Catalogne du Nord : La fête de l’ours, une survivance païenne restée intacte
Nombreuses sont les fêtes païennes qui ont été récupérées, faute de mieux, par la religion chrétienne lors de son implantation. Cette dernière s’est heurtée à l’univers mental et spirituel des européens de jadis dont le style de vie était rythmé par le cycle des saisons. Des fragments des anciennes pratiques nous sont parvenus par le biais de ces syncrétismes et rares sont les fêtes qui sont restées intactes. C’est le cas de la fête de l’ours en Catalogne du Nord qui se déroule en février.
La fête de l’ours, quelles correspondances ?
Imbolc, le 1er février, est chez les Celtes une fête d’ouverture vers la lumière. Un mois après la période sacrée du solstice d’hiver on constate déjà l’allongement des jours. Le nom d’Imbolc est lié à l’allaitement des agneaux nouveaux-nés, en correspondance avec la montée du lait des brebis et le réveil des végétaux. Le soleil annonce son retour, c’est donc l’arrivée prochaine du printemps qui est célébrée, aussi bien chez les Celtes que chez les Germains. Le 1er février est également le jour de Brigit, déesse mère, bienfaitrice et protectrice, notamment des troupeaux. Un texte irlandais du Xe siècle décrit Brigit comme la fille du grand dieu Dagda. Citons également pour la même période la fête romaine des Lupercales célébrée le 15 février, en l’honneur de Lupercus, dieu protecteur des troupeaux, assimilé à Pan1.
Dimension symbolique de la fête de l’ours
Les fêtes en Catalogne du Nord sont nombreuses, goigs dels ous (cantiques des œufs, fête qui se déroule à Pâques, à mettre en relation avec Ostara), les focs de la Sant Joan (les feux de la Saint Jean, à mettre en relation avec le solstice d’été), etc... son folklore est aussi riche que varié, le choix ici, comme le titre de l’article l’indique, va se porter sur une des plus anciennes des fêtes, la fête de l’ours. Les fêtes traditionnelles, généralement religieuses, pagano-chrétiennes, agraires ou historiques, ont la particularité et l’avantage d’être cycliques. L’action s’inscrit dans le temps à date fixe, demande une préparation et par conséquent une immersion dans le monde de la tradition. Ce qui permet le maintien d’un lien intergénérationnel et une catalanisation constante des esprits, le sentiment d’appartenance à la communauté villageoise, provinciale ou nationale est permanent. La fête de l’ours puise ses origines dans les rites païens de fécondité, la lutte de la vie ( renaissance printanière) contre la mort hivernale. Elle est présente à Céret, Prats de Mollo et Saint Laurent de Cerdans. Généralement elle a lieu entre janvier et février, à noter un rapprochement avec la fête du carnaval. La fête du carnaval s’inscrit dans la logique de l’antique fête païenne d’Imbolc (ancien nom celte, ère pré-chrétienne) où il fallait célébrer la défaite de l’hiver face au printemps par des réjouissances quelque peu débridées d’où la forme ancienne qui consistait à simuler une chasse, le gibier, personnifiant l’hiver mis à mort. Les villageois représentant le camp de l’hiver devaient être affublés de peaux de bêtes et de caparaçons de paille2. En Vallespir l’image de l’hiver est personnifiée par l’ours. De nos jours cette fête est toujours d’actualité et bénéficie d’un large succès. Le déroulement de la fête peut sembler, pour les visiteurs tranquilles, un peu brutal. Les hommes du village, des chasseurs, partent réveiller ce fameux ours, endormi dans sa grotte. Il est incarné généralement par un ou plusieurs participants, de préférence robustes, vêtus comme dans les temps anciens d’une peau de bête, la figure et les mains enduites de suie, détail important lors des attaques. Une fois réveillé notre faux plantigrade se rue sur tout le monde, sans distinction, ou presque, puis les enduit de cette fameuse suie, les femmes généralement par ce geste sont considérées comme fécondées. La fête est généralement accompagnée par des musiques traditionnelles, une chanson revient souvent, c’est évidemment celle de l’ours. Musique, cris, poursuites dans les rues, bruits de bâtons qui s’entrechoquent, pétards et autres instruments dédiés au chaos sonore mettent le village dans une ambiance d’émeute ! La légende est contée en catalan, heureusement car le rituel conserve donc tout son sens. Bien évidemment les villageois sont les grands vainqueurs de ce combat. L’ours est tondu avec une hache en place publique, et comme par magie il redevient un homme, le printemps, la vie en définitif a eu raison de la noirceur de l’hiver3.

Pour conclure : Outre le fait de chasser l’hiver qui affame, le rituel de la fête de l’ours selon Robert Bosch évoque une seconde hypothèse complémentaire4 : « Il symbolise le printemps, la renaissance de la nature et des êtres. De plus, l’ours permet aux villageois d’enrayer le problème de la consanguinité qui menace la conservation de l’ethnie. Les dimensions symboliques de l’ours suffisent au maintien des communautés villageoises vallespiriennes qui n’ont besoin de personne d’autre pour subsister ! »
Llorenç Perrié Albanell
A suivre sur Ronde Païenne des Quatre saisons :
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Notes:
1 Vial, Pierre, Fêtes païennes des quatre saisons, Les Éditions de la forêt, Saint-Jean-des-Vignes, 2008.
2Ibib.
3Perrié Albanell, Llorenç, Nationalismes irlandais et catalans, convergences, similitudes et différences, Les Éditions de la forêt, Forcalquier, 2014,
4Pagès, Magalie, Culture populaire et résistance culturelle régionale, Paris, L’Harmattan, 2010.


 
 






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 To the Norse people the Bear was also a very powerful symbol very much attached to their beliefs and their warrior cults. People believed in many gods but there was always a group of people, a cult, dedicated to just one specific god, and in the Norse culture the warriors dedicated to Odin were called Berserkers, whose name comes from the word Bersark which means literally bearskin, which they wore for magical purposes and to honor the strength of the bear and become like him, fierce, strong, ferocious, violent in battle. These warriors would enter in an altered state of mind and call upon the spirit of the bear, becoming a bear themselves so they would not feel any pain during the battle, in order to keep the fight longer, roaring, putting fear upon their enemies. There are many accounts of this, of these warriors taking the amanita muscaria mushrooms, to enter in trance, and go completely crazy, becoming beasts ( this is from where and why the English word Berserker, or to go Berserker, came from ) wearing bear skins and nothing else, and sometimes even totally naked while going to battle and use their own hands and teeths to kill the enemies and tear off their armour and break their shields.
To the Norse people the Bear was also a very powerful symbol very much attached to their beliefs and their warrior cults. People believed in many gods but there was always a group of people, a cult, dedicated to just one specific god, and in the Norse culture the warriors dedicated to Odin were called Berserkers, whose name comes from the word Bersark which means literally bearskin, which they wore for magical purposes and to honor the strength of the bear and become like him, fierce, strong, ferocious, violent in battle. These warriors would enter in an altered state of mind and call upon the spirit of the bear, becoming a bear themselves so they would not feel any pain during the battle, in order to keep the fight longer, roaring, putting fear upon their enemies. There are many accounts of this, of these warriors taking the amanita muscaria mushrooms, to enter in trance, and go completely crazy, becoming beasts ( this is from where and why the English word Berserker, or to go Berserker, came from ) wearing bear skins and nothing else, and sometimes even totally naked while going to battle and use their own hands and teeths to kill the enemies and tear off their armour and break their shields.