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mardi, 20 février 2007

German Socialism as an Alternative to Marxism

Dr. Alexander JACOB :

German Socialism as an Alternative to Marxism

http://thescorp.multics.org/21spengler.html

lundi, 19 février 2007

R. Steuckers: Fondements philosophiques

Pour donner des fondements

 

philosophiques à la «Nouvelle Droite»

 

Allocution prononcée à l’Université d’été du GRECE, Roquefavour, août 1992

 

Robert STEUCKERS

 

Note pour la parution sur ce site : Ce document est historique. Il est l'ultime conférence prononcée par Robert Steuckers pour le compte du GRECE, patronné par Alain de Benoist. Il prouve que Steuckers, contrairement aux allégations de de Benoist, a servi l'association métapolitique néo-droitiste avec fidélité jusqu'au bout, sans faire de vaines polémiques. Certaines pistes esquissées dans ce texte n'ont jamais été poursuivies.

 

En guise d’introduction: Le texte qui suit est le “script” d’une conférence prononcée lors de l’Université d’été 1992 du GRECE (Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Culture Européenne), qui s’est déroulée à Roquefavour en Provence. A la demande du Secrétaire Général de cette association, Xavier Marchand, j’avais été sollicité cette année-là pour participer à cette manifestation annuelle de son mouvement pour deux motifs: 1) ouvrir les travaux de l’Université d’été en définissant les linéaments philosophiques de la Nouvelle Droite (où ce que le GRECE veut bien entendre derrière ce vocable) et 2) Encadrer le groupe germanophone, comptant près de la moitié des participants, alors qu’aucun responsable de cette association, soi-disant universitaire et “élitiste”, n’est capable d’aligner une phrase élémentaire dans la langue de Goethe. Sur l’Allemagne, ces gens ne citent généralement que des noms d’auteurs, qu’ils n’ont manifestement jamais lus. Cet exposé, inutile de le préciser, a été mal accueilli, notamment par son commanditaire, dont la prétention n’a d’égal que le ridicule et la préciosité. Le bonhomme aurait voulu un exposé qui aurait amené, “messianiquement”, l’histoire de toute la philosophie mondiale à son point final: la “pensée” de son gourou, le journaliste parisien Alain de Benoist. Ne me sentant pas l’âme d’un apologétiste, ne voyant pas l’utilité d’exercices aussi bouffons, j’ai envoyé sans ménagement, avec deux ou trois sarcasmes en guise de claques, ce galopin, ce Kulturanalphabet, à son petit univers onirique et, deux jours plus tard, je prenais définitivement congé de cette brochette de sectaires et d’imbéciles, tout occupés à leurs intrigues stériles. Le texte qui suit est loin d’être exhaustif; il ne prétend pas donner une recette définitive; il se borne à mettre en exergue deux domaines où la ND a eu un effet de rupture; il entendait réinscrire la démarche néo-droitiste dans le filon philosophique vitaliste (Lebensphilosophie) et dans le cadre des littératures de l’engagement et de la contestation, qui sont le sel du XXième siècle. Provoqué par le pauvre cuistre Xavier Marchand,  —petit caniche aseptisé des beaux quartiers qu’on avait fraîchement galonné dans sa secte en solde parce qu’on le savait niais et manipulable—,  l’incident de Roquefavour en août 1992 a démontré que la ND refusait puérilement de se doter d’un corpus philosophique cohérent, de retourner à des archétypes philosophiques solides, d’étayer sérieusement son discours, d’être tout simplement autre chose qu’une fabrique d’opinions concoctées par des journalistes en quête de gloriole ou de sensation.

 

 

Proposer une rupture des paradigmes occidentaux

 

 

 

La première question que doit se poser toute personne intéressée à l’univers de la ND en Europe aujourd’hui, c’est de se demander pourquoi ce mouvement a fait scandale, a suscité autant de réactions négatives dans les cercles de la pensée conventionnelle? Pour donner d’abord une réponse simple à cette question vaste, je dirais que la ND, d’emblée, proposait une rupture des paradigmes occidentaux. La ND, en effet, comme bien d’autres mouvements philosophiques ou courants de pensée, est essentiellement “rupturaliste”. Elle affirme un monde, un récit (de l’histoire des peuples), différents de ceux qui dominent l’avant-scène politique ou culturelle. Elle tourne le dos à la manie de la critique pour la critique, de la critique comme instrument pour parfaire de petites corrections marginales, de social engineering, sans interpellation radicale et globale de ce qui est lourdement en place, oppresse, opprime et oblitère les potentialités fécondes qui n’attendent qu’une chose: se manifester. Comment, dans le chef de la ND, cette rupture s’est-elle articulée? Elle s’est articulée sur deux plans: a) le plan de l’opposition organique/mécanique; b) le plan religieux, par son rejet global du message chrétien.

 

 

 

A. La rupture avec l’idéologie mécaniciste dominante.

 

 

 

Les idéologies dominantes dans le monde occidental en général et en France en particulier dérivent en majorité des options mécanicistes de la pensée, affirmés aux XVIIième et XVIIIième siècles. Toute option organique en politique ou en économie est suspecte, elle entraîne la méfiance, l’hostilité, elle n’est pas prise au sérieux. Dès la fin du XVIIIième, quelques penseurs politiques, dont l’Anglais Edmund Burke, perçoivent le gros risque que constitue l’adoption acritique, dans la pratique politique quotidienne, des modèles exclusivement mécaniques. Les peuples, comme les arbres, sont des êtres vivants, non des horloges. On ne peut pas gérer une entité politique née de l’histoire en intervenant dans son fonctionnement comme si elle était une machine composée de rouages et de vis. Les “produits de nature”, dont l’homme et ses modes de vie, sont toujours simultanément cause et effet d’eux-mêmes (Ursache und Wirkung), les lois qui président à leur développement dans le temps et dans l’espace résident au fond d’eux-mêmes, dans leur intériorité même. Les “produits d’art”, les produits issus de l’“esprit de fabrication” (Joseph de Maistre), voient leurs mouvements impulsés par un agent extérieur, qui, par la force des choses, les tient arbitrairement sous sa coupe.

 

 

 

L’idéologie dominante d’aujourd’hui, de ces dernières décennies, surtout en France, s’inspire du mécanicisme et est, en dernière instance, coercitive et correctrice, en dépit des discours moraux ou “démocratiques” qu’elle ne cesse de prononcer. Si l’agent extérieur disparaît, le mouvement de la machine, du “produit d’art” (Kant: Critique de la faculté de juger, 1790), cesse aussitôt. L’idéologie dominante repose donc sur l’alternative: ou la coercition ou la mort. En refusant les idéologies mécanicistes, en rappelant les ressorts organiques de l’homme et en se référant à l’œuvre du Prix Nobel Konrad Lorenz (entre autres auteurs), la ND dénonçait implicitement, peut-être même à son insu, la présence contrôlante de tout “agent extérieur” (en l’occurrence les oligarchies et les élites qui se sont elles-mêmes exclues du peuple) et, ipso facto, mettait en exergue son imposture. Grave hérésie dans l’univers politique jacobin. Du coup, le fondement moteur de l’idéologie dominante risquait de disparaître. [Remarque de 1998: la ND n’a jamais fait qu’évoquer Konrad Lorenz, a parlé à satiété de sa critique de l’égalitarisme et répété sa description de l’agressivité, mais en omettant curieusement d’analyser en profondeur sa thèse sur Kant, pourtant capitale pour comprendre son anthropologie philosophique ultérieure. Gusdorf écrit avec pertinence que Kant est aussi le premier des post-kantiens, le premier à indiquer la porte de sortie hors des enfermements euclidiens des Lumières et du newtonisme vulgaire, tout en s’interdisant personnellement d’emprunter ce chemin: à sa suite, Schelling et von Humboldt se tourneront vers l’intériorité, vivante, bien présente, des hommes et des choses, mais dissimulée sous leur surface].

 

 

Le filon romantique et organique 

 

 

A la suite 1) des premières réflexions de Kant sur l’Organismus et les “produits de nature”, puis 2) du Sturm und Drang littéraire et 3) des critiques politiques plus ou moins conservatrices adressées à la France révolutionnaire, la pensée romantique allemande prend son envol. Dans ce corpus épars, mais magistralement analysé par Georges Gusdorf, réside une formidable rupture par rapport à l’anthropologie des Lumières. Celle-ci entendait déployer l’agir de l’homme dans la dimension unique de l’axiomatisation rationnelle, tandis que la révolution romantique plongeait l’individu ou les individualités collectives, les spécificités nées dans le temps et l’espace, dans une pluralité de dimensions, les immergeait dans la nature, la société, dans la communauté charnelle de ses origines (historiques, culturelles ou biologiques). Un homme, plongé ainsi dans l’intensité et l’immédiateté du vécu, n’est guère contrôlable par les “agents extérieurs” (exécutifs arbitraires, polices politiques, oligarchies de tous ordres, manipulateurs médiatiques, etc.); il échappe à leur surveillance, se rit de leurs maladresses et de leurs schématismes, brocarde leur sévérité. Il se soustrait à toute homogénéisation comportementale. Son essence ne réside pas dans un modèle abstrait, mais dans l’unicité de ses expériences spatiales et temporelles, inaliénables et intransmissibles. L’homme romantique n’est pas réductible à un schéma abstrait, n’est pas vidé d’autorité de ses substances, acquises face à la confrontation quotidienne avec le réel ou héritées d’une lignée. L’homme romantique, précise Gusdorf, est en coalescence avec l’univers. Le rationalisme des Lumières est assèchement, tandis que le romantisme, avec Carl Gustav Carus, est un anthropocosmomorphisme, où l’homme, avec son corps et ses sens, devient organe actif du Totalorganismus qu’est la nature. Cet homme ne peut être détaché du Tout qu’est la Terre. Il en est un organe.

 

 

 

De cet anthropocosmomorphisme dérive ce que l’histoire des idées appelera successivement la “révolution allemande” ou la “révolution conservatrice”, qui en sont des avatars ultérieurs, tout comme aujourd’hui, la ND devrait se poser clairement et sans ambiguités comme l’héritière actuelle de ce filon, dans un contexte non plus exclusivement allemand, mais un contexte européen et mondial. Le romantisme induit un savoir romantique de la nature mais aussi de l’homme, de la Cité et du politique qui prendront tour à tour les aspects de la Naturphilosophie de Schelling, de la biosophie (Troxler) ou de la géosophie (Carus), du panvitalisme (Stahl, école française de Montpellier), du monisme animiste (Fechner, maitre d’Ernst Jünger), etc. Révolution romantique, allemande ou conservatrice, peu importe le nom, ce filon de la pensée européenne est celui qui privilégie les particularités, ne leur donne jamais un statut subalterne, ne vise pas leur éradication, et pérégrine, respectueux, vers leur identité intérieure, secrète. En toute bonne logique, une ND, défenderesse des identités (ou des spécificités concrètes, réelles et charnelles que recouvre ce mot un peu malheureux), devrait s’immerger entièrement dans ce filon, travailler à le défendre et à l’illustrer, à le réactiver et à le transformer en un instrument de combat permanent contre les assèchements d’une idéologie issue des Lumières, qui prétend nous apporter la liberté et l’émancipation, mais qui n’est rien d’autre que mortifère.

 

 

 

Impraticabilité du cosmopolitisme

 

 

 

Dans le dégagement progressif de la pensée allemande du XIXième siècle hors du corset de l’Aufklärung, incapable de rendre compte de toutes les facettes de la réalité, l’éclosion de la philosophie de la vie joue un rôle de premier plan. A partir des innombrables intuitions géniales, mais exprimées en vrac, du romantisme, se construit progressivement une approche plus organique et diversifiée du monde et du réel, en réaction contre les avatars de l’Aufklärung. Cet approche porte, entre autres choses, l’appelation de “philosophie de la vie” (Lebensphilosophie). Elle est une réaction contre la première synthèse du XIXième siècle, mixte d’idéalisme allemand, de libéralisme bourgeois, d’idéal de la liberté personnelle, de la culture générale ou particulière des personnes concrètes, d’étatisme, censé se déployer dans un cadre cosmopolite (notons que ce cadre cosmopolite est revenu à l’avant-plan aujourd’hui et est revendiqué bruyamment, avec véhémence par une brochette de doxographes, dont la fonction est policière et inquisitoriale).

 

 

 

C’est justement cet idéal de cosmopolitisme qui constitue le point faible de cette première synthèse du XIXième siècle. Les précurseurs de la philosophie de la vie constatent l’impossibilité d’embrasser idéalement tous les paramètres du monde. Le “moi”, constatent-ils, est limité dans le temps et dans l’espace, bien que son action puisse s’exprimer d’innombrables façons dans ce cadre spatio-temporel. Tel est le destin de l’homme: il ne peut agir que dans une seule vie et, de façon constante et non furtive, fugace, éphémère, que dans un seul lieu, celui où il vit. Le cadre où s’exprime les œuvres innombrables de l’homme, est un cadre circonscrit: celui d’une nation, d’un Reich, d’une ethnie, etc. La nation allemande, le Reich bismarckien, le territoire historique (duché, terre d’église, ville impériale, etc.) inclu dans cet empire sont, pour les néo-idéalistes allemands du XIXième, autant de cadres limités, certes, mais ils sont aussi des faits de vie et, à ce titre, sont incontournables. Là, et seulement dans ces cadres-là, peuvent se concrétiser les visions de l’idéalisme et non dans une cosmopolis.

 

 

 

Eucken: césure entre conscience et action 

 

 

 

Dans une deuxième étape, où les contours de cette pensée en termes de cadres (spatio-temporels) se précisent, nait le néo-idéalisme, démarche philosophique qui veut réaliser les promesses et les aspirations universelles de l’idéalisme mais dans un cadre précis. Dans un autre cadre, d’autres hommes feront de même, sous des modalités différentes, créant des formes culturelles et politiques différentes, adaptés à ce temps-ci et ce lieu-ci.

 

- Le différentialisme nait ou réémerge ainsi dans la pensée européenne, avec le questionnement du néo-idéalisme.

 

- Les néo-hégéliens prennent un certain recul par rapport à l’hégélianisme de stricte obédience, en soulignant l’existence factuelle et incontournable du divers, qu’aucun Etat omnipotent et aucune administration trop rigide des choses ne peuvent effacer.

 

- Les néo-kantiens tentent de sortir des interprétations trop rigides ou trop spéculatives de la pensée de Kant, en s’ouvrant à la métaphysique traditionnelle, à l’éthique, aux découvertes de l’empirisme, à la sensualité.

 

- Eucken, lui, face à ces corpus hégéliens ou kantiens critiqués par leurs propres adeptes, constate, plus largement, une dépersonnalisation de la civilisation sous l’effet de l’industrialisme technique: la grande question de la seconde moitié du XIXième siècle est posée. Que faire, comment ne pas perdre, sous les coups d’une modernité outrancièrement schématisante, ces myriades de possibles tapis dans l’âme de millions d’hommes uniques et originaux? Après avoir observé l’abîme se creusant entre la conscience (l’idéal, la vision idéale, idéaltypique, les archétypes, les visions archétypales projetées vers le passé ou l’avenir) et l’action dans le monde concret, Eucken en conclut qu’il faut revenir à la situation où pensée et action n’étaient pas encore séparées et suggère une réponse “personnaliste”, le personnalisme étant chez lui une force, propre à la personne,

 

- qui va vers l’idéal ou retourne aux archétypes,

 

- qui sort de ses torpeurs stéréotypées,

 

- qui acquiert maturité ou majorité (Kant!) en se dégageant des dogmes ou des enfermements de l’idéologie des Lumières, comme les partisans honnêtes de l’idéologie des Lumières avaient voulu sortir des enfermements imposés par les scholastiques de tous ordres (et sans vouloir faire des Lumières une nouvelle scholastique),

 

- qui active sa subjectivité dans un travail politique, public ou communautaire.

 

Son objectif est de créer une civilisation portée par des hommes prêts à renoncer à leur subjectivité immédiate et individuelle pour assumer leur rôle d’«êtres personnels» et décidés à remonter à ce point d’unité de l’existence où pensée et action ne sont pas encore séparées. Plus tard, d’autres nommeront ce point d’unité la «Tradition» et tenteront de ramener ou de restaurer des éléments religieux et politiques traditionnels.

 

 

 

Du néo-romantisme à l’ultra-vitalisme

 

 

 

L’idée d’un cadre spatio-temporel limitant mais permettant à tous les possibles surgis au fil du temps dans les confins de cette limite de s’exprimer, la nécessité de sortir des torpeurs et des enfermements, la nécessité d’un engagement personnel, constituent donc les découvertes premières de la critique de l’idéalisme, de l’Aufklärung et des démarches mécanicistes. Le néo-romantisme, dans une étape ultérieure, voudra saisir la vie immédiatement (sans filtre et sans obstacles) et dans son a-logicité. Ce postulat fait crouler toutes les idoles idéalistes ou néo-idéalistes telles l’Etat éthique, le culte de la logique et de la raison. Chez les néo-idéalistes, l’Etat, la logique et la raison devaient s’efforcer de prendre en compte d’autres dimensions de la vie, d’être plus attentifs au vécu. Les néo-romantiques voudront “pénétrer au fond originel de nous-mêmes”, retrouver une parenté purifiante et vivifiante avec la nature-mère. Si cette parenté est intacte, l’homme échappe complètement au piège de la conscience et de la réflexion, car la vie est un donné qui échappe à toute réflexion. La vertu cardinale dans une telle optique est l’intuition. Contrairement aux positions d’Eucken, le vécu, dans cette optique intuitive-vitaliste-matérialiste, envahit tout, l’homme devient incapable de recul, de planifier des actions à long terme. Pour les néo-idéalistes et Eucken, l’expérience vécue est centrale mais reste un vécu réfléchi. Le dérapage ultra-vitaliste, dénoncé quelque fois comme un “biologisme forcené”, a attiré l’attention critique d’Ortega y Gasset (qui croyait trouver un juste milieu dans le “ratiovitalisme”) et des écoles traditionalistes (Guénon, Evola). Henri Arvon écrit: «La vie, n’étant plus soumise au verdict de la raison, s’affranchit de toute tutelle et s’arroge le droit d’imposer ses propres critères qu’elle déduit de ses instincts, fussent-ils les plus obscurs et les moins avouables». De leur côté les biologistes s’insurgent également contre le vœu anti-culturel implicite d’un biologisme exacerbé. Ainsi Jakob von Uexküll (1864-1944): «L’expérience humaine ne suffit pas pour saisir la vie, puisque la raison humaine elle-même est un produit de la vie. Toute expérience est nécessairement liée aux limites de l’intelligence du sujet qui fait l’expérience. La vie cependant qui crée les sujets dépasse les limites de chaque sujet. La vie n’est pas égocentrique, ni même anthropocentrique...».

 

 

 

Simmel et la tragédie de la culture

 

 

 

La Lebensphilosophie, le vitalisme, ont couru le risque d’une survalorisation des sentiments et des instincts contre l’intellect parce qu’il y avait eu refoulement. Certains avatars de ce vitalisme ont ainsi débouché sur l’irrationalisme ou une mystique débridée. Le plongeon nécessaire et indispensable dans l’océan du vécu doit toujours s’accompagner d’une lucidité, prélude à l’action consciente et planifiée. Sinon, autre risque, le vitalisme peut en venir à accepter des déviances inacceptables sous prétexte qu’elles sont faits de monde et pourvues d’une certaine force, d’inertie ou de “catagogie” (= chute vers le bas).

 

 

 

Pour Georg Simmel (1858-1918), sociologue et philosophe original, la vie est une situation d’agonalité vis-à-vis du milieu, de l’environnement, des limites que fixe l’espace. Pourquoi? Parce que la vie cherche à s’étendre, se reproduire, accroître ses potentialités, à surpasser sa finitude (la mort). Quelle est dès lors la stratégie de la vie? Sa stratégie est de produire des formes socio-culturelles; ces formes sont des émanations de la vie mais elles s’en détachent graduellement, s’éloignent de leur source au fil du temps. Il se produit alors ce que Simmel nomme la Wendung zur Idee, c’est-à-dire le processus de dévitalisation des institutions, des formes, des manifestations culturelles pour devenir pure idée, pure représentation, forme morte, forme dévitalisée, forme rigidifiée. Dans ce processus d’éloignement de l’idée par rapport à la vitalité, à la source vitale, l’idée acquiert une dynamique propre qui se retourne contre la vie. C’est la révolution qui dévore ses enfants, l’institution qui se sclérose et contrarie le libre épanouissement des citoyens et des entreprises, etc. Pour Simmel, ce processus est la tragédie de la culture, processus où les forces idéelles, produites par la vie, se retournent contre la vie.

 

 

 

Face à ce processus, où est la liberté humaine, en quoi consiste-t-elle? Elle consiste à ouvrir de nouveaux horizons pour la vie, en luttant contre les formes sclérosées. Pour Simmel, l’éthique n’est pas installée dans une “généralité” définie une fois pour toutes mais dans un continuum précis, historique, circonstantiel, personnel. D’où il ne peut y avoir de loi générale valide, non pas tant parce qu’il y aurait pluralité des valeurs ou polythéisme des valeurs mais parce qu’il y a de fait pluralité des expressions de la vie, et que ces expressions ne sauraient être délibérément ignorées. La démarche de Simmel, les grandes lignes de sa pensée, sont autant de modèles dont la ND doit s’inspirer dans sa lutte contre les scléroses dominantes. Une lecture ou une relecture de Simmel s’avère impérative, parce qu’elle demeure vitaliste,

 

- en évitant l’enlisement dans la prolixité des faits de monde,

 

- en nous indiquant les dangers d’un conservatisme qui voudrait maintenir des formes mortes,

 

- en suggérant une pratique de la liberté qui soit simultanément “ouverture au monde”, - en dénonçant les éthiques fallacieuses qui se fondent sur des “généralités” inexistantes dans le réel.

 

Simmel reste à l’ordre du jour.

 

 

 

L’organicisme comme contestation radicale

 

 

 

Cet éventail de références à l’organicisme naissant, à Gusdorf, à Eucken, à la philosophie de la vie, au néo-idéalisme, à Simmel n’est pas exempt d’implications politiques, surtout en France. Ces corpus doctrinaux solidement étayés constituent une réfutation radicale des pratiques politiques centralisatrices et jacobines. Elles suggèrent explicitement d’autres formes de gouvernement, soucieuses de maintenir vivantes les différences organiques, nées de l’histoire et de la géographie, donc du temps et de l’espace, de la durée et de la Terre. Ces autres formes sont nécessairement fédérales, subsidiaires, régionales ou linguistiques/dialectales/ethniques. Elles ne reposent pas sur des schémas définis par des scribes isolés dans leur tour d’ivoire mais sur des faits de monde visibles et tangibles. Toute ND cohérente doit donc se brancher sur les pensées s’inscrivant dans ce filon organique, pour déployer une critique systématique des pouvoirs et institutions en place, tout en gardant en réserve des modèles d’institutions praticables et non abstraits, qui ont été inscrits, à un moment ou à un autre de l’histoire, dans un continuum enraciné. En ce sens, elle serait rupturaliste mais constructive dans sa rupture. Le côté constructif d’une telle rupture s’explique par l’épuisement et le basculement dans l’inauthentique (Heidegger) des institutions, règles de droit, pratiques économiques et sociales d’inspiration mécaniciste. A ces institutions, règles et pratiques inauthentiques, il faut substituer des institutions, règles et pratiques authentiques, c’est-à-dire, selon la définition “existentiale” que nous suggère Heidegger, des institutions, règles et pratiques qui relèvent d’une authenticité qui est telle parce que plongée dans un Dasein spatio-temporellement circonscrit, limité, mais réel, car c’est le seul cadre d’action possible pour l’homme, être jeté-là (de par sa déréliction) et contraint par l’échéance de sa mort inéluctable, par le fait de sa finitude incontournable, de lancer un projet (Entwurf) d’organisation de son environnement (Umwelt), porté par le souci (Sorge). La nécessité d’un Entwurf implique des communautés humaines constructives, prospectives, “pro-actives” (on retrouve ici, systématisée, la démarche des néo-idéalistes du XIXième siècle).

 

 

 

Le filon romantique donne donc ses assises à ce que l’on appelait au XIXième siècle la “révolution allemande” et, sous la République de Weimar, la “révolution conservatrice”. Ce filon a des implications politiques: il nous enjoint à critiquer de fond en comble, puis à travailler inlassablement à la ruine de toutes les institutions dérivées d’un intellectualisme raisonnant more geometrico et instituant quantité de “médiations” coercitives, administratives ou abstraites entre le pouvoir et l’homme concret (bien ancré dans son territoire et sa profession et responsable devant les siens et les autres de ce lieu et de cette fonction). En clair, cette triple révolution, romantique, allemande et conservatrice interpelle le jacobinisme, veut

 

- lui prouver son inadéquation fondamentale,

 

- lui indiquer la porte de sortie et détruire ses traductions institutionnelles, parce qu’elles oblitèrent l’exercice serein d’un métier, d’une profession, d’un savoir concret et pratique (l’exercice de la médecine, la créativité scientifique, le passage rapide de nouvelles idées de la puissance à l’acte, l’intuition lucide et l’insolence didactique du poète, etc.). Se référer à ce filon aux facettes innombrables, c’est réclamer, plus ou moins distinctement, l’avènement d’autres méthodes de gouvernement, d’autres institutions, d’autres structures de représentation et de pouvoir. Les régionalismes et les ethnismes en sont des formes conviviales et symbiotiques, qui devrait, en tous points du globe, rencontrer notre approbation et notre solidarité.

 

 

 

B. La «nouvelle droite» comme rupturalisme dans la sphère religieuse

 

 

 

Dans le domaine religieux, la «Nouvelle Droite» a fait scandale. En se positionnant à “droite”, elle s’inscrivait d’emblée, pour le meilleur et (le plus souvent) pour le pire, dans le camp de la conservation des institutions mentales, judiciaires et politiques ou dans le camp du réformisme lent et graduel (cf. les éditoriaux de Louis Pauwels et les articles d’Alain de Benoist sur Aron ou sur Popper dans les colonnes du Figaro Magazine). En déboulant sous les feux de la rampe à la fin des années 70, et en prenant plus ou moins le contrôle de l’hebdomadaire Figaro-Magazine, la ND semblait implicitement défendre la tradition ou les conformismes, le déjà-vu ou le prêt-à-penser a-critique, conservateur et satisfait (rien ne serait contestable et toute contestation serait folie), tout simplement parce qu’elle acceptait le label de “droite” et semblait chercher un ancrage et quelques casse-croûte dans les partis ou lobbies conservateurs ou néo-libéraux. Mais, dans le cadre de cette droite, elle a pris une option “païenne”, donc elle a affirmé une rupture (difficilement acceptable pour les droites et les notables moisis) par rapport à un “héritage”, celui de la culture dominante en Europe, que cette culture soit restée sur ses positions (catholiques ou protestantes conservatrices) ou qu’elle ait opté pour une laïcisation (libérale conservatrice ou progressisme de façade) ou qu’elle ait parié pour un ronron social-démocrate ou qu’elle ait fait de la contestation de 68 un corpus figé, répété ad nauseam. Mais, malgré son audace et sa pertinence contestatrice, l’option païenne de la ND laisse planer quelques ambiguïtés. En effet, le concept de “paganisme” véhicule des acceptions diverses et divergentes. Il existe de fait un paganisme urbain, cosmopolite et persifleur à l’égard des folklores ruraux, pourtant authentiques héritiers de la paganité antique. A côté de ce paganisme urbain, survit un paganisme ou un post-paganisme rural, perpétuant des cultes agraires immémoriaux. Mircea Eliade le définissait comme le dépositaire de l’immémoriale religion du cosmos, toujours vivace sous un vernis chrétien, avec ses processions, ses carnavals et ses charivaris. Ce paganisme rural est plus proche du “christianisme populaire et villageois” que du paganisme des élites urbaines esthétisantes, professant très souvent un cosmopolitisme sourd à l’appel des lieux. La ND, cela va sans dire, doit éviter (et se défier) des pièges du paganisme urbain.

 

 

 

Les leçons de Robert Muchembled et de Jacques Heers

 

 

 

Enfin, dans le paganisme, qu’il soit urbain ou rural, les options sont multiples (paganismes gréco-romain, celtique, germanique, etc.), conduisant parfois à des conflits.  Tout discours néo-droitiste et païen doit faire sienne la distinction opérée naguère par le Professeur Robert Muchembled entre “culture populaire” et “culture des élites”. La culture des élites est essentiellement urbaine, rationnelle, vise à créer des concepts instrumentaux pour mettre les âmes au pas (les “policer”), voire pour éradiquer les expressions de la religiosité et de la convivialité populaires, païennes dans leur essence, mais jugées “grossières” et “irrévérencieuses”, par les caciques et les apparatchiks de tous poils. La culture populaire, selon Muchembled, a été refoulée dans les marges de nos sociétés ou houspillée hors des esprits, après le moyen âge. Au bout de quelques décennies de refoulement, la jeunesse des villes, les associations juvéniles qui avaient eu droit au chapitre et à la représentation dans le gouvernement des cités à la fin du moyen âge, sont éliminées de la dynamique sociale (cf. Jacques Heers, Fêtes des fous et carnavals, Fayard, 1983). Les hommes réels, de chair et de sang, doivent ployer le genou devant la norme, nouvelle idole conceptuelle, invention de la “culture des élites”. Sur base de cette présentation (très succincte) de la distinction théorisée par Muchembled, nous pouvons constater que le recours aux filons organiques de la pensée européenne et le recours à la “culture populaire” (donc au paganisme qui lui est sous-jacent et constitue son fond vital) conduisent tous deux à un rejet de toute norme rigide, appelée à dresser les esprits et juguler les effervescences spontanées sans jamais aller se ressourcer dans le magma vital et dans la mémoire vive des peuples. Comment ne pas penser au culte rigide de la “Loi” que Bernard-Henry Lévy avait annoncé naguère comme nouvelle parousie biblico-laïque, tout en condamnant globalement les expressions organiques de la pensée française, énoncées sans succès politique réel depuis les premiers théoriciens de la “droite révolutionnaire” (Zeev Sternhell), à la fin du XIXième siècle?

 

 

 

Sternhell et ses terribles simplificateurs

 

 

 

Sternhell a toutefois posé une équation trop simpliste à notre avis: celle qui assimile la “droite révolutionnaire” (et ses multiples questionnements) à une préfiguration pure et simple du fascisme. Si les travaux de Sternhell sont universitaires et fouillés, l’exploitation qu’en font quelques simplificateurs conduit à pas mal de quiproquos. Si elles sont caricaturées outrancièrement et transposées anachroniquement dans l’actualité contemporaine par des bateleurs d’estrade, des journalistes ou des penseurs médiatisés peu scrupuleux, les thèses de Sternhell conduisent à condamner d’avance, a priori et de manière irréfléchie tout infléchissement de la pensée politique ou de la sociologie vers des critères ou des méthodologies organiques et/ou systémiques.

 

 

 

Car ces idéologues n’ont qu’une idée fixe: faire l’équation entre pensée organique et nazisme (celui-ci étant abordé non pas comme un phénomène politique de l’histoire allemande de ce siècle, mais comme un croquemitaine universel, dont les traits ont été établis une fois pour toute par le cinéma de la propagande américaine depuis 1945). Or la civilisation européenne est traversée de filons organiques depuis l’antiquité grecque. Ipso facto, si tous ces filons sont intrinsèquement pervers et potentiellement “fascistogènes”, le nazisme fantasmagorique de nos idéologues et médiacrates parisiens devient une vieille chose increvable, tapie depuis la nuit des temps dans tous les coins et recoins de notre pensée, une monstruosité insinuée dans la syntaxe de chaque syllogisme ou de chaque assertion que nous sommes amenés à énoncer. Une chasse permanente est ouverte, traquant sans merci toute bribe, parole ou borborygme exprimant la nuisance du croquemitaine, même à l’insu du locuteur ou du balbutiant naïf et inconscient.

 

 

 

Si, à l’instar des inquisiteurs habituels, on prend la perspective païenne de la nouvelle droite française comme l’une des expressions sournoises, habiles et camouflées du croquemitaine, ipso facto la religiosité immémoriale de nos campagnes, celle du paysan éternel selon Spengler et Eliade, devient la matrice du croquemitaine, de même que la “vraie religion de l’Europe”, telle que l’entend Sigrid Hunke. Sont ainsi potentiellement “criminalisées”, des écoles d’ethnologie comme celles de Van Gennep, les explorations des contes et récits populaires comme celles de Saintyves, des revues pionnières du XIXième siècle comme Mélusine de Henri Gaidoz et Eugène Rolland, ou La Revue des Traditions populaires de Paul Sébillot (cf. Nicole Belmont, Paroles païennes, Imago, 1986).

 

 

 

Sigrid Hunke, critique des dualismes

 

 

 

Sigrid Hunke a abordé les filons non-dualistes de la pensée, depuis les Grecs jusqu’à nos jours, filons qu’elle appelle “unitariens”. L’histoire spirituelle de l’Europe serait l’histoire d’un long conflit entre une pensée dualiste, segmentante, hostile au donné naturel et une pensée unitarienne, fusionnante et émerveillée face au donné naturel. Les élites dominantes coercitives se seraient toujours inscrites dans la tradition dualiste. Les élites populaires, dans les traditions unitariennes, panthéistes et naturalistes. En d’autres termes, nous retrouvons ici une méthodologie finalement assez semblable à celle de Muchembled. Si les filons unitariens ne sont pas nécessairement païens et dépassent le polythéisme, ils ne montrent pas une agressivité féroce à l’endroit des dieux antiques et des croyances spontanées du peuple. Ils acceptent et incluent la diversité polythéiste dans leur vision de l’unité du cosmos. Pour Sigrid Hunke, la mystique médiévale de Meister Eckhart, la pensée de Nicolas de Cues et le soufisme iranien-musulman appartiennent clairement à la tradition unitarienne. A partir de cette unité de foi, de savoir et d’action, postulée par l’unitarisme (“Dieu aime les hommes libres”, qui croient, savent et agissent) et espérée par Eucken (cf. supra), nous entrons dans les domaines de la Tradition (et de ses innombrables avatars) et des traditions (les expressions populaires, mais incontournables, de la religion pérenne, telle que l’a définie Schuon). L’optique prise serait tout à la fois organique, païenne-populaire et unitarienne (non dualiste).

 

 

 

Sigrid Hunke est assez sévère à l’égard de Plotin (plus sévère que nous le serions personnellement). Elle estime que sa théorie des émanations, exprimée dans les Ennéades, conduit à un dualisme, certes moins rigide que celui que nous ont légué le platonisme, les dualismes grecs, le mythe biblique du péché originel, les christianismes paulinien et augustinien ou, en pour le résumer en un seul terme, l’helléno-christianisme. Pour la pensée de Plotin, les émanations se diffusent au départ de l’Un divin, mais, en s’éloignant de cette source, elles tombent dans la déchéance, dans le monde de la matière privée de lumière, ce qui nous ramène le dualisme idées/matière, monde idéel/monde charnel. Sigrid Hunke préfère Scot Erigène qui affirme audacieusement l’unité Dieu-Nature, au-delà de tous les dualismes.

 

 

 

Révolution métapolitique et référence à Gramsci

 

 

 

Les ruptures de la ND, au niveau épistémologique (mécanicisme vs. organicisme) et au niveau religieux (unitarisme/paganisme vs. dualismes, etc.), postulent une RÉVOLUTION MÉTAPOLITIQUE. Celle-ci doit articuler ces ruptures/propositions/révolutions (au sens de retours aux origines) dans un projet culturel cohérent. Ce projet doit certes reposer sur une lecture des leçons de Gramsci. Mais Gramsci définit l’”intellectuel organique” comme l’intellectuel au service d’une superstructure, qu’elle soit conservatrice ou contestratrice du pouvoir en place. L’hégémonisme en place ou l’hégémonisme challengeur vont tenter de mobiliser en leur faveur les intellectuels en apparence traditionnels (issus de structures traditionnelles comme les anciennes universités ou l’Eglise) ou indépendants (créateurs isolés, en dehors des circuits établis), qui ne sont pas d’office considérés comme les “commis” d’une classe ou d’une catégorie sociale ou d’un parti. Mais la ND n’est pas l’officine des intellectuels de tel ou tel groupe social. Son intention est plus globale, holiste, s’adresse à l’ensemble des citoyens dans tous les pays européens, au-delà de leurs différences socio-économiques (avec les risques de “désincarnement” que cela implique).

 

Au départ des écrits de Gramsci, la ND envisage

 

- l’élaboration d’une nouvelle culture (tirée de linéaments refoulés de l’histoire de la pensée européenne);

 

- d’initier une “réforme intellectuelle et morale”, visant l’émancipation des intelligences et la remise en surface des linéaments culturels refoulés;

 

- de proposer une théorie de la connaissance, n’offrant encore aucune systématisation «car celle-ci produirait immanquablement sa stérilisation, en la solidifiant dans des schémas “logiques “ ou “formels” tels que ceux dans lesquels le marxisme avait été enfermé par les dirigeants de la II° Internationale»; comme pour Gramsci, la théorie, selon la ND, doit s’imbriquer et s’incarner dans le réel historique; elle est en ce sens un “historicisme absolu”, un replongeon activiste et intentionnel dans un passé, jugé toujours vivant et non dévalorisé comme un “tas de formes mortes”, pour produire les racines idéologiques de la transformation des mentalités (cf. Dominique Grisoni & Robert Maggiori, Lire Gramsci, éd. universitaires, 1973);

 

- d’extirper les déformations idéologiques dont souffre la politique en général dans le monde occidental, c’est-à-dire le positivisme, l’économicisme, le déterminisme et le mécanicisme, tout comme Gramsci avait voulu en purger le marxisme;

 

- de restaurer l’homme dans son statut de producteur/créateur de son histoire, tout en cherchant à le dégager définitivement de son statut abstrait d’”homme universel” (où on ne le définit plus que comme “idée” ou “esprit”), en restant ainsi aussi dans la logique de Gramsci; pour la ND comme pour le théoricien communiste italien de la métapolitique, l’homme n’est pas une abstraction qui aurait sa référence en dehors de lui-même (Grisoni & Maggiori, op. cit.); sur base de ce constat, on peut amorcer une critique de l’idéologie des “droits de l’homme”, sans pour autant contester le fait bien tangible que les hommes concrets et réels ont des droits, hérités de leur histoire particulière, et qu’ils doivent les faire valoir, non pas contre les institutions organiques, mais contre les manipulations médiatiques et les propagandes désincarnées/désincarnantes;

 

- de libérer l’homme de toutes les idéologies (bourgeoises, jacobines, réformistes ou autres) qui visent à l’émietter, pour le guider ensuite dans un processus d’évolution réformiste, où il s’agit de le rapiécer continuellement, mais de l’extérieur, comme s’il était un organisme qui ne possède pas à l’intérieur de lui-même sa propre raison d’être (A. Gramsci, Il materialismo storico e la filosofia di B. Croce). On ne peut être plus clair: Gramsci s’inscrit bel et bien dans un filon issu de la philosophie de la vie, au-delà de son marxisme proclamé. A la ND de suivre ses pas. Elle peut le faire sans hésitation, sans trahir ses propres options de base.

 

 

 

En Allemagne, l’éditeur Eugen Diederichs, qui fonde sa maison d’éditions en 1896, est un exemple de “gramscisme” non politique qui a pleinement réussi. Ses intentions sont claires: il déplore la “mécanisation” des esprits, à laquelle il faut opposer une “réforme” (intellectuelle et morale), basée sur le vitalisme naissant, sur la contestation des églises figées et institutionalisées, sur un retour pré-écologique à la nature, sur les formes de socialisme ayant inclu des éléments bergsoniens dans leur démarche. Jusqu’à sa mort, et ses héritiers après lui, Diederichs va œuvrer pour contrecarrer l’expansion de la “mécanisation”. Sa maison d’édition a constitué non seulement un rempart contre le déferlement des idéologies non vitales et mécanicistes, mais aussi et surtout une base de lancement, d’où ont fusé des jets incandescents de vitalisme, vivifiant la pensée allemande et les pratiques induites par cette pensée. Précision: la maison d’édition de Diederichs existe toujours aujourd’hui et exploite les même thématiques (note de 1998: pour plus de précision sur Diederichs, cf. Michael Morgenstern, «Eugène Diederichs: grand éditeur, romantique et universaliste», in Vouloir n°8/nouvelle série, automne 1996; et Robert Steuckers, «Eugène Diederichs et le Cercle “Sera”», in Vouloir n°10/nouvelle série, printemps 1998; les deux articles comportent des bibliographies, pour explorer plus en profondeur l’impact de cette exceptionnelle personnalité).

 

 

 

C. Pour illustrer et étoffer la théorie: s’ouvrir à la littérature

 

 

 

Nous avons vu que les premières manifestations de la pensée organique, à la fin du XVIIIième siècle, s’accompagnent d’un foisonnement littéraire et poétique, qui commence avec le Sturm und Drang. De la fin du XIXième à nos jours, la littérature, elle aussi, est très souvent une protestation véhémente contre les idéologies et les pratiques politiques dominantes. Nul autre que René-Marill Albérès a mieux suivi pas à pas cette histoire littéraire européenne, exploré les filons multiples de cette séculaire protestation. C’est pourquoi, trois de ses ouvrages nous apparaissent essentiels, devraient à tout instant nous servir de référence:

 

- La révolte des écrivains d’aujourd’hui, Ed. Corrêa, Paris, 1949.

 

- Bilan littéraire du XXe siècle, Aubier, Paris, 1956.

 

- L’Aventure intellectuelle du XXe siècle. Panorama des littératures européennes, 4ième éd., Albin Michel, Paris, 1959-69 (Les quatre rééditions successives de cet ouvrage démontrent son importance didactique et l’ampleur de son impact). Dans le cadre du présent exposé, la référence aux ouvrages d’Albérès est purement didactique. Elle vise à suggérer au futur cadre du GRECE des manuels pédagogiques bien structurés de façon à s’orienter  —et à orienter les postulants—  dans les débats d’idées en Europe.  Mais, cette référence utile n’exempt pas le cadre de recourir, si possible, directement aux textes des auteurs.  

 

 

 

Phénomène dérivé des options non conformistes de l’après-guerre français, la ND s’inscrit, elle aussi, dans la révolte des écrivains du XXième siècle et sa révolte conduit aux ruptures que nous avons évoquées dès le début du présent exposé. Cette révolte des écrivains du XXième siècle est multiforme. René-Marill Albérès nous enseigne justement à reconnaître, chacune pour elle-même, ces formes innombrables, à nous repérer dans cette forêt des lettres françaises et européennes. L’existentialisme et ses traductions littéraires participent d’options volontaires et affirmatrices. Le primat de l’existence sur l’essence induit, entre moultes autres choses, une revalorisation de l’aventurier (cf. Roger Stéphane, Portrait de l’aventurier, avec la préface de Sartre). Or les pulsions, les gestes et les engagements de l’aventurier ont toujours séduit notre public, nos lecteurs. Spontanément, c’est vers ce type de littérature que nous étions et sommes portés. La question qui se pose à nous est dès lors la suivante: comment resituer les opti

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H. de Grossouvre: Madrid-Paris-Berlin-Moscou

Henri de GROSSOUVRE :

Madrid-Paris-Berlin-Moscou: l'Europe de la Paix

http://www.paris-berlin-moscou.org/docs/Madrid_Paris_Berlin_Moscou.pdf

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L. Vinteuil : les chimères du progrès

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Louis VINTEUIL :

LES CHIMERES DU PROGRES

A la base de ce désordre persiste la croyance optimiste en l’idée d’un progrès continu et linéaire de l’humanité. Maurras en proclamant qu’il n’existe pas un progrès général du monde mais qu’il y a des progrès, réintroduit l’idée critique d’un progrès dépouillé de ses certitudes messianiques. L’ascension de l’homme ne saurait être régulière et automatique, tout comme le bien ne saurait être inhérent à la nature humaine. Les leçons de l’histoire contemporaine avec son cortège continu de guerres, confirment davantage la règle de l’imperfectibilité humaine. D’autre part, ce progrès n’est nullement parallèle au progrès des libertés et des inventions technologiques. L’idée de progrès contemporaine doit être soumise au relativisme conforme à la loi naturelle et organique laquelle proclame que toute vie connaît le déclin après la croissance. Il nous faut donc admettre que l’Europe est plongée dans une phase de déclin. L’un des signes extérieurs révélateurs de la confusion morale et intellectuelle est de confondre progrès et tolérance : Scipion était doux et Hannibal terrible ; mais d’un point de vue politique l’un et l’autre ont bien agi, car leur action répondait aux circonstances de l’époque. La politique est un domaine distinct de la morale. Elle considère d’abord les conditions existantes et les buts à atteindre au-delà des considérations de bonté naturelle de l’homme. En un mot le réalisme et la nécessité sont dans une interdépendance étroite. Et la plus grande leçon de morale qui existe du point de vue politique et individuel est celle de rester cohérent et fidèle à soi-même. Dans nos sociétés modernes régies par un droit de nature « contractualiste « ,  individualiste et positiviste, l’individu est engagé dans une course effrénée à l’accumulation de droits. Ils sont soumis à la spirale de la « réversibilité » en vertu de laquelle tout individu aurait le droit de revendiquer légitimement un droit du seul fait qu’un autre individu aurait acquis le dit droit. Il va s’en dire que les considérations qui sont de l’ordre de l’aptitude, du mérite et de la hiérarchie, constituants les fondements naturels du droit sont totalement absents de cette réflexion. A ce sujet un fragment des pensées de Pascal pose ce postulat : « Historiquement, le droit n’est que la justification de la force. Dans ce droit public il y a une notion fondamentale, celle de l’Etat : elle domine et régit toute la politique, l’Etat selon l’esprit de Rome : être collectif, maître souverain et absolu  ». La conception individualiste du droit résulte du voile d’illusion généré par le langage chrétien, la phraséologie des légistes et la théorie rousseauiste de la bonté naturelle de l’homme; devant cette hypertrophie de textes juridiques produite par cette usine aux droits de l’homme et du citoyen, nous sommes en présence d’un courant « jusnaturaliste » moderne lequel affirme qu’il y a des droits inhérents à la nature humaine, antérieurs à tout droit positif, l’homme ayant par nature des droits.

Ce jusnaturalisme participe d’une philosophie et d’une vision du monde résolument anthropocentriques. En matière de droit , les anciens parlaient de « justum » qu’ils disaient « naturels », mais il s’agissait de catégories objectives en vertu desquelles on parlait de ce qui est juste par nature et de ce que la nature veut comme  juste. Cette justice naturelle impliquait que l’homme soit soumis à une règle droite, en conformité avec la nature des choses et l’obligation morale de les respecter. Bref, cette conception du droit classique instaurait avant tout une philosophie des devoirs de l’homme, le droit étant indissociable de la notion de devoir et d’autorité. Albert Sorel nous rappelle que dans l’Europe d’avant la Révolution française, le fondement du droit public était la conception romaine de l’Etat maître absolu, « l’auctoritas et l’imperium », renforcée par l’affirmation chrétienne que tout pouvoir vient de Dieu, « non est potestas nisi a Deo ». Cette conception était confirmée d’ailleurs par Henri IV et Descartes et devint la pratique que tous les princes ont suivi . Ainsi le réalisme est la première vertu des reconstructeurs de la nouvelle Europe. Mais il y a plus, la reconnaissance du primat de la force comme fondement du droit ne doit pas verser dans l’idolâtrie aveugle. Le culte, le respect de la force présupposent l’existence de servitude. Le culte de la force comme celle du droit implique une conception des devoirs de la force car tout pouvoir, toute puissance légitime est soumise à un certain ordre de responsabilité. Toute idée de progrès reste  indissociablement liée aux concepts de culture et de civilisation.

Faut-il rappeler la distinction maintenant trop bien connue opérée par O. Spengler entre culture et civilisation ? Trop souvent confondues à notre époque comme dans le passé, ces deux notions recouvrent des significations bien différentes. Elles se rapportent à deux étapes de l’évolution des sociétés, l’une correspondant à la jeunesse et l’autre diraient les modernes, à la maturité. Spengler dans le cadre de sa conception morphologique de l’histoire des peuples, voyait dans la culture un ordre différencié, organique et créateur qualitativement, alors que la civilisation renvoyait à un ordre indifférencié, uniformisateur, mécanique et  quantitatif. La culture était la marque distinctive des peuples « supérieurs » au sens qualitatif du terme, alors que la civilisation était perçue comme une phase descendante et de déclin dans l’histoire d’un peuple. La culture correspond à la vie intellectuelle et artistique des sociétés jeunes qui débordent de vitalité et qui se sont forgées une vision du monde. Elle implique la création originale de nouveaux concepts, de valeurs, de nouvelles inventions : la culture accorde plus d’importance à la « personae », à l’individu et à la création qu’à la reproduction sérielle, aux modèles prototypes de référence et la production de masse. Sa vision du monde est esthétique plutôt qu’économiciste et technicienne. La civilisation  représente la cristallisation sur une échelle gigantesque des avancées technologiques et des courants de pensées mercantiles et progressistes, et ne survient que sous la forme pétrifiée puisque elle est mortifère avant même l’accession à sa maturité. Jadis en Grèce comme en Europe, la création culturelle faisait partie de la vie elle même. Elle se fondait sur une vision synthétique du monde dans laquelle religion, politique, économie, littérature , art , philosophie et science n’étaient que les multiples visages d’une vérité spirituelle transcendantale unique. « les cérémonies religieuses, les jeux olympiques, les tournois de chevaliers, les tragédies de Sophocle et d’Euripide, les visions infernales de Dante, le Parthénon et les cathédrales gothiques étaient les expressions symboliques d’un même élan dynamique fondé sur le postulat commun à toutes les cultures naissantes et dynamiques ;  la beauté, la divinité et la vérité sont des aspects complémentaires d’une même réalité spirituelle », constate A. de Riencourt.

Le progrès depuis la Révolution française est engagé sur la voie déclinante de la civilisation technicienne. Culturellement stérile, organisatrice, elle a supplanté la création, et s’est imposé par l’empirisme pratique et le pragmatisme utilitariste. Ce processus dérivant et de déclin où la civilisation tendait à primer sur la dimension culturelle fut amorcé par l’avènement de la Renaissance. En effet la Renaissance fera éclater la synthèse gréco-romaine et gothique à la base de la culture européenne en déplaçant l’accent de la société sur l’individu. L’intérêt en effet se portera alors plus sur ce qui séparait les différentes sociétés européennes plutôt que sur ce qui les unissait. En effet autrefois dans les sociétés de type organique, le principal but de toute culture était d’assurer le développement harmonieux et simultané de l’homme idéal et de la société idéale. La société était alors conçue comme un organisme analogue au corps humain dotée d’une âme, d’un esprit, de membres et d’ organes dont chacun avait sa place déterminée,ses fonctions, ses devoirs et privilèges. L’homme cellule vivante du corps social, était libre d’y développer toutes ses possibilités individuelles en concorde avec la société. La notion fondamentale qui régissait la vie des individus, comme celle de la société était l’unité. On retrouvait partout le même symbolisme, la même sensibilité artistique,littéraire, philosophique, les mêmes institutions sociales, le même langage culturel. La Grèce antique et l’Europe gothique étaient comme des prismes que divisait un  unique rayon de lumière spirituelle en une variété de couleurs vives. Les contrastes étaient évidents mais un même sentiment religieux de surnaturel unissait les êtres, les idéaux et les symboles. Le concret et l’abstrait, l’objectif et le subjectif n’étaient pas radicalement opposés mais fondus dans une synthèse créatrice dont le fil directeur était  spirituel.

Le processus pan-civilisationnel dissociatif et désagrégateur de la Renaissance fit éclater cet idéal d’unité. Peu à peu avec la poussée de l’individualisme, l’émergence dans le domaine de la politique des cités-Etats, des communautés locales indépendantes déconnectées du culte de l’autorité de l’église finirent de corroborer la désagrégation unitaire de la vie sociale, politique et culturelle.  Le monde antique  était à la recherche d’une unité perdue entre le corps et l’âme ; les religions monothéistes ont entamé le long processus de dissociation entre l’âme et le corps alors que la Renaissance viendra consacrer ce dualisme. Les conceptions du monde moderne sont aussi affectées par la suprématie de l’individualisme. Le corps moderne implique la coupure du sujet avec lui même. Avoir un corps plus qu’ être son corps, tel est le destin du sujet occidental, conception liée à l’émergence d’une pensée rationnelle de la nature. Dans les sociétés traditionnelles étudiées par Maurice Leenhardt le corps qui n’est pas frontière s’intègre dans un ensemble symbolique. Pour l’occidental, coupé du cosmos des autres et de lui même, le corps devient un attribut du sujet, la marque de sa clôture sur lui même. Le savoir officiel sur le corps participe de cette « anthropologie résiduelle ». Le mécanisme cartésien achèvera ce processus de dissociation du corps —qui n’est qu’une machine—  et de l’âme —dont toute l’essence est de penser. Le morcellement du corps induit une sourde inquiétude et une multitude de questions éthiques devenues explicites avec l’essor des biotechnologies. Dans les sociétés organiques de type holiste, le corps est un élément qui s’intègre dans un réseau symbolique dense alors que nos sociétés individualistes exaltent le repli du sujet sur lui même et la maîtrise d’un corps objectivé. L’exaltation des plaisirs et le souci du vécu corporel valent à titre de figures inédites, celles de la maîtrise scientifique et technique du corps. L’aspiration contemporaine au bien être obéit aux normes du « bien paraître », et l’hédonisme généralisé assure la vente des cosmétiques.

Ainsi on assiste aux dérives les plus grotesques du nouvel individualisme qui méconnaît les vertus libératrices d’un imaginaire du corps conçu comme vecteur de puissance et idéal d ‘harmonie. Le phénomène de désagrégation fut parachevé dans le domaine de la religion par la Réforme avec le calvinisme et le luthéranisme, et la philosophie de « restauration » de l’anglo-saxon Richard Hooker, qui assurèrent le passage du puritanisme religieux au cynisme commercial par la proclamation de la primauté de l’économique dans la vie individuelle et sociale. Les américains suivirent le pragmatisme puritain de leurs cousins britanniques puis le dépassèrent dans la réduction progressive de l’individu à l’état d’homo oeconomicus, de simple machine à produire et à consommer. Les chantres du libéralisme des premiers jours, A. Smith et J. Bentham trouveront leur consécration de nos jours dans les théories économiques ultralibérales et individualistes d’un Hayek ou d’un Friedman. La conception mercantile et économiciste anglo-saxonne déferlera sur l’Europe, déclin de la foi religieuse, essor du rationalisme et du matérialisme, tels furent les traits dominants de cette époque. En ce sens et plus tard l’ère victorienne, avec son vernis fallacieux hellénistique et sa mièvrerie créatrice laissera présager le déclin culturel de l’Europe : elle fut une période de transition entre la fin d’une culture et la naissance de la civilisation. L’ordre civilisé coïncidait avec l’instauration et le nivellement égalitariste et démocratique.

A ce titre la notion de progrès fut étroitement liée au phénomène d’uniformisation et au règne des masses. La civilisation tend à uniformiser, embrigader les masses de plus en plus nombreuses et interchangeables dans un moule rigide uniformisateur visant à créer un type d’homme générique quelconque  « sans âme, ni patrie ni visage » qui pense et vit comme tout les autres est se conforte dans son instinct social grégaire l’emportant sur la volonté créatrice. L’effondrement des valeurs européennes qui avaient commencé avec la première guerre mondiale ne fit que s’accélérer après la seconde guerre mondiale. Nietzsche avait senti venir avec terreur l’ère de la civilisation comme produit du progressisme dominant. Mais sa révolte contre la montée de «  l’homme grégaire » ne modifiera pas le cours de l’histoire et le processus de déclin. Les assauts désespérés de Nietzsche contre la morale des esclaves constituaient la dernière manifestation fondée sur la vision esthétique et apollinienne   du monde qui allait céder la place au point de vue « éthique » de la société civilisée. En ce sens Nietzsche sera le représentant le plus clairvoyant et démiurgique de « l’anti-civilisation ». Dans le domaine de la culture, le drame wagnérien cédera la place à une culture de masse, désincarnée qui n’est plus considérée comme chose vitale mais comme une activité marginale ne devant  entraver en aucun cas la poursuite des objectifs de la civilisation : l’établissement du bien-être matériel. En ce sens la culture devient un bien de consommation générique, un divertissement anonyme comme un autre. La culture a toujours pensé en terme de qualité, la civilisation en termes de quantité. La notion de progrès actuelle reste liée à cette vision du monde numérisée et statistique, reconnaissable dans la dimension américaine de la vie. La dimension de l’Europe est celle d’une dialectique organique quasi mystique entre temps-espace et un attachement au sens de l’histoire, c’est à dire à une certaine profondeur à l’ancienneté et à la pérennité d’une idée d’institution. Déjà il y a cent ans A. de Tocqueville remarquait:

« Je ne connais aucun pays où il y ait si peu d’indépendance d’esprit et de véritable liberté de discussion qu’en Amérique » . En effet par sa politique de creuset, de melting-pot, les Etats Unis contribueront à générer une nation d’extrovertis grégaires, dépersonnalisés, décervelés, uniformisés et purgés de tous les instincts hérités du vieux monde ; il en résultera sur le plan politique, l’émergence d’une démocratie qui entrave le libre jeu et le développement de talents, mais au contraire favorise l’ostracisme et l’élimination silencieuse de tous les éléments non conformistes. Par un processus d’immolation et d’individualisme exacerbé, la prétendue liberté américaine consiste en une libération des « chaînes » du sens de l’histoire. A la « libertas » romaine, « l’elenthénia grecque » se substitue une liberté anonyme vide de sens, vagabonde  et privée de racine propre, le miroir aux alouettes des hommes troncs, citoyens dociles gavés à la sauce consumériste.

Ainsi si le progressisme des premiers jours du XVIIIème siècle était imprégné d’un certain illuminisme messianique et d’une foi utopique en une société égalitaire, le progressisme contemporain devient paradoxalement obscurantiste, régressif et conservateur. Ce type de progressisme  est le garant d’un ordre moral dominant et n’en finit pas de détruire les liens organiques qui articulent les éléments pluriels de la vie sociale et culturelle.  Le processus de dissociation , d’autonomisation culturelle et l’atomisation relative de tous les secteurs de la vie sociale, politique et économique séparés d’un centre unique spirituel et politique  est à jamais consommé. le progressisme à l’avènement du troisième millénaire constitue un de ces phénomènes extrêmes observés par Baudrillard. Partant d’une conception égalitariste et économiciste de la société, ce progressisme s’attaque à l’ordre de la réalité elle même, en générant un processus expérimental de virtualisation et de désubstantialisation, de déclinaison des volontés, venant  par un rythme incontrôlable bouleverser les données de l’existence individuelle et sociale. Il s’agit d’une nouvelle version cyberspace et virtuelle de la philosophie behavioriste qui tend à transformer, voir à cloner les êtres humains, simples échantillons expérimentaux en  des créatures hybrides conditionnées et domestiquées. Elle ne laisse  aucune place au libre arbitre et considère l’homme comme une créature virtuelle sujette à des automatismes et réflexes conditionnés donc façonnables à volonté. Les réalités historiques et spirituelles , les concrétudes naturelles sont ignorées et bannies. Cette nouvelle forme de béhaviorisme postmoderne high-tech joue sur l’inertie animale de l’homme spolié de ses capacités réactives et aboutit à la privation du libre arbitre et de la liberté individuelle. Et c’est en ce sens que la forme contemporaine du progressisme constitue une nouvelle « barbarie » despotique, dont les ressorts totalitaires résultent de la mutilation des réalités historiques, les négations de la spiritualité,l’abolition du temps, la désincarnation et la désacralisation de l’espace par la virtualisation progressive de la vie.

Ce progressisme néo-obscurantiste, afin de pallier aux excès de son processus irréversible et cinétique de cristallisation virtuelle du monde , utilise l’arme prophylactique de l’éthique pour en sorte « humaniser «  et dédramatiser cette marche vertigineuse vers le royaume du non sens. Le politiquement correct , l’ordre moral dominant résultent d’une dégénérescence de la morale via l’éthique. Héraclite  qui vivait 500 ans avant le Christ, avait imaginé que chacun des composants du monde possédait son antagoniste, et que les forces opposées entretenaient un brassage incessant, un combat permanent, lequel s’intégrait selon lui dans le grand mouvement perpétuel dont il opposait deux types : l’harmonique et le chaotique conçu comme un fatras non organisé. L’homme bien qu’il soit le composant le plus complexe de la nature obéissait d’abord à ce chaos et à la loi du plus fort. Or cent ans après Héraclite vint Socrate. Tel un prophète laïc, il conçut et enseigna que chaque être humain était un composant à part entière de la nature, et mieux encore de sa fraction vivante, donc doué d’instinct comme les animaux. Doué de plus d’intelligence en tant qu’homme, il pouvait en intégrant ces deux fonctions, en induire une troisième, celle de la responsabilité individuelle. Pour cela, il devait s’exercer à se comprendre ; le ‘connais toi toi-même » ne fut pas seulement le principe précurseur de la psychanalyse, il fut le précurseur de l’idéologie officielle des droits de l’homme  et celui de la déclaration de Gide selon laquelle « chacun est le plus précieux de tous les êtres ». Cette responsabilité lui fixait le devoir d’autocensure « ne fais pas aux autres ce que tu n’eus point aimé qu’on te fit ».

L’homme de Socrate était doté d’une justice intérieure.  Ces principes n’avaient pas été dictés par des dieux. Socrate était un prophète laïc. Les lignes de conduite qu’il édictait ne se déduisaient que de la seule nature, laquelle n’obéissait qu’à une essence dont chaque constituant, matériel ou vivant, ne pouvait agir que dans une direction, celle du bon fonctionnement, celle du bien. Car cette nature était unique et ne pouvait perdurer que si elle obéissait au bien. Socrate s’inscrivait ainsi au royaume du polythéisme, en faveur du futur monothéisme et quasiment de la démocratie, où chacun a le pouvoir de s’exprimer et d’agir selon sa conscience : d’où la nécessité que celle-ci suivit la bonne direction. Bien que la morale de Socrate n’attaquât  ni la religion ni la société avec lesquelles elle passait un contrat moral, celles ci perçurent les pièges qu’un tel art de vivre faisait courir à la liberté. Pour les compromettre Socrate but la cigüe, comme le Christ se laissa crucifier, comme Mishima se fera « harakiri ». La mort s‘inscrit désormais dans la morale du bien ; l’individu doit tout sacrifier même sa vie à la meilleure marche de la société. D’où la non interdiction de la légitime défense ni de la guerre défensive. Les successeurs de Socrate allaient tout en prêchant la morale , tenter de la faire plus accessible à tous. Aristote et Spinoza, tout en soutenant la nécessité que les hommes se conduisent dans le sens du bien et non dans celui du contraire, reconnaissaient que tous les hommes n’étaient pas doués de la personnalité de Socrate, et ils allèrent jusqu’à reconnaître qu’une sagesse trop stricte pouvait ne pas mener à la béatitude, mais à l’ennui. Quels humains n’éprouvaient pas des envies, des haines, des pulsions dont il fallait tenir compte dans le jugement de leurs comportements, alors  que beaucoup sont pathologiquement atteint de névrose obsessionnelle ou /et pulsionnnelle, de manie , de paranoïa. Ils étudièrent donc plutôt que la morale , la science de celle-ci, l’éthique.

Tandis que la morale de Socrate indiquait jusqu’où il ne fallait pas aller du tout, l’éthique tenta de définir jusqu’où on ne pouvait ne pas aller trop loin. En fait la religion puis la justice allaient se mêler à la discussion et c’est finalement la justice qui s’est emparée du pouvoir lequel s’était emparé d’elle depuis longtemps. Nos contemporains refoulent de plus en plus une cette forme de morale et se donnent entre autres excuses, le fait qu’ils obéissent à l’éthique. Ils ont officialisé celle-ci au nom du progressisme dominant  en organisant des comités d’éthiques à tous le échelons de la vie sociale politique et économique. Leurs conclusions à l’officialité ambigüe ont surtout pour objet de préparer l’opinion aux votes par le législateur de lois violant la pure morale. On a vu à titre d’exemple que toutes les lois sur la fécondation, préparées par le comité national de l’éthique biomédicale, sont passées sans problèmes au parlement français, sans parler la loi sur l’avortement. Somme toute l’éthique prépare une évolution des moeurs telles que beaucoup d’interdictions morales d’hier sont levées, et si les parlements transforment ses conclusions en lois, l’interdiction d’hier l’est aussi. Ainsi chaque corporation si elle n’a pas un comité, déclare avoir son éthique. Les politiciens commettent en trouvant cela tout naturel  et politiquement correct les pires abus de biens sociaux. Au nom de l’éthique va- t- on bientôt créer un comité d’éthique sexuelle et le composer d’ experts de tous les types de sensualité ? Oui de la morale on en est venu à l’éthique et de l’éthique on a dérivé vers le politiquement correct. Ainsi seul une refonte complète du système de valeurs contemporain de caractère permissif et individualiste permettrait d’endiguer cette dérive de la morale en éthique. Si l’absolu consiste en une vision du monde héroïque, dans la dimension transcendantale de l’homme, le progressisme néo-obscurantiste contemporain est à la phase ultime de la relativisation de l’absolu, puisqu’il a finit de s’ériger en religion séculière convertie au monde et de vider de son sens la notion de mystère. Ce obscurantisme progressisme néo-obscurantiste s’est engagé sur la voie d’une nouvelle eschatologie, non pas celle d’un monde transfiguré mais celle de la parousie postmoderne d’une nouvelle forme d’hominisation hybrido-mutante, définitivement privée de références spirituelles et identitaires.

Louis VINTEUIL.
 

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dimanche, 18 février 2007

Ikonen der Jugendbewegung

Karlheinz WEISSMANN :

Ikonen der Jugendbewegung

http://www.sezession.de/pdf/sezession15_weissmann_jugend.pdf

06:35 Publié dans Mouvements de jeunesse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Bodo Uhse (Dt.)

Richard SCHAPKE :

Bodo Uhse - Im Spannungsfeld vom Nationalmedium_uhse.jpgem Sozialismus und sozialistischen Patriotismus

http://www.die-kommenden.net

06:30 Publié dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

11 septembre: la main de "Gladio"?

"Gladio explique-t-il 9/11?"

Cet article publié sur le site dedefensa.org propose une synthèse des idées proposées par le Dr. Daniele Ganser concernant l'hypothétique implication de gladio, un réseau d'agents dormants de l'OTAN, dans les attentats du 11 septembre.

Trouvé sur : http://www.paris-berlin-moscou.org/page_13.html

06:15 Publié dans Manipulations médiatiques | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Dark Futures and Cyberpunk

Mark WEGIERSKI:

"Dark Futures" and "Cyberpunk": Curiously Conservative Science-Fiction

http://www.right-now.org/

(ISSUE 51 - Right Now ! - April/May 2005).

06:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

E. Cioran ou l'avancée dans le silence

medium_CIORAN.jpg

A. BARGUILLET :

Emil Cioran ou l'avancée dans le silence

http://mon-bloghauteloire.blogs.allocine.fr/mon-bloghauteloire-78994-emile_cioran_ou_lavancee_dans_le_silence.htm

05:55 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 17 février 2007

Europe-USA: partenaires ou concurrents ?

Gérard Bokanowski:

"Europe - USA : partenaires ou concurents?"

Ce discours prononcé par Gérard Bokanowski lors des rencontres de PanAlp 2007 organisées par Paneurope Autriche expose l'évolution des relations euro-étasuniennes et tends à démontrer leur incomptabilité relative grandissante.

On le trouve sur: http://www.paris-berlin-moscou.org/page_13.html

(Il s'agit du site de Henri de Grossouvre,auteur de l'ouvrage Paris-Berlin-Moscou, paru il y a quelques années chez l'éditeur "L'Age d'Homme" en Suisse).

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M. Eliade über "Die Revolution des Neuen Menschen"

medium_eliade_intro.jpg MIRCEA ELIADE über "die Revolution des neuen Menschen"

Zum heutigen Jahrestag der Gründung der Legion des
Erzengels Michael am 24. Juni 1927


Das Jahr 1927 bedeutete den Beginn des Kampfes zwischen
den "Generationen". Nicht der Kampf zwischen Alten und Jungen
- wie man glaubte und lange behauptete - , sondern der Krieg
zwischen zwei Welten: auf der einen Seite die alte Welt, die an
den Bauch glaubte (das Primat des Ökonomischen und des
Politikertums), auf der anderen Seite die neue Welt, die es
wagte, an den Geist zu glauben (Primat des Geistigen). Die
jugendliche Bewegung von 1927 wurde mit diesem Bewußtsein
der historischen Mission geboren: die Seele Rumäniens zu
verändern, alle Werte einem einzigen höchsten Wert, dem Geist,
unterzuordnen. Eine Unterordnung, die vor allem in der
heroischen Phase Verzicht, Selbstaufopferung, Askese
bedeutet. Der historische Sinn dieser Jugendbewegung ist nicht
schwer zu entziffern. Da sie ihre lebendigen Wurzeln im
Christentum hat - und Christentum bedeutet "Umsturz aller
Werte" - versucht sie einen neuen Menschen zu schaffen. Denn
der Mensch der modernen Zeit blieb Teil der alten luziferischen
Wirtschaft: des Egoismus, der Instinkte, der Werte einer
niedrigsten Biologie. So oft in der Geschichte ein neuer Mensch
auftauchte, setzte er sich durch das Primat der geistigen Werte
durch. Der Kampf zwischen Licht und Dunkel, zwischen Gut und
Böse, wird nur am Ende aller Zeiten beendet sein. Aber jeder
neue Sieg des Geistes, des Lichtes, erfüllte sich nur durch den
völligen Verzicht auf die Instinkte der Selbsterhaltung. Der neue
Mensch bedeutet vor allem die natürliche Überwindung dieser
Instinkte. Eine Überwindung, die die Geschichte immer
berücksichtigt. Übrigens ist es von Bedeutung, daß weder in der
Geschichte noch in der Ewigkeit etwas ohne einen Akt des
Verzichts erreicht wird. Die Geschichte eines Volkes ist nicht
möglich ohne den Lebensverzicht einer großen Anzahl von
Menschen.
(Buna Vestire, 27.6.1937)

Die allergrößte Sünde ist die Unfruchtbarkeit: in biologischer
und in geistiger Ordnung. Die größte Mission, die ein Mensch
erhalten kann, ist die Schaffung von Werten, das spirituelle
Schaffen also. Neben dieser schaffenden Tugend stehen alle
anderen Qualitäten oder Fehler im Schatten. Dieses Kriterium
und diese Mission sind das Einzige, was Menschen jetzt am
Anfang ihres historischen Lebens erhalten können. Nur ein
hartnäckiger Kampf für die Wiederherstellung der
Wertehierarchie und ein ununterbrochenes Bemühen zu
schaffen, können dem modernen Rumänien einen anderen
geschichtlichen Sinn geben. Es wird also abzuwarten sein, wie
viele von Ihnen die Stärke haben werden, bis zum Schluß ihre
Mission nicht zu verraten.
(Raboj, 21.12.1935)

Wir möchten auch noch etwas anderes hören als nur die ewige
Unterscheidung von "Rechts und Links", proletarischer und
nationaler Revolution (als ob eine wahre Revolution nicht immer
ein und dieselbe sei, einfach des Menschen, der Seele). Wollt
ihr Revolution? Sehr gut. Wer will sie nicht? Aber es gibt so viele
revolutionäre Impulse, die seit Tausenden von Jahren darauf
warten in die Praxis umgesetzt zu werden. Der Menschensohn
stieg doch deshalb herab, um uns die ständige Revolution zu
lehren, die Revolution gegen die alte Ökonomie - der
materiellen, persönlichen, dunklen Interessen -, und uns die
neue Ökonomie der Barmherzigkeit, der Hoffnung, der Liebe zu
lehren. Wem von uns ist es gelungen, diese menschliche
Revolution zu verwirklichen? Wer war so verrückt, so
revolutionär, sein Stück Brot seinem Nächsten zu geben, seinen
Stolz durch Erniedrigung zu verletzen, hinter sich die Brücken
abzureißen, und für eine Idee oder einen Glauben auf alles zu
verzichten?
... Revolution? Warum nicht? Denn jeder Mensch, der seinen
Leben einen Sinn geben möchte, wird zur Revolution geboren.
Erinnern wir uns aber daran, daß die wahre Revolution (nicht die
politisierende Pseudo-Revolution, nicht der Wechsel der Herren
und Bojaren) aus einer seelischen Überfülle entspringt, aus
einer biologischen und heiligen Wut gegen Lüge,
Ungerechtigkeit, Heuchelei, aus einem heidnischen Durst nach
neuem Leben, nach einem neuen Menschen , nach einer neuen
Welt.
... Der neue Mensch bedeutet vor allem ein völliges Loslösen
von der Heuchelei und Feigheit der Gesellschaft, in der wir
leben, er ist ein junger Mensch, an nichts gebunden, ohne Angst
und Makel, die Augen auf die Zukunft und nicht auf die Praktiken
der Vergangenheit gerichtet. Ich würde gern einen Revolutionär
treffen, der zuerst die Revolution bei sich zu Hause und in seiner
Seele gemacht hat, der keinen Ehrgeiz kennt, keine Reichtümer
besitzt, auf Bequemlichkeit, auf die Mythologie der Straße und
auf die Unwissenheit der Ahnen verzichtet. Zeigen Sie mir ihn -
eine Seele, bereit für jede Erneuerung, ohne Strategie und
Politik, ohne Geld und Ehrgeiz.
(Vremea, 10.6.1934)

Heute steht die ganze Welt unter dem Zeichen der Revolution.
Aber während diese Völker diese Revolution im Namen des
Klassenkampfes und des Primates der Wirtschaft
(Kommunismus), des Staates (Faschismus) oder der Rasse
(Hitlerismus) leben, wurde die legionäre Bewegung unter dem
Zeichen des Erzengels Michael geboren, und sie wird durch die
göttliche Gnade siegen. Deshalb ist die legionäre Revolution
geistig und christlich, während alle anderen gegenwärtigen
Revolutionen politisch sind. Während alle gegenwärtigen
Revolutionen zum Ziel haben, durch eine soziale Klasse oder
einen Menschen die Macht zu ergreifen, so verfolgt die legionäre
Bewegung als oberstes Ziel die Erlösung des Volkes, die
Versöhnung des rumänischen Volkes mit Gott, wie der Capitan
sagte. Deshalb unterscheidet sich der Sinn der legionären
Bewegung von allen anderen Bewegungen, die bis heute in der
Geschichte entstanden sind, und der Sieg der legionären
Bewegung wird die Wiederherstellung der Tugenden unseres
Volkes, ein tüchtiges, würdiges und starkes Rumänien mit sich
bringen - und einen neuen Menschen schaffen, entsprechend
einem neuen Typus des europäischen Lebens.
(Buna Vestire, 17.12.1937)

Alle Zitate - mit wenigen Korrekturen - aus: Hannelore Müller,
Der frühe Mircea Eliade. Münster 2004.

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Le blog de Clément Rosset : à lire

Le blog de Clément Rosset

Clément Rosset est un philosophe qui m'a marqué profondément, surtout sa logique du pire et son anti-nature, qui m'ont aidé à ne pas succomber aux optimismes béats, sans pour autant cultiver un pessimisme de sinistrose, et ensuite à me méfier, me défier des arrière-mondes des philosophes du non-vécu. J'ai eu l'occasion, déjà, de dire ce qu'il nous avait apporté, dans un entretien accordé à Marc Lüdders. Armin Mohler, lui aussi, avait saisi la pertinence de ce philosophe français. C'est donc avec une joie, que je veux vous faire partager, que je vous signale ici l'existence de son blog, contenant des textes de grande valeur, dont celui-ci, intitulé: "Le nietzschéisme de Clément Rosset" (http://clementrosset.blogspot.com/2006/05/le-nietzschisme-de-clment-rosset.html ).

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Faustische Suchbewegung

Faustische Suchbewegung

Kritik der Globalökonomie: Was uns vor intellektueller Zahnlosigkeit bewahrt
 

Wolfgang Saur

Vor wenigen Tagen konnte man eine kleine Schar beobachten, die angeregt das Weserbergland durchstreifte. Man schlenderte die Höhenzüge entlang, durchmaß mit Blicken die weit sich hinziehende Landschaft und versammelte sich zu Gespräch und Debatte.

Eine alte Dame hält plötzlich inne und spricht nachdenklich über Heidegger, der engagierte Anthroposoph erläutert Steiners Modell vom dreigliedrigen Sozialorganismus, vorneweg strebt der rüstige Greis, er streut ironische Lichter und macht vieldeutige Anmerkungen zur Lage Rußlands; schließlich verblüfft die literarische Lebensreise des Althippies von Charles Bukowski zu Céline. Neben mir geht ein genialischer Junge, dessen sprühender Idealismus exotisch wirkt bei einem Angehörigen der Hip-Hop-Generation. Als sei der sagenhafte "deutsche Jüngling" zurückgekehrt, entrollt er leidenschaftlich das Weltbild von Ludwig Klages. Wir sprechen von Stefan George, vom "geheimen Deutschland" und der "kosmischen Runde".

Die Rede ist von den Teilnehmern der 10. Synergon-Sommerakademie, die fünf Tage lang, vom 23. bis 28. August, auf einem ländlichen Gutshof tagte. Der Studienzirkel, dessen europäisches Zentrum in Brüssel, dessen deutscher Kristallisationspunkt im Kreis um den Dresdener Verlag Zeitenwende und das Esoterikmagazin Hagal liegen, tagt abwechselnd in den verschiedenen europäischen Regionen. Diese platonische Akademie unserer Zeit ist nicht ortsgebunden, sondern ebenso beheimatet unter provenzalischen Bauern wie zwischen den Kunstdenkmälern Umbriens. Sokratischer Kopf des Unternehmens: der Brüsseler Robert Steuckers, der als intellektueller Trapezkünstler moderierend und übersetzend diese mehrsprachigen Tagungen überhaupt erst ermöglicht.

Deren Horizont umfaßte in diesem Sommer 16 Vorträge von 11 Experten aus Deutschland und Frankreich mit einer thematischen Streuung von der aktuellen weltpolitischen Lage bis zur Symbolkunde. Eingebettet waren alle Referate in umfangreiche Diskussionen im Plenum; sie wurden dann in zahlreichen Privatgesprächen fortgeführt bis in die späte Nacht. Angesichts der Funktionalisierung von Wissen in der Informationsgesellschaft kann solch eine gemeinschaftliche Besinnung für die größtmögliche Freiheit gelten, die es heute überhaupt gibt. Völlig zweckfrei konnte sich der Geist hier ungehindert entfalten, weit hinaus über den interdisziplinären Spielraum des akademischen Betriebs. Trotz divergierender Themen besaß man Spannkraft genug, jedes Detail energisch festzuhalten, um ebenso leidenschaftlich zu fahnden nach dem verlorenen Ganzen. Diese faustische Suchbewegung erwies sich als die eigentliche Triebkraft der Tagung.

Nachdem die Linke gleichgeschaltet ist und ihre vormaligen Symbolfiguren zu "Systemstützen" wurden, geht die Ideologiekritik zur Rechten über. Dieser obliegt es nun, den seifigen Politsprech der neototalitären "Metasprache" der Demokratie mit ihren neuen Götzen und Fetischen kritisch zu sondieren und hinter den obszönen "Sakralisierungen" von Globalität, Markt, Moral etc. den tristen Funktionalismus der Macht aufzuweisen.

Dazu gehört die Dekonstruktion von Segensformeln des westlichen Heilswissens, wie sie in der Herrlichkeit individueller Freiheit oder dem gnadenbringenden Universalismus der USA täglich um uns weben und schweben. Deren Schlüsselrolle darf nicht nur als politischer Unilateralismus und kulturökonomischer Imperialismus interpretiert, sondern muß auch philosophisch erfaßt werden. Entgegen der fortgeschrittenen "Depression" Europas (Neujahr) sind nämlich Amerikas Optimismus und säkular-mythische Phantasie ungebrochen. Die "einzige aktuelle primitive Gesellschaft" erkennt hier Jean Baudrillard: "Die idyllische Überzeugung der Amerikaner, der Nabel der Welt, Weltmacht und absolutes Modell zugleich zu sein, ist nicht ganz falsch. Sie gründet sich ... auf die seltsame Behauptung, die reine Utopie zu verkörpern." Mit größter "Naivität hat sich diese Gesellschaft auf die Idee versteift, die Verwirklichung all dessen zu sein, wovon andere immer geträumt haben: von Gerechtigkeit, Überfluß, Recht, Reichtum und Freiheit; sie weiß es, sie glaubt es, und zuletzt glauben es alle anderen auch."

Auch der Individualismus als liberales Dogma ist heute eine Ubiquität. In Frage stellt ihn allerdings die Einsicht, daß sich "Freiheit" qua Autonomisierung modern in Systemen, nicht über die Person vollzieht. Diese wird, gerade umgekehrt, depotenziert zum disponiblen Sozialatom. Als leere Subjektivität mag sie sich aufblähen. Abgelöst von Natur, Geschichte und Transzendenz muß sie die, für den Widerstand in der Gegenwart notwendige Tiefenstruktur entbehren. Damit sind zwei Leitmotive genannt, die den Tagungsverlauf perspektivisch durchstrukturierten.

Nach grundsätzlichen Überlegungen Martin Baluses' ("Das vielfältige Selbst des Menschen") gab Robert Steuckers in Referaten zur kulturellen Münchner Frühmoderne und Berliner Zwischenkriegszeit historische Anwendungen. Als Beispiele von ideologischem Nonkonformismus konnten das Satiremagazin Simplicissimus (1896-1944) und der deutsch-russische Dialog zur Geopolitik gelten. Die rote Bulldogge des Simplicissimus symbolisiert für Steuckers das Modell einer Kunst als Waffe und den "wahren Sinn der Metapolitik".

Anders die Kultur der französischen Moralisten des grand siècle, die den Hintergrund bildeten für zwei Beiträge zur Postmoderne. Der kroatische Politologe Tomislav Sunic zeigte Schopenhauers Epistemologie als Wurzel postmodernen Denkens auf, dessen Pessimismus und Perspektivismus im "normativen Notstand" besonders gut der Wahlpariser Emile Cioran (1911-1995) verkörpert hat.

Einem Hauptthema Mircia Eliades widmete sich Markus Fernbach ("Das Wesen der Mitte - Kaisertum und Königtum in der Tradition"), besonders dem metaphysischen Aspekt nach. Vor dem leuchtenden Hintergrund platonischer Urbilder nehmen sich heutige Monarchisten mit ihrem Konstitutionalismus allerdings naiv aus, im tieferen Sinn unfähig, dem waste land der "schrecklichen, kaiserlosen Zeit" substantiell etwas entgegenzustellen. Wichtig in Fernbachs Erörterung: der anthropologische Hinweis auf das initiatische Projekt einer Selbst-Zentrierung als persönliche Lebensaufgabe. Dies beschäftigt auch Oliver Ritter, der erst kürzlich eine Monographie über Männlichkeit in initiatischer Sicht im Verlag Zeitenwende vorgelegt hat. Auf der Tagung philosophierte er am Leitfaden der Metaphysik-, und Technikkritik Heideggers tiefgründig über "Die Magie des Wortes und der Sprache". Von einer Theorie der Weltgründung durch Sprache aus, arbeitete er gegenüber dem semantischen Aspekt des Wortes dessen Lautgestalt als lebensspendenden Ursprung, als heilige Schwingung heraus, was Leopold Zieglers Grabinschrift treffend ausdrückt: "Ich habe gehorcht."

Sven Henklers Beitrag zur Spiritualität des Kriegers in West und Ost rückte auch die verzerrte Vorstellung vom "Djihad" zurecht. Wörtlich heißt das: "Anstrengung", wobei nur der "kleine Krieg" den militärischen Kampf, der "heilige, große" indes die asketische Anstrengung gegen das niedere Ich meint.

Politkritisch dagegen fiel die Perspektive Hermann Jungs auf den subkontinentalen Islam aus. Sein Vortrag über die indischen Massenmedien kam zu dem verblüffenden Befund einer, gegenüber der hinduistischen Mehrheitsbevölkerung feindlichen Intellektuellenposition.

Daß solche Konstellationen auch von außen induziert sein können, wurde in den scharfsinnigen Beiträgen von Philippe Banoy klar, deren erster sich mit psychologischer Kriegsführung, Manipulation etc. befaßte und einige Mittel der Subversion analysierte, die als komplexe Realitätsfaktoren im Hinblick auf den eigenen Standort diskussionsweise auch Heiterkeit auslösten. Daran schloß sich sein Porträt des klassischen Strategen und Kriegstheoretikers Antoine Jomini (1779-1869) an, des französischen Clausewitz, und dessen Hauptwerks: "Abriß der Kriegskunst" (1838). Historisch weitblickend dabei Jominis Analyse der napoleonischen Ära. Er begreift sie als Abschied von der Vergangenheit, als Paradigmenwechsel, der dem Adel als Kriegerkaste ein Ende setzt und die Kriegsführung professionalisiert, industrialisiert und totalisiert, sich damit als Keim des Ersten Weltkrieges entpuppt.

Den totalitären Charakter der modernen Diktaturen bekamen auch "Hitlers rechte Gegner" zu spüren. So der Titel einer zeitgeschichtlichen Studie von JF-Autor Claus-M. Wolfschlag (1995). Sein Referat nun stellte den im Herbst ebenfalls im Verlag Zeitenwende erscheinenden neuen Interview-Band: "Augenzeugen der Opposition. Gespräche mit Hitlers rechten Gegnern" vor, eine lebendige Dokumentation als Supplement zur systematischen Untersuchung.

Kritik der heutigen Globalökonomie erwies sich als konstitutives Motiv aller Beiträge. Ein Vorläufer, zumal Gegner der klassischen Dogmen war John Maynard Keynes (1883-1946), der von Frédéric Valentin präsentiert wurde, einer guten Synergon-Tradition folgend, die jedes Jahr einen Klassiker der Ökonomie aufarbeitet. Besonders hellsichtig erscheinen seine Kritik an Versailles (1919) und in Bretton Woods (1945), wo die USA seine Beschränkungswünsche ablehnten und sich mit dem Prinzip der totalen Freiheit für Kapitalbewegungen durchsetzten. Valentin gehörte auch das letzte Wort mit einem Vortrag über Entwicklungen der heutigen Weltökonomie (Ausbreitung der informellen Sphäre und mafioser Strukturen, Bedeutungszuwachs der Diaspora).

Robert Steuckers, fern aller Betulichkeiten, ist ein begnadeter Vollblutintellektueller, wuchtig und zupackend im Denken, das bei ihm gleichsam als körperlicher Vorgang von ursprünglicher Vitalität erscheint. Sein kreativer Imperativ, "aggressiv und pfiffig statt muffig", artikuliert den anarchischen Impuls aller Nonkonformisten seit 200 Jahren.

Zeitschrift "Simplicissimus" (1908): "Mag der Wind von rechts blasen oder von links, für meine Mühle weht er immer günstig"

Weitere Informationen im Internet: www.verlag-zeitenwende.de .

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R. Steuckers: Hommage à J. Thiriart

Robert STEUCKERS:

Hommage à Jean Thiriart (1922-1992)

http://www.voxnr.com/cc/d_thiriart/EpkyVAElkVXDVMELnk.sht...

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vendredi, 16 février 2007

Russia straddles Sunni-Shi'ite Divide

medium_SunChii.jpg

Russia straddles Sunni-Shi'ite divide
By M K Bhadrakumar

http://www.atimes.com/atimes/Central_Asia/IB17Ag01.html

12:25 Publié dans Eurasisme, Géopolitique, Islam | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Begin van een "Poetindoctrine"?

medium_poutine.jpg Harde toespraak in München kan begin zijn van een ‘Poetindoctrine’

Poetin kiest voor ‘continentale driehoek’

cf.: http://eurorus.altermedia.info/

Niet te heet, niet te koud: precies goed. De Russische president Poetin gaf zichzelf gisteren een schouderklopje voor zijn anti-Amerikaanse toespraak, zaterdag in München. Ik druk slechts uit wat de wereld denkt, vindt hij. „Sommige landen doen dat grof, contraproductief en onacceptabel, elders fluisteren ze het alleen in de wandelgangen.”

Poetin sprak helder en didactisch. Maar gezien de Amerikaanse reacties had hij evengoed onder het roepen van ‘wij zullen u begraven’ met zijn schoen op het katheder kunnen hameren, zoals ooit partijchef Chroesjtsjov. Amerikaanse politici en columnisten reageerden zeer gebelgd.

De Amerikaanse woede is begrijpelijk, want Poetin beschreef - terecht - het streven van de VS naar hegemonie, naar een ‘unipolaire wereld’, als wortel van alle kwaad. Amerika ‘expandeert over zijn nationale grenzen heen’ met ‘bijna onbeperkt hypergebruik van geweld’ maar ook „door zijn economische, politieke, culture en educatieve model aan de wereld op te leggen”. Dat staten naar massavernietigingswapens streven, is gezien die agressie best begrijpelijk. Poetin liet niet éénmaal ‘de strijd tegen het terrorisme’ vallen, wat gebruik was geworden in het ritueel van het ‘partnerschap’. Hij beschreef Ruslands rol op het wereldtoneel louter in termen van oppositie tegen het Westen.

De vraag is vooral wat Poetin met zijn harde woorden wil bereiken. Mogelijk wilde hij zich aan de vooravond van een tournee door het Midden-Oosten profileren. Hij presenteert Rusland daar als opkomende grootmacht, alternatief voor de VS, leverancier van geavanceerd wapentuig en kerntechnologie en partner in een toekomstig kartel van gasproducenten.

Maar een belangrijker motief lijken de radarstations en raketbases die Amerika in het kader van zijn raketschild in Tsjechië en Polen wil plaatsen. Die zijn op dit moment een Russische obsessie. Poetin zei eerder niet te geloven dat de installaties gericht zijn tegen Iraanse of Noord-Koreaanse raketten.

De afgelopen weken wijdden Poetin, zijn minister van Defensie Sergej Ivanov, toppolitici en generaals uit over die dreiging van het Amerikaanse raketschild. Rusland twijfelt aan de waarde van zijn nucleaire afschrikking. Het vervaardigt per jaar hooguit vier moderne intercontinentale Topol-M raketten. Komend jaar wil het leger er achttien te bestellen, maar Ivanov betwijfelde hardop of de wapenindustrie die kan leveren. Proeven met een van onderzeeërs gelanceerde, geavanceerde Topol-raket, de Boelava (Strijdknots), mislukten driemaal op rij.

Rusland vreest ook dat het verstrikt raakt een onbetaalbare wapenwedloop. Poetin zinspeelde eerder op ‘effectieve, asymmetrische oplossingen’. Hij doelt daarbij op het schrappen van het INF-akkoord uit 1987, dat raketten voor de korte en middellange afstand in Europa verbiedt. Als Rusland de VS niet langer kan treffen, kan het in elk geval nog Europa in as leggen. Dat vooruitzicht kan een bres tussen Amerika en Europa slaan, net als in de jaren tachtig, zo hoopt Moskou.

De harde retoriek zet tevens zijn kroonprins, minister van Defensie Ivanov, in het zonnetje. Poetin treedt in 2008 af. Hij schoof twee kroonprinsen naar voren. Recent ging veel aandacht uit naar vicepremier Medvedev, die tientallen miljarden mag steken in nationale projecten (onderwijs, gezondheid, landbouw en infrastructuur). Rivaal Ivanov heeft een vijand nodig om zich te profileren. Nu de Tsjetsjeense dreiging verleden tijd is, kan hij weer terugvallen op Amerika.

Weer anderen zien in Poetins toespraak iets anders: de grondvesten van een Poetindoctrine. Na zeven jaar lijkt hij definitief te kiezen voor wat premier Primakov eind jaren negentig de ‘continentale driehoek’ noemde. De Aziatische grootmachten Rusland, China en India moeten een tegenwicht vormen tegen veronderstelde westerse overheersing. Die driehoek krijgt gestalte in organisaties als de ‘Shanghai Cooperation Agreement’ (China, Rusland, Centraal-Aziatische staten), maar ook in bijeenkomsten als vandaag in New Delhi, waar de ministers van Buitenlandse Zaken van Rusland, China en India over veiligheid praten. In Rusland is het ‘neo-Eurasianisme’ van de politieke filosoof Alekandr Doegin naar het politieke centrum verschoven. Doegin ziet de wereldgeschiedenis als een botsing tussen continentaal (productie, idealisme, eenheid) versus maritiem (handel, relativisme, verdeeldheid).

Shootés de l'urgence, prisonniers du temps

L'entretien que Nicole Aubert a accordé au "Nouvel Observateur" sur son livre "Le culte de l'urgence":

http://1libertaire.free.fr/Urgence01.html

Excellente introduction à la lecture de ce livre

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H. Chavez u. die Bolivarianische Revolution

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Richard SCHAPKE:
Hugo Chávez und die Bolivarianische Revolution in Venezuela

 http://www.die-kommenden.net/


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M. Shpak: Defenders of "Western Civilization"

Max SHPAK :

Defenders of "Western Civilization"

http://www.originaldissent.com/shpak072402.html

06:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Geschiedenis van de Kosakken

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GESCHIEDENIS VAN DE KOZAKKEN

Scythen, Sarmaten, Chazaren, Mongolen

http://home.hetnet.nl/~gabby-pat/kozakkengeschiedenis.htm

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G. Locchi sur Armin Mohler

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Giorgio LOCCHI:

Armin Mohler et la révolution conservatrice en Allemagne (1918-1932)

http://www.uomo-libero.com/images/file/locchi-mohler-fr.h...

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jeudi, 15 février 2007

Sur "L'individu hypermoderne" de N. Aubert

Sur "L'individu hypermoderne" de Nicole Aubert

http://perso.orange.fr/jacques.nimier/livre_hypermoderne.htm

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Tönnies: Gemeenschap en Maatschappij

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J. P. M. RÜTER:

Gemeenschap en maatschappij -
De actualiteit van Tönnies aan de vooravond van het derde millennium



Aan het eind van deze twintigste eeuw worden we voortdurend geconfronteerd met de door de liberalen opgeeiste overwinning op het socialisme. Een overwinning die wordt doorgetrokken door met Fukuyama van de daken te schreeuwen dat de volgende eeuw voor het liberalisme zou zijn. Het liberalisme zou het best denkbare (economische) model opleveren voor de democratische samenleving en na het liberalisme zou er geen serieus alternatief meer kunnen ontstaan. De liberale zegetocht met haar streven ‘naar een zo groot mogelijke vrijheid van het individu’ is er een vol egoïsme. Want wanneer een tegenstelling wordt opgelost (liberale democratie versus communisme) of overstegen, zal op een hoger plan diezelfde oplossing een nieuwe tegenstelling in zich dragen, en uiteindelijk opnieuw tot een conflict leiden. Het is dan ook de arrogantie ten top om te stellen, dat na het liberalisme geen leven meer mogelijk zou zijn. Zeker wanneer kort na of zelfs tijdens de zegetocht al blijkt dat het liberale individualisme en het materialisme niet meer democratie (wat de definitie daarvan ook moge zijn) heeft gebracht, maar slechts geleidt heeft tot plutocratie en teloorgang van de politiek. Privatisering en individualisering gaan hand in hand, want de privatisering moet meer verantwoordelijkheden bij de burger leggen, onder de noemer: ‘Meer verantwoordelijkheid, meer vrijheid’.

Zo ook de moralisering, want dat is ook onderdeel van de verantwoordelijkheid. De burger wordt aldus zelf verantwoordelijk voor alle zorg die voorheen door de staat, de zorgstaat, werd voldaan en niet alleen voor alle zorg maar ook verantwoordelijk voor het mogelijke voortbestaan van deze wereld. De strijd om overleving die daaruit voortkomt is er een vol van egoïsme en afgunst, maar vooral van afkeer en onverschilligheid. Afkeer van en onverschilligheid tegenover dezelfde politiek die haar die zogenaamde vrijheid heeft gegeven, omdat die politiek met haar moraliserende vingertje zelf al haar moraal aan haar laars lapt. De voorbeelden van corruptie, oncapabele mensen, belastingontduiking of achterdeurpolitiek worden dagelijks aan ons voorgelegd en lijkt te hebben geleid tot een nieuwe regentenstand. Een samenleving waar slechts het economische leven van belang schijnt te zijn, een plutocratie. Het wordt steeds meer duidelijk dat talloze besluiten al buiten het politieke stelsel genomen zijn.

Het politieke stelsel is niet langer meer het organiserend principe van de gemeenschap en is verworden tot tweederangs activiteit waar overigens nog geen 4% van de bevolking deel aan heeft en dan nog slechts door middel van een stem eens per vier jaar bij verkiezingen. De betrokkenheid van de overheid met de gemeenschap, de samenleving, is volkomen verdwenen. En in een samenleving waar een egoïstische strijd om (economische) overleving heerst, waar algemeen belang niet meer in de woordenlijst voorkomt, daar kan ook geen solidariteit meer bestaan. Maar daar waar solidariteit en algemeen belang niet meer vanzelfsprekend zijn, daar valt de fraaie inrichting van een samenleving volledig uiteen en kan men niet meer spreken van gemeenschapszin. En een volk zonder gemeenschapszin, is geen volk en heeft ook geen overlevingskans. Zie alhier het ware gezicht en streven van het liberalisme. Spenglers ‘Untergang des Abendlandes’ had niet voor niets de laatste fase van een beschaving omschreven als ‘ceasarisme’, een vorm van dictatuur als logisch eindstadium van een door rationaliteit en geldzucht vernietigde (traditionele) cultuur.

Het is hier waar de lang verzwegen en verborgen naam en visies van een Ferdinand Tönnies weer naar boven komen. De in 1855 geboren Duitse socioloogTönnies zette met zijn visie op de sociologie een nieuw tijdperk in. Zijn beroemde werk “Gemeinschaft und Gesellschaft” uit 1887 bracht een duidelijk onderscheidt tussen gemeenschap en maatschappij, destijds beschreven als de gemeenschap van de ‘oude’ wereld tegenover en vervangen door de industriële revolutie gevormde maatschappij van de ‘nieuwe’ wereld. Tönnies leert ons dat die zogenaamde ‘oude’ wereld eeuwige (organische) waarden omvat en nooit vervangen kan worden door de ‘nieuwe’ wereld zonder de logische voornoemde consequenties. Het fundament van het sociale bouwsel is de gemeenschap.

In haar bestaan de verstandverhoudingen tussen de mensen onder elkaar. Zij beroept zich op bloedbanden en gemeenschappelijk leven, op gevoelsmatige overeenstemming en diepe solidariteit, de volksgemeenschap. Zij is onbewust en puur geestelijk en slechts bij bedreiging is men haar bewust. “Gemeenschap is het voortdurende en echte samenleven”. Zij is het “levende organisme” waarin de mensen “wezenlijk verbonden” blijven, ondanks alle (mogelijke) verdeling. Het verval van de gemeenschap en de zegetocht van de (individualistische) maatschappij, een mechanisch aggregaat, leiden naar een gevaarlijke crisis. Alle mogelijke solidariteitsgevoelens worden vernietigd, de overdreven geestesontwikkeling (rationaliteit) verzwakt de vitaliteit. Het overdoorgevoerde individualisme en het alles bepalende materialisme zijn de tekenen van een maatschappij in haar laatste fase.

In de door Tönnies neergezette antithese ‘gemeenschap en maatschappij’ is het niet moeilijk de overeenkomsten met het huidige maatschappelijke leven te zien. Het is danook niet verwonderlijk dat vanuit diverse ideologische hoeken verwoedde pogingen gedaan worden om onderdelen uit sociologische leer van Tönnies te halen en te gebruiken als dekmantel voor de diverse tekortkomingen in die ideologieën. Het liberalisme spant hierbij de kroon door via een verbond met het conservatisme, waaruit een ‘conservatief liberalisme’ dient te ontstaan, na de moralisering ook het solidariteitsprincipe naar binnen te willen halen. Dat het liberalisme zelf de schuldige is aan het ontbreken, en eerder het wegvallen, van een publieke moraal en solidariteit in de samenleving, door de individualisering, is natuurlijk voor de liberalen moeilijk te erkennen, maar maakt wel duidelijk dat de liberalistische, en dus individualistische, maatschappij niet samengaat met publieke moraal en solidariteit. Klassiek liberalisme, conservatief liberalisme of postmodern liberalisme, liberalisme gebaseerd op John Stuart Mill en Hayek of liberalisme met een vleugje conservatisme of een pragmatisch liberalisme zonder theorie, geen der liberalistische stromingen zijn in staat het tij te keren bij een vasthoudendheid aan het individualisme.

Concluderend kunnen we stellen dat de essentie van de actualiteit van Tönnies’ leer hem zit in de ontmanteling van het liberalisme, dat met zijn ‘zo groot mogelijke vrijheid voor het individu’ leidt tot afbraak van solidariteit en algemeen belang en daarmee leidt tot de afbraak van de gemeenschapszin, waarzonder het volk alszodanig geen overlevingskansen meer heeft. Reden genoeg voor enige aandacht.

J.P.M. Rüter

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K. R. Röhl: un itinéraire fascinant

Robert Steuckers :

Klaus Rainer RÖHL, un itinéraire fascinant

L’activiste politique et journaliste allemand Klaus Rainer Röhl est né à Trockenhütte près de Dantzig, le 1 décembre 1928. Soldat à seize ans, il doit, dès le lendemain de la défaite du Troisième Reich, quitter sa région natale, annexée à la Pologne. Sa famille s’établit à l’Ouest. Dès la fin de ses études, avec son ami le poète lyrique Peter Rühmkorf, il fonde un cabaret politique, dans la tradition allemande, où la satire du personnel politique et des gouvernants est insolente, pertinente et cruelle. Contrairement aux cabarets du Munich et du Berlin d’avant 1914, l’idéologie que défendent Rühmkorf et Röhl est pacifiste à l’extrême puis communiste, quand le communisme de la RDA tente de saper tout esprit de défense allemand inscrit dans la logique de l’OTAN.

En 1955, Röhl fonde une revue militante, le « Studentenkurier », directement financée par l’Allemagne de l’Est. L’aventure dure jusqu’à la dissolution du KPD communiste en 1956. En septembre 1957, le « Studentenkurier » est débaptisé et prend le nom de « konkret » (avec minuscule). La revue ne s’aligne plus sur l’idéologie communiste stricto sensu, mais acquiert, sur la scène de gauche, une indépendance incontestable, assortie d’un succès peu commun pour ce type de revue intellectuelle et fortement idéologisée : le tirage, dans un premier temps, atteindra jusqu’à 20.000 copies. L’Allemagne de l’Est continue à payer. Parmi les rédactrices de « konkret », les futures « terroristes » de la RAF (« Fraction Armée Rouge »), Ulrike Meinhof et Erika Runge. Röhl épouse Ulrike Meinhof en 1961 [photo 1 (1966)]. Mais, en 1964, les communistes jugent négativement l’indépendance de la revue, qui n’abonde plus dans leur sens, et lui coupent les fonds, obligeant Röhl à la diriger sans subsides, en comptant sur la seule qualité, ce qui a payé très vite : de 20.000 exemplaires, « konkret » passe à 100.000 puis à 176.000 exemplaires, pour devenir l’organe le plus représentatif de l’ « opposition extra-parlementaire », l’APO.

En 1968, le mariage de Röhl avec Ulrike Meinhof connaît l’échec. Chacun des époux tente de prendre le contrôle du journal. Röhl emporte le combat. Ulrike Meinhof entre dans la clandestinité et fonde, avec Baader, la « Fraction Armée Rouge ». Röhl condamne ce type de combat voué à l’échec, hystérique et sans fantaisie. En 1993, Röhl rédige un doctorat sous la houlette de l’historien Ernst Nolte, professeur à l’Université Libre de Berlin. Il défend son professeur, victime d’une vindicte de gauche et d’une campagne de presse hystérique lors de la fameuse « querelle des historiens », animée principalement par le philosophe Jürgen Habermas. Le sujet de sa thèse de doctorat est intéressant : « Nähe zum Gegner. Die Zusammenarbeit von Kommunisten und Nationalsozialisten beim Berliner BVG-Streik von 1932 » (= Proximité avec l’adversaire. La coopération des communistes et des nationaux socialistes lors de la grève des transports à Berlin en 1932). Après avoir brisé quelques lances pour l’honneur de Nolte, Röhl [photo 2] quitte alors le petit monde étriqué de la gauche allemande et rejoint le parti libéral, où il retrouve le juriste et constitutionaliste Alexander von Stahl, l’historien Rainer Zitelmann et le biographe d’Ernst Jünger, Heimo Schwilk, dans un cénacle critique, « Liberale Offensive », qui cherche à donner un tonus national au parti, comme en Autriche.

Ce cénacle ne connaîtra aucun succès et toute l’équipe se retrouvera, après moults autres péripéties, dans la rédaction des revues dites « néo-conservatrices », « Junge Freiheit » (Berlin) et « Preussische Allgemeine Zeitung » (Hambourg). Un exemple d’itinéraire étonnant, digne de l’ère de Weimar, où un homme de l’extrême gauche la plus consciente et la plus offensive passe, en toute connaissance de cause, au nationalisme, bravant les interdits, les tabous et les frousses des conformistes de tous bords et des pontes d’un système, plus totalitaire que les totalitarismes d’antan, qui ne tolère plus aucune originalité ni audace intellectuelles.

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Note sur Alfred Bäumler

Robert STEUCKERS :

Note sur Alfred Bäumler

19 novembre 1887 : Naissance à Neustadt an der Tafelfichte dans le Pays des Sudètes du philosophe allemand Alfred Bäumler. Connu en France pour la polémique qu’il avait lancée contre Heidegger, grâce aux travaux de Jean-Michel Palmier, Alfred Bäumler avait rejoint le national-socialisme, devenant certainement le philosophe le plus pertinent parmi les rares “ralliés”. Il a opéré une synthèse, — que l’on redécouvre aujourd’hui en la détachant du contexte politique des années 30 et 40 — entre les œuvres de Kant, Hegel, Bachofen et Nietzsche. Son système repose essentiellement sur une interprétation existentialiste et panvitaliste de l’esthétique et de la critique de la faculté de juger de Kant.

En effet, le philosophe de Koenigsberg reconnaît l’hétérogénéité fondamentale des jugements esthétiques, constate la quasi impossibilité de se débarrasser de cette hétérogénité, mais, en même temps, perçoit, chez les hommes, un unisson quand il s’agit de reconnaître, émerveillés, la beauté transcendantale des véritables chefs-d’œuvre. L’Allgemeingültigkeit [la validité générale] des chefs-d’œuvre est-elle une valeur “universelle” transposable en d’autres domaines que l’esthétique, par exemple la politique, dont le but n’est évidemment pas de générer du “beau”, mais un “bien commun” circonstanciel à une Cité donnée ? Peut-on hisser un principe valable et même efficace, né ici et pour ici, au rang de règle générale pour ce qui se passe et/ou doit se passer là-bas ? Bref, de l’universalité de la beauté des chefs-d’œuvre peut-on déduire une théorie et une pratique universalistes de la politique ? D’autant plus que la “validité générale” d’une œuvre d’art conserve toujours des racines particulières, locales, ethno-nationales, liées à une histoire. La question mérite donc toujours d’être débattue et hante sournoisement tous nos débats, encore aujourd’hui. Ensuite, dans sa critique de la faculté de juger, Kant distingue les “objets d’art” des “objets vivants” (ou “objets de nature”), où les uns sont produits d’une volonté extérieure à eux-mêmes, tandis que les autres recèlent en eux-mêmes leur sève et sucs vitaux. Existentialiste, volontariste et panvitaliste, Bäumler va parier sur l’hétérogénéité et sur la force vitale qui impulse les mouvements autonomes des “objets vivants”, dont les nations. En partant de cette hétérogénité et de ce timide vitalisme kantien, Bäumler va explorer un filon qui aboutit à Bachofen et à Nietzsche. En adhérant au national-socialisme, il croit faire passer la vie politique et idéologique de son pays d’un stade déterminé par les philosophèmes abstraits de l’Aufklärung (qui prétendent à une Allgemeingültigkeit) à un stade nouveau, acceptant l’hétérogénéité du monde pour ce qu’elle est, avec son cortège de tragédies et de conflits, et focalisé sur les sucs et sèves autonomes des “objets vivants”. Alfred Bäumler meurt isolé le 19 mars 1968 à Eningen en Allemagne. Preuves de la renaissance de Bäumler aujourd’hui, dans l’espace linguistique français :

1) Alain Renaut, qui nous propose une nouvelle traduction de la critique de la faculté de juger, évoque la grande pertinence de l’exégèse bäumlerienne de Kant et nous invite à la relire avec beaucoup d’attention, alors que les positions “républicaines”, assez banales et superficielles de Renaut, le posent comme un moraliste para-pseudo-kantien et libéraloïde. Renaut —qui s’inscrit dans cette platte stratégie de défense de l’idéologie “républicaine” en France— défend Kant pour son cosmopolitisme, alors que ce cosmopolitisme n’était certainement pas aussi simple ni aussi “diluationniste”, comme l’a justement prouvé Bäumler. Seul point positif au fait que Renaut enjoigne ses lecteurs à lire Bäumler : ceux qui le feront dans une perspective moins conformiste ne pourront plus se faire traîter de “fachos” par les “vigilants”, à la Olender…

2) Ensuite, la réédition d’un livre de Gilbert Lebrun, qui constitue une autre étude sur la critique de la faculté de juger, s’appuie essentiellement sur les thèses de Bäumler sur Kant. Gilbert Lebrun est un philosophe rigoureux et apolitique, qui ne fait pas mention de l’engagement national-socialiste de Bäumler, et ne prend en considération que ses arguments de nature philosophique, comme il se doit [cf. Robert Steuckers, «Thomas Mann et Alfred Bäumler», analyse de Marianne BÄUMLER, Hubert BRUNTRÄGER & Hermann KURZKE, Thomas Mann und Alfred Baeumler. Eine Dokumentation, Königshausen und Neumann, Würzburg, 1989, 261 p., ISBN 3-88479-407-8; in: Vouloir, n°8/NS, automne 1996].

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