samedi, 02 décembre 2023
Entretien avec Luca Siniscalco: L'axe archéofuturiste d'Alexandre Douguine, de Platon à Heidegger
Entretien avec Luca Siniscalco:
L'axe archéofuturiste d'Alexandre Douguine, de Platon à Heidegger
Propos recueillis par Gerardo Adami
Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/entrevista-com-luca-siniscalco-o-eixo-arqueofuturista-de-aleksandr-dugin-de-platao-heidegger
Expliquer la pensée politique et philosophique de l'un des intellectuels les plus originaux de la scène eurasienne, Alexandre Douguine, selon un possible axe "archéofuturiste": tel est l'objectif du dialogue avec Luca Siniscalco, l'un des impulseurs en Italie de l'œuvre du penseur moscovite.
Luca Siniscalco, De la quatrième théorie politique au platonisme politique. Douguine va au-delà des courants actuels de la pensée politico-philosophique. Dans quelle perspective ?
Toute la spéculation philosophico-politique de Douguine est une tentative courageuse de révéler des scénarios herméneutiques, symboliques et narratologiques sans précédent à travers lesquels comprendre - et orienter démiurgiquement - un nouvel horizon communautaire de sens et de destin.
Si la Quatrième Théorie Politique représente une cour ouverte pour l'élaboration d'une doctrine et d'une praxis politiques capables de dépasser les trois grands récits idéologiques du 20ème siècle (libéralisme, communisme, nazi-fascisme), selon un axe archéofuturiste qui relie les instances traditionnelles aux scénarios postmodernes, le platonisme politique constitue une formule pour comprendre et orienter un nouvel horizon communautaire de sens et de destin, le platonisme politique constitue une formule pour thématiser à nouveau la structure du politique dans un sens axial, traditionnel et organiciste, par le biais d'un effort révolutionnaire-conservateur visant à repenser, sur la base d'une "topographie verticale" et d'une "politique transcendante", la structure générale de la vie agrégée de l'homme dans le nouveau millénaire.
Où peut-on trouver ces spéculations ?
Le lien entre les deux perspectives apparaît clairement dans l'essai "Théorie existentielle de la société" (publié dans Platonisme politique), où Douguine affirme le lien entre la Quatrième théorie politique et la redécouverte du lien vital qui existe entre la sphère du politique et celle du sacré, lien qui devient le cœur battant du platonisme: "Dans la Quatrième théorie politique, le peuple décide d'avoir Dieu, et c'est le Dasein lui-même qui prend cette décision, le Dasein en tant que peuple (Volk). Et si, dans les domaines métaphysique, philosophique et sociologique, la Quatrième théorie politique se révèle révolutionnaire (conservatrice-révolutionnaire), elle doit aussi se révéler dans le domaine de la religion. Ainsi, la foi du peuple éveillé à l'histoire est la foi de ceux qui osent croire au Dieu vivant, au Selbst de Dieu, à Dieu comme antithèse de son simulacre institutionnalisé, le Grand Inquisiteur".
En quoi consiste la référence à une reformulation du platonisme ?
L'essai Platonisme politique englobe plusieurs écrits, qui abordent des questions très hétérogènes. Toutefois, le trait d'union qui permet d'unifier de manière cohérente les réflexions de Douguine est la reconnaissance, dans la philosophie platonicienne, d'un noyau archétypal: "l'unité fondamentale des structures de la connaissance, de la société et du cosmos". Contrairement à la compartimentation réductionniste et analytique de la réalité promue par la modernité rationaliste et libérale, l'horizon spéculatif platonicien sanctionne, avec la rigueur méthodologique de la philosophie dialectique, la vérité déjà hermétique de l'Unus Mundus: l'homme et la nature, l'âme et le monde, le microcosme et le macrocosme sont le reflet l'un de l'autre - de même que la théorie et la pratique, la psyché et la politique, l'individu et la communauté. Le platonisme politique identifie dans la structure hiérarchique, verticale, organiciste et métaphysique de la politique l'instrument par excellence - bien enraciné dans la tradition indo-européenne - pour réaliser la transcendance dans l'immanence, en inversant le ciel sur la terre, puisque "l'homme est un maillon de la chaîne des dieux. Il est tendu entre les deux origines (nachala) et réalise par lui-même, par son existence, le transfert de l'une à l'autre, comme un démiurge, un dieu (...). Il crée l'ordre du cosmos, organise les copies et dissout les phénomènes dans la contemplation des idées". De même, "la République - Politeia - est une coupe transversale du cosmos (la République des âmes, dans le platonisme de Crisippus) (...). La République (Platonopolis) est organisée de bas en haut et de haut en bas (poiesis/noesis). Elle établit la vérité en droit, révélée par les philosophes; l'impulsion est déléguée aux gardiens, tandis que les artisans intègrent l'orientation dans la production de choses empiriques.
Les philosophes créent la République de manière démiurgique. L'âme du monde se trouve précisément au centre de la République. C'est l'or de l'être. C'est la concentration noétique de l'échange dynamique entre le monde des idées et le monde des choses". Le platonisme politique - c'est cette intuition qui fait de l'essai douguinien non pas un simple exercice philologique, mais une proposition paradigmatique concrète, moulée dans la facticité du monde de la vie - est une forme originale du politique qui, mutatis mutandis, peut toujours être réactualisée. Cela est d'autant plus vrai qu'avec la notion de platonisme, comme le montre Noomakhia. La révolte contre le monde postmoderne ne doit pas être comprise simplement comme le corpus platonicien, mais plutôt comme une forme archétypale du Logos apollinien qui, dans la guerre millénaire des Logoi (la Noomachie), se manifeste également au sein de civilisations qui n'ont jamais eu de contact direct avec Platon. Selon Douguine, une grande partie des cultures grecque, romaine, iranienne, indienne et slave est apollinienne et, en ce sens, politiquement platonicienne. D'où la richesse d'un horizon mythico-symbolique vers lequel les futures études métapolitiques devraient se tourner avec grand intérêt".
Dans quelle mesure la pensée de Douguine influence-t-elle le débat russe ?
Question insidieuse. Comme pour tout penseur de haut niveau, il n'est pas facile d'établir dans quelle mesure la vision de Douguine affecte ou non la conscience culturelle, politique et existentielle d'un peuple - le peuple russe, en l'occurrence. C'est à la postérité qu'il revient d'en juger.
Il est souvent décrit comme proche du président Poutine...
Certes, un examen lucide de la question doit faire abstraction de la sclérose à laquelle sont souvent réduites les informations - italiennes et internationales - sur le sujet. Douguine n'est pas un intellectuel "organique" de la classe dirigeante russe, ni le "Raspoutine du Kremlin" ou l'"éminence brune" de Poutine, comme on l'a facétieusement défini. Cependant, il serait tout aussi erroné de considérer que les pensées d'un auteur de renommée internationale, traduit dans des dizaines de langues, qui a eu une carrière importante en Russie en tant que professeur à l'Académie militaire dans les années 1990, a occupé le poste de professeur de sociologie à l'Université d'État Lomonossov de Moscou de 2008 à 2014 et est toujours le protagoniste d'importants débats publics sur des questions culturelles et d'actualité, n'ont que peu d'influence. Ce qui est certain, c'est que le débat sur la pensée de Douguine concerne principalement, en Russie et dans le reste du monde, ses réflexions sur l'actualité politique et les questions géopolitiques (multipolarisme, relations internationales) et politico-philosophiques (Quatrième théorie politique). Beaucoup plus restreint est le débat sur son œuvre métahistorique, métaphysique et ontologique - sur laquelle, peut-être selon le professeur lui-même, c'est en Italie qu'est lancée l'étude approfondie la plus intéressante, probablement dans le sillage d'un certain intérêt ancien et profondément enraciné pour les auteurs traditionnels (en premier lieu Julius Evola) et pour la pensée métapolitique d'orientation révolutionnaire-conservatrice
Quels sont les auteurs du panthéon des penseurs russes ?
Ils sont nombreux et très hétérogènes. C'est précisément de cette ouverture intelligente et sans préjugés à la pluralité des formes de la pensée humaine que découlent la grande force et l'originalité de l'œuvre de Douguine - ainsi que certaines contradictions (certaines apparentes, d'autres peut-être insolubles) dans son système. Je crois qu'il est possible d'identifier cinq grands courants culturels avec lesquels l'œuvre de Douguine entretient explicitement des relations critiques dans le domaine philosophico-spéculatif.
Quels sont ces courants ?
La pensée de la tradition - ou le traditionalisme intégral (Guénon, Evola et, dans l'interprétation de Douguine, Eliade) ; l'ésotérisme occidental, médiatisé par l'expérience du Cercle Yuzhinsky (avec Mamleev, Golovin et Dzhemal) ; Nietzsche et la révolution conservatrice (Heidegger, Jünger, Niekisch, Schmitt) ; le postmodernisme français (Deleuze et Guattari, Lacan, Baudrillard, Foucault) ; la théologie orthodoxe et l'eurasisme anti-occidental qui lui est lié (Leontiev, Danilevski, Alexeiev, Gumilev).
A cela s'ajoutent, outre les classiques de la géopolitique, les auteurs des écoles russes d'ethnologie, de sociologie allemande, d'anthropologie culturelle américaine et de sociologie et d'anthropologie structurale françaises (surtout Širokogorov, Weber, Tönnies, Sombart, Boas, Durkheim, Lévi-Strauss, Durand), auxquels notre auteur emprunte de nombreux concepts qui sont à la base de son modèle "ethnosociologique" (qui fera prochainement l'objet d'un volume aux éditions Aga en Italie).
Douguine en Occident : à qui peut-on l'associer dans sa critique du mondialisme ? Quelles sont ses particularités ?
Le rejet révolutionnaire-conservateur de la "planétarisation" mondialiste (Heidegger) suit chez Douguine des logiques non dichotomiques et parfois avant-gardistes, étant donné l'intérêt de l'auteur pour le postmodernisme, les dernières tendances de la culture pop, les questions technologiques (cybernétique, virtualité, posthumain, réalisme spéculatif) et les "mythes modernes", que le monde conservateur a souvent traités de manière superficielle ou tout simplement ignorés par myopie intellectuelle. En ce sens, l'antimodernisme douguinien fait appel à une origine métaphysique qui ne se trouve pas dans le passé historique, mais dans le pouvoir transfigurant du regard que les individus et les civilisations posent sur le monde - et qui peut toujours, ici et maintenant, être métamorphiquement renouvelé et transfiguré.
Au niveau de la doctrine étatique, Douguine rejette la mondialisation libérale et capitaliste, ainsi que les options souverainistes au sens nationaliste et chauvin - qu'il considère comme les aboutissements de la politique moderne - et repropose l'idée traditionnelle d'Empire, en corrélation avec le concept de "civilisation" (Huntington). L'Empire, pour le philosophe russe, "se distingue de l'État-nation par trois caractéristiques principales: l'existence d'une mission historique ou métahistorique (sacrée) qui dépasse de loin le simple jeu des intérêts pragmatiques (...); la préservation d'enclaves ethniques avec leurs particularités linguistiques, religieuses et même juridiques (...); et, enfin, le contrôle d'un grand espace" (au sens schmittien du terme). D'une figure pré-moderne, donc, au protagoniste des développements multipolaires de la géopolitique post-moderne.
Pour cette puissante charge synthétique de caractère métaphysique et traditionnel, qui a récemment trouvé un condensé théorique, également en Italie, dans l'ouvrage Noomachia déjà cité. Révoltée contre le monde postmoderne et soutenue par la position philosophique illibérale, antimatérialiste et antiréductionniste qui le caractérise, la pensée de Douguine trouve, à mon avis, une harmonie et une résonance en Occident, avec toutes les distinctions qui s'imposent, dans les œuvres uniques de son brillant, érudit et polygraphe ami français Alain de Benoist et du visionnaire - mais oublié par la plupart des gens - Jean Parvulesco, le chanteur de l'"Étoile de l'Empire invisible", pour reprendre une définition de Douguine lui-même.
Le volume Platonisme politique contient un dialogue intéressant entre Douguine et Bernard Henri Lévy. Quelles sont les forces et les faiblesses des deux penseurs ?
Le 21 septembre 2019, l'Institut Nexus d'Amsterdam a célébré son 25ème anniversaire avec un symposium public intitulé The Magic Mountain Revisited : Cultivating the Human Spirit in Dispirited Times, dans le sillage du roman de Thomas Mann La Montagne magique. Le symposium s'est ouvert sur le duel intellectuel susmentionné, présenté comme une revisite du 21ème siècle des célèbres débats entre Settembrini et Naphta dans le roman de Mann.
Les thèmes philosophiques et géopolitiques abordés par les penseurs - devenus les emblèmes médiatiques de deux factions antithétiques : le libéral progressiste politiquement correct Bernard-Henri Lévy contre le traditionaliste antilibéral politiquement incorrect Douguine - sont nombreux et nous ne pouvons certainement pas les résumer ici. Cependant, au centre du désaccord entre les deux visions du monde, qui trouve peut-être son origine avant leurs positions respectives dans les sphères politiques et internationales (sur lesquelles une grande partie du débat a été menée), se trouve l'interprétation de la question du nihilisme, sur laquelle j'aimerais m'attarder brièvement. En effet, Douguine et Bernard-Henri Lévy s'accusent mutuellement de nihilisme, "hôte inquiétant" de l'Occident.
Le nihilisme est un thème récurrent de la spéculation philosophique du 20ème siècle et de la modernité ultérieure...
Douguine reprend explicitement la notion dans l'œuvre de Friedrich Nietzsche et montre qu'il est conscient de la double face du phénomène, abordé par le philosophe de Zarathoustra et repris plus tard par Martin Heidegger; il y a un nihilisme passif et un nihilisme actif: le premier coïncide avec la perte de foi dans les valeurs traditionnelles et la vérité métaphysique; le second "dit oui" au déclin du monde passé et, reconnaissant en lui la source du monde futur, le fonde comme législateur du sens selon la volonté de puissance. Selon Douguine, dans le sillage de l'école révolutionnaire-conservatrice, le système libéral global représente le renversement sociopolitique du nihilisme, avec la désintégration totale de l'Europe traditionnelle en Occident.
Et que dit le "philosophe" français ?
Bernard Henri Lévy semble plutôt utiliser le concept de nihilisme selon un sens plus commun et populaire: un nihiliste est un individu sombre et sulfureux qui désire le néant - la mort, la stasis, le mal, et donc le contraire du progrès utopique et de la liberté démocratique. Ce ne sont donc pas les habitants de l'esprit moderne (comme dans la tradition philosophique post-nietzschéenne) qui sont des nihilistes, pour l'intellectuel français, mais Douguine, les eurasistes et les conservateurs, c'est-à-dire les ennemis de la "société ouverte", pour reprendre les termes de Popper. En effet, Bernard-Henri Lévy affirme, avec beaucoup de pathos mais peu de précision philosophique, que "la meilleure définition du nihilisme (...) c'est la Russie, avec ses vingt-quatre millions de morts pendant la Grande Guerre patriotique. C'est l'Europe, occupée par le nazisme. Et ce sont les Juifs, mon peuple, presque exterminés, réduits à néant par les pires nihilistes de tous les temps. Oui, il y a une définition claire du nihilisme, c'est: ceux qui ont commis ces crimes. Et ces gens, ces nazis, ne sont pas tombés du ciel. Ils sont venus d'idéologues. De Carl Schmitt. De Spengler. De Stewart Chamberlain. De Karl Haushofer. Tous des gens que, je suis désolé de le dire, vous appréciez, que vous citez et dont les paroles vous inspirent. Alors quand je dis que vous êtes un nihiliste, quand je dis que Poutine est un nihiliste, quand je dis qu'il y a un climat malsain de nihilisme à Moscou, qui provoque, entre autres, des morts réelles - Anna Politkovskaïa, Boris Nemtsov et tant d'autres, tués à Moscou ou à Londres -, je le pense. Je veux dire que, malheureusement, un vent sombre et lugubre de nihilisme au sens propre du terme, c'est-à-dire au sens nazi et fasciste, souffle aujourd'hui sur cette grande civilisation russe".
Comment Douguine a-t-il réagi ?
Douguine tire efficacement parti de l'accusation de son adversaire en revenant aux termes de la question: il admet explicitement qu'il est un nihiliste, mais uniquement en raison de son rejet de "l'universalité des valeurs occidentales modernes" et du préjugé "selon lequel la seule façon d'interpréter la liberté est la liberté individuelle et que la seule façon d'interpréter les droits de l'homme est de projeter une version moderne, occidentale et individualiste de ce que signifie être humain sur d'autres cultures". Le nihilisme de Douguine est un nihilisme actif qui déconstruit les dogmes des Solons de la modernité pour construire de nouveaux cadres de valeurs - selon des principes inspirés de la clarté apollinienne du platonisme politique. Par ailleurs, en précisant que ce qui est proprement nihiliste, au sens théorique, c'est le moderne dans son ensemble - ce qui inclut les régimes mentionnés par Bernard-Henri Lévy, mais aussi la société libérale contemporaine - Douguine fait preuve d'une compréhension beaucoup plus radicale du Zeitgeist qui nous habite, révélant une pensée aussi lucide qu'excentrique.
13:22 Publié dans Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretien, luca siniscalco, alexandre douguine, nouvelle droite russe, noomachie, platonisme politique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 13 janvier 2022
La noologie : la discipline philosophique des structures de l’esprit
La noologie : la discipline philosophique des structures de l’esprit
Plan des cours de noologie/noomachie donnés par Alexandre Douguine
Cours # 1. Introduction.
- La noologie est la science de la multiplicité de la pensée humaine.
La base philosophique de la multipolarité.
La réflexion des cultures sur elles-mêmes et le territoire d’un possible dialogue et polylogue.
La noologie est la base essentielle de la Théorie du Monde Multipolaire et de la Quatrième Théorie Politique.
- La noologie se préoccupe de concepts à niveaux multiples qui incluent :
- la philosophie
- l’histoire des religions
- la géopolitique
- l’histoire du monde
- la sociologie
- l’anthropologie
- l’ethnosociologie
- la théorie de l’imagination
- la phénoménologie
- le structuralisme.
- Elle utilise l’analyse existentielle de Heidegger, le traditionalisme (Guénon, Evola), les concepts de Bachofen, le structuralisme de Dumézil et Lévi-Strauss.
- Le concept principal est le Noûs – mot grec pour Intellect, Intelligence, Esprit, Pensée, Conscience. Il est uni en lui-même et représente l’Humain. Le Noûs est l’Humain. La pensée est un Homme. Tout ce qui appartient exclusivement à l’être humain est la Pensée. Tout le reste, l’homme le partage avec d’autres.
- Le Noûs est triple. Il peut exister en tant que tel ; il existe à travers ses figures, ses formes, ses manifestations. La noologie nomme ces manifestations : le Logos.
- L’idée basique de la noologie est : il y a trois Logos principaux qui contiennent des variantes innombrables.
- Le Logos d’Apollon. Définition – Lumière. Verticalité. Pur patriarcat. Androcratie. Le concept de Gilbert Durand – le régime diurne. Le jour, le Ciel. Le platonisme. Le Dieu Père. La Loi. La ligne droite. Le mouvement de haut en bas.
- Le Logos de Dionysos. Définition. Clair-obscur, aube, dualité, dialectique. Terre et Ciel. Paire. Homme et femme. Androgyne. La danse. Le rythme. Le cercle. La courbe.
- Le Logos de Cybèle. La Grande Mère. Le matriarcat. La Terre et l’enfer. Ce qui est souterrain, le Tartare. Hadès. Matérialisme, croissance, progrès. Mouvement de bas en haut.
- Le principe essentiel de la noomachie : trois Logos sont en conflit insoluble, ils se combattent. Ils combattent pour la forme de Noûs qui dominera la culture.
Le combat des trois Logos est la clé pour la structure interne de la culture, de la civilisation et de l’identité de la société. Et l’explication des relations interethniques et interculturelles. La noomachie explique tout ce qui est humain, et explique comment l’humain explique ce qui n’est pas humain.
Introduction à la Noomachie. Cours # 2. Géosophie.
- La géosophie est le domaine d’application de la noologie (le principe de la noomachie) pour l’étude des cultures, des peuples et des civilisations. C’est le plus profond niveau de l’ethnosociologie.
- L’idée basique de la géosophie est qu’il y a des organisations différentes de l’équilibre des trois Logos qui définissent l’identité de la société humaine concrète. La culture apollinienne, la culture de Cybèle, etc.
- La société où le Logos domine peut changer de forme dans l’espace et dans le temps. L’équilibre de la noomachie peut changer aussi. Ici c’est Apollon qui règne, là c’est Cybèle. Ou bien c’est Dionysos qui domine, et Apollon lui fait contrepoids. Donc la noomachie est essentiellement dynamique, c’est un processus.
- Les frontières des peuples ou des cultures au moment de la noomachie dans l’espace sont définies comme horizon existentiel. C’est une structure à niveaux multiples, proche du concept de Dasein. C’est la base du peuple, ses racines. Le Logos est bâti et fondé sur l’horizon existentiel. C’est l’espace vivant. Da-sein, être-là dans le monde concret organisé à l’aide du Logos dominant. Donc c’est aussi l’espace onto-logique. Il n’y a pas d’espace universel. L’espace est existentiel et compris et étudié à travers le Logos dominant.
- Les frontières des peuples ou des cultures au moment de la noomachie dans le temps sont définies comme l’Historique (pas l’historique). Le terme français est : l’historial. C’est ainsi qu’Henry Corbin a traduit le terme heideggérien de Seynsgeschichtliche ou simplement de das Geschichtliche par opposition à das Historische. Donc l’histoire des peuples est définie par le Logos dominant. L’histoire n’est pas la conséquence de faits mais la conséquence de significations, de sens. L’histoire est une chaîne sémantique, une structure. Donc dans l’histoire – comme histoire sémantique ou sur l’histoire, l’histoire de l’être – nous pouvons retracer la manifestation du Logos dominant. Il n’y a pas de temps universel. Le temps est existentiel et compris et étudié à travers le Logos dominant.
- Le principe essentiel de la géosophie est le perspectivisme. Nous n’avons pas affaire à un espace et un temps uniques, différemment compris par des temps et des espaces différents, parce qu’ils n’ont pas d’existence en-dehors de leur interprétation dans le contexte d’une culture concrète, factuelle. Nous pensons autrement simplement parce que nous sommes sous l’influence écrasante de la culture moderne (au sens historique) et occidentale (au sens de l’horizon existentiel). Nous croyons que la compréhension occidentale moderne de la nature de l’espace et du temps est universelle. Tout homme d’un espace et d’un temps particuliers croit la même chose. C’est l’ethnocentrisme.
- La géosophie ne combat pas l’ethnocentrisme : sans lui, il n’y a pas d’humain. Etre ethnocentrique est la même chose qu’avoir le Da dans le Dasein, être-là. Le Da est défini par l’ethnos – l’éthique, la culture, le peuple, la langue. Mais la géosophie reflète la nature ethnocentrique de toute pensée. C’est donc du perspectivisme : il n’y a pas un monde unique, il y a de nombreux mondes emboîtés les uns dans les autres – autant qu’il y a de peuples. Nous ne pouvons pas être et penser sans une structure culturelle qui soit ethnocentrique. Nous devons pleinement comprendre cela.
- La géosophie en tant que perspectivisme n’est pas anti-ethnocentrique : elle est anti-raciste et anti-universaliste. Nous acceptons la pluralité de l’ethnocentrisme comme quelque chose de factuel, donné comme une condition inévitable. Mais nous devons fixer des frontières ou des limites. L’universalisme est en lui-même titanique. Il tente de dépasser les frontières d’Apollon. L’hybris est le péché essentiel des titans, il est excessif. Donc l’ethnocentrisme est légitime tant qu’il reconnaît ses limites. Quand il sort de ses frontières, il devient raciste et universaliste. Et donc il perd sa légitimité.
Introduction à la Noomachie. Cours # 3. Le Logos de la civilisation indo-européenne.
- L’espace existentiel et ses classes. Grands et petits espaces existentiels. Le facteur linguistique. Le langage comme maison de l’être.
- Le plus grand espace existentiel. L’espace indo-européen. Le Dasein indo-européen. Les frontières.
- Qu’est-ce que le Touran ? Iran et Touran chez Firdûsî. L’ancien nom de l’Avesta. Peuple nomade indo-européen et peuple sédentaire indo-européen.
- La mère-patrie indo-européenne. Le Berceau des Indo-Européens. Touran et Eurasie. La théorie des kourganes de Maria Gimbutas. Les trois civilisations d’Oswald Spengler : atlantique, kouchite et touranienne.
- La structure du Logos indo-européen. Le patriarcat. La théorie de George Dumézil. Les trois fonctions.
• prêtres : Apollon
• guerriers : Apollon/Dionysos
• simples éleveurs : Apollon/Dionysos – plus matériels. - L’« idéologie » indo-européenne est basée sur trois fonctions. Tous les mythes, contes, récits historiques, institutions politiques, religions et rites sont basés sur la logique trifonctionnelle.
- Pure verticalité. Le Père est transcendant. Le Fils est immanent. Il n’y a pas d’antagonisme entre eux.
- Le monde indo-européen est nomade. Mais il y a le centre qui est éternel. La mère-patrie sacrée.
- Le symbole du soleil – le cercle, la roue. La roue solaire. Le char.
- Platon – les trois mondes du Timée : paradigmes, images et khora – la matière. Les trois espèces de la « République » : Prêtres-philosophes, gardiens, auxiliaires, assistants – guerriers et producteurs. Le Phédon : l’âme a trois principes: le cheval noir (epithymia), le cheval blanc (le thumos), et le conducteur du char (kybernautos).
- La triade est présente chez tous les peuples indo-européens – Hittites, Germains, Celtes, Grecs, Thraces, Latins, Slaves, Baltes, Iraniens, Indiens, Illyriens, Arméniens, etc.
- Mais le problème est que la troisième fonction est représentée par les paysans sédentaires, les fermiers. Ils furent intégrés dans les sociétés indo-européennes il y a longtemps. Ainsi ils devinrent la troisième fonction avec les pasteurs/éleveurs.
Ici c’est la Terre elle-même qui se manifeste. Dionysos est maintenant la vigne, la grappe de raisin.
Introduction à la Noomachie. Cours # 4. Le Logos de Cybèle.
- Les guerriers indo-européens envahirent les peuples sédentaires, dont la plupart vivaient dans une société matriarcale. Maria Gimbutas. Bachofen.
- Le concept de paléo-européen. La population européenne avant l’arrivée des guerriers touraniens.
- Les principaux centres de la civilisation matriarcale étaient en Anatolie et dans les Balkans. C’était l’ancienne civilisation de Cybèle. La Déesse Mère avait différents noms, mais le même Logos. La naissance et la mort. Donc l’absence de traits sur le visage et la tête de la Déesse était le signe que cela n’avait pas d’importance. Il y avait seulement un Pouvoir de manifestation.
- La Déesse était immanente, chtonienne, terrestre. Les figures mâles étaient absentes. Mais il y avait des animaux – surtout deux, de chaque coté de la Grande Mère. Ensuite ils se transformèrent en une figure mi-bête, mi-humaine. Ils appartenaient à la Grande Mère.
- La figure d’Attis. Il y avait l’androgyne femelle Agdytis qui avait donné naissance à un beau jeune homme. Cybèle était tombée amoureuse de ce jeune. Mais il voulait épouser une femme terrestre. Cybèle jalouse lui envoya la folie. Il se castra et mourut. Cybèle le ressuscita. Il devint le prêtre de la Déesse – le sort de l’homme dans le monde de Cybèle.
- Un autre type de figure mâle dans le monde de la Grande Mère est le Titan. C’est une créature chtonienne avec des traits de serpent montant à l’assaut du Ciel. Le Dragon.
- Le matriarcat n’est pas la version féminine de la domination masculine (indo-européenne). C’est un type particulier de société basé sur l’euphémisation, l’utilisation des euphémismes. La mort est la vie, l’obscurité est la lumière, la douleur est la joie, le passif est actif. Le régime nocturne dans la sociologie de l’imagination de Gilbert Durand.
- La paysannerie. La paysannerie était basée sur le pouvoir de la Terre de créer l’épi de blé, la tige de la plante. Les premiers fermiers étaient des femmes travaillant comme auxiliaires de naissance (doula) plutôt que cultivateur. Le principal outil était la houe, pas la charrue. Aucun animal n’était utilisé, ni cheval ni bœuf.
- Donc la paysannerie correspond au matriarcat paléo-européen.
- Quand les envahisseurs indo-européens surgirent du Touran et entrèrent en Anatolie et dans les Balkans, ils rencontrèrent la Grande Mère – Chatal-Hüyuk , Lepenski Vir, Vincha. Ce fut le moment décisif de la noomachie. Le combat des dieux célestes et des déités chtoniennes.
Le résultat de la bataille fut l’apparition de la paysannerie européenne. La Mère fut détrônée et soumise. La société mixte apparut. F.G. Jünger dit que l’ordre divin est créé sur les corps des Titans vaincus. Il n’est pas créé sur le vide. Il est basé sur la nature subordonnée de la Grande Mère.
Introduction à la Noomachie. Cours # 5. Le Logos de Dionysos.
- La superposition de deux horizons existentiels crée un champ noologique de titanomachie. Le Logos d’Apollo affronte le Logos de Cybèle dans la troisième fonction – dans la culture de la paysannerie européenne.
- C’est le moment de Dionysos. Le raisin et le blé. Court-circuit. Bachofen explique Dionysos comme étant la forme de la victoire patriarcale sur la société agraire matriarcale. Le Ciel devient immanent. Dans l’histoire de Dionysos, il y a l’épisode de l’appel de Dionysos. C’est le moment où les bacchantes entendent son appel lointain et deviennent folles. C’est la folie de la présence mâle.
- Dionysos est le dieu du cycle agraire. C’est le dieu de l’intégration de Cybèle dans l’horizon existentiel indo-européen.
- Le culte de Dionysos n’a pas de traits particuliers : tous les symboles et les rites de Dionysos sont empruntés au culte de la Grande Mère. On les appelle les rites pré-dionysiaques. K. Kerenyi et Vyach. Ivanov consacrèrent d’importantes études à cet aspect. Le pré-dionysiaque est cybélien. Dans le culte de Dionysos, il y a une interprétation patriarcale du culte matriarcal.
- Dans les mystères d’Eleusis, Dionysos est la figure principale avec Déméter. La vigne et le pain, venant du blé. C’est le culte agrarien transformé, par la présence de Dionysos, en culture paysanne mâle.
- La figure de Déméter n’est pas la même que Cybèle. Déméter est la Mère domestiquée, intégrée dans le patriarcat, dans la hiérarchie des trois fonctions. Il y a la Mère souterraine (Cybèle) et la Mère en surface – le sol cultivé soumis au Père céleste. Dionysos est la semence.
- Dans le contexte néoplatonicien, Dionysos est l’esprit détourné par les titans et présent chez les hommes en tant qu’étincelle de la conscience. Le but est de restaurer l’intégrité de Dionysos.
- Un Dionysos transcendantal dans l’hénologie de Plotin ?
- Le double de Dionysos. La figure de Dionysos dans la perspective de Cybèle est son double obscur. Cybèle voit la figure de Dionysos comme Attis, comme Adonis. C’est un simulacre matériel et chtonien de Dionysos.
- Le niveau de Dionysos est l’espace où la noomachie atteint son moment le plus intense. Ici le Logos d’Apollon touche le Logos de Cybèle. C’est un monde intermédiaire, l’imaginaire.
Dans la structure des sociétés sédentaires indo-européennes – si mélangées ! –, la zone de Dionysos devient le lieu essentiel pour la décision métaphysique. Dionysos est le Dasein à l’état pur.
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jeudi, 30 décembre 2021
NOOMAKHIA : Guerres de l’Esprit - Sur le magnum opus d'Alexandre Douguine
NOOMAKHIA : Guerres de l’Esprit
Sur le magnum opus d'Alexandre Douguine
(2019)
Noomakhia: Wars of the Mind est le magnum opus en cours de publication du « philosophe le plus dangereux dans le monde », Alexandre Douguine (né en 1962). Devant bientôt entrer dans son 28e et dernier volume en russe, Noomakhia est en train de devenir l’une des contributions les plus ambitieuses et les plus complexes du XXIe siècle pour de nombreux domaines et écoles de pensée. Au-delà d’une série d’études noologiques innovantes dans l’histoire des Civilisations, et au-delà de la culmination originale d’un grand nombre d’idées et de travaux antérieurs de l’auteur, Noomakhia vise à inaugurer un nouveau paradigme philosophique, basé sur la déconstruction radicale de l’universalisme de la Modernité occidentale et sur la reconstruction audacieuse d’un modèle pluriversel des variations des Logoi qui structurent les cultures humaines. Noomakhia tente d’initier une nouvelle anthropologie, d’établir un nouveau discours sur l’histoire et les structures de la Noomachie (du grec « Guerre de l’Esprit ») qui conditionnent la diversité des civilisations humaines, et à contribuer à un Dialogue des Civilisations intercontinental.
A mesure que Noomakhia commence à entrer graduellement dans le domaine anglophone, cette section de la bibliothèque en expansion de la Eurasianist Internet Archive présentant des traductions originales des penseurs du courant eurasiste est dédiée à rassembler les premiers aperçus dans l’épicentre de Noomakhia. Dans la section qui suit, les lecteurs, les chercheurs, et les traducteurs peuvent trouver une base de données régulièrement mise à jour de Noomakhia dont des extraits sont présentés et traduits pour la première fois en langue anglaise. Comme le projet Noomakhia dans son ensemble, cette ressource est un travail en progrès. Tous les volumes de Noomakhia sont actuellement publiés en russe par Academic Project (Moscou, Fédération Russe).
Les lecteurs et les chercheurs sont aussi invités à visiter la section « Additional Materials » ci-dessous, présentant une collection croissante d’interviews, d’articles, et de cours se rapportant à Noomakhia, incluant Introduction to Noomakhia Video Lecture Series [Série de cours vidéo – Introduction à la Noomachie] ainsi que les publications du site Geopolitica.ru.
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« Le projet Noomakhia est basé sur une étude en profondeur des différentes cultures, systèmes philosophiques, arts, religions et traits psychologiques et caractéristiques des civilisations humaines. Noomakhia examine tous les peuples – anciens et modernes, hautement sophistiqués et « primitifs », ces qui sont technologiquement hautement développés et ceux qui n’ont pas de langage écrit. Le but ultime de Noomakhia est de démontrer et de prouver d’une manière concluante qu’aucune culture singulière ne peut être considérée d’une manière hiérarchique (développée/sous-développée, supérieure/inférieure, moderne/pré-moderne, civilisée/sauvage, etc.). L’évaluation responsable de toute culture humaine doit être faite de l’intérieur, par ceux qui lui appartiennent, et sans l’imposition de préjugés extérieurs (l’interprétation est culturellement toujours partiale). Noomakhia présente une argumentation en faveur de la dignité de l’humanité qui vit à l’intérieur de l’incommensurabilité de toutes ses formes culturelles existantes.
Le point de départ – et le trait principal de Noomakhia – est le concept des Trois Logoi, les trois paradigmes noologiques qui définissent la structure de toute culture. Les Trois Logoi sont :
- L’apollinien (patriarcal, hiérarchique, androcratique, vertical, exclusif, « céleste », transcendant) – le Logos lumineux ;
- Le dionysiaque (médian, androgyne, extatique, immanent sans matérialisme, équilibré, dialectique) – le Logos obscur ;
- Le cybélien (matriarcal, horizontal, gynocratique, inclusif, chthonien, immanent, matérialiste) – le Logos noir.
Noomakhia propose que ces trois Logoi sont présents dans chaque culture, mais qu’ils sont irréductibles (invariants) et conservent toujours leur essence distincte. D’où le concept de Noomakhia (ou « Noomachie »), la bataille constante entre les Trois Logoi qui constitue la dynamique de la création des moments de la dialectique culturelle et historique. Ce sont des variables dans le déroulement historique de toute culture et ils se développent en périodes et phases différentes. Il n’existe aucune règle universelle qui ait défini ou qui puisse définir la succession et la durée de ces phases et moments dans la Noomachie. Chaque culture et civilisation possède sa propre séquence unique dans le déroulement de la Noomakhia, avec ses propres particularités uniques caractérisant les victoires et les triomphes des divers Logoi qui transforment fondamentalement tous les rôles. Chaque culture doit être étudiée et évaluée individuellement et avec un soin considérable, évitant toute tentation de projeter la structure de sa propre expérience étudiée sur la Noomakhia des autres.
Le second principe du projet Noomakhia est de définir le domaine de recherche et les limites de la civilisation. Le concept de civilisation est culturel et basé sur la présomption d’une coexistence parmi les peuples de la terre de cercles (ou horizons) existentiels différents, qui sont identifiés comme la pluralité des Dasein. L’étape suivante est la clarification du concept spatial de culture des civilisations étudiées et la présentation des séquences sémantiques (l’historial, Seinsgeschichte) des événements les plus significatifs interprétés dans l’optique de ces peuples et cultures concrets. »
– Alexandre Douguine, “The Noomakhia Project” (2019)
Source:
https://eurasianist-archive.com/item/noomakhia/
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