Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 29 septembre 2015

Comprendre l'Islam, entretien avec Guillaume Faye pour son nouveau livre

Comprendre l'Islam, entretien avec Guillaume Faye pour son nouveau livre

http://editionstatamis.com/2015/09/18...

05:41 L'islamisme véritable nature de l'Islam ?
08:40 Possibilité d'islamisation massive de la France et de l'Europe dans l'avenir ?
10:50 l'invasion des Francs et Wisigoths est-elle comparable à celle des musulmans ?
14:54 L'idéologie égalitariste est-elle responsable ?
19:16 Quelle est l'origine de DAESH et peuvent t-ils avoir des combattants sur le sol français dans l'avenir ?

jeudi, 26 septembre 2013

Monothéisme et laïcité : un débat capital

liberté-laicité-560.jpg

Monothéisme et laïcité : un débat capital

Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

Le philosophe Luc Ferry a publié dans Le Figaro (22/08/2013) une chronique intitulée « De la place des religions » dans laquelle il développe l’opinion selon laquelle la laïcité (avec pour corollaire l’autonomie des lois par rapport à la sphère théologique) serait une idée essentiellement d’origine chrétienne, qui échapperait aux autres religions.  Son analyse, très brillante, souffre néanmoins de lacunes.  Mais tout d’abord, il faut résumer la forte thèse de Luc Ferry.

Pour lui, Jésus, rabbi se libérant du judaïsme traditionnel formaliste, met l’accent sur l’esprit plus que sur la lettre, sur la conscience plus que sur le rite. La sincérité, la loi du cœur (le ”forum intérieur”) fondent la vraie morale et la rectitude de conscience. « À la différence des autres grands monothéismes, le christianisme ne juridifie jamais la vie quotidienne » Pas d’obligations rituelles pour Jésus, concernant la vie quotidienne, sociale ou politique. L’impureté, le mal, proviennent d’abord de « ce qui sort de l’homme » ( Évangile de Marc, ”juger l’arbre à ses fruits”), d’une conscience pervertie et non point de l’inobservance de règles. Le Christ n’impose pas l’observance de règles extérieures formelles, se montre très tolérant, et sépare le politique de l’ordre religieux et théologique (”rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu”). L‘intériorité, la « pureté du cœur » prévaut donc sur l’extériorité des obligations alimentaires, sexuelles, juridiques, etc.

Suivant en cela Châteaubriand, dans Le Génie du Christianisme, Luc Ferry admet implicitement que ce génie provient de ce que l’esprit chrétien laisse l’homme libre d’interpréter son comportement personnel ou politique en fonction de sa propre conscience éclairée par les principes moraux surplombants du Christ. À la différence des autres monothéismes, répressifs qui enferment l’esprit humain dans des grilles comportementales et intellectuelles. Pour Ferry, c’est cette place unique accordée à l’intériorité qui a permis la laïcité en Europe en rendant autonomes de la religion la sphère publique et politique. Mais il va plus loin, pensant que « la création des Parlements dans le sillage de la révolution française » est une « invention proprement inouïe dans l’histoire du monde de ces lieux où les représentants des peuples démocratiques fabriquent la loi sans référence à Dieu ». La loi n’est plus le dérivé de la théologie (textes sacrés, le ”Livre”, etc.) mais de la libre volonté délibérative humaine et de l’intérêt public. La laïcité comme la démocratie parlementaire seraient donc issues du christianisme.

Mais, à l’instar de la philosophe Hannah Arendt qui faisait naître le ”totalitarisme” au XXe siècle avec le communisme, le fascisme et le nazisme, de Thorstein Veblen et Baudrillard qui pensaient le consumérisme comme une spécificité moderne, de Heidegger qui envisageait la mentalité technicienne d’ « arraisonnement du monde » comme nouveauté radicale issue de la révolution industrielle, la thèse de Luc Ferry se souffrirait-elle pas de lacunes historiques ? De recours à l’”essentialisme”, c’est-à-dire à l’idée pure, d’origine platonicienne, déconnectée du réel notamment historique ?

En effet, on peut faire les remarques suivantes sans aucune hostilité envers le christianisme : 1) un des plus anciens parlements démocratiques attestés fut islandais à une époque pré-chrétienne. Sans parler des assemblées parlementaires de plusieurs Cités grecques antiques. Et sans oublier qu’Aristote ne fonde absolument pas l’organisation et la philosophie politiques sur l’obéissance à une quelconque religion.  2) Dans le monde antique gréco-romain, où régnait le paganisme polythéiste, les lois n’étaient pas décrétées par les dieux car la religion était une superstition et non point une morale. Le divin, dans le paganisme polythéiste, est intrinsèquement séparé, non pas du politique au sens des cérémonies rituelles souveraines, mais du législatif, domaine des hommes. Les Immortels, contrairement au Dieu des monothéismes, s’intéressent assez peu aux histoires humaines et à la morale de leurs législations…Ils préfèrent prendre parti dans les guerres (cf. l’Iliade)  3) Il faut attendre très longtemps, après la christianisation de l’Europe du IVe au IXe siècle, jusqu’à la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, pour que la sphère politique et juridique s’affranchisse de la religion.        

C’est pourquoi la spécificité européenne de la laïcité et de la démocratie, et de la liberté de conscience, ne me semblent pas issues de l’essence du christianisme mais d’un resurgissement inconscient d’un fond païen (1). Un fond païen qui a  toujours, chez les élites de l’Antiquité, privilégié l’athéisme de fait. C’est à dire le respect des dieux et des rites sacrés, tout en ménageant les superstitions du peuple, mais sans croire aux Immortels, pures inventions humaines. Relisez Aristote, pour qui Dieu était une sorte de mécanisme inconscient, loin de toute prescription morale. De même, les stoïciens ne fondaient pas leur éthique sur les dieux mais sur la réflexion humaine, ce logos rationnel très différent des vérités révélées des monothéismes. C’est là où le raisonnement de Luc Ferry trouve peut-être une limite.     

Les vérités révélées et les dogmes prescriptifs des monothéismes ont toujours été des désastres pour la pensée, pour la science, pour la liberté politique. Mais, à mon avis – qui est idéologiquement très incorrect – si les Européens se sont affranchis de cela, c’est peut-être pour des raisons intrinsèques, ethniques. Car les idées (idéologies ou religions) et les cultures n’expliquent pas tout. Les superstructures idéologiques, culturelles et religieuses reposent sur des infrastructures anthropologiques qui les produisent. Les notions de liberté individuelle, de laïcité, de démocratie parlementaire ne proviennent pas du christianisme  en tant que tel mais de la mentalité atavique des Européens portée à l’autonomie du jugement. 

Aussi, s’il est vrai que l’enseignement de Jésus, comme l’analyse Luc Ferry, comporte philosophiquement l’idée de laïcité, cette dernière est apparue difficilement et contre la volonté de l’Église (2). Ce n’est qu’ a posteriori qu’on peut trouver dans l’enseignement du Christ les éléments théologiques de la laïcité Mais cet enseignement n’est pas a priori la cause de la laïcité.  Celle-ci a résidé dans la déchristianisation des élites des XVIIIe et XIXe siècles, adeptes de la libre-pensée, du théisme intellectuel ou de l’athéisme. C’est là où Luc Ferry commet une erreur de raisonnement.

Notes:

(1) Les références aux modèles politiques antiques par opposition au modèle médiéval chrétien sont légions dans tous les courants révolutionnairse des XVIIIe et XIXe siècles. 

(2) Sans parler du cujus regio cujus religio, l’Eglise dans les royaumes catholiques n’envisageait pas, jusqu’au XIXe siècle, où elle fut contrainte et forcée, d’autre religion que le catholicisme. Cela vient de loin : de la lutte contre les hérésies dès l’Empire romain chrétien où le catholicisme était la religion officielle et où la sphère politique y était entièrement soumise.

mercredi, 25 septembre 2013

On the Essence of War

phalanx.jpg

On the Essence of War

By Guillaume Faye 

Translated by Greg Johnson

Ex: http://www.counter-currents.com/

We have read all the commentaries, pro and con, on punitive strikes against the Assad regime in Syria. (As of this writing, nothing has happened yet.) The pacifists who have become warmongers (the French Greens), the anti-Atlanticists who have aligned with Washington (the French Socialist Party), the Atlanticists who eschew the label (the British Parliament), and other strange cross-positions present us with an opportunity to reflect: What is war? War, that is to say the use of armed force between sovereign political units—as distinct from private violence[1]—has always been poorly understood, even in the minds of its protagonists. For example, the recent book on the outbreak of the First World War (1914–1918), an absolute disaster for Europe (Europe’s Last Summer: What Caused the First World War? by historian David Fromkin, a professor at Boston University), shows that this race into the abyss was produced not by any rational political calculation, and contrary to the interests of the belligerents, by a kind of agitated autonomous mechanism, which we can call “warmongering.” A mechanism that some will call tautological, irrational, “crazy.” No actor really wanted to “attack the other,” but more or less all wanted to fight to varying degrees, without any clear shared goals of the confrontation. Fromkin shows that long before the tragic sequence of events of Europe’s last happy summer, disparate forces wanted war for various reasons. And this is true of all future belligerents. Let us dive into history. The best historians of the Roman Empire[2] note that its wars of conquest in the pre-Imperial period obeyed neither a desire for economic hegemony (which already existed), nor a defensive engagement against the pacified Barbarians, nor a politico-cultural Roman imperialism (which too was imposed by soft power, without legions). The historian of Gaul, Jean-Louis Brunaux notes that Caesar himself, in his famous Commentaries, never logically explained the reasons for his engagement, particularly against the Belgians, northern Gauls (Celto-Germanics) who in no way threatened Rome, which required lethal operations condemned by the Senate for their strategic uselessness.[3] Nor could Augustus three generations later justify the loss of Varus’ three legions recklessly sent into Germany against the “traitor” Hermann (Arminius).[4]

History offers countless similar examples: wars or military operations that do not follow a rational logic, and whose goals could have been achieved by fundamentally easier means. The Marxist School (war = economic imperialism) or geopolitical school (war = securing control of space) or nationalist school (war = defending the national stock) are not wrong but do not answer the question: Why war? Because, according to Aristotelian reasoning, “Why pursue a goal the hard way when we could take an easier way?” Talleyrand thought, in this regard, that France could have easily dominated Europe through diplomacy, economic and cultural influence, and demography without—and much more securely than by—the bloody Napoleonic Wars, which propelled England and Germany to the top. As a rule, intra-European wars have not benefitted any of the protagonists but have weakened the whole continent. What, then, is war? The answer to this question is found not in political science but in human ethology. Robert Ardrey, Konrad Lorenz, and many others saw that the branch of primates called Homo sapiens was the most aggressive species, including in intraspecific matters. Violence in all its forms, is at the center of genetic impulses of the human species. It is impossible to escape. “Anti-violence” religions and moralities only confirm this disposition by opposition. War would be, in the words of Martin Heidegger about technology, “a process without a subject.” That is to say, a behavior that (a) escapes rational and volitional causality in the sense of Aristotle and Descartes, and (b) ignores factual consequences.

The essence of war is, therefore, not found on the level of logical thinking (e.g., should we invest or not in a particular energy source?) but on the level of the illogical, on the frontiers of the paleocortex and neocortex. The essence of war is endogenous; it contains its own justification within itself. I make war because it is war, and one must make war. We must show our strength. When the Americans—and, on a lower level, the French—engage in military expeditions, it is less a matter of calculation (the same would be achieved at lower cost and, worse, the result contradicts the objective) than of a drive. A need—not animal, but very human!—to use force, to prove to yourself that you exist. Vilfredo Pareto has quite correctly seen two levels in human behavior: actions and their justifications, with a disconnect between the two. Thus the essence of war lies in itself. This is not the case of other human activities such as agriculture, industry, animal husbandry, botany, computer science, technology research, architecture, art, medicine and surgery, astronomy, etc., which, to use Aristotelian categories, “have their causes and goals outside of their own essence.”[5] And what most resembles war as a self-sufficient human activity? It is religion, of course.

War, like religion, with which it is often associated (in that religion is theological or ideological), produces its own ambiance self-sufficiently. It emanates from a gratuity. It enhances and stimulates as it destroys. It is a joint factor of creation and devastation. It came out of the human need to have enemies at any cost, even without objective reason. This is why religions and ideologies of peace and harmony have never managed to impose their views and have, themselves, been the source of wars. It is that ideas expressed by man do not necessarily correspond to his nature, and it is the latter that is essential in the end.[6] Human nature is not correlated with human culture and ideas: it is the dominant infrastructure. Should we all embrace pacifism? History, of course, is not just war, but war is the fuel of history. War inspires artists, filmmakers, and novelists. Without it, that would historians talk about? Even proponents of the “end of history” show themselves to be warmongers. We deplore it, but we adore it. Feminist scholars have written that if societies were not chauvinistic and dominated by bellicose males, there would be no war but only negotiations. Genetic error: in higher vertebrates, females are as warlike as the males, even more so.

The paradox of war is that it may have an aspect of “creative destruction” (to use the famous category of Schumpeter), especially in economic matters. In addition, in techno-economic history from the earliest times to the present day, military technology has always been a major cause of civilian innovations. In fact, conflict and the presence of an enemy creates a state of happiness and desire in the private sphere (because it gives meaning to life), just as in the public sphere, war initiates a collective happiness, a mobilization, a rupture with the daily grind, a fascinating event. For better or for worse. So what to do? We cannot abolish the act of war. It is in our genome as a libidinal drive. War is part of the pleasure principle. It is tasty, attractive, cruel, dangerous, and creative. We must simply try to regulate it, direct it, somehow dominate it rather than do away with it.

The worst thing is either to refuse or to seek war at all costs. Those facing Islamic jihad who refuse to fight back will be wiped out. Like those who deceive themselves about the enemy—for example, proponents of strikes against the Syrian regime. Everything fits in the Aristotelian mesotes, the “mean”: courage lies between between cowardice and rashness, between fear and recklessness. That is why any nation that disarms and renounces military power is just as foolish as those who abuse it. War, like all pleasures, must be disciplined.

Notes

[1] Civil war is of the same nature: factional struggle to acquire a monopoly on the sovereignty of a political unit.
[2] See especially Lucien Jerphagnon, Histoire de la Rome antique, les armes et les mots (Tallandier).
[3] Jean-Louis Brunaux, Alésia, la fin de l’ancienne Gaule (Gallimard).
[4]  Cf. Luc Mary, Rends-moi mes légions ! Le plus grand désastre de l’armée romaine (Larousse).
[5] In this sense the term “economic war” to describe competition is quite ill-considered. Not only because nobody dies, but because economic competitors are doing everything to avoid confrontation or restrictions (cartels, trusts, oligopolies, takeover bids, etc.), and because the goal of competition is not in itself but outside it: to maximize business performance. However, sport is closer to war.
[6] For example, theories of gender, feminist-inspired, are at odds with majority behavior. Source: http://www.gfaye.com [2]

 


 

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

 

URL to article: http://www.counter-currents.com/2013/09/on-the-essence-of-war/

 

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/09/greekhelmet.jpg

[2] http://www.gfaye.com: http://www.gfaye.com