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samedi, 04 février 2023

L’arrière-plan géopolitique de la révolution de 1917

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L’arrière-plan géopolitique de la révolution de 1917

Alexandre Douguine

(extrait du livre Last War of the World-Island, Arktos, 2015)

La fin de la dynastie tsariste ne signifiait pas encore la fin de la Première Guerre mondiale pour la Russie. Et bien que l’une des raisons du renversement des Romanov était les difficultés de la guerre et la tension qu’elle imposait aux ressources humaines, à l’économie et à toute l’infrastructure sociale de la société russe, les forces qui arrivèrent au pouvoir après l’abdication de Nicolas II (le Gouvernement Provisoire [1] constitué principalement sur la base de la franc-maçonnerie de la Douma [2] et des partis bourgeois) continuèrent le cours de la participation de la Russie à la guerre aux cotés de la Triple Entente [3].

Géopolitiquement, ce point est décisif. Nicolas II aussi bien que les partisans de la forme de gouvernement républicaine, démocratique-bourgeoise alignée avec lui étaient orientés vers l’Angleterre et la France ; ils cherchaient à positionner la Russie dans le camp des Etats thalassocratiques. Sur le plan intérieur, il y avait des contradictions irréconciliables entre le modèle monarchique et le modèle démocratique-bourgeois, et l’escalade de ces contradictions conduisit au renversement de la dynastie et de la monarchie. Mais dans l’orientation géopolitique de Nicolas II et du Gouvernement Provisoire, il y avait au contraire une continuité et une succession – une orientation vers la civilisation de la Mer créait une affinité entre eux. Pour le Tsar c’était un choix pratique, et pour les « févriéristes » [4] un choix idéologique, puisque l’Angleterre et la France étaient des régimes bourgeois établis depuis longtemps.

Le 25 février 1917, par un décret impérial, l’activité de la Quatrième Douma d’Etat fut suspendue. Le soir du 27 février, un Comité Provisoire de la Douma d’Etat fut créé dont le président était M. V. Rodzyanko (un octobriste, et président de la Quatrième Douma). Le Comité reprit les fonctions et l’autorité du pouvoir suprême. Le 2 mars 1917, l’Empereur Nicolas II abdiqua, et transféra les droits d’héritage au Grand-duc Mikhail Alexandrovitch [5] qui, à son tour, déclara le 3 mars son intention de n’assumer l’autorité suprême qu’après que la volonté du peuple se fut exprimée dans l’Assemblée Constituante concernant la forme finale que le gouvernement devait prendre.

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Le 2 mars 1917, le Comité Provisoire de la Douma d’Etat forma les premiers services publics. Le nouveau gouvernement annonça des élections pour l’Assemblée Constituante, et une loi démocratique concernant les élections fut adoptée ; il y aurait des élections au suffrage universel, égal, direct, et à bulletins secrets. Les anciens organes de gouvernement furent abolis. A la tête du Comité Provisoire il y avait le président du Soviet des Ministres et Ministre des Affaires intérieures, le prince G. E. Lvov (ancien membre de la Première Douma d’Etat et Président du Comité Principal de l’Union populaire panrusse). Cependant, le Soviet, dont la tâche était de surveiller les actions du Gouvernement Provisoire, continua à fonctionner. En conséquence, un pouvoir dual fut établi en Russie. Les Soviets des Représentants des Travailleurs et des Soldats étaient contrôlés par les partis de gauche, qui restaient auparavant largement en-dehors de la Douma d’Etat : les socialistes-révolutionnaires (SR) [7] et les sociaux-démocrates [8] (les mencheviks [9] et les bolcheviks). En politique étrangère, les bolcheviks, conduits par Lénine et Trotski, suivirent avec succès une orientation pro-allemande. Cette orientation pro-allemande était basée sur plusieurs facteurs : une coopération étroite entre les bolcheviks et les sociaux-démocrates marxistes allemands, et des accords secrets avec le service de renseignement du Kaiser concernant l’assistance matérielle et technique fournie aux bolcheviks. De plus, les bolcheviks comptaient sur le refus de la guerre par les masses populaires. Ils basaient leur propagande là-dessus, la formulant dans l’esprit de l’idéologie révolutionnaire : la solidarité des classes laborieuses de tous les pays et le caractère impérialiste de la guerre elle-même, qui s’opposait aux intérêts des masses. C’est pourquoi le pouvoir dual divisé entre le Gouvernement Provisoire et les Soviets (qui étaient sous le contrôle des bolcheviks depuis le début) dans l’intervalle entre mars et octobre 1917 reflétait deux vecteurs géopolitiques, le vecteur pro-anglais et le vecteur pro-français pour le Gouvernement Provisoire, et le vecteur pro-allemand pour les bolcheviks. Cette dualité révèle aussi sa signification et son caractère dans ces événements historiques qui sont directement reliés à l’époque de la Révolution et de la Guerre Civile.

Le 18 avril 1917, la première crise gouvernementale éclata, se terminant par la formation du  premier gouvernement de coalition le 5 mai 1917, avec la participation des socialistes. Sa cause fut la note de P. N. Milioukov [10] le 18 avril adressée à l’Angleterre et à la France, dans laquelle il annonçait que le Gouvernement Provisoire continuerait la guerre jusqu’à sa fin victorieuse et honorerait tous les accords internationaux qui avaient été passés par le gouvernement tsariste. Nous avons ici affaire à un choix géopolitique qui influença les processus intérieurs. La décision du Gouvernement Provisoire provoqua l’indignation populaire, qui déborda dans des meetings et des manifestations massives, demandant la fin rapide de la guerre, la démission de P. N. Milioukov et d’A. I. Guchkov [11], et le transfert du pouvoir aux Soviets. Ces troubles furent organisés par les bolcheviks et les socialistes-révolutionnaires. P. N. Milioukov et A. I. Guchkov quittèrent le gouvernement. Le 5 mai, un accord fut conclu entre le Gouvernement Provisoire et le Comité Exécutif du Soviet de Petrograd pour la création d’une coalition. Cependant, les partis d’extrême-gauche n’étaient pas unis par une vision géopolitique commune. Les bolcheviks préféraient logiquement une ligne pro-allemande et anti-guerre. Une partie des mencheviks et des socialistes-révolutionnaires de gauche (dont les dirigeants appartenaient aussi souvent à des organisations maçonniques, où dominait une orientation pro-française et pro-anglaise) avaient tendance à soutenir le Gouvernement Provisoire, dans lequel les socialistes-révolutionnaires avaient reçu quelques postes à ce moment.

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Le premier Congrès panrusse des Soviets des Représentants des Travailleurs et des Soldats, qui eut lieu du 3 au 24 juin, fut dominé par les socialistes-révolutionnaires et les mencheviks, les conduisant à soutenir le Gouvernement Provisoire et à rejeter la demande des bolcheviks de mettre fin à la guerre et de transférer le pouvoir aux Soviets. Ensuite l’effondrement rapide de la Russie commença. Le 3 juin une délégation du Gouvernement Provisoire, conduite par les ministres Terechtchenko et Tsereteli, reconnut l’autonomie de la Rada Centrale ukrainienne (UCR) [12]. Entretemps, avec l’approbation du gouvernement, une délégation définit les limites géographiques de l’autorité de l’UCR, incluant certaines des provinces sud-ouest de la Russie. Cela provoqua la crise de juillet [13]. Au sommet de la crise de juillet le Seim finlandais [14] proclama l’indépendance de la Finlande dans ses affaires intérieures et limita la compétence du Gouvernement Provisoire aux questions de la guerre et de la politique étrangère. Du fait de la crise, un second gouvernement de coalition fut constitué avec le social-révolutionnaire A. F. Kerenski à sa tête. Les socialistes-révolutionnaires et les mencheviks occupaient un total de sept postes dans ce gouvernement.

Le social-révolutionnaire Kerenski, qui était aussi dans le groupe des Trudoviks (socialistes-populaires), était une figure éminente de la franc-maçonnerie russe de la Douma, membre de la loge « Petit Ours » et secrétaire de l’organisation maçonnique congrégative secrète « Le Soviet Suprême du Grand Orient des Peuples de Russie ». Kerenski s’en tenait à une orientation pro-anglaise et était étroitement lié à la franc-maçonnerie anglaise. Le 1er septembre 1917, dans le but de s’opposer au Soviet de Petrograd, Kerenski créa un nouvel organe de pouvoir, le Directoire (Soviet des Cinq), qui proclama que la Russie était une république et dissolva la Quatrième Douma d’Etat. Le 14 septembre 1917, la Conférence Démocratique panrusse fut ouverte, qui devait décider de la question de l’autorité gouvernante, avec la participation de tous les partis politiques. Les bolcheviks s’en retirèrent en guise de protestation. Le 25 septembre 1917, Kerenski forma le troisième gouvernement de coalition. Pendant la nuit du 26 octobre 1917, au nom des Soviets, les bolcheviks, les anarchistes et les socialistes-révolutionnaires gauchistes renversèrent le Gouvernement Provisoire et arrêtèrent ses membres. Kerenski s’enfuit. Significativement, il fut aidé par des diplomates anglais, en particulier Bruce Lockhart [15], et fut envoyé en Angleterre où, dès son arrivée, il fut actif dans les loges maçonniques anglaises. Géopolitiquement, la Révolution bolchevik d’Octobre, que diverses écoles historiques et les représentants de diverses visions-du-monde évaluent de manières différentes aujourd’hui, était spéciale parce qu’elle signifiait un changement d’orientation brutal de la politique étrangère de la Russie, passant d’une orientation thalassocratique à une orientation tellurocratique. Nicolas II et les républicains maçonniques de la Douma à partir du Gouvernement Provisoire avaient maintenu une orientation anglo-française et étaient restés fidèles à l’Entente. Les bolcheviks étaient sans équivoque orientés vers la paix avec l’Allemagne et la rupture avec l’Entente.

Après la séparation de l’Assemblée Constituante [16], où les bolcheviks ne reçurent pas l’appui nécessaire pour légaliser pleinement leur prise du pouvoir, l’autorité fut transférée au Conseil des Commissaires du Peuple, où les bolcheviks dominaient. A ce moment, les socialistes-révolutionnaires gauchistes étaient leurs alliés.

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Le 3 mars 1918, un accord de paix séparée entre les bolcheviks et les représentants des Puissances Centrales (Allemagne, Austro-Hongrie, Turquie, et Bulgarie) fut conclu à Brest-Litovsk, signifiant la sortie de la Russie de la Première Guerre mondiale. D’après les termes de l’accord, les provinces de Privislinskie, l’Ukraine, les provinces avec une population principalement biélorusse, la Province d’Estonie, la Province de Courlande, la Province de Livonie, la Grande Principauté de Finlande, le district de Kars, et le district de Batumsk dans le Caucase étaient tous arrachés à l’Ouest de la Russie. Le gouvernement des Soviets promit de cesser la guerre contre le Soviet Central ukrainien (la Rada) de la République du Peuple ukrainien, de démobiliser l’armée et la flotte, de retirer la flotte baltique de ses bases en Finlande et dans les Etats baltes, de transférer la flotte de la Mer Noire avec toutes ses infrastructures aux Puissances centrales, et de payer six millions de marks de réparations. Un territoire de 780.000 kilomètres carrés, comprenant une population de 56 millions de personnes (un tiers de la population de l’Empire russe), fut arraché à la Russie soviétique. En même temps, la Russie retira toutes ses troupes des régions désignées, alors que l’Allemagne, d’autre part, faisait entrer ses troupes et gardait le contrôle de l’Archipel des Monzundski et du Golfe de Riga.

Tel fut le prix énorme que la Russie soviétique paya (en partie parce qu’elle s’attendait à une révolution prolétarienne imminente en Allemagne et dans d’autres pays européens) pour son orientation pro-allemande.

Le traité de Brest-Litovsk fut immédiatement rejeté par les socialistes-révolutionnaires de gauche, dont une partie des dirigeants était orientée vers la France et l’Angleterre comme avant. En signe de protestation contre les conditions de l’armistice, les socialistes-révolutionnaires de gauche quittèrent le Conseil des Commissaires du Peuple ; au Quatrième Congrès des Soviets, ils votèrent contre le traité de Brest. Le socialiste-révolutionnaire S. D. Mstislavski inventa le slogan « Pas de guerre, donc une insurrection ! », appelant les « masses » à se « soulever » contre les forces occupantes germano-autrichiennes. Le 5 juillet, au Cinquième Congrès des Soviets, les socialistes-révolutionnaires de gauche attaquèrent à nouveau activement les politiques des bolcheviks, condamnant le traité de Brest. Le 6 juillet, un jour après l’ouverture du Congrès, deux socialistes-révolutionnaires de gauche, Yakov Blumkin [17] et Nikolaï Andreiev, des officiels du Comité Extraordinaire panrusse (AEC), entrèrent dans l’ambassade allemande à Moscou suivant un décret de l’AEC, et Andreiev tua l’ambassadeur allemand Mirbach. Le but des socialistes-révolutionnaires était de ruiner les accords avec l’Allemagne. Le 30 juillet, le socialiste-révolutionnaire de gauche B.M. Donskoï tua le général commandant les forces d’occupation, Eichhorn, à Kiev. La dirigeante des socialistes-révolutionnaires de gauche Maria Spiridinova fut envoyée au Cinquième Congrès des Soviets, où elle annonça que « le peuple russe est libéré de Mirbach », impliquant que la ligne pro-allemande était finie en Russie soviétique. En réponse, les bolcheviks mobilisèrent leurs forces pour la répression du « soulèvement socialiste-révolutionnaire de gauche » et arrêtèrent et exécutèrent leurs dirigeants [*]. Ici apparaissait à nouveau une différence d’orientation géopolitique : cette fois-ci entre les forces de gauche radicales qui avaient pris le pouvoir en Russie soviétique. Les socialistes-révolutionnaires de gauche avaient tenté de ruiner la ligne pro-allemande des bolcheviks, mais ils échouèrent et disparurent rapidement en tant que force politique.

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Si nous réunissons tous ces éléments géopolitiques, nous obtenons le tableau suivant : Nicolas II, les partis bourgeois et, en partie, les socialistes-révolutionnaires de gauche (les francs-maçons de la Douma) maintinrent une orientation vers l’Entente et, en conséquence, vers la thalassocratie ; alors que les bolcheviks poursuivirent constamment une politique de coopération avec l’Allemagne et d’autres Etats centre-européens, et avec la Turquie ; c’est-à-dire qu’ils étaient en faveur de la tellurocratie. Ce motif géopolitique nous permet d’avoir un regard nouveau sur les événements dramatiques de l’histoire de la Russie en 1917-1918 et prédétermine les développements de la période soviétique.

Notes

[1] Le Gouvernement Provisoire apparut à la suite de l’abdication du Tsar Nicolas II en mars 1977, et devait organiser les élections qui conduiraient à la formation d’un nouveau gouvernement. Il était composé d’une coalition de nombreux partis différents. Après la révolution bolchevik en octobre, il fut aboli. (NDE)

[2] Cependant, la loge la plus nombreuse du Grand Orient des Peuples de Russie en 1912-1916 était indubitablement la loge de la Douma, « la Rose », que rejoignirent beaucoup de députés maçonniques de la Quatrième Douma d’Etat en 1912. Elle fut ouverte le 15 novembre 1912. Sa principale différence avec la Troisième Douma consistait en la diminution explicite du centre (le nombre d’octobristes dans la Douma était fortement réduit : au lieu de 120, seuls 98 demeuraient, alors que le nombre de droitistes passait de 148 à 185 ; et le nombre de gauchistes, membres du Parti Démocratique Constitutionnel (connu sous le nom de « parti cadet », NDE) et de progressistes passa de 98 à 107).

[3] La Triple Entente était une alliance entre le Royaume-Uni, la France et la Russie et qui fut établie en 1907. (NDE)

[4] Ceux qui soutenaient le Gouvernement Provisoire qui fut établi après la Révolution de Février 1917. (NDE)

[5] Mikhaïl Alexandrovitch (1878–1918) était un prince qui était second dans la ligne de succession au trône du Tsar. Après l’abdication de Nicolas II, Alexandrovitch fut choisi pour lui succéder de préférence au fils du Tsar, Alexei, car ce dernier était considéré comme trop malade pour régner. Il refusa cependant d’accepter le trône. Cela ne lui valut aucune faveur des bolcheviks, qui l’exécutèrent en 1918. (NDE)

[6] Ces conseils furent établis après la Révolution de Février pour maintenir l’ordre jusqu’à ce que des élections puissent être tenues, et pour déterminer la nature et la composition du nouveau gouvernement. (NDE)

[7] Les socialistes-révolutionnaires (SR) étaient socialistes, mais pas marxistes. Ils étaient l’un des principaux partis en Russie au moment de la Révolution. (NDE)

[8] Les bolcheviks et les mencheviks étaient des branches du Parti Travailliste Démocratique Social russe. Après le départ des mencheviks, celui-ci devint une organisation bolchevik, devenant finalement le Parti Communiste de l’URSS. (NDE)

[9] Les mencheviks avaient connu une scission avec les bolcheviks en 1904 pour des questions d’idéologie et d’appartenance au Parti, Après cela ils furent un parti d’opposition communiste, considéré comme plus modéré que les bolcheviks. (NDE)

[10] Pavel Milioukov (1859–1943) était le ministre Affaires Etrangères dans le Gouvernement Provisoire. (NDE)

[11] Alexander Guchkov (1862–1936) était le ministre de la Guerre dans le Gouvernement Provisoire. (NDE)

[12] L’UCR était le conseil qui assuma le pouvoir en Ukraine après la Révolution de Février en Russie, avec l’intention d’assurer l’indépendance ukrainienne. Il fut déclaré illégal par les Soviets en décembre 1917. (NDE)

[13] Entre le 3 et 7 juillet, des soldats et des ouvriers de Petrograd, soutenus par les bolcheviks, firent des manifestations contre le Gouvernement Provisoire. Celui-ci accusa les manifestants de fomenter un coup d’Etat et les réprima en utilisant la force militaire, conduisant à un revers temporaire pour les bolcheviks. (NDE)

[14] Le Seim était l’Assemblée populaire finlandaise. (NDE)

[15] Sir Robert Hamilton Bruce Lockhart (1887–1970) était le consul-général britannique à l’époque de la Révolution russe. Au nom de ses supérieurs à Londres, et en conjonction avec l’Intelligence Service, il tenta de persuader les bolcheviks de rester en guerre contre l’Allemagne, mais sans succès. Après une série de tentatives secrètes pour influencer le cours de la Révolution, en 1918, avec l’agent secret Sidney Reilly, il tenta de faire assassiner Lénine et de renverser les bolcheviks, ce qui est connu sous le nom de « complot Lockhart ». Celui-ci échoua, bien que Lockhart fut plus tard autorisé à quitter la Russie lors d’un échange de prisonniers. (NDE)

[16] L’Assemblée Constituante panrusse fut formée en résultat d’une élection tenue en novembre 1917. Lorsqu’il devint clair que le nombre de représentants des socialistes-révolutionnaires dépasserait de loin celui des bolcheviks à l’Assemblée, ceux-ci commencèrent à jeter le doute sur la valifité de l’Assemblée, et elle ne fut autorisée à se réunir qu’une seule fois en janvier 1918 avant d’être dissoute. (NDE)

[17] Yakov Blumkin (1898–1929) était le directeur des opérations de contre-espionnage de la Tcheka (la police secrète révolutionnaire) à l’époque. Il fut pardonné par les bolcheviks pour avoir participé au coup d’Etat des SR, et travailla plus tard comme exécuteur et agent secret. Envoyé pour aider à fomenter la subversion révolutionnaire contre les Britanniques au Moyen-Orient, ses aventures orientales le rendirent célèbre. Il devint plus tard l’ami de Trotski ; après l’exil de Trotski hors d’URSS, il servit de courrier pour les messages de Trotski ; quand cela fut découvert, il fut exécuté sur l’ordre de Staline. (NDE)

[*] On peut ajouter que le 30 août 1918, Fanny Kaplan, une militante socialiste-révolutionnaire, tenta de tuer Lénine et le blessa gravement. Elle déclara qu’elle considérait Lénine comme un « traître à la révolution », qui avait interdit et réprimé son parti (les SR). (NDT)