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jeudi, 15 août 2024

Pound au Milieu

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Pound au Milieu

Laurent James

Parmi les écrivains de génie du siècle écoulé, il s’en est trouvé certains qui ont bien vu, et même prophétisé l’importance grandissante de la Chine, et surtout sa prépondérance à venir sur la civilisation européenne en déliquescence complète et irréversible. C’est le nom de Céline qui survient en premier, notamment grâce aux pages de Rigodon évoquant la future absorption des peuples blancs par la vague jaune. « Dans un demi-siècle, peut-être avant, la France sera jaune, noire sur les bords… ». Par ailleurs, ses lignes sur l’arrivée des Chinois à Brest (« Ces gens qui n’ont jamais mangé se rempliront de crêpes ») sont à la fois l’écho de la fameuse transe vocale célinienne à l’ambassade d’Allemagne en février 44, racontée par Benoist-Méchin (« Derrière Staline il y a encore la Chine. Le seul pays du monde qui possède à la fois le nombre et un sang dominant. Il finira par déferler sur nous et nous engloutira tous, comme une poignée de larves blanchies à l’eau de Javel ! »), et le prodrome de La France de Jean Yanne par Dominique de Roux, prodigieux recueil d’aphorismes flamboyants tournant autour du film d’anticipation – car tout le monde sait désormais que c’est comme ça qu’il faut le voir – Les Chinois à Paris.

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« La Chine flotte dans l’air. C’est l’étendard du Vide ».

md31271770050.jpgIl y a aussi le cas très singulier de Raymond Abellio, sans doute le plus grand connaisseur français du Yi King… Alors que Céline pensait que les Chinois n’iraient pas plus loin que Cognac, après s’être imbibés dans les caves, « tout saouls, heureux… […] de ces profondeurs pétillantes que plus rien existe… », Abellio écrivait dans La Fosse de Babel que la future invasion de nos contrées par la Chine aurait un but bien plus énigmatique, relatif à l’essence hautement spirituelle de ses destinées ultérieures, puisque si la Chine Rouge submergeait un jour notre continent, ce serait « pour y chercher Dieu » …

Formidable prophétie, d’une profondeur dialectique inouïe… Toutes proportions élargies à dessein, la France étant une projection affine de l’Europe à la fois sur les plans géographique et historique, je vois dans cette destinée – la fertilisation de Confucius par le Saint-Esprit – un parallèle avec celle des Francs qui vinrent jadis puiser chez nos ancêtres la foi chrétienne trinitaire.

Mais le membre de cette famille d’écrivains qui s’est révélé être le plus définitivement convaincu de l’importance principielle et eschatologique de la Chine, au point d’en maîtriser singulièrement la langue et les signes, c’est bien Ezra Pound.

John Tytell nous apprend dans sa biographie que Pound, installé chez Yeats, dévorait les écrits de Confucius dès l’hiver 1914, se basant notamment sur les travaux de l’orientaliste Ernest Fenollosa – lui-même converti au bouddhisme Tendai au sein du temple Mii-dera, si cher à mes yeux de pèlerin du lac Biwa... Pound commencera d’ailleurs à rédiger ses premiers Cantos l’année suivante. Maître Kung apparaît dès le Canto XIII, professant à ses disciples l’ordre et l’harmonie, et le principe fondamental du juste milieu comme éthique de vie.

And he said

“Anyone can run to excesses,

It is easy to shoot past the mark,

It is hard to stand firm in the middle”

Les Cantos seront par la suite profondément imprégnés de pensée confucéenne, l’un des plus impressionnants restant le Canto Pisan LXXVII (agrémenté de sa vertigineuse Explication).

« Chung

in the middle

whether upright or horizontal »

9782081272422.jpgIl faut bien voir qu’en réalité, c’est la structure même des Cantos qui est idéogrammatique. La distribution des segments de phrases, en langues anglaise, française, grecque, provençale, chinoise, italienne, allemande ou latine, est établie autour d’espaces typographiques aussi vides que le vent, la page elle-même formant dans son ensemble un symbole graphique prodiguant un sens supplémentaire aux mots en tant que tels. On ne le souligne peut-être pas suffisamment: il faut tenir le volume des Cantos à bout de bras jusqu’à ce que la visualisation d’un idéogramme en trois dimensions se forme devant nos yeux, un peu sur le principe dalinien de Gala nue regardant la mer qui à 18 mètres laisse apparaître le président Lincoln. Chaque Canto est un vortex de fécondité, c’est-à-dire – selon les termes mêmes de Pound – une indivisible source à la fois oscillante et absolue, puisant son énergie vitale dans sa maturité convexe ; un poème formellement futuriste, voire khlebnikovien, mais transfiguré par une vision joycienne de l’univers.

Je relis chaque année La Kulture en Abrégé depuis l’âge de mes quinze ans. Je prends toujours un plaisir inouï à revêtir les atours de ce « contradicteur imaginaire » reprochant à Pound de s’en prendre aussi violemment à la pensée grecque, au bénéfice exclusif de la métaphysique chinoise. « Comparés à une œuvre authentique telle que le Ta Hio, les tergiversations et les atermoiements d’Aristote relèvent de la trahison. S’il vivait à notre époque, ce type écrirait de la merde pour les doublures de théâtre ». Un peu plus loin : « Kung est supérieur à Aristote grâce à son intuition totalitaire ». Et puis : « Bon, Arry Stot prêche la doctrine du milieu. Kung, pour sa part, parle du ferme, de l’inamovible milieu. Et sans avoir recours à cet épouvantable salmigondis de chiendent et de termes vagues ».

71rOstzXZpL._AC_UF350,350_QL50_.jpgJe mis du temps à comprendre que la nature du juste milieu prêchée par Arry différait singulièrement de celle prêchée par Kung. La tempérance du Logos apollinien n’est pas comparable avec « l’ontologie des souffles se développant dans la sphère médiane entre le Yang et le Yin », comme l’écrit Alexandre Douguine dans un texte très éclairant sur « la noologie de l’ancienne tradition chinoise » - identifiant le Centre chinois avec la phénoménologie heideggerienne, et allant jusqu’à affirmer que « Le Dasein jaune n’est pas seulement dormant, mais exclut la possibilité même d’un éveil. L’éveil est conçu non comme une alternative au sommeil, mais comme une transition vers un autre rêve ». Voilà qui permet de jeter aux chiottes toute la terminologie bourgeoise et occidentale d’un Alain Peyrefitte…

Car c’est bien parce que la Chine dort qu’elle pilera l’Occident.

La Nouvelle Étude poundienne, sa Paideuma éminemment totalitaire, est entièrement placée sous l’égide de l’idéogramme du mortier. « Ce qui signifie que le savoir doit être broyé, moulu, réduit en poudre fine ». Dans son Anthologie classique définie par Confucius (traduction par Auxeméry en français de la traduction poundienne en américain des 305 poèmes du Shijing, publiée par Pierre-Guillaume de Roux en 2019), Pound utilise le terme de bonifica pour désigner « l’agriculture au cordeau » recommandée par Maître Kung. Or, c’est ainsi que les italiens désignaient en 1928 la mise en œuvre administrative de l’assèchement des Marais Pontins… Car il y a un fait indubitable : « Le Duce et Kung fu tseu ont compris l’un et l’autre que leurs peuples ont besoin de poésie : que l’éducation ne se fait PAS à partir de la prose, qui n’en est que l’enceinte extérieure. […] La poésie est totalitaire, comparée à n’importe quel texte en prose » (La Kulture en Abrégé, 22). Et c’est la raison pour laquelle Mussolini est « un grand homme, ce que démontre amplement la manière dont il influe sur le cours des événements, mais que révèle aussi dans l’intimité sa vivacité d’esprit, la vitesse avec laquelle ses émotions se peignent sur son visage » (id., 15).

Contrairement à Jean Parvulesco qui, à la suite de Guido Gianettini, pressentait dans la Chine non-chinoise – la Chine mongole, ouralo-altaïque, la Chine mandchoue des Qing – une alliée potentielle de la race indo-européenne pour la formation d’un axe grand-continental eurasiatique révolutionnaire Paris-Berlin-Moscou-New Delhi-Tôkyô, Ezra Pound voyait dans l’altérité radicale de la Chine chinoise – la Chine des Han et des profondeurs abyssales du Pacifique, la Chine lémurienne aurait dit Jean Phaure – un exemple à suivre pour vorticiser notre propre civilisation avilie par l’usure, et la replacer dans le règne de la Voie sous le ciel. Et, sur ce point, c’est très probablement Pound qui avait vu juste, en termes de prophétie historique.

Le-Gravier-Des-Vies-Perdues.jpgLa raison de la prescience de Pound est révélée dans le petit ouvrage de Dominique de Roux titré Le Gravier des vies perdues, et dont voici le dernier paragraphe :

« Ezra Pound est le représentant du ciel sur la terre.

Représentant du ciel, tel était dans les traités de poétique chinoise des Tang, cette fonction qui se caractérisait par de la douceur, de la violence et le sens de l’oubli. D’ailleurs, à l’âge des dieux, l’oméga des Cantos rejoint l’alpha du premier vers, retour à la parole originelle qui a maintenu le monde suspendu au-dessus du néant et de son devenir qui jusqu’à la fin veilleront sur les personnes, sur leur histoire ».

Oui, Ezra Pound est bien ce Wang ou Roi-Pontife, cet Homme Universel, terme médian de la Grande Triade envisagé dans sa fonction de médiateur, cet Empereur-Jaune engendreur de Dragons et incarnant la quintessence des rêves.

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dimanche, 06 novembre 2022

Pound, le poète qui n'a jamais vendu son âme

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Pound, le poète qui n'a jamais vendu son âme

Par Pietrangelo Buttafuoco

Source: https://culturaidentita.it/pound-il-poeta-che-non-si-e-mai-venduto-lanima/

"Comme une fourmi solitaire sortie d'une fourmilière fissurée, du naufrage de l'Europe, ego scriptor". Ezra Pound (Hailey, 30 octobre 1885 - Venise, 1er novembre 1972) est mort le jour de la Toussaint. Pour marquer l'occasion nous publions ce texte de Pietrangelo Buttafuoco, publié dans le livre Profeti inascoltati del Novecento édité par Andrea Lombardi et Miriam Pastorino (Italia Storica, Genova, 2022) et à partir duquel CulturaIdentità en mai 2022 a produit le numéro I PROFETI INASCOLTATI, sur les personnalités de la culture et de l'art qui se sont distinguées pour leurs analyses non conventionnelles de l'époque contemporaine (Rédaction).

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* * *

Le plus grand outrage que la démocratie ait commis à l'encontre d'Ezra Pound n'est pas de l'avoir enfermé dans la "cage du gorille". Le fait qu'elle l'ait banni dans le "trou de l'enfer" de St Elizabeth pendant treize ans ne l'est pas non plus en soi. La honte réelle et saignante de l'affaire Pound n'est donc pas la violence du pouvoir, ennemi du beau et du bon, mais la morale. Le péché originel de l'Occident n'est pas la force, mais l'incapacité à lui donner le sceau du sacré, devant ainsi se rabattre sur la plus modeste justification morale.

Ici, ce qui devait être vraiment insupportable pour Pound n'était pas tant le bruit du loquet qui résonnait sourdement derrière lui que le sifflement agaçant du dernier homme qui juge tout et mesure tout à l'aune de sa propre petitesse. Ils n'auraient pu que l'enfermer, Pound. Au lieu de cela, ils l'ont également jugé. Erreur fatale. L'Homère du XXe siècle a été jugé par tous : par ses compatriotes de naissance, les Américains, par ses compatriotes d'élection, les habitants de la république des lettrés. Chacun, en vertu d'une éthique égalitaire (le dernier homme, en fait...), s'est senti obligé de pointer du doigt le poète qui " a fini le cul par terre " - comme le résume brutalement Bukowski - et de donner un coup de pied au vaincu. Chaque coup de pied, un jugement. Et les pires, comme d'habitude, n'étaient pas les ennemis déclarés, ceux qui contre l'auteur des Cantos menaient leur guerre sainte, rancunière et déraisonnable, aveuglés par le dernier des fanatismes, l'antifascisme. Bien pire est la langueur des vermoulus qui ont dû gaspiller leur souffle dans d'innombrables "pensées" sur le compte du voyant de Hailey. Pound, le grand poète, "though". Mais Pound était obsédé par l'économie. Il était cependant peu clair, décidément obscur, peut-être un peu fou. Mais il était naïf, enfantin, visionnaire, cinglé. Mais c'était un amateur, un vaniteux, un excentrique. Un par un, ils ont fait plus de mal au poète que n'importe quelle cage ou torture. Ils ont démantelé pièce par pièce sa dignité d'homme et sa grandeur d'artiste. Ils auraient pu en faire un ennemi (en réduisant tous les "mais" à la seule véritable objection : "...mais c'était un fasciste") et au lieu de cela, ils ont voulu en faire un bien de seconde zone.

imaabepges.jpgEt si les peines finissent par s'épuiser - même celles qui ne sont jamais prononcées : aucun juge n'a jamais imposé les 13 années d'asile que sa patrie lui a infligées - le jugement moral reste toujours là, faisant des dégâts. 

Sauver Ezra Pound : quelle impudence. Si nous n'étions pas complètement ivres de moralité et d'impiété, ce qui est la même chose, nous arriverions à la seule conclusion possible. A savoir, que c'est lui qui nous sauvera. Nous : l'Italie, l'Europe, l'Eurasie. Pourquoi pas, le monde. En effet, la preuve la plus accablante de la vacuité de toutes les autres sectes sotériologiques qui ont vu le jour à l'ombre de Wall Street et ont été repues par les rejetons de la bourgeoisie progressiste est précisément l'ignorance des Cantos.

Vous voulez occuper, contester, pleurnicher si vous êtes alors spirituellement les jumeaux homozygotes des oligarchies combattues en slogans. S'ils avaient plutôt lu Pound, ils sauraient que le contraire du marché n'est pas la démocratie, mais le temple. Le temple est saint parce qu'il n'est pas à vendre. Voici l'hérésie absolue, voici la révolte totale, voici la révolution parfaite, celle qui ne chicanera pas sur les droits mais évoquera les dieux. Il n'y a pas de solution qui ne passe pas par le temple. Parce que la religion est l'instinct de survie de l'homme. La religiosité en est le fondement. De même, il n'y a pas de révolution qui ne passe pas par Pound. Marteler l'instrument d'une démystification jamais innocente, donc. À utiliser surtout contre la reine des mystifications, cette danse macabre qu'est le choc des civilisations, sciemment organisé et orchestré par ceux qui ont intérêt à ce que les guerres continuent.

Dans Cabaret Voltaire, j'ai écrit que la droite n'est rien d'autre que la gauche au sommet de sa phase sénile. Et c'est précisément parce qu'elle n'a pas lu Pound. Elle l'a souvent cité, mais elle ne l'a pas lu. Elle a continué à le citer, puisant dans la seule phrase totémique, la devise existentielle devenue jingle, celle qui parle de l'homme qui doit toujours être prêt à se battre pour ses idées, car sinon, lui ou ses idées ne comptent pas. Sous l'accroche, rien. Et ce fut presque toujours le cas, à l'exception notable de ce Poundien à toute épreuve qu'était Giano Accame. Je n'aime pas, dit le journaliste, une Italie qui se renouvelle par des renégats et une droite qui presse la gauche en se vantant : nous avons renoncé plus que vous. Nous risquons de devenir un peuple de "renégats". Ne pas renier : le premier commandement d'une éthique forte.

Bibliographie essentielle : Les Cantos, Canti pisani, Canti postumi, Lavoro e usura, Dante.

Dessin : Dionisio di Francescantonio, crayon sur papier, 2021.

vendredi, 15 octobre 2021

Pound contre Huntington

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Pound contre Huntington

 Claudio Mutti        

                            Pound est l'inventeur de la poésie chinoise
                            pour notre époque.
                                        T.S. Eliot


Parmi les manuscrits inédits d'Ernest Fenollosa (photo, ci-dessous), qui lui furent donnés par la veuve du sinologue en 1913, Ezra Pound en trouva un, intitulé The Chinese Written Character as a Medium for Poetry (1), qui fut pour lui un véritable coup de tonnerre. "Le siècle dernier, écrivait Pound quelques années plus tard, a redécouvert le Moyen Âge. Il est probable que ce siècle trouvera une nouvelle Grèce en Chine. Entre-temps, nous avons découvert une nouvelle échelle de valeurs" (2).

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Pound ne s'est pas contenté de concevoir une telle attente, mais a entrepris une opération culturelle visant à rendre accessibles, par des solutions originales, les "valeurs" exprimées par la poésie chinoise. Et il semble y être parvenu, si l'on en croit le jugement autorisé de Wai-lim Yip : "même lorsqu'on lui donne les plus petits détails, il parvient à pénétrer l'intention centrale de l'auteur par ce que l'on peut peut-être appeler une sorte de clairvoyance" (3).

Le premier résultat de la rencontre de Pound avec la poésie chinoise est, en 1915, Cathay (4), un recueil de traductions faites, comme le sous-titre l'indique, "pour la plupart à partir du chinois de Rihaku", c'est-à-dire des poèmes de Li Tai-po (700-762). Vingt ans plus tard, Pound publiera l'essai de Fenollosa sur les idéogrammes chinois, l'accompagnant d'une brève introduction et de quelques notes d'un homme très ignorant (4) qui témoignent de son intérêt croissant pour l'écriture idéogrammatique. "Parmi les facteurs qui ont attiré Pound vers l'écriture chinoise, il y avait certainement son imagination visuelle et son besoin inné de s'exprimer par des images répondant à des choses visuellement concrètes" (5).

En 1928, Ta Hio, soit le grand apprentissage; est publié (6). Le Ta Hio (ou Ta Hsio, ou Ta Hsüeh, "Grand Enseignement" ou "Étude intégrale") est un texte produit par l'école de Confucius après la mort du Maître, dans lequel "la morale assume une fonction cosmique, dans la mesure où l'homme travaille à la transformation du monde et poursuit ainsi, dans la société, la tâche créatrice du Ciel" (7), couvrant la fonction "pontificale" typique de médiateur entre le Ciel et la Terre. À Eliot, qui lui demande en quoi il croit, Pound répond le 28 janvier 1934: "Je crois en Ta Hsio". L'intérêt de Pound pour l'enseignement de Confucius a également donné lieu aux versions de Pound des Dialogues (Lun Yü) (8), du Milieu constant (Chung Yung) (9) et des Odes (Shih) (10).

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C'est le début de cette relation avec Confucius qui conduira Pound à tracer dans la doctrine du maître chinois les réponses les plus appropriées aux problèmes de l'Europe du XXe siècle : "Il me semble que la chose la plus utile que je puisse faire en Italie est de vous apporter chaque année un passage du texte de Confucius" (11) ; et de croire que "Mussolini et Hitler, par une intuition magnifique, suivent les doctrines de Confucius" (12). La doctrine confucéenne, comme l'écriture chinoise, correspond au besoin poundien de précision linguistique. Pour Confucius, en effet, la décadence de la société humaine est due à l'absence de correspondance entre les choses et les "noms" (ming), qui définissent normalement l'ensemble des caractères d'une réalité donnée ou indiquent une fonction morale ou politique ; une réforme efficace de la société doit donc partir de cet acte même de restauration de l'harmonie qu'est la "rectification des noms" (cheng ming). Le passage des Analectes (XIII, 3) sur ce concept est paraphrasé à plusieurs reprises par Pound (13), qui traduit cheng ming par un néologisme de sa propre création, "orthologie", et appelle "économie orthologique" une science économique basée sur la précision terminologique.

Selon certains interprètes, il semblerait toutefois que la relation avec le maître K'ung Fu, par lequel l'œuvre de Pound est profondément marquée, ne doive pas être réduite à des termes purement éthiques et politiques. "Confucius, la pensée confucéenne - a-t-on dit - a révélé à Pound une nouvelle façon de percevoir le monde. Nouvelle et pourtant très ancienne, car elle est la clé de toute la tradition chinoise que K'ung a voulu sauver et restaurer. Mais clé aussi d'une tradition primordiale qui a continué à parler en Occident dans les Mystères grecs et puis, encore, dans l'intuition des grands poètes "romanesques". La perception du monde comme une circulation de la Lumière. Et donc comme une unité. Qui est le fondement, l'âme même de la civilisation chinoise" (14). En bref, d'abord comme ministre puis comme maître d'école, Confucius "n'aspirait qu'à nettoyer et renforcer le lien entre les hommes de son temps et la tradition de leurs ancêtres" (15), de sorte que Pound, à travers Confucius, s'approchait de cette sagesse traditionnelle qui, en Europe, avait eu ses représentants chez Homère, Aristote et Dante (qu'il cite explicitement comme tels dans la note d'introduction au Ta Hsio), mais qui était désormais difficilement accessible dans l'Europe du XXe siècle.

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En janvier 1940 parurent les Cantos LII-LXXI (16), les "Chants chinois", initialement appelés par Pound les Chants des Empereurs de Catai, de l'Empire du Milieu. Pound les a composés "pour expliquer son idéal d'utopie sociale : ils rappellent la méthode employée par un Spengler ou un Toynbee, qui citent les exemples de l'histoire pour indiquer la tendance à un mouvement à prendre en considération, si l'on entend profiter du jugement et des erreurs du passé" (17). Si le Chant XIII était le Chant de Confucius, la décennie LII-LXI passe en revue la succession des dynasties chinoises, du troisième millénaire avant J.-C. à 1735 après J.-C., dernière année du règne de Yung-Cheng, mais aussi année de naissance de John Adams, le deuxième président des États-Unis. "Aujourd'hui plus que jamais, Pound applique sa propre théorie cyclique de l'histoire. Comme dans la succession des saisons, ainsi dans leur succession les dynasties des empereurs de Catai alternent la paix et la guerre, le bon et le mauvais gouvernement, selon une méthode d'exposition qui présente leurs actions comme des exemples positifs ou négatifs, selon les cas" (18). De plus, la source de Pound est le travail du Père De Mailla (19), qui avait interprété le T'ung-chien kang-mu ("Esquisse et détails du miroir exhaustif") de Chu Hsi (1130-1200), fondateur du néo-confucianisme. Le texte de Chu Hsi est quant à lui un résumé du Tzu-chih t'ung-chien ("Le miroir complet pour l'aide au gouvernement"), un ouvrage de l'historiographe confucéen Ssu-ma Kuang. Et l'écrivain confucéen, lorsqu'il expose des faits historiques, privilégie les situations archétypales: "Confucius impose ce sentiment du paradigme de l'histoire, au-delà du temps, comme son intellect tend vers le jugement moral, une sorte d'absolu" (20).

Il en résulte une vision de l'histoire dans laquelle "les figures des empereurs se meuvent et agissent comme des exemples de bon gouvernement, lorsqu'ils suivent les normes politiques confucéennes et choisissent leurs collaborateurs parmi les literati, ou de mauvais gouvernement, lorsqu'ils sont influencés par les eunuques, les femmes du palais, les bouddhistes et les taoïstes" (21). En bref, selon la vision de Pound transmise par Chu Hsi, l'harmonie et la justice dans l'ordre politico-social dépendent d'une conduite conforme à la nature, tandis que le désordre et la subversion sont l'effet de la violation des normes naturelles.

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Ainsi, dans l'œuvre de Pound, la Chine devient un "miroir pour l'Europe moderne, et pour les principes éternels de gouvernement que d'autres avant lui - des hommes de la stature de Voltaire - avaient été sûrs de voir dans la chronique chinoise" (22). La collecte de la dîme en grain, souhaitée par Yong Ching pour éviter la famine, est implicitement comparée à la politique de thésaurisation proposée dans l'Italie fasciste par le ministre Edmondo Rossoni (Canto LXI), à qui Pound expose la théorie de Silvio Gesell et de la monnaie francisée; le festin offert par Han Sieun au souverain tatar rappelle le spectacle des manœuvres sous-marines organisées pour le Führer à Naples (Canto LIV) et ainsi de suite.

L'adhésion à l'enseignement de Confucius est donc explicitement réitérée dès le Canto LII, qui se termine par l'énonciation de deux préceptes confucéens. Le premier est celui de "Appeler les choses par les noms", qui relie le Canto II au Canto LI (le dernier de la cinquième décade), scellé à son tour par l'idéogramme cheng wing. La seconde, tirée de l'Étude intégrale, dans l'adaptation de Pound, ressemble à ceci: "Le bon souverain par la distribution - Le mauvais roi est connu par ses impositions". 

Dans le Chant LIII, qui résume les événements de l'histoire de la Chine entre l'illud tempus des empereurs mythiques Yu-tsao et Sui-jen et le déclin de la dynastie Chou, nous trouvons également d'importants préceptes confucéens. Par exemple: "Un bon gouverneur est comme le vent sur l'herbe - Un bon dirigeant fait baisser les impôts". En particulier, Pound rappelle le cas d'un souverain qui émettait directement de la monnaie et la distribuait au peuple: "(...) en 1760, Tching Tang ouvrit la mine de cuivre (ante Christum) - fabriqua des disques avec des trous carrés au milieu - et les donna au peuple - avec lesquels ils pouvaient acheter du grain là où il y en avait". Une mesure exemplaire pour Pound, qui la mentionne également ailleurs: "La création de monnaie pour assurer la distribution de biens n'est pas nouvelle. Si vous ne voulez pas croire que l'empereur Tching Tang a été le premier à distribuer un dividende national en 1766 avant J.-C., donnez-lui un autre nom. Disons qu'il s'agissait d'une subvention extraordinaire..." (23).

Dans la série d'épisodes exemplaires qui mettent en évidence la fonction paternelle de l'empereur confucéen, la proclamation de Hsiao-wen Ti se détache au chant LIV: "La terre est la nourrice de tous les hommes - Je coupe maintenant la moitié des impôts - (...) L'or est immangeable". L'or ne se mange pas, la base de la subsistance est le pain. Ainsi, le Canto LV accorde une place considérable aux mesures de Wang An-shih qui, constatant que les champs étaient incultes, ordonna d'accorder un prêt aux paysans et fit frapper suffisamment d'argent pour que le taux reste stable. "Dans les épisodes répétés de distribution gratuite de nourriture et d'argent au peuple, Pound avait instinctivement identifié les économies du don, la fonction redistributive des anciens empires, des civilisations où le marché était encore conçu en fonction de la polis et non l'inverse" (24). Une mauvaise politique fiscale est au contraire identifiée par Pound comme la cause de la disparition de la dynastie Sung ("SUNG est mort de lever des impôts - gimcracks", Canto LVI), à laquelle a succédé la dynastie mongole Yüan. 

La Chine des Yüan, qui s'étendait entre le lac Baïkal et le Brahmapoutre, constituait la pars Orientis de l'empire de Gengis Khan qui, au XIIIe siècle, unifiait l'espace eurasien entre la mer Jaune et la mer Noire. Le premier empereur de la nouvelle dynastie fut Qubilai (1260-1294) : "KUBLAI KHAN - qui entra dans l'Empire - (...) - et les mogols se tenaient sur toute la Chine" (Canto LVI). Avant lui, c'est Ögödai (1229-1941) qui a imposé le tribut aux Chinois: "(...) et Yeliu Tchutsai dit à Ogotai:  taxe, n'extermine pas - Tu gagneras plus en taxant les fléaux - ainsi furent sauvées plusieurs millyum de vies de ces Chinois" (Canto LVI). Mais les Mongols n'ont pas suivi la loi de Confucius, et leur dynastie a donc pris fin: "Les Mongols sont tombés - pour avoir perdu la loi de Chung Ni - (Confucius) - (...) - les Mongols étaient un intervalle" (Canto LVI).

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L'approche de l'histoire de la Chine par le biais d'un ouvrage fondé sur des sources confucéennes incite Pound à voir dans les symptômes de décadence du Céleste Empire l'effet de l'influence corruptrice des taoïstes, des taozers, des tao-tse et des bouddhistes (Hochangs), qui sont souvent mis dans le même sac que les eunuques, les danseurs, les charlatans et les malfaiteurs de toutes sortes: "guerre, impôts, oppression - backsheesh, taoïstes, bhuddistes (sic) - guerres, impôts, oppressions" (Canto LIV), "TçIN NGAN est mort de toniques et de taoïstes" (Canto LIV), "conscriptions, assassins, taoïstes" (Canto LIV), "Et il vint un taozer qui parlait de l'élixir - qui ferait vivre les hommes sans fin - et le taozer mourut très peu de temps après" (Chant LIV), "Et la moitié de l'Empire tao-tse les hochangs et les marchands - de sorte qu'avec tant de hochangs et de simples métamorphes - trois dixièmes du peuple nourrissaient tout l'empire (...)", (Canto LV), "Hochangs, eunuques, taoïstes et ballets - night-clubs, gimcracks, débauche - (...) - Hochangs, eunuques et taoïstes" Canto LVI). La dynastie des Ming (1368-1644) est rongée par les mêmes xylophages: "HONG VOU a rétabli l'ordre impérial - mais voici que reviennent les eunuques, les taozeurs et les hochang" (Canto LVII), "HOEÏ de SUNG a failli être ruiné par les taozeurs" (Canto LVII), "OU TI de LÉANG, HOEÏ-TSONG de SUNG - étaient plus que tous les autres empereurs - laoïstes et foéistes, et ont tous deux connu une mauvaise fin" (Canto LVII).

L'assimilation du bouddhisme a exercé une influence décisive sur la vie spirituelle de la Chine pendant l'ère T'ang (618-907), dont Pound retrace les annales dans les Cantos LIV et LV. Quant au taoïsme, devenu une sorte de religion, il a été considérablement influencé par le bouddhisme tantrique: "les taoïstes ont élaboré des enseignements ésotériques remontant à la plus lointaine antiquité dans le but d'assurer l'immortalité à leurs adeptes par des méthodes similaires à celles du Hatha-yoga indien, et des conceptions cosmologiques tirées du Yin-yang Chia, qui ont été ensuite étudiées et développées par les penseurs néo-confucéens " (25). De cette manière, la culture spirituelle chinoise s'est enrichie de nouveaux éléments, qui étaient toutefois étrangers à la sphère éthique et sociale à laquelle la pensée confucéenne avait traditionnellement adhéré. Tout au long de la période Sung (960-1279), qui est le contexte des événements évoqués dans la deuxième partie du Chant LV et la première partie du Chant LVI, le confucianisme lui-même a accepté et retravaillé des concepts cosmologiques d'origine taoïste.

6-octobre-1552-matteo-ricci.jpgLa prédication catholique arrive en Chine grâce au jésuite de Macerata, Matteo Ricci, qui arrive à Pékin en 1601 et est bien accueilli par l'empereur Chin Tsong, malgré le fait que les gardiens de l'orthodoxie confucéenne, hostiles à la diffusion d'une doctrine qui leur semblait bizarre, avaient exprimé leur opposition à l'introduction du missionnaire et de ses reliques à la cour impériale. "Et les eunuques de Tientsin amenèrent le Père Matteo devant le tribunal - où les Rites répondirent : - L'Europe n'a aucun lien avec notre empire - et ne reçoit jamais notre loi - Quant à ces images, images de dieu en haut et d'une vierge - elles ont peu de valeur intrinsèque. Les dieux montent-ils au ciel sans os - pour que nous croyions à votre sac de leurs os ? - Le tribunal de Han Yu considère donc qu'il est inutile - d'introduire de telles nouveautés dans le PALAIS - nous le considérons comme peu judicieux, et sommes opposés - à recevoir soit ces os, soit le père Matteo" (Chant LVIII). Le père Ricci, qui avait fait cadeau d'une montre au Fils du Ciel, devint pour les Chinois une sorte de saint patron des horlogers ; d'autres jésuites, "Pereira et Gerbillon" (Canto LIX), gagnèrent la confiance de l'empereur K'ang Hsi (1654-1722), "qui joua de l'épinette le jour de l'anniversaire de Johan S. Bach - n'exagérez pas/ il joua au moins sur un tel instrument - et apprit à retenir plusieurs airs (européens)" (Canto LIX). (Canto LIX) ; d'autres encore, comme "Grimaldi, Intercetta, Verbiest, - Couplet" (Canto LX), ont apporté diverses contributions à la diffusion de la culture européenne en Chine. Mais les relations entre l'Empire et les catholiques ne sont pas faciles. Même si les jésuites voulaient identifier Shang-ti, le Seigneur du Ciel, au Dieu de la religion chrétienne et tentaient d'intégrer certains rites confucéens au christianisme, le pape Clément XI condamnait le culte des ancêtres et interdisait la célébration de la messe en chinois: "Les wallahs de l'église européenne se demandent si cela peut être concilié" (Canto LX). De leur côté, les autorités impériales, tout en reconnaissant les mérites des Jésuites, interdisent le prosélytisme missionnaire et la construction d'églises: "Les MISSIONNAIRES ont bien servi à réformer nos mathématiques - et à nous faire des canons - et ils sont donc autorisés à rester - et à pratiquer leur propre religion mais - aucun Chinois ne doit se convertir - et ils ne doivent pas construire d'églises - 47 Européens ont des permis - ils peuvent continuer leur culte, et aucun autre" (Canto LX). Yung Cheng, qui a succédé à K'ang Hsi en 1723, a définitivement banni le christianisme, jugé immoral et subversif des traditions confucéennes: "et il a mis dehors le Xtianisme - les Chinois le trouvaient si immoral - (...) - les Xtiens étant de tels glisseurs et menteurs. - (...) - Les Xtiens perturbent les bonnes coutumes - cherchent à déraciner les lois de Kung - cherchent à briser l'enseignement de Kung' (Canto LXI).

Pound loue la sagesse de Yung Cheng et son souci de l'agriculture et du trésor public. De son fils Ch'en Lung, qui a régné de 1736 à 1795, il souligne son activité littéraire, concluant le Canto LXI par le souhait que ses poèmes soient lus.

K'ang Hsi et Yung Cheng, qui reviennent dans les Cantos XCVIII et XCIX, étaient respectivement les deuxième et troisième empereurs de la dynastie mandchoue des Ch'ing, qui s'empara de l'empire après la chute des Ming (1644). Sous la nouvelle et dernière dynastie, issue d'un peuple de cavaliers et de guerriers de langue altaïque, la Chine connaît une grande prospérité et élargit ses frontières, les étendant du bassin de l'Amour (1689) à la Mongolie (1697), au Tian-shan (1758) et au Tibet (1731) : "Le Tibet fut soumis et 22 fut une année de paix" (Canto LX). La Pax Sinica établie par la dynastie mandchoue est d'ailleurs déjà célébrée dans le Canto LVIII : "nous sommes venus pour la Paix et non pour un paiement - nous sommes venus pour apporter la paix à l'Empire".
L'écriture des Cantos LXXXV-XCV (26) couronne ce paideuma confucéen que Pound avait énoncé à plusieurs reprises comme son propre programme d'action. Je suis absolument convaincu", écrira-t-il en janvier 1945 dans Marina Repubblicana, "qu'en apportant à l'Italie une plus grande connaissance de la doctrine héroïque de Confucius, je vous apporterai un cadeau plus utile que le platonisme que Gemistus vous a apporté au XIVe siècle, en vous rendant un si grand service de stimulation de la Renaissance" (27). Selon Pound, en effet, le confucianisme présente des avantages supérieurs au platonisme, car, contrairement à la culture grecque, il contient les principes éthiques et politiques nécessaires à la fondation d'un empire. Ce concept a été exprimé par lui le 19 mars 1944 dans une lettre au ministre républicain Fernando Mezzasoma : "L'importance de la culture confucéenne est la suivante: la Grèce n'a pas eu le sens civique pour construire un empire" (28). En Chine, en revanche, le confucianisme consolide l'édifice impérial: "La Chine avec 400 millions d'ORDRES", déclare Pound dans un discours radiodiffusé le 24 avril 1943, "serait certainement un élément de stabilité mondiale". Mais cet ordre doit ÉMERGER EN CHINE. En 300 ans d'histoire ou plus, en fait à travers toute l'histoire que nous connaissons de ce pays, l'ordre doit émerger à l'intérieur. La Chine n'a jamais connu la paix lorsqu'elle était aux mains d'un gouvernement dirigé par des étrangers sur des capitaux empruntés" (29).

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Ce n'est donc pas un hasard si le théoricien de l'impérialisme américain a identifié dans la civilisation confucéenne un système de valeurs et d'institutions irréductibles à la culture de l'Occident: "l'économie, la famille, le travail, la discipline (...) le rejet commun de l'individualisme et la prévalence d'un autoritarisme "soft" ou de formes très limitées de démocratie" (30). L'annonce du "choc des civilisations" est explicite: "La tradition confucéenne de la Chine, avec ses valeurs fondamentales d'autorité, d'ordre, de hiérarchie et de suprématie du collectif sur l'individuel, crée des obstacles à la démocratisation" (31).

Le plus grand obstacle à l'établissement de l'hégémonie américaine en Asie et à l'imposition du modèle occidental serait donc représenté par l'alliance redoutée entre l'aire confucéenne et les pays musulmans, alliance que Huntington définit en termes d'"axe islamo-confucéen". (Un concept, celui-ci, qui aurait pu inspirer le syntagme bizarre de l'"Axe du mal", employé par Bush à propos de la triade Iran-Irak-Corée du Nord). En revanche, avant Huntington, c'est un Khaddafi, pas encore totalement apprivoisé, qui avait lancé un appel dans ce sens. Le colonel avait déclaré le 13 mars 1994: "Le nouvel ordre mondial signifie que les juifs et les chrétiens contrôlent les musulmans; s'ils y parviennent, demain ils domineront aussi le confucianisme et les formes traditionnelles de l'Inde, de la Chine et du Japon (...). Aujourd'hui, les chrétiens et les juifs disent que l'Occident, après avoir détruit le communisme, doit détruire l'islam et le confucianisme (...). Nous sommes du côté du confucianisme; en nous alliant à lui et en luttant à ses côtés dans un front international unique, nous vaincrons notre ennemi commun. Par conséquent, en tant que musulmans, nous aiderons la Chine dans la lutte contre l'ennemi commun".

Pound n'a pas manqué de souligner les hypothèses de l'Axe à la Huntington, hypothèses redoutées. Il a identifié le dénominateur commun du confucianisme et de l'islam comme étant les idéaux de bonne gouvernance, de solidarité communautaire, d'équité distributive et de souveraineté monétaire. En ce qui concerne l'Islam, Pound voyait dans les normes chiites établies par les imams Shafi'i et Ibn Hanbal concernant la précision du monnayage le pendant islamique de l'"orthologie" confucéenne; dans le droit exclusif de la fonction califale d'émettre de la monnaie, il voyait le fondement de la souveraineté politique; dans l'affectation de la cinquième partie du butin - la "part de Dieu et du Prophète" - à l'assistance des catégories de nécessiteux prévues par le Coran et la Sunna, Pound a identifié l'institution caractéristique d'un système fiscal exemplaire. Une synthèse dense de cette perspective poundienne de l'Islam est contenue dans la première page du Chant XCVII, qui reprend le thème - déjà présent dans le XCVI - du calife omeyyade 'Abd el-Malik, qui en 692 fit frapper une pièce d'or avec le profil de l'épée de l'Islam et, appliquant une indication du Prophète, établit que le rapport entre l'argent et l'or était de 6,5 pour 1 : Melik et Edward ont frappé des pièces avec une épée, "Emir el Moumenin" (Systèmes p.). 134) - six et ½ contre un, ou l'épée du Prophète, - l'ARGENT étant entre les mains du peuple - (...) Shafy et Hanbal disent tous deux 12 contre 1, - (...) - et le Prophète - a fixé l'impôt sur le métal - (c'est-à-dire comme distinct de) & les gros paient pour les maigres, - dit Imran, - (...) - ET en 1859 un dhirem 'A.H. 40' a été - payé au bureau de poste, Stanboul. - Frappé à Basra - 36,13 grains anglais. - "J'ai laissé à l'Irak son dinar, - et un cinquième à Dieu." (Canto XCVII).

La mesure d'Abd el-Malik, introduite dans les territoires européens soumis à Byzance, "profitait aux classes populaires, qui possédaient de l'argent, tandis qu'une classe dirigeante épuisée possédait surtout de l'or (...) les musulmans inversèrent le cycle de l'histoire, la remettant sur la bonne voie" (32).

L'Islam, comme on le sait, a émis une condamnation absolue et sans équivoque des prêts à intérêt et de la spéculation sur l'or et la monnaie. "Ceux qui se nourrissent d'usure ne se relèveront pas, sauf comme se relèvera celui que le diable a paralysé en le souillant de son contact. C'est parce qu'ils disent: "En vérité, le commerce est comme l'usure. Mais Dieu a permis le commerce et interdit l'usure" (33). Selon un hadith, l'usure atteint le même degré d'abomination que la fornication commise avec sa mère à l'ombre de la Ka'ba. Ces concepts semblent trouver un écho dans le Canto XLV, où l'usure est considérée comme une peste ("Usura est un murrain"), un inceste ("CONTRA NATURAM"), une profanation ("Ils ont amené des putains pour Eleusis").

À travers cette convergence des objectifs du confucianisme et de l'islam, nous voyons s'illustrer non pas le "choc des civilisations", mais, au contraire, cette unité supérieure et essentielle qui lie entre elles les civilisations qui ont historiquement façonné le continent eurasien. La civilisation romaine (et romaine-chrétienne) a également participé à cette unité dans le passé, à tel point que Pound énumère une série de souverains et de législateurs européens qui, en établissant des lois justes et en réglementant la monnaie, ont garanti à leurs peuples la possibilité de vivre ensemble dans une paix et une prospérité relatives: "que Tibère Constantin était distributiste, - Justinien, Chosroes, Augustae Sophiae, - (...) - Authar, règne merveilleux, pas de violence et pas de passeports, - (...) - et Rothar a fait écrire quelques lois - (...) - DIOCLETIEN, 37ème après Auguste, a pensé : plus si nous les taxons - et n'anéantissons pas (...) - Vespasian serenitas... urbes renovatae - sous Antonin, 23 ans sans guerre... (...) - HERACLIUS, six, oh, deux - imperator simul et sponsus" (Canto XCVI). 

S'il y a un conflit, c'est le conflit irréconciliable qui oppose les civilisations, les vraies civilisations, à la barbarie, c'est-à-dire le type de vie contra naturam dans lequel l'avantage économique individuel prévaut sur le bien commun, l'usure écrase la créativité et la banque supplante Eleusis.

Notes:

  1. (1) Fenollosa, L’ideogramma cinese come mezzo di poesia, Introduzione e note di E. Pound, All’insegna del Pesce d’Oro, Milano 1960. Cfr. G. E. Picone, Fenollosa – Pound: una ars poetica, in AA. VV., Ezra Pound 1972/1992, a cura di L. Gallesi, Greco & Greco, Milano 1992, pp. 457-480.
  2. (2) Pound, The Renaissance, “Poetry”, 1915, p. 233.
  3. (3) Wai-lim Yip, Ezra Pound’s Cathay, New York 1969, p. 88.
  4. (4) Pound, Cathay, Elkin Mathews, London 1915.
  5. (5) Laura Cantelmo Garufi, Invito alla lettura di Pound, Mursia, Milano 1978, p. 57.
  6. (6) Pound, Ta Hio, the Great Learning, University of Washington Bookstore, Seattle 1928; Stanley Nott, London 1936.
  7. (7) Pio Filippani-Ronconi, Storia del pensiero cinese, Boringhieri, Torino 1964, p. 52.
  8. (8) Pound, Confucius Digest of the Analects, Giovanni Scheiwiller, Milano 1937.
  9. (9) Pound, Ciung Iung. L’asse che non vacilla, Casa Editrice delle Edizioni Popolari, Venezia 1945. Ce livre "fut détruit à cause d'une ignorance crasse des vainqueurs à la fin de la guerre, parce qu'ils ont confondu le titre, des plus antiques, avec une allusion à l'Axe Rome-Berlin" (Giano Accame, Ezra Pound economista. Contro l’usura, Settimo Sigillo, Roma 1995, p. 135).
  10. (10) Pound, The Classic Anthology Defined by Confucius, Harvard University Press, Cambridge 1954; Faber & Faber, London 1955. Réimprimé avec, pour titre, The Confucian Odes, New Directions Paperbook, New York 1959.
  11. (11) Pound, Carta da visita, Edizioni di Lettere d’Oggi, Roma 1942, p. 50.
  12. (12) Pound, Confucio filosofo statale, “Il Meridiano di Roma”, 11 maggio 1941; rist. in: E. Pound, Idee fondamentali, Lucarini, Roma 1991, p. 73.
  13. (13) "Si la terminologie n'est pas exacte, si elle ne correspnd pas à la chose, les instructions du gouvernement ne seront pas explicites; si les dispositions ne sont pas claires et si les noms ne s'y adaptent pas, ils ne pourront gérer correctement les affaires (...). Voilà pourquoi un hommeintelligent veillera à sa propre terminologie et donnera des instructions qui conviennent. Quand ses ordres sont clairs et explicites, ils pourront être exécutés"  (E. Pound, Guida alla cultura, Sansoni, Firenze 1986, p. 16).
  14. (14) Andrea Marcigliano, L’ideogramma di Luce del Mondo, in: AA. VV., Ezra Pound perforatore di roccia, Società Editrice Barbarossa, Milano 2000, p. 87.
  15. (15) Marcigliano, op. cit., p. 83.
  16. (16) Pound, Cantos LII-LXXI, Faber & Faber, London e New Directions, Norfolk, Conn. 1940.
  17. (17) Earle Davis, Vision fugitive – Ezra Pound and economics, The University Press of Kansas, Lawrence/London 1968, p. 98.
  18. (18) Cantelmo Garufi, op. cit., pp. 114-115.
  19. (19) Père Joseph Anne Marie de Moyriac De Mailla, Histoire générale de la Chine, Paris 1777-1783, 12 voll.
  20. (20) Levenson – F. Schurmann, China : An Interpretative History from the Beginnings to the Fall of Han, University of California Press, Berkeley – Los Angeles 1969, p. 49.
  21. (21) Cantelmo Garufi, op. cit., p. 116.
  22. (22) Hugh Kenner, L’età di Pound, Il Mulino, Bologna 2000, p. 565.
  23. (23) Pound, What is Money for?, Greater Britain Publ., London 1939.
  24. (24) Accame, op. cit., p. 113.
  25. (25) Filippani-Ronconi, op. cit., p. 157.
  26. (26) Pound, Section: Rock-Drill 85-95 de los cantares, All’insegna del Pesce d’Oro, Milano 1955; New Directions, New York 1956; Faber & Faber, London 1957.
  27. (27) Tim Redman, Ezra Pound and Italian Fascism, Cambridge University Press, London 1991, p. 252.
  28. (28) Redman, op. cit., p. 252.
  29. (29) Pound, Radiodiscorsi, Edizioni del Girasole, Ravenna 1998, pp. 203-204.
  30. (30) Samuel P. Huntington, Lo scontro delle civiltà e il nuovo ordine mondiale, Garzanti, Milano 2000, p. 152.
  31. (31) S. P. Huntington, op. cit., pp. 351-352.
  32. (32) Robert Luongo, The Gold Thread. Ezra Pound’s Principles of Good Government & Sound Money, Strangers Press, London-Newport 1995, pp. 71-72.
  33. (33) “alladhîna ya’kulûna ‘l-ribà lâ yaqûmûna illâ kamâ yaqûmu ‘lladhî yatakhabbatuhu ‘l-shaytânu min al mass. Dhâlika bi-annahum qâlû: Innamâ ‘l-bay’u mithlu ‘l-ribà; wa ahalla Allâhu ‘l-bay’a wa harrama ‘l-ribà“ (Corano, II, 275)

 

mardi, 12 octobre 2021

Xi Jinping et Ezra Pound

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Xi Jinping et Ezra Pound

Ex: https://www.lintellettualedissidente.it/controcultura/letteratura/pound-cina-xi-jinping/

Pound nous a appris, il y a un siècle, tout ce que nous devons savoir sur la Chine. Nous ne l'avons pas pris au sérieux et ses livres sur Confucius, l'idéogramme et la culture chinoise sont introuvables.

Eugenio Montale a également traité de la Chine. Il l'a fait, semble-t-il, distraitement, par devoir éditorial ; c'était en 1963, quand il écrivit l'introduction aux Liriche cinesi éditées par Giorgia Valensin pour la Nuova Universale Einaudi. Dans ce cas, peu à l'aise parmi les dragons, les taoïstes et les écrans, le regard de Montale n'est pas celui d'un poète - donc d'un visionnaire - ; il se limite à broder entre les fulgurances poétiques: "Aussi limpides soient-ils, [ces poèmes] échappent au nouveau mètre que l'ère chrétienne a donné au monde occidental, et peut-être pas seulement à celui-ci. Ce n'est pas seulement qu'il leur manque cette humanisation du temps et de la nature et cette déification de la femme qui sont typiques de la poésie lyrique européenne; c'est plutôt qu'ici, comme dans le miracle de la sculpture égyptienne et, à un moindre degré, dans celui de l'art grec, l'homme et l'art tendaient vers la nature, étaient la nature; tandis qu'ici, et depuis de nombreux siècles, la nature et l'art tendent vers l'homme, sont devenus l'homme". Tout est beau, limpide, désincarné de la vie, de l'histoire, comme si la poésie était extra-mondaine, dans un sanctuaire, quelque chose pour les poètes en voie d'extinction: en République populaire de Chine, pendant ce temps, nous étions au seuil de la Grande Révolution culturelle prolétarienne. C'était dévastateur.

51pZwYTwoNL._SX389_BO1,204,203,200_.jpgEt pourtant, aux côtés de Montale, qui était rentré en Italie quelques années plus tôt, se trouvait Ezra Pound. Comparé à presque tous les intellectuels et poètes de son époque, Pound était obsédé par la Chine. Bien sûr, il s'agissait d'une obsession, au départ, essentiellement formelle : Pound est né poète, en substance, avec Cathay (1915), une traversée révolutionnaire de la poésie chinoise classique, qu'il avait découverte quelques années plus tôt, en compagnie de William B. Yeats, en trafiquant des ruines littéraires asiatiques.

    Avec le dégel, les eaux brisent la glace.
    au centre de Shoku, ville fière.

    Le destin des hommes est déjà scellé
    Inutile de consulter les devins.

Pound poursuit ses recherches en étudiant Ernest Fenollosa, éminent sinologue et - excellence non négligeable - professeur de politique économique à l'Université impériale de Tokyo : L'ideogramma cinese come mezzo di poesia (Scheiwiller 1960 ; 1987) est traité par "Ez" comme un traité esthétique (la doctrine de l'Imagisme, pour le moins, en découle: rapidité idéogrammatique de l'image/sens/sensation). L'histoire, la culture et la poésie chinoises font partout irruption dans les Cantos, en particulier dans la section "Rock-Drill" ; lorsque, le 3 mai 1945, les partisans l'emmènent à Sant'Ambrogio, le poète "met dans sa poche le volume de Confucius qu'il est en train de traduire et les suit" : ce sera sa seule lecture dans l'atroce cage pisane, le seul réconfort dans les abominables années d'emprisonnement, presque l'inspiration d'une discipline, l'extrait. La même année, Pound avait publié un texte de Confucius, L'asse che non vacilla (L'axe qui ne vacille pas), chez l'éditeur Edizioni Popolari de Venise, "qui fut presque entièrement incendié immédiatement après la Libération parce qu'il était suspecté de propagande en faveur de l'axe Berlin-Rome-Tokio". Dans un Postscriptum au Guide to Kulchur, Pound conseille d'utiliser "comme sextant", c'est-à-dire comme orientation élémentaire et suffisante, Homère, "les tragédiens grecs", la Divine Comédie ; mais avant tout, par-dessus tout, il faut lire "Confucius et Mencius", car "ils contiennent les solutions à tous les problèmes de conduite qui peuvent se poser".

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Aujourd'hui - je veux dire, depuis quelques années - depuis que la Chine fait peur, depuis que Xi Jinping semble être devenu le dragon capable d'anéantir les dragons européens et de bailler à la face des États-Unis, il est bon de se rappeler que, depuis plus d'un siècle, le poète nous ordonne de regarder vers l'Est ; que, depuis plus d'un siècle, Pound nous indique la voie à suivre : regarder la Chine, étudier ses textes sacrés, traduire Confucius, le pilier de l'éthique et de la politique chinoises. Qu'est-ce que cela peut faire? La fusion paradigmatique entre le gouvernement de soi et le gouvernement d'un État, d'un peuple ; la conception du rituel et de la tradition ; la poésie comme acte pur, un geste qui réconcilie la Terre avec le Ciel ; la posture aristocratique - voire impitoyable - dans la poursuite de l'harmonie; le ren, la "qualité humaine", le "sens de l'humanité".

    "L'homme véritable cherche tout en lui-même, l'homme mesquin cherche à tout obtenir de quelqu'un d'autre".

    "L'homme rusé ne reconnaît pas les décrets du ciel, il est impertinent avec les grands hommes et méprise les paroles des sages".

    "Ne pas connaître les mots signifie ne pas posséder le fluide nécessaire à la connaissance des hommes".

Il s'agit de quelques fragments des Analectes, recueillis par Pound en 1951 et traduits par Scheiwiller - édité par sa fille, Mary de Rachewiltz - en 1995 : un recueil extraordinaire pour comprendre la Chine aujourd'hui plus qu'hier. Dans The Classic Anthology defined by Confucius (Harvard University Press, 1954), en revanche, Pound a travaillé à travers l'immense répertoire de poèmes classiques, canonisés par Confucius. Le livre a été publié sous le titre L'antologia classica cinese (L'Anthologie classique chinoise), bien sûr, par Scheiwiller ; il a été édité par Carlo Scarfoglio, ancien rédacteur de La Nazione et de Il Mattino, fils de Matilde Serao, auteur, dans ce contexte, entre autres, d'une Apologia del traduttore plutôt passionnée :

    "J'ai traduit une vingtaine d'Odes il y a quelques années, lorsque, ayant vu, avec Marie, la fille du poète, échouer tous les efforts imaginés pour créer une atmosphère de meilleure justice autour du poète, victime d'accusations dont la fausseté n'est plus à démontrer, je me proposais d'essayer au moins de le réconforter dans son emprisonnement, en traduisant quelques-unes des Odes, en m'efforçant de les publier dans quelque revue, puis en lui en envoyant des extraits, afin qu'il reçoive du monde extérieur la preuve qu'il était encore aimé et admiré pour son œuvre humaniste la plus belle et la plus pure".

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Il a même compris, Pound, que la pratique éthique peut être coercitive : que l'on tue avec le sourire, pour le plus grand bien. Il a tout compris, en fait. Bien sûr, ces livres, comme les études de Pound sur la culture chinoise, ont disparu de l'édition conventionnelle.

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Et pourtant, en 1974, peu après la mort de "Ez", Feltrinelli publia une étude de Girolamo Mancuso - traducteur, entre autres, de Tagore et de tous les poèmes de Mao Tse Toung - sur Pound et la Chine, destinée à disséquer "le chemin de Pound vers la Chine... mais aussi une reconstruction rigoureuse de l'itinéraire idéologique menant de Confucius à Mussolini". Cela aussi a disparu. Il ne reste donc plus qu'à s'agiter, à spéculer sur Xi, le "géant chinois" et à entonner le bla bla irrité par cette nouvelle; on continue à perpétuer l'"actualisme" à l'égard d'un pays qui raisonne par plans séculaires, sur l'obusier des millénaires.  

"Si nos universités valaient un sou, elles auraient fait quelque chose... Des millions ont été dépensés pour abrutir l'éducation. Il n'y a aucune raison, en dehors de l'usure et de la haine des lettres, de priver quelques centaines de poèmes au moins et le Ta Hio d'une édition bilingue... L'infamie du système monétaire actuel ne s'arrête pas à la mauvaise alimentation des masses ; elle s'étend jusqu'aux recoins les plus reculés de la vie intellectuelle, même là où les lâches se sentent en sécurité, même si les hommes de faible vitalité croient qu'on ne meurt pas d'ennui. L'état des études chinoises en Occident est vomitif et sordide... les professeurs anglais et américains sont des taupes".

C'est ce qu'a écrit Pound, il y a de nombreuses années. Nous avons préféré, une fois de plus, ne pas croire le voyant, le poète.

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lundi, 01 février 2021

Jean Parvulesco: Cantos pisanos - Fragments, notes de mes carnets du Bunker Palace Hôtel

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Jean Parvulesco

Cantos pisanos

Fragments, notes de mes carnets du Bunker Palace Hôtel

 

«  Tout ne doit-il pas se retrouver à la fin du Manvantara, pour servir de point de départ à l'élaboration du cycle futur ?  »

René Guénon

 

«  Et si tu trouves des traits gravés dans les pierres, sous la poussière des routes, foulées par des pas innombrables - nul ne sait plus que ce sont des Runes Sacrées, elles avaient jadis grande signifiance et maintenant tous ont désappris le chant qui donnait à ces signes une vivante puissance magique - alors ne montre pas tes larmes !

Recueille ces trouvailles et consacre-les silencieusement au Royaume des Mères. Là ce qui fut abandonné peut se reposer dans l'attente d'une forme nouvelle, jusqu'au jour où une autre jeunesse en rêve de nouveau.

Cacher et conserver, c'est aux sombres époques de renversement l'unique office sacré  »

Hans Carossa

 

«  Où sont les douces pelouses avec le clair ruisseau, entre elles, les séparant  ».

Ezra Pound, Canto LXXXIV

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Comme nous approchons des temps de la conclusion manvantarique du grand cycle dont nous assumons l' ultime fond de lie tout en assurant, aussi, les premières relevailles, bien des choses qui s'eussent voulues cachées jusqu'à la fin se laissent à présent surprendre dans la transparence à la fois tragique et fragilisante d'une mise-à-nu qui, ne fût-ce que symboliquement, les apparente, soudain, aux prestations liturgiques de la mort, aux obscures ordalies de ce passage des êtres et des choses par le vide de leur autodissolution initiatique où tout finit et tout recommence et où leur part d'éternité leur est instituée intacte, et plus limpide, terrible et mystérieuse chrysopée philosophique dont parlent à couvert les textes hermétiques occidentaux et que la grande Savitri Dêvi rapprochait, précisément, de ce passage de l'or par l'épreuve royale de la fournaise, the gold in the furnace disait-elle, qu'aura été aussi, en dernière analyse, la fin historique d'une civilisation brisée, anéantie par la trahison intérieure, par les flammes et par le feu mais, de par cela même, vouée imprescriptiblement à la spirale de son assomption transhistorique finale.

Ainsi en est-il, aujourd'hui, de l'aventure spirituelle de l'exil. A l'heure où des êtres et les choses risquent d'avoir à se laisser surprendre, d'un instant à l'autre, dans leur plus extrême nudité intérieure, l'exil n'est plus une nostalgie, et bien moins encore la péripétie d'un quelconque déchirement dramatique de la vie, aussi atroce fût-il ce déchirement et périclitée cette vie, mais la marque brûlante et l'engagement accepté d'une prédestination secrète, puisque l'exil représente et n'en finit plus d'établir les états d'une situation ontologique de limite, et de limite ultime, la condition même d'un état de rupture ontologique totale: c'est l'exil, la conscience de l'exil et la conscience de cette conscience elle-même qui fondent la spacialité lumineuse et vide, l'immaculée conception de tout recommencement poétique de soi-même et du monde, de tout retour existentiel et historique à l'être.

Car c'est dans la mesure même où elle implique et donne refuge en elle, ne fût-ce que d'une manière figurative, liturgique, à l'exil ontologique de l'être perdu dans les nuits de son propre obscurcissement, que toute expérience existentielle de l'exil annonce l'avènement de l'être avenir, l'imminence à la fois solaire et tragique de l'avènement occulte de ce qui vient, voire de celui qui vient, avènement si prophétiquement invoqué par Hans Carossa dans son Geheimnisse des reifen Lebens, où le regard transcendantal du visionnaire entrevoit les temps du salut er de la délivrance à venir par-delà les résurgence historiques actuelle de l'Anti-Règne des puissances négatives au service du «  chaos intérieur  » ou, comme le disait un autre grand américain réduit à l'exil, et même à l'exil intérieur, P.H Lovecraft, le «  Chaos rampant  ».

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Une autre chose aussi me semble absolument certaine: c'est qu'il n'y a pas, il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais une vraie grande poésie, une grand pensée ni une grande littérature, une grande culture de droite.

Toute vraie poésie, vivante et agissante, orphiquement opératoire, donneuse de vie et de souffle vivifiant, toute grande pensée salvatrice, toute grande littérature, toute culture grande, totale, véritablement et profondément grande, seront, toujours, ne sont ni ne puissent être absolument ne pas être qu'une poésie, une pensée, une littérature, une culture d'extrême-droite.

C'est que, depuis les architecture cyclopéennes des saisons supra-historiques médiumniquement entrevues par P.H Lovecraft jusqu’aux créations métacosmiques d'un Constantin Brancusi, depuis Empédocle jusqu'à Heidegger et depuis Virgile et Dante jusqu'à Hölderlin, Ezra Pound et Joyce, le dire total, le dire totalitaire du dire a eu partie abyssalement liée avec l'être, alors que les tenant avoués ou occultes du non-être, les partisans des puissances de la négation et du chaos pré-ontologique se trouvent infailliblement empêchés d'avoir recours à la parole vivante, et cette infaillible interdiction étant, en elle-même, ce par quoi s'affirme et se donne à dévoiler, se donne à reconnaître la présence même de l'être, sa présence vivante, la présence réelle de l'être dans l'être même de son unique parole de vie. L'être est, le non-être n'est pas.

Si seules les réappropriations de l'être, fussent-elles nocturnes, et même nocturnissimes, données en attente, en absence, en immémoire agissante, parviennent jusqu'aux fondations de leur propre remise en état impériale, régnante et rayonnante à nu dans leur propre dire de soi-même, c'est que tout projet du non-être est exclu d'avance, irrémédiablement, du domaine de la parole et de la vérité de l'être, qui, seule vivante, est seule à dénominer, à élucider, à délivrer ce qui n'attend que de l'être.

Dans les saisons de l'occultation métacosmique de l'être, le seul jugement est celui de la poésie, et peut-être aussi le seul salut, et la seule délivrance. Tout est perdu, mais non le chant de la détresse de qui, dans la perdition, se dédouble par le chant de détresse de sa perdition.

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La poésie donc, état à la fois ultime et originel, ne parvient à fonder l'histoire engagée dans ses recommencements ni, dans les étapes nocturnes de son devenir, à en assumer et sauver le tout dernier souffle, que si elle-même, la poésie, tournée vers les développements voilés de sa propre essence, y instruit et proclame le mystère virginal de ses propres fondations mises à nu et rien d'autre, fondations vivantes et agissantes de la poésie en tant de poésie dont l'unique espace d'intériorité et d'influence souterraine est, depuis toujours, l'espace à la fois fermé et ouvert de l'exil. Espace fermé à jamais sur lui-même, mais ouvert indéfiniment à tout ce qui participe de ce clair-obscur, de cette désespérance lucide de la conscience séparée pour laquelle le jour se veut nuit et la nuit est comme le jour, espace entre chien et loup où naissent et viennent s'affirmer, révolutionnairement, tous les pouvoirs nouveaux. «  Nous autres, fils du clair-obscur, écrivait Hans Carossa, nous servons aussi fidèlement la nuit que le jour.  »

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Située dans la clair-obscur ontologique où il lui est demandé de servir également la nuit et le jour, l'être et le non-être, l'histoire dans ses périodes d'ensoleillement et dans ses détours crépusculaires, la poésie se maintient néanmoins au-delà du jour et au-delà de la nuit, au-delà de l'être et du non-être, au-delà des clartés et des ténèbres de l'histoire dans un endroit originellement hors d'atteinte qui est, précisément, le lieu même de ce qui fait  qu'au-delà de l'histoire il y ait une transitoire, que le jour et la nuit, que l'être et le non-être, perpétuellement en devenir, se trouvent perpétuellement appelés à se dépasser suivant la spirale ascendante de ce devenir lui-même, qui apparaît comme étant, en lui-même, occultement, un troisième état ontologique. J'entends l'état de clair-obscur où seule règne la poésie, règne totalitaire de ce qui se refuse à toute division, à toute séparation de cet Empire de la Totalité où se laisse approcher le Troisième Etat de l'être, l'Abgründ de Meister Eckhart, le mystérieux Anschau de Wolfram Von Eschenbach.

Cependant, l'inspiration poétique - m'aventurerais-je à dire la dictée poétique - ne parvient plus, ici, ou plutôt à partir d'ici, à se conceptualiser sans dommages, sans les infiltrations obstruantes, les pièges et les empêchements de sa propre résistance intérieure à un dire de soi-même de plus en plus périclitant, dangereux pour ses derniers retranchements, et j'insiste encore, comme déjà sur les lisières de l'équivoque, du mal dit, ce n'est que pour assurer les lieux de convenance où vont avoir à se porter toutes nos interventions au sujet des Cantos Pisanos.

Car le secret des Cantos Pisanos est celui du dépassement de l'histoire immédiate par l'action poétique, ou plutôt par l'Action Directe de la Poésie Absolue, le secret, donc, de la reconstitution indéfinie de l’Anschau impérial de la poésie en action sur les étendues de ruines chaotiques où n'en finit plus de ne pas se faire ou de se défaire avant de se refaire le Troisième Empire de la Fin, jusqu'à ce que l'heure vienne.

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Ainsi comprendra-t-on que ce n'est pas la poésie qui est en exil, et bien moins encore en exil par rapport au monde, à l'histoire, mais que ce sont l'histoire dans sa totalité et le monde lui-même qui sont en exil par rapport à la poésie.

Tout exil est poésie et toute poésie exil, mais l'exil que l'on vit dans la poésie n'est plus l'exil, ni obscurcissement, ni désespérance de l'exil quand il se dévoile, au détour d'une soudaine fulguration, l'espace d'ensoleillement et de puissance totalitaire où se dressent vertigineusement dans l'air limpide du chant les remparts étincelants du Troisième Etat de l'être, la fulguration préontologique de la Turning Island qui hante le grand rêve celtique, la mystérieuse Wagadu invoquée par Ezra Pound, ombre de l'ombre de l'Atlantide engloutie par les abîmes, et de toutes les Atlantides, y inclus les plus récentes. Regarde ! Regarde-moi, avant que je retourne dans la nuit. Là où rayonne la Tête de Mort, revivront à nouveau les soldats, retourneront les étendards, Cantos LXXII.

15

Après la clôture du cycle indo-germanique des Védas Sacrés, dernière réminiscence, dernière anamnesis voilée des temps du chant hyperboréen antérieur, commencent les chemin crépusculaires du grand cycle historique actuel, qui est, originellement, une fin de cycle, une longue entrée dans la nuit et dans les ténèbres de l'exil ontologique d'une histoire, d'une civilisation, d'une race appelées à traverser l'épreuve royale du feu qui anéantit tout, l'épreuve du gold in the furnace. Aussi le devenir de ce cycle s'identifie-t-il avec l'histoire même de l'Occident, et les quatre étapes de son entrée dans la nuit reproduisent les quatre étapes fondamentales de sa poésie qui établit et renouvelle, d'une manière à chaque fois moins lumineuse, moins transparente, la situation en devenir de son exil d'origine, jusqu'à la fin. Mais, ainsi que l'écrivait Hölderlin en conclusion à l'un de ses plus grands hymnes, «  ce qui demeure toutefois, c'est ce que fondent les poètes  ».

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Chaque grand cycle historique occidental se reconnaît dans le chant de sa propre poésie fondationnelle. Virgile, Dante, Hölderlin, Ezra Pound: la constellation suprême de la poésie occidentale dans son devenir transhistorique propre, reconstitue, à travers le chant continuel mais de plus en plus désensoleillé de ses témoins prédestinés, de ses témoins chaque fois sacrifiés, immolés par le feu de la poésie absolue, par le Brasier Ardent de la continuité du chant occidental, la figure héraldique du désastre historique l'Occident, l'exil transcendantal dont se nourrissent souterrainement les aliénations et la mise-en-ténèbres de son espace de probation tragique, de son sang et de sa conscience prisonniers d'une dialectique d'obscurcissement désormais et depuis si longtemps déjà sans issue ni salut.

La poésie, dialectique agissante de la transhistoire à travers laquelle elle naît et se renouvelle indéfiniment dans l'histoire, apparaît ainsi comme la politique occulte d'un cycle transhistorique, comme la métapolitique en action de son propre devenir transcendantal.

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Ce que Virgile, Dante, Hölderlin et Ezra Pound ont invoqué et fait naître dans leur chant ininterrompu, c'est le lamento hyperboréen, l'anamnesis ensoleillante d'une race spirituelle  qui ne peut pas ne pas se souvenir , et jusqu'au plus interdit de son oubli préventionnel - et quel oubli profond est à présent son grand oubli, son refuge, son dernier refuge, son sommeil dogmatique et son Kiffhauser mental enseveli sous les cendres - qui ne peut pas souvenir, dis-je, des temps historiques, des saisons métahistoriques où l'espace de liberté ontologique réelle n'était pas encore exclue de sa propre histoire, de son propre espace d'être, et jusque de son propre sang et de sa propre conscience d'elle-même.

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A mesure, cependant, que la grand aliénation occidental de la fin avance dans l'histoire et se développe négativement, son mystère originel, et même, en quelque sorte, sa raison agissante, deviennent de plus en plus patent, de plus en plus manifeste: la poésie d'Ezra Pound, qui en rend compte tout en essayant de le dépasser, finit, dans ses Cantos Pisanos, par faire, de ce mystère d'aliénation lui-même, l'espace intérieur de son agir, tout en l'assumant comme sa blessure de mort et comme la raison voilée de ses rhétoriques d'éclatement et d'agonie sans fin, d'insoutenable dégoût face comme dans le Canto LXXII, au grand usurier Satan-Géryon, prototype des patrons de Churchill.

Que j'entonne le chant de la guerre éternelle, entre la boue et la lumière,

s'intimera-t-il, doctrinalement, au milieu du Canto LLXXII. Ainsi, ce que l'histoire occidentale du monde n'en finit plus de vouloir dissimuler, va transparaître dans les Cantos d'Ezra Pound avec l'intolérable évidence d'une révélation arrachée de haute lutte à la grande nuit déjà régnante, récupérée subversivement sur les établissements des ténèbres en place, sur les avant-postes ennemis marquant la ligne de front des multiples dialectiques de diversion et de crime mobilisés pour aliéner, pour obscurcir comme de l'intérieur tout entendement éveillé des nôtres.

Mais cette poésie de la fin, de l'éclatement crépusculaire et de l'agonie d'une civilisation - celle-ci symbole actuel, elle-même, de toute la succession nocturne de civilisations engagées sur la spirale descendante de la fin négative d'un cycle - comportera aussi, et cachera en elle - souterrainement, très-souterrainement - comme un mince et frais Sunion de dédoublement visionnaire. Car sa mission est non seulement celle de récapituler et de conclure un cycle lui-même en état de conclusion, mais aussi celle de projeter, par-delà les gouffres et comme par réverbération - réverbération cosmique, en réverbération médiumnique aussi - la part secrète de ce qui ne doit pas périr, en aucun cas périr, l'espérance à peine entrouverte d'un autre recommencement, au-delà de Léthé.

18

Une chose en tout cas m'apparaît encore comme à retenir: personne, et ce surtout dans les temps de la fin, personne ne saurait plus respirer l'air raréfié des hauteurs vraiment ultimes, ni donner asile en soi à ce que Hölderlin appelait, dans Brot und Wein, «  la plénitude divine  », la Göttliche Fülle, sans que celle-ci ne vienne à y laisser ses aveuglante brûlures solaires, ses lissons ardents et son souvenir sans merci, inextinguible et silencieux, extatique.

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Si déjà, «  au bord de l'abîme  », Hölderlin faisait, en écrivant à un ami, sa terrible confession d'état, «  maintenant je peux bien le dire, moi aussi Apollon m'a frappé  » dans son Canto LXXIV, Ezra Pound ne se définissant-il pas lui-même comme «  l'homme sur qui le soleil est descendu  » ?

Mais, pareil à Sémélé, rendue incandescente et amoureusement consommée par le feu du ciel, Ezra Pound, frappé lui aussi, par le soleil, transforme ce feu en lumière et devient lui-même lumière, chant ininterrompu célébrant les noces à la fois sauvages et extatiques du ciel et de la terre et la naissance théurgique du troisième terme, du troisième état apollinien de l'être. La poésie, comme Artémise, n'appartient-elle pas entièrement à Apollon ? Et comme Orphée, Apollon n'est-il pas, aussi, un Dieu Noir ?

Ainsi, marquée par «  la lumière noire d'Apollon  » qu'avait entrevue, un jour Aimé Patri, par cette mystérieuse et troublante «  lumière des loups  » dont parlent les traditions hyperboréenne de la Grèce antérieure, l'existence d'Ezra Pound n'aura été qu'un long et terrible vertige d'écartèlement au-dessus des gouffres intérieurs de l'état d'exil, de l'état de loup-garou dans l'appartenance occulte du Dieu Noir, de l'Apollon lui-même crucifié sur les ténèbres intérieurs du soleil, au-dessus du Puits du Soleil ?

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Né en 1885, dans l'Idaho, terre de l'Ouest profond traversée, sur ses hauts plateaux désertiques, par la rivière Snake, l'ancienne Rivière des Sorciers, Ezra Pound s'exilait des Etats-Unis en 19O7, où il ne devait retourner qu’en 1945, quarante ans plus tard, pour être jugé sous le chef d'accusation de «  haute trahison en temps de guerre  »,  haute trahison perpétrée en faveur des puissance de l'Axe et principalement en faveur de l'Italie, et pour se voir, éventuellement, condamné à mort. Cependant, reconnu comme «  dément  », dans «  l'impossibilité d'être jugé  » et nécessitant d'être «  interné et soigné  », jusqu'à nouvel ordre dans un «  établissement spécialisé  », dans un «  asile d'aliénés fédéral  », Ezra Pound échappa de justesse - miraculeusement même - à la corde, pour être interné à l'hôpital Saint-Elisabeth, à Washington.

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Ainsi, après treize ans de «  détention psychiatrique  » - ce qui précède et pulvérise tous les records soviétiques en la matière - l'immense visionnaire occidental et roman des Cantos Pisanos quittait les Etats-Unis en 1959 pour ne plus jamais y retourner, puisqu’il est mort à Venise et 1972 - le jour du 1er novembre - et enterré dans une petite île au large de Venise, en terre adriatique.

Pendant la dernière guerre mondiale, en effet, Ezra Pound avait assuré une série d'émissions américaines à Radio-Rome, dans laquelle il exhortait la nation américaine à se ressaisir, à prendre conscience de la signification cachée, interdite et prohibitionniste, dévoyée à dessein, d'une guerre allant fondamentalement contre le destin profond et les intérêts les plus vitaux des Etats-Unis dans le monde, d'une guerre d'aliénation nationale et servant des buts étrangers si ce n'est subversivement antagonistes à la vocation, au souffle et à l'être supérieur de ses peuples.

Dans un témoignage intitulé Tombeau pour Ezra Pound, Dominique Jamet écrivait, le 3 juin 1986, dans les colonnes du Quotidien de Paris:

«  La décision de l'incarcérer postulait qu'une autorité supérieure à la sienne le rangeait, en toute connaissance de cause, au nombre des individus dangereux, pour lui-même et pour les autres. Pour avoir été fasciste, il fallait que Pound eût été fou. C'était faire bon marché de la santé mentale de quelques centaines de millions d'êtres humains qu'avait séduits l'idéologie dominante du deuxième tiers du siècle.  »

«  Fallait-il être fou pour se proclamer indifférent à la guerre suicidaire, absurde, qu'engageait une moitié de l'humanité contre l'autre ? Fallait-il être foi pour crier que dans cette guerre allaient s'engloutir les vestiges de la civilisation ? Il fallait sans doute l'être, ou aveugle, ne fût-ce qu'à ses intérêts, pour parler à la radio italienne alors que les Américains étaient entrés en guerre contre l'Italie fasciste. Il fallait être fou ou aveugle, pour ne pas renier les idéaux défaits alors même que la défaite emportait le Reich millénaire et le nouvel Empire romain. Mais était-ce folie que de dénoncer la nouvelle barbarie qui déferlait sur le monde ?  »

20

Arrêté en Italie par les forces américaines d'invasion à la fin du printemps fatal de 1944, ou plutôt «  livré par les partisans  », Ezra Pound, avant qu'on ne l'expédie par avion à Washington, devait passer six semaines - les quarante jours et les quarante nuits des grandes épreuves initiatiques, des grandes descentes infernales, - dans l'enceinte du DTC américain de Pise.

Jean-Parvulesco-Ezra-Pound.jpgExposé au milieu du camp, ses compatriotes - ses soi-disant compatriotes - l'avaient enfermé, seul, dans une «  cage à gorille  » en poutrelles métalliques, entièrement à l'air libre et sans toit, en plein hiver et la nuit un projecteur aveuglant - à dessein - braqué en permanence sur lui. Ce fut ainsi.

Photo: Jean Parvulesco et Ezra Pound à Paris

Ezra Pound, instance supremissime du cycle fondationnel d'une civilisation occidentale finale, démiurge de la saison poétique - de la grande saison ontologique - appelée à conclure et à recommencer apocalyptiquement ce qui, avant lui, eut à instruire, et depuis quels abîmes, le chant originel de Virgile, de Dante, de Hölderlin, Ezra Pound, «  l'homme sur qui le soleil est descendu  », avait à ce moment-là soixante ans, et les deux derniers vers des Cantos Pisanos, écrits dans sa «  cage à gorille  », ne sont qu'un insondable cri de désespoir, de honte terrifiante et nue:

«  Si le gel te mord sous la bâche

Tu crieras "pitié" à la fin de la nuit.  »

21

Ayant eu moi-même le privilège, que j'estime des plus extraordinaires, d'approcher personnellement, et de la façon la plus conséquente, l'auteur des Cantos Pisanos lors de ses derniers passages à Paris, je peux témoigne directement de son appartenance à un autre niveau d'être - un autre niveau de l'être - tout autant que de la réalité magnétique, du rayonnement intolérablement paroxystique de sa présence immédiate, de son influence charismatique directe, qui n'en finissaient plus d'agir sous le vœu orphique du silence total , de la renonciation acharnée à la parole, à toute parole, vœu et barrière par lesquels il manifestait sa volonté d'absence d'un monde irrémédiablement en proie, depuis «  le printemps fatal de 1945  », aux puissances du chaos et du néant. (...)

Que ta clémence, Perséphone, se maintienne,

priait, au début du siècle, le jeune Ezra Pound, dans un sonnet aux cadences, aux implications extraordinaires proches de celles des plus occultes confréries de Fidèles d'Amour.

Et ces implications détenant, je ne suis pas très-loin de le penser, la clef décisive de toute intelligence amoureuse de l'œuvre d'Ezra Pound, je veux dire de toute intelligence concernant les pouvoir cachés et la lumière cachée se dégageant d'une certaine expérience amoureuse, aussi spéciale qu'elle dût avoir été totale, et dont le parcours, dont l'action souterraine semblant avoir secrètement contrôlé, et de quelle dramatique manière, la vie et l'œuvre d'Ezra Pound. Et quand je parle de pouvoirs cachés, comment ne pas se demander, aussi, quelles peuvent bien avoir été les origines cachées de ces pouvoirs ?

Vertige solaire final, à partir des vertiges solaires des commencements. Quel aura donc été le plus profond secret de vie d'Ezra Pound ? Dans son œuvre, il faut se résigner à la reconnaître, il n'y en a pas la moindre trace: pour y être quelque peu admis à en connaître, il faut avoir eu accès à la part confidentielle de son existence, et celle-ci, je peux l'affirmer avec force, se trouve à jamais hors d'atteinte, sauvegardée d'avance de toute ingérence extérieure à ce qu'avait été son excellence propre, sa «  plus haulte vertu  ».

Et ce que moi j'avais été reçu à savoir, initiatiquement parlant, sur la «  carrière amoureuse  » d'Ezra Pound, personne d'autre que moi ne le sait aujourd'hui.

L'amour absolu conduit au pouvoir absolu, dont la poésie absolue n'est que l'aura irradiante, la lumière à l'extérieur, le resplendissement boréal.

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Le soir du Décameron, quand Olga Rudge me disait: «  Je crois que le vieil oncle Ezra est dans les vignes du Seigneur  ».

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Dans la vie du vieil oncle Ezra, deux femmes, Dorothy Shakespear, et Olga Rudge. Quand Mircea Eliade me confiait que, suivant un ancien secret gnostique redécouvert par lui, la seule voie de divinisation - la seule expérience divinisatrice - restant ouverte aujourd’hui, pour l'humain, est celle d'aimer deux femmes.

On a compris qu'il s'agit en fait d'une voie tantrique. La plus grande sainteté «  pouvoir aimer deux femmes à la fois  ». C'est l'échec de parcours de cette expérience qui va mener le héros d'un des romans roumains de Mircea Eliade, Paul Anicet, à la résolution du suicide, du «  suicide mystique  ». Ce roman, non encore traduit en français, s'intitule Le Retour du Paradis. Sans aucun doute le plus important des romans de Mircea Eliade.

Quelle vertigineuse fulguration gnostique Ezra Pound est-il parvenu à établir entre Dorothy Shakespear et Olga Rudge, et quelle fut l'incarnation du troisième terme s'établissant gnostiquement entre elles ? Tre donne intorno alla mia mente, est-il dit dans le Canto LXXXVIII. Confession ? Et quelle fut la Troisième, l'inconnue des gouffres du Feu Sulamitique, le «  quatrième feu  », et elle-même faisant l'objet, dans la vie de son corps et dans le corps de sa vie, des feux de la très-occulte «  clémence de Perséphone  » ? Quant aux mystères agissants du «  quatrième feu  », voir aussi le long chapitre que je consacre à ce sujet dans La Spirale Prophétique.

D'autre part, je relève les «  accointances galactiques  » dont il faut sans doute créditer Olga Rudge. Des «  accointances galactiques  » dans le sens même où l'eût entendu H.P. Lovecraft. Dans un sens, je veux dire, immédiatement conspirationnel et métacosmique.

Ainsi que les fort énigmatiques relations tibétaines de Dorothy Shakesear. D'ailleurs, les dix dernières années de la vie d'Ezra Pound furent entièrement situées sous une certaine lumière tibétaine. A travers le mariage de sa fille, des liens d'étroit rapprochement s'établissent, pour Ezra Pound, avec le Tibet, et avec certaine mouvance tibétaine en Europe, parmi les plus discrètes.

Ezra Pound, «  figure solaire  » de Dionysos. S'identifiant au grand chat sauvage des Montagne Rocheuses de son enfance, Ezra Pound en reproduit les feulements enragés quand il donnera personnellement lecture de ses Cantos. On y reconnaît l'identification dionysiaque par excellence, celle de «  l'homme léopard  ».

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Sur ce que, refermées sur elles-mêmes, les anciennes confréries dionysiaques appelaient le «  pacte du silence  ». Ezra Pound, on l'a dit ici-même, s'était complètement tu pendant une dizaine d'année, jusqu'à devenir «  dépourvu de parole  ». Il n'avait accepté de «  reprendre parole  » que la nuit du diner chez Dominique de Roux, rue boulevard Saint-Germain, quand il avait cru qu'il lui fallait me dire, coûte que coûte, ce qu'il pensait du livre que je venais de lui consacrer, livre qui, depuis, s'est perdu. Et la suite hallucinée de ses confidences, axées, pour la plupart, sur la Sicile.

(...)

24

Et pourtant, malgré la distance peut-être infranchissable entre les autres, quels qu'ils fussent, et son exil à l'intérieur même de l'exil, il était impossible d'approcher Ezra Pound sans se rendre compte de ce que je devrais appeler sa bonté, une bonté qui, chez lui, se manifestait pas une disponibilité enthousiaste et sans cesse renouvelée pour le génie des autres, pour tout ce qui lui paraissait pouvoir participer d'une intelligence authentiquement révolutionnaire de la conscience occidentale du monde au moment où celle-ci était appelée à faire face en catastrophe à la première lame de fond de la montée finale des forces négative du chaos et du néant. «  Tout aux autres  ». Elingue prédestiné, qui n'a-t-il pas soulevé de terre ?

Joyce, Brancusi, Cummings, Eliot, les plus grands noms de la littérature et de l'art occidental modernes restent profondément redevables, dans leurs manifestations ultérieures, de l'attention active, de la volonté enthousiaste et stratégiquement efficace, volonté d'intelligence et de soutien immédiat, avec lesquelles Ezra Pound s'était tourné, au moment le plus critique, vers le devenir, vers la situation de leur œuvre en marche. C'est sur l'intervention personnelle d'Ezra Pound que Harriet Weaver s'était décidée à «  donner à Joyce  », écrit G.S Fraser, «  tout l'argent qu'il lui fallait pour qu'il puisse terminer Ulysses sans être gêné dans sa vie  ». Et ce n'est là qu'un seul exemple entre bien d'autres, innombrables. Non point une poussée exceptionnelle, mais la conduite permanente de toute une vie. Une vocation illuminée, une forme de destin et de grandeur. La cristallisation en lui d'une vibration éternelle.

25

Apollon est un Dieu Noir, Apollon est aussi le Destructeur, le Dévastateur: son nom vient d'apollunai, défaire, détruire.

«  Nul ne saurait aller au Père si ce n'est par moi  ». Nul ne saurait être admis à la vision solaire totale, impériale, à la fois ardente et limpide, d'Apollon Phoibos, le «  resplendissement  », s'il n'est pas descendu, avant, lui-même, jusqu'à ces tréfonds interdits et obscurs où veille l'Apollon Noir, instructeur et maître de la lumière hyperboréenne du «  soleil des loups  ». Regarder en face le soleil du jour, c'est avoir su - et surtout pu - neutraliser en soi-même tous les pouvoirs, et jusqu'à la réalité même du soleil noir de la nuit et de la mort, c'est avoir tué la mort par la mort, anéanti la négation fondamentale par une négation trans-fondamentale, une négation d'au-delà de toute négation: c'est réduire l'Urgrund nocturne des origines ontologiques par l'Abgrund préontologique et intransitif, qui n'est ni d'avant ni d'après le lieu originel, mais du non-lieu sans origine aucune d'où tout vient et où tout va. Sans origine ni devenir, exil de l'exil dans l'exil, seule la poésie, le «  sentier aryen oublié  », livrera l'ouverture occulte vers les chemins qui portent à la délivrance absolue, au salut absolu et aux pouvoirs absolus de l'existence en tant que «  concept absolu  ».

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Ce sentier aryen oublié, qui est peut-être aussi le sentier védique de la poésie la plus grande, est essentiellement un sentier d'exil, de rupture totale, de départ sans retour.

La voie secrète de la poésie la plus grande sera toujours la voie des éternels adieux.

26

Ainsi, «  Frères Illuminés de l'Asie  », «  Fraternité Secrète d'Héliopolis  », que sais-je encore, tous les noms sont bons pour monter ce qui ne doit absolument pas être montré: Ezra Pound voyait dans tous ceux qui, comme lui, concouraient à la mise-en-place d'un appareil clandestin de sauvegarde poétique et métahistorique d'une civilisation menacée, happée par la décadence et condamnée à l'anéantissement, les combattants héroïque d'une même cause ontologique, les héros sacrifiés d'avance d'une cause qui n'eût en aucun cas pu prétendre à l'emporter sans être passée par l'épreuve royale de l'or dans la fournaise, sans connaître la ruine finale de son propre temps historique et parcourir liturgiquement l'espace nocturne du mystère de sa défaite la plus irrémédiablement consumée.

Ainsi toute décadence dépassée devient-elle une conspiration active, dont les buts secret n'en finiront plus de se retourner contre elle-même.

27

- Dépassement, aussi, des tout derniers états de la conscience nationale par la conscience naissante, par le pressentiment hypnotique de la catastrophe générale.

- Déchéance américaine, déchéance occidentale, européenne, planétaire. L'obscurcissement intérieur d'un cycle à sa fin, le vertige en marche de la spirale intérieure d'une civilisation crépusculaire, de plus en plus nocturne.

- Déchéance d'une nation, d'une race, d'un sang, d'une souche métacosmique dévaluée, en voie d'auto-anéantissement - (H.P Lovecraft, «  Insmouth  »).

- Conclusion apocalyptique d’un cycle, inventaire de ce qui ne doit pas périr, de ce qui passera par-dessus les tumultes, les cauchemars de ka ligne du partage apocalyptique des «  eaux de la fin  » qui seront, surtout, des «  eaux de feu  ».

- Le ministère final de cet inventaire apocalyptique revenant, pour Ezra Pound, comme une prédestination de droit, aux tenants de la poésie en action, aux sacrifiés extatiques de la grande poésie.

- Au commencement et à la fin: c'est la poésie qui commence, c'est la poésie qui juge et qui anéantit, c'est la poésie qui juge et qui sauve.

- Clandestinité historique du Logos en action, la poésie est essentiellement guerre occulte, subversion et pétition permanente d'un renversement métahistorique total dont l'achèvement - quand viendra-t-il, quand, quand, quand - l'accomplit tout en la détruisant et la détruit tout en l'accomplissant, glorieuse et sereine.

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Or, toute sa vie d'homme Ezra Pound l'a vécue hors de la terre humble et sauvage qui l'a vu naître et ses treize dernières années de séjour dans les établissement gouvernementaux de détention et de contrôle psychiatrique de Washington représentent sans doute la forme la plus tragiquement noire et destituante de l'être engagé dans l'escalade de l'exil intérieur, qui est à la fois l'exil dans l'exil et l'exil à l'intérieur, dans le sens où, jadis, on parlait d'  «  émigrés de l'intérieur  »: le renversement dialectique finale qui fait, comme dans le cas d'Ezra Pound ramené de force aux Etats-Unis, le dernier état de l'exil de la terre même du retour, n'est pas le dédoublement de l'exil, mais l'annulation définitive de tout espoir de retour dans la mesure même où la liberté, la salut et l'honneur ne sont plus donnés, et encore moins rendus par les retrouvailles de l'exilé avec sa terre originelle. Et d'autre part, quelle est la terre originelle de notre actuel exil ontologique à nous tous ?

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Ainsi se fait-il qu'en cette extrémité dernière de notre expérience crépusculaire de l'histoire et du monde, le salut, la liberté et l'honneur ne sont plus à chercher que dans le départ à nouveau, que dans le deuxième départ et dans le départ sans fin de celui pour qui désormais l'origine se confond avec la fin, le désastre avec la gloire et l'oubli le plus total de soi-même et du monde avec la mémoire totale d'au-delà toute mémoire. Mais il s'agit d'une mémoire immémoriale, antérieure à tout oubli, à tout désastre et toute fin obscure, et dont l'antériorité ne se pose plus dans le temps, mais hors du temps, ontologiquement: chaque fois que quelqu'un se souvient de ce qui se situe indéfiniment au-delà de l'oubli, le monde de l'oubli disparaît comme par enchantement, et c'est bien là, dans la soudaine rupture des interdits, que réside et se lève le souffle vivant de la part à jamais hors d'atteinte du double mystère  hyperboréen - mystère de la glace et mystère du feu - agissant à travers la spirale ascendante de l'  «  éternel retour  » du Sang Majeur.

Et qu'est-ce que la grande poésie, ce que nous appelons la grand poésie, si ce n'est le chant du Sang Majeur ?

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Car c'est bien par le départ que l'exil se déclare et, tout comme l'os qui blanchit au fond de la blessure ouverte, c'est dans le départ que le destin se laisse, ou plutôt se donne à dévoiler: mais, si le destin le plus monolithique n'est jamais que le retour à l'être et, de par ce retour même, fondation nouvelle et nouveau commencement, et si c'est dans la rupture des digues et dans la dévastation des anciennes fondations, dans le déracinement et dans le désespoir que tout renouveau prend ainsi naissance, combien plus profond encore ne sera-t-il donc alors le destin enraciné dans le déracinement même, l'exil dont l'espérance n'est plus tournée vers le retour mais vers l'horizon agonique, vers la remise en question infinie d'un exil plus éloignant que tout exil, l'exil de l'exil dans l'exil ? Or c'est bien ainsi que se pose le problème de l'exil d'Ezra Pound, dont la poésie est aussi ce par quoi tout nous est désormais devenu exil, et exil à jamais.

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La poésie fondationnelle des cycles métahistoriques, celle de Virgile, de Dante, de Hölderlin ou d'Ezra Pound, n'interpelle jamais la réalité immédiate, ne traite jamais directement de la réalité immédiate du monde qui est supposé être le leur, mais uniquement - toujours et jamais autrement - des figurations mythologiques particulières de cette réalité, qu'elles fussent religieuses, existentielles et tragique ou, lors des grandes saisons de désertification spirituelle, des figurations rhétoriques se suffisant à elles-mêmes, des «  figurations de figuration  », des figurations «  culturelles  », plutôt honteuses, «  post-créationnelles  », savantes.

Encore une fois: pour trouver et se donner le matériau de travail nécessaire à son affirmation, cette poésie des sommets et de l'agonie n'interpellera chaque fois que seule la culture de son époque, la culture seule dont elle est tenue d'établir la conclusion, la figure assomptionnelle suprême, et non la réalité directe du monde dont cette culture veut s'imposer comme la conscience vivante, comme l'interpellation chiffrée par les signes  de ses rhétoriques en action, et finalement, et toujours, comme le masque d'or théologique. A la fin seules les théologies l'emportent.

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Le cas de Hölderlin serait-il différent, dont les échappées lyriques l'emportent souvent - mais là aussi n'est-ce pas apparence, seule apparence - sur la sommation prophétiques de ses grands hymnes supra-historiques, de son hymnein ontologique ? La preuve qu'il n'en n'est rien, on la trouvera dans la tragédie de l'autodissolution de son moi dans l'ensemble de la vision sémiologique de la vision qui fut la sienne, qui lui appartint avant qu'il ne finisse lui-même par lui appartenir: c'est quand il parlait apparemment le plus de lui-même, au paroxysme ultime de l'incandescence lyrique du «  chant enclos  », que Hölderlin ouvrait les vannes de la remontée dévastatrice de l'être, de l'être - on me comprend - conçu dans les dissimulation tragiques et nocturnes - nocturnissimes - que l'on sait préposées aux temps de l'impuissance, de la sècheresse et de l'oubli. Les temps, autant le dire, de notre propre impuissance, de notre propre dessèchement, de notre propre oubli. C'est quand s'effaçait de plus en plus irrévocablement devant le ministère mythologique et fondationnel de son chant prédestiné, le chant d'un monde dont il devait ainsi devenir, en cessant totalement d'être lui-même, le vertige occulte de l'impersonnalisation absolue et le «  concept absolu  », que Hölderlin accédait à son identité ultime, supra-personnelle et supra-historique, à son identité dogmatique, mythologique et «  divine  ».

Longtemps, très-longtemps, à Tübingen, sur les rives du Neckart, Hölderlin sut montrer qu'il n'était plus lui-même, qu'il était devenu - définitivement - cette Allemagne éternelle dont la figure préontologique était censée illuminer, depuis les hauteurs, la totalité du cycle de destin continental qu'il avait ramené, lui-même, à ses principes, à son être eidétique, où la Garonne s'identifiait visionnairement - hypnagogiquement - avec le Rhin, avec l'Oxus, avec l'Indus, avec la rivière éternelle de l'être se rejoignant lui-même à travers le lointain des terres, des sables, des gouffres occultes du non-être et de ses dominations d'ombre.

Mais, d'autre part, le long sommeil dogmatique de son engouffrement dans le mystère orphique de la dépersonnalisation, Hölderlin ne l'a-t-il vécu, aussi, comme l'élévation extatique et pacifiée, infiniment pacifiante de ce qui, en lui, et par lui, avait ainsi établi, encore une fois, et combien secrètement, la gloire de son règne ?

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Or ce même processus de dépersonnalisation existentielle apparaîtra aussi en des temps encore plus obscurs, et hypnagogiquement, avec le chuchotement mythologique de la romance de James Joyce, le Finnegan's Wake.

Ici, qui chante ? Et les abîmes lumineux du sommeil dogmatique de la dépersonnalisation, de la dépersonnalisation qui définit et dénonce, qui démantèle sans fin la «  personnalité  » supposée de l'écrivain James Joyce ainsi vertigineusement dissoute dans son propre chant avançant à travers le songe et avec tourbillons écumants de la rivière Anna-Livia Plurabelle, ces abîmes du sommeil de l'auto-dépersonnalisation mythologique de quelqu'un, mais de qui - de qui désormais - ces abîmes de la plus abyssale mémoire celtique de la plus grande immémoire du cycle, ne sont-ils finalement pas les mêmes - quelque part - dans l'œuvre poétique d'Ezra Pound, quand ils y apparaissent ?

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La conscience totale et totalisante, polaire, la conscience littéralement totalitaire qui est celle des Cantos d'Ezra Pound par rapport aux vastes ensembles de ratissage «  culturel  » constituant - et sans cesse reconstituant - leur charge d'ouverture domaniale, vouée, celle-ci, exclusivement, à fournir l'exaltation réverbérante, le pathos déchirant du chant unique œuvrant comme pour son propre compte alors qu'il n'y œuvre que pour le compte de cela même dont le destin est de tout lui prendre, cette conscience ainsi réputée totalitaire n'est-elle pas, de par cela même, une conscience intemporelle, fondamentalement dépersonnalisée, où tout se doit, où tout est ramené - se doit d'être ramené - au seul présent dévotionnel de cette parousie ininterrompue dont les Cantos se nourrissent et vivent, parousie de leurs propres entrailles solaires, saisissables uniquement dans, et, surtout, par l'ensemble des chants en action, et jamais aux stations, aux étapes intérieures de cet ensemble, jamais au niveau d'un seul Canto ? Et là le mot à retenir est celui de parousie.

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Car, à l'instant même où, dans l'aventure d'une lecture - d'une récitation - intérieurement liturgique des Cantos d'Ezra Pound, on cesse de regarder en face le terrifiant soleil blanc de leur unité ontologique, le chant s'en trouve suspendu, et cesse, devient lettre suspecte d'un ensemble expirant, comateux, et comme lettre morte, à peine non-signifiante, cadavre dépecé et vertige obscurantiste, «  culturel  », de mots en interruption d'œuvre vive, voire, comme disaient les autres, «  cadavre exquis  ».

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Dans un certain sens, les rapports situant l'émergence de la non-identité personnelle du porteur du chant dans les Cantos d'Ezra Pound - ou dans le Finnegan's Wake, ou dans les hymnes hölderlinien de la série prophétique et mythologique finale - face à l'ensemble de l'œuvre en action et souverainement régie, dans sa marche, par cette même émergence précisément, sont les mêmes rapports que ceux dont on entend qu’ils établissent , dans la phénoménologie husserlienne, l'élévation d'un Je transcendantal au centre et au-dessous - élévation à vrai dire combien mystérieuse quand elle parvient à se faire agissante - de la conscience qui, de conscience en conscience passe illégalement, gnostiquement, à l'état de conscience des consciences.

Qui l'eût cru ? Des noces clandestines de Meister Eckhart et de la Kabbale Juive, une lumière gnostique émane, qui sert, aussi, à illuminer en profondeur le secret institutionnel des Cantos Pisanos.

La répugnance que j'ai toujours ressentie à l'égard de la phénoménologie husserlienne en vase clos ne m'empêchera quand même pas d'y reconnaître les fers de l'ancienne griffe gnostique alexandrine, les feux spirituels qu'une gloire judaïque aussi clandestine qu'illégale religieusement, mais illuminée, opératoire, surpuissante et sainte très-certainement, que l'autre judaïsme n'a jamais voulu reconnaître et moins encore s'en concéder les fruits ardents, d'outre-monde, salvateurs et de maniement extrêmement périlleux. Encore que là-dessus, bien des choses resteraient à redire. Et des plus excitantes. Canto LXXVI, évoquant ces briques que l'on croit nées ex nihil.

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Dans ses Cantos Pisanos - j'ai décidé d'appeler, désormais, tous ses Cantos du nom coronaire final de Cantos Pisanos, en souvenir très précisément, de ce qui lui fut fait à Pise - dans ses Cantos Pisanos, dis-je, Ezra Pound procèdera toujours par la dialectique opératoire - essentiellement gnostique, et je dirais même alexandrine - des accumulations, mais la mission de ses accumulations n'est pas celle d'épuiser exhaustivement le domaine de la matière culturelle occidentale de la fin ( disons, aussi, que j'utilise ici le terme de manière occidentale comme certains celtisant arthurien parlaient de la «  matière de Bretagne  »).

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La mission propre des accumulations culturelles occidentale dans ses Cantos Pisanos, Ezra Pound la conçoit sur un mode en quelque sorte héraldique, destiné à établir comme une micronésie aussi éclatée qu'ardente, comme une grille sémiologique s'ensemble, engagée à mobiliser et à annoncer, à dénominer - et cette dénomination sera très hautement opératoire, gnostique et métacosmique dans ses œuvres ultimes - une accumulation sérielle d'accumulation dont les habilitation intimes se proposeront en effet de feindre de disposer - je veux dire de disposer symboliquement, voire magiquement - de la totalité culturelle de la «  matière d'Occident  » émergeant en cette fin occidentale du cycle de la fin, du grand Cycle de la Fin.

Les accumulations opératoires de la poésie des Cantos Pisanos ne prétendent en rien absolument à procéder à des amoncellements, à des bancs de données culturelles se donnant je ne sais quelle mission secrète préservatrice, désespérée par le tour que prennent les choses, ses accumulations n'ont d'autre identité que celle du pathos magicien et héraldique destiné à les porter vers ce qu'il faudrait peut-être convenir d'appeler leur réalité idéale, dodécaphonique.

Rien, absolument rien n'existe dans les Cantos Pisanos au niveau de la partie, tout y est accumulation et toute accumulation est engagée à s'auto-anéantir à l'instant même où elle se constitue en vue d'être admise à soutenir l'unique chant, le chant transcendantal qui émane - dans le sens gnostique du terme - de la seule totalité constituante et constituée des Cantos Pisanos dans leur ensemble dit et non-dit, et cette totalité elle-même se rompant, éclatant sans fin, une fois ainsi instituée, pour redescendre ders le gravier non-intentionné de ses parties, là où elles de trouvent et come elles s'y trouvent, de ses parties qui la soutiennent secrètement tout comme le gravier soutient la courant étincelant, limpide, de la rivière qui va, vers où elle va.

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Il est à relever, d'autre part, que le traitement des parties extrême-orientale des Cantos Pisanos - ou de je ne sais quelles négritudes données pour transcendantales, fiction symbolique où Ezra Pound suit les obsessions atalantes de Léo Frobenius - appartient à une politique d'exploitation exclusivement culturelle de la matière d'occident, où les appellations extra-occidentale, quelles qu'elles fusent, ne sont admises à être utilisées que dans la seule mesure où elles peuvent justifier d'un intérêt que leur eût port" quelqu’un des nôtres et à l'intérieur d'une aire d'habilitation réellement occidentale. Tout compte fait, ce n'est pas tellement l'écriture chinoise qu'intéressera Ezra Pound, mais l'intérêt que Fenollos avait porté à celle-ci, etc.

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Le dessein occulte à l'œuvre dans les Cantos Pisanos prétend-t-il mobiliser, embrasser poétiquement la totalité de la culture occidentale concernée par la conclusion catastrophique de ce cycle final du Kali-Yuga, à elle seule cette prétention - ne fût-ce qu'en tant que prétention seule, et rien qu'une prétention avouée, proclamée subversivement - va aussitôt substantialiser la mise en symbole du processus ainsi déclenché, entamer la dialectique de son auto-transcendance, de la soudaine émergence en son sein du chant totalisateur, du pôle d'attraction active d'où procède la mystère du chant unique. Ne bougez point, laissez parler le vent: le Paradis est là, Canto CXX.

Comme le feu courant dans la plaine embrasée, et qui flambe haut, l'œcuménicité d'état du symbole de la totalité de l'aire culturelle à laquelle Ezra Pound en appelle ainsi fera que les choses apparaissent d'avance comme si elles étaient ainsi, et c'est cette apparence même - et sa substantialisation, sa mise-en-chant - qui constituait le but caché de l'opération menée, par lui, de main de maître. Une apparence acceptée comme symbole abyssal de ce qu'elle représente devenant, de par cela même, le noyau vivant de ce qui s'y trouve représenté, son "Je transcendantal". «  Qui t'a fait roi ?  » «  La royauté  », ou, plutôt, «  ma propre royauté  ».

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Ainsi en viendra-t-on à comprendre qu'une lecture doctrinalement et philosophiquement légitimée des Cantos Pisanos équivaut réellement à une expérience gnostique en profondeur, que les pouvoirs supérieurs d'une certaine poésie secrètement comprise - conduisent à l'intelligence existentielle, autrement dit la participation liturgique directe et immédiate aux mystères fondationnels d'une civilisation accédant à la conscience dépersonnalisante de soi-même à l'instant précis où - or tout est dans cet instant - le processus dialectique final est entamé qui, d'une part, doit en prévoir l'auto-anéantissement à brève échéance mais, qui, d'autre part, ne doit pas moins veiller à ce qu'il y ait passage vers l'imprépensable des recommencements, de la reprise du souffle en vue des prochains grands cycles métacosmiques à maîtriser.

Je dois signaler que le concept d'imprépensable je l'emprunte, dans son acception ontologique, à Martin Heidegger.

shih-ching-ezra-pound-9780674133976.jpgEnfin, chose également à ne pas passer sous silence, la poésie vivante et agissante des Cantos Pisanos n'est pas seulement à proposer l'institution accélérée de l'Arche Métasymbolique de nos temps voués à l'auto-anéantissement, elle est elle-même, ontologiquement - et de par elle-même, révolutionnairement - cette Arche Métasymbolique.

Ainsi les armes de la poésie des Cantos Pisanos doivent-elles exhiber, comme devise, l'ancien mot diplomatique des nôtres, et in Arcadia ego.

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Ezra Pound: «  L'ingenio est immortel, le temps n'en a pas fait sa proie  ». Récapitulations actives:

- au commencement, le ministère de la poésie accuse la transparence, le pathos royal et orphique, le mystère du nommer, le mystère du fonder (" Ce qui demeure, les poètes le fondent").

- à la fin du cycle: reconnaître le sien, redire, rappeler hypnagogiquement, s'utiliser à choisir ce qui doit rester, parvenir à emprunter une voie de passage vers le cycle suivant, par-delà l'abîme final.

Dans la poésie d'Ezra Pound, intercepter intérieurement le chant d'un monde solaire soigneusement dissimulé, va vibration intérieure, son «  rayon vert  » : le chant mémoire d'une monde solaire devenant, à son crépuscule, la mémoire ce chant, la mémoire qui chant qui s'éteint, du «  chant perdu  ».

-  certitude du retour, certitude gnostique du retour du soleil, du Sol Invictus.

- «  vertige solaire final, à partir des éclats du vertige solaire des commencement  ».

- or, à présent, la dernière interrogation accédant, à bout de souffle, à la formulation apocalyptique par excellence, quel sera son nom, qui sera le Sol Invictus, le demander à Gala Placidia, comme dans le Canto LXXII:

J'entendis alors

Des voix confuses et des bribes de phrases

Et le chant des oiseaux en contrepoint -

Dans le matin d'été et dans l'aigre refrain

D’une voix si douce:

          Moi Placidia, j'ai dormi sous une voûte d'or

Chanson comme les notes d'une corde bien tendue

         Mélancolie de femmes, et quelle tendresse, commençais,

Cependant que ...  »

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Cinquante ans et plus après le départ de son Idaho natal, l'homme a été choisi et s'est choisi lui-même pour rendre compte des derniers états d'un cycle méta-historique déjà révolu, et révolu dans sa totalité intemporelle même, pour suivre les affres d'une civilisation s'engouffrant, agonisante, dans les souterrains métapsychiques, dans les "souterrains indiens" de la phase finale de son devenir obligé et de ses plus occultes enfers, le '"vieil oncle Ezra", l'ancien proscrit du collège d'Indiana, gardait encore, parfaitement intact, et quelle plus admirable preuve matérielle de son enracinement transcendantal dans le mystère pélasgien de la «  terre des origines  », l'accent et le parler de l'Idaho forestier, sauvage et chaotique, de l'Idaho magique et si puissamment magicien de son adolescence illuminée: à l'intérieur de lui-même, dans l'exil de l'exil de son exil, «  l'homme sur qui le soleil est descendu  » n'a jamais quitté les forêts de noirs sapin sous la brume, les rochers éclatés, les clairières pleines de silence, d'ombres indigo et de neige de ses Montagnes Rocheuses.

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Si le parler américain d'Ezra Pound charriait  des résonances, produisait une diction, des cadences et un souffle intérieur extrêmement différent - et lointains - de l'américain tel qu'on le parle aujourd'hui, c'est qu'en quittant les rives empoisonnées de la Snake, homme sur le soleil est descendu avait emporté avec lui ce que Donald Hall, en commentant les émissions de celui-ci à la radio - des lectures de ses Cantos - appelait «  l'ancien accent américain  ». Et le critique G.S Fraser, en évoquant, lui aussi, l'américain personnel d'Ezra Pound: «  c'est l’Idaho de 1880 qui, mystérieusement, nous parle  ».

Car ce n'est pas Ezra Pound qui a quitté les Etats-Unis, ce sont les Etats-Unis qui se sont à jamais quittés eux-mêmes à travers l'exil d'Ezra Pound, à travers l'exil planétaire et métacosmique, à travers l'exil ontologique de cet exil désormais s'accomplissant sans fin, sans espoir ni merci dans l'exil de son propre exil.

The world o'ershadowed, soiled and overcast,

Void of all joy and full of ire and sadness.

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Mais comment la dit-il, dans son LXXVII Canto Pisan, comment la dit-il sa très nuptiale vision de l'Italie, de l'Italie Secrète ? Il dit que la brume recouvre les seins de Telus-Helena et remonte l'Arno.

Et s'est-on vraiment demandé - ne fut-ce qu'entre nous autres - pour quelle raison Ezra Pound avait fait de l'Italie - bien au-delà de tout choix politique - sa fulgurante patrie intérieure, sa patrie prophétique et amoureuse, la patrie secrète de son espérance et de son salut, la patrie, aussi, de sa foi perdue et de son grand amour perdu, la patrie ardente de la secretissima ? Je dis qu'une certaine lumière - songerions-nous à la Toscane, à l'Ombrie - pourra bien répondre à cette interrogation, et le faire silencieusement, comme de par sa seule présence-là. Nous approchons du rebord des confessions ultimes, face au vide, face à l'azur, face à la mer écumante et sombre, face à la mort en pleine lumière. Je le sais, la secretissima était une lumière, à midi.

La mer n'est pas plus claire dans l'azur

Ni les Héliades porteurs de lumière

écrit-il dans son sublime LLXXIX Canto Pisan, le grand chant des lynx et du mystère solaire du lynx et des roses, sous l’irradiation embrasante du feu vivant de la grenade, sous la protection des vignes, la protection la plus ancienne. Et la nôtre aussi, car nous le connaissons, nous autres, le Seigneur du Fruit de la Vigne.

Cythèrée, voici des lynx

Le chêne nain va-t-il se couvrir de fleurs ?

Il y a une vigne rose dans ces broussailles

Rouge ? Blanche ? Non, mais une couleur entre les deux

Quand la grenade est ouverte et qu'un rayon de lumière

La pénètre à demi

 

écrit-il, toujours dans le Canto LXXIX, où il dira aussi, brûlé par le secret rougeoyant de Pomone:

Ce fruit est rempli de feu

Pomone, Pomone

Il n'y a pas de verre plus clair

Que les globes de cette flamme

Quelle mer est plus claire que

Ce corps de grenade

Tenant la flamme ?

Pomone, Pomone

Lynx, garde bien ce verger

Qui a pour nom Mel grana

Ou le champ de Grenade

 

La traduction française de ces fragments des Cantos Pisanos appartient à Denis Roche (l’Herne, 1965)

Ce qu'Ezra Pound, l'homme sur qui le soleil est descendu, cherchait en Italie, on l'a compris, c'est le Paradis. Toscane, Ombrie, Ezra Pound avait accédé à la certitude inspirée, initiatique, abyssale, que le Paradis était descendu, en Italie, pendant le haut moyen-âge, et que très occultement, il s'y trouvait encore. Pour en trouver la passe interdite, il suffisait de se laisser conduire en avant, aveuglément - et nuptiale ment aveuglé - par la secretissima, par une certaine lumière italienne de toujours.

Jean Parvulesco

(Extrait du Cahier Jean Parvulesco publié en novembre 1989, aux éditions des Nouvelles Littératures Européennes, sous la direction d’André Murcie et Luc-Olivier d’Algange.)

 

dimanche, 03 janvier 2021

« Nous qui avons franchi le Léthé » - Notes sur Ezra Pound

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Luc-Olivier d’Algange:

« Nous qui avons franchi le Léthé »

Notes sur Ezra Pound

Les contempteurs d'Ezra Pound, qui tentent, avec une mauvaise foi plus ou moins notoire, de réduire son oeuvre à l'idéologie, non moins que certains épigones qui la réduisent à un « travail d'intertextualité », exclusivement justiciable d'une sorte de critique littéraire para-universitaire, passent, mais c'est leur rôle, à côté de la réalité magnifique des Cantos en tant qu'aruspices. Ces mots sur la page, disposés en vol d'oiseaux, exigent un envol de la pensée, un envol, c'est à dire une conversion herméneutique qui, par-delà les écueils de l'analyse, nous portera jusqu'aux espaces ardents du déchiffrement.

9782081272422.jpgLes Cantos sont, dans l'histoire de la poésie mondiale, un événement unique. Rien n'y ressemble de près ou de loin. Tout au plus pouvons-nous laisser se réverbérer en nous, à son propos, les ors fluants de la prosodie virgilienne, un art odysséen de la navigation, et le dessein récapitulatif et prophétique de La Divine Comédie. L'œuvre ne choisit pas entre l'amplitude et l'intensité, entre l'horizontalité et la verticalité. La vastitude des Cantos loge des formes brèves, des aphorismes qui s'ouvrent allusivement sur d'autres vastitudes. Pound est, avec Saint-John Perse, l'un des très-rares poètes modernes à ne point dédaigner ni le réel, ni le mythe. Les hommes dans le poème de Pound tracent les figures de leurs destinées entre les choses et les dieux. De surprenantes collisions s'opèrent, les temporalités se rencontrent et se traversent selon leurs propriétés et selon leurs signes.

Cette apparente confusion est le véritable « ordre » de la pensée. Il importe, en effet, de laisser au devenir, à l'histoire, leurs puissances et leur plasticité, et aux figures éternelles, leur éternité. Entre le mercure historial et le souffre de la flambée prophétique, le poète cristallise le sel de la sapide science. Le savoir est saveur. Le Gai Savoir d’Ezra Pound, relié aux arts poétiques romans, allège le monde. Ce monde si lourd, ce savoir si pesant, ce plomb des choses mortes et insues, la prosodie d’Ezra Pound les relance, les laisse voltiger dans les hauteurs et il nous livre, nous lecteurs, à ces prodigieux mouvements météorologiques !  Les Cantos  frappent d'inconsistance une grande part de la poésie moderne, subjective, minimaliste ou sentimentale qui s'efforça d'abaisser le langage humain dans ses ressources, de rompre le pacte métaphysique unissant l'Aède à la Mesure et la pensée humaine à la diversité du monde.

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Une erreur banale consiste à prendre les Cantos comme un chaos de formes, de citations, d'interférences, une machinerie sauvage d'hyperliens, pour user du jargon informatique, une rébellion polysémique contre l'ordre, la mémoire et le sens. C'est oublier qu'Ezra Pound, en bon confucéen, se voulut d'abord défenseur de la tradition, c'est à dire de la transmission du sens, de la déférence et des préséances, servant et créateur d'une Mesure sensible et métaphysique aux antipodes de l'outrecuidance de la pensée « anarchiste ».

Rien, dans cette oeuvre souverainement libre, ne se réduit à ce qui est devenu, hélas, un dérisoire mot d'ordre bourgeois: « Ni Dieu, ni Maître ». Le paradoxe n'en brille que d'un plus vif éclat. Les Cantos sont le récit de l'histoire du monde, disposés dans le ciel de la mémoire humaine, en ressouvenir du ciel de l'immémoire surhumaine, et offerts à notre déchiffrement. Nulle obscurité mais d'impérieuses lucidités. Nous ne sommes plus dans le stupide dix-neuvième siècle des téléologies évolutionnistes, ni dans l'abominable modernité fondamentaliste du vingtième siècle, mais dans une autre logique, traditionnelle et prospective, qui sera peut-être l'inventrice de l'Europe du prochain millénaire, si toutefois elle survit au ravage. 

L'énigmatique « Il faut être résolument moderne » de Rimbaud trouve dans l’œuvre d’Ezra Pound à la fois son explication et son application. Etre moderne, pour Rimbaud c'est trouver la juste Mesure avant même que l'accord ne résonnât dans le monde. En ce sens, être moderne, c'est être, à l'évidence contre ce composé de toutes les paresses « progressistes » qui est le propre du « monde moderne ». Etre moderne au sens rimbaldien, c'est précisément inventer, comme le fait Ezra Pound, la prosodie de l'avenir, c'est être aruspice, c'est déchiffrer dans l'intemporel les lignes annonciatrices du plus grand avenir par fidélité à la mémoire et à la tradition. « Tout ce qui n'est pas Tradition est plagiat » écrivait Eugenio d'Ors, en échos avec Nietzsche: « L'homme de l'avenir est celui aura la mémoire la plus longue ». La remémoration des configurations décisives de notre passé n'est point nostalgique, elle est le dispositif nécessaire de toute reconquête.

posthumous-cantos-ezra-pound-9781784101206.jpgPound exige beaucoup de son lecteur, c'est sa façon de l'honorer, de le considérer comme son égal. Il est impossible de lire les Cantos sans parcourir les espaces, les savoirs, les songes qu'Ezra Pound lui-même parcourut pour les écrire. Les Cantos sont, à cet égard, une prodigieuse mise en demeure. Ils nous somment de vaincre notre paresse et notre ignorance. Ces chants sont des passerelles entre des mondes qu'il nous faut élever hors de l'oubli par l'attention et la remémoration. Le confucianisme de Pound est ainsi une méditation sur la Mesure qui unit le Ciel et la Terre, les configurations célestes, que traversent les formations ailées des vocables et les événements de l'histoire du monde.

Cette oeuvre d'un cosmopolitisme supérieur (et il faudrait un jour définir en quoi le cosmopolitisme impérial des « grands européens », pour reprendre la formule de Nietzsche, diffère fondamentalement du mondialisme uniformisateur) n'est point sans évoquer les langues de feu de ces véritables apôtres que sont les poètes qui consentent aux périls et aux gloires de l'aventure poétique. Alors que la démocratie universaliste enferme, de fait, les hommes dans des communautarismes a-historiques, le cosmopolitisme d’Ezra Pound, dans sa perspective impériale et confucéenne, œuvre à la recouvrance des possibilités abandonnées de l'aventure poétique, virgilienne et orphique, qui discerne, au-delà des langues, la vérité épiphanique de la vox cordis et de cette expérience métaphysique fondamentale qui préside à la fois au chant des poètes et à la naissance des civilisations. Des civilisations naissent et meurent, et le poète s'y intéresse en premier lieu car ces civilisations naissent et meurent dans le chant des poètes. Les poètes n'accompagnent pas la naissance des civilisations, ils la précèdent. Il faut, disait Rimbaud, « tenir le pas gagné ».

« La poésie ne rythmera plus l'action, elle sera en avant ». A dire vrai, en avant, elle le fut de tous temps. Le « toujours » du poème devance l'histoire dans laquelle elle s'inscrit et qu'elle déchiffre, comme son reflet éblouissant. Le poète cherche sa Mesure; la civilisation est une Mesure trouvée. Toutes les questions de philosophie politique ou de métaphysique trouvent leur répons dans une prosodie. Il importe seulement de ne pas confondre cette Mesure avec une demi-mesure, ou avec un compromis, autrement dit une commune-mesure. La Mesure métaphysique ne prend son sens et son efficience que par le point surplombant qui la définit.

Le songe dont naissent les civilisations, et qui chante antérieurement dans toutes les langues dans l'entendement est d'une simplicité surhumaine. Par la récapitulation enchantée de l'histoire humaine (on ne saurait méconnaître que nous sommes désormais, pour le pire et le meilleur, héritiers de l'histoire du monde) les Cantos d'Ezra Pound nous convient à rien moins qu'au dépassement de nous-mêmes et à la conquête d'une surhumanité rayonnante dans la parousie de tous les chants destinés à traverser la mort, comme des âmes infiniment fragiles et glorieuses sur la barque léthéenne. C'est au moment où tout s'efface que la poésie castalienne nous fait le signe qui nous dit que tout recommence. Le poème est écrit en diverses langues, non par goût de la confusion des genres, ou du métissage, mais pour l'excellente raison que, dans l'ordre de la poésie, tout ce qui est dit est traduit d'un silence antérieur:

 

« Luit

Dans l'esprit du ciel

Dieu qui l'a créé

plus que

soleil en notre oeil. »

 

 

                                                       

mardi, 27 octobre 2020

Ezra POUND – Une Vie, une Œuvre : Violemment américain

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Ezra POUND – Une Vie, une Œuvre : Violemment américain (France Culture, 1992)

 
Voici la publication du vendredi, jour dédié aux inspirations de la Poésie française : Émission "Une Vie, une Œuvre », par Pascale Charpentier, sous-titrée « Violemment américain », diffusée le 5 novembre 1992 sur France Culture. Invités : Hubert Lucot, Jacques Henric, Jacqueline de Roux, Michel Morht, Yves di Manno et Richard Sieburth.
 
Mise en ligne par Arthur Yasmine, poète vivant, dans l’unique objet de perpétuer la Poésie sur tous les fronts.
 
 
Facebook : http://ow.ly/ZRq2X
 
Sur la Beat Generation, ses précurseurs et ses héritiers (en construction) : http://bit.ly/2qBXD8j
Les inspirations de la Poésie française (en cours de construction) : http://bit.ly/2qC8PoQ
Les émissions 'Une vie, une Œuvre' à propos d'un poète : http://bit.ly/2noIk5W
Le reste est dans les plis du voleur : http://ow.ly/Zqubf
 
Notice : Comme Louis-Ferdinand Céline, Erza Pound a connu la gloire et l'opprobre. Sa vie et son œuvre posent à l'esprit humain une question insoluble, une insupportable énigme : comment peut-on être en même temps écrivain de génie - le plus grand poète américain du siècle - et chantre de l'idéologie fasciste, ennemi irréductible de la démocratie ? Au départ, il sollicite le dépaysement ; enfant du vieil Ouest, il laisse derrière lui l'Amérique, quitte en 1907 la morne société victorienne pour l'Europe où il décide de vivre. Londres, Paris, Venise... Traducteur, poète, critique, Erza Pound est capable d'avoir une idée par seconde et fonde une demi douzaine de mouvements littéraires. Compositeur, éditeur, plus généreux que marmoréen, il "épaule" James Joyce dans la recherche, dans la continuation d' "Ulysse"... Point d'effusions diffuses ou d'épanchements, le poète n'écrit pas en son nom puisque sa création englobe tout l'héritage culturel. Ezra Pound entreprend les Cantos, un "livre des morts" ou une "descente aux Enfers", qui établit un dialogue avec les textes célèbres de la culture Européenne puis chinoise ... Et visite les traductions inconnues et convoque les maîtres relégués dans l'ombre, oubliés ou négligés.
 
Défenseur érudit de la tradition artistique et promoteur de formes nouvelles, Ezra Pound procède par conversation fragmentaire, fusion de personnages, montage de citations, d'événements spirituels et de Faits divers de l'époque, compression de l'Histoire... Contempleur acharné de l'usure et de la décadence des Etats-Unis, il se livre pendant la Seconde guerre mondiale à des causeries véhémentes et violemment anti-américaines, à la radio romaine, et en faveur de Mussolini, se prononce contre l'intervention US Traitre à l'Amérique, dès que les Américains débarquent, il est enfermé par les forces militaires dans une cage de fer, ramené et interné à Washington. L'homme déchu est primé et célébré en 1948, "grand poète américain", les Cantos sont salués comme "la grande épopée de Notre temps et de l'homme moderne". Au terme de sa vie, Ezra Pound se plaît à dire qu'il a été le dernier Américain a avoir vécu la tragédie de l'Europe ou encore "une fourmi qui aurait échappé au naufrage de l'Europe".
 
[RAPPEL des jours de publication :
- Lundi : modèles antiques (poètes de la Bible, de la Grèce ou de la Rome antique) ;
- Mardi : poésie médiévale ;
- Mercredi : poètes de la Renaissance ;
- Jeudi : poètes de l'Âge classique et baroque ;
- vendredi : inspirations étrangères (du Dolce stil novo à la Beat Generation) ;
- samedi : poètes de la Modernité ;
- dimanche : poésie contemporaine ou vivante.]
 
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jeudi, 24 janvier 2019

Ezra Pound’s Guide to Kulchur

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Ezra Pound’s Guide to Kulchur

Ezra Pound’s Guide to Kulchur (1938) is one of those unfortunate great books (think Spengler’s Decline of the West and any book by Henry Adams) that is often mentioned but seldom read. The book was meant as a guide to the essential philosophy, art, economics, history, and ethics from Confucius to the 20th century as uniquely interpreted by Pound.

This and the ABC of Reading (1934) constituted the core texts of the “Ezra-versity,” the informal seminars that Pound held before World War II for those acolytes who came to visit him in Rapallo, Italy.

The book is dedicated to two of these acolytes and “graduates” of the Ezra-versity: the British poet Basil Bunting (1900–1985), author of Briggflatts; and the American Jewish poet Louis Zukofsky (1904–1978) whose monumental long poem “A” is the only work comparable in scope and complexity to Pound’s own Cantos.

EPguide.jpgGuide to Kulchur is unique in both its structure and style. Written in Pound’s folksy demotic English that at times seems more akin to Mark Twain or Joel Chandler Harris, the book is arranged in a series of very short chapters that seem to unfold in a haphazard fashion. The book’s form only becomes manifest the longer one reads, and by the end of the book one is amazed at how Pound has managed to weave seamlessly the many strands of Western and ancient Chinese thought.

 [2]For Pound, philosophy and ethics begin with Confucius, particularly the Confucian idea that a well-ordered and moral society is based upon the imperative to call things by their correct names. This may seem like a minor point upon which to build a civilizational edifice, but it is, in reality, nothing less than a commitment to truth telling, a commitment that is sorely at odds with our own postmodern age that has abandoned the search for truth as a sine qua non. For Pound, the commitment to truth telling extends not only to philosophy and the arts but also to economics. His unique and highly critical take on the ancient Greek philosophers (especially Aristotle) stems in no little part, as he sees it, from their inability to conceive of money as other than a means of measurement without a basis in morality. Pound viewed the ancient Greeks as “happy men with no moral fervor”[1] [3] who represented a decline from the seriousness of their Homeric era ancestors.

While Pound’s embrace of Social Credit economics and strong denunciation of usury are well known, the Guide to Kulchur reveals how closely Pound linked together economics and aesthetics. In the very remarkable Chapter 50, entitled “Chaucer Was Framed,” Pound states:

Usury is contra naturam. It is not merely opposition to nature’s
increase, it is antithetic to discrimination by the senses. Discrimination
by the senses is dangerous to avarice. It is dangerous because any
perception or any high development of the perceptive faculties may
lead to knowledge. The moneychanger only thrives on ignorance.
He thrives on all sorts of insensitivity and non-perception.
An instant sense of proportion imperils financiers.[2] [4]

 [5]Pound’s insights are as remarkable as they are prescient. An imperiled aesthetic sense that is incapable of discerning differences of quality and meaning and that cannot sense subtleties of emotion is necessary for a complacent body of fungible consumers who, in the words of Oscar Wilde, “know the price of everything and the value of nothing.”

Pound, who viewed the Medieval Church as the highest expression of Western Civilization, likewise saw Calvinist Protestantism as its lowest expression, one that permitted, indeed glorified, usury and the inability to make aesthetic and moral distinctions:

You can, by contrast, always get financial backing for
debauchery. Any form of “entertainment” that debases perception,
that profanes the mysteries or tends to obscure discrimination, goes
hand in hand with drives toward money profit.
It might not be too much to say that the whole of protestant
morals, intertwined with usury-tolerance, has for centuries tended
to obscure perception of degrees, to debase the word moral to a
single groove, to degrade all moral perceptions outside the relation
of the sexes, and to vulgarize the sex relation itself.[3] [6]

What is remarkable here is that Pound was able to see through the practices and goals of the leftist globalists at precisely the time that the right-wing nationalists were at the zenith of their power. These two paragraphs of Pound’s explain why the globalists use pornography as a means to normalize sexual perversions in order to subvert white family formation. They also explain the bread-and-circus nature of the global financiers to keep consumers satiated with cheap toys and gadgets. And finally, Pound was able to ascertain that Calvinist morality has led to an inability of our enemies to be able to make moral distinctions, wherein any disagreement with a leftist, however minor, becomes an example of “hate speech” in which the speaker literally becomes Adolf Hitler. It is also amazing that Pound saw the origin of leftist ideology in Calvinism, and as such, antedates by more than half a century the same conclusion brought by the Neoreactionaries, especially Curtis Yarvin a/k/a Mencius Moldbug.

Pound is a demanding author. He does not suffer fools gladly and he expects his readers to do their homework, but the rewards are many for those readers who are up to the challenge. Guide to Kulchur should be an essential book in the library of every white nationalist. Although written 80 years ago, the book is even more relevant today than it was when it was written, for in the words of its author:

            Liberalism is a running sore, and its surviving proponents
are vile beyond printable descriptions. They have betrayed the “Droits
            de l’homme”, they are more dastardly than Judas . . . .
In our time the liberal has asked for almost no freedom save
the freedom to commit acts contrary to the general good.[4] [7]

I rest my case.

Notes

[1] [8] Ezra Pound, Guide to Kulchur (New York: New Directions, 1970 [1938]), p. 330.

[2] [9] Ibid., p. 281.

[3] [10] Ibid., pp. 281–82.

[4] [11] Ibid., p. 254.

 

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[3] [1]: #_ftn1

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[6] [3]: #_ftn3

[7] [4]: #_ftn4

[8] [1]: #_ftnref1

[9] [2]: #_ftnref2

[10] [3]: #_ftnref3

[11] [4]: #_ftnref4

 

vendredi, 03 août 2018

Pagan Pound

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Pagan Pound

The following is the text of a talk given in London on May 27, 2018 at The Poet at War, an event convened by Vortex Londinium.

“We want an European religion. Christianity is verminous with semitic infections. What we really believe is the pre-Christian element which Christianity has not stamped out . . .”[1] [2]

“If a race NEGLECTS to create its own gods, it gets the bump.”[2] [3]

“The glory of the polytheistic anschauung is that it never asserted a single and obligatory path for everyone. It never caused the assertion that everyone was fit for initiation and it never caused an attempt to force people into a path alien to their sensibilities.

 Paganism never feared knowledge. It feared ignorance, and under a flood of ignorance it was driven out of its temples.”[3] [4]

Pound is a forest and one is in need of principles by which to navigate him, otherwise one is apt to lose sight of the wood for the trees, as we say in English. What I shall call Pound’s paganism can, I submit, offer one of the more direct routes into the man and his work, and in particular, into the heart of his most difficult: The Cantos.

At the same time, in the opposite direction, his poetry and prose can bring one to a better understanding of this part of our heritage and its potentialities, and here I intend no narrowly partisan point. By paganism I mean a central stream in European civilization, something that has participated in the formation of Christianity just as much as offering alternative visions of life. To give one example, the theologically fundamental doctrine of the Trinity is arguably a modified form of the Neo-Platonic triad of the One, Intellect, and Soul, in which the latter two emanate from the One and yet both are equivalent to it and yet not equivalent to it. St. Augustine in his Confessions confirms [5] that he and other Christian intellectuals believed thus that the Neo-Platonists had already had an awareness of the persons of the Trinity.

Pound was pagan in three respects. First, he accepted as true ideas from the pre- and non-Christian philosophers. One finds a Neo-Platonic orientation of mind, in the foreground or background, from the very first poem in his first published anthology, “Grace Before Song,” to the very last words of the final Canto, “Canto CXVI”:

To confess wrong without losing rightness:
Charity I have had sometimes,
I cannot make it flow thru.
A little light, like a rushlight
to lead back to splendour.[4] [6]

It is the idea of light as the symbol for a higher form of reality, of a more real reality, which all things may draw closer towards and so perfect themselves – it is this idea that unites how he speaks of the ethical precepts of Confucius, the financial theories of Major Douglas, the politics of John Adams, and the poetry of Cavalcanti, all aids towards the perfected man and the perfected society.

This is that first poem, from A Lume Spento, in 1908:

Lord God of heaven that with mercy dight
Th’alternate prayer wheel of the night and light
Eternal hath to thee, and in whose sight
Our days as rain drops in the sea surge fall,

As bright white drops upon a leaden sea
Grant so my songs to this grey folk may be:

As drops that dream and gleam and falling catch the sun
Evan’scent mirrors every opal one
Of such his splendor as their compass is,
So, bold My Songs, seek ye such death as this.[5] [7]

EP-port2.jpgThe second and obvious respect in which Pound was pagan was that he accepted as valid indigenous images, names, and myths, by which Deity has revealed Itself to the Europeans. He claimed that the only safe guides in religion were Ovid’s Metamorphoses and the writings of Confucius.[6] [8]

Which brings one to the third respect. He was pagan in his ethics, in the sense that he sought precepts that had arisen through tradition, were enshrined in custom, and were implicit in the natural order and man’s place within it. When he was captured by the partisans after the war and assumed he was about to face execution, it was the Analects of Confucius that he took with him, which he considered a better guide to moral behavior than the Bible: “The unshakable wisdom of Confucius . . . in comparison with which Christianity is a fad.”[7] [9]

In Pagan Ethics: Paganism as a World Religion,[8] [10] Professor Michael York unambiguously speaks of Confucianism as a religion, with its principles of solicitous care, decency, and benevolence, and the obverse of the Golden Rule: Do not do to others as you would not have done to yourself. Another example: Act in such a way that your descendants will be glad. In its emphasis on correct relationships between oneself and one’s family, between oneself and those above one and below one in society, between oneself and those who came before one in time, and between oneself and those who will come after one, Pound perceived the same multi-directional communitarian values that he found in Fascism.

Cut to London in the years following 1908, when Pound settled here. With the rise of science and biblical scholarship precipitating a crisis of faith in the mid-nineteenth century, some of the space hitherto occupied by the established denominations began to be filled by mysticism, occultism, and philosophies drawn from earlier times or from other parts of the world; and this was nowhere more evident than within the artistic circles in which Pound would move. The Theosophical Society was founded by Madame Blavatsky in 1875, and one of the emblematic texts of the aesthetic movement, Walter Pater’s work of fiction, Marius the Epicurean, appeared ten years later, providing a fully fleshed-out account of how non-Christian, Classical concepts of spirituality and the Good might be just as valid a way to live well as the prevailing religious norms.

The major source which fed Pound’s development as a religious thinker was, as has been indicated, Neo-Platonism, which is simply the continuation of Plato’s ideas, namely their elaboration and exegesis, principally through Plotinus but also through a host of others, including Marsilio Ficino and Pico della Mirandola in Italy, and later through the translations of the eighteenth-century English Neo-Platonist Thomas Taylor, whose books were read by and influenced poets such as Blake, Shelley, and Yeats.

What Pound found within Neo-Platonism was:

  1. The idea of henosis, that is to say union or reunion with the absolute One, which could manifest as a mystical experience. On his deathbed, Plotinus is reported to have summarized his teaching thus: “Try to bring back the god in oneself to the divine in the All.”[9] [11]
  2. The idea that an individual soul has a better, higher, and true self, and that this superior self seeks its return to the One that gave birth to all creation.
  3. The idea that experience results from the tension between the poles of the temporal and the eternal.
  4. The idea that the beauty of the absolute One descends into the beauty of the Platonic world of forms, and is then instantiated in the material world.

It seems Pound was congenitally disposed to such ideas. When interviewed during his stay in St. Elizabeth’s Hospital after his return to America in 1946, he said he had been under the influence of mysticism between the ages of 16 to 24.[10] [12] Later in his life, he wrote two refreshingly precise and disciplined statements of his own philosophy:Religio, or the Child’s Guide to Knowledge (1918) and “Axiomata” (1923). The first is a catechism, a series of simple questions and answers which enunciates a pagan theology as well as any other text of such brevity of which I am aware.

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He was drawn to Plotinus because Plotinus defended the value of worldly sensations and attacked their rejection by the Gnostics, who thought physicality evil in some sense. He was drawn to the idea in Plotinus that the beauty of this world is the manifestation of a celestial beauty, which we may not be able to grasp but which is yet a glimpse of a paradise that imparts to us, within a limited time, an unlimited joy.

But unlike Plotinus, who thought that this glimpse into the world of ideal forms was but the penultimate stage in the union with the One, a union with the absolute, an entity without parts or qualities, Pound seemed to believe that this was an unwarranted assumption, which one’s highest experiences neither legitimated nor needed. His type of paganism was without dogmatism or unnecessary abstraction: “To replace the marble Goddess on Her pedestal at Terracina is worth more than any metaphysical argument.”[11] [13]

The vast, sprawling, expansive sequence of poems called The Cantos is Pound’s attempt to fashion a work that embraced all things that seemed relevant, all things that needed to be said. It makes use of twenty-five languages – twenty-six if one includes musical notation. It draws on Dante’s Divine Comedy in the progression from the dark depths to the upper regions; Ovid’s Metamorphoses in the treatment of impermanence and change, and of the human and the mythic; and Homer’s Odyssey, in the hero’s endeavor to succeed over obstacles and achieve victory, and victory not merely in worldly terms.

Plotinus regarded Homer’s Odyssey as a metaphor for the journey of the individual soul to return home into the Great Soul of the absolute, and this became for Pound almost a foundational myth for civilization. The Cantos begins therefore with an account of Odysseus making landfall and offering sacrifice to the gods. Paganism, in its Hellenic manifestation, he saw as the golden thread that ran overtly through the Classical era, covertly through the Middle Ages, and surfaced again in the Renaissance, indeed being implicit alongside the explicit Christianity of his favorite author, Dante Alighieri.

In the essay “Psychology and Troubadours” (1912), he posited a continuity of Classical paganism in the south of France:

Provence was less disturbed than the rest of Europe by invasion . . . if paganism survived anywhere, it would have been, unofficially, in the Langue d’Oc. That the spirit was, in Provence, Hellenic, is seen readily enough by anyone who will compare the Greek Anthology with the work of the Troubadours. They have, in some way, lost the names of the Gods, and remembered the names of lovers.[12] [14]

ep-context.jpgOne recognizes a person that one actually knows by sight, by who the person is, not because of the name. A person may be called by different names yet be the same person still. “Tradition inheres in the images of the Gods, and gets lost in dogmatic definitions . . . But the images of the Gods . . . move the soul to contemplation and preserve the tradition of the undivided light.”[13] [15]

Before I close with a poem, I should like to put forward two conclusions.

First, with the insights into the Cantos offered by Neoplatonic paganism, one can put to one side some of the less inspiring critical readings – that it is a record of a lifetime’s reading, or an old man’s descent into confusion – and it becomes again the epic he intended it to be, the struggle of light against darkness, of heroes with themselves and with the world to reach a blessed place.

And second, with Pound’s veneration for the past and his appetite for the future, for making it new, as he put it, with his courage and capacity for friendship, with the range of his enthusiasms, and the range of what he was not satisfied with, he is an ideal figure to head any movement of European rebirth. And this poem, “Surgit Fama”[14] [16] (“it rises to fame”), seems to be about that more than anything else. The first stanza depicts a stirring in the world, the coming of Korè who is Persephone, the returning and reborn Spring; in consort with Leuconoë, the girl to whom Horace addresses the famous injunction to seize the day, carpe diem.[15] [17] In the second stanza, when the poet tries to render this into verse, he has to resist any superfluity, any unnecessary words that may be circulated as rumor or bent in their meaning, which he feels Hermes may tempt him to, and he addresses himself, exhorting himself to speak true. And in the final stanza that is what he does, when he says how in Delos, the island where it was said Apollo and Artemis were born, once again shall rites be enacted and the story continued.

There is a truce among the Gods,
Korè is seen in the North
Skirting the blue-gray sea
In gilded and russet mantle.
The corn has again its mother and she, Leuconoë,
That failed never women,
Fails not the earth now.

The tricksome Hermes is here;
He moves behind me
Eager to catch my words,
Eager to spread them with rumour;
To set upon them his change
Crafty and subtle;
To alter them to his purpose;
But do thou speak true, even to the letter:

“Once more in Delos, once more is the altar a quiver.
Once more is the chant heard.
Once more are the never abandoned gardens
Full of gossip and old tales.”

Notes

[1] [18] Ezra Pound, “Statues of Gods,” The Townsman, August 1939; in William Cookson (ed.), Ezra Pound, Selected Prose 1909-1965 (London: Faber and Faber, 1973), p. 71.

[2] [19] Ezra Pound, “Deus et Amor,” The Townsman, June 1940; Selected Prose, p. 72.

[3] [20] Ezra Pound, “Terra Italica,” The New Review, Winter, 1931-2; Selected Prose, p. 56.

[4] [21] Ezra Pound, The Cantos (London: Faber and Faber, 1975), p. 743.

[5] [22] Michael John King (ed.), The Collected Early Poems of Ezra Pound, ed. Michael John King (London: Faber and Faber, 1977), p. 7.

[6] [23] In a letter from 1922 to Dr. Felix E. Schelling, in D. D. Paige (ed.), The Selected Letters of Ezra Pound, 1907-1941 (London: Faber and Faber, 1950), p. 182.

[7] [24] “Statues of Gods,” Selected Prose, p. 71.

[8] [25] Michael York, Pagan Ethics: Paganism as a World Religion (Cham: Springer International Publishing, 2016), p. 356.

[9] [26] Porphyry, The Life of Plotinus, in Plotinus, vol. I, trans. Arthur Hilary Armstrong (Cambridge, Mass.: Loeb Classics, Harvard University Press, 1995), p. 7.

[10] [27] Peter Liebregts, Ezra Pound and Neoplatonism (Madison: Rosemont Publishing, 2004), p. 34.

[11] [28] Ezra Pound, “A Visiting Card,” written in Italian and first published in Rome in 1942; the translation by John Drummond was first published by Peter Russell in 1952; Selected Prose, p. 290.

[12] [29] Ezra Pound, The Spirit of Romance (London: Peter Owen, 1952), p. 90.

[13] [30] “A Visiting Card”; Selected Prose, p. 277.

[14] [31] Ezra Pound, Collected Shorter Poems (London: Faber and Faber, 1952), p. 99.

[15] [32] Horace, Odes, I, XI.

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[2] [1]: #_ftn1

[3] [2]: #_ftn2

[4] [3]: #_ftn3

[5] St. Augustine in his Confessions confirms: https://plato.stanford.edu/entries/trinity/trinity-history.html

[6] [4]: #_ftn4

[7] [5]: #_ftn5

[8] [6]: #_ftn6

[9] [7]: #_ftn7

[10] [8]: #_ftn8

[11] [9]: #_ftn9

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mercredi, 10 mai 2017

Ernest Hemingway and Ezra Pound’s friendship spanned continents—and ideologies.

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The Circuitous Path of Papa and Ezra

Ernest Hemingway and Ezra Pound’s friendship spanned continents—and ideologies.

Ernest Hemingway, fresh off his marriage to Hadley Richardson, his first wife, arrived in Paris in 1921. Paris was a playground for writers and artists, offering respite from the radical politics spreading across Europe. Sherwood Anderson supplied Hemingway with a letter of introduction to Ezra Pound. The two litterateurs met at Sylvia Beach’s bookshop and struck up a friendship that would shape the world of letters.

They frolicked the streets of Paris as bohemians, joined by rambunctious and disillusioned painters, aesthetes, druggies, and drinkers. They smoked opium, inhabited salons, and delighted in casual soirées, fine champagnes, expensive caviars, and robust conversations about art, literature, and the avant-garde. Pound was, through 1923, exuberant, having fallen for Olga Rudge, his soon-to-be mistress, a young concert violinist with firm breasts, shapely curves, midnight hair, and long eyebrows and eyelashes. She exuded a kind of mystical sensuality unique among eccentric highbrow musicians; Pound found her irresistible.

Pound was known for his loyalty to friends. Although he had many companions besides Hemingway—among them William Butler Yeats, James Joyce, T.S. Eliot, Marianne Moore, Robert McAlmon, Gertrude Stein, e.e. cummings, Pablo Picasso, Wyndham Lewis, T.E. Hulme, William Carlos Williams, Walter Morse Rummel, Ford Madox Ford, Jean Cocteau, and Malcolm Cowley—Hemingway arguably did more than the others to reciprocate Pound’s favors, at least during the Paris years when he promoted Pound as Pound promoted others.

Pound was aware of Hemingway’s talent for publicity: he and Hemingway had combined their genius to promote Eliot’s The Waste Land. Hemingway introduced Pound to William Bird, an American reporter who arranged to publish an autobiographical piece about Pound’s childhood. Bird was instrumental to the eventual publication of Pound’s A Draft of XVI Cantos. Pound, for his part, secured for Hemingway a position as assistant editor of The Transatlantic Review. Their relationship matured into something symbiotic and mutually beneficial.

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Pound edited Hemingway’s work, stripping his prose of excessive adjectives. Hemingway remarked that Pound had taught him “to distrust adjectives as I would later learn to distrust certain people in certain situations.” Unlike, say, Conrad Aiken or Robert Frost, who resisted Pound’s editing, Hemingway acquiesced to Pound’s revisions. In exchange, Hemingway taught Pound how to box. He acknowledged that the scraggly Pound had “developed a terrific wallop” and had “come along to beat the hell wit the gloves.” Hemingway worried that “I will get careless and [Pound] will knock me for a row of latrines.” He even treated Pound to a night at the prizefights to brighten Pound’s spirits as Pound battled various illnesses.

Pound, however, grew disillusioned with Paris, where his friends were gravitating toward socialism and communism. Paris, he decided, was not good for his waning health. Hemingway himself had been in and out of Paris, settling for a short time in Toronto. In 1923, accompanied by their wives, Pound and Hemingway undertook a walking tour of Italy. The fond memories of this rejuvenating getaway inspired Pound to return to Italy with his wife Dorothy Shakespear in 1924. They relocated, in 1925, to a picturesque hotel in Rapallo, a beautiful sea town in the province of Genoa, on the bright blue Tigullio Gulf.

Pound found the weather in Rapallo to be soothing and agreeable. It was Hemingway who had first recommended this scenic spot, having visited Sir Max Beerbohm there years before. Hemingway’s tales of the sunshine, swimming, tennis, and other outdoor activity in Rapallo appealed to Pound, who fancied himself an athlete. The fact that his mistress Olga frequented Italy—where her father owned a house—made Rapallo all the more desirable, as did Dorothy’s seeming willingness to share her husband with his lover.

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Olga Rudge

The friendship remained intact as Pound settled into Rapallo. About to vacate Europe for Key West, Hemingway dashed off a missive to Pound that began “Dear Duce” and then boasted about how Papa, as people had begun to call Hemingway, was “going to know everything about fucking and fighting and eating and drinking and begging and stealing and living and dying.” Gradually, though, the Pound-Papa gulf widened.

The move to Italy also effectively terminated Pound’s glory years in Paris, about which Hemingway wrote affectionately:

So far we have Pound the major poet devoting, say, one fifth of his time to poetry. With the rest of his time he tries to advance the fortunes, both material and artistic, of his friends. He defends them when they are attacked, he gets them into magazines and out of jail. He loans them money. He sells their pictures. He arranges concerts for them. He writes articles about them. He introduces them to wealthy women. He gets publishers to take their books. He sits up all night with them when they claim to be dying and he witnesses their wills. He advances them hospital expenses and persuades them from suicide. And in the end a few of them refrain from knifing him at the first opportunity.

This last line is both teasing and fitting because there was, in fact, at least one assailant in Paris who didn’t refrain: a man who attempted to stab Pound at a dinner party hosted by the surrealists.

Hemingway guessed that Pound might stay in Italy “sometime” even if he took “no interest in Italian politics.” Hemingway was right about Pound’s love for Rapallo but wrong about his political affinities. More than anything else, Italian politics—and the rise of fascism—damaged Hemingway’s regard for Pound, who became a zealous supporter of Mussolini and a reckless trafficker in conspiracy theories.

Hemingway grumbled that if Pound “actually and honest to God … admire[d] and respect[ed] … [Mussolini] and his works [then] all I can say is SHIT.” Hemingway, true to character, remained manfully playful, stating, “I will take practical steps by denouncing you here in Paris as a dangerous anti-fascist and we can amuse one another by counting the hours before you get beaten up in spite of your probity—which in such a fine country as it must be would undoubtedly save you.” Such slight criticisms may have been colored with a lighthearted tone, but the disapproval was plain.

When Hemingway and Guy Hickock visited Pound in northern Italy in 1927, Pound was living in self-imposed exile. Hemingway had recently converted to Catholicism and was enjoying renewed fame after the publication of The Sun Also Rises. He divorced and remarried that year, offering Hadley a portion of the profit from The Sun Also Rises as part of their divorce. Pound, meanwhile, was immersing himself in political theories that likely baffled Hemingway as much as they angered him.

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Shortly after the stock-market crash in 1929 and the onset of a worldwide economic crisis, Pound took to writing in Italian. Mussolini’s March on Rome had occurred seven years earlier, and since then he had assumed dictatorial control of Italy, suppressed opposition parties, and built a police state. Pound was enthralled. He met Mussolini in 1933, peddling strange monetary schemes to the fascist leader.

In 1933 Pound and Hemingway exchanged letters that highlighted their diverging attitudes toward Mussolini, fascism, and government. Pound, who’d embraced wild and polemical speculations about the economic theories of the American Founders—Jefferson in particular—began to decry capitalism and taxation while celebrating fiat currency and a convoluted system of state central planning. “Since when are you an economist, pal?” Hemingway mocked. “The last I knew you you were a fuckin’ bassoon player.” Hemingway offered Pound some money, sensing that money was needed, but Pound declined it.

Pound was now enamored with Il Duce; Hemingway was furious. Hemingway hated government, he told Pound, and preferred organized anarchism and masculine sport to statist ideology. Hemingway saw through Pound’s charlatanic flourishes and economic fallacies and accused Pound, quite rightly, of lacking clarity. Yet Pound’s admiration for Hemingway’s work did not diminish, and Pound, ever devoted, included Hemingway in an anthology that he was then editing.

Possibly the last time Pound and Hemingway saw each other, they were having dinner with Joyce on a warm summer night in Paris. Pound allegedly bloviated about economics and the decline of art and European civilization, and Hemingway and Joyce feared that Pound had gone mad. The date and details of the dinner are a matter of debate, as is the veracity of any account of that evening. But one thing is certain: Hemingway was frustrated with Pound’s embrace of Italian fascism. By the time Pound voiced support for Franco in the Spanish Civil War, putting him once again at odds with Hemingway, their once thriving friendship had deteriorated beyond repair.

The falling out was no secret, and other writers took sides. William Carlos Williams wrote to Pound in 1938, saying, “It is you, not Hemingway, in this case who is playing directly into the hands of the International Bankers.” Hemingway conveyed his concerns about Pound to their friend Archibald MacLeish:

Thanks for sending the stats of Ezra’s rantings. He is obviously crazy. I think you might prove he was crazy as far back as the latter Cantos. He deserves punishment and disgrace but what he really deserves most is ridicule. He should not be hanged and he should not be made a martyr of. He has a long history of generosity and unselfish aid to other artists and he is one of the greatest living poets. It is impossible to believe that anyone in his right mind could utter the vile, absolutely idiotic drivel he has broadcast. His friends who knew him and who watched the warpeing [sic] and twisting and decay of his mind and his judgement [sic] should defend him and explain him on that basis. It will be a completely unpopular but an absolutely necessary thing to do. I have had no correspondence with him for ten years and the last time I saw him was in 1933 when Joyce asked me to come to make it easier haveing [sic] Ezra at his house. Ezra was moderately whacky then. The broadcasts are absolutely balmy. I wish we could talk the whole damned thing over. But you can count on me for anything an honest man should do.

Hemingway was referring to Pound’s notoriety as a propagandist for radio and newspaper during the Second World War.  When he received transcripts of Pound’s radio broadcasts, he surmised that Pound was “obviously crazy” for espousing such “vile, absolutely idiotic drivel.” Pound was a “crazy … and harmless traitor,” Hemingway concluded, and an “idiot” with a “distracted mind” who “ought to go to the loony bin.” And that’s precisely where Pound ended up: He was admitted to St. Elizabeth’s Hospital in Washington, DC, in 1945.

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Pound’s friends put their reputations at stake to help him. MacLeish, expressing both love and admonition, dashed off these words in a missive to Pound:

… your information is all second-hand and distorted. You saw nothing with your own eyes. And what you did see—Fascism and Nazism—you didn’t understand: you thought Musso belonged in Jefferson’s tradition and God knows where you thought Hitler belonged. I think your views of the history of our time are just about as wrong as views can be. But I won’t sit by and see you held in confinement because of your views. Which is what is really happening now. I am doing what I am doing partly because I revere you as a poet and partly because I love this Republic and can’t be quiet when it violates its own convictions.

MacLeish helped to orchestrate Pound’s release from St. Elizabeth’s, drafting a letter to the government on Pound’s behalf that included Hemingway’s signature, along with those of Robert Frost and T.S. Eliot. A year later Hemingway provided a statement of support for Pound to be used in a court hearing regarding the dismissal of an indictment against Pound.

Hemingway, who was now living in Cuba, did little else to help Pound. More for practical reasons than personal conviction, Hemingway, who was himself targeted by the American government, refused to sign a petition of amnesty for Pound. The petition had been Olga’s idea, and Hemingway didn’t believe the American people would rally behind the desperate pleas of an adulterous lover. Hemingway never visited Pound at St. Elizabeth’s, but he did tell Pound, via Dorothy, that he had read and enjoyed The Pisan Cantos. And when he won the Nobel Prize in 1954, Hemingway announced that the year was good for releasing poets, a not-so-slight reference to his old friend.

Hemingway awoke on the morning of July 2, 1961, put a 12-gauge, double-barreled shotgun to his head, and, alone in the foyer of his home, blew his brains out. He was 61. Pound’s friends and family didn’t tell him about Hemingway’s death, but a careless nurse did, and Pound reacted hysterically. The older of the two, Pound, at 72, was free from St. Elizabeth’s, where he’d spent 12 solemn years. He had returned to his beloved Italy to finish out his long and full life. In the autumn of 1972, he died peacefully in his sleep in Venice, the day after his birthday, which he’d spent in the company of friends.

Allen Mendenhall is an associate dean at Faulkner University Thomas Goode Jones School of Law and executive director of the Blackstone & Burke Center for Law & Liberty.

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vendredi, 02 septembre 2016

Ezra Pound: décadence des lettres, décadence de la Nation

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Ezra Pound: décadence des lettres, décadence de la Nation

Ezra Pound est la figure majeure de la poésie du XXe siècle. Qu’il s’agisse de ses fameux Cantos, comme de ses abécédaires (et de son  Comment Lire), l’œuvre poundienne constitue une incontournable source d’appréhension et de compréhension de la littérature, comme de la poésie. Cela étant, au travers de ses essais et de ses poèmes, Ezra Pound établit à plusieurs reprises une corrélation entre la décadence littéraire d’une nation et la décadence de cette nation elle-même. Si le langage et la littérature entretiennent des liens évidents, Pound remarquait que la régression littéraire engendrait forcément une régression du langage, et fatalement celle de la culture nationale : « si la littérature d’une nation décline, cette nation s’atrophie et périclite ». S’il évoquait déjà subrepticement la question dans Comment lire, c’est dans son ABC de la lecture qu’il aborda au fil des chapitres le drame du déclin littéraire comme déclin national, dans l’indifférence la plus totale, sinon dans la joie de la masse de consommateurs acculturés.

Si Comment Lire était un pamphlet auquel on reprocha cependant de ne pas aller suffisamment au fond des choses, Ezra Pound se rattrapa dans ABC de la lecture qui doit être lu comme un complément au premier livre où il  y développa sa propre doctrine  littéraire, mais surtout sa propre doctrine du langage. Or, comme la littérature est « du langage chargé de sens », la « grande littérature est tout simplement du langage chargé de sens au plus haut degré possible ». Ainsi, pour Ezra Pound, « le Langage a été manifestement créé pour – et sert manifestement à – la communication » (communication ne s’entendant pas dans son acception moderne qu’est celle du marketing, bien évidemment). De la sorte, lorsque la littérature connaît une phase de déliquescence, cela influe fatalement sur le langage, et donc sur la communication entre les hommes. Pire même, c’est la culture de la nation qui subit cet avilissement ; en s’accoutumant au médiocre, l’homme finit par le considérer comme une normalité des plus banales, avant de le confondre avec l’excellence, puisqu’« un peuple qui croît dans l’habitude d’une mauvaise littérature est un peuple sur le point de lâcher prise sur son empire et sur lui-même ».

« L’Homme sensé ne peut rester assis tranquillement à ne rien faire quand son pays laisse mourir sa littérature, quand la bonne littérature ne rencontre que le mépris, de même qu’un bon docteur ne peut avoir la conscience tranquille quand un enfant ignorant est en train de s’inoculer la tuberculose comme s’il s’agissait simplement de manger des tartes à la confiture. »

-Ezra Pound-

ABC-de-la-lecture_8103.jpgLes causes de l’avilissement du langage selon Ezra Pound convergent avec les observations que fit Pasolini quelques années plus tard dans Empirisme Hérétique ; il pointe les dégâts que cause l’Usure, mais aussi le catholicisme qu’il percevait comme une religion castratrice, en prenant comme point d’appui la décadence de Rome qui transforma « de bons citoyens romains en esclaves ». De fait, si Dieu est aussi mort aux yeux de Pound, l’hégémonie culturelle des sociétés modernes est aux mains de la Technique. Si le degré hégémonique de cette dernière indique le niveau de décadence d’une civilisation, Ezra Pound estime que c’est d’abord la littérature, et donc le langage, qui en pâtit la première, car si « Rome s’éleva avec la langue de César, d’Ovide et de Tacite. Elle déclina dans un ramassis de rhétorique, ce langage des diplomates « faits pour cacher la pensée », et ainsi de suite », dit-il dans ABC de la Lecture. La critique d’Ezra Pound ne diffère guère de celle de Bernanos ou de Pasolini sur ce point, outre le fait qu’il aille plus loin dans la critique, n’hésitant pas à fustiger les universités, au moins étasuniennes, comme agents culturels de la Technique, mais aussi l’indifférence navrante de ses contemporains. Le triomphe des Musso, Levy et autre Meyer ne trouve aucune explication logique, tout du moins sous le prisme littéraire. Seules les volontés capitalistes des éditeurs – se cachant sous les jupes du « marché » qu’ils ont pourtant façonné – expliquent leur invasion dans les librairies. Comme il l’affirme dans Comment Lire, « Quand leur travail [des littérateurs, ndlr] se corrompt, et je ne veux pas dire quand ils expriment des pensées malséantes, mais quand leur matière même, l’essence même de leur travail, l’application du mot à la chose, se corrompt, à savoir devient fadasse et inexacte, ou excessive, ou boursouflée, toute la mécanique de la pensée et de l’ordre, socialement et individuellement, s’en va à vau-l’eau. C’est là une leçon de l’Histoire que l’on n’a même pas encore à demi apprise ».

En lançant pareille provocation, Ezra Pound se refusait cependant à tout élitisme. Au contraire, puisqu’il jugeait l’état littéraire d’une nation comme représentative de sa santé culturelle et politique. Il anticipa néanmoins les critiques de ses détracteurs en déplorant qu’« il [soit] très difficile de faire comprendre aux gens cette indignation impersonnelle qui vous prend à l’idée du déclin de la littérature, de ce que cela implique et de ce que cela produit en fin de compte. Il est à peu près impossible d’exprimer, à quelque degré que ce soir, cette indignation, sans qu’aussitôt l’on vous traite « d’aigri » ou de quelque autre chose, du même genre. »

C’est justement cette incapacité à réagir, et même cette propension incompréhensible à applaudir l’avilissement que provoque la culture de masse, qui hérissait Ezra Pound. Le poète s’accorde plusieurs apartés dans Comment Lire où il raille cette hégémonie de la Technique sur la création. Alors que la poésie, et la littérature, sont chargés de sens, il voyait dans l’avènement des pseudo-manuels du bon écrivain non pas une réelle méthodologie comme celles qu’il aborda dans ABC de la Lecture, mais une recette qui fonctionnerait à tous les coups pour fainéants qui souhaiteraient avoir du succès en matière littéraire, au détriment de la connaissance et du savoir. « Le mépris général voué au « savoir », le mouvement de recul du grand public devant tout livre réputé « bon » et, d’autre part, les publicités flamboyantes sur le mode « Comment avoir l’air de savoir quand on ne sait rien », auraient pu indiquer depuis beau temps aux âmes sensibles que quelque chose cloche dans les méthodes contemporaines de diffusion des belles-lettres »

« Un premier larron invente quelque chose, un deuxième met en valeur, ou plusieurs douzaines généralisent un enthousiasme ou une surabondance mousseuse ou onctueuse, après quoi un dernier tente de remettre de l’ordre. Par exemple, l’estimable Pléiade émascule la langue française, et les classiques anglais, etc., toutes choses bonnes à reléguer en zone subsidiaire : intérêt pour une époque, intérêt historique, bric-à-brac pour musées. »

-Ezra Pound-

Littessays.jpgCette glorification de la médiocrité, Ezra Pound la voyait d’autant plus dans la reproduction hédoniste à laquelle s’adonnent certains scribouillards dans le but de connaître un succès commercial. Aujourd’hui, plus que jamais, la réussite d’un genre littéraire entraîne une surproduction incestueuse de ce même genre, comme c’est notamment le cas en littérature de fantaisie, où l’on vampirise encore Tolkien avec autant de vergogne qu’un charognard. Si la « technicisation » de la littérature comme moyen créatif, ou plutôt en lieu et place de toute création, devient la norme, alors, comme le remarquait plus tard Pasolini, cela débouche sur une extrême uniformisation du langage, dans une forme déracinée, qui efface petit à petit les formes sophistiquées ou argotiques d’une langue au profit d’un galimatias bon pour les robots qui présentent le journal télé comme on lirait un manuel technique. Les vestiges d’une ancienne époque littéraire ne sont plus que le fait de compilations hors de prix et d’hommages ataviques afin de les présenter au public comme d’antiques œuvres dignes d’un musée : belles à regarder, mais réactionnaires si elles venaient à redevenir un modèle. Ezra Pound disait que « le classique est le nouveau qui reste nouveau », non pas la recherche stérile d’originalité qui agite la modernité comme une sorte de tautologie maladive.

mercredi, 21 octobre 2015

"Canto XIII - Canto 13" by Ezra Pound (read by Tom O'Bedlam)

"Canto XIII - Canto 13" by Ezra Pound (read by Tom O'Bedlam)

Kung is Confucius who presents an ideal social order based on ethical principles "good is right" rather than on political realism "might is right". You notice that present day society - particularly in dealings between nations - works on the basis of political realism with only the pretence of ethical principles. The rich and the powerful have the best weapons. the best lawyers and can withstand deprivation the longest, so they manage to win. There's a good exposition of the kung-fu philiosophy of government here:
http://www.friesian.com/confuci.htm

One of the sayings I like best - although it's really Taoism, but Kung could easily have said it too - "The wise man does everything while appearing to do nothing" We all take too much action. Often the best thing to do is nothing.

You can read more about Ezra Pound's cantos and radical ideas here:
http://en.wikipedia.org/wiki/The_Cantos

lundi, 25 mai 2015

Ezra Pound and the Corporate State

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Ezra Pound and the Corporate State

In a modern world subject to the numerical vagaries of bad credit and unbalanced algorithms, the Fibonacci number offers a pattern of sanity and intrigue. Know also as the Golden Spiral, this pattern appears as a perfect and dynamic model of order visible in creation, yet also demonstrates the intriguing attribute of having no beginning and no end. The spiral implies that from the micro to the macrocosm exist a fundamental and unbroken connection, implying a correlation between the health of one’s cellular structure and the socio-political forms of global order. Whereas Aristotle spoke of the Golden Mean, the Golden Spiral describes arrangements of natural phenomena ranging from the seed pod arrangement of a pinecone to spiral galaxies such as the milky way.

Somewhere along this ‘divine proportion’ has emerged what the great American poet Ezra Pound called a “canker corrupting all things”, leaving both cell and state compromised. CONTRA NATURAM! Lincoln called it “a black spot on the soul of a nation”. What Pound refers to is a subject and condition that has been poisoning the worlds cellular structure since homo sapien emerged, but has been successfully resisted until the past millennium brought forth an overpowering method of human economic interaction that is guaranteeing the eventual ecological collapse of the earth, with social collapse already a global visible phenomenon. It is an age which Pound says is characterized by the need “to sell, and sell quickly”. The acceleration of industry by usury which the modern world is built upon has led to the securitization of vast swathes of the earth’s surface, bringing forth untold trillions of apparent wealth, while leaving behind poisonous rivers and species extinction; an age in which even the air is tainted with industrial excess. Debt, the delayed contact with reality, allows men to profit off the future, Pound says to “rake in the profits resulting from changes in the values in the monetary units”. A 2006 US senate report noted that as much as 60% of the oil price rise since the early 2000’s were due to the activities of investment banks speculating on the oil futures market.

The poet offers us a Malapartian blend of fact and fiction, a tapestry weaving together historic truths with intelligent composition, creating the epic of the Cantos written over 50 years. His writings offer insights into economics, history, culture and the meaning of language. His enemy is usury, the enemy of freedom, his allies – none save his mind, which was declared lost in 1945, “when the raft broke and the waters went over me”, a charge which inspired the poet towards greater heights. Pound begins Cantos XLV “With usura hath no man a house of good stone each block cut smooth and well fitting that design* might cover their face”. If the absence of design is the mark of finance-capitalism then one understands that there is no end goal in sight, no purpose to be fulfilled, just rampant profiteering.”With usura is no clear demarcation” declares the poet; the lines between low and high, between ugly and beauty, between extinction and survival have been severed.

Discrimination, as Ian Dallas writes, forms the basis of sanity. R.D. Laing defined madness as the sane response to an insane situation. The madness of contemporary leadership is evident in their fundamentalist belief held in the magical brilliance of paper-money and democracy, while increasingly vast slums of the urban poor lead to new warfighting doctrines being developed by the state. Civil unrest, poverty and the imposition of draconian laws by a self serving state mean that the masses find themselves in a situation where citizen and terrorist are both addressed via uniform methods owing to budget-deficit enforced standardization protocols. In America, SWAT teams were once present only in the largest cities, now every mid sized city has one, routinely employing them in day to day activities such as the serving of warrants, with deadly consequences. Matt Apuzzo writes that “police departments have received tens of thousands of machine guns; nearly 200,000 ammunition magazines; thousands of pieces of camouflage and night-vision equipment; and hundreds of silencers, armored cars and aircraft.” with the result that the hardened American soldier returning home finds airport security using the same M4 assault rifles as he used in Afghanistan.

Pound writes that “with usura hath no man a painted paradise on his church wall”. With empty churches being converted to banks across Europe, and banks built like cathedrals, a paradise aspired to has become a laughed at chapter in history. Marx wrote that money has itself been endowed “with the properties of a quasi-religious nature”. Sheldon Wolin writes that under the corporate state “a giant corporation includes prayer sessions for its executives while evangelicals meet in franchised congregations while millionaire preachers extol the virtues of capitalism”

Paraphrasing Karl Polanyi, the American activist Chris Hedges writes that capitalism “turns human beings and the natural environment into commodities. This ensures the destruction of both society and the natural environment. The ecosystem and human beings become objects whose worth is determined solely by the market. They are exploited until exhaustion or collapse occurs. A society that no longer recognizes that the natural world and life have a sacred dimension, an intrinsic value beyond monetary value, commits collective suicide. Such societies cannibalize themselves.” The internal cannibalism of the united states, as evident in such dreadful carcass of Detroit testify to the reality of great lands under siege by usura.

If we may take a democratic approach to world history we may find interest in the fact that the majority have for the majority of the time found value in the belief that behind the perceived order or disorder of existence lay something beyond themselves, a sacred ‘design’ around which were built temples and civilizations. The loss of the divine has not been without consequence. James Mossman’s suicide note famously read “I can’t bear it any more, though I don’t know what ‘it’ is.”

The towering figure of Sheldon Wolin, a retired political science professor from Yale, has called the phenomena of our free society an “inverted totalitarianism” which stands in direct comparison with the classic totalitarianism of Nazi Germany and Fascist Italy. His extraordinary book of the same name explores layer by layer the social outcomes of advanced finance-capitalism as reflected in the world greatest inverted totalitarian regime, the land of his birth. What he documents is a phase in social organization that every capitalist state will eventually pass through, en route to harsher forms of control and financial insecurity. The correlation of debt to totalitarianism seems to be in the 21st century a valid theorem when evaluating the social costs of capitalism.

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The defend the present with reference to socialisms failure is to divert attention from the de facto extension of state control over life towards the utopian belief in social and political freedom enshrined in a humanist doctrine espousing liberty, de jure. Inverted totalitarianism is the outcome of “investing de facto power with authority”. When money is power, government becomes the formal face of governance, but is itself beholden to real power originating elsewhere. In the inverted totalitarianism created by finance-capitalism, “economics trumps politics” as opposed to classical totalitarianisms where the economy is an instrument in the service of the political leader. Wolin writes that in this system “the leader is not the architect of the system but its product”.

The question of debt is not some sentimental affair dramatised by the stage antics of Bono and Blair, nor private in the case of ones personal debt or the national debt as a technical problem concerning the citizen of “his” nation. Patriotism quickly vanishes when the reality of the corporate state is understood. The question of debt reaches into the very DNA of the modern state and can be seen as the cause and effect of much social ill as well as the inevitable driver of every capitalist state towards harsher forms of control. Debt has been likened to a delayed contact with reality. This places today’s much vaunted ‘personal freedoms’ into a saner context: one day it will catch up with us because the imbalance that promotes unconstrained sexual freedom is the same that allows the unconstrained rape of the ecosystem.

As the corporate state oversees the wholesale sale of the nation and its prosperity, the resulting disintegration will necessitate the fusion of corporate monopoly with the security apparatus of the state, leading to the inverted totalitarianism of capitalist society. The media will explain that certain restrictions and draconian laws will be implemented in order to save our free societies. To prepare us for our the protection of our freedoms the state will offer us democratic accountability: the narrative states that our debt is the reason that we are collapsing as a society, a truth experienced personally by billions of the worlds poor. Cutbacks to pay off debt means that social welfare becomes a distant memory and decent jobs a privilege reserved for the faithful few. We will all pay the price as a collective, and we will maintain the respect for the law as is befitting a nation, and that those who do not endure patiently the remedy, will be processed by an efficient legal system which makes outlaws of those flaws in the system.

The privatized prison industry is one of the most worrying indicators of social malfunction. The constraint effects of debt and the jail cell were both issues experienced by the poet. “No man who has passed a month in the death cells believes in cages for beasts”, Pound said of his time in the open air holding cells of the American military. The death-cell was the experience given to Pound by the incipient American corporate state. His freedom denied, Pound found in his shackles the reality of the corporate state; those who trespass beyond the narrow confines of the economic motif fall outside the definitional framework of a money-civilization and are incarcerated; the dangerous masses through debt and exceptional individuals within concrete walls.

 

Whereas Carl Schmitt spoke of the ‘total state’ penetrating every aspect of society, Wolin speaks to us of a corporate state where every aspect of human life, from religion to culture, to people, become commodified, becomes exploitable, to turn a profit. When every aspect of life becomes subject to an economic determinism, when our impulses and physical movements are all in tune with market forces, then the corporate state has imposed a brilliant coup de etat, in effect rewriting society according to the dictates of one aspect of the human existence; making money, and exalted it above all else, creating the one dimensional man who’s dependence upon credit fosters the necessity of the credit industry. Matt Tabibi writes of America showing a “culture that is slowly giving in to a futuristic nightmare ideology of computerized greed and unchecked financial violence.”

If the illogical drive towards ecological collapse is not the intention of the financial elite, then we may find uncomfortable comfort in Wolin’s explanation that this system is perpetuated by “power-holders and citizens who often seem unaware of the deeper consequences of their actions or inaction”. This economic determinism underpinning the subconscious of modern man is visible at the political level where any social challenge is addressed via recourse to a ‘budget’ allocation. Where the destruction of Amazonian rainforests are measured in the billions of dollars and where climate change proposals are ignored as too expensive.

Survival is an instinct which has been lost by economic man. This was not lost on Carl Schmitt who witnessed the political extinction of a German republic which could not protect itself against an adversary using constitutional means to destroy the constitution. His nation’s fascist destiny was not beyond the powerful undercurrents of a European civilization succumbing to ‘market forces’. Karl Polanyi wrote that “fascism, like socialism, was rooted in a market society that refused to function.”

Whereas Carl Schmitt sought to protect the “political” from the corroding affects of a financial philosophy of history, Wolin writes that in the corporate state “It is politics all of the time but a politics largely untempered by the political”, low voter turnout but a simple indicator that the uneducated masses even know that what they are given as politics” is a media spectacle necessary for the holographic flame of democracy to stay lit. With the death of politics traditionally understood, anacyclosis as defined by Polybius has been supplanted by market forces, with its own cyclical logic visible on the stock market.

The corporate state may be defined as a mixed constitution of plutocracy, oligarchy and democracy with a state security apparatus which serves the front of the most powerful interests within that state. While a mixed constitution might appear as the recommended means of fostering stability by delaying the painful stages of political cycles, the peculiar nature of financial capitalism fosters a regime which Polybius would have rejected outright as tyrannical in the extreme; one of his negative regimes favoring the few over the many; the corporate state is by design anti-democratic.

Ezra-Pound-8.jpg

Pound wrote that “The Scientists are in terror and the European mind stops”. It is significant that the monied narrative struck at the popular heart of western civilization by examining in minute details the debt problems in modern Greece. Our prized rationality itself seems to be undergoing restructuring as the home of the Acropolis sees right wing thugs carrying clubs and knives to “cleanse” the streets of this once great city. That citizens might employ vigilante violence against non-Greeks to cure a problem caused by the diseased logic of fiat money means that modern education has successfully forced us to equate squares with triangles, allowing easy reception to that other equation of freedom equals democracy and free markets. According to Wolin, inverted totalitarianism is the inevitable political form of capitalism.

In the maelstrom of these unfolding events, society should remember that even the Ancients Greeks had divine recourse; inscribed above the entrance of the Temple of Apollo was the exhortation “know thyself”, and as millions of activists worldwide strive to correct these wrongs, we would do well to remember the exhortation of Odysseus; “hold fast, my heart, you have endured worst suffering”.

*design/delight according to different versions of the text

Spanish version below

See also this old interview with Sheldon Wolin, and then buy his book

https://www.youtube.com/watch?v=-wlHB6jSe7s https://www.youtube.com/watch?v=K6HMQM7Lo58

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samedi, 22 novembre 2014

Un poète rebelle, immortel et toujours debout

EZRA POUND
 
Un poète rebelle, immortel et toujours debout

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr

pound35.jpgAu mois de novembre 1972, disparaissait le génial Ezra Pound dont la lutte contre l’usure fut une direction fondamentale de la vie et de l’œuvre. Les Cantos prohibidos (Chants interdits) sont une création poétique admirable qu’aucun usurier ne pourra faire oublier malgré les efforts pour salir tout ce qui est beau, noble et généreux. La haine des banksters s’est traduite par la proclamation que Pound était un “malade mental” qui fut enfermé dans un établissement pour psychopathes. 

Le poète fuit le grand asile d’aliénés


Ezra Loomis Pound naquit aux Etats-Unis dans l’Etat d’Idaho en 1885 et mourut à Venise en novembre 1972. S’il a été la plus grande gloire littéraire jamais née dans ce pays, il fut le plus européen de tous ses écrivains. Peu après la fin de ses études (Université de Pennsyvania), il édita la revue “Poetry” dans laquelle il fit connaître entre autres William Butler Yeats et Thomas Stearns Eliot. Il quitta les Etats-Unis en 1911, quasi définitivement. Il y retourna contraint et forcé après la seconde guerre mondiale.


Il s’installa en Angleterre où il fonda le mouvement “imagisme” et en rédigea, en 1914, la première anthologie Hommage à Properce où il parle de la décadence de l’Empire Romain. Il prophétisa ensuite la chute de l’Empire britannique dans “Hugh Selwyn Mauberley”. Il évolua lentement vers une perception “vorticiste”, mouvement qu’il opposa aux esthétiques antérieures ainsi qu’au conservatisme anglais. Tout naturellement, le vorticisme voulait être une esthétique appropriée au monde de son temps. L’œuvre principale, la plus connue, les Cantos, contient 117 poèmes dont la rédaction s’étale de 1917 à 1968. On y découvre l’envergure prodigieuse de son talent et l’immensité de sa culture. Il y utilise les principales langues européennes ainsi que le mandarin, qu’il maîtrisait au même titre que l’arabe. Quoique l’anglais prédomine, il se sert abondamment d’expressions provençales, grecques, latines, françaises, espagnoles et surtout italiennes, affirmant que certaines idées doivent être exprimées dans leur langue initiale pour ne pas les altérer. On est loin ici des camarillas contemporaines pour lesquelles la traduction mensongère est la base du commerce de niaiseries pieuses. Les mafias s’abattront sur lui, authentique génie - hors du commun - de la littérature du XXème siècle. Le motif de la haine fut que, depuis l’Italie qu’il aimait tant, il parla à Radio Rome durant la seconde guerre mondiale, incitant les USA à ne pas entrer dans le conflit puis se faisant l’avocat d’une paix honorable. Lorsque l’Italie fut envahie par l’armée US avec l’aide de la mafia italienne, Pound fut arrêté, enfermé dans une cage exposée aux intempéries. On n’oubliera pas qu’aux Etats-Unis il fut condamné à la prison pour trahison. Parce que le monde de la culture devait beaucoup au poète, quelques personnalités dont Hemingway, qu’on saluera donc au passage, obtinrent son transfert dans un hôpital psychiatrique. Lorsqu’il put enfin sortir, il abandonna les USA au profit de l’Italie qui avait été une Patrie adoptive. En arrivant il promit de ne plus faire de déclarations, après avoir affirmé que finalement il avait pu sortir d’un asile d’aliénés peuplé de 180 millions d’habitants. On se souviendra aussi qu’en descendant du bateau Christophe Colomb qui le déposa à Naples le 9 juillet 1958, il salua à la Romaine sa patrie d’adoption. 


Un écrivain maudit


Cantos_Ezra_Pound.jpgSi Pound n’est pas apprécié dans les médias, la raison en est son immense lucidité. Il a accepté la responsabilité historique d’écrire à contre courant, d’être un rebelle à temps complet. Son talent secouait la médiocrité et le mensonge. Son œuvre fonctionne comme un miroir dans lequel les trafiquants voient leur infâmie. Tout cela a été délégitimé par l’industrie du spectacle et les prédicateurs médiatiques. L’écrivain contemporain, celui pour qui les lobbys obtiendront un prix “ en souvenir de Nobel”, n’est plus qu’un propagandiste du meilleur des mondes. Pound reste l’ultime manifestation de l’esprit, incarne l’aède antique même si en ce moment les shopping center ont remplacé le forum.


Mais l’œuvre est là, les “Cantos prohibidos” contre l’usure ont été formulés, le poète est toujours debout, immortel. Il en sera ainsi jusqu’à ce que ces chants fassent tomber les murs des marchés spéculatifs, envoient les usuriers dans des marmites remplies d’eau où ils finiront en bouillie comme l’ont mérité, au cours du temps nombre, de faux-monnayeurs.

vendredi, 31 octobre 2014

«Il mio amico Pound ha ragione»

«Il mio amico Pound ha ragione»


di Adriano Scianca 
Ex: http://augustomovimento.blogspot.com
 
«“Ma qvesto”,
disse il Duce, “è divertente”
afferrando il punto prima degli esteti».
 
L’incipit del canto 41 in cui Ezra Pound rievoca il suo incontro con Benito Mussolini (the Boss, nella versione originale) avvenuto esattamente 80 anni fa costituisce da sempre un vero rompicapo per gli storici e i letterati. Se la “v” in “qvesto” sembra alludere in parte alla romanità e in parte al marcato accento romagnolo di Mussolini (un particolare, quest’ultimo, che viene sottolineato proprio per segnare ulteriormente la natura popolare e popolana del capo del fascismo e la conseguente distanza tra lui e “gli esteti”), il giudizio si riferisce, come noto, alla lettura, da parte del Duce, dei primi 30 Cantos. Ma facciamo un passo indietro.
 
Informazioni di prima mano su Mussolini, al di là di ciò che il poeta leggeva nei giornali e vedeva per le strade, Pound le aveva avute da Olga Rudge, che già nel 1923 aveva suonato il violino per il leader fascista, riportandone un’opinione lusinghiera: il Capo di Stato appariva alla musicista americana come un uomo politico illuminato, amante dell’arte, che sapeva a sua volta suonare il violino e sembrava molto competente della materia per essere un profano. Tali racconti dovevano aver fatto grande presa su Pound, che da sempre auspicava una politica più attenta al mondo dell’arte e della cultura. Nei primi anni Trenta il poeta, come detto in precedenza, cominciò a muoversi per cercare di incontrare Mussolini. Anni dopo cercherà di fare altrettanto con Roosvelt, senza riuscirci. Con Mussolini dovette insistere un bel po’, ma alla fine lo incontrò (ulteriore conferma, ai suoi occhi, della superiorità dell’Italia fascista sull’America democratica), precisamente il 30 gennaio 1933, alle 17.30.
 
Il poeta portò a Mussolini una copia dei canti 1-30. Il Duce li sfogliò, lesse per un po’, poi esclamò: «È divertente». Il commento appare a prima vista naif, superficiale, quasi irridente. Tale, almeno, è sembrato negli anni ai soloni della cultura. Non così all’autore dei Cantos, che proprio a questo episodio dedicherà l’incipit del canto 41 che abbiamo già visto precedentemente. Come spiegare l’entusiasmo di Pound? I più propendono per l’accecamento puro e semplice del poeta di fronte al suo eroe, ma forse che le cose stanno diversamente. Secondo Tim Redman, infatti, Mussolini era rimasto colpito da un passaggio in cui un personaggio dei Cantos parla in dialetto e aveva chiesto di cosa si trattasse. Dopo la spiegazione, il Duce si mise a ridere e disse che la cosa era divertente. Pound rimase folgorato e il perché ce lo ha spiegato di recente la figlia Mary: «Solo pochi giorni prima Joyce si era lamentato con mio padre perché nessuno gli aveva detto che l’Ulysses era divertente. Bisogna conoscere i retroscena». Antonio Pantano, invece, ha ricondotto il divertimento di Mussolini alla comprensione del metodo poundiano per eliminare le imposte, tassando direttamente il denaro con il ben noto meccanismo della moneta prescrittibile. Eliminare le tasse: quale governante non riterrebbe questo “divertente”?
 
Nello stesso incontro, comunque, pare che Mussolini e Pound abbiano discusso di cultura cinese e del concetto confuciano del “mettere ordine nelle parole” per mettere ordine nelle idee. Al che Mussolini, evidentemente molto ben ispirato, quel giorno, chiese al poeta perché mai volesse mettere ordine nelle sue idee, confermando a Pound l’impressione di stare parlando con un uomo geniale. Idea che molti commentatori hanno giudicato ingenua, anche se uno studioso non certo fascisteggiante come Hugh Kenner ha potuto scrivere: «Nel 1933 sembrava possibile credere che Benito Mussolini comprendesse queste nozioni. Forse, in un certo senso, era così». Anche il fatto che Pound lo chiamasse “the Boss” (ma altre volte utilizzava nomignoli come “Mus” o “Ben” oppure, curiosamente, lo appellava “il toro”) non va trascurata: Pound, evidentemente, riconosceva nel capo del fascismo anche il proprio capo.
 
La convocazione dell’udienza venne appesa nello studio di Pound, mentre sulla carta da lettere finì la frase mussoliniana «la libertà è un dovere», liberty, a duty. Nel 1945, nei primi interrogatori con il comando militare americano, ricostruirà ancora una volta l’incontro con Mussolini, sbagliando la data ma aggiungendo ulteriori particolari: «Intorno al 1929, ho avuto un’udienza con Benito Mussolini che era a conoscenza del mio libro “Guido Cavalcanti” che gli avevo presentato l’anno prima. Lui pensava di discutere di quello, ma io invece gli ho sottoposto una serie di domande di argomento economico molto incalzanti». Altre richieste di colloquio finirono invece nel vuoto, spesso bloccate sul nascere dalla segreteria del Duce, decisamente poco a suo agio di fronte alla prosa creativa dei testi che il poeta continuava a inviare a Mussolini. Eppure il nome di Pound ricorre più di una volta in un testo centrale per la comprensione del pensiero del capo del fascismo: i Taccuini mussoliniani di Yvon De Begnac. Come noto si tratta della mole sterminata di appunti che il giovane giornalista conservò in occasione dei suoi colloqui con Mussolini avvenuti fra il 1934 e il 1943. Da questi taccuini avrebbe dovuto infine nascere una biografia del Duce che non vide mai la luce per le contingenze storiche, mentre gli appunti vennero in seguito pubblicati così come erano, con lunghi monologhi privi di domande sugli argomenti più disparati. E in tutto questo, come detto, compare più volte il nome di Pound. La citazione più importante recita, fra l’altro:
 
«Il mio amico Ezra Pound ha ragione. La rivoluzione è guerra all’usura. È guerra all’usura pubblica e all’usura privata. Demolisce le tattiche delle battaglie di borsa. Distrugge i parassitismi di base, sui quali i moderati costruiscono le loro fortezze. Insegna a consumare al modo giusto, secondo logica di tempo, quel che è possibile produrre. Reagisce alle altalene del tasso di sconto, che fanno la sventura di chi chiede per investire nell’industria, e aumenta il mondo del risparmio, riducendone il coraggio, contraendone la volontà di ascesa, incrementandone la sfiducia nell’oggi, che è più letale ancora della sfiducia nel domani. Allorché il mio amico Ezra Pound mi donò le sue “considerazioni” sull’usura, mi disse che il potere non è del danaro, o del danaro soltanto, ma dell’usura soltanto, del danaro che produce danaro, che produce soltanto danaro, che non salva nessuno di noi, che lancia noi deboli nel gorgo dalla cui corrente altro danaro verrà espresso, come supremo male del mondo. Aggiunse in quel suo italiano, gaelico e slanghistico, infarcito di arcaismi tratti da Dante e dai cronachisti del trecento, che il potere del danaro e tutti gli uomini di questo potere regnano su un mondo del quale hanno monetizzato il cervello e trasformato la coscienza in lenzuoli di banconote. Il danaro che produce danaro. La formula del mio amico Ezra Pound riassume la spaventosa condizione del nostro tempo. Il danaro non si consuma. Regge al contatto dell’umanità. Nulla cede delle proprie qualità deteriori. Contamina peggiorandoci in ragione della continua salita del suo corso tra i banchi e le grida della borsa nelle cui caverne l’umano viene, inesorabilmente, macinato. Il mio amico Pound ha le qualità del predicatore cui è nota la tempesta dell’anno mille, dell’anno “n volte mille” sempre alle porte della nostra casa di dannati all’autodistruzione. La lava del denaro, infuocata e onnivora, scende dalla montagna che il cielo ha lanciato contro di noi, mi ha detto il mio amico Pound; e nessuno, tra noi, si salverà. Il mio amico Pound ha continuato con voi, come mi avete detto, nella casa romana dello scrittore di cose navali Ubaldo degli Uberti, l’analisi di come il danaro produce soltanto danaro, e non beni che sollevino il nostro spirito dalla palude nella quale il suo potere ci ha immerso. Non è ossessione la sua. Nessun uomo saggio, se ancora ne esistono, ha elementi per dichiarare esito di pericolosa paranoia il suo vedere, tra i blocchi di palazzi di Wall Street e tra le stanze dei banchieri della City, le pareti indistruttibili dell’inferno di oggi. I Kahn, i Morgan, i Morgenthau, i Toeplitz di tutte le terre egli vede alla testa dell’armata dell’oro. Pound piange i morti che quell’esercito fece. E vorrebbe sottrarre a ogni pericolo tutti noi esposti alla furia del potere dell’oro. Con il vostro amico Pound ho parlato di quello che Peguy ha scritto contro il potere dell’oro. Conosce quasi a memoria quelle pagine. Ne recita brani interi, senza dimenticarne alcuna parola. Il suo francese risale agli anni parigini in cui la gente di New York, di Boston, emigrata a Parigi, pensava ancora che l’occidente fosse fra noi. Illusa, quella gente, che scegliendo Parigi, il potere dell’oro sarebbe andato per stracci, almeno per questi migranti della letteratura. È, quel francese di Pound, come un prodotto del passato, come una denuncia del troppo che stiamo dimenticando, tutti noi che corriamo il rischio, o che già lo abbiamo corso, di finire maciullati dal potere dell’oro».

 

jeudi, 16 octobre 2014

Ezra Pound on Endless Trial

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Ezra Pound on Endless Trial

By Alex Fontana casillo

Ex: http://www.counter-currents.com

Robert Casillo
The Genealogy of Demons: Anti-Semitism, Fascism, and the Myths of Ezra Pound [2]
Evanston, Ill: Northwestern University Press, 1988.

Robert Casillo’s The Genealogy of Demons is unique in Pound studies because the explicit purpose of it is to give critical insight into Pound’s anti-Semitism, and it accomplishes this by way of multiple techniques, which it must employ, because Pound’s anti-Semitism is prismatic. A great many games are played herein to discredit Pound’s views on the Jews, although this is sophistic liberal revisionism and intellectual masturbation at a very high level. For example: “One might view Pound’s anti-Semitism as in part a revolt against the punitive parental rival and superego, a conflict between the religion of the forbidding father Jehovah and that of the messianic son” (Casillo, p. 287).

Casillo often relies on Freudian psycho-babble. Advanced Frankfurt School techniques are not the limit of his probing deconstruction, but they are the preferred method. Nevertheless one can learn much from Casillo’s efforts — specifically his work on detailing the thought of French fellow travelers Charles Maurras and Maurice Bardèche. The earlier chapters are especially rewarding as they are the prologue to the trial, thus they are concerned with establishing the relevant background information, the intellectual anti-Semitic precedents and proto-fascistic streams of thought that foreshadowed and shaped Pound’s thinking. The later chapters then seek to wrap the a priori guilty verdict — of Pound’s insistent ‘demonological’ anti-Semitism — in a nice bow.

As a Ph.D. in literature, you might expect Casillo to shy away from social-historical analysis of the validity of anti-Semitism and instead rely upon highly creative abstract devices to explain away this “irrational phenomenon” — and you would be right. For that is exactly the type of analysis that Casillo employs. Never does Casillo ask it it is possible that Pound blamed usury first and those who monopolized the mechanism secondly, or if, by way of studying the Social Credit economic system of Major C. H. Douglas, Pound was led to what Jonathan Bowden delightfully called the opposite of philo-Semitism. For Casillo, as for those who refuse to awaken to the reality of Jewish subversion and usury, there is a missing link.

By way of illustration, take a brief snapshot of the current situation in Argentina, which I plan on detailing in a forthcoming essay for Counter-Currents. While Argentina defaulted on $81 billion in 2001, as a result of President Menem’s neoliberal (laissez-faire) reforms, which allowed for the IMF and World Bank to secure short-term investments with the accompanying liberalizing policies of privatizing state enterprises, and constriction of government monetary policy. All this really means is that by breaking down the autarky of the nationalist-socialist strain of Argentina — most fully expressed in Peronism — the IMF and the World Bank enabled the country to slide $155 billion dollars in debt through securing short-term loans which artificially inflated the value of the Peso and simultaneously disabled government control on how the loans could be withdrawn. Essentially, foreign investors poured their money into Argentina only to pull the rug out when the dividends reached a certain level of profitability. This left bonds on the market at heavily discounted prices, which the vulture capitalists (economic terrorists) then acquired.

When we observe the facts, that the debt holders came forward to claim their pound of prime triple A Argentinian flesh, it was none other than the usual suspects: Paul Elliott Singer, a real New York Jew and CEO of Elliott Management Corp, who is described by Argentinian President Cristina Fernandez as a “vulture capitalist” and whose “principal investment strategy is buying distressed debt cheaply and selling it at a profit or suing for full payment,”[1] and another tribesman Mark Brodsky of Aureilus Capital. Fellow tribesman George Soros has emerged as another of the bond buyers who is suing BNY Mellon for withholding funds from the initial settlement with Argentina. Of course calling the whole thing a criminal enterprise, which will negatively impact millions of Argentinians for generations and enrich a few investors like Soros and Singer, is beyond the pale. But not to worry, because the tribe has one of their own inside: Axel Kicillof, the economic minister of Argentina, overseeing the whole transaction of a nation’s wealth into the pockets of some Jewish hedge fund types. It is hard to avoid conclusion that the facts are anti-Semitic.

Unsurprisingly, israelnationalnews.com is quick to join a growing cacophony blaming the victim, Argentina, for the country’s woes.[2] This is not unlike the NSDAP’s post-WWI claim that Germany was stabbed in the back by Jewish financiers, who sought to gain economic leverage over the nation by plundering it into debt and destabilizing the Second Reich. But the Jewish-Bolshevik conspiracy is, according to the Frankfurt School analysis, the result of projection and scapegoating by the German people because of their loss in the war. Never mind that Bavaria fell to the Reds in 1919, first under a Jewish socialist in Kurt Eisner then into a bloody regime of Bolsheviks under the Jew Eugen Levine, with fellow tribesmen Ernst Toller and Gustav Landaver filling out the vanguard, murdering Countess Heila von Westarp [3] and Prince Gustav of Thurn and Taxis [4], among others. The strategy detailed in the Protocols of the Elders of Zion, which many commentators have suggested that despite being a “forgery” conforms to reality. But then the facts are anti-Semitic!

Now the Casillo types would point to these assertions of a Jewish strategy of domination as fanatical delusions, processes of psychological projection and scapegoating for failed artistic types (Pound and a certain Austrian corporal come to mind). Liberals (I use the term broadly) like to play the individualist card and don’t employ notions of groups or peoples or essences (stereotypes), which to them seems a highly barbaric and unenlightened form of thinking. Singer, Brodsky, and Soros are individuals who conform to negative stereotypes and not representatives of the Jewish people as a whole — while the Jews refuse to hold their own to the fire. Pound, however, understood the distinction between the “big Kikes” and the “little Yids” but still managed to see the forest as well as the trees.

Individualism vs. collectivism is the great divide between the Semitic Freud and the European Jung. Jung was able to image a collective unconscious that is a social-historical aspect of the psyche, while Freud could only imagine the isolated individual struggling with his neurosis. Jung was social, while Freud was anti-social. Pound sides with Jung, who, like Pound, would likely look upon individual Jewish usurers — Rothschilds, Soros, Kuhn, Warburgs, Sachs, etc. — and see not only individuals but archetypes or mythologized symbols of Jewish subversion of Western civilization as it has morphed into different forms through the centuries. The essence is the constant, or as Jung would write: “Because the behavior of a race takes on its specific character from its underlying images, we can speak of an archetype.”[3]

But Pound was not an individualist thinker. He did not see himself or others as isolated individuals concerned only with their own morality and conscience. Pound was a European thinker, whose thought worked in the poetic language of myth and tradition: “The Pound-Eliot ‘revolution’ was a return to the past in order to renew the links connecting past and present.”[4] Pound was a holistic thinker who entertained a certain amount of essentialism. He concerned himself with European civilization as a living, breathing entity entirely connected to the smallest of its parts, and thus objected to forces undermining its coherence. Thus, his identification of the Jews as bacillus and related imagery is a “natural” thought within the processes of racial and cultural consciousness. Correspondingly, Pound followed “Douglas’s idea that the basis of credit is social and not private.”[5]

The trick of the liberal education/indoctrination establishment today is to isolate the individual from these modes of thinking, to atomize him as a neurotic member of a diffused society – to put him on Freud’s chaise-lounge (or in a psychiatric ward in St. Elizabeths mental hospital) while the Schiffs, Warburgs, Soros, et al. plunder the public purse. Pound sought to bring the diffusion and subsequent confusion together under a fascism which Europe would be reborn (experience a renaissance) under a more unified and pagan directive.

Casillo classifies Pound’s anti-Semitism as a result of personal “pressures” and as a “poetic strategy.” This discards all of Pound’s factual, historical, social, cultural, and spiritual reasons. Pound’s anti-Semitism is thus divorced from any real manifestation of Jewish misconduct and instead grafted onto Pound’s deficient personality complex. Pound is engaged in projecting his own short-coming onto the Jews.

Pound’s anti-Semitism was multifaceted and not just limited to economic exploitation. Pound was a man of the West. He felt not just an identity with the West but a moral responsibility for its preservation. This is “totalitarianism” as viewed by a Confucian: “having a sense of responsibility” and “thinking of the whole social order” and “creating a balanced system” (Casillo, p. 128). He saw our civilization through a fascist lens as “a supra individual spiritual entity capable of infusing with heroism and purpose the lives of those who fight for it.”[6] It is essential to understand these traditional holistic foundations of Pound’s anti-Semitism.

As a general rule, whenever Casillo presents us with a “paradox” of Pound’s or fascist thinking it only appears paradoxical upon willful under-examination of their underlying principles. The Genealogy of Demons represents the most “rigorous” — i.e., niggling — attempt to deconstruct Ezra Pound’s fact-based political philosophy into “thoroughly arbitrary construct” and a psychological malfunction. But it has to be. Because the facts are anti-Semitic.

Notes

1. Michael Sheehan, “Vulture funds – the key players,” [5] The Guardian [6] (London).

2. Gil Ronen, “Argentina’s President Sees Jewish Conspiracy?”http://www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/185676 [7].

3. http://www.american-buddha.com/nazi.wotancarljung.htm [8]

4. Stock, Poet in Exile, p. 30. Quoted in Kerry Bolton’s Artists of the Right: Resisting Decadence (San Francisco: Counter-Currents Pub, 2012), p. 98.

5. Tim Redman, Ezra Pound and Italian Fascism (Cambridge: Cambridge University Press, 2009), p. 69.

6. Roger Griffin, Fascism (Oxford: Oxford University Press, 1995), p. 43.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/10/ezra-pound-on-endless-trial/

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/10/casillo.jpg

[2] The Genealogy of Demons: Anti-Semitism, Fascism, and the Myths of Ezra Pound: http://www.amazon.com/gp/product/0810107104/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=0810107104&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=NNXI2W5SHHID6ATP

[3] Heila von Westarp: http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Heila_von_Westarp&action=edit&redlink=1

[4] Prince Gustav of Thurn and Taxis: http://en.wikipedia.org/wiki/Prince_Gustav_of_Thurn_and_Taxis

[5] “Vulture funds – the key players,”: http://www.guardian.co.uk/global-development/2011/nov/15/vulture-funds-key-players?intcmp=122

[6] The Guardian: http://en.wikipedia.org/wiki/The_Guardian

[7] http://www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/185676: http://www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/185676

[8] http://www.american-buddha.com/nazi.wotancarljung.htm: http://www.american-buddha.com/nazi.wotancarljung.htm

jeudi, 11 septembre 2014

Pound poeta

mercredi, 23 avril 2014

"Beauty is difficult"

samedi, 30 novembre 2013

Ezra la Surf

lundi, 28 octobre 2013

ELEMENTOS Nº 55. EZRA POUND. LOCURA CONTRA LA USURA

ELEMENTOS Nº 55. EZRA POUND. LOCURA CONTRA LA USURA

 
 
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Sumario.-



Ezra Pound. Reseña biográfica, por Denes Martos

Ezra Pound, un poeta del siglo XX, por Richard Avedon

Ezra Pound: los cantos y la usura, por José Luis Ontiveros

Ezra Pound. La voz de Europa, por Joaquín Bochaca

Ezra Pound: santo laico, poeta loco, por Manuel Vicent

La radicalidad poética de Ezra Pound, por Mariano Antolin Rato

Ezra Pound, en sus ideas difíciles, por Manuel Domingo y José Manuel Infiesta

Espacio y Tiempo en Pound, por Vintila Horia

Goces subterráneos: Ezra Pound y la poiesis ambigua de la imagen, por Kathryn Stergiopoulos

Ezra Pound y la crítica, por José Luis Ontiveros

Ezra Pound: Vanguardia y Fascismo, por Nicolás González Varela

Ezra Pound, filósofo de taberna, por Samuel Putnam

Ezra Pound y el Bel Esprit, por Ernest Hemingway

Ezra Pound y Neruda, por José Miguel Ibáñez Langlois

Pound: la música de las palabras, por Héctor Alvarez Castillo

Sobre un poema de Ezra Pound, por Mariano Pérez Carrasco

Apuntes sobre Pound y el fascismo, por Claudio Quarantotto

Ezra Pound, la última entrevista, por Grazia Livi
 

dimanche, 02 décembre 2012

Eliot, Pound, and Lewis: A Creative Friendship

Eliot, Pound, and Lewis: A Creative Friendship

 

It may be a source of some pride to those of us fated to live out our lives as Americans that the three men who probably had the greatest influence on English literature in our century were all born on this side of the Atlantic. One of them, Wyndham Lewis, to be sure, was born on a yacht anchored in a harbor in Nova Scotia, but his father was an American, served as an officer in the Union Army in the Civil War, and came from a family that has been established here for many generations. The other two were as American in background and education as it is possible to be. Our pride at having produced men of such high achievement should be considered against the fact that all three spent their creative lives in Europe. For Wyndham Lewis the decision was made for him by his mother, who hustled him off to Europe at the age of ten, but he chose to remain in Europe, and to study in Paris rather than to accept the invitation of his father to go to Cornell, and except for an enforced stay in Canada during World War II, spent his life in Europe. The other two, Ezra Pound and T.S. Eliot, went to Europe as young men out of college, and it was a part of European, not American, cultural life that they made their contribution to literature. Lewis was a European in training, attitude and point of view, but Pound and Eliot were Americans, and Pound, particularly, remained aggressively American; whether living in London or Italy his interest in American affairs never waned.

The lives and achievements of these three men were closely connected. They met as young men, each was influenced and helped by the other two, and they remained friends, in spite of occasional differences, for the rest of their lives. Many will remember the picture in Time of Pound as a very old man attending the memorial service in Westminster Abbey in 1965 for T.S. Eliot. When Lewis, who had gone blind, was unable to read the proofs of his latest book, it was his old friend, T.S. Eliot who did it for him, and when Pound was confined in St. Elizabeth’s in Washington, Eliot and Lewis always kept in close touch with him, and it was at least partly through Eliot’s influence that he was finally released. The lives and association of these three men, whose careers started almost at the same time shortly before World War I are an integral part of the literary and cultural history of this century.

The careers of all three may be said, in a certain way, to have been launched by the publication of Lewis’ magazine Blast. Both Lewis and Pound had been published before and had made something of a name for themselves in artistic and literary circles in London, but it was the publication in June, 1914, of the first issue of Blast that put them, so to speak, in the center of the stage. The first Blast contained 160 pages of text, was well printed on heavy paper, its format large, the typography extravagant, and its cover purple. It contained illustrations, many by Lewis, stories by Rebecca West and Ford Maddox Ford, poetry by Pound and others, but it is chiefly remembered for its “Blasts” and “Blesses” and its manifestos. It was in this first issue of Blast that “vorticism,” the new art form, was announced, the name having been invented by Pound. Vorticism was supposed to express the idea that art should represent the present, at rest, and at the greatest concentration of energy, between past and future. “There is no Present – there is Past and Future, and there is Art,” was a vorticist slogan. English humour and its “first cousin and accomplice, sport” were blasted, as were “sentimental hygienics,” Victorian liberalism, the Royal Academy, the Britannic aesthete; Blesses were reserved for the seafarer, the great ports, for Shakespeare “for his bitter Northern rhetoric of humour” and Swift “for his solemn, bleak wisdom of laughter”; a special bless, as if in anticipation of our hairy age, was granted the hairdresser. Its purpose, Lewis wrote many years later, was to exalt “formality and order, at the expense of the disorderly and the unkempt. It is merely a humorous way,” he went on to say, “of stating the classic standpoint as against the romantic.”

The second, and last, issue of Blast appeared in July, 1915, by which time Lewis was serving in the British army. This issue again contained essays, notes and editorial comments by Lewis and poetry by Pound, but displayed little of the youthful exuberance of the first – the editors and contributors were too much aware of the suicidal bloodletting taking place in the trenches of Flanders and France for that. The second issue, for example, contained, as did the first, a contribution by the gifted young sculptor Gaudier-Brzeska, together with the announcement that he had been killed while serving in the French army.

Between the two issues of Blast, Eliot had arrived in London via Marburg and Oxford, where he had been studying for a degree in philosophy. He met Pound soon after his arrival, and through Pound, Wyndham Lewis. Eliot’s meeting of Pound, who promptly took him under his wing, had two immediate consequences – the publication in Chicago of Prufrock in Harriet Monroe’s Poetry magazine, and the appearance of two other poems a month or two later in Blast. The two issues of Blast established Lewis as a major figure: as a brilliant polemicist and a critic of the basic assumptions and intellectual position of his time, two roles he was never to surrender. Pound had played an important role in Blast, but Lewis was the moving force. Eliot’s role as a contributor of two poems to the second issue was relatively minor, but the enterprise brought them together, and established an association and identified them with a position in the intellectual life of their time which was undoubtedly an important factor in the development and achievement of all three.

Lewis was born in 1882 on a yacht, as was mentioned before, off the coast of Nova Scotia. Pound was born in 1885 in Hailey, Idaho, and Eliot in 1888 in St. Louis. Lewis was brought up in England by his mother, who had separated from his father, was sent to various schools, the last one Rugby, from which he was dropped, spent several years at an art school in London, the Slade, and then went to the continent, spending most of the time in Paris where he studied art, philosophy under Bergson and others, talked, painted and wrote. He returned to England to stay in 1909. It was in the following year that he first met Ezra Pound, in the Vienna Cafe in London. Pound, he wrote many years later, didn’t greatly appeal to him at first – he seemed overly sure of himself and not a little presumptuous. His first impression, he said, was of “a bombastic galleon, palpably bound to or from, the Spanish Main,” but, he discovered, “beneath its skull and cross-bones, intertwined with fleur de lis and spattered with star-spangled oddities, a heart of gold.” As Lewis became better acquainted with Pound he found, as he wrote many years later, that “this theatrical fellow was one of the best.” And he went on to say, “I still regard him as one of the best, even one of the best poets.”

By the time of this meeting, Lewis was making a name for himself, not only as a writer, but also an artist. He had exhibited in London with some success, and shortly before his meeting with Pound, Ford Maddox Ford had accepted a group of stories for publication in the English Review, stories he had written while still in France in which some of the ideas appeared which he was to develop in the more than forty books that were to follow.

But how did Ezra Pound, this young American poet who was born in Hailey, Idaho, and looked, according to Lewis, like an “acclimatized Buffalo Bill,” happen to be in the Vienna Cafe in London in 1910, and what was he doing there? The influence of Idaho, it must be said at once, was slight, since Pound’s family had taken him at an early age to Philadelphia, where his father was employed as an assayer in the U.S. mint. The family lived first in West Philadelphia, then in Jenkintown, and when Ezra was about six bought a comfortable house in Wyncote, where he grew up. He received good training in private schools, and a considerable proficiency in Latin, which enabled him to enter the University of Pennsylvania shortly before reaching the age of sixteen. It was at this time, he was to write some twenty years later, that he made up his mind to become a poet. He decided at that early age that by the time he was thirty he would know more about poetry than any man living. The poetic “impulse”, he said, came from the gods, but technique was man’s responsibility, and he was determined to master it. After two years at Pennsylvania, he transferred to Hamilton, from which he graduated with a Ph.B. two years later. His college years, in spite of his assertions to the contrary, must have been stimulating and developing – he received excellent training in languages, read widely and well, made some friends, including William Carlos Williams, and wrote poetry. After Hamilton he went back to Pennsylvania to do graduate work, where he studied Spanish literature, Old French, Provencal, and Italian. He was granted an M.A. by Pennsylvania in 1906 and a Fellowship in Romantics, which gave him enough money for a summer in Europe, part of which he spent studying in the British museum and part in Spain. The Prado made an especially strong impression on him – thirty years later he could still describe the pictures in the main gallery and recall the exact order in which they were hung. He left the University of Pennsylvania in 1907, gave up the idea of a doctorate, and after one semester teaching at Wabash College in Crawfordsville, Indiana, went to Europe, to return to his native land only for longer or shorter visits, except for the thirteen years he was confined in St. Elizabeth’s in Washington.

Pound’s short stay at Wabash College was something of a disaster – he found Crawfordsville, Indiana, confining and dull, and Crawfordsville, in 1907, found it difficult to adjust itself to a Professor of Romance Languages who wore a black velvet jacket, a soft-collared shirt, flowing bow tie, patent leather pumps, carried a malacca cane, and drank rum in his tea. The crisis came when he allowed a stranded chorus girl he had found in a snow storm to sleep in his room. It was all quite innocent, he insisted, but Wabash didn’t care for his “bohemian ways,” as the President put it, and was glad for the excuse to be rid of him. He wrote some good poetry while at Wabash and made some friends, but was not sorry to leave, and was soon on his way to Europe, arriving in Venice, which he had visited before, with just eighty dollars.

While in Venice he arranged to have a group of his poems printed under the title A Lume Spento. This was in his preparation for his assault on London, since he believed, quite correctly, that a poet would make more of an impression with a printed book of his poetry under his arm than some pages of an unpublished manuscript. He stayed long enough in Venice to recover from the disaster of Wabash and to gather strength and inspiration for the next step, London, where he arrived with nothing more than confidence in himself, three pounds, and the copies of his book of poems. He soon arranged to give a series of lectures at the Polytechnic on the Literature of Southern Europe, which gave him a little money, and to have the Evening Standard review his book of poetry, the review ending with the sentence, “The unseizable magic of poetry is in this queer paper volume, and words are no good in describing it.” He managed to induce Elkin Mathews to publish another small collection, the first printing of which was one hundred copies and soon sold out, then a larger collection, Personae, the Polytechnic engaged him for a more ambitious series of lectures, and he began to meet people in literary circles, including T.E. Hulme, John Butler Yeats, and Ford Maddox Ford, who published his “Ballad of the Goodley Fere” in the English Review. His book on medieval Latin poetry, The Spirit of Romance, which is still in print, was published by Dent in 1910. The Introduction to this book contains the characteristic line, “The history of an art is the history of masterworks, not of failures or of mediocrity.” By the time the first meeting with Wyndham Lewis took place in the Vienna Cafe, then, which was only two years after Pound’s rather inauspicious arrival in London, he was, at the age of 26, known to some as a poet and had become a man of some standing.

It was Pound, the discoverer of talent, the literary impresario, as I have said, who brought Eliot and Lewis together. Eliot’s path to London was as circuitous as Pound’s, but, as one might expect, less dramatic. Instead of Crawfordsville, Indiana, Eliot had spent a year at the Sorbonne after a year of graduate work at Harvard, and was studying philosophy at the University of Marburg with the intention of obtaining a Harvard Ph.D. and becoming a professor, as one of his teachers at Harvard, Josiah Royce, had encouraged him to do, but the war intervened, and he went to Oxford. Conrad Aiken, one of his closest friends at Harvard, had tried earlier, unsuccessfully, to place several of Eliot’s poems with an English publisher, had met Pound, and had given Eliot a latter of introduction to him. The result of that first meeting with Pound are well known – Pound wrote instantly to Harriet Monroe in Chicago, for whose new magazine, Poetry, he had more or less been made European editor, as follows: “An American called Eliot called this P.M. I think he has some sense tho’ he has not yet sent me any verse.” A few weeks later Eliot, while still at Oxford, sent him the manuscript of The Love Song of J. Alfred Prufrock. Pound was ecstatic, and immediately transmitted his enthusiasm to Miss Monroe. It was he said, “the best poem I have yet had or seen from an American. Pray God it be not a single and unique success.” Eliot, Pound went on to say, was “the only American I know of who has made an adequate preparation for writing. He has actually trained himself and modernized himself on his own.” Pound sent Prufrock to Miss Monroe in October, 1914, with the words, “The most interesting contribution I’ve had from an American. P.S. Hope you’ll get it in soon.” Miss Monroe had her own ideas – Prufrock was not the sort of poetry she thought young Americans should be writing; she much preferred Vachel Lindsey, whose The Firemen’s Ball she had published in the June issue. Pound, however, was not to be put off; letter followed importuning letter, until she finally surrendered and in the June, 1915, issue of Poetry, now a collector’s item of considerable value, the poem appeared which begins:

Let us go then, you and I,

When the evening is spread out against the sky

Like a patient etherized upon a table …

It was not, needless to say, to be the “single and unique success” Pound had feared, but the beginning of one of the great literary careers of this century. The following month the two poems appeared in Blast. Eliot had written little or nothing for almost three years. The warm approval and stimulation of Pound plus, no doubt, the prospect of publication, encouraged him to go on. In October Poetry published three more new poems, and later in the year Pound arranged to have Elkin Matthews, who had published his two books of poetry to bring out a collection which he edited and called The Catholic Anthology which contained the poems that had appeared in Poetry and one of the two from Blast. The principal reason for the whole anthology, Pound remarked, “was to get sixteen pages of Eliot printed in England.”

If all had gone according to plan and his family’s wishes, Eliot would have returned to Harvard, obtained his Ph.D., and become a professor. He did finish his thesis – “To please his parents,” according to his second wife, Valerie Eliot, but dreaded the prospect of a return to Harvard. It didn’t require much encouragement from Pound, therefore, to induce him to stay in England – it was Pound, according to his biographer Noel Stock “who saved Eliot for poetry.” Eliot left Oxford at the end of the term in June, 1915, having in the meantime married Vivien Haigh-Wood. That Fall he took a job as a teacher in a boy’s school at a salary of £140 a year, with dinner. He supplemented his salary by book reviewing and occasional lectures, but it was an unproductive, difficult period for him, his financial problems increased by the illness of his wife. After two years of teaching he took a position in a branch of Lloyd’s bank in London, hoping that this would give him sufficient income to live on, some leisure for poetry, and a pension for his wife should she outlive him. Pound at this period fared better than Eliot – he wrote music criticism for a magazine, had some income from other writing and editorial projects, which was supplemented by the small income of his wife, Dorothy Shakespear and occasional checks from his father. He also enjoyed a more robust constitution that Eliot, who eventually broke down under the strain and was forced, in 1921, to take a rest cure in Switzerland. It was during this three-month stay in Switzerland that he finished the first draft of The Waste Land, which he immediately brought to Pound. Two years before, Pound had taken Eliot on a walking tour in France to restore his health, and besides getting Eliot published, was trying to raise a fund to give him a regular source of income, a project he called “Bel Esprit.” In a latter to John Quinn, the New York lawyer who used his money, perceptive critical judgment and influence to help writers and artists, Pound, referring to Eliot, wrote, “It is a crime against literature to let him waste eight hours vitality per diem in that bank.” Quinn agreed to subscribe to the fund, but it became a source of embarrassment to Eliot who put a stop to it.

The Waste Land marked the high point of Eliot’s literary collaboration with Pound. By the time Eliot had brought him the first draft of the poem, Pound was living in Paris, having left London, he said, because “the decay of the British Empire was too depressing a spectacle to witness at close range.” Pound made numerous suggestions for changes, consisting largely of cuts and rearrangements. In a latter to Eliot explaining one deletion he wrote, “That is 19 pages, and let us say the longest poem in the English langwidge. Don’t try to bust all records by prolonging it three pages further.” A recent critic described the processes as one of pulling “a masterpiece out of a grabbag of brilliant material”; Pound himself described his participation as a “Caesarian operation.” However described, Eliot was profoundly grateful, and made no secret of Pound’s help. In his characteristically generous way, Eliot gave the original manuscript to Quinn, both as a token for the encouragement Quinn had given to him, and for the further reason, as he put it in a letter to Quinn, “that this manuscript is worth preserving in its present form solely for the reason that it is the only evidence of the difference which his [Pound’s] criticism has made to the poem.” For years the manuscript was thought to have been lost, but it was recently found among Quinn’s papers which the New York Public Library acquired some years after his death, and now available in a facsimile edition.

The first publication of The Waste Land was in the first issue of Eliot’s magazine Criterion, October, 1922. The following month it appeared in New York in The Dial. Quinn arranged for its publication in book form by Boni and Liveright, who brought it out in November. The first printing of one thousand was soon sold out, and Eliot was given the Dial award of the two thousand dollars. Many were puzzled by The Waste Land, one reviewer even thought that Mr. Eliot might be putting over a hoax, but Pound was not alone in recognizing that in his ability to capture the essence of the human condition in the circumstances of the time, Eliot had shown himself, in The Waste Land, to be a poet. To say that the poem is merely a reflection of Eliot’s unhappy first marriage, his financial worries and nervous breakdown is far too superficial. The poem is a reflection, not of Eliot, but of the aimlessness, disjointedness, sordidness of contemporary life. In itself, it is in no way sick or decadent; it is a wonderfully evocative picture of the situation of man in the world as it is. Another poet, Kathleen Raine, writing many years after the first publication of The Waste Land on the meaning of Eliot’s early poetry to her generation, said it

…enabled us to know our generation imaginatively. All those who have lived in the Waste Land of London can, I suppose, remember the particular occasion on which, reading T.S. Eliot’s poems for the first time, an experience of the contemporary world that had been nameless and formless received its apotheosis.

Eliot sent one of the first copies he received of the Boni and Liveright edition to Ezra Pound with the inscription “for E.P. miglior fabbro from T.S.E. Jan. 1923.” His first volume of collected poetry was dedicated to Pound with the same inscription, which came from Dante and means, “the better marker.” Explaining this dedication Eliot wrote in 1938:

I wished at that moment to honour the technical mastery and critical ability manifest in [Pound’s] . . . work, which had also done so much to turn The Waste Land from a jumble of good and bad passages into a poem.

Pound and Eliot remained in touch with each other – Pound contributed frequently to the Criterion, and Eliot, through his position at Faber and Faber, saw many of Pounds’ books through publication and himself selected and edited a collection of Pound’s poetry, but there was never again that close collaboration which had characterized their association from their first meeting in London in 1914 to the publication of The Waste Land in the form given it by Pound in 1922.

As has already been mentioned, Pound left London in 1920 to go to Paris, where he stayed on until about 1924 – long enough for him to meet many people and for the force of his personality to make itself felt. He and his wife were frequent visitors to the famous bookshop, Shakespeare and Co. run by the young American Sylvia Beach, where Pound, among other things, made shelves, mended chairs, etc.; he also was active gathering subscriptions for James Joyces’ Ulysses when Miss Beach took over its publication. The following description by Wyndham Lewis of an encounter with Pound during the latter’s Paris days is worth repeating. Getting no answer after ringing the bell of Pound’s flat, Lewis walked in and discovered the following scene:

A splendidly built young man, stripped to the waist, and with a torso of dazzling white, was standing not far from me. He was tall, handsome and serene, and was repelling with his boxing gloves – I thought without undue exertion – a hectic assault of Ezra’s. After a final swing at the dazzling solar plexus (parried effortlessly by the trousered statue) Pound fell back upon the settee. The young man was Hemingway.

Pound, as is well known, took Hemingway in hand, went over his manuscripts, cut out superfluous words as was custom, and helped him find a publisher, a service he had performed while still in London for another young American, Robert Frost. In a letter to Pound, written in 1933, Hemingway acknowledged the help Pound had given him by saying that he had learned more about “how to write and how not to write” from him “than from any son of a bitch alive, and he always said so.”

When we last saw Lewis, except for his brief encounter with Pound and Hemingway wearing boxing gloves, he had just brought out the second issues of Blast and gone off to the war to end all war. He served for a time at the front in an artillery unit, and was then transferred to a group of artists who were supposed to devote their time to painting and drawing “the scene of war,” as Lewis put it, a scheme which had been devised by Lord Beaverbrook, through whose intervention Lewis received the assignment. He hurriedly finished a novel, Tarr, which was published during the war, largely as a result of Pound’s intervention, in Harriet Shaw Weaver’s magazine The Egoist, and in book form after the war had ended. It attracted wide attention; Rebecca West, for example, called it “A beautiful and serious work of art that reminds one of Dostoevsky.” By the early twenties, Lewis, as the editor of Blast, the author of Tarr and a recognized artist was an established personality, but he was not then, and never became a part of the literary and artistic establishment, nor did he wish to be.

For the first four years following his return from the war and recovery from a serious illness that followed it little was heard from Lewis. He did bring out two issues of a new magazine, The Tyro, which contained contributions from T.S. Eliot, Herbert Read and himself, and contributed occasionally to the Criterion, but it was a period, for him, of semi-retirement from the scene of battle, which he devoted to perfecting his style as a painter and to study. It was followed by a torrent of creative activity – two important books on politics, The Art of Being Ruled (1926) and The Lion and the Fox (1927), a major philosophical work, Time and Western Man (1927), followed by a collection of stories, The Wild Body (1927) and the first part of a long novel, Childermass (1928). In 1928, he brought out a completely revised edition of his wartime novel Tarr, and if all this were not enough, he contributed occasionally to the Criterion, engaged in numerous controversies, painted and drew. In 1927 he founded another magazine, The Enemy, of which only three issues appeared, the last in 1929. Lewis, of course, was “the Enemy.” He wrote in the first issue:

The names we remember in European literature are those of men who satirised and attacked, rather than petted and fawned upon, their contemporaries. Only this time exacts an uncritical hypnotic sleep of all within it.

One of Lewis’ best and most characteristic books is Time and Western Man; it is in this book that he declared war, so to speak, on what he considered the dominant intellectual position of the twentieth century – the philosophy of time, the school of philosophy, as he described it, for which “time and change are the ultimate realities.” It is the position which regards everything as relative, all reality a function of time. “The Darwinian theory and all the background of nineteenth century thought was already behind it,” Lewis wrote, and further “scientific” confirmation was provided by Einstein’s theory of relativity. It is a position, in Lewis’ opinion, which is essentially romantic, “with all that word conveys in its most florid, unreal, inflated, self-deceiving connotation.”

The ultimate consequence of the time philosophy, Lewis argued, is the degradation of man. With its emphasis on change, man, the man of the present, living man for the philosophy of time ends up as little more than a minute link in the endless process of progressive evolution –lies not in what he is, but in what he as a species, not an individual, may become. As Lewis put it:

You, in imagination, are already cancelled by those who will perfect you in the mechanical time-scale that stretches out, always ascending, before us. What do you do and how you live has no worth in itself. You are an inferior, fatally, to all the future.

Against this rather depressing point of view, which deprives man of all individual worth, Lewis offers the sense of personality, “the most vivid and fundamental sense we possess,” as he describes it. It is this sense that makes man unique; it alone makes creative achievement possible. But the sense of personality, Lewis points out, is essentially one of separation, and to maintain such separation from others requires, he believes, a personal God. As he expressed it: “In our approaches to God, in consequence, we do not need to “magnify” a human body, but only to intensify that consciousness of a separated and transcendent life. So God becomes the supreme symbol of our separation and our limited transcendence….It is, then, because the sense of personality is posited as our greatest “real”, that we require a “God”, a something that is nothing but a person, secure in its absolute egoism, to be the rationale of this sense.”

It is exactly “our separation and our limited transcendence” that the time philosophy denies us; its God is not, in Lewis’ words “a perfection already existing, eternally there, of which we are humble shadows,” but a constantly emerging God, the perfection toward which man is thought to be constantly striving. Appealing as such a conception may on its surface appear to be, this God we supposedly attain by our strenuous efforts turns out to be a mocking God; “brought out into the daylight,” Lewis said, “it would no longer be anything more than a somewhat less idiotic you.”

In Time and Western Man Lewis publicly disassociated himself from Pound, Lewis having gained the erroneous impression, apparently, that Pound had become involved in a literary project of some kind with Gertrude Stein, whom Lewis hated with all the considerable passion of which he was capable. To Lewis, Gertrude Stein, with her “stuttering style” as he called it, was the epitomy of “time philosophy” in action. The following is quoted by Lewis is in another of his books, The Diabolical Principle, and comes from a magazine published in Paris in 1925 by the group around Gertrude Stein; it is quoted here to give the reader some idea of the reasons for Lewis’ strong feelings on the subject of Miss Stein:

If we have a warm feeling for both (the Superrealists) and the Communists, it is because the movements which they represent are aimed at the destruction of a thoroughly rotten structure … We are entertained intellectually, if not physically, with the idea of (the) destruction (of contemporary society). But … our interests are confined to literature and life … It is our purpose purely and simply to amuse ourselves.

The thought that Pound would have associated himself with a group expounding ideas on this level of irresponsibility would be enough to cause Lewis to write him off forever, but it wasn’t true; Pound had met Gertrude Stein once or twice during his stay in Paris, but didn’t get on with her, which isn’t at all surprising. Pound also didn’t particularly like Paris, and in 1924 moved to Rapallo, a small town on the Mediterranean a few miles south of Genoa, where he lived until his arrest by the American authorities at the end of World War II.

In an essay written for Eliot’s sixtieth birthday, Lewis had the following to say about the relationship between Pound and Eliot:

It is not secret that Ezra Pound exercised a very powerful influence upon Mr. Eliot. I do not have to define the nature of this influence, of course. Mr. Eliot was lifted out of his lunar alley-ways and fin de siecle nocturnes, into a massive region of verbal creation in contact with that astonishing didactic intelligence, that is all.

Lewis’ own relationship with Pound was of quite a different sort, but during the period from about 1910 to 1920, when Pound left London, was close, friendly, and doubtless stimulating to both. During Lewis’ service in the army, Pound looked after Lewis’ interests, arranged for the publication of his articles, tried to sell his drawings, they even collaborated in a series of essays, written in the form of letters, but Lewis, who in any case was inordinately suspicious, was quick to resent Pound’s propensity to literary management. After Pound settled in Rapallo they corresponded only occasionally, but in 1938, when Pound was in London, Lewis made a fine portrait of him, which hangs in the Tate Gallery. In spite of their occasional differences and the rather sharp attack on Pound in Time and Western Man, they remained friends, and Lewis’ essay for Eliot’s sixtieth birthday, which was written while Pound was still confined in St. Elizabeth’s, is devoted largely to Pound, to whom Lewis pays the following tribute:

So, for all his queerness at times–ham publicity of self, misreading of part of poet in society–in spite of anything that may be said Ezra is not only himself a great poet, but has been of the most amazing use to other people. Let it not be forgotten for instance that it was he who was responsible for the all-important  contact  for James  Joyce–namely  Miss Weaver. It was his critical understanding, his generosity, involved in the detection and appreciation of the literary genius of James  Joyce. It was through him that a very considerable sum of  money was put at Joyce’s disposal at the critical moment.

Lewis concludes his comments on Pound with the following:

He was a man of letters, in the marrow of his bones and down to the red rooted follicles of his hair. He breathed Letters, ate Letters, dreamt Letters. A very rare kind of man.

Two other encounters during his London period had a lasting influence on Pound’s thought and career–the Oriental scholar Ernest Fenollosa and Major Douglas, the founder of Social Credit. Pound met Douglas in 1918 in the office of The New Age, a magazine edited by Alfred H. Orage, and became an almost instant convert. From that  point on usury became an obsession with him, and the word “usurocracy,” which he used to denote a social system based on money and credit, an indispensable part of his vocabulary. Social Credit was doubtless not the panacea Pound considered it to be, but  that Major Douglas was entirely a fool seems doubtful too, if the following quotation from him is indicative of the quality of his thought:

I would .. make the suggestion … that the first requisite of a  satisfactory governmental system is  that it shall divest itself  of the idea that it has a mission to improve the morals or direct  the  philosophy of  any of  its constituent citizens.

Ernest Fenollosa was a distinguished Oriental scholar of American  origin who had spent  many years in Japan, studying both Japanese and Chinese literature, and had died in  1908. Pound met his widow in London in 1913, with the result that she entrusted her  husband’s papers to him, with her authorization to edit and publish them as he thought  best. Pound threw himself into the study of the Fenollosa material with his usual  energy, becoming, as a result, an authority on the Japanese Noh drama and a lifelong student of Chinese. He came to feel that the Chinese ideogram, because it was never entirely removed from its origin in the concrete, had certain advantages over the  Western alphabet. Two years after receiving the Fenollosa manuscripts, Pound published  a translation of Chinese poetry under the title Cathay. The Times Literary Supplement  spoke of the language of Pound’s translation as “simple, sharp, precise.” Ford Maddox  Ford, in a moment of enthusiasm, called Cathay “the most beautiful book in the  language.”

Pound  made other translations, from Provencal, Italian, Greek, and besides the book of  Chinese poetry, translated Confucius, from which the following is a striking example, and  represents a conception of the relationship between the individual and society to which Pound attached great importance, and frequently referred to in his other writing:

The men of old wanting to clarify and diffuse throughout the empire that light which comes from looking straight into the heart and then acting, first set up good government in their own states; wanting good government in their states, they first established order in their own families; wanting order in the  home, they  first disciplined themselves; desiring self-discipline, they rectified their own hearts; and wanting to rectify their hearts; they sought precise verbal definitions of their inarticulate thoughts; wishing to attain precise verbal definitions, they sought to extend  their knowledge to the utmost. This completion of knowledge is rooted in sorting things into organic categories.

When things had been classified in organic categories, knowledge moved toward fulfillment; given the extreme knowable points, the inarticulate thoughts were defined with  precision. Having attained this precise verbal definition, they then stabilized their hearts, they disciplined themselves;  having attained self-discipline, they set their own houses in order; having order in their own homes, they brought good  government to their own states; and when their states were  well  governed, the empire was brought into equilibrium.

Pound’s major poetic work is, of course, The Cantos, which he worked on over a period of more than thirty years. One section, The Pisan Cantos, comprising 120 pages and eleven cantos, was written while Pound was confined in a U.S. Army detention camp near Pisa, for part of the time in a cage. Pound’s biographer, Noel Stock, himself a poet and a  competent critic, speaks of the Pisan Cantos as follows:

They are confused and often fragmentary; and they bear no relation structurally to the seventy earlier cantos; but shot through by a rare sad light they tell of things gone which somehow seem to live on, and are probably his best poetry. In  those few desperate months he was forced to return to that point within himself where the human person meets the outside world of real things, and to speak of what he found there. If at times the verse is silly, it is because in himself Pound was often  silly; if at times it is firm, dignified and intelligent, it is because  in himself Pound was often firm, dignified and intelligent; if it  is fragmentary and confused, it is because Pound was never  able to think out his position and did not know how the matters with which he dealt were related; and if often lines and  passages have a beauty seldom equaled in the poetry of the twentieth century it is because Pound had a true lyric gift.

As for the Cantos as a whole, I am not competent to make even a comment, much less to  pass judgment. Instead I will quote the distinguished English critic Sir Herbert Read on  the subject:

I am not going to deny that for the most part the Cantos present insuperable difficulties  for the impatient reader, but, as Pound says somewhere, “You can’t get through hell in a hurry.” They are of varying length, but they already amount to more than five hundred pages of verse and constitute the longest, and without hesitation I would say the greatest, poetic achievement of our time.

When The Waste Land was published in 1922 Eliot was still working as a clerk in a  London bank and had just launched his magazine, The Criterion. He left the bank in 1925 to join the newly organized publishing firm of Faber and Gwyer, later to become Faber  and Faber, which gave him the income he needed, leisure for his literary pursuits and  work that was congenial and appropriate. One of his tasks at Fabers, it used to be said,  was writing jacket blurbs. His patience and helpfulness to young authors was well known–from personal experience I can bear witness to his kindness to inexperienced publishers; his friends, in fact, thought that the time he devoted to young authors he felt had promise  might have been better spent on his own work. In spite of the demands on his time and  energy, he continued to edit the Criterion, the publication of which was eventually taken  over by Faber. He attached the greatest importance to the Criterion, as is evidenced by the following from a letter to Lewis dated January 31, 1925 which is devoted entirely to  the Criterion and his wish for Lewis to continue to write regularly for it, “Furthermore I  am not an individual but an instrument, and anything I do is in the interest of art and literature and civilization, and is not a matter for personal compensation.” As it worked  out, Lewis wrote only occasionally for the Criterion, not at all for every issue as Eliot had proposed in the letter referred to above. The closeness of their association, however, in spite of occasional differences, may be judged not only from Eliot’s wish to have something from Lewis in every issue, but from the following from a letter to Eliot from  Lewis:

As I understand with your paper that you are almost in the position I was in with Tyro and Blast I will give you anything I have for nothing, as you did me, and am anxious to be of use to you: for I know that every  failure of an exceptional attempt  like yours with the Criterion means that the chance of  establishing some sort of critical standard here is diminished.

Pound also contributed frequently to the Criterion, but at least pretended not to think much of  it–“… a magnificent piece of editing, i.e. for the purpose of getting in to the  Athenaeum Club, and becoming permanent,” he remarked on one occasion. He, by the  way, accepted some of the blame for what he considered to be Eliot’s unduly cautious approach to criticism. In a letter to the Secretary of the Guggenheim Foundation, written  in 1925 to urge them to extend financial assistance to Eliot and Lewis, he made the  following comment:

I may in some measure be to blame for the extreme caution of his [Eliot’s] criticism. I pointed out to him in the beginning that there was no use of two of us butting a stone wall; that he’d  never be as hefty a battering ram as I was, nor as explosive as Lewis, and that he’d  better try a more oceanic and fluid method of sapping the foundations. He is now respected by the Times  Lit. Sup. But his criticism no longer arouses my interest.

What Pound, of course, wished to “sap” was not the “foundations”of an ordered society,  but of established stupidity and mediocrity. The primary aim of all three, Pound, Eliot  and Lewis, each in his own way, was to defend civilized values. For Eliot, the means to  restore the health of Western civilization was Christianity. In his essay The Idea of A Christian Society he pointed out the dangers of the dominant liberalism of the time, which he thought “must either proceed into a gradual decline of which we can see no end, or reform itself into a positive shape which is likely to be effectively secular.” To attain,  or recover, the Christian society which he thought was the only alternative to a purely secular society, he recommended, among other things, a Christian education. The purpose of  such an education would not be merely to make people pious Christians, but primarily, as he put it, “to train people to be able to think in Christian categories.” The great mass of any population, Eliot thought, necessarily occupied in the everyday cares and demands of life, could not be expected to devote much time or effort to “thinking about the objects of faith,” their Christianity must be almost wholly realized in behavior.  For Christian values, and the faith which supports them to survive there must be, he  thought, a “Community of  Christians,” of people who would lead a “Christian life on its highest social level.”

Eliot thought of “the Community of Christians” not as “an organization, but a body of  indefinite outline, composed of both clergy and laity, of the more conscious, more spiritually and intellectually developed of both.” It will be their “identity of belief and  aspiration, their background of a common culture, which will enable them to influence and be influenced by each other, and collectively to form the conscious mind and the conscience of the nation.” Like William Penn, Eliot didn’t think that the actual form of  government was as important as the moral level of the people, for it is the general ethos of the people they have to govern, not their own piety, that determines the behaviour of  politicians.” For this reason, he thought, “A  nation’s system of education is much more  important than its system of government.”

When we consider the very different personalities of these three men, all enormously  gifted, but quite different in their individual characteristics–Pound, flamboyant, extravagant; Eliot, restrained, cautious; Lewis, suspicious, belligerent–we can’t help but wonder how it was possible for three such men to remain close friends from the time they met as young men until the ends of their lives. Their common American background no doubt played some part in bringing Pound and Eliot together, and they both shared certain characteristics we like to think of as American: generosity, openness to others, a fresher, more unencumbered attitude toward the past than is usual for a European, who,  as Goethe remarked, carries the burden of the quarrels of a long history. But their close association, mutual respect and friendship were based on more than their common origin on this side of the Atlantic. In their basic attitude toward the spirit of their time, all three were outsiders; it was a time dominated by a facile, shallow liberalism, which, as Eliot  once remarked, had “re- placed belief  in Divine Grace” with “the myth of human  goodness.” Above all they were serious men,  they were far more interested in finding and expressing the truth than in success as the world understands it. The English critic  E. W.  F.  Tomlin remarked that a characteristic of  these three “was that they had mastered their subjects, and were  aware of  what lay beyond them. The reading that went into Time and Western Man alone exceeded the life-time capacity of many so-called ‘scholars.’” The royalties Lewis earned from this book, one of the most important of our time, which represented an immense amount of work and thought of the highest order, didn’t amount to a pittance, but Lewis’ concern, as he put it toward the end of his life, was for “the threat of extinction to the cultural tradition of the West.” It was this mutual  concern, on a very  high level, and an utterly serious attitude toward creative work that  brought them and held them together.

Why did Pound and Eliot stay in Europe, and what might have happened to them if they had come back to this country, as both were many times urged to do, or to Lewis if he had  gone to Cornell and stayed over here? In Pound’s case, the answer is rather simple, and was given in essence by his  experience in Crawfordsville, Indiana, as a young man, and the treatment he received following the war. There is no doubt that in making broadcasts on the Italian radio during wartime he was technically guilty of treason; against this, it seems to me, must be weighed the effect of  the broadcasts, which was zero, and his achievement as a poet and critic, which is immense. One can’t expect magnanimity from any government, and especially not in the intoxication of victory in a great war and overwhelming world power, but one might have expected the academic and literary  community to have protested the brutal treatment meted out to Pound. It didn’t, nor was there any protest of his long confinement in a mental institution except on the part of a few individuals; his release was brought about largely as a result of protests from Europe, in which Eliot played a substantial part. When, however, during his confinement in St.  Elizabeth’s, the Bollingen prize for poetry was given him for the Pisan Cantos, the liberal establishment reacted with the sort of  roar one might have expected had the Nobel Peace Prize been awarded to Adolf Hitler.

Lewis spent some five years in Toronto during World War II, which, incidentally, provided him with the background for one of his greatest novels, Self Condemned. He was desperately hard up, and tried to get lecture engagements from a number of  universities, including the University of Chicago. A small Canadian Catholic college was the only representative of the academic institutions of North America to offer this really great, creative intelligence something more substantial than an occasional lecture. Since his death, Cornell and the University of Buffalo have spent large sums accumulating Lewis material-manuscripts, letters, first editions, drawings, etc. When they could have done something for Lewis himself,  to their own glory and profit, they ignored him.

The American intellectual establishment, on the other hand, did not ignore the Communist-apologist Harold Laski, who was afforded all the honors and respect at its  command, the  Harold Laski who, in 1934, at the height of Stalinism–mass arrests, millions in slave labor camps and all the rest–had lectured at the Soviet Institute of Law.

Following his return to England the Labour government gave Lewis, “the Enemy” of socialism, as he called himself, a civil pension, and the BBC invited him to lecture regularly on modern art and to write for its publication, The Listener. He was even  awarded an honorary degree by the University of Leeds. Can anyone imagine CBS, for  example, offering a position of any kind to a man with Lewis’ unorthodox views, uncompromising intelligence, and ability to see the world for what it is, the Ford  Foundation offering him a grant, or Harvard or Yale granting him an honorary degree? Harold Laski indeed yes, but Wyndham Lewis? It is inconceivable.

The following taken from letters from Ezra Pound, the first written in 1926 to Harriet Monroe, and the second in 1934 to his old professor at the University of Pennsylvania, Felix Schelling, puts the problem of the poet in America as he saw it very graphically:

Poverty here is decent and honourable. In America it lays one open to continuous insult on all sides.  . . Re your question is it any better abroad for authors: England gives small pensions; France provides jobs.  . . Italy is full of ancient libraries; the  jobs are quite comfortable, not very highly paid, but are  respectable, and can’t much interfere with the librarians’ time.

As for “expatriated”? You know damn well the country wouldn’t  feed me. The simple economic fact that if I had returned to  America I shd. have starved, and that to maintain anything like the standard of living, or indeed to live, in America from 1918  onwards I shd. have had to quadruple my earnings, i.e. it wd. have been impossible for me to devote any time to my REAL work.

Eliot, of course, fared much better than Pound at the hands of the academy. As early as  1932 he was invited to give the Charles Eliot Norton lectures at Harvard, many universities honored themselves by awarding him honorary degrees, he was given the  Nobel Prize, etc. One can’t help but wonder, however, if his achievement would have been  possible if he had completed his Ph.D. and become a Harvard professor. He wrote some  of his greatest poetry and founded the Criterion while still a bank clerk in London. One can say with considerable justification that as a clerk in Lloyd’s Bank in London Eliot had more opportunity for creative work and got more done than would have been possible had he been a Harvard  professor. It was done, of course, at the cost of intensely hard  work–in a letter to Quinn in the early twenties he remarks that he was working such long  hours that he didn’t have time either for the barber or the dentist. But he had something  to show for it.

It is impossible, of course, to sum up the achievement of these three men. They were very much a part of the time in which they lived, however much they rejected its basic assumptions and point of view. Both Lewis and Eliot described themselves as classicists, among other reasons, no doubt, because of the importance they attached to order; Lewis  at one time called Pound a “revolutionary simpleton,” which in certain ways was probably justified, but in his emphasis on “precise verbal definitions,” on the proper use  of language, Pound was a classicist too. All three, each in his own way, were concerned  with the health of society; Eliot founded the Criterion to restore values; in such books as  Time and Western Man, Paleface, The Art of Being Ruled, Lewis was fighting for an intelligent understanding of the nature of our civilization and of the forces he thought were undermining it. The political books Lewis wrote in the thirties, for which he was violently and unfairly condemned, were written not to promote fascism, as some simple-minded critics have contended, but to point out that a repetition of World War I would  be even more catastrophic for civilization than the first. In many of his political judgments Pound was undoubtedly completely mistaken and irresponsible, but he would  deserve an honored place in literature only for his unerring critical judgment, for his ability to discern quality, and for his encouragement at a critical point in the career of each of such men as Joyce, Hemingway, Eliot, Frost, and then there are his letters–letters of  encouragement and criticism to aspiring poets, to students, letters opening doors or asking for help for a promising writer, the dozens of letters to Harriet Monroe. “Keep on remindin’ ’em that we ain’t bolsheviks, but only the terrifyin’ voice of civilization, kultchuh, refinement, aesthetic perception,” he wrote in one to Miss Monroe, and when she wanted to retire, he wrote to her, “The intelligence of the nation [is] more important than the comfort of any one individual or the bodily life of a whole generation.” In a letter to H. L. Mencken thanking him for a copy of the latter’s In Defense of Women, Pound remarked, almost as an afterthought, “What is wrong with it,  and with your work in general is that you have drifted into writing for your inferiors.” Could anyone have put it more precisely? Whoever wants to know what went on in the period from about 1910 to 1940, whatever he may think of his politics or economics, or  even his poetry, will have to consult the letters of  Ezra Pound–the proper function of  the artist in society, he thought, was to be “not only its intelligence, but its ‘nostrils and  antennae.’” And this, as his letters clearly show, Pound made a strenuous and, more often than not, successful effort to be.

How much of  Lewis’ qualities were a result of his American heritage it would be hard to say, but there can be no doubt that much in both Pound and Eliot came from their  American background. We may not have been able to give them what they needed to realize their talents and special qualities, they may even have been more resented than  appreciated by many Americans, but that they did have qualities and characteristics which were distinctly American there can be no doubt. To this extent, at least, we can  consider them an American gift to the Old World. In one of Eliot’s most beautiful works,  The Rock, a “Pageant Play written on behalf of the forty-five churches Fund of the Diocese of London,” as it says on the title page, there are the lines, “I have said, take no thought of the harvest, but only of perfect sowing.” In taking upon themselves the difficult, thankless task of being the “terrifying voices of civilization” Eliot and his two friends, I am sure, didn’t give much thought of the possible consequences to themselves,  of what there “might be in it for them,” but what better can one say of anyone’s life than “He sowed better than he reaped?’’

Originally published in Modern Age, June 1972. Reprinted with the permission of the Intercollegiate Studies Institute

Henry Regnery (1912-1996) was an American publisher.

 

samedi, 17 novembre 2012

The Trial Of Ezra Pound

The Trial Of Ezra Pound

mercredi, 07 novembre 2012

Ezra Pound: Protector of the West

Ezra Pound: Protector of the West

By Ursus Major

Ex: http://www.counter-currents.com/

Ezra Pound was arguably the finest American-born poet and a first rate Classical scholar. He happened to be born in Idaho, a state not noted for either its poets or Classicists. It was, however, a center of the American Populist Movement, which pitted the (usually family) farmer against the banks and railroads. The Populists called themselves “National-Socialists,” long before that term was heard in Europe.

Pound was born in 1885, making him less than two-years younger than his later hero, Benito Mussolini. This was at the apex of the Populist movement. The Populist Party’s platform for the 1886 election was almost entirely written by Edward Bellamy. Bellamy was a novelist-journalist, whose utopian work, Looking Backward had sold over 1 million copies in the U.S. alone.

Looking Backward is set in the year 2000, and recounts the victory of National-Socialism: the nationalization of the banks and railroads, along with a host of reforms to alleviate the lot of the working-man without invoking Marxism. The syndicalism of Georges Sorel was a major influence upon the Populists, as it was upon the one-time Socialist, Benito Mussolini.

(Mussolini had been named “Benito,” which is not an Italian name, by his anarchist father, in honor of Benito Juárez, the Mexican revolutionary responsible for the execution of Maximilian. Actually, Juárez didn’t last that long: he was disposed of by his lieutenant Díaz, who proceeded to set up a dictatorship, which was 100-times more repressive than anything envisioned by the liberal Austrian Arch-Duke, who had been tricked by Napoleon III into accepting a “crown,” which was created by the French, the Catholic Church, and the Mexican latifundiastas: huge landowners. One should remember that the Spanish Habsburgs had ruled Mexico for centuries. The Habsburg arms — the Roman Double Eagle — are to be found on the Governor’s House in Santa Fe, New Mexico, which was founded during the Habsburg era. So Maximilian, being offered the crown as Emperor of Mexico wasn’t off-the-wall.)

What happened with the Populists? Basically, William Jennings Bryan stole their rhetoric; and Theodore Roosevelt along with Taft gave support to the trade-union movement. Bryan’s “Cross of Gold” speech, in support of the free-silver movement, caused the Populists to support Bryan, and they shared in Bryan’s defeat. Imperialism was the impetus of the hour, as the U.S. attacked and defeated Spain, taking what remained of the Spanish Empire (and sending the Marines to the Philippines, to show them that it was merely a “change of title,” by shooting half-a-million of the “liberated”).

Oscar Wilde once commented, “When a good American dies, he goes to Paris.” Pound didn’t wait until he was dead before leaving the Land of the Free and Hopelessly Vulgar. By 1908, he was living in London. In 1920, he moved to Paris (which was less expensive); and in 1924, he moved to Italy, where he was to remain until the U.S. Army brought him back to the Land of the Victorious and Hopelessly Vulgar — in a cage! Pound was an ardent Fascist and remained one until the day of his death, well over 30 years after the Duce and his mistress, Clara Petacchi, were hung like sides of beef from the rafters of a bombed-out gas station in Milan.

Pound found in Fascist Italy both the “National-Socialism” of the Populists plus a reawakening of the “civilizing” mission of Ancient Rome, of which Pound (the Classicist) was so fond. Pound referred to his poems as “Cantos” — lyrics! — which drew upon the greatest Euro-poets, from Homer on, as their inspiration; and, in his Pisan Cantos (written while confined to a cage in Pisa after WWII, and for which he was awarded the 1949 Bollingen Prize in Poetry) incorporating inspiration from that other great High Culture: the Culture of Confusian China. What was Pound doing in a U.S. Army cage? Awaiting some decision by the U.S. government as to what to do with its most famous poet — who had regularly broadcast pro-Axis speeches from 1941 on!

In the Plutocratic-Marxist alliance of WWII, he found all he had despised since his youth: the joint determination of Bankers and Barbarians to destroy Western Civilization (which, in Pound’s view was personified in Fascist Italy, with Germany a distant second). His slim prose work Jefferson and/or Mussolini drew attention to Jefferson loathing of banks and compared the tyranny of International Finance with British Mercantilism, finding the former worse than the latter. His anti-Semitic speeches were directed solely against Jewish financial control. (Unlike most anti-Semites, he was rabid in his loathing of Jewish financial interests, but totally indifferent toward the Jews qua Jews and was quite disturbed when Mussolini sanctioned the deportation of Italian Jews, who were obviously not financiers.) He described Italian Fascism as “paternally authoritarian” and subscribed to the view that freedom was for those who’d earned it. He described the American concept of free speech as merely “license”: “Free speech, without radio free speech is zero!” was a comment he made in one of his own broadcasts.

Although manifestly guilty of treason under U.S. law, the government felt embarrassed at the prospect of trying him, so they had some medical hacks from the military certify he was insane, and committed him to St. Elizabeths, the federal asylum in Washington from 1946 until 1958, when he was allowed to leave, providing he immediately left the country. That he did, returning to Italy; his last act in the U.S. being to accord the Statue of Liberty the Roman/Fascist salute!

The first of the “Cantos” had appeared in 1917. The last (96-109: Thronos) in 1959. The Whole he considered one vast epic poem, on a Homeric scale; however, it is more an epic reflecting the maturity of an artist and Classicist, in an age which marked the decline of both. One can see in influence of Yeats (who was also markedly pro-Fascist, but died before that could produce a crisis [1939]), Ford Maddox Ford and James Joyce were “cross pollinators” with Pound. T. S. Eliot and Ernest Hemingway [. . .] died before him; therefore, Ezra Pound became the last of the expatriate artists, a tradition that began with Henry James. Certainly some brief excerpt of his work is called for. The following is taken from one of the Pisan Cantos, written in the cage:

this breath wholly covers the mountains
it shines and divides
it nourishes by its rectitude
does no injury
overstanding the earth it fills the nine fields
to heaven

Boon companion to equity
it joins with the process
lacking it, there is inanition
When the equities are gathered together
as birds alighting
it springeth up vital

If deeds be not ensheaved and garnered in the heart
there is inanition.

I selected this example, because it draws upon the High Culture of China for inspiration, and incorporates within this a Classical maxim, which even those who know no Latin should be aware of. The final phrase (“if deeds be not ensheaved and garnered in the heart / there is inanition”) is a restatement of ACTA NON VERBA! (For those denied access to a dictionary of sufficient scope, “inanition” means “emptiness, a need – like a need for food or drink.”)

So Pound combines the essence of Mandarian art with the essence of the West, affirming the Spenglerian premise that all High Cultures are “transportable.” How many full-time Western symphony orchestras does Tokyo support? EIGHT! (Pound,by the way, was a excellent bassoonist.)

Leaving aside all other considerations, Ezra Pound — Poet and Traitor — PROVES the essential unity of all Euros. From Hailey, Idaho to London, Paris, Rapallo, Rome, an asylum in Washington,  D.C. back to die in his beloved Rapallo (where the aging Gore Vidal now spends most of his time), Pound showed that no part of Magna Europa is alien to any Euro. Art, like an orchid, requires a special soil, a special climate to blossom in. A poet was born in the prairies of Idaho, but his genius could not thrive in the same soil as potatoes. Even as thousands of years before, the genius of Ovid atrophied in Tomis, where Augustus had banished him (Ovid had a great influence on Pound), so the genius of Ezra (what a horrid name!) Pound, Classicist, Poet-Supreme, would have atrophied in that backwater of Magna Europa. And so the Euro had to return to the primal soil, that his genius might bloom — yes, and be driven into treason, lest greed and barbarism destroy Magna Europa. “If this be treason, let us make the most of it!” Patrick Henry admonished his colleagues. Pound made as much of it as he could.

That what he saw as a deadly threat to his Race-Culture, he put ahead of the color of his passport may be heinous or not. That is not the issue. The issue is that Hailey, Idaho could give Magna Europa one of Her greatest poets, whose greatness ensued in the main from his ability to absorb all that had gone before and say it anew — even deploying adoptive forms!

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2012/10/ezra-pound-protector-of-the-west/

mercredi, 26 septembre 2012

Ezra Pound: L’ABC del leggere…

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Ezra Pound: L’ABC del leggere…

Ex: http://www.mirorenzaglia.org/2012/09/ezra-pound-labc-del-...

Leggere non è mai operazione indolore, costa fatica e dedizione. Leggere poesia poi è la cosa più ardua che un lettore possa immaginare di fare. Mi viene quasi da dire che leggere poesia è più duro che scriverla, ma mi astengo perché non sono poeta e posso giudicare solo per sentito dire.

Chi si accosta alla poesia non può mai farlo a cuor leggero, non può pensare di non dover pagare uno scotto e non può utilizzare nessuna scorciatoia. Per decifrarne il significato, per abbandonarsi al verso, per assaporare il ritmo non è sufficiente la buona predisposizione d’animo o una volontà ferrea. Ciò che è necessario è imparare a leggerla, piegandosi al duro percorso dell’apprendistato.

Niente nella poesia è pura casualità, niente può zampillare liberamente. Ogni impressione di levità e musicalità è frutto incessante e sfibrante basato su conoscenza, tecnica, esercizio. Il poeta è come il pugile che salta leggero sul ring schivando, roteando, danzando, incassando e colpendo con una naturalezza che naturale non è mai. È il frutto di una macerazione nelle spossanti sedute d’allenamento in cui, in compagnia soltanto di se stesso e del suo maestro apprende a scarnificare il suo corpo, piroettando con la sua ombra, fino ad apparire senza peso quando si esibisce di fronte alla folla dei tifosi.

Accostarsi alla lettura della poesia richiede la medesima consapevolezza. E sbigottiti di fronte al cammino da intraprendere, quando un sottile sentimento di paura ci assedia, la prima domanda che ci si rivolge è: “chi mi può insegnare?”. È per questo motivo che ho accolto con giubilo la ristampa che Garzanti ha deciso de L’ABC del leggere di Ezra Pound, lo zio Ezra che ancora una volta ci stupisce.

È un onore non da poco accostarsi alle pagine di questo manualetto, perché il (più?) grande poeta del Novecento decide di vestire i panni dell’educatore nel tentativo di concedere a noi lettori una chiave che ci permetta di aprire, magari solo per uno spiraglio, quella porta che ci divide dalla poesia.

1235647.jpgImpresa ardua insegnare a qualcuno come leggerla, ma Pound è grande non solo per le sue opere maggiori, ma per l’incessante, ingenua volontà di regalare aiuto a tutti coloro che ne facciano richiesta. Il suo intento è quello di «offrire un manuale leggibile, tanto per diletto come per profitto, a chi non frequenta più le scuole, a chi non è mai stato a scuola, o infine a quanti ai tempi della loro istruzione hanno dovuto soffrire quello che hanno sofferto molti della mia generazione».

Un approccio iniziale che potrebbe sembrare populista. La poesia spiegata a tutti, facile accesso a chi non ha struttura per leggerla. Niente di più sbagliato. Pound, che non ha mai concesso sconti, in primo luogo a se stesso, costruisce il suo percorso in un modo che potrebbe scoraggiare chiunque ed afferma che la poesia è, sì di tutti, ma di tutti coloro che intendo accostarla nell’unica maniera possibile, studiando, faticando, sudando, crescendo poco a poco in consapevolezza.

Pound non ha nessuna intenzione di dire che, per renderlo accessibile, un testo va svilito e portato al livello del lettore. Piuttosto pensa che sia il lettore a dover arrampicarsi con dolore al livello del testo e per questo si prende la briga di insegnarcelo. Sembrerebbe un cammino di spine e stenti, di noia e di professorale distacco. Niente di più falso anche questo.

Pound delinea una strada totalmente antiaccademica, sui generis, inorganica se non caotica ma ricca di un sentimento quasi struggente che si traduce nella parola amore. A partire da una semplice definizione «La letteratura è linguaggio carico di significato», il suo insegnamento si dipana attraverso una serie di raccomandazioni operative che tendono a dilatare il senso della lettura, così come della scrittura che diventano il rovescio della stessa medaglia.

È così che, tra gli esercizi indicati per il lettore, trova spazio un compito in apparenza facile «Descrivere un oggetto comune come un gatto o una mela». Cosa non facile se si presta attenzione all’aneddoto del pesce che Pound riporta nel suo libro e che gli fa dire «il metodo conveniente allo studio della poesia e delle buone letture è lo stesso del biologo contemporaneo: attenta e diretta osservazione dell’oggetto, e continuo raffronto tra vetrini o campioni».

È solo così che si può preservare la buona poesia, visto che «è indispensabile strappare le erbacce se il Giardino delle Muse deve restare un giardino». È solo attraverso questo metodo analitico che si possono selezionare le parole, limarle nel loro senso, parsimoniosamente dispensarle, per incastrarle nel verso e farle vibrare nel ritmo. E per poter imparare a leggere è indispensabile che gli allievi, una volta composto il loro testo, se lo scambino tra loro per trovare nel testo altrui quante parole inutili vi sono state inserite, quante di queste ne occultano il significato. Per imparare a capire se una frase è ambigua e se una parola collocata in posizione anomala rende la frase stessa più interessante o più dinamica.

Pagine indispensabili che fanno da parte operativa a quelle in cui vengono sondati i segreti del linguaggio, fondati sull’intreccio tra suono e vista e dove sono fissate alcune considerazioni vivificanti: «è convinzione dell’autore che la musica isterilisce se si allontana troppo dalla danza; che la poesia isterilisce se si separa troppo dalla musica; ma questo non implica che ogni buona musica è musica da balletto o che tutta la poesia è lirica. Bach e Mozart non sono mai molto distanti dal movimento fisico».

Si ha l’impressione di un ritorno alle origini assolute dell’arte, in cui una poesia non è mai un testo scritto o letto su un foglio di carta ma una vivida rappresentazione della vita, se non la vita stessa. La poesia, mi sembra di capire da Pound, non si legge (come non si scrive). La poesia, si guarda, si annusa, si gusta, si ascolta, in una parola si vive, con tutta quella fisicità che il termine implica.

In un manualetto breve, la seconda parte è un’antologia di poeti selezionati dal Poeta, si condensano tante di quelle considerazioni che lascio scoprire al lettore, memore anche di un’ulteriore considerazione di Pound che sembra proprio rivolta a me «l’incompetenza è denotata dall’uso di troppe parole».

Pound nella sua enorme lungimiranza aveva capito che non basta essere poeti sommi, è necessario al contorno far crescere una consapevolezza diffusa che permette un arricchimento necessario perché «se la letteratura di una nazione declina, la nazione si atrofizza e decade».

 Mario Grossi

vendredi, 14 octobre 2011

Il Dio di Ezra Pound

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Il Dio di Ezra Pound

di Luca Leonello Rimbotti


Fonte: mirorenzaglia [scheda fonte]

 

 

Il contraltare di Evola, dal punto di vista di una lettura “pagana” del Fascismo, fu certamente Ezra Pound. Se il primo del regime mussoliniano intese fare un risultato moderno delle virtù guerriere ario-romane, un’epifania della potenza, il secondo ne scorse i connotati di religione agreste, la cui continuità sarebbe stata garantita – più che non ostacolata – da forme di cristianesimo non dogmatiche, legate alle credenze arcaiche relative alla sacralità della terra. Se Evola vide nel movimento dei fasci una rinascenza del fato di gloria, qualcosa dunque di “uranico”, Pound rimase colpito invece dalla natura tellurica, diremmo quasi Blut-und-Boden, del comunitarismo fascista del suolo e del seme. Il significato è comunque, nei due casi, quello di una continuità ininterrotta, ben rappresentata dal particolare tipo di imperialismo veicolato dal Fascismo, tutto incentrato sull’idea di redenzione del suolo, di lavoro dei campi, di civilizzazione attraverso la coltivazione e la valorizzazione della terra.

Ezra Pound è stato probabilmente il maggiore e più profondo cesellatore del ruralismo fascista, che giudicò elemento direttamente proveniente dagli arcaici riti latini legati alla fertilità e ai cicli di natura. La “battaglia del grano”, l’impresa delle bonifiche, la celebrazione del pane quale simbolo di vita santificato dalla fatica quotidiana, non sarebbero stati, per il poeta americano, che altrettanti momenti in cui gli antichi misteri pagani tornavano a parlare al popolo, e sotto la sollecitazione ideologica di un regime che fu allo stesso tempo quanto mai attento alla modernità. E che registrò il passaggio dell’Italia a nazione più industriale che agricola, con un numero di operai che per la prima volta nel 1937 superò quello dei contadini.

Questo doppio registro, tipico del Fascismo, di portare avanti insieme i due comparti, senza deprimerne uno a vantaggio dell’altro, questa simmetrica capacità di operare lo sviluppo industriale e quello agricolo, iniettando la modernizzazione nelle tecniche di coltura ma rinforzando l’attaccamento atavico al suolo, fu la formula adottata da Mussolini per promuovere il progresso senza intaccare – ma anzi rinsaldandolo – il patrimonio immaginale legato alla terra, e per di più abbinandolo ad un reale incremento della capacità produttiva, affidata alla scelta autarchica. Della terra, con costante perseveranza, si celebrò la sacralità, facendo del suolo patrio, quello da cui il popolo ricava la fonte di vita, una vera e propria religione di massa. Questa religione popolare fascista, riscoperta intatta dall’antichità e dotata di moderne applicazioni anti-utilitariste ed anti-speculative, ebbe in Pound un cantore geniale.

La recente uscita del libro di Andrea Colombo Il Dio di Ezra Pound. Cattolicesimo e religioni del mistero (Edizioni Ares) ce ne fornisce un nuovo attestato. In questo agile ma importante lavoro noi riscopriamo tutta la profondità di una concezione del mondo incentrata su ciò che Pound definitiva “economia sacra”. Come già fatto da Caterina Ricciardi nel 1991, nella sua antologia di scritti giornalistici di Pound, anche Colombo sottolinea questa impostazione del poeta che, forte della sua recisa ostilità al mondo liberista del profitto finanziario e nemico giurato dell’usura, vide nella sana e naturale economia fascista un preciso riverbero di ancestrali tendenze sacrali. In una serie di articoli pubblicati sul settimanale “Il Meridiano di Roma” fra il 1939 e il 1943, Pound andò indagando le origini italiche, perlustrandone la vena religiosa relativa ai misteri e ai riti di fertilità. In tal modo, «Roma è Venere, l’antica dea dell’amore che ritorna a restituire il sogno pagano agli uomini», realizzando il contatto vivente fra l’antichità e il presente moderno: «E Mussolini, il Duce della bonifica e della battaglia del grano, diventa per il poeta il riesumatore dell’antica cultura agraria, la religione fondata sul mistero sacro del grano, mistero di fertilità».

Entro questi grandi spazi ideologici di rinascita moderna delle logiche arcaiche, Pound ingaggiò la sua personale lotta contro quel mondo di speculatori, affaristi privi di scrupoli e autentici criminali da lui individuato nei governanti angloamericani, che in nome dell’usura finanziaria e dell’idolatria dell’oro non avevano esitato a scatenare contro i popoli a economia organica la più distruttiva delle guerre. Proveniente per nascita egli stesso dal pericoloso milieu presbiteriano, come Colombo ricorda, Pound ben presto se ne distaccò, avvicinandosi ad una interpretazione del cristianesimo come continuità pagana sotto specie devozionale ai santi locali, alle varie Madonne, alle processioni popolari d’impronta rurale. Convinto – e a ragione – di una netta presenza neoplatonica nella stessa teologia cattolica, Pound finì col considerare la religione di Cristo come una forma neopagana di accettazione del mistero della vita. Egli contestava alla radice la filiazione del cristianesimo dall’ebraismo, affermando che invece ciò che si doveva stabilirne era la continuità con l’ellenismo e con il politeismo in auge nell’Impero romano, al cui interno il cristianesimo poté inserirsi senza traumi particolari, in virtù della sua sostanza di religione dapprima solare, erede del mitraismo, poi anche tellurica, erede delle venerande liturgie agresti.

Pound conobbe gli scritti di Frazer e di Zielinski, allora famosi, ma noi possiamo aggiungere che questa lettura poundiana, tutt’altro che peregrina, ha trovato conferma in molti studiosi di religione anche molto importanti, da Cumont a Wind, da Seznec fino a Wartburg: il cristianesimo, ed ivi compreso talora anche il papato, veicolavano sostanziose dosi di neoplatonismo pagano. L’interesse di Pound per figure come Gemisto Pletone o Sigismondo Malatesta – esemplari del neopaganesimo rinascimentale – furono il lato filosofico di un mondo ammirato profondamente da Pound, quello dell’etica economica medievale e proto-moderna, coi suoi fustigatori dell’interesse e della speculazione: un San Bernardino, ad esempio, che combatté tutta la vita l’usura, in forme anche violente e non meno anticipatrici di certi argomenti moderni.

Pound nel paganesimo, e di nuovo nel cristianesimo francescano (notoriamente di ispirazione neoplatonica), vide l’antefatto di quella guerra aperta alla schiavitù dell’interesse che solo con il Fascismo, e con la sua ideologia corporativa del “giusto prezzo”, divenne movimento mondiale di lotta al disumano profitto liberista. Il prezzo della merce, quando stabilito dalla mano pubblica, dà garanzie di giustizia, è regolato dal potere politico, ha veste legale, è insomma pretium justum; quando invece è affidato al gioco incontrollato degli interessi privati, come accade nelle economie liberiste, fornisce l’evidenza di una guerra belluina fra speculatori, a tutto danno del popolo e del suo lavoro.

Questi concetti Pound li martellò in scritti e discorsi alla radio italiana durante la guerra, e sono massicciamente presenti anche nei Cantos. E questo gli costò, come noto, l’infamia della gabbia e del manicomio, cui lo destinarono i “democratici” vincitori. Questa di Pound fu una battaglia a difesa del lavoro onesto contro la bolgia degli speculatori. A difesa della sacralità dell’economia – che è lavoro del popolo – e contro quanti al denaro attribuiscono un demoniaco potere assoluto.

Pound era in prima fila, non faceva l’intellettuale ben ripagato e ben protetto, magari pronto a cambiare bandiera al primo vento contrario. Propagandava idee, lanciava fulmini e saette contro l’ingiustizia sociale e la speculazione, come un moderno Bernardino da Feltre ci metteva la faccia del predicatore intransigente e la parola infiammata del profeta che vede prossimo l’abisso. La sua condanna dell’usura e dell’usuraio ebbe aspetti di radicalismo medievale in piena guerra mondiale.

Quest’uomo vero fu pronto a pagare di persona, senza mai rinnegare una sola parola. Si esponeva senza remore. E parlava chiaro e forte. Come ad esempio in quella lettera – riportata da Colombo – indirizzata a don Calcagno (il sacerdote eresiarca fondatore di “Crociata Italica” durante la RSI e vicino a Farinacci) nell’ottobre 1944, in cui si scagliò contro la doppiezza vaticana di Pio XII: «Credete che un figlio d’usuraio, venduto e stipendiato, o indebitato agli ebrei sia la persona più adatta a “portare le anime a Cristo”? La Chiesa una volta condannava l’usura».

Ezra Pound non era un sognatore fuori dal mondo, e nemmeno un visionario ingenuo, come hanno cercato di farlo passare certi suoi non richiesti ammiratori antifascisti. Era un perfetto lettore della realtà e un geniale interprete dell’epoca in cui visse. Ebbe chiarissima davanti a sé l’entità della prova che si stava svolgendo con la Seconda guerra mondiale. Comprese come pochi che quella era la lotta decisiva fra l’usuraio e il contadino, e che difficilmente per il vinto ci sarebbe stata una rivincita. Quando la guerra piegò verso il trionfo degli usurai – allorché, come scrisse, «i fasci del littore sono spezzati» – partecipò fino in fondo all’esperienza tragica della Repubblica Sociale, consapevole di vivere, come dice Colombo, «l’età apocalittica della fine».

L’uomo europeo deve molto a Pound. Gli deve una grande passione ideale e una formidabile attrezzatura ideologica, che è grande poesia e a volte anche grande prosa. Proprio mentre l’usura universale sta facendo a pezzi un popolo dietro l’altro, proprio mentre infuria la volontà di scannare i popoli per arricchire piccole oligarchie di speculatori apolidi, quella di Pound appare come una gigantesca opera di profezia e di riscatto.


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