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mercredi, 21 avril 2021

L’ancien Futhark dans la Tradition primordiale

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L’ancien Futhark dans la Tradition primordiale

par Thierry DUROLLE

Nous avons en France la chance de compter deux chercheurs qui se sont aventurés sur les chemins de la Tradition primordiale. Le premier c’est bien évidemment René Guénon (1886 – 1951), auteur d’une œuvre conséquente, et personnage parfois érigé comme maître-à-penser inégalable. Nous lui devons beaucoup, même si, dans la perspective qui est la nôtre, on peut se trouver parfois en désaccord (quand ce n’est pas tout simplement l’histoire qui lui donne tort : nous en voulant pour preuve la décadence qui touche l’Orient, partie du monde qui devait, selon Guénon, être le dernier bastion de la Tradition). Le second, moins connu que son illustre prédécesseur, se nomme Paul-Georges Sansonetti.

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Le Professeur Paul-Georges Sansonetti appartient à ces aventuriers de l’ésotérisme, en quête du Graal hyperboréen depuis longtemps déjà. Chargé de conférences à l’École pratique des hautes-études de la Sorbonne, ce dernier a rédigé de nombreux ouvrages sur la Tradition et son symbolisme, sur le Graal ainsi que sur l’alchimie et Tintin. En trois ans, le Professeur Sansonetti a publié pas moins de quatre ouvrage inédits et une réédition. C’est ce que l’on peut appeler un auteur fécond !

En 2019 paraît Présence de la Tradition Primordiale (1) où l’auteur part sur les traces de la Tradition dans les œuvres de plusieurs écrivains et cinéastes. En 2020, Arcanes polaires (2) sort aux éditions Arqa. Sans doute le meilleur livre pour découvrir le travail de Sansonetti puisqu’il couvre l’ensemble des thèmes développés par le chercheur. La même année, Terre & Peuple publie son ouvrage Le Graal d’Apollon (3), une étude où il démontre que le Dieu des arts et de la médecine est intrinsèquement lié à l’Âge d’Or. Toujours en 2020, les Amis des ACE ont l’excellente idée de ressortir le livre Les runes et la Tradition Primordiale (4). Ce livre jusqu’alors épuisé et vendu à des prix honteux sur le marché de l’occasion marque l’apparition d’un thème majeur dans l’œuvre du Professeur Sansonetti : l’analyse des runes – enfin, du plus ancien système runique connu sous le nom d’ancien Futhark – à travers la guématrie.

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La guématrie est une technique de numérologie utilisée majoritairement dans l’ésotérisme hébraïque (bien que l’on atteste de l’usage de ce procédé en Assyrie aux alentours de 720 avant Jésus-Christ, ainsi que chez les Arabes et les Grecs). Celle-ci consiste à attribuer une valeur numérique à une lettre. Par exemple, si nous prenons notre alphabet latin cela donne A = 1, B= 2, et ainsi de suite. Paul-Georges Sansonetti applique donc cette méthode à l’ancien Futhark en s’inspirant des travaux du chercheur allemand Heinz Klingenberg (5). À première vue, appliquer une méthode analytique hébraïque à une écriture germanique peut déconcerter, mais Sansonetti, dans un entretien qu’il nous a accordé (6), affirme que les travaux de Klingenberg sont « irréfutables », bien qu’ils soient d’une nature différente de la sienne, comme il l’exprime d’ailleurs dans l’introduction de la réédition sus-nommée : « Tout en démontrant à quel point ces caractères sont indissociables de la religiosité nordique, Heinz Klingenberg demeure dans un cadre strictement universitaire et sa découverte – capitale, redisons-le – ne constitue cependant pas pour lui un argument susceptible d’étayer l’existence d’arcanes issus de la Tradition primordiale (7) ».

La traduction de cet ouvrage en langue française serait d’ailleurs très intéressant. La guématrie runique n’est pourtant pas une fin en soi dans le livre du Professeur, son but étant de montrer que l’ancien Futhark et, in extenso, la mythologie nordique, s’inscrivent entièrement au sein de la Tradition primordiale. Pour cela, Sansonetti va étudier chaque rune et démontrer en quoi celles-ci représentent des symboles sacrés en lien avec la Tradition. Le Professeur se base également sur les pierres runiques, les inscriptions runiques retrouvées sur des armes (lances, scramasaxes) et des bractéates qu’il passe au crible.

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En 2021, paraît la suite de Les runes et la Tradition Primordiale, intitulé La cathédrale polaire des runes (8) aux excellentes éditions du Lore. C’est l’occasion pour Paul-Georges Sansonetti d’approfondir le propos du premier opus cité, raison pour laquelle nous parlons volontiers de suite. En effet, on retrouvera donc une sacrée dose de guématrie runique dans cette ouvrage, avec le décorticage de nombreuses inscriptions. Le lecteur familier du premier ouvrage ne sera ainsi pas dépaysé car des thèmes bien connus de l’auteur sont de nouveau présent : le 111, les jumeaux, Tuisto, des références au pythagorisme aussi et à l’évangile de Saint Jean !

La cathédrale polaire des runes, on l’aura compris, devra être lu à la suite de Les runes et la tradition primordiale. Il faudra peut-être rédiger quelques mémos pour se souvenir de la signification des nombres présents au fil des pages (144, 26, 19, 37, etc.) pour une compréhension aisée. La démarche du Professeur Paul-Georges Sansonetti est singulière, nous ne lui connaissons pas d’équivalent. Pour autant, certains risquent de ne pas adhérer à ce décodage de l’ancien Futhark. L’auteur pousse t-il le bouchon un peu trop loin dans son usage de la guématrie ? Peut-être. Nous laissons le lecteur en juger par lui-même. Le propos de Paul-Georges Sansonetti possède sa propre logique en plus d’une bonne dose d’intuition, et il est sans commune mesure avec certaines extrapolations, inventions et fumisteries que l’on peut lire sur les runes, surtout dans les ouvrages d’inspiration New Age. Nous sommes convaincu, à l’instar du Professeur Paul-Georges Sansonetti, que la mythologie nordique se fond dans la Tradition. Nous avions d’ailleurs exposé un point de vue allant dans ce sens dans un article consacré au Dieu BaldR (9). La cathédrale polaire des runes, ouvrage véritablement roboratif, ouvre la voie à ne nouveaux sentiers quant aux mystères venus du Nord.

Thierry Durolle.

Notes:

1 : Paul-Georges Sansonetti, Présence de la tradition primordiale. E. A. Poe, G. Meyrink, H.P. Lovecraft, J.R. Tolkien, Stanley Kubric et d’autres…, Éditions de l’œil du Sphinx, 2019, 255 p.

2 : Paul-Georges Sansonetti, Arcanes polaires. Symboles de la science sacrée, Éditions Arqa, 2020, 316 p.

3 : Paul-Georges Sansonetti, Le Graal d’Apollon, Éditions Terre & Peuple, 2020, 156 p.

4 : Paul-Georges Sansonetti, Les runes et la Tradition Primordiale, Éditions ACE, 2020, 316 p., 18 €.

5 : Heinz Klingenberg, Runenschrift-Schriftdenken. Runeninschriften, Éditions Carl Winter, 1973.

6 : dans Solaria, n°52, été 2020.

7 : Paul-Georges Sansonetti, Les runes et la tradition primordiale, op. cit., p. 5.

8 : Paul-Georges Sansonetti, La cathédrale polaire des runes, La Diffusion du Lore, 2021, 172 p., 24 €.

9 : cf. Thierry Durolle, « Baldr et l’Âge d’Or », dans Solaria, n° 50.

Note de l'éditeur:

la-cathedrale-polaire-des-runes.jpgVouloir limiter l’écriture des anciens Germains au simple rôle linguistique montrerait une méconnaissance totale de ce que leur tracé comporte réellement. Car ladite écriture, composée de vingt-quatre signes, s’impose comme un système prodigieusement élaboré rassemblant les notions essentielles constitutives de l’identité ethnoculturelle européenne. Mais cela signifie aussi que le savoir émanant des runes se relie au maître thème du légendaire de notre continent et qui, jadis évoqué par René Guénon et Julius Evola, se nomme « Centre suprême ». Thème corrélatif à la mystérieuse « Tradition primordiale » traversant toutes les religiosités qu’instituèrent nos ancêtres et englobant l’univers du symbolisme et des mythes. Le « Centre suprême » est à la « Tradition primordiale » ce que le pyramidion représente pour une pyramide : le sommet conférant à ce monument sa forme générale et ses proportions.

            Dans un précédent ouvrage, intitulé Les Runes et la Tradition primordiale, il m’a été offert d’avancer le fait que chaque rune correspondait à l’un des symboles fondamentaux et chaque symbole à une donnée amenant la possible maîtrise de soi-même et de l’espace voué à notre épanouissement existentiel. En un moment où, fin du cycle des quatre Âges oblige, l’avenir de nos sociétés se retrouve si grandement menacé, le terme runoz, désignant « les runes » et, on s’en doute, l’ésotérisme que ces lettres impliquent, énonce le principe racine d’une origine civilisationnelle ainsi que la spécificité génétique propre aux peuples d’Europe.

Un livre salutaire qui, au prisme des plus récentes découvertes archéologiques, met un vigoureux coup de pied dans la fourmilière universitaire, cette entité qui n’a de cesse de réduire sciemment l’étude des runes pour de basses raisons idéologiques.

SOMMAIRE :

Introduction 

chapitre i : Chaque rune est un symbole fondamental

chapitre ii : L’homme double originel et celui en maîtrise de lui-même

chapitre iii : Le divin et l’humain

chapitre iv : Les runes et le « maître des runes »

chapitre v : Le soleil polaire

chapitre vi : Ce qu’énonce la rune

chapitre vii : L’être et son corps subtil

chapitre viii : Alu, origine du monde manifesté

chapitre ix : 111, le nombre du pôle

chapitre x : Les runes et le pôle

chapitre xi : La montagne polaire

chapitre xii : Le solfège des runes

conclusion

L’angle droit pour conclusion

bibliographie

Pour commander l'ouvrage: http://www.ladiffusiondulore.fr/home/893-la-cathedrale-polaire-des-runes.html

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vendredi, 25 décembre 2020

Face au mondialisme, la Table Ronde de la Mémoire

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Face au mondialisme, la Table Ronde de la Mémoire

par Paul-Georges Sansonetti

Chers amis, 

Voici le texte de la conférence que Paul-Georges devait donner cet été le dimanche matin dans le cadre de la réunion annuelle d'Hyperborée à Roquefavour qui n'a pu se tenir ; texte évidemment capital, mais il y manquera le talent oratoire et les saillies pertinentes et pleines d'humour de notre ami. Ce texte a été envoyé aux habituels participants des journées Hyperborée et à quelques autres amis  ; il n'est pas destiné au grand public. Bonne lecture.

Joyeuses fêtes (quand même) à tous.

PEB

Chers Amis,

Cette année sous l’emprise du virus nous plaça dans la pénible obligation de renoncer à notre dimanche matin annuel. Les difficultés se sont multipliées pour nombre d’habitués fidèles à nos partages. L’équipe organisatrice ne pouvait que le déplorer tant ces retrouvailles ne manquent pas d’offrir, avec l’apport amical de chacun, des échanges passionnants à partir de concepts essentiels. Nous ressentons tous que rien ne remplace les rencontres roboratives entre personnes fortement motivées en ce lieu hautement signifiant que constitue la Domus. Peut-être à cause de ce manque et résolument déterminés à s’offrir une revanche, Pierre-Émile Blairon, plusieurs de nos Camarades et votre serviteur se sont décidés à se manifester. À leur demande, J’ai mis par écrit des données - parfois évoquées les autres années - et dont les prolongements et surtout les fondements les plus radicaux devaient être explicités et ramenés à des notions irréductibles car garantes de l’existence d’une société et même d’une civilisation. 

En cette période de Solstice d’hiver, l’équipe de Hyperborée Magazine vous adresse des vœux de réussite, de pleine santé et de cette joie que confère la certitude du destin supérieur de l’Europe.

L’ÉCHEC D’UNE FRANCE OPEN FIELD

            Ce que nous vivons actuellement apparaît véritablement effarant dès lors que l’on est encore conscient et non partiellement, sinon totalement, décérébré par la «bien-pensance » mondialiste. Des individus de souche étrangère à l’Europe, la plupart incultes, s’érigent en censeur de notre Histoire multimillénaire. Je m’en voudrais de porter un jugement péjoratif sur les communautés bédouine, érythréenne, tamoul ou turkmène. Mais, en inverse, il m’insupporte d’entendre vilipender le génie européen auquel une bonne partie des peuples dit « de couleur » doit l’amélioration des conditions existentielles et, conséquemment, sa survie dont résulte une fécondité des plus proliférative ; nous en subissons – hélas ! – les « débordements ».

actualité, table ronde, tradition, traditionalisme, paul-georges sansonetti, Plusieurs évènements me semblent éminemment symptomatiques de l’effondrement frappant la France et de proches nations européennes. D’abord la fresque peinte à Stains en mémoire de deux figures de la cause « black ». Montrant les visages  surdimensionnés de ces personnages, on découvre que le grapheur s’est efforcé  d’accentuer ce qui relève de l’appartenance ethnique en épaississant fortement – et même en alourdissant - les morphologies faciales de façon, dirait-on, à les distinguer sans discussion possible d’avec la typologie européenne. Point n’est besoin de les comparer à un visage grec antique ou tiré d’une cathédrale gothique ou encore d’une peinture de la Renaissance pour comprendre que ces deux facies – qu’accompagnait, lors de sa création, une imprécation contre la Police – contribuent à ce qu’une Afrique sub-saharienne impose massivement sa prépondérance en regard d’un autre génotype qualifié, dans le vocabulaire « jeune de banlieue », de « face de craie », de « Gaulois », de « fromage » (sous-entendu « fromage blanc »). « Gaulois » ne m’offusque pas et le rapport à la couleur blanche non plus. Car, à travers ces désignations qui se veulent péjoratives, tout comme par l’apologie de deux représentants du continent noir et quelle que soit la nationalité – américaine et française – qui était la leur, ce qui importe impérativement c’est de proclamer de façon tonitruante que l’on appartient à l’un des quatre (voire cinq) grands groupes raciaux répartis sur notre globe. Victime d’une  « sensibilité » inhérente à  l’air du temps, le mot « race » ne devrait plus être prononcé. Du reste, on ne cesse de nous assurer d’une façon obsessionnellement réitérée que les races n’existent pas. Il n’y a que l’Humanité avec, admet-on cependant, des apparences différentes. Or, ce sont précisément ces différences qui offrent le plus grand intérêt au niveau civilisationnel. Mais toujours est-il que, selon le message de cette fresque et le slogan Black live matter, renforcé en France par l’affaire Traoré[1], c’est surtout le fait de se reconnaître dans une communauté en fonction de sa couleur de peau qui a favorisé l’émergence d’un mouvement désormais international. Première conséquence, l’idéal d’une société du « vivre ensemble », l’une des facettes de la « mondialisation heureuse » (chère à un célèbre ancien élu bordelais), se voit brutalement remise en cause.

Les tenants forcenés de cette mondialisation péroraient que l’avenir du genre humain serait forcément métissé. J’ai le souvenir d’un certain Nicolas Sarkozy qui, dans un discours en 2008, souhaitait ardemment que la France  réussisse « le défi du métissage ». Et, a-t-il ajouté, si cela n’était pas adopté de plein gré par les citoyens, il serait question d’un recours à, je cite, « des méthodes plus contraignantes encore » (grands dieux, lesquelles ?). Toute une intelligentsia n’avait que le mot « métissage » à la bouche et, d’une façon sournoise, durant ces deux dernières années, un nombre conséquent de spots publicitaires, mirent en scène des couples mixtes ou alors une charmante personne issue d’un melting pot afro-caraïbe. La nécessité de prendre en compte l’actuelle modification de population ? Plus que probable, mais aussi, n’en doutons pas, une façon d’habituer le « français de souche » (formule insupportable à des oreilles dûment formatées, de même que le mot « frontière », on va voir pourquoi) à considérer que sa patrie, convertie en un open field, prenait place dans le grand projet planétaire élaboré par le sinistre ploutocrate Georges Soros. Je vais revenir sur open. Auparavant, il nous faut parler d’une série de tragédies à la fois consternantes et significatives.

Le 5 juillet, à Bayonne, un chauffeur de bus se voyait agressé par quatre individus : deux Mohamed, un Moussa et un Selim, tous déjà fort connus, parait-il, des services de Police. Ils se sont acharnés sur leur victime laissée en état de mort cérébrale. La veille, le 4, dans le Lot-et-Garonne, c’est la jeune Mélanie, gendarme de profession, qui était tuée sur le coup par un chauffard, délinquant multirécidiviste, prénommé Yacine quelque chose. Les parents de cette malheureuse jeune femme devaient déclarer, je cite : « Nous portons des valeurs de vivre ensemble et la haine et les messages de haine n’ont pas leur place dans le vivre ensemble ». Tragique ! Et l’on est tenté d’en conclure : laissons-nous assassiner, l’important consiste à ne pas perturber ce fameux et sacro-saint « vivrensemble », instrument prioritaire de l’éradication progressive de notre peuple. Cependant, malgré les prêches lénifiants de la « bien-pensance », ces deux horribles « faits divers » suscitèrent une immense émotion. On pourrait citer des dizaines d’agressions, viols (ou tentatives) mais aussi coups de couteaux dont pâtissent quotidiennement de braves gens qui ont l’infortune de croiser des « chances pour la France ». Le summum de l’horreur fut atteint avec la jeune lyonnaise percutée par une voiture et trainée sur huit-cent mètres. Ajoutons, hélas, une autre jeune femme, assassinée à Nantes dans des conditions effroyables (elle aurait été défigurée). Et puis, au sortir des « vacances » - surtout mentales tant aucune idée force n’habite plus les citoyens - deux nouvelles monstruosités firent l’actualité : décapitation d’un enseignant à Conflans-Ste Honorine. Tragédie suivie d’une seconde décapitation dans la basilique de Nice et un attentat au fusil d’assaut dans la capitale de l’Autriche. Rêvée par de belles consciences allergiques au mot « frontière », l’idéale Humanité, brassant des dizaines d’ethnies non-européennes, sombre chaque jour plus vite dans la violence et le sang. Des mots commencent à sortir des lèvres de politiciens jusque-là idéologiquement frileux : « barbarie », « ensauvagement de la France », « la République en péril ». D’abord simples propos de circonstance destinés à garroter l’hémorragie de leur électorat lorgnant vers les partisans d’un sursaut national, ces mots semblent faibles en regard du terrifiant défi lancé à nos nations européenne : sa soumission par la terreur à un courant religieux, excluant toute concession, qui lui est foncièrement étranger. À l’évidence, nos dirigeants gouvernementaux et les faiseurs d’opinions médiatiques prennent peur. Et pourtant, ils se refusent encore à réagir avec vigueur devant tous ces drames car, pour eux, le seul avenir admissible ne s’inscrit que dans un mélange universel des peuples et des cultures. Alors, posons la question à laquelle ils ne répondront jamais. Pourquoi?

LA NOTION DE FORME ET LA FASCINATION DE L’INFORME.

Depuis des temps fort anciens et sans doute guère possible à dater faute de matériaux narratifs et archéologiques, deux tendances dominantes agissent en sens contraires dans le domaine civilisationnel. La première polarise tout ce qu’exprime l’ordre fait de rigueur et d’harmonie présent dans l’univers. Cet ordre confère à chaque chose une « forme » (une apparence résultant d’une constitution) qui lui correspond ; depuis le plus modeste végétal, sinon minéral, jusqu’à un astre prenant sa place parmi des milliards d’étoiles au sein de la galaxie. Ici, la notion d’ordre est inhérente à celle de « forme » et s’impose comme le contraire de ce que l’on entend en utilisant le terme anglo-saxon open. Il faut redire que la « forme » révèle une identité, autrement dit la capacité d’appartenance à une espèce bien définie. Cette notion est exprimée dans l’Inde arya par le mot Dharma désignant l’ « ordre universel », synonyme de « loi éternelle », et auquel on associe les mots « devoir », « droiture », « vertu ». Le Dharma est emblématisé par une roue comportant généralement huit rayons. Nous sommes là en présence de l’un des symboles fondamentaux. Symbole d’une priorité si l’on veut sortir de l’odieuse parodie de société que nous subissons de nos jours.

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La roue du Dharma, sculpture du temple de Hindu Surya à Konârak, XIIIème siècle. Notez les huit rayons qui manifestent les huit directions cardinales (les quatre principales et les quatre intermédiaires). Plus minces et parfaitement droits, huit autres rayons s’ajoutent à l’ensemble.

Aux personnes qui n’auraient pas dans leur bibliothèque l’indispensable étude intitulée La Roue et le Sablier, de notre ami Pierre-Émile Blairon, nous en conseillons vivement la lecture. Cette roue est une image de référence qui permet de mémoriser le fait qu’entre la périphérie figurant le perpétuel changement – qui marque notre monde – et l’immuabilité du moyeu positionné au centre, il y a les « rayons » énonçant le fait qu’ « éclairement » (de la conscience) et « rectitude » (comportementale) sont indissociables. Le « moyeu » figure ce qui rassemble en un même concept l’origine et l’ultime. Certains parleraient de l’Alpha et de l’Oméga. C’est l’ « invariable milieu » sans lequel tout ce qui existe n’est qu’insignifiance. Expliquons-nous.

Puisqu’il faut aller à l’essentiel, disons que l’une des choses les plus caractéristiques du vécu contemporain c’est l’invraissemblable marécage dans lequel s’enfonce la société. Là, nous abordons la polarité inverse de celle que nous venons d’énoncer. Le mot « marécage » s’impose puisque le socle sur lequel devrait reposer l’état et ses citoyens est devenue meuble, instable, quasiment liquide. De fait, tout ce qui semblait solide se ramollit, se disloque et se décompose. Ainsi en est-il des institutions et des cerveaux qui s’embourbent. Des phrases prononcées par un personnages gouvernemental (remplacé depuis) le prouvent amplement : « manifestation interdite mais autorisée », « l’émotion prime le droit » et surtout « soupçons avérés », impérissable formule car oxymoronique à souhait. Tout cela révèle une dissolution de l’autorité et, par conséquent, le renoncement à maintenir ce qui, depuis longtemps, apparaît comme une République invertébrée au bord de l’écroulement. Face à ce festival de paroles et de réactions, tout à la fois pathétique et burlesque, la symbolisation du Dharma présente un message direct. Et, revenant à la roue, cette figure est de beaucoup plus efficace que la langue de bois (fortement vermoulu) des politiciens et diverses logorrhées ministérielles sinon présidentielles. Dirigeants dépassés et populations désemparées sont emportés par le mouvement de la roue qui, à la fin de notre cycle, s’accélère et semble s’emballer. L’existence du centre – le moyeu - où demeure immuablement ce qui a pouvoir de péréniser un ensemble sociétal est ignoré d’un monde dans lequel les valeurs éthiques ont été remplacées par des concepts aberrants légitimant les faiblesses, les carances, voire les dépravations d’individus désormais sans repères. Et ce, précisément, parce que tout ce qui pouvait reconduire au centre a été effacé ou brisé : les rayons évocateurs de « clarté », de « rectitude », de « droiture » et, en conséquence, de « rigueur » se sont évanouis ; leur existence même est devenue illégitime. Une attitude inflexible, tant sur le plan individuel que collectif, une fermeté au niveau étatique, une exigence face à des propos ou des comportements ineptes sont maintenant impensables dès lors que jugés contraires à je ne sais quel supposé « humanisme » fabriqué afin de dissimuler une veulerie généralisée et, n’hésitons pas à le dire, institutionalisée… Ou peut-être pire encore, témoignant de l’intention non avouée d’altérer les capacités réactives d’un peuple afin, progressivement, de le débiliser. Conditionné au point de n’avoir plus d’instinct de survie, ce peuple est mûr pour son remplacement par une grande armée d’envahisseurs venue d’autres continents.

LA TABLE RONDE COMME EXEMPLE

Repassé récemment sur Arte, un film des années cinquante, signé Richard Thorpe[2],  Les Chevaliers de la Table Ronde, montrait une image qui, chez certaines personnes de ma génération, s’imprima emblématiquement : on voyait la fameuse assemblée circulaire des preux arthuriens et leurs épées toutes posées sur la grande table de pierre, pointes vers le centre. Visuellement un soleil de fer ! Moralement une puissance décisionnaire prête à intervenir à tout instant. Les rayons de la « roue  dharmique » se sont mués en lames redoutables. Ce rassemblement des épées induit immédiatement l’idée d’unité d’une nation. Unité s’affirmant par le pouvoir de ces aciers lorsque c’est nécessaire. Nos responsables politiques devraient afficher dans leur bureau la photo d’une pareille circularité évacuant toutes les dérisoires « tables rondes » supposées conciliatrices à force de parlottes. Avec le thème d’une élite chevaleresque disposée ainsi, c’est une société  « prenant forme » à partir d’un « centre » que manifeste Arthur, personnage dont le nom, de par son origine celtique (art signifiant « ours »), reconduit aux deux constellations marquant le Nord (la Grande Ourse) et le Pôle (la Petite Ourse), autrement dit le double rappel d’un foyer civilisationnel à l’origine de l’Europe.

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Une image du film de Richard Thorpe. Sur la photo, chaque chevalier s’apprête à poser son épée sur la célèbre Table, pointe vers le centre. En blanc, Merlin lève sa dextre pour consacrer l’assemblée. Image reprise des décennies plus tard dans un second film intitulé Lancelot, premier chevalier, dans lequel Richard Gere incarnait Lancelot et Sean Connery campait un impressionnant roi Arthur. Opus de Jerry Zucker, 1994. Ci-dessous une image de cette production : la Table Ronde rassemblant les épées. Au centre du cercle un feu rituel est allumé. Comme on le voit, une épée manque. C’est celle du chevalier félon, Méléagant.

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On notera que le centre de la Table reproduit le hiéroglyphe du Soi  (un cercle avec un point au milieu) symbolisant le « soleil intérieur »,  , la partie immortelle d’un être. Ce signe se retrouve sur les gravures rupestres de la Vallée des Merveilles ainsi qu’à Bohuslan en Scandinavie.

Le malheur, aujourd’hui, c’est qu’une telle image n’a plus le pouvoir d’interpeller la mémoire de nos dirigeants et autres postulants aux responsabilités étatiques. Et ne nous leurrons pas, comment parlerait-elle à une partie (conséquente, hélas !) de notre jeunesse française que l’on sait étourdie par un climat sociétal exaltant un hédonisme débridé à base de « shit », d’alcool et d’un vacarmisme musical. Reste, comme toujours, une minorité qui, à rebours d’une indifférence mortifère, se veut farouchement déterminée à ne pas sombrer. Bien que restreint, ce nombre saura voir dans le cercle des épées, évocateur du rougeoiment des forges et d’une brillance héroïque, l’équivalent européen de la roue du Dharma.

 En allant à l’essentiel, au point le plus radical du présent imbroglio politico-idéologique, nous dirons que toute l’Histoire de l’Humanité se ramène à l’irréductible antagonisme entre ce qui valorise la (notion de) « forme » et ce qui s’y oppose. Pour la première fois peut-être depuis des temps oubliés, on dirait qu’un courant doctrinaire, disposant de prosélytes dans nombre de nations, a décidé d’éradiquer ce qui, chez divers peuples, se reliait encore, même de façon ténue, à un ordre « principiel ». D’où l’enragement actuel consistant à s’attaquer à l’identité – impliquant, au premier chef, l’épiderme – de ce qu’il est désormais convenu de nommer, dans notre mouvance, « Albo-Européens ». Cette dernière formule, bien que n’étant nullement agressive, voire provocatrice, envers d’autres éthnies sera, n’en doutons pas, considérée de façon malveillante par tout les individus endémiquement déterminés à dénoncer les actes de dissidence d’avec le brassage perçu comme obligatoire des peuples et des cultures.

LE GRAAL AU RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE

Plusieurs enluminures médiévales montrent la table ronde sous l’aspect d’un disque dont la partie centrale, découpée, présente un vide. Et c’est sur ce circulaire espace que se tient le Graal porté par deux silhouettes immatérielles ailées.

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Nimbé d’arc-en-ciel, l’objet surnaturel a l’apparence d’un ciboire d’or et non d’un calice. L’artiste privilégie un réceptacle entièrement clos, sans doute pour occulter ce qu’il contient. Mais, si cette sorte de ciboire émet un rayonnement c’est que, d’une façon évidente, son contenu n’appartient pas au monde humain. On sait qu’il s’agit du sang christique recueilli, dit-on, au moment où le centurion Longinus porta le coup de lance au flanc droit du Galiléen. Or, ce dernier avait, sur le mont Thabor, révélé sa surnature - à Pierre, Jacques et Jean - par la luminosité de ce qu’il est convenu de nommer le « corps glorieux ». Sur l’enluminure, le « sang-lumière » irradie à travers le métal du ciboire. Dans divers articles, il m’a été donné de montrer que ce thème du corps glorieux, fondamental dans l’ésotérisme chrétien, est en fait la transcription de ce qu’incarne Apollon dans le paganisme grec et BaldR dans celui des Germano-Scandinaves ; état que le professeur Régis Dutheil dénomme l’Homme superlumineux. Il s’agit de la cime de l’accomplissement de l’être. Un tel corps de lumière est synonyme d’immortalité et prend place dans l’éternité. Mais le plus important c’est que le sang se révèle porteur de cette lumière. Le sommet de notre identité spirituelle dépend donc d’un sang méritant d’être qualifié de supérieur. Compte tenu que le thème apollinien est indissociable du royaume hyperboréen, allusif à l’origine du génotype « albo-européen », et qu’à leur façon les rédacteurs des récits du Graal exprimèrent une idée semblable, on pourrait dire que l’image du sang-lumière est la transcription d’un apanage  suprahumain. Ajoutons à cela que, comportant les fameux quatre Âges, la doctrine du cycle étant commune à tous les peuples indo-européens on comprendra aisément que le retour annoncé de l’ « état » (à la fois sociétal et individuel) premier et, donc, de la toute-puissance que cela suppose, ne peut qu’apparaître intolérable à tous les individus viscéralement (disons psycho-somatiquement) aux antipodes de ce qu’un tel « état » signifie. J’ai montré dans un autre ouvrage en quoi, dans le Perceval  de Chrétien de Troyes,  la symbolique du Graal et plus particulièrement de son cortège, dans le Perceval, renvoyait à une spécificité génotypique inhérente à l’Europe[3].

Il est possible d’affirmer que le thème du Graal a été conçu, par le biais d’une interrogation sur ce que représente cet objet surnaturel, de façon à raviver la conscience des origines fondatrices de notre nature d’ « Albo-Européens ». C’est comme si le (en fait, je serais tenté d’écrire les) créateur(s) de ce légendaire si prégnant avai(en)t compris que la fin du cycle annonçait un risque majeur de disparition de nos peuples causée par une substitution de population. À l’encontre d’un tel effarant programme, combien révélateur de l’achèvement de ce cycle, les intelligences veillant au devenir de l’Europe (et, principalement, de notre nation, la France) conçurent le thème du Graal. Le lumineux calice d’or fut imaginé afin de remettre en mémoire l’origine civilisationnelle (à l’intention de qui saurait en décrypter la signification véritable) et de livrer une fascinante image porteuse du message suivant : le sang est consubstantiel à l’excellence. En l’occurrence un sang tellement pur qu’il se change en lumière ; et ce, afin, sans doute, d’illuminer l’avenir espéré. Ne dirait-on pas qu’à travers le péril principal qui menace nos peuples, à savoir, redisons-le, un remplacement de population, c’est bien d’un sursaut voué à sauvegarder l’homogénéité ethnique auquel on assiste actuellement dans l’irruption partout de mouvements identitaires confluant avec le bouillonnement des populismes ?

LES U. S. A. AU BORD D’UNE TEMPÊTE POLITIQUE

Quelques mots concernant les U. S. A. Au moment où nous terminions ce texte, les élections présidentielles américaines, aux dires d’informations multiples ne venant pas seulement du camp « trumpiste », ont été accompagnées par un festival de fraudes sans précédent. Si cela devait s’avérer vrai et que les partisans de Trump (je précise bien Trump et non républicain tant un certain nombre d’élus sous cette étiquette se révèlent aussi acquis à l’idéologie mondialiste que leurs adversaires démocrates) parviennent à révéler la forfaiture dans toute son ampleur, alors, indéniablement, nous aurions la preuve qu’un Deep State dirige l’Amérique. Et surtout qu’une énorme entreprise de subversion a été mise en œuvre, selon les vœux des Soros,  Clinton et Obama pour mondialiser cette nation en ouvrant les vannes d’une immigration massive. La n° 2 du parti Démocrate, Kamala Harris, incarnant, par ses origines (jamaïcaine et indienne), ce melting pot tant espéré par les sans-frontiéristes enragés, est emblématique d’une société à laquelle travaillent depuis des décennies les concepteurs d’un monde à l’opposé de ce que représente la notion de « forme » évoquée plus haut.

La façon dont, de part et d’autre de l’Atlantique, les médias main stream se sont empressés d’annoncer la victoire de Biden marque de leur part l’irrépressible nécessité de se rassurer : ouf ! Le monde de l’intelligentsia peut respirer, Trump – qui n’a jamais été considéré comme un humaniste à leur sauce – est éliminé du jeu politique. Sauf que d’innombrables fraudes ont été commises par les démocrates et que le camp républicain accumule chaque jour une pléthore de preuves. Si Trump gagne juridiquement, ce sera bien plus qu’un coup de tonnerre dans le ciel de la « bien-pensance ». Ses partisans parlent d’une « tempête » qui se lève sur l’Amérique. Ne nous y trompons pas, nous sommes peut-être à la veille d’un évènement sans précédent qui marquerait la première grande défaite des mondialistes et de leur chef de file, Georges Soros.

Nous ne tarderons pas à savoir ce qu’il en est. En attendant de nous retrouver, excellente continuation à toutes et  tous.

Publications de l’équipe d’Hyperborée Magazine :

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Pierre-Émile Blairon : Chroniques d’une Fin de Cycle. Les enfers parodisiaques. Éditions Les Diffusions du Lore.

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Paul-Georges Sansonetti : Les Runes et la Tradition primordiale, réédition d’un ouvrage épuisé. Éditions Les Amis de la Culture européenne.

Présence de la Tradition primordiale (E. A. Poe, G. Meyrink, H. P. Lovecraft, J. R. R. Tolkien, Stanley Kubrick et d’autres…). Éditions de L’œil du Sphinx.

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Arcanes Polaires, Éditions Arqa.

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Le Graal d’Apollon, Éditions Terre et Peuple.

Notes:

[1] Comme on vient de l’apprendre, sa sœur, Assa, est consacrée personnalité de l’année par le magazine Time. Après cela, de beaux esprits oseront encore prétendre qu’il n’existe pas un « centre de commandement » transmettant des directives destinées à influencer les esprits.

[2] Robert Taylor tenait le rôle de Lancelot, Ava Gardner celui de Guenièvre et Mel Ferrer du  roi Arthur.

[3] Dans Le Graal d’Apollon, Éditions Terre et Peuple, Forcalquier, 2020, chapitre V.

samedi, 10 septembre 2016

Le burkini et la statuaire européenne

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Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul-Georges Sansonetti, cueilli sur Nice Provence Info et consacré à la question du burkini sous l'angle civilisationnel.

Spécialiste de littérature et de mythologie, Paul-Georges Sansonetti a été chargé de conférences à l’école pratique des Hautes-Etudes. Il est notamment l'auteur de Chevaliers et dragons (Porte Glaive, 1995).

Le burkini et la statuaire européenne

par Paul-Georges Sansonetti

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

L’affaire du burkini est symptomatique du choc de civilisations que nous vivons, même si cette confrontation se voit quotidiennement niée par ceux-là mêmes qui, sociologues, politiques ou agents des médias sont en première ligne pour en percevoir toute l’acuité. Comme on le sait, le burkini – vêtement de bain d’invention récente – recouvre entièrement le corps de la baigneuse musulmane, des talons jusqu’au sommet de la tête. Seuls, les pieds, les mains et le visage entrent en contact direct avec l’eau. Il s’agit de protéger le corps de la femme et, donc, sa pudeur, contre des regards supposés concupiscents ou relevant d’un voyeurisme banal sinon instinctif. C’est vrai qu’ainsi enveloppée celle qui s’avance dans la mer ne risquerait pas de provoquer un accès de lubricité chez le célébrissime loup de Tex Avery.

Si entrer dans l’eau tout habillé s’impose en tant qu’exigence incontournable d’une religion, qu’il en soit ainsi mais sa pratique ne saurait s’inscrire, surtout à des fins prosélytes (comme cela a été dit), dans les piscines publiques ou les plages. Cacher son corps au contact de l’eau énonce un fait capital : c’est une façon d’interpréter le vivant qui, indéniablement, n’a rien à voir avec l’héritage esthétique et spirituel issu de la Grèce ancienne, de Rome mais aussi de la Gaule et d’autres peuples indo-européens. En effet, la nudité, loin d’avilir l’individu à partir du moment où on lui confère une signification symbolique, nous allons y revenir, transcrit une notion d’hommage à la Création conçue par le vouloir divin. Avant d’aller plus loin, rappelons que, dans le contexte civilisationnel arabe, la représentation du corps humain n’est pas souhaitée et même déconseillée.

Il est dit qu’Allah est un musavir, autrement dit un « créateur », terme qui désigne aussi un « peintre ». D’où la crainte d’imiter Dieu en représentant un visage ou une silhouette humaine. On sait que Mahomet lui-même a détruit des idoles à la Mecque mais aurait épargné une figure de la Vierge à l’enfant. Toujours est-il que l’image ou la contemplation du corps d’une personne ne doit pas devenir un sujet d’admiration et de louanges. En un mot, on ne peut exalter ce qui est beau car ce serait faire passer cet objet avant le Créateur et, de la sorte, perçu comme blasphématoire. Pour user d’un terme à la mode dans le monde journalistique, là se trouve un clivage méritant le qualificatif d’irréductible. L’Islam écarte donc la représentation corporelle de son espace sociétal alors que, tout au contraire, l’Européen en multiplie les représentations. De par l’héritage grec, l’image d’un corps dénudé ne répond pas à on ne sait quel érotisme exhibitionniste mais à la volonté de valoriser la beauté que présente – du moins sous sa spécificité de souche européenne – l’espèce humaine. Et pourquoi rejeter la beauté inscrite dans le vivant ?

venus2.jpgD’autant plus que le corps humain est construit selon les proportions du fameux « nombre d’or » présent partout dans la nature, à croire que la Création procède d’une intelligence faisant se conjoindre mathématiques et harmonie(1).

Tout l’art grec résulte de ce principe, qu’il s’agisse d’une statue ou d’un temple.

Cette passion de la perfection qui, dans le contexte de la sacralité grecque, s’impose comme une référence au principe apollinien, poussera les sculpteurs du siècle de Périclès et, plus tard, leurs continuateurs à conférer aux visages sculptés un angle facial de 90° que ne possèdent que rarement, pour ne pas dire jamais, le représentants de notre humanité (en Europe, l’angle facial le plus rapproché avoisine 88°). Selon le Grand Larousse (édition de 1930, précisons-le), il s’agissait, par cet angle de 90°, de transcrire morphologiquement, je cite, « la majesté, l’intelligence et la beauté »(2).

Lors de la Renaissance, les artistes s’inspirèrent prioritairement de la statuaire grecque. Ainsi, l’une des plus célèbres statues de cette période, le David de Michel Ange, est un exemple de physique parfait tandis que son profil est construit à partir de l’angle de 90°.

Plus proches de nous et pour rester dans l’actualité aquatique, on pourrait mentionner de nombreuses représentations de naïades. N’en choisissons que deux. L’éblouissante « Danaïde » d’Auguste Rodin (1840-1917) (illustration à la une) et celle d’un remarquable artiste genevois, James Pradier (1790-1852), occasion de rappeler son souvenir. Sa superbe baigneuse est, en elle-même, un hymne à la féminité (voir ci-contre).

Au passage signalons que, durant notre Moyen Âge européen, le christianisme a conservé précieusement le projet grec selon lequel toute beauté procède du divin. Parfaite illustration de cela, la représentation du Christ au portail de la cathédrale d’Amiens. En découvrant sa physionomie, on comprend pourquoi il fut désigné comme « le Beau Dieu ».

Pour nous résumer disons que les peuples (indo-)européens ont toujours fait en sorte que la recherche passionnelle du beau et sa réalisation soient parties prenantes de leur environnement et reçoivent le statut d’intermédiaire entre l’humain et le divin(3). Or cette perception du beau passe par la physiologie ; et ce, d’autant plus que la maîtrise d’un territoire et la défense qu’il nécessite ne peuvent s’accomplir durant tant de générations – s’accumulant sur des millénaires – sans une somme d’efforts modelant le corps. L’individu qui, de façon continue, se confronte musculairement à la matière, finit par acquérir une plastique impeccable. Il devient ainsi lui-même une œuvre d’art… inépuisable sujet d’inspiration pour le sculpteur ou le peintre.

Briana-Dejesus-Topless-6.jpgL’homme et, bien entendu, la femme sont omniprésents dans l’ornementation du cadre de vie des Européens. Du reste, les musées mais aussi les lieux publics en témoignent abondamment. Avant que l’art contemporain, sous l’effet d’une pathologie équivalente au « Grand Remplacement », se mette à rejeter l’harmonie corporelle, l’être occidental a multiplié les chefs d’œuvres magnifiant, sous le triple signe de la force, de l’élégance et de la grâce, l’ensemble anatomique nous constituant.

De telles réalisations ne pouvaient évidemment éclore en terre d’Islam. Il ne s’agit pas, on l’aura compris, de porter une critique envers ce courant de civilisation mais de constater qu’existent des perceptions totalement différentes du monde et qu’il faut renoncer au plus vite à tenter de faire cohabiter et même, comme le souhaitent certains humanistes « hors sol », à pousser à la fusion, des sociétés aussi antinomiques(4). Pareil projet relève de l’utopie ou d’une irresponsabilité frôlant la maladie mentale(5). Ces jours-ci, on parle beaucoup, du côté de Bordeaux, d’« identité heureuse ». Mais les identités ne seront « heureuses » et se respecteront mutuellement – ce que nous souhaitons tous ! – que lorsque chaque peuple pourra retrouver ou, plus exactement, aura spirituellement reconquis, l’homogénéité de son ethno-culture.

Paul-Georges Sansonetti (Nice Provence Info, 30 août 2016)

Notes

(1) On pourra se référer à ce propos à notre éditorial intitulé « L’appartenance, la forme et le centre » du 26 novembre 2014.
(2) Article précisément intitulé « angle facial ». Dans l’édition du Petit Larousse de 1988 on pouvait encore lire (p. 401, au mot « facial », cette fois) que cet angle « est plus ou moins ouvert selon les groupes humains ». Mais plus rien (ni à « angle », ni à « facial ») dans l’édition de 2003.
(3) Outre le monde indo-européen, signalons que dans l’ésotérisme hébraïque, le mot Tiphéreth, signifiant « Beauté », prend place au cœur d’une structure médiatrice entre le domaine (limité par la matière et le temps) de l’humain et celui, infini, du divin.
(4) Le nouveau maire musulman de Londres, Sadiq Khan, s’est empressé de tenter de faire interdire dans le métro de la capitale les affiches représentant des femmes au corps « irréalistes » selon lui. En fait toute représentation de la femme. Bizarrement la classe politique bien pensante au complet qui avait applaudi l’élection de ce maire musulman, s’est tue lors de cette décision.
(5) Jugement déjà formulé dans notre article « Les bachi-bouzouks et Toutatis » du 7 août 2016.