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mercredi, 13 mars 2024

Le badintérisme plus que jamais vivant

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Le badintérisme plus que jamais vivant

par Georges FELTIN-TRACOL

Fidèle à sa nécrophilie habituelle, la République hexagonale célèbre, loue, commémore Robert Badinter récemment décédé alors qu’à l’aune de la longue durée le bilan de ce dernier se révèle déjà catastrophique.

Le 9 octobre 1981, l’Assemblée nationale supprime la peine capitale et bouleverse par conséquent la hiérarchie des sanctions. Sans châtiment suprême, toutes les peines judiciaires se dévaluent. Ce déclin s’amplifie avec la sotte révision constitutionnelle du 23 février 2007. Quelques semaines avant la fin de son second mandat présidentiel, Jacques Chirac fait inscrire dans la Constitution l’impossibilité de restaurer la peine de mort. Il est cependant étrange que les exécutés ne soient jamais réhabilités. Si l’exécution finale est inacceptable, pourquoi n’y aurait-il pas une ou des cérémonies officielles de réparation envers l’ensemble des condamnés parmi lesquels Louis XVI et Marie-Antoinette, Georges Cadoudal et Louis-Antoine-Henri de Bourbon-Condé, duc d'Enghien, Louis Rossel et Auguste Vaillant, Robert Brasillach et Joseph Darnand, Roger Degueldre et Jean Bastien-Thiry ?

À l’occasion de la disparition de l’ancien sénateur des Hauts-de-Seine (1995 – 2011), le Système médiatique d’occupation mentale n’a pas hésité à tremper dans la désinformation. Le garde des Sceaux de 1981 à 1986 aurait dépénalisé l’homosexualité. Certes, il était âgé, mais pas au point d’être à l’origine de cette abolition acquise en… 1791 ! En 1982, il fait voter la dépénalisation des relations homosexuelles avec les mineurs de plus de quinze ans, y compris avec un adulte, et les met au même niveau que les relations hétérosexuelles dont l’âge avait déjà été repoussé de treize à quinze ans. Or, depuis plusieurs mois, des révélations souvent scabreuses secouent la scène médiatico-artistico-musicale (soit le microcosme bobo gauchiste germano-pratin du Lubéron).

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L’actrice Judith Godrèche dénonce sa liaison avec le réalisateur Benoît Jacquot quand il avait 39 - 40 ans et elle 14 – 15 ans. En janvier 2021, Camille Kouchner révèle dans La familia grande que son beau-père, le très grand donneur de leçon politiquement correct et ancien collaborateur socialiste de Robert Badinter, Olivier Duhamel, abusait de son frère jumeau. En 2018, d’anciennes militantes de l’UNEF (Union nationale des étudiants de France), satellite du Parti socialiste, dénoncent des agressions sexuelles commises par les caciques syndicaux. D’autres agressions et harcèlements sexuels surgissent ensuite au Mouvement Jeunes communistes de France (MJCF) et à l'Union des étudiants communistes (UEC). Un an auparavant, un scandale similaire éclatait au sein du MJS (Mouvement Jeunes Socialistes).

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Le cas Gérard Miller (photo) tourmente aujourd’hui les belles consciences festives et inclusives. L’histrion psychanalyste, proche de La France insoumise, se voit accusé par une quarantaine de femmes de viols ou d’attouchements sexuels sous hypnose. Présumé innocent pour l’heure, ce saltimbanque pathétique n’est jamais en reste dans la dénonciation automatique de l’« extrêêêêêêêêêêêême droite ». Ce gauchiste réside dans un hôtel particulier parisien gagné grâce à la redevance télé des contribuables. Cette gauche-là cumule la nullité, l’indécence et l’hypocrisie. Ses vices sont incommensurables. Elle se disqualifie d’elle-même. Ce systémisme coupable devrait interroger.

Rien n’est en réalité fortuit. Les déviances de la gauche caviar ne devraient pas surprendre d’autant qu’il existe un continuum évident entre ces agissements délictueux, le sentiment d’impunité propre à la « gauche divine » et les dégradations judiciaires opérées sous Badinter et ses successeurs. Laxisme pour les racailles d’en haut et d’en bas; raideur impitoyable pour les honnêtes gens et les militants patriotes.

Robert Badinter a aussi joué un rôle néfaste dans les relations internationales. À la fin de la Guerre froide et au moment de la chute du bloc soviétique, il s’investit dans la mise en place d’un ordre international individualiste cosmopolite qui bafoue la pertinence des identités nationales, populaires et enracinées. Il demeure le président du Conseil constitutionnel (1986 – 1995) qui invalide en 1991 la reconnaissance du peuple corse. Président de la tristement célèbre Commission d'arbitrage de la Conférence de la paix sur la Yougoslavie, Robert Badinter entend faire des États européens des sociétés hétérogènes multiculturalistes.

Au-delà du respect légitime des minorités ethno-culturelles (mais pas seulement !), il sanctuarise par exemple le principe absurde de l’intangibilité des frontières au mépris de toute ethnologie politique sérieuse. Les délires droits-de-l’hommistes de cette commission alimentent largement les conflits dans les Balkans, puis dans le Caucase, en sacralisant par la voie diplomatique des délimitations administratives. Imaginons que la région des Pays-de-la-Loire accède à l’indépendance. L’un de ses territoires, le département de la Loire-Atlantique, réclame cependant son rattachement à la Bretagne. Selon la jurisprudence Badinter, ce rattachement serait impossible, car la demande, assortie d’un référendum favorable, violerait le tracé des nouvelles frontières, quitte à provoquer la colère, la révolte et des heurts sanglants. L’enfer est bien pavé de bonnes intentions.

L’hégémonie du Bien selon l’Occident global (expression plus pertinente que celle d’« Occident collectif ») se révèle en pratique malsaine. Tant en Afrique qu’en Europe et en Asie centrale, l’intangibilité des frontières provoque des contentieux qui disparaîtraient avec des rectifications à très grande échelle des tracés territoriaux. Le redécoupage des frontières au Kosovo, chez les Pays baltes, en Ukraine, pour rester sur le Vieux Continent, serait un acte pacificateur considérable. Grande donneuse de leçon à la terre entière, la « Ripoublique » hexagonale ne respecte pas toujours ses propres principes. Entrée en guerre à la suite des Britanniques en 1939 pour garantir les frontières d’une très grande Pologne qui opprimait Lituaniens et Ukrainiens, elle n’hésite pas au traité de Paris du 10 octobre 1946 à annexer une partie du col du Petit-Saint-Bernard, le plateau du Mont-Cenis, le village de Clavières, les communes de Tende et de La Brigue, les crêtes de Vésubie et de Tinée, la vallée étroite du Mont Thabor ainsi que les hameaux de Libre, de Piène-Haute et Basse, au Sud de la vallée de la Roya, soit quand même plus de 700 km², aux dépens de l’Italie.

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Les méfaits du badintérisme frappent jusqu’en Roumanie. Au lendemain de la Révolution de Noël 1989 télécommandée depuis Moscou qui renverse le président national-communiste Nicolae Ceaușescu, Robert Badinter contribue à la rédaction d’une nouvelle constitution au bicéphalisme bancal entre le président de la République et le premier ministre. La Constitution de 1991 est largement révisée en 2003 parce que sa version badintérienne ne correspond pas à l’esprit national roumain. Encore une magistrale erreur de l’ancien avocat que les sicaires médiatiques du Régime occulteront volontiers afin de ne pas ternir la nouvelle icône d’un Hexagone en déclin.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 104, mise en ligne le 29 février 2024 sur Radio Méridien Zéro.

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Adriano Romualdi et le nationalisme européen

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Adriano Romualdi et le nationalisme européen

Par Chiara (Blocco Studentesco)

Source: https://www.bloccostudentesco.org/2024/03/01/bs-adriano-romualdi-crisi-nazionalismo/ 

"L'infériorité de la droite européenne par rapport aux autres forces politiques s'explique notamment par son incapacité à proposer une alternative en phase avec son temps. Il faut se rendre à l'évidence: les discours, les slogans, les symboles et les leitmotivs de cette droite ont aujourd'hui quelque chose de désuet, de souvent pathétique et parfois de ridicule". Tels sont les premiers mots utilisés par Adriano Romualdi dans son essai "La droite et la crise du nationalisme", des mots qui restent d'actualité 50 ans plus tard. Considéré comme l'un des intellectuels les plus doués de la droite radicale, Romualdi n'hésite pas à critiquer le milieu politique dont il fait partie depuis son plus jeune âge ; dans son essai d'un peu plus de 32 pages, il réussit le tour de force d'analyser les causes de la crise de la droite et du nationalisme italien et, surtout, européen. 

Le problème de l'Europe

Au cœur de tout l'essai se trouve le problème de l'Europe dans un monde divisé entre démocratie libérale et communisme: les petites patries ne peuvent pas entrer en conflit avec les nouveaux géants économiques nés après 1945. Alors que la Première Guerre mondiale - explique-t-il - il y a eu la "révolution du nationalisme" ("dans l'enthousiasme qu'elle a suscité chez les jeunes ; dans la dissolution, face à elle, de l'internationale socialiste ; dans la coutume de la vie en uniforme, qu'elle a répandue et qui est restée, presque comme l'idée de devenir gardienne perpétuelle de la nation, toute la force atteinte par l'idéologie nationale s'est exprimée"), après la Seconde Guerre mondiale, il y a eu une détérioration rapide de cette force, qui a également résulté de la détérioration de la droite européenne face à d'autres forces politiques. Contrairement à ses alliés, l'Italie ne disposait pas d'une approche politique révolutionnaire, d'une mentalité adaptée à une guerre continentale, impériale et idéologique telle qu'elle se déroulait effectivement, elle s'axait plutôt sur des querelles relatives à d'anciennes frontières.

Le nationalisme européen

Ainsi, pour Romualdi, seul un nationalisme européen pouvait et peut encore rivaliser avec les grandes puissances politiques et économiques. Il est bien conscient que le mythe des identités nationales apporté par le romantisme du 19ème siècle, par opposition au mythe cosmopolite des Lumières, a fait son temps : il est désormais obsolète et contre-productif de parler d'un nationalisme visant des nations individuelles. Pour expliquer le pic du déclin des forces de droite, compte tenu de sa formation d'historien, il analyse à la fois le fascisme et le nazisme, critiquant toutefois l'Espagnol Francisco Franco et le Portugais Antonio de Oliveira Salazar : malgré la longévité de leurs gouvernements, ils n'ont pas réussi à radicaliser leurs sociétés respectives, restant un phénomène passager, sans effets durables dans le temps, épousant surtout un autoritarisme de type catholique qui n'a rien à voir avec la révolution mussolinienne, qu'il définit au contraire comme "la réaction instinctive des peuples européens à la perspective d'être réduits en poussière anonyme par les internationales de Moscou, d'Hollywood, de Wall Street...". Une réaction et un phénomène européens, qui ont triomphé pleinement dans les pays - comme l'Italie et l'Allemagne - qui avaient souffert dans leur chair de la gangrène du communisme et des tromperies du wilsonisme, mais présents dans toute l'Europe, de la France à la Scandinavie, de la Roumanie à l'Espagne". Il reconnaît ainsi que le fascisme avait un objectif plus important que Nice et la Savoie : celui d'institutionnaliser le nationalisme, jusqu'à créer une internationale nationaliste capable de s'opposer à l'internationale communiste et à l'internationale américaine. Afin de souligner la nécessité d'une Europe unie sous la bannière du nationalisme, il a également analysé la figure d'Hitler, qui a déclaré dans Mein Kampf que faire la guerre juste pour retrouver les frontières de l'Allemagne d'avant 1914 serait un crime : "À l'époque où la Russie et l'Amérique sont devenues de formidables détenteurs de matières premières, aucune autonomie ou indépendance n'aurait été possible en Europe si le fer de Lorraine et de Norvège, le pétrole de Ploesti et de Bakou, le fer et l'acier de Belgique, la Ruhr, la Bohême, le Donbass et la Haute-Silésie n'avaient pas été entre les mêmes mains". Une nécessité vitale, donc.

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La crise du nationalisme

Pour Romualdi, la crise du nationalisme ne se situe pas en 1945, mais en 1939, lorsqu'il fallait choisir entre les États-Unis, l'Allemagne et la Russie : la neutralité était impossible pour l'Italie étant donné sa position au centre de la Méditerranée, même si elle n'était pas prête militairement et que, comme nous l'avons déjà dit, ses classes dirigeantes ne pouvaient pas en comprendre la portée. Mais aujourd'hui, affirme Romualdi, l'Italie, la France et l'Allemagne ne peuvent plus être grandes en tant qu'États individuels, mais seulement en tant qu'Européens. C'est une invitation à ne pas s'ancrer dans un nationalisme obsolète qui ne serait que contre-productif et qui, au contraire, ne pourra retrouver sa légitimité historique que s'il sait s'adapter aux proportions du monde moderne, avec la mutilation induite par le rideau de fer et dans le rejet de l'impérialisme. Cette tâche ne peut être remplie par la Communauté européenne car la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier) et la CEE (Communauté économique européenne) manquent de volonté politique : il faut rééduquer les Européens à la vertu politique, que les partisans de Yalta avaient tenté d'effacer. Romualdi reconnaît dans l'anticommunisme un outil fondamental, surtout dans un monde (le sien) dicté par la volonté de Staline, Roosevelt et Churchill.  

Contre l'antifascisme

Critiquant les accords de Yalta, il ne manque pas de critiquer l'antifascisme, dont il donne une définition parfaite : "c'est le renoncement, c'est la lâcheté, c'est l'acceptation molle de la catastrophe de 1945. [...] Cet antifascisme se dressera toujours devant nous lorsqu'il s'agira de trahir et de nier les intérêts de l'Europe". De plus, "la logique de propagande de Yalta, c'est l'antifascisme, c'est-à-dire ce lavage de cerveau permanent que nous imposent le cinéma, la presse et la télévision. Car qu'est-ce que cet antifascisme si ce n'est la tentative permanente d'occulter Yalta, de cacher aux Européens qu'en 1945 ils n'ont pas été "libérés" mais vendus et divisés ? Qu'est-ce que cet antifascisme si ce n'est une tentative de désapprendre aux Européens les vertus morales et militaires qui leur permettront de retrouver leur indépendance ? Qu'est-ce que c'est sinon l'alibi dont les Russes ont besoin pour enchaîner l'Europe de l'Est et les Américains afin de justifier devant l'histoire le marchandage honteux de Yalta ?

A partir de ces dernières phrases, il est possible d'esquisser les bases de son autre essai "Idées pour une culture de droite" dans lequel, en plus d'expliquer ce qu'est la droite et ce que signifie être de droite, il esquisse les bases de l'émergence d'une véritable culture de droite, que même le fascisme n'est pas parvenu à développer. En fait, il le critique parce que, malgré l'intervention ciblée de Mussolini dans le domaine de la culture, il n'a pas réussi à radicaliser la société italienne. Il identifie la naissance des maisons d'édition, l'écriture de nouvelles œuvres, la télévision et la culture comme la base d'une nouvelle droite, qui ne doit plus jamais se laisser enfermer dans les carcans imposés par les corporations socialistes et capitalistes. Il ne fait aucun doute qu'il s'agissait d'un intellectuel novateur et clairvoyant. Aujourd'hui, face à la soumission flagrante de la droite aux internationales communistes et capitalistes, il est essentiel d'étudier et de redécouvrir Romualdi, dont la contribution, 50 ans plus tard, est toujours d'actualité.

"Tous les irrédentismes sont arrivés à maturité. Que ceux qui prétendent enchaîner les jeunes à un nationalisme d'hier et non de demain s'en souviennent".

Ukraine et OTAN: que veut Macron?

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Ukraine et OTAN: que veut Macron?

Pierre Le Vigan

Possible envoi de troupes au sol en Ukraine. On a parlé d’un nouveau délire. D’une incohérence : des « troupes au sol » mais toujours pas de co-belligérance. D’un « en même temps » ingérable. Et si Macron devait être pris au sérieux ? Et s’il avait un projet à long terme ? Enoncé peut-être trop tôt. Comme un « ballon d’essai ». Mais un vrai projet. Pas bon pour nous. Pas bon du tout. Enquête sur ce que Macron projette.  

Troupes au sol ? Le vrai projet de Macron

La déclaration selon laquelle Macron « n’excluait pas l’envoi de troupes (françaises) au sol en Ukraine » (29 février 2024) a fait du bruit. On a parlé de coup de folie, ou au mieux de l’envie de « faire l’intéressant ». La dernière hypothèse n’est pas tout à fait fausse car Macron reste l’acteur de théâtre qu’il aurait aimé être et qu’il a été à son tout petit niveau. Reste qu’il ne parle pas comme un particulier. Il est chef d’Etat, ou du peu qu’il en reste. Avec l’inconvénient majeur d’engager le destin de notre peuple. D’où la nécessité de ne pas en rester à l’ironie, certes très roborative, d’une équipe comme celle de Mozinor dans sa talentueuse parodie « Trouposol ».

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Que veut Macron ? Tout d’abord faire oublier sa prodigieuse impopularité en politique intérieure. Sa venue au Salon de l’Agriculture a failli ressembler aux pires moments (pour lui) de la crise des Gilets jaunes. En faisant monter la dramatisation et la peur en politique étrangère, Macron fait oublier à quel point toute sa politique – et sa personne même – est l’objet de détestation dans le peuple français.

Le deuxième objectif de la déclaration de Macron doit être pris au premier degré. Il porte réellement sur la politique étrangère. Rappel du contexte. Dans le conflit Russie-Ukraine, il est désormais évident que l’Ukraine ne peut gagner. Qu’est-ce que cela veut dire ? Elle ne récupérera pas les territoires perdus, encore moins la Crimée, et si la guerre dure, elle perdra d’autres territoires (Odessa ?) – ce qu’elle aurait évité en négociant en 2022, ce que précisément les EUA l’ont dissuadé de faire, les Américains étant prêts à soutenir l’Ukraine jusqu’au dernier Ukrainien.  

Or, cet échec de l’Ukraine est avant tout un échec de l’OTAN. Cette alliance, Macron l’avait déjà déclarée « en état de mort cérébrale » (8 novembre 2019). Certains avaient cru voir un néo-gaullisme dans cette déclaration. Ce n’était pas le cas une seconde. C’était la préparation à une prise de relais. Que peut l’OTAN aujourd’hui ? Retarder, voire empêcher la paix entre la Russie et l’Ukraine. C’est ce qu’a fait l’OTAN, c’est-à-dire Washington et ses laquais, depuis 2022, et c’est le seul vrai succès qu’a remporté l’OTAN. Faire durer la guerre et isoler durablement l’Europe de la Russie, ce dont l’Europe souffre plus que la Russie. Tel était le but.

Il s’agit donc de reprendre le travail de l’OTAN mais en l’européanisant. Tel est le projet de Macron. Telle est la mission qui lui est confiée. Pourquoi ? Parce que tel est l’intérêt du Capital international. Or le Capital international est très lié aux intérêts américains. Macron est l’homme du Capital. Il est actuellement en charge de la SFIC: Section Française de l’Internationale du Capital (la maison mère de la SFIO: Section Française de l’Internationale de l’Oligarchie). Macron est donc d’abord, inévitablement, l’agent du capital américain, la fraction dominante du capital mondial, forme économique de l’Occident collectif avec ses pseudopodes tels les fondations mondialistes, l’Etat d’Israël [1] et d’autres. Parce que c’est lui, le capitalisme américain, qui domine le capitalisme mondial. Et que quand la périphérie est fichue, il faut la sacrifier et sauver le noyau.

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C’est pourquoi, après avoir détruit l’industrie française à la suite de Hollande, Macron veut détruire ce qu’il reste d’industrie en Europe, et donc l’industrie allemande. C’est en cours: le gaz américain est pour les Allemands six fois plus cher que le gaz russe. Conséquence: leur industrie n’est plus compétitive. Et donc, l’industrie allemande quitte l’Europe et s’installe aux EUA. C’est pourquoi Macron ne s’est aucunement opposé à la politique de l’UE des « sanctions » contre la Russie, qui étaient avant tout des auto-sanctions contre l’Europe.

N’imaginons pas un instant que Macron soit inintelligent. Il savait ce qu’il faisait. Sa mission ? Sauver le capitalisme. Enrayer la baisse des taux de profits. Et donc sauver d’abord le capitalisme américain. En ce sens, Macron fait le « job ». Que l’Europe soit vidée de ses dernières industries (9% du PIB en France correspond à l’industrie, il ne reste donc plus grand-chose à liquider), qu’elle soit pillée par les EUA, tel est l’intérêt du capitalisme international. Tel est donc l’objectif de Macron puisqu‘il est un de ses fondés de pouvoir et son « délégué France ». Si des miettes avaient été disponibles pour le capitalisme national français, Macron n’était pas fondamentalement contre, mais ce n’est malheureusement plus possible. « No soucy » comme on dit dans les bureaux des « managers ». On sacrifie la France. Et l’Europe.

C’est pour cela que Macron veut un néo-OTAN. Pour créer de la tension, faire taire les oppositions en politique intérieure, préparer les esprits à une éventuelle guerre, si cela devient un jour l’intérêt des Américains. Tel est le sens du propos de Macron sur l’éventualité d’envoi de troupes françaises (et européennes) au sol, mais aussi sur l’éventuelle européanisation de notre force de frappe, idée agitée depuis des années (Marc Finaud et Grégoire Mallard, « L'européanisation de la dissuasion française : une idée dangereuse vouée à l'échec », La Tribune, 18 février 2020).  

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Après avoir fait mourir les Ukrainiens pour les intérêts américains, à savoir couper les ponts entre la Russie et l’Europe, l’idée macronienne (et anticipant peut-être sur les projets trumpistes) d’un néo-OTAN européanisé serait de faire tuer les Européens pour accélérer leur propre déclin et leur servitude face à une Amérique requinquée. Rappelons que, du point de vue américain, ce qui était « épatant » dans la IIème guerre mondiale, c’est que l’Allemagne et la Russie se massacraient mutuellement.

Autre avantage, mineur, mais non négligeable, de la déclaration de Macron: créer un « patriotisme » français anti-russe et faire apparaître le RN comme pro-russe, tout ce qui n’est pas pro-guerre étant supposé pro-russe. D’où la déclaration de Gabriel Attal: « Le RN soutient davantage la Russie que l’Ukraine » (5 mars 2024). Tout parti qui ne s’aligne pas sur les positions bellicistes de Macron est dit pro-russe. Et plus que LFI, c’est le RN qui est visé, ceci en vue des élections européennes du printemps 2024, mais plus encore en vue des élections présidentielles. Car si le RN n’a cessé de se normaliser et de donner des gages aux atlantistes, au grand capital, et même à l’UE, ce n’est pas (ou pas encore) le premier choix de l’oligarchie.

Mais le débat excède très largement la petite politique. C’est l’avenir de nos peuples européens qui est en jeu. Maîtrise de l’immigration, réindustrialisation et économie auto-centrée, relance de la natalité des autochtones: ce sont là des impératifs vitaux pour les peuples d’Europe.  En 1945, Staline avait eu ce mot: « Les nazis passent, l’Allemagne demeure. » Encore avait-il fallu chasser les nazis. Dans un contexte évidemment très différent, quand les Européens se débarrasseront des divers micro-Macron  et autres agents de l’Internationale du Capital, l’Europe pourra revivre.

PLV  

Pierre Le Vigan est urbaniste et essayiste. Il est l’auteur de plus de vingt livres. Derniers en date : Le coma français (éditions Perspectives libres), Clausewitz, père de la théorie de la guerre moderne (même éditeur) ? Avez-vous compris les philosophes. Introduction à la pensée de 42 philosophes (la barque d’or), Comprendre les philosophes (Dualpha), La planète des philosophes (Dualpha).

labarquedor@gmail.com

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Note:

[1] on remarquera que cet Etat est fondé sur le même principe que les EUA: la colonisation-expropriation-expulsion-voire des mesures plus définitives, là des Indiens, ici des Palestiniens. Et on n’oubliera pas que certains Israéliens refusent de participer à cette infamie, sauvant l’honneur, et peut-être l’avenir.