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jeudi, 18 avril 2024

Symbologie de l'ours

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Symbologie de l'ours

Source: https://huestantigua.wordpress.com/2024/04/02/simbologia-del-oso/

"Car ce qui peut reposer éternellement n'est pas mort..."

- H.P. Lovecraft

Introduction

C'est parti pour une nouvelle analyse du symbolisme animal. Dans ce cas, nous nous intéresserons à l'ours, cet animal magnifique et inquiétant qui peuplait autrefois la majeure partie de l'Europe et que l'on trouve encore aujourd'hui dans certaines régions.

Critères et motivations

Rappelons une partie de ce qui a été commenté dans l'article consacré au loup.

En ce qui concerne le critère d'analyse :

"[...] observez l'animal en question et essayez de déterminer quelle est sa caractéristique particulière, quels sont les éléments de sa physionomie ou de son comportement qui sont suffisamment exclusifs pour en être un facteur d'identification. Cette particularité doit donc être quelque chose qui n'est pas présent chez les autres animaux ou pas avec l'intensité qu'il aurait chez l'animal particulier que l'on analyse.

La recherche portera donc sur les aspects de l'animal qui le différencient des autres animaux. [...]"

Et en ce qui concerne la motivation de l'analyse :

"[...] certains symboles ont la capacité, pour ainsi dire, de proposer ou de postuler des "changements de conscience". Plus concrètement : nous pouvons directement désigner la "fascination" que certains symboles suscitent comme une manifestation de ce "processus de changement" dans la conscience de l'homme. C'est cette fascination que nous pouvons interpréter comme une manifestation de ce changement, un "générateur de l'approche" de la conscience vers la coïncidence avec le symbole : être comme lui".

Ceci étant dit, nous allons maintenant, sans plus attendre, exposer les éléments que nous souhaitons identifier dans le cas de l'Ours.

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Caractéristiques importantes de l'ours

Comme le loup, l'ours est un autre protagoniste de son milieu, la forêt, du moins dans les conditions naturelles. Par exemple, dans des conditions normales, l'ours n'a pas de prédateur et partout où il va, il manifeste sa présence; c'est-à-dire que, sous ces aspects, l'ours n'est pas différent des autres grands prédateurs des forêts, des steppes, des montagnes ou des zones côtières septentrionales.

Nous pourrions souligner la férocité et la force de l'ours, ainsi que sa capacité d'intimidation, mais nous savons bien que ces caractéristiques sont présentes chez bon nombre d'animaux sauvages. C'est pourquoi, bien que nous devions les prendre en compte, nous les écarterons et ne les considérerons pas comme exclusives à l'ours. Nous soulignerons, dans ce sens, que, comme dans le cas du loup, la rencontre avec un ours peut être fatale. Cette qualité mortelle, tant chez le Loup que chez l'Ours, nous "chuchoterait" qu'il s'agit de symboles transcendants, car la rencontre avec eux nous rapproche dangereusement de la possibilité de la mort. En d'autres termes, elle nous expose à la limite humaine.

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Il est également important de souligner que l'ours, contrairement au loup, est un animal solitaire et, sauf dans le cas d'une mère et de ses petits, ne forme pas de groupes. Cet aspect nous amène à interpréter l'éventuelle proposition de l'Ours comme quelque chose à prendre en compte dans le domaine de la solitude, du propre, et non pas en se projetant dans le domaine social. C'est-à-dire que sa proposition serait orientée vers l'individu, vers l'homme avec lui-même.

Nous pourrions analyser d'autres particularités de l'ours, comme le fait qu'il est l'un des rares animaux qui, grâce à sa capacité d'endurance, peut prendre du miel sans que les abeilles s'en préoccupent. Nous pourrions également évaluer et commenter l'impressionnant rugissement d'avertissement que l'ours émet avant d'entrer en combat.

Mais, de toutes les caractéristiques que nous avons évaluées dans cet article, celle qui nous semble la plus significative et l'une de celles qui identifient le mieux l'ours est sa capacité à hiberner, sa capacité à rester endormi pendant les mois d'hiver. Cette facette de l'ours nous oblige à valoriser le sommeil comme "apparence de la mort", de sorte que même s'il semble mort, il reste vivant et attend le moment où il se réveillera à nouveau. Le moment où il "reviendra à la vie" dans "l'analogie du sommeil et de la mort".

Dans cette perspective, et en gardant à l'esprit que l'ours est lui-même une force impressionnante et puissante de la nature sous la forme d'un animal, nous ne pouvons que sourire en imaginant ce que la signification de l'ours pourrait être pour quiconque s'est immergé dans une Quête Intérieure.

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Ce que représente l'ours

Enfin, il y a maintenant la partie concernant "certains symboles qui ont la capacité, pour ainsi dire, de proposer ou de postuler des "changements de conscience"", nous devons donc souligner ces changements. Contrairement au cas du loup, ces changements seront un peu plus complexes et pas si faciles à percevoir ou à comprendre. En principe, il ne s'agira pas de tendances vers des caractéristiques à prendre en compte, comme c'était le cas dans notre analyse précédente.

Nous comprenons que la proposition de l'Ours consiste à comprendre - si possible intuitivement et même expérimentalement - le potentiel qui se trouve dans notre profondeur et à "faire de la place" dans la conscience pour que ce pouvoir ait un passage ou une liberté de mouvement au sein de nos possibilités. En d'autres termes : l'exercice âme-mental que proposerait le Symbole de l'Ours serait de regarder dans la "Profondeur de Soi" afin de prendre conscience que, lorsque le moment est venu - le "Printemps" - l'immense potentiel qui réside dans certaines personnes peut - et doit - se manifester ; c'est-à-dire qu'il doit s'éveiller.

Une trace de la représentation

Le premier cas que nous évoquerons pour retracer cette "représentation par l'ours du potentiel intérieur" est celui du soi-disant "Berserk" des mythes et des anciennes cultures nordiques. Fondamentalement, le "Berserk", qui est apparemment un homme normal, est - au moment opportun - un "homme-ours" dont la caractéristique visible, et très redoutée, est de "réveiller en lui une fureur sans mesure" qui, dans un scénario de bataille, fait de lui un adversaire bien supérieur aux autres. On peut dire qu'au combat, le Berserk est, comme l'Ours, une puissante force de la nature. Cette fois-ci sous la forme d'un homme.

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Cependant, bien que l'image du Berserk nous suggère de nombreuses idées - y compris le concept du "titanesque" chez Evola - et que nous la considérions toujours comme positive pour l'analyse, nous ne sommes pas enclins à interpréter la Proposition de l'Ours dans un cadre matériel, mais comme une proposition plus spirituelle et, comme nous l'avons noté, orientée vers l'intérieur. Dans la même veine que le Loup, il nous semble que nous pourrions interpréter le Berserk comme "cet homme qui est capable de dépasser son état de domestication - culturel - et de retrouver sa condition "sauvage" et indomptée".

Dans ce sens, nous trouvons beaucoup plus précieux et illustratif un autre argument que nous allons souligner. Bien qu'il n'ait pas fait directement partie de notre recherche sur l'ours, il est réapparu - peut-être comme une synchronicité magique - alors que nous étions en train de l'étudier. Cet argument a été déterminant dans notre approche de la même analyse. Nous nous référons au cas du roi Arthur dans les mythes du Graal. La clé n'est autre que le nom même d'"Arthur", dont l'étymologie le rattache au grec "ἄρκτος" ("arktos", ours) et qui, comme l'indique l'histoire : est le personnage qui rétablit l'ordre transcendant dans le royaume.

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En d'autres termes : Arthur - l'ours - est le représentant de cette puissance qui, au moment opportun, fait son apparition pour tout changer; cette fois-ci, non pas par la destruction, mais par l'imposition d'un Ordre transcendant. Telle est la mesure du pouvoir que représente l'Ours.

Nous pensons que les idées exposées ci-dessus sont suffisantes par rapport à notre motivation. Il appartiendra aux lecteurs/chercheurs d'approfondir les arguments et les innombrables détails qui les entourent (la grotte, la montagne, l'ours polaire, sa capacité à se tenir sur deux pattes, son odorat puissant, etc.

Quoi qu'il en soit, bon lecture !

Enfin, bravo aux "Ours" qui, depuis leur grotte, attendent la "Prima Vera" ("première vérité") appréciée qui les sortira de leur léthargie !

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dimanche, 05 septembre 2021

Iconographie et symboles du pouvoir impérial

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Iconographie et symboles du pouvoir impérial

par Giovanni Balducci 

Ex: https://www.centrostudilaruna.it/iconografia-e-simboli-del-potere-imperiale.html

Le philosophe allemand Ernest Cassirer a affirmé que l'homme est un "animal symbolicum", un "animal symbolique". Dans son ouvrage Essais sur l'homme, il écrit : "La raison est un terme très insuffisant pour comprendre toutes les formes de la vie culturelle de l'homme dans toute leur richesse et leur variété. Mais toutes ces formes sont des formes symboliques. Par conséquent, au lieu d'appeler l'homme un animal rationnel, nous pouvons l'appeler un animal symbolicum. Ce faisant, nous indiquons ce qui le distingue spécifiquement et nous pouvons comprendre la nouvelle voie qui s'est ouverte à l'homme, la voie de la civilisation" (1).

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Comme tout autre phénomène humain, la politique, au sens le plus élevé du terme, a toujours été soumise à un processus de symbolisation. Ceci est surtout visible à travers l'étude de la science de l'héraldique, ou l'iconographie du pouvoir temporel et spirituel, qui, dans le passé, étaient souvent étroitement liés.

Dans l'iconographie occidentale, par exemple, l'Empereur a souvent été associé aux significations symboliques de l'aigle, car il est considéré comme investi d'en haut, pour sa particularité de voir au-delà, d'être en quelque sorte un clairvoyant, un illuminé, qualités traditionnellement attribuées à l'oiseau de proie. Dans le Bestiaire de Philippe de Thaün de 1126, en effet, on lit ces vers sur l'aigle: "L'aigle est la roi des oiseaux; il montre un très bel exemple. En latin, on l'appelle à juste titre "clairvoyant", car il regarde le soleil quand il est le plus brillant et bien qu'il le fixe, il ne détourne pas le regard" (2).

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Le symbole de l'aigle était le signum des légions de Rome, et l'on croyait également que les âmes des Césars, libérées de leur corps, s'élèveraient vers l'immortalité solaire. L'aigle était également considéré comme sacré pour le dieu du ciel et père des dieux Jupiter. Julius Evola a écrit que "chez les Aztèques eux-mêmes, l'aigle est considéré comme indiquant le lieu de la capitale du nouvel empire", et que "le ba, conçu comme la partie de l'être humain destinée à une existence céleste éternelle dans des états de gloire, est souvent représenté dans les hiéroglyphes égyptiens par un épervier, l'équivalent égyptien de l'aigle". En outre, "dans le Rg-Veda, l'aigle apporte à Indra la boisson mystique qui fera de lui le seigneur des dieux" (3).

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Lorsque Constantin a transféré le siège impérial de Rome à Constantinople, l'aigle bicéphale est devenu le symbole de l'ensemble du territoire de l'Empire romain d'Occident et d'Orient, représentant les deux capitales de l'Empire. L'aigle byzantin a ensuite été adopté par Moscou comme la nouvelle Constantinople. Pour l'Empire russe, l'aigle bicéphale symbolisait les pouvoirs temporel et spirituel réunis en la seule personne du tsar. Plus tard, les deux têtes de l'aigle russe ont fini par symboliser les deux parties du continent, entre l'Europe et l'Asie, sur lesquelles s'étendait le territoire russe. En Occident, cependant, l'aigle bicéphale, noir sur fond d'or, est devenu le symbole de l'empereur du Saint Empire romain germanique ; le premier à l'adopter sous cette forme fut Louis de Bavière en 1345 et, plus tard, l'empereur Sigismond lorsqu'il monta sur le trône impérial en 1410.

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Un autre des symboles les plus représentatifs de l'Empire (ainsi que de la papauté) est le globe crucigère (globus cruciger): une sphère surmontée d'une croix. Elle représente la domination du Christ (la croix) sur le cosmos (la sphère), et est également présente sur la tiare papale, le pape étant considéré comme "père des princes et des rois, recteur du monde, vicaire du Christ sur terre". La croix, en tant que double conjonction de points diamétralement opposés, représente également le symbole de l'unité des extrêmes, par exemple le ciel et la terre. En elle, le temps et l'espace se rejoignent, et pour cette raison, même avant l'avènement du christianisme, elle était considérée comme un symbole universel de médiation. La croix est donc devenue l'emblème de l'empereur en raison de sa fonction de médiateur entre Dieu et les hommes, en tant que détenteur d'un pouvoir temporel assumé par mandat divin. Le globe terrestre surmonté de la croix est d'ailleurs l'insigne du pouvoir impérial, considéré au point de vue initiatique, de la domination exercée sur l'âme du monde, c'est-à-dire sur le fluide vital universel qui anime les corps sidéraux : selon une ancienne tradition, celui qui réussit à coaguler ce fluide et à dissoudre ses coagulations à volonté, commande l'âme du monde et détient le pouvoir magique suprême.

D'autres symboles liés au pouvoir et à l'autorité royale et impériale sont le sceptre, lié par analogie à l'"axe du monde" (pour ce qui est de l'Orient, rappelons le symbole complémentaire du vajra ou dorje dans la tradition bouddhiste) et le trône, lié au "pôle" et au "centre immobile". De même, en Orient, la figure du chakravartin (souverain universel) est liée au symbole ancestral du svastika, qui a également une signification "polaire".

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Le symbole du Soleil occupe une place centrale dans le large spectre du symbolisme impérial. Le Soleil, l'astre lumineux qui donne la vie, la lumière et la chaleur, est l'épiphanie suprême du divin. Dante s'est exprimé sur le symbolisme solaire pour représenter le divin de la manière suivante: "il n'y a pas de chose visible dans tout le monde plus digne que le soleil de servir de symbole de Dieu, puisqu'il illumine de vie visible d'abord lui-même, puis tous les corps célestes et terrestres". Le Soleil représente l'Empereur, investi du principe de l'autorité maximale et universelle, mais aussi détenteur de la plus haute noblesse d'âme.

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À cet égard, Mircea Eliade a déclaré qu'"il serait bon d'insister sur l'affinité de la théologie solaire avec les élites, qu'elles soient souveraines, héros, initiés ou philosophes". Au Japon, le pouvoir impérial est également associé au symbolisme solaire, celui de la déesse Amaterasu ōmikami, déesse du Soleil et génitrice de la dynastie régnante. Le Soleil est aussi l'emblème du Roi du Monde, et le Christ est désigné par la liturgie catholique comme Sol Justitiae : le Verbe est en effet le "Soleil spirituel", c'est-à-dire le véritable "Centre du Monde". Le symbolisme solaire du Christ est largement utilisé dans la Bible, et chez les premiers chrétiens, le Christ est représenté non pas comme un être aux traits humains, mais comme un soleil ardent: ce n'est pas un hasard si le monogramme IHS surmonté d'une croix et placé à l'intérieur d'une race ardente est l'un des christogrammes les plus courants.

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Aujourd'hui encore, le symbolisme du soleil pour désigner le Christ est largement utilisé, il suffit de penser aux ostensoirs, le plus souvent sous la forme d'un disque solaire. Curieusement, le symbolisme solaire est également attribué à une autre figure sotérique, celle du prince Siddhārtha Gautama, le Bouddha historique, qui est souvent représenté dans l'iconographie traditionnelle avec un disque solaire sur la tête.

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Un autre symbole qui unit le Christ et le grand philosophe indien est le lion : l'enseignement suprême du Bouddha sera en effet désigné comme le "Rugissement du Lion", et le lion est aussi le symbole de la tribu de Juda décrite dans l'Ancien Testament, dont Jésus-Christ est issu. Le lion est universellement considéré comme un symbole de royauté, de puissance et de noblesse ; il est l'animal roi de la savane pour les peuples d'Afrique subsaharienne. Dans la tradition islamique, l'imam Ali, directement nommé par le prophète Mahomet, a pris les épithètes de Ghadanfar, lion, ou Asadullah, lion de Dieu.

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En astrologie, le signe zodiacal du Lion est le domicile du Soleil. Les lions ont longtemps été vénérés au Proche et en Extrême-Orient et ont été utilisés par les différents souverains comme symboles du pouvoir royal, tout comme en Europe : le lion, réputé être un animal doté d'une grande force, de courage et de noblesse, donc conforme à l'idéal de la chevalerie médiévale, a été utilisé comme figure ornementale sur les armes des Francs (Mérovingiens et Carolingiens). En Angleterre, l'introduction du lion comme symbole héraldique peut être attribuée à Henri II, qui a adopté un blason rouge avec un lion d'or rampant. Pour son courage et son héroïsme, Richard Ier d'Angleterre a reçu l'épithète de "Cœur de Lion". Le lion était également le nom de nombreux empereurs et papes.

Notes

(1) Ernest Cassirer, Essai sur l'homme, Mimesis, Milan, 2011.
(2) Le Bestiaire, Éd. Emmanuel Walberg, Genève, Slatkine Reprints, 1970.
(3) Julius Evola, Révolte contre le monde moderne, Edizioni Mediterranee, Rome, 1998.

vendredi, 29 avril 2011

La Cruz visigoda como labaro de la reconquista

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Por E. Monsonis

Ex: http://idendidadytradicion.blogia.com/

De entre los símbolos más importantes  utilizados durante los primeros tiempos de la Reconquista  destaca la cruz de brazos trapeciales e iguales, llegada a nuestros días como principal emblema heráldico de  Asturias, y primitivo lábaro de la reconquista,  adoptado por los reyes asturianos como emblema de la monarquía junto a otros modos y costumbres visigóticas «pues en mostrarse heredera de estos visigodos residía su más prestigiosa razón de ser».(1)

Es conocida por los historiadores e investigadores de esta parte de la historia la aspiración por parte de los monarcas asturianos de restablecer la continuidad visigoda en el naciente enclave, cuna de los posteriores reinos de León y Castilla que finalizarían la reconquista europea del territorio de la península ibérica a los moros, iniciado por sus antepasados de estirpe goda desde la primera llegada de aquellos. Ya uno de los primeros monarcas asturianos, Alfonso I, que reinó entre el 739 y el 756, quien fuera yerno de Pelayo –a su vez de la estirpe real de Kindaswindus, y espatario del rey Egik–, primer rey neogodo elegido al estilo germánico, elevándolo sobre su propio escudo  por sus más nobles guerreros, y que arrojó a los moros de Galicia y de León,  se vanagloriaba de ser de «stirpe regis Recaredi et Ermenegildi». Por su parte, su nieto Alfonso II afirmaba  en el Epítome Ovetense del año 883, también llamada CronicónAlbeldense«omnem gothorum ordinem sicuti Toleto fuerat, tam in ecclesiam quampalatio in Oveto, cuncta statuit» («todo el  orden de los godos tal como existió en Toledo quedó instituido en la Iglesia y la corte de Oviedo»), y es en dicha crónica tal como apunta Hernández Sáez en Las Castillas y León, teoría de una nación,  donde se califica también  a la relación de monarcas astures como «Ordo Gothorum OvetensiumRegum» («relación de los reyes godos de Oviedo»), pues como apunta Gonzalo Menéndez Pidal en su artículo «El lábaro primitivo de la reconquista»,  «en mostrarse heredera de estos visigodos residía su más prestigiosa razón de ser»(2). Por ello, los modos, costumbres, textos refundidos de la época toledana,  rituales  y símbolos visigodos se perpetúan en  Silos, Cardeña , San Millán y otros centros   durante los primeros siglos de la reconquista hispánica. Por su parte, en los nacientes reinos peninsulares –en todos, no sólo en el asturiano–,  el rito godo dentro de las costumbres religiosas continuó en vigor  hasta el año 1071 fecha en la que el legado del papa Alejandro II, Hugo, fue a San Juan de la Peña y en presencia del rey Sancho Ramírez de Aragón y de toda su corte, obispos y abades, celebró la primera misa pascual conforme al rito romano, originando con ello toda una reforma en la que fue preciso copiar miles de códices para asegurar la difusión de la nueva liturgia, sustituyéndose  la letra gótica, en vigor hasta esas fechas, por la carolina, y modificándose el calendario litúrgico y el santoral. También en el campo de la lingüística, la onomástica o el de  la legislación, o bien en el mundo de la literatura  de los nacientes reinos peninsulares permaneció un legado visigótico nada desdeñable. En definitiva, «la impronta visigoda está grabada en muchas instituciones medievales y en la epopeya castellana» (3). Y en esta campo, es la cruz cómo lábaro de la Reconquista, una importante seña de identidad de la monarquía visigótica que continuó como tal entre las aristocracias germánicas que iniciaron la reconquista tal como veremos a continuación.

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Tan sólo unos años antes de la batalla de Covadonga, la península ibérica en su totalidad se hallaba bajo el poder del reino visigodo de Toledo, y destacando entre los símbolos godos se encontraba la cruz, antiguo símbolo visigótico representado en numerosas ocasiones de una forma particular, normalmente con brazos iguales, tal como consta en los templos visigóticos de los antiguos reinos de Tolosa y Toledo, y quedando dicha cruz para la posteridad en los emblemas heráldicos de los diversos reinos y condados que devinieron durante la Edad Media procedentes del de Toledo. En la península ibérica, entre las piezas visigodas halladas en los tesoros de Guarrazar y Torredonjimeno  se cuentan nunerosas cruces votivas con inscripciones, presencia constatada también en el Liber Ordinum, o en importantes joyas artísticas como la corona de Recesvinto. García Volta, destaca en su obra El mundo perdido de los visigodos , la afición de este pueblo de depositar en los altares cruces junto a otros motivos artísticos (4). Sabemos además por otras fuentes documentales como dice Blanco Torviso, que junto a las representaciones geométricas, vegetales y zoomórficas –repetidas en el llamado «arte asturiano»– destacaban en los templos visigodos resplandecientes elementos suntuarios, «especialmente cruces y coronas votivas» (5). También Fernández Conde y Santos del Valle inciden en que «el mundo tardorromano y visigodo estaba mucho más cercano. Por eso, nada tiene de extraño que las grandes iglesias hispanogodas del siglo VII –San Juan de Baños de Cerrato, San Pedro de la Nave, Santa Comba de Bande, y hasta la misma Quintanilla de Viñas– presentan similitudes estilísticas notorias con la fundación de Silo en su corte asturiana» (6). Ya en tiempos del rey Don Favila, se levantó  sobre un dolmen en Cangas de Onís, una de las primeras iglesias cristianas tras la invasión musulmana,  llamándose precisamente de la Santa Cruz, observando con ello Besga Marroquín que «si la vinculación de la Santa Cruz con la monarquía asturiana es patente desde el reinado de Favila, no lo es menos con el pasado visigótico» (7), ya que según Menendez Pidal de Navascues, «de todos los pueblos germánicos, solo entre los visigodos se halla este uso de la cruz; (…).Tal signo o emblema de la monarquía visigoda se refuerza por su probable uso como enseña de las  milicias reales, llevada la cruz de modo visible, sostenida por el asta, uso que veremos continuado por la monarquía asturiana» (8), añadiendo Besga Marroquín, que «éste debe ser tenido como un elemento más que vinculado al naciente poder en Asturias con el elemento visigodo» (9)

 

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Por su parte el rey Alfonso II, «de quien el Epitome Ovetense dice que restauró los modos del Toledo visigótico, tanto en palacio como en la Iglesia», mandó labrar una extraordinaria cruz votiva con la forma usual entre los visigodos, es decir, brazos trapeciales e iguales, como los representados en Guarrazar, San Juan de Baños, el tablero de Alcaudete u otras muestras del arte visigótico. Es la conocida como Cruz de los Ángeles.

También Alfonso III ofreció a la recién construida basílica de Santiago otra cruz similar, ofrecimiento que se repite con sus descendientes Alfonso III y Ramiro II, ya en el 940.

Por ello, como indica Menéndez Pidal en el  trabajo citado «…las cruces conservadas “de los ángeles”, de Santiago y de la Victoria –o la llamada «cruz del secreto» tal como aparece figurada en un pilar visigodo, similar a la de la victoria, con el alfa y el omega– «se nos ofrecen como supervivencias que testifican de qué manera aquella costumbre visigótica, según la cual los reyes ofrecían como dones cruces preciosas a sus iglesias, siguió siendo practicada por los reyes asturianos deseosos de persistir en los modos toledanos» (10), costumbre que pervivirá al menos hasta el siglo XIII. Por su parte, el  Liber ordinum en sus diversas ediciones nos describe con todo detalle como el rey visigodo-asturiano era recibido por el obispo y el clero en la iglesia pretoriana, recepción en la que era protagonista la cruz como estandarte victorioso de combate, y en la que acabado el ceremonial los caballeros recibían de manos del sacerdote los estandartes. «De donde resulta que la cruz era lábaro de los reyes visigodos y lo siguió siendo de los asturianos, acorde con lo cual quedan bien justificadas las inscripciones de las cruces de Alfonso II y Alfonso III» (11).

Siguiendo a Menéndez Pidal conocemos que «La vieja tradición española parece haberse distinguido en ciertas peculiaridades: En Santa María de las Viñas un ángel y la figura central de un capitel, actualmente suelto, empuñan cruces de brazos trapeciales e iguales, en una de las cuales se ve claramente el mango que entesta con el pie de la cruz. Ambas van empuñadas con una sola mano y no con dos. En la miniatura de los Beatos, el Ángel de los Vientos marca a los elegidos con una cruz enmangada. Pero la más completa imagen de cómo este lábaro visigótico asturiano era llevado a la guerra, nos la da el estandarte de San Isidoro de León, que en pleno siglo XIII aún representa al santo de Sevilla galopando en corcel que monta con silla de guerra de altos borrenes llevando en la mano derecha una cruz gótica empuñada de igual modo a como lo hace el ángel visigodo de Santa María de Lara o el Angel de los Vientos en los Beatos mozárabes. Así se dice que apareció San Isidoro en el cerco de Baeza; así iría antes los reyes ovetenses o toledanos, el clérigo a quien el rey entregaba la cruz al partir para la guerra desde la Basílica pretoriana, centros ceremoniales donde el rey toma la cruz para partir a la guerra, , basílica en la cual se reunieron de 653 a 702 al menos seis de los grandes concilios toledanos, y en la cual fue ungido Wamba en el 672. Basílica pretoriana también se llamó en Toledo a la de Santa Leocadia. Llevarían título de pretorianas por ser las de la guardia real, por eso en ellas se celebraba la ceremonia de tomar el rey la cruz para la guerra .

Todavía de Alfonso III se refiere como encargó al conde Hermenegildo Gutierrez someter al rebelde Vitiza, y como le combatió con su gente y “cum omnibus militibuspalatii”. Esta militia palatii evidentemente ya no osaba llevar el titulo de pretoriana , pero sin duda quería heredar la tradición toledana, y por eso era tenida como nervio de ese ejército permanente que en tantas cosas se consideraba continuador de las tradiciones visigóticas. Esa basílica palatina tendría en Oviedo una basílica preferida para su ceremonial castrense», función no del todo reconocida, o bien semiocultada, en nuestros días por parte de la historiografía oficial, aunque la estructura y emplazamiento del monumento no deje de confundir a muchos historiadores y arqueológos. Sabemos por las crónicas del siglo IX que en Naranco construyó Ramiro I un edificio y una aula regia con baño, pero en ella además de la estancia que ha sido definida como baño existió un ara consagrada a Santa María en el 848 con uso circunstancial de lo que podríamos llamar basílica pretoriana o de la milicia palatina. Y es en  el interior de la sala principal de este interesante monumento, donde se pueden apreciar, tal como incluimos en las ilustraciones de este trabajo, la cruz de la que estamos hablando junto a otros motivos que nos remiten a simbologías solares guerreras. Cuando la visitamos, pensamos que no es difícil imaginar el interior de Santa María del Naranco ocupado por guerreros visigodos asturianos junto a su rey. No hay más que estudiar sus detalles con detenimiento. Definitivamente ni es un palacio ni una iglesia.

Por otra parte, siguiendo con Asturias también podemos detectar esta continuidad visigótica en los símbolos de la comunidad de lucha con voluntad de reconquista surgida en el primitivo reino astur, en todo cuanto hace referencia a la continuidad familiar o de linaje, no sólo en el caso de la familia real sino entre los más antiguos linajes asturianos, la mayoría de estirpe goda. Los símbolos de la cruz junto a otros no menos visigóticos como el águila aparecen pintados en numerosas muestras heráldicas de entre las más hidalgas familias asturianas. Tirso de Avilés en su obra Armas y linajesy antigüedad del principado nos habla de apellidos como Fonfría del que recoge «de Recaredo, rey godo, es cierto que descendía el linaje de Fonfría», o de los Noriega «Los de este linaje y apellido son buenos hidalgos, y tan antiguos que se tiene por cierto que vienen del infante Pelayo y se llamaban Infanzones antiguamente teniendo su solar en el valle de Riva de Sella en las Asturias de Santillana. Traen por armas las que tomó dicho infante cuando comenzó a echar a los moros de Asturias que son en azur una cruz que llevó como estandarte y bandera» (12) . Y es que, como afirma Jesús Evaristo Casariego, «viene Oviedo a la historia para ser cabeza de una gran empresa, impregnada de neogoticismo germano hispano, y por tanto, de catolicismo, de germanismo y de romanismo, es decir, de la cristiandad europea que estaba naciendo. Por algo (curiosa coincidencia) Oviedo viene a la historia al mismo tiempo que el imperio carolingio, otro de los creadores de Europa»(13).

Pero no será , de entre los enclaves surgidos de la España visigoda, el reino asturiano, el único en usar como lábaro y emblema de combate de la reconquista el símbolo de la cruz patada, también en Aragón se repite un proceso restaurador semejante al asturiano, y además la imagen con que tradicionalmente se representa  esa cruz en monedas y demás emblemas es de cruz griega con brazos trapeciales y enmanganado, un pequeño astil para empuñadura. Símbolo que se perpetúa en el actual escudo heráldico del reino de Aragón junto a cuatro cabezas de moro cercenadas y ensangrentadas, histórico emblema que cuando esto escribo, los representantes parlamentarios  aragoneses trabajan por eliminar, siguiendo el ejemplo del cabildo de Santiago, que renegó publica y vergonzosamente hace unos años de su santo patrón, Sant Yago Matamoros, patrón de la caballería neovisigótica en su lucha contra el invasor musulmán quien según la leyenda también portaba una cruz de similares características, emblema de una  importante Orden Militar castellana.

 

De igual forma es la cruz de Sobrarbe. «Todos ellos testimonios evidentes de lo enraizada que estuvo en toda la España cristiana la tradición visigoda, y como todos los focos de reconquista buscaban restablecer ese mismo lábaro que por una parte testimoniaba su fe ante el invasor y por otra justificaba su legalidad encadenándose a lo visigodo» (14).

 

Terminando con Gonzalo Menéndez Pidal recordemos que «La cruz como lábaro del ejército real fue adoptada por reyes de Asturias y Aragón (utilizada como emblema de León hasta el siglo XII y por Castilla hasta el XIII). Para ello hay que admitir una mínima continuidad, pues sólo los visigodos entre todos los pueblos germánicos, habían tenido la cruz por insignia; y el que las huestes asturianas se lanzasen al combate bajo el mismo estandarte de los ejércitos reales del Toledo visigótico, habla bien a las claras de cómo en Oviedo alentaba un ansia de continuidad. Las minuciosas rúbricas del Liber Ordinum seguían rigiendo las ceremonias con que en el aula regia del Naranco, a las afueras de Oviedo, se despedía al ejército reconquistador, igual que antes de la invasión musulmana habían regido la despedida del ejército hispanogodo en la basílica pretoriana de los arrabales toledanos.

 

Por eso Alfonso III traerá de su campaña toledana como preciado botín, una cruz con su lignum crucis; tal fue el lábaro de los reyes godos y tal reliquia había de constituir ahora el alma del regio lábaro alfonsí. Por eso, la cruz acabará figurando en Asturias (y por ende en León, Castilla, Aragón) como emblema real. Y por eso, según rúbrica visigótica se esculpirán protectoras cruces sobre regios palacios y fuentes. Porque en toda la vida de los renacientes reinos cristianos habrá constante deseo de mantener la peculiar tradición visigoda, y conforme prescribe el viejo Liber ordinum se seguirán ofreciendo coronas a los altares, y conforme a las mismas rúbricas se seguirá asistiendo a los moribundos. Y no acabaremos de comprender los marfiles de San Millán si olvidamos esto, porque aún la pintura y la literatura románica de los siglos XII y XIII seguían recordándolo.

 

Recordemos nosotros por tanto, ahora, como la Reconquista empezó siendo una empresa sentida como guerra visigótica, guerra con la que se deseaba restablecer la continuidad de una tradición toledana, y donde no se daba otra variante sino la de que antes del 711 los españoles impetraban de Dios» (15).

 

Los hijos del primitivo reino visigótico de Asturias, organizados luego en León y posteriormente en Castilla, como también los no menos originalmente visigodos de Aragón, Navarra y Cataluña, siguieron utilizando años después la cruz visigoda como lábaro en la Reconquista  europea de la península ibérica, constatando orgullosamente con ello al modo germánico cuales eran sus gloriosos orígenes, y cuales sus objetivos. La cruz fue sustituida por leones y castillos, las ceremonias y escritura visigótica fueron tenazmente abolidas por las autoridades religiosas desgotizadas, aunque no muchos otros modos y costumbres bien arraigadas en la población hispano-goda, pero las viejas piedras de los templos, los antiguos estandartes y las armas de los guerreros que hicieron posible la recuperación de la tierra que había sido del reino de Toledo  mantuvieron bien visible para el que quisiera verlo, cuales y de que origen fueron los símbolos que animaron la Reconquista. Símbolos que todavía hoy, ocultos entre la confusión y el olvido, nos muestran un legado y una herencia que algún día habrá que recuperar, para poder iniciar una cada vez más necesaria nueva Reconquista.

(1) Menéndez Pidal  Gonzalo. El  lábaro primitivo de la reconquista. En Varia Medievalia I. Real Academia de la Historia. Madrid 2003

(2) Menéndez Pidal. op.cit.

(3)La pesa, Rafael .Historia de la lengua española. Madrid 2001.

(4)García Volta, G. El mundo perdido de los visigodos. Ed.Bruguera. Barcelona 1977

(5)VV.AA. Historia del Arte. La Edad Media. Alianza Editorial. Madrid 2004.

 (6) Citado por, José Ignacio Gracia Noriega en Don Pelayo, el rey de las montañas. La esfera de los libros. Madrid 2006

(7) Besga Marroquín A., Orígenes hispano-godos del reino de Asturias. Oviedo 2000

(8) ) Citado por, José Ignacio Gracia Noriega en Don Pelayo, el rey de las montañas

(9) Besga Marroquín, A. op.cit.

(10) Menéndez Pidal. op.cit.

(11) Menéndez Pidal. op.cit.

(12) Avilés, Tirso de. Armas y linajes de Asturias y antigüedades del principado.Grupo Editorial Asturiano. Oviedo 1991El  águila  como figura heráldica aparece en los blasones de los linajes Portal, Moran, junto con la cruz, Busto, Pedrera, Fonfría, Estrada, Junco, Moniz, Riaño etc. Mientras que la cruz es pintada en las armas deAlfonso, Somonte, Cifuentes,Ordóñez, Caso, Noriega, Hevia «que no tienen sangre mezclada» o Ribero.

(fuente: Tirso de Avilés).

(13) Citado por, José Ignacio Gracia Noriega en Don Pelayo, el rey de las montañas. La esfera de los libros. Madrid 2006

 (14) Menéndez Pidal, G.

 (15) Menéndez Pidal, G.

lundi, 01 février 2010

Symbolisme du faucon: protecteur du Pharaon

Dr. Karlheinz WEISSMANN :

Symbolisme du faucon : protecteur du Pharaon

 

faucon-crecerelle-443.jpgParmi les découvertes archéologiques de première importance, en cette année nouvelle, nous avons celle qui a retrouvé une tombe égyptienne, vieille de 2500 ans, à proximité de la pyramide de Sakkara. Le site a été daté de l’époque de la vingt-sixième dynastie (de 664 à 525 avant J. C.) et comprend plusieurs couloirs et chambres, d’où l’on a exhumé des squelettes, des fragments d’argile et d’autres reliques mais surtout des faucons momifiés.

 

La momification d’animaux sacrés avait un rôle important dans l’Egypte antique. On avait déjà découvert en grand nombre des chats, des crocodiles et des singes embaumés. Dans ce contexte, le faucon revêt une grande importance car il est l’animal symbolique du dieu solaire Râ et le protecteur du Pharaon. De même, dans le Rig-Veda, le faucon est assimilé à l’astre solaire et c’est lui qui apporte le breuvage sacré, le soma, au dieu Indra. Chez les Incas  —« fils du soleil »—   dans le Pérou ancien, le faucon est considéré comme un ancêtre mythique. Sinchi, deuxième souverain connu de l’empire inca, a pour surnom « Roca », ce qui signifie « faucon ». Pour le premier Inca, le terme « Roca/faucon » constitue même le nom principal.

 

On affirme la même chose pour la dynastie hongroise des Arpads, qui font remonter leur ascendance au faucon légendaire « Turul ». C’est un résidu archaïque qui nous est parvenu jusqu’à notre époque médiévale, sans que l’on en comprenne la véritable importance. En Europe, le faucon, en tant qu’animal symbolique, n’a joué qu’un rôle secondaire. Georg Scheibelreiter, dans son ouvrage de référence sur l’héraldique, explique cela par les conceptions ambivalentes liées au faucon dans le monde de la chevalerie. Dans le « Minnesang » allemand, le faucon est le symbole de l’amoureux : il est leste, agile, noble, susceptible et rapide, mais, simultanément, indomptable et imprévisible ; il est aussi le faucon de chasse, dont la présence est indispensable à toute vénerie royale, où il est symbole de soumission et de fidélité. Avec ses attributs habituels, la cape, l’anneau au cou et la chaine, il n’était pas l’animal approprié de l’héraldique car, en ce cas, il aurait dû inspiré la crainte. Sur les écus, il figure donc rarement et quand on l’y trouve, c’est généralement en position assise, les ailes fermées, sans que l’on insiste sur le bec et les serres. C’est son parent de grande taille, l’aigle, qui prend souvent la place d’honneur en héraldique, où on le présente généralement dans une posture agressive.

 

Il faudra attendre le 19ème siècle pour que l’ambivalence attachée au faucon se perde ; ainsi, en suivant un modèle allemand antérieur, le mouvement de gymnastique tchèque adopte le nom de « sokol », « faucon ». Les « Sokol » étaient nationalistes tchèques, se réclamaient en partie de l’héritage des Hussites de médiévale mémoire, option impliquant l’anticléricalisme, le libéralisme et le démocratisme mais aussi le panslavisme, ce qui explique pourquoi des mouvements « sokol » équivalents virent rapidement le jour en Pologne, en Croatie, en Serbie et en Slovénie. Des émigrants emmenèrent l’idée avec eux en Amérique. En 1920, la minorité sorabe en Allemagne fonde à son tour un « sokol ».

 

Le mouvement « sokol » avait un caractère nettement paramilitaire, ses membres portaient l’uniforme et défilaient derrière des drapeaux à fond rouge sur lesquels figurait un faucon blanc ou en couleurs naturelles, les ailes déployées. Nous avons donc affaire, ici, à un faucon symbolique, mais que l’on ne retrouve comme tel que dans les pays slaves, par ailleurs de manière isolée, car, en tant qu’emblème, il n’apparaît que pour les organisations de jeunesse.

 

En Allemagne, la symbolique politique ne le reprend que rarement : dans les mouvements nationalistes / folcistes (völkisch), nous trouvons les « Adler und Falken » (« Aigles et faucons ») et, chez les socialistes de gauche, les « Falken » (« Faucons »), ou, chez leurs équivalents autrichiens et belges, les « Faucons rouges ». Ces groupes de la gauche socialiste sont nés à l’époque de la République de Weimar et ont joué un certain rôle politique jusqu’à nos jours ; leur emblème montre, comme leur nom l’indique, la silhouette d’un faucon rouge sur fond blanc.

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Par ailleurs, on utilise le terme « faucons » pour l’opposer aux « colombes » des pacifistes et des partisans du désarmement. Les « faucons » sont devenus synonymes de « hardliner », de partisans de la ligne dure, dans le jargon des luttes politiciennes actuelles. Mais cela ne changea rien à la marginalité du faucon dans l’univers des animaux symboliques. Les Européens seront dès lors étonnés d’apprendre que dans les régions d’Afrique du Nord et du Proche-Orient, imprégnées par l’islam, le rapace de l’espèce faucon a pu garder toute son importance symbolique. Certes, l’Egypte l’a à nouveau ôté des armes de l’Etat (pour le remplacer par l’aigle de Saladin) mais il demeure encore aujourd’hui la principale figure animale dans les symboles de la souveraineté en Libye, aux Emirats Arabes Unis, au Koweït et en Syrie. Dans ces pays, plus personne ne fait évidemment le lien entre le faucon et l’empire des Pharaons ou le dieu solaire Râ mais avec l’emblème légendaire des Qurayshites, la tribu dont serait issu le Prophète Mohammed.

 

Dr. Karlheinz WEISSMANN.

(article paru dans « Junge Freiheit », Berlin, n°3/2010 ; trad. franc. : Robeert Steuckers).

dimanche, 03 janvier 2010

Le nombre "5" dans la tradition indo-européenne

Alberto LOMBARDO :

Le nombre « 5 » dans la tradition indo-européenne

 

Le nombre 5 est un nombre important, tant pour son symbolisme que pour son étymologie : les deux registres se complètent d’ailleurs parfaitement. Selon les reconstructions opérées à l’unanimité par les linguistes, le terme, qui désigne le nombre « 5 », dérive d’une racine indo-européenne *penkwe, que l’on retrouve dans plusieurs aires linguistiques. Comme pour les autres nombres, on constate des formes différentes dans les différentes langues indo-européennes : l’irlandais « coïc » et le gallois « pimp » ; le gothique et le vieil haut allemand « fimf », le lituanien « penki » et le slave ancien « petr », le tokharien A « päñ », le tokharien B « pis », le latin « quinque » et l’ombrien « pumpe » (nas) ; le grec antique « pente », l’arménien « hing » ; le persan avestique « panca » et le sanskrit « panca » dérivent tous de cette unique racine phonétique, qui, selon une interprétation, serait composée de *pen et de *-kwe ; cette dernière syllabe est un suffixe indiquant une conjonction copulative ou plutôt enclitique, c’est-à-dire qui se place à la fin d’une série de termes : ce type de conjonction est encore bien présente en latin, « -que » (ndt : dans la formule « Senatus populusque romanus »).

 

Ces précisions ne relèvent pas seulement de la simple curiosité philologique parce que c’est en réfléchissant sur la signification de ce *kwe/-que que l’on a pu émettre la théorie qu’aux temps archaïques les Indo-Européens comptaient non sur base décimale, comme nous le faisons aujourd’hui, mais sur la base du nombre 5 ; leurs calculs se terminaient donc par une expression pour désigner le nombre final, que nous devrions plutôt traduire par « et 5 », *penkwe / lat. : quinque - it : cinque. L’explication la plus simple est que cinq est le nombre des doigts de la main, sur base de laquelle on effectuait les calculs. Ensuite, le symbolisme du nombre cinq désigne aussi l’homme (le « microcosme ») ; ce chiffre, outre le nombre de doigts, représente aussi la somme de la tête et des quatre membres (ou des quatre extrémités des membres inférieurs et supérieurs, soit les mains et les pieds). Le pentacle ou pentagone, inscrit dans un cercle, fut l’un des symboles les plus prisés du pythagorisme car c’est sur une base de 5 que l’on accède à l’harmonie universelle de l’échelle d’or. On ne s’étonnera pas qu’un symbole aussi riche de signification ait été inversé, comme aujourd’hui, où l’on retourne le pentacle et où on le place pointe vers le bas, devenant ainsi l’emblème des divers groupes de « satanistes » dont bien peu comprennent la sens réel du symbole dont ils se sont emparé.

 

La fleur à cinq pétales indique la « quintessence » ; chez les rosicruciens, la rose à cinq pétales est placée toute entière dans une rose à huit pétales. En Inde, le nombre 5 revêt une importance particulière car il rappelle les couleurs primordiales et les sens de la perception, c’est-à-dire les éléments subtils et bruts. Dans la culture nordique antique (et dans d’autres cultures), le 5 est le nombre de l’équilibre puisqu’il est la somme de 2 et de 3, représentation de l’humain et du divin. L’homme et le divin, tout est dans le nombre 5 : ainsi le microcosme et le macrocosme, le haut et le bas.

 

L’étude des proportions et des équilibres de la main, liée étroitement au nombre 5, fait dire à Athanasius Kirchner (Musurgia universalis) : « De même, les éléments, les qualités, les tempéraments et les humeurs se maintiennent de manière constante en des rapports bien définis ».

 

Alberto LOMBARDO.

(article tiré de « La Padania », 23 juillet 2000 ; trad.. franc. : Robert Steuckers, décembre 2009). 

 

 

vendredi, 01 janvier 2010

Symbolisme du cochon chez les Indo-Européens

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Alberto LOMBARDO :

 

Symbolisme du cochon chez les Indo-Européens

 

Les termes pour désigner le porc domestique nous apprennent beaucoup de choses sur notre lointaine antiquité. Dans la langue italienne, il y a trois substantifs pour désigner l’animal : « maiale », « porco » et « suino » (en français : « suidé » ; en néerlandais :  « zwijn » ; en allemand : « Schwein » et « Sau »).  Le dernier de ces termes, en italien et en français, sert à désigner la sous famille dans la classification des zoologues. L’étymologie du premier de ces termes nous ramène à la déesse romaine Maia, à qui l’on sacrifiait généralement des cochons. L’étymologie du second de ces termes est clairement d’une origine indo-européenne commune : elle dérive de *porko(s) et désigne l’animal domestiqué (et encore jeune) en opposition à l’espèce demeurée sauvage et forestière ; on retrouve les dérivées de cette racine dans le vieil irlandais « orc », dans le vieil haut allemand « farah » (d’où le néerlandais « varken » et l’allemand « Ferkel »), dans le lituanien « parsas » et le vieux slavon « prase », dans le latin « porcus » et l’ombrien « purka » (qui est du genre féminin). Ces dérivées se retrouvent également dans l’aire iranienne, avec *parsa en avestique, terme reconstitué par Emile Benveniste, avec « purs » en kurde et « pasa » en khotanais. Quant au troisième terme, « suino », il provient de l’indo-européen commun *sus, dont la signification est plus vaste. La plage sémantique de ce terme englobe l’animal adulte mais aussi la truie ou la laie et le sanglier. Les dérivés de *sus abondent dans les langues indo-européennes : en latin, on les retrouve sous deux formes, « sus » et « suinus » ; en gaulois, nous avons « hwch » ; en vieil haut allemand « sus », en gothique « swein » (d’où l’allemand « Schwein »), en letton « suvens », en vieux slavon « svinu », en tokharien B « suwo », en ombrien « si », en grec « hys », en albanais « thi », en avestique « hu » et en sanskrit « su(karas) ». Dans la langue vieille-norroise, « Syr » est un attribut de la déesse Freya et signifie « truie ».

 

Comme l’a rappelé Adriano Romualdi, « le porc est un élément typique de la culture primitive des Indo-Européens et est lié à de très anciens rites, comme le suovetaurilium romain, ainsi que l’attestent des sites bien visibles encore aujourd’hui ». Les Grecs aussi sacrifiaient le cochon, notamment dans le cadre des mystères d’Eleusis. Chez les Celtes et aussi chez les Germains (notamment les Lombards), nous retrouvons la trace de ces sacrifices de suidés. Le porc domestique est de fait l’animal le plus typique de la première culture agro-pastorale des pays nordiques. Parmi d’autres auteurs, Walther Darré nous explique que cet animal avait une valeur sacrée chez les peuples indo-européens de la préhistoire et de la protohistoire : « ce n’est pas un hasard si la race nordique considérait comme sacré l’animal typique des sédentaires des forêts de caducifoliés de la zone froide tempérée (…) et ce n’est pas un hasard non plus si lors des confrontations entre Indo-Européens et peuples sémitiques du bassin oriental de la Méditerranée, la présence du porc a donné lieu à des querelles acerbes ; le porc, en effet, est l’antipode animal des climats désertiques ». Il nous paraît dès lors naturel que les patriciens des tribus indo-européennes, lors des cérémonies matrimoniales, continuaient à souligner les éléments agraires de leur culture, en sacrifiant un porc, qui devait être tué à l’aide d’une hache de pierre ».  Nous avons donc affaire à un sens du sacré différent chez les Indo-Européens et chez les Sémites, qui considèrent les suidés comme impurs mais qui, rappelle Frazer, ne peuvent pas le tuer ; « à l’origine, explique-t-il, les juifs vénéraient plutôt le porc qu’ils ne l’abhorraient. Cette explication de Frazer se confirme par le fait qu’à la fin des temps d’Isaïe, les juifs se réunissaient secrètement dans des jardins pour manger de la viande de suidés et de rongeurs selon les prescriptions d’un rite religieux. Ce type de rite est assurément très ancien. En somme, conclut Romualdi, « la familiarité de la présence de porcins est un des nombreux éléments qui nous obligent à voir les Indo-Européens des origines comme un peuple des forêts du Nord ».

 

Dans sa signification symbolique, le porc est associé à la fertilité et son sacrifice est lié à la vénération due aux dieux et à la conclusion des pactes et traités. Avec la prédominance du christianisme dans l’Europe postérieure à l’antiquité classique, le porc a progressivement hérité de significations que lui attribuaient les peuples sémitiques, notamment on a finit par faire de lui le symbole de l’impudicité, des passions charnelles, de la luxure, avant de l’assimiler au diable. Dans la Bible, en effet, le « gardien de cochons », image de l’Indo-Européen agropastoral des premiers temps, est une figure méprisée et déshonorante, comme le fils prodigue de la parabole, réduit à garder les porcs d’un étranger.

 

Alberto LOMBARDO.

(article paru dans « La Padania », 30 juillet 2000 ; trad. franc. : Robert Steuckers, décembre 2009).

Le Who's who de la mythologie indo-européenne

olympians.jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1999

Le Who's who de la mythologie indo-européenne

 

Patrick CANAVAN

 

«Tous les peuples qui n'ont plus de légendes seront condamnés à mourir de froid»

Patrice de la Tour du Pin

 

L'Europe contemporaine a une dette immense à l'égard de la mythologie païenne, à commencer par son nom. Aimée de Zeus, la belle et blanche Europe, fille d'Agénor, roi de Phénicie, donna son nom à notre continent après avoir fait trois fils au roi des dieux: Minos, Rhadamante et Sarpédon. Le moindre de nos fleuves, la moindre de nos montagnes portent généralement le nom d'une divinité archaïque. Comme en Europe, toutes les renaissances sont toujours des recours au vieux fonds pré-chrétien (la Renaissance italienne, le Romantisme allemand, etc), on voit que la connaissance de cet héritage ancestral s'impose à quiconque entend construire quelque chose de durable.

 

Le mérite principal du beau Dictionnaire des mythologies indo-européennes  que les éditions “Faits et Documents” viennent de publier est justement d'offrir au lecteur non spécialiste, à l'homme cultivé d'aujourd'hui, un outil de travail permettant de “surfer” à travers les mythologies, de l'lnde à la Baltique, de l'Ecosse à la Mer Noire. C'est la première fois que cet exercice hautement excitant pour l'esprit est possible. Grâce à Jean Vertemont, indianiste et informaticien, collaborateur de la Revue d'Etudes Polythéistes Antaios, nous pouvons déambuler au milieu des mythes, des dieux et des héros de nos origines. La structure intelligente de son superbe livre permet, grâce aux renvois systématiques, de faire le lien avec les diverses correspondances. Prenons un exemple: Odhinn, Père de tous, Ase aux corbeaux, renvoie à Varuna, ce que savent les lecteurs de Dumézil, mais pas nécessairement les non spécialistes, les curieux. A lire le Dictionnaire  de Vertemont, on se prend vite au jeu fascinant des liens et des correspondances et, surtout, l'unité fondamentale de la Weltanschauung  indo-européenne apparaît de façon lumineuse. Le lecteur attentif ressentira rapidement une curiosité, une réelle solidarité pour les mythologies balte, scythe ou irlandaise généralement moins connues.

 

Ce dictionnaire est le premier du genre, d'où quelques menues imperfections (coquilles, imprécisions mineures), mais on n'oubliera pas que l'auteur a fait tout le travail en solitaire et qu'il a travaillé près de trente ans à cet ouvrage de référence, déjà incontournable. Dans une préface subtile, Jean Vertemont montre parfaitement l'importance du socle païen dans l'imaginaire européen. Son retour aux sources est une saine réaction contre toutes les monstrueuses idéologies de la table rase, qui sont à la base de tous les totalitarismes, dont l'utopie communiste, sans aucun doute le mythe le plus sanglant du XXème siècle avec ses cent millions de morts. Il est vrai que le libéralisme ploutocratique pratique lui aussi la table rase: en nous faisant oublier nos racines, grâce aux techniques de brouillage mental propres à la modernité (concerts de rock, vidéos irréelles, culte de la consommation et de la performance imbéciles, désinformation systématique, etc), il nous prive de tout avenir. L'abrutissement télévisuel, la censure des médias, la crétinisation de masse via les “loisirs”, tout cela concourt à noyer les identités dans un nouveau chaos, que l'apologie du métissage vient évidemment couronner: c'est la grande partouze planétaire annoncée par Guillaume Faye. Or, la souveraineté authentique, celle que nos ennemis tentent d'annihiler, a pour préalable obligé une claire conscience de son héritage: la Chine, le Japon, l'lnde en sont de bons exemples. Point de longue durée sans mémoire! Qu'attend l'Europe pour reconstituer son axe et pour affirmer sa volonté? La connaissance approfondie des structures des mythologies indo-européennes n'est donc pas un exercice gratuit réservé à quelques poètes ou à des rêveurs sans prise sur le réel.

 

Vertemont montre bien que les mythes archaïques nous enseignent l'essentiel, nous ouvrent des portes sur des domaines inconnus ou refoulés. Par exemple, au principe d'exclusion (un mot à la mode!) typique des religions monothéistes et dualistes, les paganismes indo-européens préfèrent le principe d'inclusion, nettement plus riche et harmonieux. Or, la multiplication des maladies dégénératives est clairement liée à une grave rupture avec les rythmes cosmiques, que la modernité, dans son désir fanatique de tout nier, de tout “démystifier”, a ignorés. Vertemont exprime bien une vérité très profonde, à savoir que le paganisme est bien plus qu'un stade primitif de notre conscience, mais bien le stade premier... et qui n'a rien de primaire. Ecoutons-le un instant: «Le Dieu unique, régnant sur le monde comme un banquier sur ses débiteurs, est devenu le moteur d'une pandémonie égalitaire de l'échange et de l'interchangeabilité, processus qui n'a pas encore atteint son terme. Que le résultat soit un totalitarisme dur ou un totalitarisme mou, il s'agit immanquablement d'une conséquence de la normalisation monothéiste, et de ses corrélats: l'expulsion de l'âme par le désenchantement du monde, l'universalisation par la raison, l'ethnocentrisme, l'homogénéisation par la domestication des âmes, des esprits, et bientôt des corps».

 

Ce somptueux dictionnaire n'est donc pas un livre de plus à ranger religieusement dans sa bibliothèque sans l'avoir réellement lu: il s'agit d'un instrument de travail, non pas un simple travail d'érudition, tout compte fait secondaire, mais bien d'un travail sur soi. Un travail, souvent douloureux, de redécouverte d'une identité première, antérieure à la coupure judéo-chrétienne (l'an “zéro” dont nous fêterons bientôt les deux millénaires: 2000 ans d'imposture et de malentendu). Telle est la quête païenne: être païen aujourd'hui ne consiste pas à arborer de volumineux marteaux de Thor! Mais bien à rentrer en soi, à se reconstruire, étape préalable à toute action sur le monde. Dans un entretien très dense accordé à la revue païenne Antaios  (n°12, solstice d'hiver 1997), Jean Vertemont nous propose sa définition des dieux du paganisme moderne: «Les Dieux sont des agencements de symboles qui acquièrent de ce fait la qualité de condensateurs de forces ou d'énergies primordiales. Ces forces sont opératives si l'on dispose des formes correctes pour les appréhender et les mettre en action». Son beau livre est fondamental pour la renaissance d'un courant païen qui ne se satisfait pas de pitreries ou d'idéologie: Vertemont convie les esprits libres à se retrouver et à créer.

 

Patrick CANAVAN.

 

Jean VERTEMONT, Dictionnaire des mythologies indo-européennes, Faits et Documents, BP 254-09, F-75424 Paris cedex 09, 365 FF. «Entretien avec J. Vertemont (Les Dieux des Indo-Européens)», cf. Antaios  n°12 (168 rue Washington, B-1050 Bruxelles, 110 FF ou 600 FB).

 

jeudi, 24 décembre 2009

Symboles: du monde païen au monde chrétien

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Archives de SYNERGIES EUROPPEENNES - 1999

 

SYMBOLES, DU MONDE PAïEN AU MONDE CHRETiEN

 

Marie BRASSAMIN

 

Depuis la nuit des temps, l'homme use de symboles: les dessins rupestres sont symboles religieux et non, comme on l'a cru longtemps, des fresques narratives. La symbolique évolue en fonction du degré de la civilisation: on peut distinguer quatre étapes qui se chevauchent et/ou coexistent.

 

1) Le symbole matérialise un concept philosophique ou religieux inaccessible autrement au commun des mortels. En général, le symbole est inclus dans une narration, mythe, conte, légende, épopée...

 

2) Le symbole représente une chose concrète ou abstraite et se substitue à elle par souci de poésie (neige et vieillesse), par pudeur ou tabou (avoir la puce à l'oreille), par similitude de forme (ventre et grotte), par recouvrement de caractère (rat et avarice)...

 

3) Le symbole masque une vérité que l'on ne veut pas ou que l'on ne peut pas exprimer en clair: ésotérisme (alchimie), sociétés secrètes ou sectes (franc-maçonnerie), politique, psychanalyse...

 

4) Le symbole permet les jeux de mot, sur les armes (Hugues Capet, abbé de Senlis, élu roi, pris pour écu un semis de lys  —cent lis—  sur champ d'azur  —le fleuve—); les rébus, le pictionary (contraction de picture et dictionary).

 

La deuxième série permet d'obtenir quelques renseignements sur les mœurs, la troisième est inexploitable sauf par les personnes concernées directement, la quatrième catégorie, un temps utilisée pour favoriser l'éveil des enfants à leur langue matemelle, a été abandonnée par suite de trop nombreuses confusions de sens et d'orthographe.

 

Universalité des symboles philosophiques

 

Les symboles philosophiques et religieux sont remarquables par leur universalité. Du Mexique au Danemark, du Japon à la France, de Chine en Australie, le même animal, la même plante expriment la même idée. Aucune explication rationnelle ne peut être avancée sinon l'observation: mais est-ce vraiment une explication? En effet, à partir d'une même observation, il est possible d'entreprendre différentes études qui déboucheront sur des enseignements différents; or, les anciennes civilisations ont une sorte d'uniformité de vue! Ces symboles, dont certains remontent au néolithique, ont été repris ou absorbés par la religion chrétienne, mais, l'Europe seule est réellement concernée car, la christianisation de l'Amérique s'est faite par le vide (massacres importants, isolation des autochtones, non-souci de conversion); celle de l'Afrique n'a concerné que les zones non-musulmanes, les massacres furent politiques, et, du point de vue religieux, les idoles ont cédé le pas aux rituels (“Gospel” par exemple); en Asie, comme dans le monde islamisé du temps passé, il y a eu coexistence (pas forcément pacifique) des anciennes religions et de la nouvelle.

 

Sanctuaires mariaux et déesses-mères païennes

 

D'une facon générale, on remarque que les sanctuaires mariaux les plus importants se situent sur les zones d'influence d'une déesse païenne: Lourdes et la Vénus de Cauterets, et, plus troublant, les régions ayant opté pour le protestantisme sont les aires de tribus guerrières où les femmes ne jouaient aucun rôle dans l'organisation sociale (épouses et mères seulement), alors que les pays actuellement catholiques et fortement attachés à la Vierge furent des nations dévouées à une déesse-mère toute puissante (Maeva en Irlande).

 

Le nomadisme et le fractionnement en petites unités sociales ont aussi joué un rôle dans l'essaimage des symboles et leur amalgame au christianisme. Jusqu'en l'an 500, les mouvements migratoires répondent à des impératifs alimentaires plus que conquérants, même si l'on se bat souvent. Si, durant une période de 30 à 50 ans aucune épidémie ou catastrophe naturelle ne décimait la tribu, il y avait surpopulation, d'où nécessité d'éliminer le surnombre d'individus par un départ concerté. Pour accroître les chances de survie des exilés, plusieurs tribus regroupaient leurs migrants, et se mettait en marche une horde qui, en cours de route, s'augmentait souvent. Chaque groupe avait son langage, ses dieux, ses coutumes, mais, chemin faisant, progressivement et inconsciemment, tout cela se mêlait. Ils allaient ainsi, parfois en un voyage de plusieurs décennies, jusqu'à ce qu'ils trouvent une terre vierge pouvant les nourrir: partis des Monts de Thuringe vers la Pologne puis la Biélorussie, descendant vers l'Ukraine pour revenir sur leurs pas par la Slovaquie, la Hongrie, atteindre la vallée du Rhône, la descendre, suivre la côte méditerranéenne jusqu'à l'Andalousie, tel fut le périple des Wisigoths d'Espagne! (Une partie de la troupe s'installa sur une bande de terre de l'Italie du Nord à la Croatie actuelles, en gros). Au terme du voyage, ceux qui étaient partis étaient morts en route, ceux qui arrivaient ne savaient pas leur origine, la culture initiale s'était diluée au contact d'autres cultures (haltes, compagnons de voyage, unions...); le temps est facteur d'oubli.

 

Le CYGNE:

Sous la forme de cet oiseau, Zeus féconda Léda. Dans la Grèce antique, le cygne n'est pas un animal local, mais, le pays est situé sur un axe de migration: les gens ont pu voir un animal, fatigué ou blessé, lors d'une pause. La rareté, la beauté ont fait naître l'idée de l'associer à Zeus. Sur l'axe de migration, en Europe centrale, les devins étudiaient le vol des cygnes pour en tirer un présage pour l'année nouvelle (qui commençait au printemps). Pour les peuples familiers des cygnes, plus que la grâce et la blancheur, le fait marquant était sa disparition durant les mois de froidure. Il devint donc symbole de pureté et de jeunesse: de nombreuses légendes mettent en scène des hommes-cygnes (Lohengrin en Allemagne; Andersen d'après des traditions orales, au Danemark;...). Il est à noter que le cygne est associé à une femme (épouse, sœur) mais que la femme elle-même n'est que rarement cygne.

 

Ces légendes orales ont atteint des régions où le cygne est très rare, voire inexistant, il a donc été remplacé logiquement par l'oie et le canard. L'oie était associée au dieu Mars dans la Rome antique (les oies du Capitole). Sequana est représentée debout, un canard dans ses bras ou à ses pieds: le long de la vallée de la Seine, il existe plusieurs représentations de la Vierge au canard, (av. le XIIième siècle). Très tôt, les tribunaux ecclésiastiques, (l'Inquisition), se sont élevés contre cette imagerie: le canard a toujours joui de mœurs sexuelles douteuses, contre sa volonté sûrement!!! Extrait d'un texte religieux du XIIième, en français moderne: «L'oie est un animal blanc extérieurement, mais sa chair est noire; Notre Seigneur l'a mise parmi les hommes afin qu'ils ne se laissent pas duper par ces faux croyants dont l'apparence de pureté cache l'âme la plus noire; la Très Glorieuse Mère de notre Sauveur ne saurait être représentée au côté de cet animal ou de tout autre lui ressemblant». Le rapport cygne-pureté ou cygne-protection divine est aussi linguistique. Au VIième siècle, on constate dans des traductions latines, un glissement entre Algis = cygne et Hal ghis  = protection du sanctuaire (actuelle Allemagne). Plus tard, le gothique oublié, pour garder cette association, on liera étymologiquement swen = blanc et sunn = soleil (mot féminin) (XIième).

 

Le SANGLIER:

Lui aussi est un animal courant et va englober dans sa symbolique la laie, le cochon et la truie. Dans la Grèce, la mythologie représente le sanglier comme instrument des dieux: il est tueur ou tué selon que le héros a été condamné par les dieux ou testé (Héraclès, Adonis, Attis...). Le sanglier était attribut de Déméter et d'Atalante. Dans les cultures germano-nordiques, il est attribut de Freya, et Frey, son frère, a pour monture un sanglier aux poils d'or. C'est peut-être Freya qui est devenue en terres erses et celtiques la déesse Arwina, figurée avec un sanglier, et qui, en France, a donné son nom aux Ardennes et à l'Aude, ainsi que divers prénoms: Aude, Audrey, Aldouin, Ardwin... En outre, en Irlande et en France, le sanglier représente symboliquement la classe des druides et, plus tard, les prêtres: il figure à ce titre sur un des chapiteaux de la basilique de Saulieu —21—. Parce que lié à la fécondité, de nombreuses légendes mettent en scène des héros élevés par des suidés; parce que lié à la force mâle, sa chasse fut longtemps initiatique.

 

L'Eglise a tenté d'intervenir, mais sans succès cette fois, pour quatre raisons essentielles:

1) trop répandus, sangliers et porcs sont une ressource alimentaire importante; la peau, les défenses, les ongles, les os... tout ce qui n'est pas mangeable sert à l'artisanat utilitaire;

2) il est associé à trop de saints populaires: Antoine, Emile, Colomban...;

3) mettre l'interdit sur les porcs serait avoir la même attitude que les juifs,

4) en Allemagne, il y eut confusion étymologique entre Eber = sanglier et Ibri, ancêtre mythique des Hébreux et donc du Christ, parfois représenté sous forme de sanglier (à Erfurt notamment).

 

Le CERF:

Le dernier élément du bestiaire symbolique que je présente est le CERF (élan, renne, chevreuil, daim...). «Au pied de l'Arbre du Monde, quatre élans broutaient...», ainsi commence la légende germano-nordique. La Bible, Cantique des Cantiques, développe l'association femme-gazelle, laquelle correspond très exactement à l'association femme-biche. Héraclès chasse la Biche aux Pieds d'Airain tandis qu'Artémis se promène dans un char tiré par quatre biches. De nombreuses légendes mettent en scène des femmes-biches: Ossian en Irlande, naissance de la Hongrie... Gengis Khan serait né d'une biche et d'un loup! La biche, sous son apparente douceur, reste un animal inquiétant, toujours doté de pouvoirs magiques: fée ou sorcière se transformant ou innocente victime d'un maléfice.

 

Les mâles, par contre, sont symboles de force et de courage, image issue de tribus où la chasse est vitale. Leur ramure est associée aux rayons du soleil: le dieu celte Esus porte une ramure de cerf. C'est ce rapport qu'il faut voir dans le char (symbole solaire également) du Père Noël, tiré par des rennes (solstice d'hiver). Quant aux cornes des cocus, elles sont historiques et honorifiques! Lorsque les rois, puis empereurs, de Byzance prenaient pour favorite, concubine ou maîtresse une femme mariée, des cornes d'or étaient apposées sur la façade de la maison de l'époux, en signe de haute distinction. L'Eglise a tenté de gommer ces cerfs gênants parce que trop païens, sans plus de succès qu'avec les sangliers, parce que:

1) le cerf était un gibier noble, uniquement chassé par les nobles et le dévaloriser était s'attaquer à la force politique et militaire;

2) de ce fait, ils étaient, aux yeux du peuple, nobles et sacrés (peine de mort pour le manant qui abattait un cerf);

3) trop de saints populaires l'avaient pour attribut: Hubert, Meinhold, Oswald, Procope...

 

Cependant, le travail de sape des ecclésiastiques a donné un résultat inattendu, l'expression “couard comme un cerf”, en dépit du bon sens.

 

De la symbolique des plantes

 

Pour la symbolique des plantes, la signification est plus ciblée, car, jusqu'au XVIIIième siècle, la classification n'existait pas, et, deux plantes voisines peuvent être dissemblables alors que deux plantes sans parenté peuvent se ressembler. La situation géographique, climat et géologie, influe plus sur les plantes que sur les animaux. Enfin, une plante est statique, et frappe moins l'imagination qu'un animal. Donc, les plantes symboles sont médicinales ou comestibles, avec une restriction: nous devons garder à l'esprit que durant plusieurs millénaires la plante-mère a évoluée par sélection naturelle ou intervention humaine (l'épeautre a une action bénéfique sur le système nerveux que le blé n'a pas).

 

Le CHARDON:

Le CHARDON, plante médicinale (il en existe plusieurs variétés), et légume en période de disette (avant l'artichaut ou en son absence), a frappé l'imagination parce qu'il pousse dans des conditions extrêmes (terrain pauvre, résistance aux chaleurs et aux froidures)... Il a donc été symbole de la résistance à l'oppresseur (en Ecosse) et étalé sur les portes ou posé sur les cheminées pour chasser les mauvais esprits. Le chardon acaule s'ouvre ou se resserre en fonction du taux d'humidité de l'air: ne sachant à quoi attribuer ces mouvements de corolle, certains peuples l'utilisèrent comme oracle: on posait une question au chardon et on revenait le lendemain, si le chardon était ouvert la réponse était favorable. Il fut aussi symbole de la femme-mère protectrice du foyer en référence à la carde (qui servait à carder la laine). Les gnomes et autres esprits domestiques s'en servaient pour punir (mis dans les litières, paillasses, chaussures...) ou pour aider (carder, guérir...). Les ronces et le citronnier ne poussant pas partout, il fut Couronne d'Epines du Christ.

 

La TANAISIE:

La TANAISIE est un chrysanthème, qui, comme le chardon, se dessèche sans faner. De cette qualité d'immortelle et de sa couleur jaune, elle fut très tôt associée au soleil, d'autant qu'elle fleurit en été, puis, aux débuts de la christianisation, à la vie éternelle. L'odeur très forte qu'elle dégage dut être liée à des pratiques magiques avant que l'homme ne s'avise qu'elle éloigne bon nombre de “parasites” (avec plus ou moins d'efficacité): puces, poux, mouches, moustiques... La médecine progressant, de l'usage externe, on passa à l'usage interne, tisanes et décoctions vermifuges: l'Eglise suivit, et la tanaisie devint symbole de la foi missionnaire. Mais, en faire des bouquets que l'on pendait dans les étables ou les pièces d'habitation en fit, très tôt aussi, une fleur ornementale et le symbolisme y perdit sa force et sa valeur.

 

L'EGLANTINE:

L'EGLANTINE (et la rose), sont symboles de jeunesse inaltérable, de noblesse et de pureté; ces fleurs furent naturellement attributs de la Vierge; en Grèce, rattachées au mythe et au culte d'Adonis, elles expriment la métamorphose et la renaissance. Souvent représentées en quintefeuilles sur les écus, bas-reliefs, chapiteaux, linteaux, guirlandes..., ces fleurs font intervenir un autre type de symbole, plus profond peut-être, celui des chiffres: 5 = 3 + 2, c'est l'association du concept mâle (3) et du concept femelle (2).

 

Arbres-symboles

 

Très peu nombreux sont les arbres symboles paiens devenus symboles chrétiens: peut-être parce que dans l'esprit des hommes anciens il n'existait que deux types d'arbres, ceux que l'on pouvait utiliser (chauffage, construction, teinture, alimentation...) et ceux qui ne servaient à rien; les premiers étaient trop “matérialistes”, les seconds “inexistants” pour qu'ils aient valeur symbolique.

 

Le CHENE:

Cependant, le CHENE, par son aspect majestueux et la qualité de son bois s'est imposé. Il est toujours associé à un dieu majeur: Thor dans les civilisations nordiques, Donar en Allemagne, Perkunas en Lithuanie, Zeus en Grèce, Jupiter à Rome; arbre isolé représentant le dieu lui-même, bois sacrés ou forêts sanctuaires. Si, en Grèce le chêne était la demeure des dryades (nymphes), en Europe Centrale il se transformait en une sorte de sirène-vampire. Pour les chrétiens, il est symbole d'immortalité: le bois de la Croix fut longtemps en chêne! Le chêne sous lequel Saint Louis rendait la justice est sûrement plus symbolique qu'historique.

 

Le SAPIN:

Le SAPIN, a un parcourt plus tortueux et moins net. A l'origine, le pin noir est attribut d'un dieu ou déesse des batailles, sur une grande partie des pays nordiques et baltes: il était habituel de pendre les dépouilles (sauf le cadavre) des soldats vaincus aux branches de ces arbres; il est bien difficile de démêler le rite social du rite religieux d'un tel comportement, les deux étant probablement liés: image tangible de la victoire et offrande. Au moment de la christianisation de ces régions, cette pratique s'était effacée, mais, devaient subsister, de façon occulte, des “dons” à un arbre représentant une divinité, sortes d'ex voto. Par quelles arcanes de la mémoire collective cette coutume a-t-elle transitée? Car, ce n'est qu'au XIXième siècle que le Sapin de Noël (un épicéa, le plus souvent), a resurgi, les branches couvertes d'offrandes, mais associé au christianisme sans être élément religieux. Il faut noter que le “mai” a une autre origine, reprise par les “Rameaux”.

 

Les choses-symboles

 

Les choses symboles sont innombrables et surtout reflet de civilisation. Il nous est difficile, à nous, hommes modernes, d'imaginer ce que tel objet pouvait représenter pour les hommes anciens: un pot, c'est toujours un pot, un récipient pour cuire ou conserver. Il y a mille ans, un pot était signe d'aisance, objet utilitaire et précieux que l'on transmettait en héritage; c'était aussi la recherche de la meilleure argile, du décor; c'était encore l'angoisse de la cuisson dernière épreuve pouvant anéantir bien des heures de travail; c'était enfin l'image d'une famille réunie dans l'assurance d'un repas; c'était... peut-on savoir?

 

Le CŒUR:

Dans l'imagerie religieuse, sans cesse revient le CŒUR. Il était courant de prêter à ce muscle les qualités du cerveau, à ce point que, de nos jours, restent toute une série d'expressions qui en atteste: agir selon son cœur, va où le cœur te porte... Les premières formes d'écriture en Europe sont des idéogrammes dont certains subsisteront jusqu'au XIIIième siècle avec valeur de lettre (runes), d'autres disparaîtront: le cœur est de ceux-là. Il était symbole de la femme puisqu'il représente en réalité les organes génitaux externes stylisés, symbole étendu à tout ce qui est d'essence féminine, il est associé à la terre et au soleil, au cycle de reproduction et de culture. L'iconographie chrétienne en a largement usé et abusé comme représentation de l'Amour, siège des pensées et sentiments nobles... au point que le cœur dans tous ces états (sauf celui de viande!) s'étale depuis des siècles dans une certaine littérature qui fut tour à tour courtoise, galante, romanesque avant d'être rose, grivoise ou X!

 

L'ANCRE:

L'ANCRE n'est pas présente dans les anciennes cultures, et pour cause, c'est un objet récent. Sans que rien le laisse prévoir, l'ancre est apparue associée à la Vierge sur quelques représentations moyenâgeuses, sporadiquement et spontanément, puis est retombée dans l'oubli. Cette bizarrerie n'en est que plus suspecte, d'autant que les dites Vierges, en pied sur l'ancre, surgissent dans les terres, loin de la mer et des voies d'eau navigables: il faut y voir la transposition d'une déesse (Freya?) debout sur le marteau de Thor. Beaucoup plus tard, les mariniers reprirent cette image, en toute logique. Quant aux croix ancrées, il s'agit d'un système de fermeture de porte et non d'une ancre; les croix ancrées sont apparues tout d'abord sur les écus, dans les armes et signifiaient “je garde au nom du Christ”.

 

Le MARTEAU:

Puisque le MARTEAU est cité, autant signaler que lui n'a jamais quitté la symbolique païenne; Thor, juge impitoyable des guerriers, a transmis, tel quel, son instrument aux hommes contemporains: le marteau siège au tribunal! Avant d'être utilisé, également avec le sens de sentence rendue, par les commissaires priseurs, il servit, toujours avec ce sens, a entériner les mariages. Jusqu'à la Première Guerre mondiale, on pouvait trouver dans les campagnes françaises des “forgeux”: forgerons véritables qui, en plus de leur métier somme toute banal, chassaient les esprits; le malade (souvent névrosé ou psychotique) était étendu nu sur une table dans la forge; le “forgeux” abattait sur lui sa masse la plus effrayante et arrêtait son geste au ras de la poitrine ou du ventre. Ou on était débarrassé de toute psychose ou on devenait complètement fou de terreur!

 

Les premières sociétés humaines dressèrent des axes de vie ou axes du monde, symbole du lien des dieux avec les hommes. Sous différents aspects, ce symbole est universel et perdure: menhir, lingam, pyramide, totem, arbres ou pieux sculptés... La Croix et les cierges (avec la flamme en plus) sont chargés de ce sens.

 

L'évolution n'est donc que la prise de conscience des phénomènes et leur enrobage dans diverses enveloppes fournies par la société. Notre esprit est le même que celui de Lucy!

 

Marie BRASSAMIN.

 

 

mercredi, 04 novembre 2009

Les signes symboliques des monuments funéraires du Schleswig et de la Flandre

kerkhof4.jpgLes signes symboliques des monuments funéraires du Schleswig et de la Flandre

 

par Marc. EEMANS

 

(texte issu du Bulletin de l'Ouest, 1942, 17, pp. 196-197)

 

Le folkloriste bas-allemand, Freerk Haye Hamkens, que l'on connaît déjà par de nombreux travaux des plus intéressants dans le domaine de la «Volkskunde» de l'Allemagne du Nord, parmi lesquels nous citerons plus particulièrement «Das Nordische Jahr und seine Sinnbilder» et «Sinnbilder im Schleswiger Dom», vient de publier un nouvel ouvrage, dans lequel il nous expose toute sa science du symbolisme des signes traditionnels que l'on a coutume de graver depuis des temps immémoriaux sur les monuments funéraires.

 

Comme son titre l'indique (Sinnbilder auf Grabsteinen von Schleswig bis Flandern), le champ d'investigation du présent travail de Hamkens va des cimetières du Schleswig-Holstein, et plus particulièrement de l'île frisonne de Föhr, à ceux de l'agglomération bruxelloise. Partout Hamkens a soigneusement noté les signes symboliques conservés sur les tombes et il les a réunis dans son ouvrage en plusieurs catégories, essayant chaque fois de les grouper par genre et par familles. Pour chaque signe, Hamkens n'essaye pas seulement de déterminer la nature exacte du symbole relevé, mais encore de découvrir sa signification originelle qui diffère bien souvent du sens qu'on lui donne à l'heure présente, car «le but ultime, dirons-nous avec Hamkens, de l'étude des signes symboliques est, non seulement de relever le symbole comme tel, mais encore de déchiffrer sa signification ancienne et de trouver, si possible, les raisons qui ont présidé à sa signification actuelle. Certes, ce travail ne peut se faire en quelques mots, car le symbole étant quelque chose de vivant, ne se laisse pas enfermer dans un mot inerte. D'ailleurs, en tant que signe, il renferme en sa présence toute une série de significations, dont la connaissance est indispensable pour déchiffrer l'une de ses significations particulières».

 

Si pour certains symboles, tel le sablier, muni ou non de la faux fatidique, le symbolisme est clair; pour d'autres, au contraire, telle la main ou la couronne héraldique, le sens demeure obscur, et se prête à plus d'une conjecture.

 

Le même signe symbolique peut, d'autre part, avoir un sens totalement différent, selon qu'il sert à évoquer ou la mort, ou la vie. Il en est ainsi, par exemple, de la «main» que l'on trouve parfois, et cela depuis la préhistoire, sur certaines pierres funéraires, mais qui sert également de signe bénéfique, voire même de symbole de fécondité, comme l'affirment d'ail leurs, non sans quelque témérité, W.-F. Van Heemskerck-Düker et H.-J. Van Houten dans leur ouvrage consacré aux «Signes symboliques dans les Pays-Bas». Comment donc le passage a-t-il pu se faire de la «main», symbole funèbre, à la «main» en tant que signe bénéfique? Les explications possibles sont nombreuses cependant: il n'est également pas exclu que, même sur une tombe, la «main» figure aussi en tant que signe bénéfique notamment pour chasser les mauvais esprits qui pourraient troubler le repos du défunt.

 

Dans bien des cas également, les signes symboliques trouvent leur explication dans les coutumes ou le folklore général du lieu où on les relève. C'est ainsi, par exemple, que la couronne héraldique, figurant sur la tombe d'une jeune fille de 23 ans, rappelle la coutume de déposer une couronne virginale, c'est-à-dire l'ornement des épousailles, sur le cercueil de celles qui n'avaient pu s'en parer de leur vivant.

 

Partant de l'analyse des différents éléments qui ornent la pierre funéraire de l'évêque Nicolas 1er (1200-1216), qui se trouve au Dôme de Schleswig, Hamkens constate que les symboles qui ornent cette tombe (la croix, des palmettes et des signes solaires) relèvent de trois mondes totalement différents: le monde chrétien, le monde antique et le monde païen, et Hamkens de noter, dans son introduction, et cela non sans quelque raison: «Il est certes intéressant de noter que les signes que l'on retrouve encore de nos jours sur les pierres funéraires relèvent toujours d'un de ces trois mondes». «Comme signes chrétiens, écrit-il encore, il y a en tout premier lieu la croix, ensuite la croix et la feuille de palmier, ainsi que la composition faite de la croix, le cœur et l'ancre, en tant que symbole du groupe «foi-amour-espérance». Parfois aussi l'on trouve l'ancre seule, par allusion au passage des Psaumes: «J'ai trouvé enfin la terre qui éternellement retiendra mon ancre». Au même groupe, il faut rattacher les feuilles de palmier croisées, et la feuille de palmier seule. Il arrive qu'on évoque également la Jérusalem Divine, cependant que sur une tombe on voit également des mains sortant des nuages et se tendant vers la terre pour évoquer le fameux «laissez venir à moi les petits enfants». Comme il va de soi, il faut également rattacher au groupe chrétien les angelots et les têtes de Christ en porcelaine que l'on retrouve sur plus d'une tombe.

 

«Le monde antique n'a que fort rarement trouvé accès aux cimetières ruraux ou citadins, aussi peut-on dire que ce ne sont que les tombes des monarques, des nobles, des riches commerçants, des armateurs ou des savants qui sont pourvues de symboles empruntés au monde antique. Si ceux-ci, par hasard, sortent de leur sphère d'utilisation habituelle, ils sont aussitôt appelés à quelque symbolisme particulier, comme la Justice de telle tombe de l'île de Föhr, revêtue d'une crinoline du XVIIIe siècle. Quelques exceptions, comme la tombe du

«glücklichen Matthias» de Föhr, qui évoque la Fortune, se révèlent avec leurs inscriptions latines, comme un bien étranger à la tradition funéraire de nos contrées.

 

«Au troisième groupe appartiennent en premier lieu les attributs professionnels, comme ceux du menuisier, du maçon, du forgeron et du boucher, le moulin du meunier, ou le métier du tisseur de chanvre. Signalons plus particulièrement les images de vaisseaux sur les pierres tombales des cimetières de la côte, telles que celles que les grands navigateurs, les terre-neuviens, voire même les simples pêcheurs, avaient coutume d'en avoir, et cela en partie comme allusion à leur métier, et en partie comme symbolisation de l'ultime voyage. Un ancien marin devenu cultivateur n'hésitait également pas à croiser l'ancre et le sextant avec la gerbe de blé, pour rappeler les deux professions de sa vie».

 

«Ce troisième groupe se compose cependant surtout de signes, dont le rapport avec la mort et les funérailles n'est pas très évident; il en est ainsi du soleil ou du soleil levant avec un ou deux yeux, de la lune ou des étoiles, des oiseaux, des papillons, des serpents, des fleurs, des arbres ou de leurs branches, des ruches d'abeilles, des pommes, des couronnes, des losanges, des cœurs et des spirales. Tous ces signes se retrouvent seuls ou accouplés à d'autres signes du même groupe, ou à ceux de l'un des deux autres groupes. Ils sont toujours exécutés avec le plus grand soin et dominent généralement la pierre tombale, de telle manière que l'inscription funéraire n'est bien souvent plus que chose accessoire».

 

Il nous est hélas impossible de suivre ici, faute de place, Hamkens dans la description minutieuse de tous ces signes qui se font de plus en plus rares dans nos cimetières car la banalisation de la vie moderne et le détachement de plus en plus grand de nos contemporains des signes éternellement vivants qui nous lient à l'essence même de notre existence, y font également leurs ravages, au point que d'ici quelques décades, nos cimetières, à moins qu'un revirement ne se produise, seront devenus des lieux arides, dépourvus de tout contact avec les lois qui rythment la vie de l'homme et le font communier avec le principe de toutes choses.

 

Avant de terminer ces notes, trop brèves, en marge du beau livre de Hamkens, parfaitement édité par le «Deutscher Verlag: Die Osterlingen in Brüssel», constatons encore avec lui qu'un observateur attentif remar quera que la plupart des signes symboliques figurent sur des pierres tombales réparties dans plusieurs régions, cependant que d'aucuns, par contre, ne figurent que dans certaines régions bien déterminées. C'est ainsi, par exemple, que les papillons et les ruches d'abeilles se retrouvent un peu partout, ce qui n'empêche que ces dernières manquent cependant dans les environs de Eckernförde et de Borby. Le navire est une spécialité des îles frisonnes, que l'on ne trouve guère sur les tombes des gens de mer dans les cimetières des ports de la mer du Nord; sur certaines tombes de pêcheurs, on trouve cependant un bateau à voile avec filet. Le serpent entourant une boule, appartient en propre au duché de Schleswig, et plus spécialement à la région de Flensburg, tout comme la croix ou nœud magique ne se retrouve que sur les croix tombales d'Eckernförde. En comparant les dates on peut également constater que certains symboles n'apparaissent qu'à un moment déterminé pour évoluer lentement, comme on a pu le constater pour le groupe «foi-amour-espérance». D'autres symboles disparaissent brusquement, comme c'est le cas pour les bateaux à voile des îles frisonnes. Peut-être faut-il trouver pour cet exemple la raison de sa disparition dans le fait que de moins en moins de gens pratiquent encore le métier de marin».

 

Nombre d'autres constatations pourraient encore être faites, tout comme nombre d'autres conclusions (Hamkens ne s'en fait d'ailleurs pas faute), pourraient encore être tirées du présent travail d'investigation. Nous nous contenterons cependant d'en tirer, pour l'instant, la seule conclusion que voici: Avant qu'il ne soit trop tard, c'est-à-dire avant que toutes les tombes à symboles n'aient irrémédiablement disparu de nos contrées, il importe d'en dresser un inventaire aussi complet que possible, cela selon toutes les méthodes scientifiques de la «Volkskunde». De ce travail on pourra alors déduire certaines conclusions irréfutables quant à l'appartenance de telle ou telle région à tel ou tel groupe ethnique, quant aux influences étrangères, ou encore, quant à l'apparition ou à la disparition, dans les régions étudiées, de tel ou tel phénomène religieux, politique ou spirituel etc., etc. Bref, l'étude des signes symboliques des monuments funéraires, est un secteur nullement négligeable, comme on a pu s'en rendre compte par les présentes notes, de la «Volkskundeforschung» 

 

Marc. EEMANS.

mercredi, 06 mai 2009

Deutsche Zeichen

Vorabdruck aus "Deutsche Zeichen"

Ex: http://baukasten.karlheinzweissmann.de/

Die Geschichte der politischen Symbolik kennt Phasen der Zuwendung und solche der Abwendung. Man schätzt die Bedeutung politischer Symbole nicht zu jedem Zeitpunkt gleich hoch ein und auch ihre tatsächliche Wichtigkeit unterliegt Schwankungen. Gegenwärtig befinden wir uns ohne Zweifel in einer Phase wachsender Bedeutung. Das hängt mit der faktischen Vermehrung politischer Symbole in den letzten zwanzig Jahren zusammen, die wiederum auf die Zunahme politischer Konflikte zurückgeht. Von den herausgerissenen kommunistischen Emblemen in den Staatsflaggen des Ostblocks bis zur demonstrativen Aufrichtung des Sternenbanners auf Ground Zero nach dem Angriff vom 11. September 2001, vom Streit um das Tragen des Kopftuchs durch muslimische Frauen in der westlichen Welt bis zum Versuch, in der EU ein allgemeines Verbot des Hakenkreuzes durchzusetzen, vom Druck einer französischen Briefmarke aus Anlaß des 200. Jahrestags der Schlacht bei Austerlitz bis zur Forderung eines anglikanischen Bischofs karibischer Herkunt, den Sankt-Georgs-Tag mit Stolz zu feiern, von der „orangenen Revolution“ in der Ukraine bis zu den orangenen T-Shirts der israelischen Siedlerbewegung, von der Debatte um den Wiederaufbau des Berliner Stadtschlosses bis zur Kampagne „Du bist Deutschland“, immer ging es und geht es um politische Symbole. Und das heißt, immer geht es auch um Symbolkämpfe, deren Intensität dabei nicht nur den Grad der Meinungsunterschiede spiegelt, sondern mit dem Symbolgebrauch selbst zusammenhängt.

Symbolgebrauch ist eine Besonderheit unserer Spezies, die sich nicht aus spielerischen oder künstlerischen Impulsen erklären läßt.Arnold Gehlen hat die Vermutung angestellt, daß seine wichtigste Ursache das Bedürfnis nach und die Stabilisierung von Identität war: „Das handgreifliche Sicherverkleiden oder anschauliche Sichgleichsetzen mit einem Tier … war im prähistorischen Stadium des sich erst entwickelnden Selbstbewußtseins die einzige Möglichkeit, das Bewußtsein einer scharf definierten, vereinseitigten Gruppenzugehörigkeit zu erzeugen – und festzuhalten.“ Alles spricht für die Annahme, daß es sich hier um eine anthropologische Gegebenheit handelt, in der religiöse und – im weitesten Sinn – politische Momente zusammenkommen. Das heißt, jede Gemeinschaftsstiftung hat mit Überzeugungen zu tun und ist darauf angewiesen, diese symbolisch auszudrücken, um die Stabilität der Gemeinschaft nach innen wie nach außen zu sichern. Daß echte Symbole das zu leisten vermögen, hängt mit ihrer besonderen Struktur zusammen.

Es handelt sich nicht einfach um eine Abkürzung oder eine Chiffre, sondern um eine Repräsentation von Macht, und diese Repräsentation bringt oft die ideale Absolutheit eines Machtanspruchs besser zur Geltung, als das Repräsentierte. Dieser auf den ersten Blick seltsam anmutende Sachverhalt wird vor allem an den Insignien der alten Monarchien deutlich, in denen das „Reich“ und die „Herrschaft“ selbst waren: Wer Krone, Lanze oder Schwert besaß, der hatte „Reich“ und „Herrschaft“ tatsächlich inne. Symbol und Symbolisiertes durchdrangen sich vollständig. Eine Vorstellung, die sehr alt ist, aber fast bis in unsere Gegenwart hineinragt.

Vor dem Ende des Zweiten Weltkriegs ging in Japan die Identifikation des Landes mit dem Tenno und die Identifikation des Tennos mit den ihm zugerechneten Symbolen noch so weit, daß sich die Straßenbahninsassen verbeugten, sobald sie am Palast des Herrschers vorbeifuhren, und daß sie im Fall eines Brandes zuerst die Kaiserbilder retteten; nach der Bombardierung von Hiroshima, wird berichtet, seien die Fliehenden stehengeblieben und hätten sich verneigt, wenn ein Bild des Kaisers vorbeigetragen wurde. Als Hirohito dann die Notwendigkeit der Kapitulation über den Rundfunk verkündete, brach Japan augenblicklich zusammen: hilflose Menschenmassen strömten vor den Palast in Tokio, die Post stellte ihren Dienst ein, Züge blieben auf offener Strecke stehen, weil die Lokomotivführer ihren Platz verlassen hatten, die öffentliche Verwaltung kam zum Erliegen, Mitglieder der alten Samuraifamilien versenkten die Klingen der Schwerter, die seit Jahrhunderten in ihrem Besitz waren, in den Seen, der Kriegsminister und zahlreiche hohe Offizier begingen Seppuku oder erschossen sich. Vergleichbares wäre zu diesem Zeitpunkt in Europa kaum noch denkbar gewesen.

Hier machte sich seit dem Spätmittelalter eine Rationalisierung im Umgang mit Symbolen bemerkbar. Die hatte ein deutlicheres Auseinanderrücken von Symbol und Symbolisiertem zur Folge, mit dem Ergebnis einer, wenn man so will: kalkulierteren, Indienstnahme vor allem für politische Zwecke. Allerdings hat das die Intensität der Empfindungen, die sich an Symbole knüpften, verändert, aber nicht auf Dauer gemindert. Mit der Durchsetzung des modernen Staates und dann des nationalen Prinzips erhielten neuartige Zeichen – vor allem Nationalflagge und Nationalhymne – eine Bedeutung, die ganz wesentlich dazu beitrug, die Integration der Vielen zur Einheit und deren Mobilisierung im Hinblick auf das Erreichen immer weiter gesteckter Ziele zu bewirken. Auch diese Entwicklung war von Zeitabschnitten unterbrochen, in denen man mit Skepsis auf die politische Symbolik sah und sie als einen mehr oder weniger überflüssigen Zierrat betrachtete. Aber der Notwendigkeit, durch solche Mittel Identität zu schaffen oder zu erneuern, entkam man nicht.Direkt bestellen über www.antaios.de

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lundi, 27 avril 2009

Le symbole du triskell

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Le symbole du triskell

 

Par Karlheinz WEISSMANN

 

Parmi tous les mouvements “nationalistes” dans les provinces espagnoles, qui réclament l’autonomie voire la sécession par rapport au pouvoir central, le mouvement galicien est le plus faible. Mais même, là-bas, on prévoit un référendum sur le statut d’autonomie. Chez les Galiciens, la conscience  d’une particularité a de profondes racines. Ils font remonter leurs origines, comme les Asturiens d’ailleurs, aux tribus celtibères qui, jadis, avaient dominé la presqu’île ibérique au-delà des Pyrénées. Ils soulignent la parenté entre le terme latin de “Galicia” et celui de “Gallia”, le nom que les Romains donnaient aux territoires qu’habitaient les Celtes dans la France actuelle et en Italie du Nord. Cela nous explique aussi pourquoi nous trouvons chez les “nationalistes galiciens” un symbole par ailleurs fort répandu dans les milieux celtisants: un symbole à trois branches, que l’on appelle “triskell” en gaëlique, d’après le grec “triskellion”.

 

Par ce terme, on désigne un symbole constitué de trois demi-arcs ou d’un équivalent dont les composantes dérivent d’un triangle isocèle placé au milieu. On retrouve des représentations de triskell qui remontent jusqu’à l’âge de la pierre. On n’en connaît pas la signification exacte: sans doute s’agit-il, comme pour la croix gammée, d’un tourbillon ou d’un symbole solaire, mais, en tous les cas, il s’agit indubitablement d’un signe sacré. On le considère comme typiquement celtique probablement parce qu’on l’associe à la “trinacria”, une sorte de triskell constitué de trois jambes portant des pièces d’armure qui est le symbole attesté de l’Ile de Man depuis le 13ème siècle. Certes, ce n’est qu’en 1968 que la “trinacria” a été officiellement adoptée comme symbole héraldique et comme drapeau de l’Ile de Man, mais elle y était extraordinairement populaire depuis le moyen âge, surtout comme motif de tatouage pour les marins d’origine manxoise.

 

Dans le cadre de l’engouement romantique pour les racines, né au 19ème siècle, on a mis l’accent sur les traditions spécifiquement celtiques des Manxois et de leur symbole. Cela nous explique pourquoi le triskell, dans le mouvement général de la renaissance celtique, ne s’est pas seulement répandu dans l’Ile de Man, en Irlande et en Bretagne, mais aussi en Ecosse, au Pays de Galles, en Cornouailles et, par extension, aux autonomistes de Galice et des Asturies. Parmi les multiples essais de créer un drapeau commun à tous les peuples celtiques, citons l’ébauche significative que proposa le Breton Robert Berthelier dans les années 50. Il conçut un drapeau vert sur lequel il plaça deux triskell jaunes, chacun représentant trois des six peuples celtiques; le premier symbolisant les Ecossais, les Manxois et les Irlandais; le second, les Gallois, les Bretons  et les Corniques. 

 

En Bretagne, à cette époque-là, le triskell était déjà largement répandu parmi les autonomistes et les séparatistes et avait reçu, dans l’entre-deux-guerres, le statut de “symbole héraldique national”. Un fait le confirme: après la conquête allemande de la France en 1940, les partis collaborationnistes bretons l’ont utilisé, tablant sur sa ressemblance avec la croix gammée. Mais cela ne porta pas ombrage au triskell. Celui-ci demeure omniprésent en Bretagne aujourd’hui: sur les emballages des marchandises produites en Bretagne, dans les symboles des associations de tous ordres ou comme emblème sur les souvenirs qu’achètent les touristes. Les régionalistes, plutôt orientés à gauche, qui prirent leur envol dans les années 60 et 70, se sont servis du triskell sans hésiter, comme, par exemple, les séparatistes du SPV ou “Strollad Pobl Vreiz”. Le recours au triskell fut également le fait de l’ADSAV, du Parti National Breton, plutôt classé à droite et fondé en 1999.

 

Les mouvements celtiques ont carrément pris possession du triskell, mais cela nous a fait complètement oublier que ce symbole avait été reconnu officiellement dans une toute autre partie de l’Europe: en Sicile. Immédiatement après la fondation par Napoléon du nouveau royaume des Deux-Siciles, les Siciliens avaient recouru, pour leurs armoiries nationales, à une ancienne représentation du triskell, constituée, elle, de trois jambes nues et recourbées, entre lesquelles figuraient des épis; et au centre de ces épis, on trouvait une figure masculine coiffée de lauriers; plus tard, lors d’un soulèvement en 1848/49, année de bien des révolutions en Europe, les révoltés brandirent un drapeau tricolore italien (vert, blanc, rouge) frappé d’un triskell, appelé “trinqueta”, sur la bande blanche centrale.

 

Au vingtième siècle, le triskell a conservé en Sicile sa signification de symbole indépendantiste pour la population insulaire. Ainsi, les combattants de l’EVIS, un groupe de partisans qui s’étaient engagés pour l’indépendance de la Sicile et s’étaient soulevés en 1943/44, avaient un drapeau rouge et jaune frappé d’une “trinqueta”. Ce motif a été repris dans les années 80 par le “Movimento per la Independenza della Sicilia” qui milite aujourd’hui pour l’indépendance de l’île.

 

Karlheinz WEISSMANN.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°12/2009, trad. franç. : Robert Steuckers).

samedi, 30 août 2008

Du symbolisme de la hache

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Du symbolisme de la hache

Le terme "hache" ("ascia" en italien) existe dans nos langues de manière quasi inchangée au cours des millénaires. Il cor­respond effectivement au terme latin "ascia", qui dérive de la forme indo-européenne *aksi/*agwesi, que les linguistes ont reconstituée sur base de comparaisons entre le terme latin et le terme gothique "aqizi", le terme de vieil haut al­lemand "ackus" (en allemand moderne "Axt", en anglais "ax", "adze") et le grec "axi(on)". Il me semble nécessaire de préciser cependant que cette forme est une forme indo-eu­ropéenne occidentale; les linguistes ont également recon­sti­tué la forme orientale, soit "*peleku", cette fois sur base d'une comparaison entre certaines formes linguistiques grec­ques et sanskrites. C'est ainsi que le pélican, à travers un processus assez intéressant, se voit assimilé à la hache, à cause de son grand bec caractéristique.

La hache revêt une importance énorme, comme en témoi­gne le passé archaïque des Indo-Européens. Adams et Mal­lory ex­pliquent que, durant le néolithique, les haches, en Eu­­rasie, étaient faites de silex ébréchés ou d'autres pierres ca­pables d'être façonnées. En outre, il s'agissait générale­ment de haches plates; cependant, dans certaines cultures néolithiques plus tardives, on trouve rapidement des ha­ches munies d'une perforation permettant d'y placer un man­che. Ces haches sont qualifiées de "haches de bataille"; quand on les trouve dans des sépultures, comme par exem­ple celles de la céramique cordée (notamment dans les régions d'Europe septentrionale, où l'on parle de la "culture des haches de combat"), elles sont de toute évidence des instruments ou des armes considérées comme "viriles". Elles sont donc les emblèmes d'une société patriarcale et guer­rière, car, comme l'a écrit Adriano Romualdi, "la culture nor­dique ne présente aucune trace de matriarcat: les ido­les féminines sont absentes… la structure familiale est so­li­de, les traditions de chasse et de guerre attestent d'une cul­ture éminemment virile". Quant à E. Sprockhoff, il for­mu­le des observations extrêmement intéressantes sur la ha­che de guerre dans l'antique culture mégalithique; il assi­mile la hache primordiale au dieu du Tonnerre, qui, aux temps les plus reculés, était aussi le dieu du Ciel et du So­leil. D'après ce chercheur allemand, "on consacre à cette puis­sante divinité des haches d'ambre et d'argile, comme d'ailleurs des haches en miniature. Ainsi, la femme ger­manique a porté ultérieurement le marteau de Thor comme bijou, suspendu à une chaîne; de même, les populations nor­diques de l'âge de la pierre le plus éloigné ont porté au cou cet ornement, en tant que perles d'ambre en forme de hache bipenne, symbole du dieu du Tonnerre et des jours, un dieu qui n'a plus de nom aujourd'hui pour nous. La hache de combat est tout simplement devenue le symbole de la plus haute divinité" (ex: "Die nordische Megalithkultur").

L'irruption de la hache de combat dans les régions du Sud et de l'Est, attestée par des découvertes archéologiques, mon­tre comment se sont déroulées les différentes phases de pénétration indo-européenne; on les identifie évidem­ment aux pointes les plus avancées des conquêtes cimmé­rien­nes et tokhariennes: «Le témoignage concret de cette migration, écrit Romualdi, est l'arrivée subite en Chine d'une quantité d'armes occidentales, que l'on date en Eu­rope entre 1100 et 1800 avant J. C., et qui n'avaient en A­sie aucun antécédent». La hache est, en somme, le sym­bo­le du dieu céleste suprême et de l'esprit créateur de nos plus lointains ancêtres.

Alberto LOMBARDO.

(Etude parue dans La Padania, 14 octobre 2001 - http://www.lapadania.com ; trad. franç.: Robert Steuckers).

 

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