mercredi, 26 mars 2025
Georgescu non et Imamoglu oui ? Erdogan se fiche des subtilités électorales et ne pense qu'à la Grande Turquie
Georgescu non et Imamoglu oui ? Erdogan se fiche des subtilités électorales et ne pense qu'à la Grande Turquie
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/georgescu-no-e-imamoglu-si-erdo...
Un gouvernement inéluctablement démocratique fait arrêter le candidat de l’opposition ayant le plus de chances de gagner les élections. Et l’empêche de se porter candidat. Pendant ce temps, il bloque aussi le parti qui soutient le candidat. Et que font les eurodingues de Bruxelles ? Cela dépend. Dans un cas, celui de Georgescu en Roumanie, ils soutiennent l’arrestation et l’annulation de la candidature, au nom de la démocratie, ça va sans dire. Dans l’autre cas, celui d’Imamoglu en Turquie, on s’indigne du comportement antidémocratique d’Erdogan.
Et les médias suivent les directives des eurodingues. On minimise les manifestations de protestation en Roumanie et on met bien en exergue celles qui se déroulent en Turquie. Où, évidemment, Erdogan s’en fiche, malgré les répercussions sur la bourse et le change, pour bien clarifier que les spéculateurs internationaux sont toujours prêts à faire comprendre de quel côté ils se trouvent.
Imamoglu, maire d'Istanbul, avait sans aucun doute de bonnes chances de s'imposer aux élections prévues en 2028, même si, dans trois ans, il peut se passer n'importe quoi. Mais Erdogan a une vision du monde, et de la Turquie, qui ne dépend pas de la conjoncture électorale. Il veut reconstituer l'empire ottoman et ne peut pas se contenter de méditer les subtilités des règles électorales.
Il est d’ailleurs en bonne compagnie. Peu d'États de l'Union européenne ont reçu un mandat des électeurs pour faire la guerre contre la Russie et pour voler les économies des familles européennes. Mais à Bruxelles, ils se fichent des électeurs et agissent uniquement pour rendre heureux les marchands de mort.
Erdogan, pour sa part, s'engage à renforcer le rôle de la Turquie. Et il réussit. Parfois en utilisant l'Azerbaïdjan comme bras armé ou comme instrument pour des accords économiques – des confrontations avec l'Arménie aux accords avec l'Europe pour le gaz – parfois en utilisant les jihadistes comme en Syrie, parfois en intervenant directement comme en Libye.
Une politique à large spectre, qui implique les pays turcophones d’Asie centrale et qui prévoit la plus totale ambiguïté dans les relations avec Moscou et Pékin, et même avec Tel Aviv : de grandes menaces publiques contre le boucher israélien, puis des accords économiques en sous-main.
Tout est bon pour rendre à nouveau grande la Turquie. Un slogan déjà utilisé? Oui, mais peu importe à Erdogan. Qui veut être le maître de la Méditerranée. D’ailleurs, si ses adversaires sont Tajani et Ursula von der Leyen, le match se gagne facilement.
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Protestations en Turquie: Erdogan sous pression
Protestations en Turquie: Erdogan sous pression
Source: https://report24.news/proteste-in-der-tuerkei-erdogan-unt...
Le président Recep Tayyip Erdogan a fait arrêter son plus grand rival politique, le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu. Cela a entraîné des manifestations dans plusieurs villes. Des centaines de manifestants ont été arrêtés. La Turquie est confrontée à des troubles de masse contre le "sultan du Bosphore", dont la position s'affaiblit lentement.
La situation en Turquie est tendue. L'arrestation du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu (photo) a déclenché des manifestations à l'échelle nationale, rappelant les grandes manifestations de 2013, lorsque les citoyens s'étaient soulevés contre la destruction du parc Gezi. Dans la nuit de samedi, le ministère de l'Intérieur a signalé que 343 personnes avaient été arrêtées dans plusieurs villes, dont Istanbul et Ankara. Ces mesures ont été justifiées par l'argument de la nécessité de maintenir l'ordre public. Cependant, la réalité est beaucoup plus complexe et soulève des questions sur les droits démocratiques en Turquie.
Les manifestations, qui ont commencé le 19 mars, ne sont pas seulement une réaction à l'arrestation d'Imamoglu, mais reflètent un mécontentement plus profond face à la situation politique et économique du pays. Le maire a été arrêté chez lui sous des accusations de terrorisme et de corruption, ce que beaucoup considèrent comme une action politiquement motivée. "Il y a une grande colère. Les gens sortent spontanément dans la rue. Certains jeunes sont politisés pour la première fois", a déclaré Yuksel Taskin, député du Parti républicain du peuple (CHP), considéré comme social-démocrate, à propos des développements actuels.
Imamoglu, considéré comme un rival sérieux du président Recep Tayyip Erdogan, était prévu comme candidat de son parti, le CHP, pour les prochaines élections présidentielles de 2028, qui se tiendront le 23 mars. Son arrestation pourrait être interprétée comme une tentative de réduire l'opposition politique et de renforcer le contrôle sur l'opinion publique. "Je constate aujourd'hui lors de mon interrogatoire que mes collègues et moi sommes confrontés à des accusations et à des diffamations inimaginables", a déclaré Imamoglu lors de son interrogatoire par la police.
Les accusations portées contre lui sont graves : diriger une organisation criminelle, corruption et soutien au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), lequel est interdit. Ces accusations sont non seulement juridiquement mais aussi politiquement explosives. Elles visent à discréditer Imamoglu et ses partisans et à manipuler la perception publique. Le fait que l'Université d'Istanbul ait déclaré un jour avant son arrestation que son diplôme était invalide renforce l'impression qu'il s'agit bien d'une manœuvre politique. En Turquie, seuls les titulaires d'un diplôme universitaire peuvent se porter candidat à des fonctions politiques.
La réaction du gouvernement aux manifestations est tout aussi préoccupante. Le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé que des centaines de comptes sur les réseaux sociaux avaient été identifiés et que 37 utilisateurs avaient été arrêtés pour "publications provocatrices incitant à des crimes et à la haine". Cela montre que le gouvernement s'attaque non seulement aux manifestants, mais aussi à la libre expression par voie numérique. Les restrictions sur les plateformes sociales sont un autre signe de la répression croissante en Turquie.
Les manifestations ne sont pas seulement un signe de mécontentement face à l'arrestation d'Imamoglu, mais aussi un signe de la frustration généralisée face à la situation économique et sociale du pays. "Le sentiment d'être piégé dans tous les domaines – économique, social, politique et même culturel – est déjà largement répandu", a déclaré le journaliste et auteur Kemal Can. Ces sentiments sont profondément enracinés dans la population et pourraient conduire à un tournant dans le paysage politique de la Turquie.
Le CHP, qui se situe dans la tradition laïque et kémaliste du fondateur de l'État Mustafa Kemal Atatürk, a appelé ses partisans à manifester pacifiquement et a souligné que les arrestations sont politiquement motivées. Le parti se considère comme responsable de représenter la voix des citoyens et de lutter contre les mesures répressives du gouvernement. Les événements actuels pourraient servir de coup de fouet pour de nombreux citoyens qui se sont jusqu'à présent tenus à l'écart de la politique.
La question qui se pose désormais est de savoir si ces manifestations peuvent conduire à un mouvement plus large qui transformerait fondamentalement les relations politiques en Turquie. Le gouvernement d'Erdogan, orienté vers le grand empire ottoman, composé de l'islamiste AKP et de l'islamo-nationaliste MHP, a déjà montré qu'il était prêt à réprimer toute forme d'opposition d'une main de fer. Cependant, la colère des citoyens pourrait être un facteur imprévisible qui déréglerait les calculs politiques du gouvernement.
D'un autre côté, il convient de considérer qu'Erdogan ne s'est pas fait beaucoup d'amis en Occident (notamment au sein de l'OTAN, des États-Unis et de l'UE) avec sa politique grande-ottomane et ambivalente. Un changement vers un président pro-occidental "plus fiable" comme Imamoglu pourrait jouer en faveur de l'alliance militaire transatlantique. Dans ce cas, la Turquie pourrait assumer des rôles au Moyen-Orient et dans le Caucase pour le compte des États-Unis, qui souhaitent également se concentrer davantage sur l'Asie de l'Est – la Chine et la Corée du Nord.
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L'APEC et la géoéconomie à la chinoise
L'APEC et la géoéconomie à la chinoise
Leonid Savin
Le 35ème sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), composé de 21 pays d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud et d'Asie du Sud-Est, qui s'est tenu au Pérou en novembre 2024, a montré que l'équilibre des pouvoirs évoluait rapidement. On constate que les États-Unis perdent de leur influence, même s'ils tentent par divers moyens de maintenir leur hégémonie.
L'APEC elle-même est une plateforme qui correspond à la description du libéralisme classique. En fait, même si l'on lit les déclarations et les énoncés adoptés, ils peuvent s'inscrire dans le cadre des énoncés des dirigeants américains.
Par exemple, la déclaration ministérielle générale indique que « nous reconnaissons le rôle important d'un écosystème numérique favorable, ouvert, équitable, non discriminatoire, plus sûr et plus inclusif qui facilite le commerce, ainsi que l'importance d'instaurer la confiance dans l'utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC). Nous encourageons les pays à intensifier leurs efforts pour faire progresser la transformation numérique. Dans le cadre de l'accord avec l'AIDEN, nous travaillerons ensemble pour faciliter la circulation des données, en reconnaissant l'importance de la protection de la vie privée et des données personnelles, et en renforçant la confiance des consommateurs et des entreprises dans les transactions numériques ».
Un vrai style "Maison Blanche".
Le 16 novembre, la déclaration de Machu Picchu a été publiée, avec les signatures des dirigeants des nations participantes, y compris des puissances rivales telles que les États-Unis et la Chine.
Le document souligne également la nécessité d'un commerce équitable, transparent et prévisible, sans discrimination, et de promouvoir l'interconnexion de la région à différents niveaux. Il a également décidé d'organiser les prochains sommets de 2025 à 2027, respectivement en Corée, en Chine et au Viêt Nam, ce qui démontre le rôle de l'Asie du Sud-Est dans les affaires de l'APEC pour les trois prochaines années.
Cependant, il y a eu des nuances. En particulier, l'initiative B3W (Build Back Better World), lancée par Joe Biden en 2021, n'a pas été mentionnée du tout dans les documents du sommet. Pourtant, ses objectifs affichés sont assez proches des documents de l'APEC.
Cela confirme une fois de plus que ce projet géoéconomique américain a lamentablement échoué, même si les représentants de la Maison Blanche et du département d'État tentent occasionnellement d'utiliser ce récit pour exercer une influence en Amérique latine et dans la région indo-pacifique.
La Chine, en revanche, est apparue comme un leader clair et un acteur constructif. Il ne s'agissait pas seulement de la photo de famille symbolique des dirigeants des pays, avec Xi Jinping au centre du premier rang à côté de l'hôtesse du forum, Dina Boluarte, et le président américain Joe Biden modestement rangé dans les marges du deuxième rang. Le 15 novembre, les présidents péruvien et chinois ont inauguré le grand port de Chancay (photo, ci-dessous), sur la côte pacifique, à 70 kilomètres de Lima.
La part de l'entreprise logistique chinoise COSCO Shipping dans ce projet est de 60%. En d'autres termes, la Chine détient une part de contrôle. L'investissement total s'élève à 3,4 milliards d'USD.
La capacité prévue du nouveau port est de 1 million d'EVP (équivalent vingt pieds, une mesure conventionnelle de la capacité de fret) par an à court terme et de 1,5 million d'EVP à long terme. Selon le Global Times, la construction des principales installations portuaires s'est achevée au début de l'année, avec plus de 80% du projet réalisé.
Pour la Chine, le lancement d'une nouvelle plate-forme de transport en Amérique latine peut réduire considérablement les coûts logistiques (jusqu'à 20%) et les délais de livraison (23 jours). Auparavant, les marchandises en provenance de Chine étaient expédiées vers le Mexique ou le Panama, d'où elles rejoignaient l'Amérique du Sud. Désormais, la Chine a la possibilité de livrer directement en Amérique du Sud et le Pérou devient une zone de transit supplémentaire pour les pays voisins de la région: l'Équateur, la Colombie, la Bolivie, le Chili et le Brésil, et, à travers ces pays, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay.
En plus des marchandises en provenance de Chine, le Pérou sera en mesure d'augmenter ses exportations, qui ont connu une croissance significative ces dernières années. L'année dernière, le Pérou a vendu pour 23 milliards d'USD de marchandises à la Chine, quadruplant ainsi ses revenus par rapport à 2009. Cela signifie plus de production, plus d'emplois et plus de devises pour acheter les biens dont le Pérou a besoin. Environ 90% des exportations péruviennes vers la Chine sont constituées de ressources naturelles.
Et la Chine est désormais intéressée par l'augmentation de leur volume. Il convient de noter que le Pérou et le Chili sont des leaders dans l'exploitation du cuivre. Quant à la Bolivie voisine, elle possède d'importantes réserves de lithium.
Globalement, la catégorie des principaux produits exportés du Pérou vers la Chine comprend les scories et les cendres de minerai (19,8 milliards de dollars), le cuivre (1,18 milliard de dollars), les résidus, les déchets de l'industrie alimentaire, les fourrages (733 millions de dollars), les fruits comestibles, les noix, les écorces d'agrumes, les melons (282,3 millions de dollars), les poissons, les crustacés, les mollusques, les invertébrés aquatiques (336,9 millions de dollars), combustibles minéraux, huiles, produits de distillation (258,8 millions de dollars) - tels sont les chiffres à l'horizon 2023.
De toute évidence, une telle avancée de l'initiative chinoise Belt and Road va à l'encontre du désir de Washington de mener sa propre politique et de dire aux pays d'Amérique latine avec qui commercer. C'est pourquoi ils ont immédiatement commencé à critiquer le projet sur le terrain.
Laura Richardson, un général à la retraite qui a récemment dirigé le commandement sud des États-Unis, s'est inquiétée du fait que le port pourrait être utilisé pour amarrer des navires de guerre chinois. Mme Richardson s'est également opposée à la proposition de construire un port chinois dans le sud de l'Argentine.
Foreign Policy cite également des analystes péruviens anonymes qui affirment que le port soulève des préoccupations plus sérieuses que la concurrence des grandes puissances. La construction des routes et des voies ferrées nécessaires à l'acheminement des marchandises vers le port aurait pris du retard.
Cela dit, il est évident que ces problèmes peuvent être résolus et que la Chine, en collaboration avec le Pérou, s'y attaquera. En outre, le port lui-même, en tant que nouvelle plaque tournante, servira d'exemple pour les autres pays, qui pourront voir ce que la Chine peut faire et le comparer à ce que font les États-Unis.
Ce qui est intéressant, c'est que la Chine utilise une approche purement géoéconomique, que les États-Unis eux-mêmes ont déjà promue par le passé. Cette approche n'a rien à voir avec l'idéologie et le « hard power », qui sont plutôt pratiqués par Washington. L'approche de Pékin est pragmatique et ne pose aucune exigence politique supplémentaire, ce qui la rend plus attrayante que celle des États-Unis.
Article original de Leonid Savin :
https://orientalreview.su/2025/02/21/apec-and-chinese-sty...
12:14 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, apec, chine, pérou, asie, affaires asiatiques, amérique latine, amérique ibérique, amérique du sud, asie du sud-est, océan pacifique, géo-économie, géopolitique, économie | |
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