’Élysée, puis du jeune Jacques Chirac, qui sut impressionner, voire terrifier, tous ses interlocuteurs dans un milieu politique largement masculin à une époque où la présence des femmes en politique était rare. La candidate à la présidentielle de 1981 (1,33 %) est demeurée une figure souverainiste incontestable.
Une campagne électorale dynamique
La campagne de la primaire de la gauche confirme la déferlante strauss-kahnienne. La consultation attire plus de 2.800.000 participants. L’ancien directeur du FMI l’emporte dès le premier tour avec 52,9 % des suffrages. Arnaud Montebourg obtient 18,9 %, François Hollande 17,6 %, Ségolène Royal 9,4 % et le radical de gauche Jean-Michel Baylet 1,2 %. Sur les conseils impératifs de son éminence grise, le vainqueur tend tout de suite la main à Ségolène Royal et intègre dans son équipe Arnaud Montebourg. En revanche, François Hollande doit rentrer au plus vite en Corrèze pour s’y faire oublier…
Fort de ce succès, DSK décide, avec l’approbation de Myotte, de rejeter les avis de Terra Nova d’Olivier Ferrand. Guère indulgent envers la candidate Verte Éva Joly, il rompt aussitôt l’accord électoral conclu entre le PS et Europe – Écologie – Les Verts pour les législatives. « DSK avait décidé. Il ne voulait pas d’un groupe vert à l’Assemblée nationale. » De cette manière, « élu président, il serait beaucoup plus tranquille sans un groupe écolo dans les pattes ».
D’une manière impressionniste, David Desgouilles démonte la pitoyable présidence de Nicolas Sarközy qui « avait fait du Giscard. Il avait souhaité désacraliser la fonction. Comme l’autre avait voulu la “ décrispation “. Erreur funeste ». Il revient aussi sur Éric Zemmour par l’intermédiaire d’une autre conversation avec l’amant d’Anne-Sophie Myotte à un moment où l’éditorialiste ignore qu’il entrera en politique. « Bruno lui reprochait son pessimisme démobilisateur. Pourtant, Zemmour en était certain, ce n’était pas lui qui était pessimiste, c’était le réel. » Pis, est-ce visionnaire ? Pour l’auteur, dans cette fable politique originale, Éric Zemmour « devenait petit à petit prisonnier de son propre personnage médiatique, de l’engouement qu’il suscitait chez ses partisans et, plus encore, de la détestation qu’il provoquait de l’autre côté. » Enfin, avec un pressentiment certain, l’auteur estime que « le féminisme est un concept à géométrie variable, selon les accointances politiques ».
Suivant les indications de sa conseillère, DSK conduit une campagne au style chiraquien de 1995. Il ne parle pas de « fracture sociale ». Il se focalise sur la « fracture culturelle » (comprendre identitaire). Loin du cliché du « candidat des élites », il s’adresse à la France qui se lève tôt, qui travaille dur et qui ne reçoit aucune aide. Marine Le Pen en 2022 a mené sa campagne électorale sur des thèmes assez proches qui renforcent le sentiment de proximité de la candidate. Dans une réunion électorale tenue au Puy-en-Velay en Haute-Loire, le candidat socialiste « désigna les véritables adversaires de l’identité nationale : les enseignes de grande distribution, l’industrie agro-alimentaire et même le lobby sucrier qui tuaient la paysannerie française, qui uniformisaient les saveurs, empoisonnaient nos assiettes, amochaient les entrées de nos villes ».
Ses prises de position surprennent les journalistes politiques et agacent le microcosme intello qui se reporte sur Sarközy. Anne-Sophie Myotte se plaît aussi à dynamiter la scénographie prévue de son candidat. Ses réunions électorales diffusent la musique composée par Ennio Morricone pour le film Mission de Roland Joffé (1986). Cette musique a vraiment servi aux réunions du camp du « Non » au référendum de Maastricht en 1992. Les messages du candidat socialiste trouvent un vrai écho dans la population si bien que « Zemmour faisait partie des journalistes qui mesurent les chances de victoire au nombre de jolies filles qui se pressent dans les meetings du candidat ».
Une action politique sensée ?
Au soir du 22 avril 2012, DSK atteint 31,8 % des voix. Nicolas Sarközy obtient pour sa part 22,9 %; Marine Le Pen 18,3 %; Jean-Luc Mélenchon 12,3 %; François Bayrou 5,8 %; Nicolas Dupont-Aignan 4,2 %; Éva Joly 1,9 %; Philippe Poutou 1,3 %; Nathalie Arthaud 1,1 % et Jacques Cheminade 0,4 %. Malgré le ralliement de François Bayrou en sa faveur et face à la forte dynamique électorale de son concurrent, Nicolas Sarközy « avait même limité le nombre de ses meetings d’entre-deux-tours. Au moins ne serait-il pas épinglé par la commission des comptes de campagne pour dépassement du plafond des dépenses électorales ». Il n’y aura donc jamais d’affaire Bygmalion ! Entre 53,9 et 54,3 %, Dominique Strauss-Kahn est élu président de la République. Investi chef de l’État le 6 mai 2012, il nomme Jean-Jacques Urvoas secrétaire général de l’Élysée et Manuel Valls Premier ministre. Le gouvernement compte Arnaud Montebourg à la Justice, Ségolène Royal à l’Intérieur, Laurent Fabius aux Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian à la Défense, Martine Aubry à la Culture et les Communications, Pierre Moscovici à l’Économie, Vincent Peillon à l’Éducation nationale, Marisol Touraine aux Affaires sociales, Jean-Marc Ayrault au Travail, Jean-Marie Le Guen à l’Agriculture, Nicole Bricq à l’Écologie et aux Transports, Najet Vallaud-Belkacem à la Jeunesse, aux Sports et à la Ville et Sylvia Pinel au Logement.
Dès l’été 2012, soit deux mois après son élection et la victoire du PS qui rafle la majorité absolue à l’Assemblée nationale, le mariage gay est adopté en urgence. Cette célérité évite une cristallisation des crispations françaises. Faute d’une grande mobilisation populaire, la « Manif pour Tous » reste un phénomène anecdotique !
Le président uchronique français veut que le monde agricole produise de la qualité des produits et sorte des impératifs du productivisme. L’Élysée soutient ouvertement « l’agriculture [qui] devait devenir l’équivalent, pour la France, de ce qu’était la production d’automobiles de luxe et de machines-outils en Allemagne ».
Rapports de force avec l’Allemagne
Le président Strauss-Kahn s’interroge sur l’euro et des relations tumultueuses entre Berlin et Paris. Sur ce point, David Desgouilles ne développe pas assez. Contrairement à François Hollande qui n’a jamais eu la moindre expérience ministérielle ou à Sarközy jugé arrogant et agité, Dominique Strauss-Kahn a été nommé au ministère de l’Industrie et du Commerce extérieur dès mai 1991 alors qu’en janvier 1991, Angela Merkel accédait au ministère fédéral des Femmes et de la Jeunesse. En outre, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie de 1997 à 1999, DSK met en pratique la monnaie unique européenne. Son expérience gouvernementale, son expertise économique et sa forte personnalité auraient très certainement impressionné la dirigeante allemande. Mais on sait qu’en matière financière, le dernier mot au sein du gouvernement allemand revenait à l’intraitable Wolfgang Schäuble.
Sans surprise, l’auteur critique le projet et la réalisation de l’euro. « Dans la France des années 2010, où l’on développait volontiers les syllogismes imbéciles du genre “ tu es contre l’euro, tu es pour Le Pen “, on avait oublié le dictateur portugais, qui avait fait de l’escudo l’une des monnaies les plus fortes du monde, tout en appauvrissant son pays ». La crise entre la France et l’Allemagne surgit à propos du rôle de la France dans les opérations militaires extérieures. Paris avance la création d’« un fond européen des actions militaires extérieures ». Serait-ce l’ébauche d’« Europe militaire » ? Que nenni ! « Aucune chance, explique Anne-Sophie Myotte. Les Allemands ne voudront pas payer pour la puissance militaire française. » Le propos reste très actuel. Sous couvert d’une hypothétique « souveraineté européenne », faute de volonté politique et d’émancipation de la tutelle atlantiste, l’Allemagne sociale-démocrate – libérale – verte, alignée sur Londres et Washington, réclame une harmonisation des normes militaires qui anéantirait l’industrie française de l’armement. Le fusil d’assaut d’origine allemande HK 416 F se substitue au FAMAS.
L’Élysée réplique à Berlin et envisage que « l’effort de défense, les dépenses militaires et diplomatiques des États ne soient désormais plus comptés dans le calcul du déficit ». Nouveau refus obstiné de l’Allemagne ! DSK propose aux États-membres de l’Eurolande « de dissoudre la zone euro de manière concertée ». Auparavant, il ordonne au ministre de l’Économie Moscovici d’appliquer cette mesure. Mais, bouleversé, Moscovici est renversé dans une rue de la capitale. DSK nomme à sa place l’économiste souverainiste de gauche Jacques Sapir. Celui-ci insiste sur le retour aux monnaies nationales et non à la constitution de deux zones euro (du Nord ou Euro-Mark et du Sud ou Euro-franc). Il prévient aussi à propos de cette sortie que « ce genre de choses ne se programme pas. Cela doit forcément passer par un effet de surprise ». L’intention de l’exécutif français est claire : « il s’agissait d’en finir avec l’euro pour sauver l’Europe ».
Dans ces circonstances, Martine Aubry, Vincent Peillon et Jean-Marie Le Guen quittent avec fracas le gouvernement. Les remplacent à leurs ministères respectifs Aurélie Filippetti, le communiste auvergnat André Chassaing et Jean-Luc Mélenchon qui prend l’Éducation nationale. Quant à l’Agriculture, la fonction revient à Nicolas Dupont-Aignan ! La sortie de l’euro soulève une tempête politique inouïe. Véritable « droite allemande » (l’auteur aurait dû la qualifier d’« américano-germanique »), « l’UMP était vent debout face à cette trahison de l’idéal européen ».
Il va de soi que le retour au franc se déroule fort simplement et dans un calme total. David Desgouilles inscrit dans une intrigue assez bien menée son hostilité rabique à la monnaie européenne. Dans la réalité, la dissolution de la zone euro serait plus compliquée à mettre en œuvre en raison de l’enchevêtrement voulu des traités, des jurisprudences et des liaisons économiques, financières et monétaires. L’auteur ne néglige-t-il pas le rôle clandestin de certaines officines de déstabilisation professionnelle prêtes à troubler l’opinion publique dans de pareilles circonstances ?
Le bruit de la douche est une plaisante uchronie, nonobstant le tropisme souverainiste républicain non identitaire qui sous-tend tout l’ouvrage. Cette intéressante spéculation est à lire à l’aune des événements actuels avec des pénuries qui ne relèvent pas d’un éventuel départ de l’Union pseudo-européenne. Le Frexit ne serait-il pas plus proche qu’on ne le croit ? En fait, accompagnée de ses « caniches » (Autriche, Flandre belge, Pays-Bas, Luxembourg, Irlande, Pays baltes, Slovénie, Slovaquie), l’Allemagne pourrait fort bien sortir de la monnaie unique européenne. Il importe de prendre en compte cette donnée méconnue, mais déterminante.
Georges Feltin-Tracol
- David Desgouilles, Le bruit de la douche, Michalon, 2015, 255 p.
20:26 Publié dans Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : david desgouilles, dominique strauss-kahn, france, uchronie, livre, politique-fiction | |
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Graves menaces sur la liberté d’information
Graves menaces sur la liberté d’information
par Georges FELTIN-TRACOL
Les prochaines années sont lourdes d’inquiétudes et de dangers pour la vraie presse d’opinion et la liberté des expressions les plus saines. On n’évoque donc pas ici des titres faussement rebelles comme Le Canard Enchaîné ou Charlie Hebdo. En quelques mois, plusieurs périodiques de l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne se retrouvent en difficulté.
L’hebdomadaire Rivarol qui paraît depuis 1951, soit le doyen de la presse anti-conformiste et dissidente, subit les attaques du Régime. Il a perdu sa commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP). Son obtention, qu’il ne faut pas confondre avec d’éventuelles subventions ou aides versées par le ministère de la Culture, permet de bénéficier d’une TVA à 2,10 % et des tarifs postaux privilégiés pour son acheminement auprès du public. Depuis le 20 août, le groupe de grande distribution Carrefour ne le distribue plus dans ses magasins. N’allons plus faire nos courses dans cette enseigne.
Ce retrait ordonné par une instance présidée par un hiérarque du Conseil d’État, bien connu pour sa jurisprudence souvent liberticide (pensons à l’interdiction des spectacles de Dieudonné en 2015 ou, plus récemment, au covidisme ambiant), handicape le journal dont les coûts vont augmenter fortement. Ce retrait scandaleux découle d’une tribune libre de délation parue dans Le Monde du 7 mars 2022. À ce rythme de suspicion généralisée, s’abonner, acheter ou même lire Rivarol constituera une complicité morale d’apologie de crime contre l’humanité et d’incitation à la « hainnnnne »…
Cette mesure folle constitue déjà un grave précédent. La prochaine cible se présente déjà. Il ne s’agit pas de Présent qui a cessé sa parution quotidienne début juillet. Un tribunal a prononcé pendant la période estivale la liquidation judiciaire de sa société éditrice. Une version hebdomadaire dirigée par l’Ami Xavier Eman devrait sortir dans les semaines à venir. Il ne s’agit pas non plus de l’excellent Réfléchir & Agir. Dans le numéro de cet été, le 74e, la rédaction annonçait que son 75e numéro qui vient d’ailleurs de paraître, ne sera plus disponible en magasin. La hausse des coûts de papier, des frais postaux, de l’impression, mais aussi la ponction sur le prix de chaque exemplaire par les messageries de la presse en perdition expliquent ce départ après plus de dix-sept ans en kiosque. Il faudra impérativement s’abonner, car on ne trouvera plus R&A dans les librairies amies.
Non, le prochain magazine qui risque de voir supprimer sa CPPAP est l’hebdomadaire libéral-conservateur Valeurs actuelles. Ses différentes condamnations – pour des sujets plus que véniels – prédisposent à cette éventuelle sanction. Si cette hypothèse se réalise, aucune publication qui sort quelque peu du ronron médiatique officiel ne sera à l’abri, y compris des revues par abonnement telles que Synthèse nationale ou Terre & Peuple Magazine.
Faits & Documents annonce dans son n°507 du 1er au 15 juillet 2022 que son directeur de publication et unique rédacteur de la feuille confidentielle, Xavier Poussard, subit la vindicte de l’Élysée qui n’a pas apprécié son enquête impeccable sur Brigitte Macron. Outre une plainte au pénal pour une hypothèse immobilière vieille de cinq ans, on apprend que la Poste a bloqué l’envoi des numéros 505 et 506 et que les comptes bancaires professionnels et personnels de Xavier Poussard ont été fermés d’autorité. On attend toujours que Christophe Deloire et Reporters sans frontières dénoncent ces manœuvres. Dans l’Hexagone de Macron, il semble ainsi plus facile d’enquêter sur la fortune de Vladimir Poutine et des oligarques russes que sur les incohérences élyséenne. C’est plus rentable et moins fatigant de disserter sur l’état de santé supposé du président russe plutôt que de celui de Joe Biden ! La journaloperie franchit un cap.
Ces agressions contre une authentique presse indépendante font suite à d’autres entreprises hostiles à notre liberté de pensée. Maints comptes sur Facebook, Twitter et Youtube sont supprimés pour des motifs fallacieux. La « Vigie d’un monde en ébullition », n°22 du 1er mars 2022 abordait longuement ces sympathiques librairies à Nancy, à Paris et au Puy-en-Velay régulièrement prises à partie par la racaille antifa. Mais se préparent d’autres rétorsions plus vicieuses encore.
Franc Tireur est un hebdomadaire récent ouvertement macronien. Y sévissent ces Himalaya de la réflexion que sont Caroline Fourest et Christophe Barbier. Pour deux euros, cette feuille de chou donne à ses quelques lecteurs des textes d’une niaiserie incommensurable. Dans sa livraison du 3 août 2022, le n°38 comportait l’article d’un certain Thierry Maricourt à l’intitulé proche de la psychiatrie : « L’angoisse de la page brune ». En maquisard du lendemain matin, l’auteur dénonce « de multiples maisons de petite taille, dont le nom souvent n’indique pas leur orientation politique, [qui] relaient une pensée d’extrême droite décomplexée ». Il pointe pêle-mêle KontreKulture, Dualpha, L’Æncre, Déterna, les Éditions de la Nouvelle Librairie, Godefroy de Bouillon, Pardès, les Éditions de Chiré, Sorlot, les Nouvelles Éditions latines, Via Romana, Dominique Martin Morin, etc. Le piètre Roulletabille réalise finalement une enquête médiocre et bâclée puisqu’il ne mentionne pas Auda Isarn, les Éditions du Lore ou Les Bouquins de Synthèse nationale !
L’auteur de cet article lamentable souhaite-t-il que les libraires ne s’adressent plus à ces éditeurs et que les diffuseurs ne les distribuent plus ? Veut-il l’établissement d’une censure préalable pour certaines maisons d’édition et pour des auteurs particuliers ? La culture de la tomate édité par les Éditions brunes et sombres serait-il d’office un livre suspect ? Les mêmes qui soutiennent Salman Rushdie, qui prônent la « libération de la parole » et proposent de lutter « contre tous les tabous » s’élèvent contre de modestes maisons d’édition qui ont fait le choix de déplaire aux prescripteurs d’opinions fallacieuses.
Ces prises de position contre les publications, les éditeurs et les librairies de l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne témoignent de leur immense inquiétude face au renversement en cours de ce monde dément. Ils enragent des avancées réelles contre l’indifférenciation programmée du Vivant. Poursuivons donc le combat en achetant, en lisant, en écoutant et en regardant d’autres canaux de ré-information et d’opinion !
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 45, mise en ligne le 4 octobre 2022 sur Radio Méridien Zéro.
19:54 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, journaux, journaux non-conformistes, censure, liberté d'expression, liberté d'information, france, europe, affaires européennes | |
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James Fenimore Cooper et la critique de la presse américaine
James Fenimore Cooper et la critique de la presse américaine
par Nicolas Bonnal
La critique des USA a été longtemps considérée comme l’apanage de xénophobes ou de réactionnaires ‘(elle est même criminalisée en ces temps d’agonie impériale et occidentale). En réalité elle a toujours existé dans les milieux intellectuels américains – dont les représentants les plus brillants, de Poe à Auster en passant par la génération perdue, ont toujours été en lutte contre une matrice monstrueuse faite de ploutocratie humanitaire, de racisme stratégique, de tartuferie puritaine et de militarisme impérial. Relisons James Fenimore Cooper qui dans son démocrate américain, dresse un portrait au vitriol de sa démocratie déjà très esquintée ; inutile donc de s’en prendre à Beaumont ou Baudelaire pour évoquer une pathologie antiaméricaine.
Je vais citer les passages sur la presse – Fenimore Cooper voit poindre le règne des tyrans médiatiques et des tireurs de ficelle :
« Il ne faut jamais oublier que la presse, en lutte pour les droits naturels mais interdits, n'est pas plus semblable à la presse lorsque ces droits sont obtenus, que l'homme aux prises avec l'adversité, et châtié par le malheur, est comme l'homme rincé de succès et corrompu par la prospérité. »
La montée en puissance de la presse est menaçante :
« L'histoire de la presse est partout la même. À ses débuts, elle est timide, méfiante et dépendante de la vérité pour réussir. A mesure qu'elle acquiert de la confiance avec force, elle propage avec énergie des opinions justes ; répandre les erreurs et promouvoir le mensonge, jusqu'à ce qu'il prévale; lorsque les abus se précipitent, confondent les principes, les vérités, et tout ce qui est estimable, jusqu'à ce qu'il devienne une question sérieuse de doute. »
Guerres, vaccin, faillite monétaire, menace nucléaire, tyrannie médicale ou politique, la presse justifie tout, cautionne tout et encourage tout. Il y a certes des périodes plus libres mais elles sont derrière nous depuis l’avènement du diktat mondialiste en occident.
Pour Cooper la presse est un tyran tout-puissant qui peut nuire tant qu’elle veut (voir la situation actuelle avec Poutine, la Chine, les populistes, etc.) ; il semble d’ailleurs que la presse est depuis toujours monolithique, qu’elle parle toujours d’une seule voix (Cooper annonce ici Céline) :
« La liberté de la presse, en principe, ressemble à la liberté de porter les armes. Dans un cas, la constitution garantit un droit de publier ; dans l'autre, un droit de garder un mousquet ; mais celui qui blesse son voisin avec ses publications peut être puni, comme celui qui blesse son voisin avec son mousquet peut être puni. La constitution des États-Unis ne garantit même pas le droit de publier, sauf contre les lois du congrès, comme il a été dit précédemment ; la liberté réelle de la presse dépend entièrement des dispositions des gouvernements de plusieurs États, en commun avec la plupart des autres libertés et droits du citoyen. »
La presse américaine – qui va déteindre sur le reste du monde - est déjà imbécile, vulgaire et rabaisse le niveau du lectorat (Tocqueville en parle déjà aussi) :
« La presse à journaux de ce pays se distingue de celle de l'Europe dans plusieurs détails essentiels. Bien qu'il y ait plus d'impressions, elles sont généralement de caractère inférieur. Il s'ensuit que dans tout ce en quoi ils sont utiles, leur utilité est plus diffuse dans la société, et dans tout ce en quoi ils sont nuisibles, le mal qu'ils infligent est plus étendu et plus corrompant. »
L’auteur du dernier des Mohicans (pauvres indiens !) ajoute :
« Le grand nombre de journaux en Amérique, c'est qu'il y a si peu de capitaux, et par conséquent si peu d'intelligence, employés à leur gestion. C'est aussi une raison de l'inexactitude d'une grande partie des vues qu'ils font circuler. »
Cerise sur le gâteau :
« Quand le nombre d'estampes est retenu, et l'avidité avec laquelle on les lit est portée au compte, on s'aperçoit que la nation tout entière, au sens moral, respire une atmosphère de mensonges. »
On est vers 1840 tout de même ! O présent permanent…
La presse précipite le déclin des hommes valables et contribue à faire élire n’importe qui (Biden, Truss, Macron, Scholz, etc.) :
« Quiconque a vécu assez longtemps pour constater des changements de ce genre a dû s'apercevoir à quel point les hommes de probité et de vertu perdent leur influence dans le pays, pour être supplantées par ceux qui ne jugent guère une affectation des qualités supérieures nécessaires à leur succès. Ce châtiment craintif doit, dans une grande mesure, être attribué à la corruption de la presse publique, qui, dans son ensemble, doit son existence aux stratagèmes des aventuriers politiques intéressés. »
La presse (les médias et les lobbies qui les tiennent) fait élire son candidat :
« Les éditeurs louent leurs amis personnels et abusent leurs ennemis dans la presse. Et la conséquence est que les lecteurs obtiennent des vues exagérées, et si les journaux sont utiles pour renverser les tyrans, c'est seulement pour établir leur propre tyrannie. La presse tyrannise les hommes publics, les lettres, les arts, les scènes, et même sur la vie privée. »
Gautier (Théophile) précise que la presse éreinte la vie culturelle dans sa préface de Melle de Maupin – écrite à la même époque. Cooper ajoute :
« Sous prétexte de protéger les mœurs publiques, il les corrompt jusqu'à la moelle, et sous le semblant de maintenir la liberté, il établit peu à peu un despotisme aussi impitoyable, aussi cupide et tout aussi vulgaire que celui de n'importe quel état chrétien connu (NDLR : on n’est déjà plus dans des états chrétiens). Avec de fortes professions de liberté d'opinion, il n'y a pas de tolérance ; à parade de patriotisme, point de sacrifice d'intérêts ; et avec des panégyriques complets sur la bienséance, trop souvent, pas de décence. »
La presse en fait instaure le tyran politiquement correct :
« Dans les despotismes, où la faiblesse des corps des nations, est dérivée d'une ignorance de leur force, et de l'absence de moyens d'agir de concert, la presse est le levier par lequel les trônes des tyrans et des préjugés sont le plus facilement renversés, et, sous tels circonstances, les hommes se disputent souvent des privilèges en son nom, qui deviennent dangereux pour la paix de la société, lorsque les droits civils et politiques sont obtenus. »
Sources :
Alexis De Tocqueville - De la démocratie en Amérique
Fenimore Cooper – The American democrat (archive.org)
Charles Baudelaire – préface aux nouvelles d’Edgar Poe
Nicolas Bonnal – Chroniques sur la fin de l’histoire ; Céline
19:41 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : james fenimore cooper, nicolas bonnal, lettres, lettres américaines, littérature américaine, presse, états-unis | |
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Bref résumé des thèses anticolonialistes
Bref résumé des thèses anticolonialistes
Alexander Bovdunov
Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/breve-sumario-de-tesis-anticolonialistas
1. La création de colonies et l'installation de colons ne sont pas équivalentes au "colonialisme". Par exemple, les Grecs anciens avaient de nombreuses colonies, mais ils n'ont jamais développé un système colonialiste.
2. "Empire" et "impérialisme" sont deux choses totalement différentes: le Mali, l'Égypte ancienne, les Incas et Sargon d'Akkad étaient des empires, mais pas des entités impérialistes.
3. Un empire est avant tout une grande puissance qui unifie en son sein un grand nombre de peuples et de sociétés. Cependant, un empire n'est pas nécessairement une puissance impérialiste ou colonialiste. Une telle thèse doit être démontrée.
4. Le "colonialisme" et l'"impérialisme" sont des concepts modernes utilisés pour décrire la montée du colonialisme européen à partir du 15ème siècle. En fait, les études de Fernand Braudel et d'Immanuel Wallerstein montrent qu'historiquement, ce que nous appelons "colonialisme" est le résultat de l'expansion du système-monde occidental sous la forme d'une mondialisation économique et d'une exploitation inégale à l'échelle planétaire, juste après les grandes découvertes géographiques. L'expansion économique, civilisationnelle et culturelle de l'Occident a impliqué la destruction des économies et des empires individuels en faveur de la création d'une économie mondiale unifiée. Le colonialisme est donc une forme de conquête culturelle de l'Occident sur le reste du monde.
6. Le colonialisme est le résultat de l'expansion européenne et américaine sur le reste du monde ; cette expansion est le résultat de la dislocation et de la destruction de la civilisation occidentale elle-même, comme le souligne à juste titre l'historien italien Franco Cardini : la mondialisation se caractérise par la transgression de toutes les limites, l'abolition des frontières et une expansion constante au nom du progrès infini de l'humanité. Il doit y avoir une croissance économique, culturelle et territoriale perpétuelle afin de maintenir de telles idées à flot.
7. Le colonialisme et l'impérialisme sont des phénomènes de la Modernité ou, plus précisément, une forme d'imposition de la Modernité au reste du monde : le lourd fardeau de l'homme blanc, etc.
8. De nombreux pays non occidentaux sont devenus des colonies en raison de la pression exercée sur eux par les puissances occidentales, tandis que d'autres ont dû s'adapter et s'occidentaliser partiellement afin de survivre. Cette dernière situation peut être appliquée à la Russie, à l'Empire ottoman, à la Perse, au Japon, à l'Abyssinie et, sans grand succès au début, à la Chine. Les pays modernisés de force ont fini par devenir la semi-périphérie du système mondial occidental et n'ont pas pu surmonter cette condition. La seule exception à cette règle a été le Japon après la Seconde Guerre mondiale, mais il a dû payer le prix de l'abandon total de son autonomie. Wallerstein soutient que l'incorporation de la Russie dans le système mondial au 18ème siècle a suivi un chemin très différent : les Russes ont renoncé à l'intégration économique dans le système mondial afin de conserver leur indépendance politique. De tels exemples sont très révélateurs : soit vous sacrifiez votre indépendance politique au nom de l'intégration économique, soit vous refusez l'intégration économique au nom de l'indépendance politique, au prix d'un siège permanent. Seules les puissances occidentales peuvent combiner les deux.
9. Il est absurde d'accuser les puissances semi-périphériques et périphériques de colonialisme et d'impérialisme (même l'Empire ottoman, avec ses "territoires d'outre-mer", ne répond pas à de tels critères). Le véritable colonialisme est fondé sur la concurrence pour dominer le système mondial et l'établissement d'un système de relations inégales à l'échelle planétaire. Peut-on reprocher à la Russie d'avoir fait une telle chose ?
10. Les accusations occidentales selon lesquelles la Russie est une puissance impérialiste reposent sur des arguments a-historiques, manipulateurs et racistes (les Russes sont "blancs", donc leur empire était tout aussi génocidaire que celui des autres puissances occidentales). Ces attaques visent à empêcher les autres civilisations d'utiliser l'expérience de la résistance de la Russie, seule civilisation non occidentale à avoir défendu avec succès son identité politique et sa tradition d'État impérial, comme exemple de lutte contre le mondialisme. Le discours anticolonial n'a un caractère scientifique que s'il est utilisé pour attaquer les mécanismes concrets de la domination mondiale (c'est-à-dire le système économique mondial actuel et ses fondements idéologiques) et non ses formes extérieures. L'attaque systématique des grands États périphériques et semi-périphériques sous la bannière de la lutte anticoloniale ne servira qu'à renforcer la domination du centre, une nouvelle forme de néo-colonialisme.
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SCO : un cadre de travail pour la mise en œuvre des politiques de bon voisinage
SCO : un cadre de travail pour la mise en œuvre des politiques de bon voisinage
Leonid Savin
Source: https://www.geopolitika.ru/article/shos-rabochaya-struktura-dlya-provedeniya-v-zhizn-politiki-dobrososedstva
Le sommet de l'OCS qui s'est déroulé à Samarkand à la mi-septembre 2022 a démontré que le processus en cours de renforcement du monde multipolaire avançait bon train et que l'intérêt croissant d'autres pays pour l'organisation se manifestait nettement. Les dernières étapes avec l'admission de la République islamique d'Iran dans l'organisation élargissent considérablement la portée géographique et démontrent la nature inclusive de l'organisation. Et les candidatures de pays comme l'Argentine démontrent le potentiel d'un engagement mondial au-delà de l'Eurasie.
Il est important de noter qu'il existe un certain nombre d'autres structures similaires, comme l'OTSC, dont les objectifs stratégiques coïncident avec ceux de l'OCS et dont les activités se chevauchent grâce à l'adhésion des États de la zone de responsabilité géopolitique.
Les observateurs étrangers se sont rapidement concentrés sur le sommet, mais peu d'entre eux ont pris la mesure de l'événement, ainsi que de la transformation de l'organisation elle-même. L'Institut allemand pour les affaires internationales et pour la sécurité, qui élabore la stratégie de la politique étrangère de l'Allemagne, a noté que "la fonction la plus importante de l'OCS a toujours été d'assurer un équilibre des intérêts entre ses principaux membres. Ceci est plus pertinent que jamais dans le contexte des confrontations géopolitiques en cours" (i).
En effet, la Russie et la Chine avaient des points de vue quelque peu différents sur les fonctions et l'importance de l'OCS. Pour la Chine, l'intention initiale était d'établir la paix et l'harmonie autour de ses frontières, de résoudre tous les différends avec ses voisins et de gagner un soutien sur les questions de sécurité intérieure. Aujourd'hui, Pékin se positionne comme un acteur important en Eurasie et, dans le cadre de l'initiative "One Belt, One Road", veut étendre son influence en Asie centrale et dans d'autres régions. L'Asie centrale est cependant la sphère d'influence traditionnelle de la Russie. L'OCS, en fait, est une structure stabilisatrice pour les intérêts des deux puissances et des États d'Asie centrale eux-mêmes, qui sont satisfaits de ce format.
A l'Ouest, la réunion de Samarcande a été perçue comme un fait de plus confirmant le non isolement de la Russie. Toutefois, il convient de souligner que bon nombre des chefs d'État qui ont participé au sommet entretiennent des relations tendues avec l'Occident, de sorte que la réunion s'est déroulée dans une atmosphère favorisant la critique des politiques occidentales en général et insistant sur l'importance de l'OCS en tant que modèle alternatif de gouvernance dans les relations internationales.
Certains représentants de l'OTAN craignent que l'OCS ne se transforme en une alliance anti-occidentale qui deviendrait une sorte d'antithèse de l'hégémonie occidentale, y compris dans les démonstrations de hard power. Toutefois, la valeur de l'OCS est inhérente à son statut de non-alignement, ce qu'a souligné le président de l'Ouzbékistan à l'approche du sommet. C'est pourquoi l'élargissement de l'OCS à des pays comme l'Iran et potentiellement la Turquie, et certains États arabes, est une option extrêmement attrayante pour les pays d'Asie centrale. Ils y voient une occasion d'établir des liens multilatéraux tout en restant dans le cadre géopolitique de l'organisation. Chaque participant conserve à la fois sa souveraineté et gagne un élément supplémentaire, celui de la diversité. Ceci, d'une part, limite les ambitions des membres individuels, mais, d'autre part, montre la différence avec les modèles occidentaux typiques, qui sont construits sur une gestion rigide et la suppression de la volonté des membres subordonnés par le chef-patron.
Examinons les erreurs typiques commises par les experts occidentaux à l'égard de l'OCS. L'Institute for Foreign Policy Studies, basé aux États-Unis, a précédemment souligné qu'il était peu probable que l'OCS s'engage activement en Afghanistan (ii). Il a noté que l'OCS ne pouvait pas combler le vide laissé par le retrait américain car les interventions militaires ne font pas partie du mandat de l'organisation. Il a également été souligné que l'OCS n'a jusqu'à présent pas reconnu officiellement le régime des Talibans et ne les a pas invités au sommet de Douchanbé à la mi-septembre 2021. Les talibans n'étaient pas non plus présents au dernier sommet, bien que la sécurité en Afghanistan ait été l'un des principaux sujets à l'ordre du jour (iii). D'autre part, plusieurs États de l'OCS ont des contacts directs avec les talibans. La Russie est activement engagée dans des pourparlers sur un certain nombre de fronts. Le Pakistan dispose également de mécanismes et de canaux de communication fiables avec les talibans. Il est clair que l'OCS a décidé de ne pas exercer de pression comme le fait l'Occident, mais de trouver des moyens plus délicats de travailler avec l'Afghanistan. Cela montre également la différence d'approche entre les types de projection politique orientaux et occidentaux.
Il est intéressant de noter que Walter Russell Mead, expert ès-relations internationales et politique publique américaine, a au contraire noté qu'au milieu d'autres événements, tels que la visite de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi en Arménie et la déclaration du président Biden selon laquelle les États-Unis défendraient Taïwan avec des troupes américaines si Pékin lançait une invasion, "la nouvelle la plus importante de la semaine n'est pas venue de Washington". Elle est venue de Samarkand, en Ouzbékistan, la légendaire ville de la route de la soie où les huit pays qui composent l'Organisation de coopération de Shanghai ont tenu leur sommet annuel" (iv).
Bien que son style de déclaration soit assez émotif et plein de récits agressifs.
Selon Asia Times, le message principal de Mead semble être double: premièrement, "l'équilibre des forces en Eurasie est en train de changer", affirme-t-il, c'est-à-dire que le soutien de la Chine à son amie et collègue membre de l'OCS, la Russie, s'amenuise. Pour illustrer cela, il établit une comparaison frappante entre les présidents Xi et Poutine d'une part, et Hitler et Mussolini d'autre part. Deuxièmement, il condamne l'OCS en faisant des éloges, notant qu'avec l'inclusion de l'Inde et du Pakistan "l'organisation est devenue plus importante" ; mais il explique ensuite pourquoi le contraire est vrai : "La Russie, la Chine et l'Iran cherchent un nouveau système mondial, mais ne proposent pas d'agenda positif" (v).
Cette contradiction s'explique par le fait qu'un "agenda positif" peut être compris de différentes manières. L'Occident et l'Orient ont des valeurs différentes, ainsi que des positions différentes sur l'ordre mondial actuel. Alors que les États-Unis tentent par tous les moyens de maintenir une hégémonie unipolaire, les pays de l'OCS considèrent le statu quo comme une continuation du néocolonialisme et de l'oppression avec diverses formes de discrimination (exclusivité raciale, asservissement économique, menaces de force, etc.)
Alors pourquoi des politologues de si haut niveau commettent-ils de telles erreurs et formulations incorrectes ? Mahammadbagher Forugh souligne à juste titre que tous les grands médias et groupes de réflexion occidentaux présentent l'organisation sous un faux jour. Ils ont tendance à utiliser des termes tels que "anti-occidental", "anti-américain", "anti-OTAN", "bloc autoritaire", etc. pour décrire l'OCS. Et cela conduit à une compréhension déformée et aux conclusions correspondantes qui influencent les décisions politiques.
Selon lui, "le problème découle des différentes conceptualisations de la "sécurité". Les références occidentales à l'OCS réduisent la sécurité à la notion conventionnelle de géopolitique en tant que puissance "dure" ou militaire (d'où les comparaisons avec l'OTAN). Mais le concept de sécurité qui sous-tend la mission de l'OCS est beaucoup plus large. Stimulé par le discours de sécurité à multiples facettes de la Chine, ce concept englobe non seulement la sécurité géopolitique dure mais aussi le développement géoéconomique. Cette dernière représente une stratégie à long terme que l'on pourrait appeler 'la sécurité par le développement', qui touche aux stratégies mondiales et régionales de tous les États membres de l'OCS" (vi).
Et c'est là un point très pertinent. Comme on l'a déjà noté à propos de l'OTSC et du Projet Belt & Road de la Chine, il existe une grande variété d'initiatives dans la région qui, d'une manière ou d'une autre, se rapportent ou se chevauchent avec l'OCS. Il y a le "Corridor de transport international Nord-Sud", qui est progressivement développé par l'Iran, la Russie, l'Inde et l'Azerbaïdjan.
Il y a l'Union économique eurasienne, qui est dirigée de facto par Moscou, bien que toutes les décisions des organes directeurs de l'UEEA soient basées sur le consensus. Il existe des corridors de transport régionaux reliant le Pakistan et les États d'Asie centrale, ainsi que la Turquie. Il existe également des associations professionnelles locales. Et l'OCS devient de plus en plus une plate-forme pour promouvoir ces initiatives et d'autres similaires.
Incidemment, le club international des BRICS comprend trois membres de l'OCS, ce qui doit également être gardé à l'esprit dans le contexte du mouvement du monde vers la multipolarité.
M. Forugh a également souligné avec perspicacité l'existence de deux types de processus qui rapprochent les pays de l'OCS : le premier est un lien négatif à court terme basé sur des griefs géopolitiques communs (tels que les sanctions ou les craintes liées à l'OTAN) contre l'Occident, principalement les États-Unis. Ce lien se situe à un niveau superficiel et bénéficie d'une couverture médiatique importante en Occident. Deuxièmement, et c'est plus important, il y a un lien géo-économique positif à long terme qui est établi grâce aux initiatives d'infrastructure. L'infrastructure cimente les relations, au sens propre comme au sens figuré, entre tous les participants de l'OCS, y compris les États membres, les États observateurs et les États partenaires du dialogue.
Enfin, il convient de rappeler aux sceptiques occidentaux que l'OCS est la plus grande organisation régionale du monde, avec huit membres permanents, dont la Russie, la Chine, le Pakistan et l'Inde, représentant environ 40 % de la population mondiale sur plus de 50 % de la surface du globe, et avec 30 % du PIB mondial. Et ces quatre puissances possèdent des armes nucléaires. Par ailleurs, l'OCS est également un lieu d'aplanissement des contradictions, puisqu'elle comprend des rivaux comme le Pakistan et l'Inde, et que cette dernière a quelques différends avec la Chine. Apparemment, certains de ces pays sont intéressés à rejoindre l'OCS dans l'espoir de trouver un compromis et d'éliminer les griefs historiques. Car il y a encore suffisamment de tensions entre les pays de la région. L'Arménie et l'Ouzbékistan, l'Iran et l'Arabie saoudite, l'Iran et les Émirats arabes unis, la Turquie et l'Irak sont les seuls à être sur l'écran radar. Bien que les perspectives de résolution des différends ne soient pas encore claires, il est peu probable qu'elles soient résolues par des acteurs externes qui agissent habituellement comme des provocateurs et des bellicistes. Pour l'instant, l'OCS reste donc la seule structure opérationnelle pour mettre en œuvre des politiques de bon voisinage.
Notes:
i) I https://www.swp-berlin.org/en/publication/sco-summit-in-samarkand-alliance-politics-in-the-eurasian-region
ii) II https://www.fpri.org/article/2021/09/the-shanghai-cooperation-organization-will-not-fill-any-vacuum-in-afghanistan/
iii) III https://afghanistan.ru/doc/150095.html
iv) IV https://www.hudson.org/research/18228-the-sco-s-clumsy-push-to-disrupt-the-world-order
v) V https://asiatimes.com/2022/09/wsj-pundit-too-easily-dismisses-eastern-led-world-order/
vi) VI https://nationalinterest.org/feature/what-west-gets-wrong-about-sco-204951
18:53 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ocs, organisation de coopération de shanghai, géopolitique, politique internationale, asie, affaires asiatiques, eurasie | |
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La guerre de l'OTAN, la crise énergétique et la menace nucléaire creuseront-elles la tombe de l'Europe?
La guerre de l'OTAN, la crise énergétique et la menace nucléaire creuseront-elles la tombe de l'Europe?
Par Luigi Tedeschi
Source: https://www.centroitalicum.com/la-guerra-della-nato-la-crisi-energetica-e-la-minaccia-nucleare-saranno-la-tomba-delleuropa/
L'Europe sera déstabilisée par la crise économico-énergétique et subira un déclassement majeur dans la géopolitique mondiale. Les classes politiques européennes seront fustigées pour leurs responsabilités à s'être montrées incapables d'empêcher le déclenchement de cette guerre en Europe et pour les choix pro-atlantiques peu judicieux de leurs gouvernements.
Le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 dans la mer Baltique s'inscrit dans l'escalade du conflit en cours entre les États-Unis et la Russie dans le cadre de la guerre d'Ukraine. Ces sabotages ont eu lieu après les référendums qui ont sanctionné l'annexion à la Russie des régions de Zaporizhzhia, Kherson, et des républiques autoproclamées de Luhansk et Donetsk. Le courant dominant occidental les a qualifiés de "référendums de sotie" et d'illégaux, car ils se sont tenus dans des territoires sous occupation russe et où des opérations de guerre sont toujours en cours. Ces référendums sont donc illégitimes car ils ont été menés en violation flagrante de la Charte des Nations Unies. Il convient toutefois de noter que la Charte des Nations unies prévoit également le principe de l'autodétermination des peuples, qui a été invoqué pour légitimer la sécession armée du Kosovo contre la Serbie et, avec elle, le bombardement de Belgrade par l'OTAN qui a fait environ 2500 morts. Cependant, le principe d'autodétermination n'est pas considéré comme légitime dans le cas du Donbass, une région peuplée majoritairement de Russes. Sans parler des droits toujours ignorés de peuples tels que les Palestiniens et les Kurdes, dont les terres ont été soumises à des siècles d'occupation et dont les populations subissent une répression violente cyclique. Quant aux "référendums de sotie", les précédents historiques d'annexions territoriales sont innombrables, y compris le référendum qui a sanctionné l'unification de l'Italie, qui s'est déroulé d'une manière assez semblable.
Suite aux succès de la contre-offensive ukrainienne, la Russie avait l'intention de répondre par l'annexion des régions occupées et donc toute attaque contre ces territoires serait désormais considérée comme une agression directe contre la Russie.
C'est dans ce contexte de guerre qu'a eu lieu le sabotage des gazoducs reliant la Russie à l'Europe. Les dommages économiques sont incalculables et peut-être irréversibles d'un point de vue environnemental. Il a fallu de nombreuses années pour construire ces gazoducs, qui ont coûté environ 20 milliards de dollars. Nous assistons toujours à un va-et-vient des accusations entre la Russie et l'Occident. Les tensions de ce conflit sont exacerbées par les menaces nucléaires, les sanctions, les troubles internes et les appels de plus en plus répandus des pays occidentaux pour que leurs citoyens quittent la Russie.
Si la Russie était responsable de ces sabotages, cela pourrait être interprété comme un casus belli susceptible de provoquer un conflit direct entre la Russie et les États-Unis, puisque les attaques ont été menées dans les eaux territoriales des États membres de l'OTAN. Toutefois, ces actes de sabotage ne semblent pas compatibles avec la stratégie de Poutine consistant à exercer une pression sur une Europe qui, menacée par une crise énergétique dévastatrice pour son économie, serait poussée à lever les sanctions contre la Russie. En effet, Poutine pouvait exercer un chantage énergétique sur l'Europe simplement en coupant les approvisionnements. Ajoutez à cela le fait que ces attaques ne profitent ni à la Russie ni à l'Europe, puisque Gazprom possède 51 % des pipelines Nord Stream et que des entreprises allemandes, néerlandaises et françaises possèdent les 49 % restants. Parler alors de représailles contre l'Occident est totalement infondé, puisque le gazoduc qui traverse l'Ukraine pour transporter du gaz vers l'Europe est toujours en service.
Ce n'est pas vraiment une étrange coïncidence si, au même moment que les attentats, le nouveau gazoduc Baltic Pipe est entré en service en Pologne, par lequel le gaz norvégien sera importé en Pologne même, puis redistribué en Europe. La construction de ce gazoduc a pour objectif évident de couper l'approvisionnement en gaz russe de l'Europe. Mais surtout, le principal effet de cette diversification des approvisionnements énergétiques est de dévaloriser le rôle de l'Allemagne en Europe. Une fois que les relations économiques et énergétiques entre la Russie et l'Allemagne seront rompues, cette dernière perdra sa primauté européenne. En effet, l'Allemagne, par la construction des gazoducs Nord Stream, qui contournent la Pologne et l'Europe de l'Est, a été un importateur direct de gaz russe bon marché, qui a ensuite été redistribué en Europe. Cette crise entraînera donc une débâcle politique majeure pour l'Allemagne en Europe, étant donné sa nouvelle dépendance énergétique vis-à-vis de la Pologne, par les territoires de laquelle passe déjà l'oléoduc Druzhba qui fournit du pétrole aux Länder orientaux de l'Allemagne.
Les effets des attaques étaient prévisibles et immédiats. Le prix du gaz sur les marchés financiers a grimpé en flèche et les États-Unis ont saisi cette occasion propice pour augmenter leurs exportations de gaz liquéfié américain. Ce n'est pas une coïncidence si le secrétaire d'État américain Blinken a réaffirmé la nécessité de "mettre fin à la dépendance de l'Europe vis-à-vis du gaz russe". Cette position américaine est d'ailleurs corroborée par le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, qui, en rejetant comme absurdes les accusations portées contre la Russie, a déclaré : "Nous constatons une augmentation significative des bénéfices des compagnies énergétiques américaines qui fournissent du gaz à l'Europe.
Le prodige de qui concernant un tel sabotage est évident: la stratégie américaine dans cette guerre est de perturber l'approvisionnement en gaz russe et de déstabiliser ainsi l'UE. Les déclarations de l'ancien ministre polonais des affaires étrangères, M. Sikorsky, qui, outre l'impromptu "Tank you, USA" apparu sur Twitter, s'inscrivent parfaitement dans cette stratégie: "Tous les États baltes et l'Ukraine s'opposent à la construction de Nord Stream depuis vingt ans. Désormais, 20 milliards de dollars de ferraille gisent au fond de la mer, un autre coût pour la Russie et sa décision criminelle d'envahir l'Ukraine".
L'hostilité des États-Unis à l'égard de la politique énergétique allemande trouve ses origines loin dans le temps. Tant Obama que Trump avaient déjà exprimé à plusieurs reprises l'aversion des États-Unis pour la construction de Nord Stream 2, menaçant de sanctions l'Allemagne. En effet, les États-Unis se sont toujours opposés à toute tentative d'émancipation de l'Europe vis-à-vis de l'Ouest américain. D'autre part, les accords économiques et énergétiques entre l'Allemagne et la Russie étaient un élément fondamental pour consolider l'autonomie allemande et européenne par rapport à la géopolitique de l'OTAN. Les États-Unis ont toujours craint que l'Allemagne ne passe du statut de géant économique à celui de puissance géopolitique autonome. Et la guerre en Ukraine s'est avérée être une occasion propice pour déstabiliser l'Europe et tuer dans l'œuf toute ambition autonomiste.
Ces sabotages étaient en tout cas prévus. Le 7 février 2022, Biden avait ouvertement déclaré lors d'une réunion avec Scholz : "Si la Russie envahit l'Ukraine, il n'y aura plus de Nord Stream"... "L'OTAN et nous sommes prêts à intervenir". En juin, des expériences de drones sous-marins ont eu lieu sur l'île de Bornholm (emplacement proche des sites de bombardement), du côté américain. La CIA elle-même avait récemment averti l'Allemagne d'éventuelles attaques contre les gazoducs de la Baltique. Le 13 septembre, des avions de guerre américains sont aperçus dans la zone baltique. De plus, il y a quelques jours, les navires américains se trouvaient à quelques kilomètres seulement de la zone de sabotage. Il semble donc y avoir suffisamment de faits et d'arguments pour comprendre comment la logique de ces attaques est parfaitement cohérente avec la stratégie de l'OTAN consistant à couper tous les liens entre l'Europe et la Russie.
L'Europe, déstabilisée par la crise économico-énergétique, l'escalade de la guerre et les menaces nucléaires, subira un déclassement majeur dans la géopolitique mondiale. L'Occident de l'OTAN sera la tombe de l'Europe. En outre, ce sont les prêts usuraires de la Norvège en matière d'énergie, la rapacité financière des Pays-Bas et surtout l'égoïsme nationaliste de l'Allemagne de Scholz, qui a opposé son veto à une politique énergétique commune en ce qui concerne la fixation du plafond des prix et la création d'une nouvelle relance énergétique, qui feront imploser la structure de l'UE de l'intérieur.
Ce qui est certain, c'est que les classes politiques européennes seront très prochainement tenues responsables de ce désastre vu leur incapacité à empêcher le déclenchement de cette guerre en Europe et vu les choix pro-atlantiques peu judicieux de leurs gouvernements.
Par l'économie de l'urgence (d'abord la pandémie puis la crise énergétique), et les virages politiques autoritaires qui se profilent avec la quatrième révolution industrielle, le modèle néolibéral occidental, associé à la primauté mondiale américaine, veut se perpétuer dans le temps et survivre à ses crises structurelles devenues cycliques et irréversibles. Cette crise va cependant entraîner de profondes transformations dans la géopolitique mondiale. Mais quel sera le coût en termes de vies humaines et de destruction irréversible des ressources naturelles et économiques du déclin progressif du néolibéralisme et donc de la primauté américaine et occidentale ?
15:31 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, allemagne, mer baltique, nord stream, affaires européennes, politique internationale, gaz, gazoducs | |
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Morgenthau et Nord Stream : Gloria von Thurn und Taxis en remet une couche
Plan Morgenthau et Nord Stream: Gloria von Thurn und Taxis en remet une couche
Par Daniell Pföhringer
Source: https://www.compact-online.de/morgenthau-und-nord-stream-gloria-legt-nach/?mc_cid=6946d92f02&mc_eid=128c71e308
C'est l'heure de vérité : Gloria von Thurn und Taxis qualifie les attaques contre les pipelines de la mer Baltique de "déclaration de guerre contre l'Allemagne" - et réaffirme ses déclarations explosives sur Morgenthau. Dans COMPACT-Spécial "Guerre. Mensonges. USA - La trace de sang d'une puissance mondiale", vous trouverez des informations de fond importantes et des extraits des plans Morgenthau et Kaufman. Ce numéro très demandé est toujours disponible en version numérique. Téléchargez-le ici : https://www.compact-shop.de/shop/compact-spezial/krieg-luegen-usa-die-blutspur-einer-weltmacht/ .
Le dirigeante d'une entreprise de sylviculture et ex-femme du monde Gloria von Thurn und Taxis nous a servi dans le talkshow d'un quart d'heure avec Nena Schink sur Bild TV une portion de vérité que l'on trouve rarement dans les médias grand public. Pour cette princesse pugnace, il est clair que des milieux américains sont derrière l'attaque contre les gazoducs Nord Stream. La destruction des artères vitales de l'énergie est une action punitive contre l'Allemagne - et s'inscrit dans la fâcheuse tradition du plan Morgenthau.
Boum ! Oui, vous avez bien lu. C'est ainsi que l'on peut résumer les propos de la Princesse Gloria devant des millions de téléspectateurs. Littéralement, elle a déclaré à propos du gouvernement fédéral et de sa politique énergétique :
"La grande question que l'on doit se poser en tant que citoyen est la suivante : sont-ils aussi stupides - ou y a-t-il un plan derrière tout cela ? Mon opinion est qu'il n'est pas possible d'être aussi stupide. Il doit y avoir un plan derrière".
Sa réponse est claire :
"Pour moi, cela ressemble à l'accomplissement tardif du plan Morgenthau".
Elle a développé sa propre théorie :
"On nous a toujours reproché d'avoir vendu plus de marchandises à l'exportation que nous n'en avons acheté à l'importation. Et cet excédent de bilan nous a valu une mauvaise réputation, surtout dans le monde anglo-saxon.
Nous économisons trop et nous vendons trop à l'extérieur. C'est ce qu'ils nous ont répété : nous devons enfin laisser tomber. Mais l'Allemand ne peut pas s'en empêcher. Nos produits étaient si populaires, les gens aiment nos voitures, nos réfrigérateurs, etc. Et nous économisons : celui qui économise au fil du temps, a de quoi dans le besoin".
Gloria von Thurn und Taxis a ensuite enchaîné sur le terrorisme qui a frappé Nord Stream :
"C'est pourquoi nous sommes maintenant punis - selon la devise : qui ne veut pas entendre doit ressentir. L'attaque terroriste contre les gazoducs est clairement une déclaration de guerre contre l'industrie allemande, contre le citoyen allemand, contre nous. Mais on ne veut pas l'admettre. Nous souffrons d'un syndrome de Stockholm collectif".
Son appel :
"Nous devons enfin penser aux intérêts allemands. Nous devons penser à nos citoyens. Nous devons nous émanciper. (...) Celui qui subit les dommages n'a pas à se soucier des moqueries. Le monde entier se moque de l'Allemagne".
Voici l'intégralité de l'émission:
En juin déjà, le sylvicultrice bavaroise avait lâché la bombe Morgenthau sur la chaîne autrichienne Servus TV. Voir https://www.compact-online.de/fuerstin-gloria-gruene-vollstrecken-morgenthau-plan/ :
"La Russie ne coupe pas le gaz, mais il y a quelques semaines, on disait encore : nous devons souffrir un peu parce que c'est le prix de la solidarité avec l'Ukraine. Nous ne devons pas acheter de gaz aux Russes parce que nous ne pouvons pas soutenir le méchant Poutine. C'est ce qu'on nous a dit ces dernières semaines. Maintenant, tout est soudain à nouveau différent : maintenant, c'est soudain la méchante Russie qui ne veut plus nous vendre de gaz (...)".
Pendant la période de la pandémie, nous avons vu et appris que l'on nous disait sans cesse autre chose, que l'on nous trompait sans cesse avec de nouvelles informations qui se contredisaient complètement. Et c'est exactement la même chose maintenant. Nous ne pouvons donc pas partir du principe que ce que nous lisons ou entendons est vrai, mais qu'il s'agit plutôt d'un arrosage de propagande ininterrompu. Et vous devez faire l'effort de regarder par vous-même : ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas.
En raison des prix élevés de l'énergie, l'Allemagne ne pourra plus produire - et c'est la réalisation tardive du plan Morgenthau. Et c'est ce que veulent les Verts. (...) Le rêve des Verts est que l'Allemagne soit désindustrialisée".
L'aristocrate conservatrice a ainsi établi un parallèle intéressant, qui a été repris peu après par l'ex-rédacteur en chef de Bild, Julian Reichelt : Le nom de l'homme politique américain Henry Morgenthau (1891-1967) est associé au plan de destruction de l'Allemagne sans doute le plus tristement célèbre. Cet ami proche et conseiller du président Roosevelt avait été secrétaire au Trésor entre 1934 et 1945. Cf. https://www.compact-online.de/habeck-morgenthau-reichelt-macht-die-gloria/.
Il voulait faire de l'Allemagne un désert agricole et, sous le titre "L'Allemagne est notre problème", il a conçu en 1944 "le plan de meurtre de masse le plus monstrueux jamais imaginé par la volonté de vengeance et la barbarie humaines", selon le professeur de littérature américain Austin J. App.
Même le secrétaire américain à la Guerre Henry L. Stimson a été effrayé par les propos de son collègue de cabinet. Stimson estimait à 30 millions le nombre de morts si ce plan de transformation de l'Allemagne en un État agricole était mis en œuvre. Le ministre des Affaires étrangères Cordell Hull a calculé qu'environ 40% de la population serait détruite.
Le cœur du plan Morgenthau était la destruction de l'industrie allemande, c'est-à-dire la base de la vie du peuple, le démembrement du Reich et la séparation de grandes parties du territoire. Roosevelt et Churchill ont donné leur accord de principe au projet lors de la conférence de Québec en 1944. La réalisation de l'intention n'a été stoppée que lorsque la guerre froide a éclaté et que l'Occident craignait, sans rempart allemand, de se faire écraser par Staline.
Dans le numéro spécial de COMPACT "Krieg. Lügen. USA - Les traces de sang d'une puissance mondiale", nous avons documenté les principaux extraits du plan Morgenthau et du plan dit Kaufman ("L'Allemagne doit être détruite"). Nous expliquons les messages clés de ces deux plans perfides et les replaçons dans leur contexte historique.
Les noms de Morgenthau et de Kaufman sont associés à deux plans de folie génocidaire contre l'Allemagne. Dans COMPACT-Spécial "Guerre. Mensonges. USA", vous trouverez des informations importantes sur le contexte et des extraits de ces plans génocidaires. Ce numéro spécial, très demandé, est toujours disponible en version électronique. Télécharger ici: voir lien ci-dessus.
12:36 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : plan morgenthau, allemagne, nord stream, gloria von thurn und taxis, actualité, europe, affaires européennes, politique internationale | |
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