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mardi, 05 février 2019

L'histoire du fascisme selon Frédéric Le Moal

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L'histoire du fascisme selon Frédéric Le Moal

par Franck ABED

Frédéric Le Moal est docteur en histoire, Paris IV-Sorbonne, et professeur au lycée militaire de Saint-Cyr. Il enseigne également à l’Institut Albert le Grand. Il a déjà publié chez Perrin, Victor-Emmanuel III. Un roi face à Mussolini, Le Vatican face aux dictatures 1917-1989. Avec son dernier ouvrage, intitulé Histoire du fascisme, l’auteur porte un regard pertinent et lucide sur cette idéologie qualifiée, à raison, de « totalitaire ». Concrètement, il étudie sa genèse, son évolution, sa doctrine, sa principale figure de proue à savoir Benito Mussolini, son fonctionnement et sa fin…

lemoal.jpgD’emblée, l’auteur veut répondre à cette question : qu’est-ce que le fascisme ? En effet, avant toute tentative d’explication, il convient de toujours définir correctement son sujet d’étude. Voici ce que nous pouvons lire dès les premières lignes : « Cette question a hanté les contemporains et continue d’alimenter les interrogations comme les recherches des historiens. Depuis son apparition en 1919, le fascisme entretient un impénétrable mystère sur sa véritable nature. »

Pourquoi existe-t-il une apparente difficulté à le décrypter ? Le Moal pose le constat suivant : « L’historiographie marxiste et ses héritiers ont imposé pendant des décennies, sur ce problème comme sur bien d’autres, leur grille d’interprétation. Ils réduisaient le fascisme à l’expression d’une résistance des classes possédantes utilisant au début des années 1920 une bande de voyous armés de gourdins pour préserver leur pouvoir et dominer les prolétaires. »

L’auteur précise que « plusieurs historiens au premier rang desquels se trouve l’Italien Renzo De Felice – aujourd’hui célébré mais couvert d’injures dans les années 1960, faut-il le rappeler – ont remis en cause cette vision partisane et biaisée ».

Après avoir dénoncé l’imposture de l’examen marxiste à l’endroit du fascisme, l’auteur poursuit son propos en répondant clairement à cette fameuse interrogation : qu’est-ce que le fascisme ? Voici ce qu’il écrit : « La meilleure manière de répondre à cette question serait d’abord de dire ce que ne fut pas le fascisme : une idéologie conservatrice et encore moins réactionnaire, un héritier de la contre-révolution et de son immobilisme. »

Il continue de cette manière : « Bien au contraire, le fascisme fut une révolution sociale, politique, culturelle et surtout anthropologique. C’est en partant de cette affirmation que s’articule la thèse de ce livre, ce qui nous conduira à établir un lien avec le socialisme, la Révolution française et même par certains côtés avec la philosophie des Lumières, hérédité que De Felice décela très tôt. »

Cette définition nous l’estimons limpide et juste. De surcroît, elle confirme ce que nous avons toujours pensé : le fascisme est une idéologie moderniste bien éloignée de la pensée classique.

Rien d’étonnant donc à classer le fascisme à l’opposé du traditionalisme politique que nous défendons, car « si le fascisme incarnait un refus, ce ne fut certes pas celui de la modernité, comme maints historiens l’ont affirmé et continuent de le faire, mais d’une modernité, celle se rattachant au rationalisme, au libéralisme et à la démocratie. Il se présenta comme l’expression d’une modernité alternative, selon l’heureuse expression de l’historien Emilio Gentile ».

Le fascisme ne peut être perçu comme une pensée respectueuse du passé et des traditions. Effectivement, Le Moal le dit de manière explicite : « Oublier que le fascisme constitua une manifestation du rejet des traditions, si caractéristique du XXe siècle, revient à passer à côté de l’essence de ce phénomène politique majeur ». Cela ne nous a jamais échappé.

Le Moal énonce à l’endroit du fascisme une vérité bien souvent occultée. Les historiens et politologues officiels, comprendre institutionnels, ont très souvent tendance à le classer à droite : quel énorme mensonge. L’auteur stipule que « le fascisme appartient à l’univers politique et culturel de la gauche révolutionnaire, par son culte du progrès, sa tentation démiurgique, son aspiration à transformer l’homme, par son anticléricalisme, par son républicanisme, par sa volonté de dépasser le capitalisme et de soumettre l’économie à la politique, par ses combats culturels au service d’un remodelage de l’individu ».

Il déclare également que « l’antibolchevisme ne doit pas faire illusion et le rejeter dans la droite étroitement réactionnaire ». Il ne viendrait pas à l’idée d’une personne raisonnable de classer Staline ou même Trotsky à droite, car les staliniens ont combattu les trotskistes et inversement…

La première difficulté pour saisir clairement le fascisme : s’écarter des analyses tronquées produites par les marxistes. La deuxième demeure de combattre la vision historique officielle qui range le fascisme à droite, alors qu’il s’agit d’un mouvement politique dont les fondamentaux sont intrinsèquement à et de gauche. Le troisième obstacle à surmonter est le suivant : « On reconnaîtra toutefois que l’absence d’un corps idéologique clair brouilla et continue de brouiller les cartes, faisant du fascisme un kaléidoscope où plusieurs courants doctrinaux, parfois antagonistes, cohabitaient tant bien que mal. Ajoutons pour être complet que l’histoire du régime ne demeura ni monolithique ni linéaire mais connut au contraire une sorte de crescendo caractéristique de tous les totalitarismes. »

Le Moal contourne avec brio cette complication, en étant à la fois éloigné des partis pris idéologiques de certains mais proche de la réalité historique par l’étude minutieuse des sources.

Le fascisme a souvent été considéré comme quelque chose de non sérieux, notamment sur le plan intellectuel. Le Moal remarque que « malgré sa dureté, le fascisme suscita de nombreux ricanements, y compris à l’époque de sa gloire. Mussolini n’était-il pas présenté comme un César de Carnaval ? »

Le péché originel, sur le plan doctrinal, du fascisme tient au fait « que l’idée de l’unité nationale y fut introduite par la Révolution française et par Napoléon Bonaparte. Dès l’origine, l’identité italienne était indissociable des idées révolutionnaires ». Par essence et par leurs actions, les révolutions de 1789 et de 1793 en France représentent l’expression même du modernisme idéologique. Il n’étonnera personne que les sociétés secrètes en Italie, Charbonnerie et Franc-maçonnerie, aient joyeusement participé au « combat révolutionnaire et patriote ».

mussojeune.jpgComme chacun sait, Mussolini fut un fervent socialiste et surtout un haut cadre du Parti socialiste italien. Ce qu’on sait moins : « Mussolini fut fasciné par Nietzsche et Sorel, ardents zélateurs d’un pétrissage de l’âme humaine, mais aussi par les théories de Darwin. Dans sa jeunesse, Mussolini était un lecteur attentif de l’œuvre du savant anglais, et comme bon nombre de marxistes, il intégrait la lutte des classes dans le combat général pour l’existence au sein des espèces et la marche du progrès. Le darwinisme social faisait ainsi le lien entre la philosophie des Lumières qui coupa l’homme de sa création divine et les théories racistes auxquelles le fascisme n’échappera pas. »

Avant la Grande Guerre, Le Moal dit clairement que « Mussolini demeurait un militant socialiste internationaliste et très antimilitariste ». Il affirmait alors : « Le drapeau national est pour nous un chiffon à planter dans le fumier. Il n’existe que deux patries au monde : celle des exploités et de l’autre des exploiteurs. »

Encore une fois, l’influence du marxisme dans le domaine des idées se montre désastreuse. Après 1918, Mussolini abandonne rapidement son pacifisme mais son idéologie de gauche ne le quittera jamais, même au plus fort de la tempête, comme le prouve parfaitement l’auteur. Alors que tout s’écroule autour de lui après les premiers grands déboires de l’Axe, il trouve le temps de fonder l’éphémère République sociale italienne pour « renouer avec l’idéal fasciste des premières années ». Toute sa vie, Mussolini fut républicain et socialiste.

Mussolini, représentant majeur du fascisme, ne peut donc être considéré comme un homme de droite. Bien au contraire, il se place littéralement dans le camp révolutionnaire : « Moi je vous dis que le devoir du socialisme est d’ébranler cette Italie des prêtres, des triplicistes et des monarchistes. » Mussolini avait même été plus loin contre la religion ancestrale : « Nous sommes résolument antichrétiens et nous considérons le christianisme comme un stigmate immortel de l’opprobre de l’humanité. »

Ce n’est pas pour rien que le Pape Pie XI dans son encyclique, écrite en italien et non en latin Non abbiamo bisogno (« Nous n’avons pas besoin ») datée du 5 juillet 1931, « dénonçait les prétentions monopolistiques de l’État sur l’éducation des jeunes, mais il allait plus loin en s’attaquant à l’idéologie du fascisme qu’il présentait comme une statolâtrie païenne ».

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Les liens intellectuels et doctrinaux du fascisme avec la Révolution – dite française – ne souffrent d’aucune ambiguïté. À l’image des grands ancêtres, les fascistes aussi changèrent le calendrier. Le Moal expose l’idée suivante : « La mise en place du calendrier fasciste marquait la filiation directe avec la Révolution française et l’œuvre de Fabre d’Eglantine. Elle illustrait leur commune volonté de rompre avec le temps et d’inscrire l’homme dans un environnement complètement nouveau, en dehors des racines chrétiennes du pays. Dès 1925, Mussolini rajoute sur le calendrier la date suivante : 1er an de l’ère fasciste. » Du passé faisons table rase…

Cependant « le fascisme ne peut se résumer à du mussolinisme », mais les deux courants, pour les raisons expliquées plus haut, appartiennent au même camp : celui de la gauche. Une fois arrivé au pouvoir en 1924, il est intéressant de lire que le fascisme « croisa le fer contre la mafia sicilienne. Le régime s’engagea contre la franc-maçonnerie. Cela pouvait paraître curieux quand on connaît le soutien qu’apporta la Grande Loge d’Italie à Mussolini lors de la marche sur Rome ».

Les historiens parlent souvent d’un totalitarisme inachevé en Italie. L’explication est connue mais souvent passée sous silence. Le Moal la donne : « Mussolini, en acceptant du roi la charge de président du Conseil, s’était lui-même placé dans les mailles de la monarchie dont il ne se libéra jamais complètement. L’institution, aussi faible fût-elle, préserva l’État de la fascisation totale et au bout du compte gagna le bras de fer. »

Le Moal nous délivre des analyses pointues et lucides, sans jamais céder aux appréciations malveillantes dénuées de fondements historiques. Les sources se montrent nombreuses, variées et permettent de bien comprendre la nature réelle du fascisme. Fin pédagogue et servi par une belle plume, il explique bien que la violence fasciste exprimée contre cette société tant décriée ne fut pas accomplie au nom du passé, des traditions et de la recherche d’un âge d’or perdu, mais qu’elle reposait sur la volonté finale de construire une société et un homme nouveaux. Chimère qui remonte hélas à l’aube de l’humanité…

De la prise de pouvoir de Mussolini à la farouche radicalisation de la République de Salò, en passant par l’étude de la politique fasciste avec ses réussites et ses échecs, l’auteur dresse un portrait complet de cette idéologie moderniste et révolutionnaire qui échoua. Comme Le Moal l’annonce : « Écrire l’histoire du fascisme, c’est finalement faire le récit d’une révolution avortée. »

Franck Abed

• Frédéric Le Moal, Histoire du fascisme, Perrin, 2018, 432 p., 23 €.

• D’abord mis en ligne sur Euro-Libertés, le 31 décembre 2018.

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vendredi, 31 octobre 2014

«Il mio amico Pound ha ragione»

«Il mio amico Pound ha ragione»


di Adriano Scianca 
Ex: http://augustomovimento.blogspot.com
 
«“Ma qvesto”,
disse il Duce, “è divertente”
afferrando il punto prima degli esteti».
 
L’incipit del canto 41 in cui Ezra Pound rievoca il suo incontro con Benito Mussolini (the Boss, nella versione originale) avvenuto esattamente 80 anni fa costituisce da sempre un vero rompicapo per gli storici e i letterati. Se la “v” in “qvesto” sembra alludere in parte alla romanità e in parte al marcato accento romagnolo di Mussolini (un particolare, quest’ultimo, che viene sottolineato proprio per segnare ulteriormente la natura popolare e popolana del capo del fascismo e la conseguente distanza tra lui e “gli esteti”), il giudizio si riferisce, come noto, alla lettura, da parte del Duce, dei primi 30 Cantos. Ma facciamo un passo indietro.
 
Informazioni di prima mano su Mussolini, al di là di ciò che il poeta leggeva nei giornali e vedeva per le strade, Pound le aveva avute da Olga Rudge, che già nel 1923 aveva suonato il violino per il leader fascista, riportandone un’opinione lusinghiera: il Capo di Stato appariva alla musicista americana come un uomo politico illuminato, amante dell’arte, che sapeva a sua volta suonare il violino e sembrava molto competente della materia per essere un profano. Tali racconti dovevano aver fatto grande presa su Pound, che da sempre auspicava una politica più attenta al mondo dell’arte e della cultura. Nei primi anni Trenta il poeta, come detto in precedenza, cominciò a muoversi per cercare di incontrare Mussolini. Anni dopo cercherà di fare altrettanto con Roosvelt, senza riuscirci. Con Mussolini dovette insistere un bel po’, ma alla fine lo incontrò (ulteriore conferma, ai suoi occhi, della superiorità dell’Italia fascista sull’America democratica), precisamente il 30 gennaio 1933, alle 17.30.
 
Il poeta portò a Mussolini una copia dei canti 1-30. Il Duce li sfogliò, lesse per un po’, poi esclamò: «È divertente». Il commento appare a prima vista naif, superficiale, quasi irridente. Tale, almeno, è sembrato negli anni ai soloni della cultura. Non così all’autore dei Cantos, che proprio a questo episodio dedicherà l’incipit del canto 41 che abbiamo già visto precedentemente. Come spiegare l’entusiasmo di Pound? I più propendono per l’accecamento puro e semplice del poeta di fronte al suo eroe, ma forse che le cose stanno diversamente. Secondo Tim Redman, infatti, Mussolini era rimasto colpito da un passaggio in cui un personaggio dei Cantos parla in dialetto e aveva chiesto di cosa si trattasse. Dopo la spiegazione, il Duce si mise a ridere e disse che la cosa era divertente. Pound rimase folgorato e il perché ce lo ha spiegato di recente la figlia Mary: «Solo pochi giorni prima Joyce si era lamentato con mio padre perché nessuno gli aveva detto che l’Ulysses era divertente. Bisogna conoscere i retroscena». Antonio Pantano, invece, ha ricondotto il divertimento di Mussolini alla comprensione del metodo poundiano per eliminare le imposte, tassando direttamente il denaro con il ben noto meccanismo della moneta prescrittibile. Eliminare le tasse: quale governante non riterrebbe questo “divertente”?
 
Nello stesso incontro, comunque, pare che Mussolini e Pound abbiano discusso di cultura cinese e del concetto confuciano del “mettere ordine nelle parole” per mettere ordine nelle idee. Al che Mussolini, evidentemente molto ben ispirato, quel giorno, chiese al poeta perché mai volesse mettere ordine nelle sue idee, confermando a Pound l’impressione di stare parlando con un uomo geniale. Idea che molti commentatori hanno giudicato ingenua, anche se uno studioso non certo fascisteggiante come Hugh Kenner ha potuto scrivere: «Nel 1933 sembrava possibile credere che Benito Mussolini comprendesse queste nozioni. Forse, in un certo senso, era così». Anche il fatto che Pound lo chiamasse “the Boss” (ma altre volte utilizzava nomignoli come “Mus” o “Ben” oppure, curiosamente, lo appellava “il toro”) non va trascurata: Pound, evidentemente, riconosceva nel capo del fascismo anche il proprio capo.
 
La convocazione dell’udienza venne appesa nello studio di Pound, mentre sulla carta da lettere finì la frase mussoliniana «la libertà è un dovere», liberty, a duty. Nel 1945, nei primi interrogatori con il comando militare americano, ricostruirà ancora una volta l’incontro con Mussolini, sbagliando la data ma aggiungendo ulteriori particolari: «Intorno al 1929, ho avuto un’udienza con Benito Mussolini che era a conoscenza del mio libro “Guido Cavalcanti” che gli avevo presentato l’anno prima. Lui pensava di discutere di quello, ma io invece gli ho sottoposto una serie di domande di argomento economico molto incalzanti». Altre richieste di colloquio finirono invece nel vuoto, spesso bloccate sul nascere dalla segreteria del Duce, decisamente poco a suo agio di fronte alla prosa creativa dei testi che il poeta continuava a inviare a Mussolini. Eppure il nome di Pound ricorre più di una volta in un testo centrale per la comprensione del pensiero del capo del fascismo: i Taccuini mussoliniani di Yvon De Begnac. Come noto si tratta della mole sterminata di appunti che il giovane giornalista conservò in occasione dei suoi colloqui con Mussolini avvenuti fra il 1934 e il 1943. Da questi taccuini avrebbe dovuto infine nascere una biografia del Duce che non vide mai la luce per le contingenze storiche, mentre gli appunti vennero in seguito pubblicati così come erano, con lunghi monologhi privi di domande sugli argomenti più disparati. E in tutto questo, come detto, compare più volte il nome di Pound. La citazione più importante recita, fra l’altro:
 
«Il mio amico Ezra Pound ha ragione. La rivoluzione è guerra all’usura. È guerra all’usura pubblica e all’usura privata. Demolisce le tattiche delle battaglie di borsa. Distrugge i parassitismi di base, sui quali i moderati costruiscono le loro fortezze. Insegna a consumare al modo giusto, secondo logica di tempo, quel che è possibile produrre. Reagisce alle altalene del tasso di sconto, che fanno la sventura di chi chiede per investire nell’industria, e aumenta il mondo del risparmio, riducendone il coraggio, contraendone la volontà di ascesa, incrementandone la sfiducia nell’oggi, che è più letale ancora della sfiducia nel domani. Allorché il mio amico Ezra Pound mi donò le sue “considerazioni” sull’usura, mi disse che il potere non è del danaro, o del danaro soltanto, ma dell’usura soltanto, del danaro che produce danaro, che produce soltanto danaro, che non salva nessuno di noi, che lancia noi deboli nel gorgo dalla cui corrente altro danaro verrà espresso, come supremo male del mondo. Aggiunse in quel suo italiano, gaelico e slanghistico, infarcito di arcaismi tratti da Dante e dai cronachisti del trecento, che il potere del danaro e tutti gli uomini di questo potere regnano su un mondo del quale hanno monetizzato il cervello e trasformato la coscienza in lenzuoli di banconote. Il danaro che produce danaro. La formula del mio amico Ezra Pound riassume la spaventosa condizione del nostro tempo. Il danaro non si consuma. Regge al contatto dell’umanità. Nulla cede delle proprie qualità deteriori. Contamina peggiorandoci in ragione della continua salita del suo corso tra i banchi e le grida della borsa nelle cui caverne l’umano viene, inesorabilmente, macinato. Il mio amico Pound ha le qualità del predicatore cui è nota la tempesta dell’anno mille, dell’anno “n volte mille” sempre alle porte della nostra casa di dannati all’autodistruzione. La lava del denaro, infuocata e onnivora, scende dalla montagna che il cielo ha lanciato contro di noi, mi ha detto il mio amico Pound; e nessuno, tra noi, si salverà. Il mio amico Pound ha continuato con voi, come mi avete detto, nella casa romana dello scrittore di cose navali Ubaldo degli Uberti, l’analisi di come il danaro produce soltanto danaro, e non beni che sollevino il nostro spirito dalla palude nella quale il suo potere ci ha immerso. Non è ossessione la sua. Nessun uomo saggio, se ancora ne esistono, ha elementi per dichiarare esito di pericolosa paranoia il suo vedere, tra i blocchi di palazzi di Wall Street e tra le stanze dei banchieri della City, le pareti indistruttibili dell’inferno di oggi. I Kahn, i Morgan, i Morgenthau, i Toeplitz di tutte le terre egli vede alla testa dell’armata dell’oro. Pound piange i morti che quell’esercito fece. E vorrebbe sottrarre a ogni pericolo tutti noi esposti alla furia del potere dell’oro. Con il vostro amico Pound ho parlato di quello che Peguy ha scritto contro il potere dell’oro. Conosce quasi a memoria quelle pagine. Ne recita brani interi, senza dimenticarne alcuna parola. Il suo francese risale agli anni parigini in cui la gente di New York, di Boston, emigrata a Parigi, pensava ancora che l’occidente fosse fra noi. Illusa, quella gente, che scegliendo Parigi, il potere dell’oro sarebbe andato per stracci, almeno per questi migranti della letteratura. È, quel francese di Pound, come un prodotto del passato, come una denuncia del troppo che stiamo dimenticando, tutti noi che corriamo il rischio, o che già lo abbiamo corso, di finire maciullati dal potere dell’oro».