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samedi, 04 mai 2024

Mars et Vénus les deux pôles du monde européen - Entretien avec Clotilde Venner

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Mars et Vénus les deux pôles du monde européen

Entretien avec Clotilde Venner

Robert Steuckers: Dominique Venner a acquis la réputation d'être un écrivain et un historien méditatif pour reprendre son expression, fasciné par la guerre, le combat politique et la chasse. Quelles définitions donnait-il de tout cela ? Et, selon lui, à votre avis, qu'apportent la guerre,  la chasse et le combat politique à l'homme d'exception? Quelle épaisseur lui donnent ces phénomènes ?

Clotilde Venner: Dominique a connu en effet l’expérience de la guerre à l’époque de la guerre d’Algérie, il le raconte très bien dans Le Cœur Rebelle. Comme je le dis souvent, Dominique a eu trois vies qui toutes d’une certaine manière ont été sous le signe du combat: le combat militaire et politique dans sa première vie, le monde des armes et de la chasse dans sa seconde vie; après l’arrêt de la politique, il s’est en effet consacré à l’écriture de livres sur l’histoire des armes, et il écrivait également dans de nombreuses revues de chasse. Sa troisième vie fut consacrée à son œuvre d’historien. Il a publié des ouvrages comme Baltikum, les Blancs et les Rouges, Le Blanc Soleil des vaincus, Le Siècle de 14. La question de la guerre et du combat politique sont en effet omniprésentes dans son œuvre d’historien.

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On peut dire que dans sa jeunesse, il a certainement éprouvé une fascination quasi romantique pour la guerre, pour l’aventure, pour la vie intense qu’elle procure. Mais après l’expérience de la guerre d’Algérie, son état d’esprit a profondément changé. Il n’avait pas de mots assez durs sur les officiers de l’armée française, il conspuait leur lâcheté et leur conformisme politique. Pour revenir sur la question de la guerre, c’est un sujet sur lequel il revenait souvent mais sur un plan quasiment métaphysique. Dominique n’était pas un furieux belliciste, il y a des pages poignantes dans Le Siècle de 14 sur les massacres de la grande guerre. Il comprenait parfaitement le mouvement pacifiste qui avait fait suite aux horreurs de la première guerre mondiale. Toutefois, il me disait que l’une des causes de la décadence européenne ( disparition de la masculinité,  la lâcheté et l’hédonisme généralisés) était que l’horizon de la guerre avait disparu. Une trop longue paix peut avoir un effet émollient sur les esprits et les corps, il écrit  ainsi dans Le Choc de l’histoire, livre d’entretiens que nous avons réalisé ensemble :

« Je percevais aussi qu’il est tonique pour une nation de conserver à ses frontières le défi d’un « désert des Tartares » pour se maintenir alerte et en forme « comme un taon au flanc de Rome » suivant le mot de Scipion parlant de Carthage. » 

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Dominique ne souhaitait pas la guerre, mais il pensait qu’il est nécessaire de se préparer à la guerre comme le préconisaient les Romains, « Si vis pacem, para bellum » pour des raisons évidentes de sécurité mais aussi pour des raisons morales et psychologiques. C’est dans le combat et la préparation au combat que l’homme se dépasse et grandit. Quand un peuple est en guerre ou s’il se prépare à la guerre, il se prémunit d’une forme de décadence. C’est dans les sociétés en paix que des débats sur le transgenrisme peuvent avoir lieu. Ce sont des luxes décadents que ne se permettent pas des nations menacées dans leurs intérêts vitaux.

Dans Le Choc de l’histoire, il évoque une autre manière de cultiver l’esprit guerrier, c’est la pratique des sports à risques comme l’alpinisme, le parachutisme, la plongée sous-marine, la chasse; ces disciplines sportives permettent de développer des qualités de courage que les temps de paix ne favorisent pas : « le besoin de dépaysement, la nostalgie du grand large sont d’autant plus impérieux que l’on vit dans un monde hyper-réglementé, encadré, sécurisé(…) Peut-être aussi est-il nécessaire de se prouver que l’on est peut-être autre chose qu’un bon médecin, un manager heureux, un négociant prospère ou un étudiant plein d’avenir…. Bref, on éprouve l’envie de prendre sa vraie mesure, de se coltiner avec sa propre carcasse, de la soumettre à d’autres épreuves que celles des repas d’affaires et des dîners en ville. »

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RS : Malgré l’image virile accolée à son œuvre, la féminité occupe une place importante dans l'imaginaire de Dominique Venner: que pouvez-vous nous dire sur le rôle des femmes. Quelle place accordait-il à la féminité ?

CV : Dominique était un disciple d’Héraclite, pour lui l’harmonie naît des contraires, donc du masculin et du féminin. « Dans le grand mystère de la vie, peut-on ignorer la division en deux sexes ? Il en est pour la floraison  du monde végétal comme pour celle du monde animal dont les hommes procèdent. C’est ce qu’a dit voici longtemps la Théogonie d’Hésiode et que posa en ses principes Héraclite : « La Nature aime les contraires. C’est avec eux et non avec les semblables qu’elle produit l’harmonie. » (Le Choc de l’histoire).

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On pourrait avoir une vision erronée de sa pensée en l’associant à celles des masculinistes. Ce serait une erreur. Pour répondre de manière imagée, Mars et Vénus ont autant d’importance dans des registres différents l’un de l’autre. Il n’y a pas un dieu qui est supérieur à l’autre, ou en d’autres termes, les valeurs masculines ne sont pas supérieures ou plus importantes que les valeurs féminines. Une communauté exclusivement dominée par les valeurs masculines sombre dans la brutalité et la barbarie et une société exclusivement dominée par des valeurs féminines se délite dans une faiblesse généralisée qui peut amener à son autodestruction. C’est ce que l’on peut voir dans nos sociétés actuelles dominées par « le care, la compassion, la compréhension ». Dominique note de nouveau dans Le Choc de l’histoire :

 « La vie en société repose sur la polarité du masculin et du féminin. Si la part combative relève plus du masculin, une part essentielle de la survie du groupe, de sa perpétuation et de son harmonie relève du féminin. Quand les mâles combattent, travaillent et protègent, les femmes maintiennent, transmettent, reconstruisent et apaisent. »

Il est important de préciser que Dominique s’est penché sur la question du rôle des femmes plutôt à la fin de sa vie. Il consacre de nombreux chapitres à des femmes d’exception dans Histoire et Traditions des Européens, il dresse ainsi des portraits magnifiques de Yolande d’Aragon, Charlotte Corday. Dans La Nouvelle Revue d’histoire, la revue historique qu’il dirigeait, il y avait régulièrement des portraits de grandes figures féminines. On pourrait s’interroger sur cet intérêt tardif. La réponse est simple, ce sont les femmes qui transmettent et qui éduquent. Leur rôle est considérable dans la transmission d’une mémoire, d’une identité. Sans elles, il n’y a pas de tradition vivante. Ce sont dans les gestes de la vie quotidienne que cette mémoire s’incarne. L’histoire des diasporas montre bien le rôle des femmes dans la transmission de la religion et des croyances. A travers la nourriture qu’elles préparent, à travers les souvenirs qu’elles transmettent, à travers une certaine manière de se comporter, c’est toute une identité qu’elles véhiculent. Les habitudes de la vie quotidienne ont une force bien plus grande que tous les grands discours idéologiques. C’est dans l’exemplarité que la transmission de la tradition s’effectue.

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Dans Le Choc de l’histoire, il évoque  également le courage des femmes dans la guerre. Il illustre sa réflexion en brossant le portrait de Scarlett et de Mélanie, les deux héroïnes féminines d’Autant en emporte le vent.

fàbeb.jpgDans Le Samouraï d’Occident, il dresse un portrait magnifique d’une jeune journaliste allemande qui survécut dans le Berlin de 1945, cette dernière avait tenu un journal paru en 2003 sous le titre Une femme à Berlin. A travers l’évocation de ces figures féminines imaginaires ou réelles, Dominique nous montre ce qu’est le courage féminin. Dans les périodes de guerre, de conflits, le courage des hommes consiste à accepter l’horizon de la mort ; en d’autres termes on demande aux hommes d’avoir le courage de mourir alors qu’on demande aux femmes d’avoir le courage de vivre. Et vivre dans un univers détruit demande un immense héroïsme, vertu qu’a eue cette jeune femme allemande. Quand on évoque la guerre de 14-18, on pense à tous ces hommes morts au combat, on admire leur courage, leur sacrifice à juste titre, mais il ne faut pas oublier l’héroïsme des femmes qui toutes seules tenaient leur famille, l’économie à bout de bras et qui ont permis la renaissance du pays après la guerre.

Dans notre époque de déconstruction  des genres, il est important de rappeler l’altérité du masculin et du féminin. Mars n’est pas Vénus, et Vénus n’est pas Mars, mais tous les deux ont autant d’importance. Dans toute son œuvre Dominique donne à voir à travers les portraits d’hommes et de femmes qu’ils dressent, des exemples de virilité et de féminité dont nous pouvons nous inspirer pour traverser les temps troublés et obscurs qui sont les nôtres.

* * *

Clotilde Venner, épouse de Dominique Venner, fut également sa collaboratrice à La Nouvelle Revue d’Histoire. Elle a notamment participé avec lui au livre d’entretien Le choc de l’histoire (Via Romana). Elle vient de publier A la rencontre d’un cœur rebelle (La Nouvelle Librairie) qui est un témoignage sur l’œuvre et le parcours de Dominique Venner.

 

jeudi, 14 décembre 2023

Giorgio Locchi et Dominique Venner, penseurs de l’histoire

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Giorgio Locchi et Dominique Venner, penseurs de l’histoire

Clotilde Venner

Deux chemins différents mais une conclusion commune: l’histoire est le lieu de l’imprévu et elle est faite par les hommes.

Deux pensées qui permettent de lutter contre  le « tout est foutu » que l’on entend si fréquemment dans les milieux de droite et contre lequel Dominique s’est toujours insurgé.

Mais avant de développer cette idée d’imprévu, j’aimerais revenir sur l’itinéraire de Dominique et sur sa relation avec l’histoire.

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I. Dominique Venner et l'histoire

Dominique s'est intéressé à l'histoire pour plusieurs raisons. Comme je l'explique dans mon livre (A la rencontre d'un cœur rebelle), Dominique a eu trois vies, une première où il fut un activiste politique, une seconde plus méditative que je nomme le recours aux forêts, et une troisième où il fut l'historien que nous avons connu. L'étude de l'histoire, je pense a pris toute son importance au moment de son arrêt de la politique donc au terme de sa première vie. Cet arrêt de la politique, il l'a vécue comme une petite mort. Pour surmonter cette épreuve, il s’est  retiré à la campagne, a fondé une famille, et là pendant une quinzaine d'années s’est consacré à l’écriture de livres sur l’histoire des armes, mais parallèlement il a lu, de manière méthodique et intense, des ouvrages principalement historiques. Pendant toutes ces années,  il n'a eu de cesse de se poser la question « que faire ? », « que transmettre ? ». Et c'est dans l'étude de l'histoire qu'il a trouvé des réponses. L'histoire, si on l'interroge avec une pensée active est une source inépuisable de réflexions. L'attitude qu'il avait vis à vis d’elle était celle d'un penseur et non celle d'un érudit s'attachant à des détails insignifiants. C'est donc l'étude de l'histoire qui lui a permis de comprendre la crise de civilisation et de sens que les peuples européens traversent. Et il n'a eu de cesse de vouloir par la suite à travers de nombreux ouvrages historiques apporter une réponse à cette crise de sens, je pense à deux livres notamment: Histoire et Traditions des européens et Le Samouraï d'Occident.

II. Penser avec l’histoire

En étudiant l'histoire et en méditant sur elle, Dominique en est venu à l'idée  que l'histoire était le lieu de l'imprévu permanent, c’est en cela qu’il rejoint les intuitions de Giorgio Locchi sur le fait que l’histoire est ouverte.

Ce qui est intéressant dans leurs deux itinéraires intellectuels, c’est qu’ils sont parvenus aux mêmes conclusions mais par des voies complétement différentes. Dominique avait été dans sa jeunesse un activiste qui avait fait de la prison puis devenu un historien reconnu, il n’a eu de cesse de s’interroger sur les événements qui font basculer le cours de l’histoire (Histoire du Terrorisme, Imprévu dans l’histoire). Et il était au combien conscient du rôle des minorités actives dans les bouleversements politiques (portrait de Lénine dans L’imprévu dans l’histoire). Dominique comme Locchi croyait que l’histoire était le fait des hommes et non d’une quelconque  providence.

Il me disait souvent, il est facile d'analyser les événements une fois qu'ils sont arrivés (ex la chute du mur de Berlin) mais rarement de les prévoir. Cet  notion d'imprévu historique au lieu de rendre Dominique pessimiste le rendait d'une certaine manière optimiste pas dans le sens d'un optimisme béat mais dans le sens où rien n'est jamais figé. A tout moment une situation bloquée, apparemment sans issue peut basculer. Ce qui signifie qu'il ne faut jamais désespérer car les situations mêmes les plus tragiques sont sujettes à évolution. En 1970, personne n'imaginait la chute de la puissance soviétique. En 1913, personne ne prévoyait l'embrasement européen qui aurait lieu en 1914, Dominique l'analyse très bien dans Le Siècle de 1914. Le pessimisme absolu et l'optimisme béat sont tout aussi stupides car rien n'est jamais définitif ni dans le bien ni dans le mal. La longue plainte, et le pessimisme jouissif l’exaspéraient au plus haut point. On retrouve ce travers dans certains milieux de droite. Toute sa vie, il n’a eu de cesse de combattre cet état d’esprit. Il considérait que ces postures sont souvent le paravent d’une forme de paresse et de lâcheté.

Quand je dis que Dominique était optimiste, cela ne s'oppose pas au fait qu'il était plus que conscient que l'histoire est tragique. Si je devais définir sa conception de l'histoire, je dirais qu'il était un tragique-optimiste, c'est un concept un peu oxymorique qui résume bien sa pensée. Mais vous allez me dire, comment peut-on être optimiste quand on étudie l'histoire des hommes, c'est une succession d'horreurs permanentes. Certes tout au long de l'histoire, les hommes, les peuples traversent des épreuves, des tragédies  qui menacent de les annihiler mais en même temps cette même histoire reste en permanence ouverte, elle n'est jamais figée, elle  est ce qu'en font les hommes, elle a le sens qu'on lui donne. C'est pour cela que Dominique écrit à la fin du Choc de l’histoire : "Concernant les Européens, tout montre selon moi qu’ils seront contraints d’affronter à l’avenir des défis immenses et des catastrophes redoutables qui ne sont pas seulement celle de l’immigration. Dans ces épreuves, l’occasion leur sera donnée de renaître et de se retrouver eux-mêmes".

"Je crois aux qualités spécifiques des Européens qui sont provisoirement en dormition. Je crois à leur individualité agissante, à leur inventivité et au réveil de leur énergie".

Le réveil viendra. Quand ? Je l’ignore. Mais de ce réveil, je ne doute pas".

III. L’imprévu dans l’histoire

Dominique avait lu attentivement Marx, Spengler et Evola, il y avait trouvé des idées intéressantes, mais sa pensée était très éloignée de toute forme de téléologie historique, en cela il était très proche de Giorgio Locchi. Il ne pensait pas que l’histoire ait un sens ou obéisse à des cycles, il considérait que c’étaient les hommes qui faisaient l’histoire. Il écrit ainsi dans Le Choc de l’Histoire : « Je peux critiquer en revanche les théories qui furent à la mode au temps de Marx ou de Spengler. Chacune dans leur registre, elles ont récusé la liberté des hommes à décider de leur destin. »

Pour faire mieux comprendre son propos, je reprendrai une formulation du sociologue Michel Maffesoli, les événements nous paraissent souvent imprévisibles car « nous ne savons pas écouter pousser l’herbe ». Les grands événements historiques sont le plus souvent le fruit d’une maturation souterraine invisible à un œil qui n’est pas exercé. Il y a un autre élément qui était important pour Dominique, c’était la notion de représentations. Pour lui, les êtres humains vivent et se distinguent à travers leurs représentations (religions, politiques, esthétiques). Et si on veut comprendre les grands phénomènes historiques, il faut s’attacher à l’étude des mentalités. Dans Le Siècle de 1914, il analyse avec beaucoup de finesse les grandes idéologies du XXe siècle, fascisme, libéralisme, immigrationnisme et comment elles ont influencé le cours du destin européen.

IV. Différence d’approche avec Giorgio Locchi

L’approche de Dominique est  beaucoup moins abstraite et philosophique  que celle de Giorgio Locchi. Dans de nombreux livres Dominique fait le portrait d’hommes ou de femmes exceptionnels. Ces portraits avaient plusieurs fonctions. La première, c’était de donner de la chair aux événements. Dans le livre qu’il a consacré à Jünger (Un autre destin européen), il a rédigé un long portrait de Stauffenberg. Je pense qu’à travers l’évocation de la vie de l’officier, il nous fait  comprendre de l’intérieur l’opposition d’une partie de l’aristocratie allemande à Hitler. Dans ses livres, il y a également de nombreux portraits de femmes, qui je pense ont un rôle pédagogique comme des figures « d’exempla » au sens latin du terme, dans le sens de Plutarque et de sa « Vie des hommes illustres ». A travers ses évocations, je pense à Catherine de la Guette, Madame de Lafayette dans Histoire et Traditions des européens, ainsi qu’au portrait de Pénélope et Hélène dans Le Samouraï d’Occident, il nous donne à voir ce que c’est qu’être une femme européenne.

Conclusion : Ce que peut nous apporter l’histoire

Dans notre époque obscure et décadente, je pense que nous avons besoin de modèles auxquels nous raccrocher et ces évocations de personnages historiques peuvent être une grande source d’inspiration. Ils nous disent comment nos ancêtres ont aimé, ont souffert et ont surmonté les tragédies de l’histoire.

La réflexion philosophique est nécessaire pour nous armer intellectuellement, c’est en cela que le travail de Giorgio Locchi est précieux et important mais je pense que nous avons également besoin de nous projeter en imagination dans la vie de nos ancêtres. Je dirais donc que Giorgio Locchi et Dominique Venner sont deux auteurs complémentaires sur lesquels nous appuyer pour « combattre ce qui nous nie » pour reprendre la formule de Dominique.

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Colloque Giorgio Locchi 1923-2023

Un colloque entièrement consacré à Giorgio Locchi (Rome, 15 avril 1923 - Paris, 25 octobre 1992) se déroulera ce 25 novembre en Italie à Rieti, capitale de la Province de la Sabine et cœur géographique de l’Italie, pour le centenaire de la naissance du philosophe. Celui-ci bénéficie du patronage de la ville qui entend honorer « la figure de Giorgio Locchi, intellectuel, philosophe, journaliste né à Rome mais originaire de la Sabine et plus précisément de Salisano, grand protagoniste de la pensée européenne de la seconde moitié du XXe siècle ». 

Un grand protagoniste que l’on commence tout juste d’évaluer à sa juste valeur, la véritable portée de sa réflexion n’ayant commencé à émerger qu’au cours de ces dernières années. Son principal essai, Wagner, Nietzsche et le mythe surhumaniste, récemment édité en français par l’@InstitutILIADE et @LaNouvelleLibr1, reste un jalon de la pensée philosophique, dont la portée n’a pas encore été véritablement comprise. Locchi y voit d’un œil nouveau le rapport entre Wagner et Nietzsche et identifie dans les deux grands protagonistes de la culture du XIXe siècle les initiateurs d’un nouveau courant historique, d’un "nouveau mythe", le mythe surhumaniste, destiné à livrer bataille aux idéologies égalitaires. En outre, dans un texte récemment mis en lumière, et prochainement traduit en français, Locchi voit en Martin Heidegger le principal continuateur philosophique de la voie ouverte par Wagner et Nietzsche, en donnant à nouveau des catégories tout à fait originales pour interpréter la pensée de celui qui fut de loin le philosophe le plus influent du XXe siècle. Il s’agit d’une contribution inestimable, qui donne lieu à une lutte serrée avec les interprétations académiques dominantes de la pensée heideggérienne et fournit des clés précieuses pour s’opposer à sa "récupération" par les tenants de l’idéologie égalitaire.  

Le résultat de cet impressionnant effort théorique est une pensée radicale, non nostalgique, ancrée dans les défis du présent et de l’avenir, capable d’encadrer les débats actuels dans une perspective tout à fait novatrice, ainsi que de donner de nouveaux arguments et de nouvelles stimulations à ceux qui se soucient de l’identité européenne et de la lutte contre les menaces qui, toujours plus nombreuses, la mettent en péril.  

Nul doute que ce colloque fera date dans la mesure où son fils Pierluigi y dévoilera toute un pan inédit de la réflexion et des travaux de Giorgio Locchi, portant sur la mutation anthropologique en cours, travaux destinés à être divulgués et prolongés par un Centre d’études locchiennes prochainement fondé outre-Alpes.  Interviendront lors du colloque :

☑ @AdrianoScianca, auteur entre autres du livre Ezra Pound et le sacré, le temple n’est pas à vendre (Institut Iliade - La Nouvelle Librairie, Paris, 2023- https://boutique.institut-iliade.com/product/ezra-pound-e... ), sur Locchi entre Nietzsche, Heidegger et Gentile ;

☑ Stefano Vaj, éditeur du premier recueil italien d’essais de Giorgio Locchi, Definizioni (SEB, Milan, 2006) et auteur de Scritti su Giorgio Locchi (Moira,2023) sur : Origine, mythe et liberté, au cœur du parcours de Giorgio Locchi ;

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☑ Clotilde Venner, ancienne épouse de Dominique Venner, auteur sous le pseudonyme de Pauline Lecomte avec Dominique Venner du Choc de l’histoire (Via Romana, Paris, 2011), et avec Antoine Dresse de À la rencontre d’un cœur rebelle, entretiens sur Dominique Venner, (La Nouvelle Librairie, Paris, 2023 ; https://boutiquetvl.fr/les-inclassables/clotilde-venner-a... ) sur : Giorgio Locchi, Dominique Venner : les parcours parallèles de deux penseurs de l’histoire ; 

☑ Pierluigi Locchi, responsable du développement international de l’Institut Iliade pour la longue mémoire européenne, où il est également formateur, et qui a notamment dirigé les éditions françaises de Définitions et de Wagner, Nietzsche et le mythe surhumaniste de son père Giorgio Locchi et publié la postface de Il pensiero dell’origine in Giorgio Locchi de Giovanni Damiano, sur : Regarder vers l’avenir avec Giorgio Locchi : de nouvelles clés pour penser un monde nouveau. 

Une table ronde recueillera également les témoignages de ceux qui, en Italie, ont connu personnellement le philosophe : son éditeur et ami Enzo Cipriano, Gennaro Malgieri, ancien rédacteur en chef du Secolo d’Italia et ancien député du PdL, Stefano Vaj ainsi que son fils Pierluigi. 

Samedi 25 novembre à 16h30

Palazzo Sanizi - Via Sanizi, 2, Rieti 

Pour vous procurer les livres de Giorgio Locchi, rendez-vous dans notre boutique en ligne:

https://boutique.institut-iliade.com/product/wagner-nietz...

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jeudi, 19 octobre 2023

Entretien avec Clotilde Venner - Dominique Venner, penseur de l’histoire

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Dominique Venner, penseur de l’histoire 

Entretien avec Clotilde Venner

Propos recueillis par Robert Steuckers

RS : Pourquoi Dominique Venner s'est-il intéressé à l'histoire?

CV: Dominique s'est intéressé à l'histoire pour plusieurs raisons. Comme je l'explique dans mon livre (A la rencontre d'un cœur rebelle), Dominique a eu trois vies, une première où il fut un activiste politique, une seconde plus méditative que je nomme le recours aux forêts, et une troisième où il fut l'historien que nous avons connu. L'étude de l'histoire, je pense a pris toute son importance au moment de son arrêt de la politique donc au terme de sa première vie. Cet arrêt de la politique, il l'a vécue comme une petite mort. Pour surmonter cette épreuve, il s’est  retiré à la campagne, a fondé une famille, et là pendant une quinzaine d'années s’est consacré à l’écriture de livres sur l’histoire des armes, mais parallèlement il a lu, de manière méthodique et intense, des ouvrages principalement historiques.

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Pendant toutes ces années,  il n'a eu de cesse de se poser la question « que faire ? », « que transmettre ? ». Et c'est dans l'étude de l'histoire qu'il a trouvé des réponses. L'histoire, si on l'interroge avec une pensée active est une source inépuisable de réflexions. L'attitude qu'il avait vis à vis d’elle était celle d'un penseur et non celle d'un érudit s'attachant à des détails insignifiants. C'est donc l'étude de l'histoire qui lui a permis de comprendre la crise de civilisation et de sens que les peuples européens traversent. Et il n'a eu de cesse de vouloir par la suite à travers de nombreux ouvrages historiques apporter une réponse à cette crise de sens, je pense à deux livres notamment: Histoire et Traditions des européens et Le Samouraï d'Occident.

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RS: Deux concepts reviennent de manière récurrente dans les éditoriaux de Dominique Venner: l'imprévu dans l'histoire et le choc de l'histoire. L'histoire est donc ouverte: elle n'a ni bonne ni mauvaise fin. Vous qui avez très longuement interrogé Dominique Venner sur ces questions, ce qui a donné un livre aussi magnifique Le Choc de l'histoire qu'interpellant, qu'avez-vous à dire sur cette double thématique qui devrait être le fondement d'une vision du monde véritablement alternative?

CV: En étudiant l'histoire et en méditant sur elle, Dominique en est venu à l'idée  que l'histoire était le lieu de l'imprévu permanent. Il est facile d'analyser les événements une fois qu'ils sont arrivés (ex la chute du mur de Berlin) mais rarement de les prévoir. Cet  notion d'imprévu historique au lieu de rendre Dominique pessimiste le rendait d'une certaine manière optimiste pas dans le sens d'un optimisme béat mais dans le sens où rien n'est jamais figé. A tout moment une situation bloquée, apparemment sans issue peut basculer. Ce qui signifie qu'il ne faut jamais désespérer car les situations mêmes les plus tragiques sont sujettes à évolution. En 1970, personne n'imaginait la chute de la puissance soviétique. En 1913, personne ne prévoyait l'embrasement européen qui aurait lieu en 1914, Dominique l'analyse très bien dans Le Siècle de 1914. Le pessimisme absolu et l'optimisme béat sont tout aussi stupides car rien n'est jamais définitif ni dans le bien ni dans le mal. La longue plainte, et le pessimisme jouissif l’exaspéraient au plus haut point. On retrouve ce travers dans certains milieux de droite. Toute sa vie, il n’a eu de cesse de combattre cet état d’esprit. Il considérait que ces postures sont souvent le paravent d’une forme de paresse et de lâcheté.

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Quand je dis que Dominique était optimiste, cela ne s'oppose pas au fait qu'il était plus que conscient que l'histoire est tragique. Si je devais définir sa conception de l'histoire, je dirais qu'il était un tragique-optimiste, c'est un concept un peu oxymorique qui résume bien sa pensée. Mais vous allez me dire, comment peut-on être optimiste quand on étudie l'histoire des hommes, c'est une succession d'horreurs permanentes. Certes tout au long de l'histoire, les hommes, les peuples traversent des épreuves, des tragédies  qui menacent de les annihiler mais en même temps cette même histoire reste en permanence ouverte, elle n'est jamais figée, elle  est ce qu'en font les hommes, elle a le sens qu'on lui donne. C'est pour  cela  ce que Dominique écrit à la fin du Samouraï d'Occident : "Quand viendra le grand réveil (des Européens)? Je l'ignore, mais de ce réveil je ne doute pas. J'ai montré dans ce Bréviaire que l'esprit de l'Iliade est comme une rivière souterraine, intarissable et toujours renaissante qu'il nous appartient de redécouvrir".

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RS : Qui fait surgir l'imprévu et provoque le choc de l'histoire? Cette question n'est pas innocente car Dominique Venner s'est penché sur des événements historiques comme l'aventure des Corps Francs, la révolution bolchevique (avec la figure de Lénine), la résistance et la collaboration...

CV : Dominique avait lu attentivement Marx, Spengler et Evola, il y avait trouvé des idées intéressantes, mais sa pensée était très éloignée de toute forme de téléologie historique. Il ne pensait pas que l’histoire ait un sens ou obéisse à des cycles, il considérait que c’étaient les hommes qui faisaient l’histoire. Il écrit ainsi dans Le Choc de l’Histoire : « Je peux critiquer en revanche les théories qui furent à la mode au temps de Marx ou de Spengler. Chacune dans leur registre, elles ont récusé la liberté des hommes à décider de leur destin. »

Pour répondre à votre question, je reprendrai une formulation du sociologue Michel Maffesoli, les événements nous paraissent souvent imprévisibles car « nous ne savons pas écouter pousser l’herbe ». Les grands événements historiques sont le plus souvent le fruit d’une maturation souterraine invisible à un œil qui n’est pas exercé. Il y a un autre élément qui était important pour Dominique, c’était la notion de représentations. Pour lui, les êtres humains vivent et se distinguent à travers leurs représentations (religions, politiques, esthétiques). Et si on veut comprendre les grands phénomènes historiques, il faut s’attacher à l’étude des mentalités. Dans Le Siècle de 1914, il analyse avec beaucoup de finesse les grandes idéologies du XXe siècle, fascisme, libéralisme, immigrationnisme et comment elles ont influencé le cours du destin européen.

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RS : Nous avons donc affaire à une vision non abstraite de l'histoire mais à une vision ancrée dans la Vie, soit dans des personnages historiques, des hommes et des femmes de chair et de sang, parfois providentiels. Pouvez-vous préciser et /ou donner des exemples?

CV : Dans de nombreux livres Dominique a fait le portrait d’hommes ou de femmes exceptionnels. Ces portraits avaient plusieurs fonctions. La première, c’était de donner de la chair aux événements, c’est beaucoup plus parlant pour le lecteur. Dans le livre qu’il a consacré à Jünger (Un autre destin européen), il a rédigé un long portrait de Stauffenberg. Je pense qu’à travers l’évocation de la vie  de l’officier, il nous fait  comprendre de l’intérieur l’opposition d’une partie de l’aristocratie allemande à Hitler. Un portrait en dit quelque fois plus long que de longues digressions conceptuelles. Dans ses livres, il y a également de nombreux portraits de femmes, qui je pense ont un rôle pédagogique comme des figures « d’exempla » au sens latin du terme, dans le sens de Plutarque et de sa « Vie des hommes illustres ». A travers ses évocations, je pense à Catherine de la Guette, Madame de Lafayette dans Histoire et Traditions des européens, ainsi qu’au portrait de Pénélope et Hélène dans Le Samouraï d’Occident, il nous donne à voir ce que c’est qu’être une femme européenne. Dans notre époque obscure et décadente, je pense que nous avons besoin de modèles auxquels nous raccrocher et ces évocations de personnages historiques peuvent être une grande source d’inspiration. Ils nous disent comment nos ancêtres ont aimé, ont souffert et ont surmonté les tragédies de l’histoire.

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Le long entretien qu'a accordé Clotilde Venner au philosophe belge Antoine Dresse permet de saisir de manière particulièrement vivante la personnalité de Dominique Venner, ce qui donne au lecteur l'occasion de mieux comprendre la figure de proue fascinante qu'il fut durant toute son existence. Pour toute commande: https://nouvelle-librairie.com/?s=clotilde+venner&asp_active=1&p_asid=6&p_asp_data=1&termset[product_cat][]=-1&aspf[editeur__3]=&aspf[auteur__2]=&filters_initial=1&filters_changed=0&qtranslate_lang=0&woo_currency=EUR&current_page_id=604

samedi, 07 octobre 2023

Réponses de Clotilde Venner au Questionnaire de la Nietzsche Académie

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Réponses de Clotilde Venner au Questionnaire de la Nietzsche Académie

Source: http://nietzscheacademie.over-blog.com/2023/10/clotilde-venner.html

Veuve de l'historien Dominique Venner (figure nietzschéenne par excellence), Clotilde Venner, qui a fait des études de philosophie, est l'auteur avec Antoine Dresse du livre "A la rencontre d'un coeur rebelle. Entretiens sur Dominique Venner" aux éditions La Nouvelle Librairie (cliquer pour commander).

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- Nietzsche Académie : Quelle importance a Nietzsche pour vous ?

- Clotilde Venner : Bien que j’aie fait des études de philosophie, je ne pense pas l’avoir compris avant l’âge de 40 ans. Il m’a fallu une certaine maturité pour le comprendre de l’intérieur. Ce que j'apprécie chez Nietzsche, c'est sa lecture du monde grec qu'il a magnifiquement renouvelé et rééquilibré. En effet, on avait vu chez les Grecs, tout au long du Moyen Âge et à l'âge classique essentiellement le logos, le raisonnement rationnel alors que les Grecs sous l'influence des présocratiques et des tragiques mettaient à égalité le raisonnement intellectuel et l'énergie vitale. Nietzsche nous fait aimer et comprendre les Grecs. L'autre aspect de sa pensée que j'apprécie, c'est l'importance qu'il accorde au corps, pas au sens hédoniste et narcissique actuel, mais dans le sens où l'on ne peut dissocier le corps de l'âme.

R160212248.jpgQuand on se soucie de son âme, ce n'est en rien une activité superficielle et vaine : " Comment faut-il que tu te nourrisses, toi, pour atteindre ton maximum de force, de virtu, dans le sens que la Renaissance donne à ce mot, de vertu libre de moraline ? " Ecce Homo. Pour moi, il est le penseur de l'énergie vitale, c'est ce que j'aime le plus chez lui. Il écrit également dans La Généalogie de la Morale : " nos idées ne s'enracinent pas dans notre raison, mais en nous, dans notre corps, dans notre chair, dans notre être le plus profond. "

 

- Nietzsche Académie : Être nietzschéen qu'est-ce que cela veut dire ?

- Clotilde Venner : C’est vouloir constamment se dépasser, s’élever, ne pas se contenter d’être ce que l’on est ou d’être ce que les autres voudraient qu’on soit. C’est être animée par une tension intérieure qui nous pousse à créer. La triade homérienne de Dominique [Venner] traduit magnifiquement cet élan spirituel qui nous vient des Grecs : la nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon.

9782080278043.jpg- Nietzsche Académie : Quel livre de Nietzsche recommanderiez-vous ?

- Clotilde Venner : Mes deux livres préférés sont La naissance de la tragédie et Le Crépuscule des Idoles.

- Nietzsche Académie : Le nietzschéisme est-il de droite ou de gauche ?

- Clotilde Venner : Ni l’un ni l’autre. Car l’éthique aristocratique de Nietzsche est très loin des idées de la gauche qu’elle soit de tendance socialiste ou marxiste. Et aussi de la droite surtout si elle est libérale.

- Nietzsche Académie : Quels auteurs sont à vos yeux nietzschéens ?

- Clotilde Venner : Je pense à trois auteurs que j'aime beaucoup.

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Le premier est le Dr Alexis Carrel qui reçut le prix Nobel de médecine en 1912. Ses réflexions dans L'homme cet inconnu sur le corps, la santé, sur ce qui provoque la décadence physique et mentale d'un peuple rejoint la pensée de Nietzsche.

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Le second c'est René Quinton (également un biologiste), l'auteur de Maximes sur la Guerre, écrites pendant la guerre de 14-18, c'est une sorte de Jünger français mais en beaucoup plus musclée. Sa pensée est par certains côtés très nietzschéenne mais aussi darwinienne.

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Le troisième auteur est Mircea Eliade, l'historien des religions, qui fut l'ami de Ionesco et Cioran. Pendant sa jeunesse, il écrivit un roman très autobiographique Gaudeamus, qui relate le combat intérieur d'un jeune  intellectuel qui souhaite vivre selon des principes nietzschéens.

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J'aimerais évoquer également le roman de Muriel Barbery, L'élégance du Hérisson qui est pour moi un roman à bien des égards nietzschéen. Le personnage principal est une adolescente qui éprouve une profonde révolte contre la médiocrité de son milieu social. Je dirais que c'est elle le personnage le plus nietzschéen de l'histoire. Il est rare de trouver des personnages de femmes nietzschéennes dans la littérature mais c'est encore plus rare que ce soit des adolescentes.

- Nietzsche Académie  : Pourriez-vous donner une définition du Surhomme ?

- Clotilde Venner : Si je devais donner une définition personnelle je dirais que le surhomme, c'est avant tout un créateur, un bâtisseur, un inventeur, quelqu'un qui s'élève au-dessus de la commune humanité. Tous les grands artistes de la Renaissance appartiennent d'une certaine manière à cette catégorie. Je pense à Léonard de Vinci, Michel Ange.

- Nietzsche Académie : Votre citation favorite de Nietzsche ?

- Clotilde Venner : " La beauté n’est pas un accident - La beauté d’une race, d’une famille, sa grâce, sa perfection dans tous les gestes est acquise péniblement : elle est comme le génie, le résultat final du travail accumulé des générations. Il faut avoir fait de grands sacrifices au bon goût, il faut à cause de lui avoir fait et abandonné bien des choses (…) Règle supérieure : on ne doit pas « se laisser aller » même devant soi-même (…) Tout ce qui est bon est héritage, ce qui n’est pas hérité est imparfait, n’est qu’un commencement. " Le Crépuscule des Idoles 47 §