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vendredi, 02 février 2024

Peter Sloterdijk et l'esprit du monde

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Peter Sloterdijk et l'esprit du monde

Par Nicolas Mavrakis (2020)       

@nmavrakis

Source: https://revistapaco.com/la-mentira-como-espiritu-del-mundo/

Le regard zénithal de Peter Sloterdijk se caractérise par la conscience que, comme il le dit lui-même en parlant de "l'époque des levées" en France, on ne gagne pas une guerre avec des soldats qui sont sympathiques à l'autre camp. Mais cette phrase, écrite dans Où sont les amis de la vérité, le premier des cinq articles rassemblés dans Les épidémies politiques, peut en fait être lue de deux manières différentes. La première est la plus simple et la plus transparente : l'obligation d'être unilatéral impose aussi l'obligation de ne pas penser. Et c'est exactement ce que Sloterdijk explique avec ses métaphores militaires: porter l'uniforme national est du "perspectivisme en armes", et c'est pourquoi l'auto-suggestion est "l'étoffe dont est fait l'héroïsme synthétique du vingtième siècle". La seconde façon de lire la même phrase, en revanche, nécessite de revenir sur la question du caractère zénithal de son regard.

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A 73 ans, Sloterdijk n'est pas seulement l'auteur d'une des plus grandes œuvres philosophiques pensées à la lumière (et à l'ombre) de la turbulente transition civilisationnelle entre le 20ème et le 21ème siècle, il est aussi "le dernier penseur allemand", comme le reconnaissent avec une révérence indolore les intellectuels les plus lucides, de droite comme de gauche. La question de savoir si Sloterdijk, en se définissant comme un "conservateur de gauche", fait preuve d'ironie à ce sujet est une autre discussion; dans ce cas, il n'y a pas peu de personnes (ou des personnes sans importance) qui reconnaissent dans la force de ses idées et de ses jugements le seul philosophe européen pertinent après Martin Heidegger. La précision est importante, car si les pages de Las epidemias politicas transmettent quelque chose, c'est que Sloterdijk sait très bien ce que son personnage représente et, de surcroît, agit en conséquence. Ainsi, si "une guerre ne se gagne pas avec des soldats sympathisants de l'autre camp" parce que "l'obligation d'être unilatéral impose l'obligation de ne pas penser", que se passe-t-il si cet autre camp, que Sloterdijk décrit comme une combinaison du "néo-moralisme du politiquement correct" et de "l'effet post-factuel des réseaux sociaux" (une zone de "l'appareil médiatique" où "la valeur de vérité d'une publication diminue proportionnellement au nombre de ses destinataires"), ne peut pas et ne veut pas penser ?

Instrument central de l'idéologie occidentale contemporaine, explique Sloterdijk, le cynisme à son apogée épargne à la logique du pouvoir même le besoin hypocrite de se lamenter sur cette impossibilité de penser. C'est pour cette raison que le scepticisme cynique et l'autosatisfaction pour son réalisme marchent triomphalement de pair. Si l'on devait caractériser en une seule phrase l'atmosphère mentale globale à l'aube du 21ème siècle, tant en Occident que dans le "reste du monde", ce serait: "le trickster est devenu l'esprit du monde", écrit Sloterdijk. Personne ne devrait donc s'étonner de la relative impunité avec laquelle les médias remplissent les interstices de leurs affaires avec des fake news, légalement peu soucieux de "faire la différence entre la diffusion de l'information et sa valeur de vérité", tant qu'elle ne nuit pas trop aux "minorités hypersensibles", aux dénonciateurs en série dans le désert du politiquement correct et à tous ceux "qui ont des raisons de penser que la liberté d'expression leur portera préjudice". En définitive, cet "obscurantisme cynique" nuit à la démocratie elle-même, c'est pourquoi les "amis de la vérité" sont plus que jamais nécessaires.

Le postulat général étant posé, il est intéressant de constater qu'en discernant comment la démocratie symptomatise politiquement cet "obscurantisme cynique", Sloterdijk assume plus librement que jamais le poids de sa parole, et même celui de ses inévitables aléas. En ce qui concerne le premier, le poids de sa parole dans l'espace public, Las epidemias politicas dépeint bien sa polémique sur la manière de gérer l'arrivée massive d'immigrés syriens en Allemagne et ce que cette présence inconfortable révèle en termes de "cohésion sociale menacée", une question que le phénomène le plus connu de l'histoire allemande récente, le nazisme, rend insaisissable et malvenue pour la plupart des intellectuels allemands. C'est précisément la peur de discuter en profondeur du problème de l'immigration qui, d'autre part, finit par céder la place aux nouveaux partis xénophobes d'extrême droite, qui se développent d'année en année à coup de slogans économiques, culturels et écologiques. Les détails concrets de cette discussion, à laquelle participe également Rüdiger Safranski, montrent mieux que toute théorie abstraite ce que Sloterdijk veut dire lorsqu'il parle des pièges dangereux du politiquement correct. Vu de l'extérieur, il est toutefois curieux de constater que même en Allemagne, et même lorsqu'il s'agit de son plus grand philosophe vivant, la loi de Godwin, qui stipule qu'au fur et à mesure qu'une discussion en ligne se prolonge, la probabilité d'une comparaison mentionnant Hitler ou les nazis tend à augmenter d'une unité, s'applique.

Le segment fantaisiste, en revanche, est celui que Sloterdijk réserve à sa critique du populisme, qu'il identifie à une "pandémie politique" (écrit en 2016 et dans un contexte totalement différent de celui d'aujourd'hui, le mot "pandémie", astucieusement inséré dans le titre du livre, n'a rien à voir avec la pandémie de Covid-19). Peut-être qu'une définition aussi grossière du populisme comme "une forme d'agression par la simplification" ne peut être acceptée que de la part de quelqu'un comme Sloterdijk, surtout quand c'est lui-même qui, un peu plus tôt, en discutant du problème de l'immigration, révèle les mécanismes par lesquels le populisme européen de droite construit sa base réactive et dépourvue d'idées. Cependant, avec des cas comme le Brexit et le Grexit, et avec des exemples américains comme la présidence de Donald Trump, Sloterdijk répète des lieux communs tels que le populisme est "un désir généralisé d'incompétence au pouvoir" ou l'effet de quelque sinistre manipulation dirigée depuis la Russie, entre autres phrases qui ne sont pas trop éloignées de celles du commentateur politique le plus improvisé.

Bien sûr, Peter Sloterdijk n'est pas un commentateur de Todo Noticias, et il est clair que, dans l'accord ironique de son style, une définition aussi directe et presque superficielle du populisme comme "une forme d'agression par la simplification" pourrait bien être un jugement définitif sur les idées d'Ernesto Laclau plutôt qu'un signe de son ignorance absolue (après tout, nous prévient Sloterdijk, "le secret a toujours une longueur d'avance sur la transparence"). C'est à ce moment-là que Sloterdijk, qui se décrit comme "apolitique", souligne que dans le processus de démocratisation autour de la "nation-produit artificielle", on devient de plus en plus responsable de ses ennemis. Mais c'est aussi avec ironie et humour, insiste le grand philosophe du haut de son regard zénithal, qu'il faut clarifier la situation.

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lundi, 03 juillet 2017

Een ongewoon conservatieve denker

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Dirk Rochtus:

Een ongewoon conservatieve denker

Ex: http://www.doorbraak.be

Filosoof Peter Sloterdijk noemt zich links, maar verdedigt de natiestaat. Het post-nationale bedreigt de verworvenheden van de beschaving.

Peter Sloterdijk is een origineel en productief denker. De Duitse filosoof met een Nederlandse vader werpt zich vol overgave in het maatschappelijke debat. Meer dan veertig boeken en talloze essays vormen de neerslag van zoveel geëngageerd denken. Hij laat zich zowel uit over de vluchtelingencrisis en het belang van nationale grenzen als over Friedrich Nietzsche. Zo hield hij bij de honderdste sterfdag van de ‘filosoof met de hamer’ in 2000 in Weimar een voordracht van wel drie uur.

Op maandag 26 juni viert Sloterdijk zelf zijn 70ste verjaardag. Het weekblad Der Spiegel (26/2017) publiceert naar aanleiding daarvan een diepgravend interview met hem. In feite verdient het vraaggesprek om vertaald en gepubliceerd te worden. Doorbraak wil zijn lezers alvast enkele veelzeggende gedachten van Sloterdijk over natiestaat, globalisering en conservatisme meegeven.

‘Politiek protestantisme’

Het overlijden van oud-bondskanselier Helmut Kohl, architect van de Duitse Eenheid, herinnert Sloterdijk aan het onbehagen dat de ‘Wiedervereinigung’ toentertijd bij hem opriep. Wie verwacht had dat de eenmaking Duitsland verrijkt zou hebben met een flinke scheut Pruisendom kwam volgens Sloterdijk bedrogen uit. De leiders van de communistische DDR hadden het hunne bijgedragen tot de ‘Zerstörung des alten Preußentums’ (de vernietiging van het oude Pruisendom). En inderdaad, wat hadden ze niet allemaal opgeblazen? Het keizerlijke slot in Oost-Berlijn, de Garnisonskirche in Potsdam, het slot van rijkskanselier Theobald von Bethmann Hollweg in Hohenfinow …. De herontdekking van Pruisenkoning Frederik de Grote in de jaren 80 door de DDR-bonzen bood maar een schrale troost. Nee, volgens Sloterdijk kregen de West-Duitsers met de Oost-Duitsers er geen enkele Pruis bij. In plaats daarvan dook het ‘politieke protestantisme’ op zoals onder dominee-bondspresident Joachim Gauck en domineesdochter Angela Merkel, beide uit Oost-Duitsland afkomstig. Wat dat in de praktijk betekende, heeft Duitsland mogen ondervinden met de ‘Willkommenskultur’ als uitvloeisel van de drang van de huidige bondskanselier om de wereld te verbeteren. Merkel uitte zich daarmee als een typisch vertegenwoordigster van de globalisering die alle fysieke én mentale grenzen wil slopen.

Natie en globalisering

Sloterdijk beweert dat de vroegere afstanden tussen de mensen, zowel de fysieke als de mentale, voor ‘Diskretion’ zorgden. De globalisering betekent de ‘triomf van het indiscrete’: ‘Jetzt schaut jeder jedem ins Wohnzimmer’ (Nu kijkt iedereen binnen in ieders woonkamer). Mentaal zijn de mensen, die oorspronkelijk in een kleine gemeenschap woonden, er niet op voorbereid om met miljarden anderen te ‘co-existeren’. Het was in de geschiedenis al moeilijk genoeg om mensen om te vormen tot burgers van een natie, laat staan hoe moeilijk het niet is om van hen Europeanen of wereldburgers te maken. Sloterdijk beschouwt de natie als het resultaat van ‘het overdreven leggen van het politieke accent op de familie als metafoor’ (wat herinnert aan de ‘imagined community’ van Benedict Anderson: we voelen ons binnen de natie ook verbonden met mensen die we nooit persoonlijk zullen kennen). De vraag hoe rekbaar die metafoor van de familie is of mag zijn, legt het verschil bloot tussen globalisering en nationalisme. De aanhanger van de globalisering gelooft en streeft ernaar dat alle mensen broeders en zusters worden – even moeten we denken aan de beroemde versregel van Friedrich Schiller ‘Alle Menschen werden Brüder’ uit ‘Ode an die Freude’, niet toevallig de hymne van de Europese Unie (EU). Wie sceptisch is over zo’n toekomstbeeld, wie niet meegaat in het verhaal van het ‘frivole universalisme’, wordt weggezet in het verdomhoekje van nationalisten en populisten.

‘Zelfvernietiging’

Sloterdijk onderscheidt tussen twee vormen van nationalisme. Het ‘klassieke’ nationalisme was uit op expansie, het ‘regressieve’ heeft ‘eine defensive und immunitäre Funktion’. De filosoof vergelijkt een nationale cultuur met een immuunsysteem waarbij immuniteit als een juridisch gegeven moet worden gezien, als het ‘Grundrecht auf Unversehrtheit’ (een basisrecht op integriteit). Hij waarschuwt voor een ‘Überstrapazierung’ (een overspannen) van het universalisme van de Aufklärung (de verlichting): rechtsbedeling en sociale zekerheid zijn tot nu toe enkel denkbaar in een nationaal kader. Als je niet-leden er een onbeperkte toegang tot geeft, komt dat over als ‘eine Geste der Selbstzerstörung’ (een gebaar van zelfvernietiging). Op de opmerking van Der Spiegel dat het overbrengen van de natiestaat in supranationale structuren, zoals in het geval van de EU, niets te maken heeft met de ‘Lust an Selbstzerstörung’ antwoordt Sloterdijk: ‘Man relativiert sich selbst in einer postnationalen Zukunft’, een post-nationale toekomst waarvan niemand weet hoe hierin ‘nieuwe functioneerbare ordeningsstructuren’ kunnen worden gevormd. Dat besef maakt Sloterdijk tot een conservatief. Weerom onderscheidt hij, zoals bij het nationalisme, twee vormen van conservatisme. Het klassieke ‘antropologische’ conservatisme is pessimistisch, gelooft niet in de verbeterbaarheid van de mens en vindt orde belangrijker dan vrijheid; het procedurele of historische conservatisme berust op het inzicht dat ‘de verworvenheden van de beschaving’ verloren kunnen gaan, zoals de rechtsstaat, de ‘Sozialstaat’ en de ‘Wohnkultur’. Het frivole universalisme daarentegen zet volgens Sloterdijk democratische verworvenheden op het spel om ‘kleine verbeteringen te bereiken, waarvan niet zeker is dat men ze verkrijgt’. De massa-immigratie bijvoorbeeld belast niet alleen het waarden- en normensysteem van de ontvangende staat, maar ook zijn integratiecapaciteit op het vlak van sociale zekerheid, huisvesting, arbeid ….  Van de ‘Wohnkultur’ hangt het basisgevoel van het ‘In-der-Welt-Sein’ van de mens af. Sloterdijk vertaalt hier op filosofische wijze wat je vaak ‘gewone mensen’ hoort zeggen, namelijk dat ze zich niet meer thuis voelen in hun eigen maatschappij.

‘Politieke masochisten’

Sloterdijk omschrijft zichzelf als ‘linkskonservativ’, als iemand die wel degelijk emancipatorische principes in zich draagt, maar ‘neben diesen hat sich bei mir ein Zuwachs an konservativen Elementen entwickelt’ (‘hiernaast heeft er zich bij mij ook een toename van conservatieve elementen ontwikkeld’). Die linksdenkenden waarmee hij totaal geen affiniteit heeft, dat zijn ‘Linksanarchisten beziehungsweise politische[n] Masochisten, die jeden Hinweis auf so etwas wie Nation oder nationales Interesse, Identität und Tradition für ein Verbrechen an der Menschheit halten’ (‘linkse anarchisten, respectievelijk politieke masochisten die elke verwijzing naar zoiets als natie of nationaal belang, identiteit en traditie als een misdaad tegen de mensheid beschouwen’).

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mercredi, 05 octobre 2016

De moderniteit als mislukt experiment

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De moderniteit als mislukt experiment

door Jonathan Van Tongeren

Ex: http://www.novini.nl

De moderne mens leeft in een hiaat, zo oordeelt de Duitse filosoof Peter Sloterdijk. In zijn briljante en tegelijk verontrustende boek ‘De verschrikkelijke kinderen van de nieuwe tijd’ zet hij zich aan het uitmeten van dit hiaat.

Voor Sloterdijk is de moderniteit het gevolg van het hiaat. Als Sloterdijk van hiaat spreekt, dan bedoelt hij het proces van het opbreken van tradities en het afbreken van verwantschappen. Waarlijk modern is derhalve naar zijn overtuiging “dat vanuit het niets het tot dan toe overtuigde leven, dat in de experimenterende omgang met zichzelf het besluit verwerkelijkt, de verschoten traditie door intensieve hypothesen te vervangen.”

slotkinder42435.jpgSloterdijk verbindt dit hiaat ook concrete historische gebeurtenissen vast. Zo heeft in de Franse Revolutie, met haar voorlopige hoogtepunt in de executie van koning Lodewijk XVI op 21 januari 1793, de breuk met alles wat geweest is zijn definitieve manifestatie gevonden.

Sloterdijk trekt vervolgens de lijn van deze breuk en zijn gevolgen door, via Napoleon tot aan de Russische Oktoberrevolutie en de moord op de Romanovs. Zijn oordeel met betrekking tot deze gebeurtenissen kon nauwelijks harder uitvallen: Zonder het hiaat, dus zonder 1789 en 1793, hadden Napoleon noch Stalin een kans gehad.

Het tijdperk van de reparaties

Tegen deze achtergrond mag het niet verwonderen dat Sloterdijk ook geen goed woord over heeft voor de politici van tegenwoordig, die logischerwijze eveneens producten van het hiaat van 1789 zijn. “Waar de moderniteit het tijdperk van de projecten was, bewijst zich de postmoderniteit als het tijdperk van de reparaties. [..] Waar vooruitgang en reactie de leidende begrippen van de 19e eeuw waren, zijn lapwerk en reparatie die van de 21e eeuw. Grotere politiek lijkt nog slechts in de vorm van uitgebreide pechservice mogelijk.”

Maar waarom is dat zo? Waarom kan politiek tegenwoordig niets meer tot stand brengen, maar nog slechts repareren en zodoende noodzakelijkerwijs mank gaan? Het antwoord levert Sloterdijk in de vorm van wat hij ‘de beschavingsdynamische hoofdregel’ noemt: “In het wereldproces na het hiaat worden voortdurend meer energieën los gemaakt dan onder vormen van tot overlevering in staat zijnde beschaving gebonden kunnen worden.”

Deze zin barst van het Sloterdijkiaanse taalgebaar, waarvan we toe moeten geven dat ze niet altijd meteen eenvoudig te begrijpen is. De filosoof slaagt er zo echter in het hele drama van de moderne mens in één zin te condenseren. Het gaat er om dat de moderne mens steeds met meer te maken krijgt dan hij verwerken kan. De moderne mens laat het zodoende vrijwillig afweten.

De breuk met het verleden was immers een vrije keuze van de mens, die hem vandaag de dag steeds vaker op de knieën dwingt: “Alleen de ontkrachting van het verleden [..] bewerkt dat mensen zichzelf vrij moeten ‘uitkiezen’ of ‘uitvinden’. De vrijen zijn niet alleen diegenen die zich van een heer ontdaan hebben. Ze zijn ook diegenen die men zonder verklaring op straat heeft gezet.”

Diegenen die op straat zijn achtergelaten zijn voor Sloterdijk de ‘verschrikkelijke kinderen van de nieuwe tijd’. Falende opvoeding en vrijwillige zelfontaarding van vaders en moeders zijn hiervan voor Sloterdijk overigens niet meer dan een symptoom. Hij bedoelt met de verschrikkelijke kinderen al diegenen die kinderen van hun tijd moeten worden omdat ze zo graag met tradities breken of het zonder klagen accepteren wanneer anderen dat voor hen doen. Wie geen bindingen heeft en geen bindingen erkennen wil, is verloren en moet toegeven aan wat de tijd waarin hij leeft hem opdringt als schema voor denken en handelen.

Als men Sloterdijk volgt in zijn analyse van wat hij in de ondertitel van zijn boek het ‘antigenealogische experiment van de moderniteit’ noemt, dan is dat experiment in ieder opzicht mislukt. Zelfs links, dat in zijn ambities voor experimenteren met de mens het meest gedurfd was, wist volgens Sloterdijk geen enkel succes te boeken. Wel integendeel, links is naar zijn mening de politieke manifestatie van de mislukking om de grootheden ‘partij’ en ‘klasse’ op elkaar af te stemmen.

De vraag die overblijft, is die naar redding; of uitredding uit het experiment van de moderniteit mogelijk is en zo ja hoe. Sloterdijks antwoord kon niet eenduidiger zijn. Wie zich ervoor behoeden wil een kind van zijn tijd te worden, die mag niet toegeven aan hen die de breuk met de traditie tot een onomstotelijk dictum willen verheffen. Want voor het in-de-wereld-zijn is er ook wat Sloterdijk betreft geen alternatief. Ieder mens en dus ook de mens in de nieuwste tijd heeft het echter in de eerste plaats zelf in de hand hoe hij zich in dit bestaan inricht. Deze autonomie zou hij nooit op moeten geven.

N.a.v. Die schrecklichen Kinder der Neuzeit. Über das anti-genealogische Experiment der Moderne (Suhrkamp Verlag, 2014), hardcover, 489 pagina’s. In het Nederlands verschenen als: De verschrikkelijke kinderen van de nieuwe tijd (Uitgeverij Boom, 2015), paperback, 352 pagina’s.

 
 

jeudi, 04 février 2016

Filosoof Peter Sloterdijk provoceert Duitse goegemeente

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Lofzang op de nationale grenzen

Filosoof Peter Sloterdijk provoceert Duitse goegemeente

door Dirk Rochtus

Ex: http://www.doorbraak.be

Sloterdijk verwijt Merkel de soevereiniteit prijs te geven en de natiestaat te laten overrompelen door massa-immigratie.

Peter Sloterdijk (°1947) geldt als de beroemdste en meest strijdvaardige denker van het hedendaagse Duitsland. In de naweeën van de Tweede Wereldoorlog had zijn Duitse moeder een Nederlandse man leren kennen. Die zou echter kort na de geboorte van Peter verdwijnen met de noorderzon. De jonge Peter Sloterdijk – half Nederlander, half Duitser – zou opgroeien 'ohne prägendes väterliches Element' (zonder dat het vaderlijke element een stempel op zijn opvoeding drukte). Ietwat vergelijkbaar is dat met de situatie van Friedrich Nietzsche (1844-1900) die na het vroegtijdige overlijden van zijn vader opgroeide in een vrouwelijk milieu dat gevormd werd door grootmoeder, moeder en zuster. De cultuurfilosoof en essayist Sloterdijk is diepgaand beïnvloed door Nietzsche met wie hij ook de aforistische stijl deelt. Bij de honderdste sterfdag van Nietzsche, op 25 augustus 2000, was Sloterdijk dan ook de aangewezen denker om een rede – of analyse? – van meer dan drie uur lang af te steken in Weimar. De link naar het literaire en esthetische is nooit veraf. Een van de bekendste werken van Sloterdijk draagt als titel een versregel van Rainer Maria Rilke: 'Du musst dein Leben ändern' (2009).

Controverse

Sloterdijk schuwt de controverse niet, integendeel. In 2009 bijvoorbeeld bestempelde hij de welvaartsstaat als een vorm van 'fiscale kleptocratie' en pleitte daarom voor een 'fiscale democratie' waarbij de burgers zelf zouden kunnen bepalen wat er met hun belastinggeld zou gebeuren. In de drie grote monotheïstische religies onderkent hij een 'konfrontative Grundkonstellation' (de confrontatie zoekende basisconstellatie), die zich in het christendom in missionering en in de islam in de 'heilige oorlog' zou uiten.

manfredll.jpg'Zelfvernietiging'

Sloterdijk doet nu ook te midden van de vluchtelingencrisis als het alles beheersende thema weer van zich spreken. In een interview met het maandblad Cicero neemt hij het vluchtelingenbeleid van bondskanselier Angela Merkel en de houding van de media in deze kwestie onder vuur. De Duitse regering zou 'sich in einem Akt des Souveränitätsverzichts der Überrollung preisgegeben' hebben (zou zich in een handeling van afstand doen van soevereiniteit prijsgegeven hebben aan overrompeld worden). Dat komt volgens Sloterdijk omdat Duitsers de waarde van de nationale grens niet meer beseffen. Grenzen zouden ze louter als 'touristische Hindernisse' opvatten, iets wat er enkel toe dient om te overschrijden. Sloterdijk beschouwt die opvatting als een gevaar in het licht van de drang van meer dan een miljard mensen die proberen 'aus den Armutszonen in den Wohlstandsraum zu gelangen' (uit de zones van armoede binnen te geraken in de welvaartsruimte). De Europese Unie (EU) zou daarom een 'efficiënte gemeenschappelijke grenspolitiek' moeten ontwikkelen, want 'Es gibt schließlich keine moralische Pflicht zur Selbstzerstörung' (Er bestaat tenslotte geen morele plicht tot zelfvernietiging). Sloterdijk zingt 'das Lob der Grenze' (lof van de grens), vanuit het geloof dat 'der territoriale Imperativ' zich zal doorzetten. Maar omdat de EU blijkbaar niet bij machte is haar buitengrenzen te bewaken, duikt binnen haar ruimte in verschillende lidstaten het nationalisme weer op. Sloterdijk ziet daarin een uiting van 'lokale Notwehr' (locale zelfbescherming). De nationale staat dicht hij 'ein langes Leben' toe als 'das einzige Großgebilde, das bis zur Stunde halbwegs funktioniere' (de enige grote constructie die tot op heden nog min of meer functioneert).

'Eigenlijke filosoof van AfD'

De media geeft de filosoof een veeg uit de pan omdat ze zich te weinig zouden bekommeren om neutraliteit. Ze zouden zich hullen in een 'Lügenäther' (een ether van leugens). Die laatste uitdrukking herinnert zijn critici aan de uitdrukking 'Lügenpresse' (leugenachtige pers) waarmee aanhangers van Pegida en Alternative für Deutschland (AfD) de Duitse pers ervan beschuldigen wantoestanden te verheimelijken die uit de vluchtelingencrisis voortvloeien. Linkse publicisten menen dat Sloterdijk ondanks zijn 'nevelig' taalgebruik dicht in de buurt komt van de AfD en dat hij zelfs als 'eigentlicher Philosoph der AfD' zou kunnen fungeren. Opvallend bij dit alles is dat met Sloterdijk het rijtje van bekende Duitse denkers en schrijvers zoals Rüdiger Safranski en Botho Strauß aangevuld wordt dat 'nationalkonservative' opvattingen verdedigt.

lundi, 09 février 2015

Sloterdijk lesen – Der Philosoph als Paradoxienberater

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Sloterdijk lesen – Der Philosoph als Paradoxienberater
 
von Alexander Schleyer
Ex: http://www.identitaere-generation.info

„Aufklärung ist kein Erwerb von Schätzen, sondern eine Verschwendung von Dummheit, bis sie nicht mehr für den eigenen Bedarf reicht.“ 

In der Tat ist es nicht einfach, in der Gegenwart Denker zu finden, die diesen Namen auch verdienen. In der Mehrheit erschöpft sich ihre Aufgabe darin, den theoretischen Überbau der New World Order zu liefern und aggressiver Massenmenschhaltung mit dekonstruktivistischen Geschwurbel den akademischen Anstrich zu verleihen.

Die offenbar seit längerem ausgebliebene morgendliche Masturbation einer Judith Butler oder der adonishafte Drang zur selbstherrlichen Ich-Performance eines schier allwissenden Richard David Precht prägen den philosophischen Pseudodiskurs unserer Tage; jedoch sollte schnell klar werden, daß die verbalen Ausdünstungen, die solcherlei fürstlich alimentierte Schwätzer regelmäßig auf das rotweinbesoffene Bildungsbürgertum ablassen dürfen, nur wenig mehr sind als die legitimierenden Theoreme zu psychosozialen Erkrankungen. Vielmehr lassen sich die Denkfabriken der Gegenwart mit einem Labor vergleichen, in dem aus einem Periodensystem der Elemente die Erreger stinkender Geschwüre entwickelt und von anzugtragenden Assistenten in die Versuchsmenschenmasse eingeimpft werden.

Der Mangel an überhaupt diskursfähigen Positionen erklärt sich also daraus, daß die geisteswissenschaftlichen Thinktanks eigentlich nichts weiter sollen (!) als Erklärungen für gesellschaftlich gewollte Prozesse unter dem Deckmäntelchen wissenschaftlicher Philosophie zu produzieren (!), ihre Gleichschaltung also das exakte Gegenteil des von ihnen so gern postulierten herrschaftsfreien Dialogs ist. Daraus folgt vor allem für diejenigen, die eine Gegenposition zur vorherrschenden einzunehmen versuchen, sich zumeist auf Theoretiker vergangener Zeiten berufen und oftmals Schriften aus einer Zeit bemühen, deren Inhalt noch womöglich nachvollziehbar und bloß aufgrund seiner chronologischen Distanz zum Jetzt nicht minder falsch sein muß, in den wenigsten Fällen aber konkret auf die Herausforderungen der Gegenwart anwendbar ist.

Moderne Modernismuskritik

Zweifelsohne haben die Vordenker der Konservativen Revolution einen unersetzbaren Beitrag zur später auch von der marxistisch inspirierten wie faschistischen oder anarchistisch motivierten Modernismuskritik geliefert; schwer aber nur lassen sich ihre Positionen überhaupt noch aufgreifen, ohne nur für eine spezielle kleine Gruppe ihrer Anhänger faßbar zu sein. Zweifelsohne haben auch Intellektuelle wie der Spanier Ortega y Gasset oder der kolumbianische Philosoph Nicolås Gomez Davila einen wertvollen Beitrag zur Wiedereinbringung nicht-weltlicher Ebenen geleistet, ebenso der britische Sozialwissenschaftler Anthony Giddens, der in „Konsequenzen der Moderne“ stocknüchterndie Auswirkungen des Fortschritts seziert. Nicht weniger nennenswert sollen auch Martin Heidegger und Ernst Jünger sein, letzterer insbesondere mit seinem „Waldgang“ auch in ganz praktischer Natur, aber es bleibt bei gegenwärtiger Anwendung notwendigerweise bei allen immer noch der Hauch eines rückwärtsgewandten Apologeten des konkreten Fortschrittsverlierers.

Positiv aus dem Stall der Gegenwartstheoretiker sticht der deutsche Philosoph Peter Sloterdijk hervor. Der eigenwillige Vielschreiber hat mit Arbeiten wie „Weltfremdheit“, „Zorn und Zeit“ oder auch seinem schmalen aber fulminanten Essay „Die Verachtung der Massen“ wichtige Beiträge über, gegen oder aus dem Zeitgeist gebracht. zuletzt mit „Die schrecklichen Kinder der Neuzeit“ eine Breitseite gegen Liberalismus, traditionslose Amerikanisierung und förmliche Verhausschweinung des modernen Menschen geschossen.

Kritiker sehen in Sloterdijk einen Schwätzer, der vor allem sich selbst gern reden hört; zugegebenermaßen ist er kein Autor, der „easy reading“ verspricht, er fordert eine gewisse Aufmerksamkeit des Lesers. Er kann geradezu prosaisch fabulieren, seine Leidenschaft zum Erzählen drückt sich in jeder Zeile aus, der Klang der Worte ist ihm genauso wichtig wie ihre Botschaft. Sloterdijk hat den Anspruch, möglichst genau zu arbeiten und beleuchtet wirklich jedes kleinste Detail in verschachtelten Abschweifungen, dazu neigt er zu Latinisierungen und Fremdwörtern, die seine Lektüre nicht immer einfach und den Vorwurf der Selbstinszenierung des arroganten Elfenbeintürmers durchaus verständlich machen. Andererseits aber macht gerade seine Lust am Detail und seine spürbare Freude am Schreiben seine Texte zu einer eben nicht nur hochintellektuellen, sondern auch in höchsten Maße vergnüglichen Lektüre.

Selber durch eine schwierige Kindheit gegangen, zwischen den Zwängen der „Gluckenmutti“ und dem „lieben fernen Papa mit den Seemannstätowierungen auf den ungeheuer starken Armen“ brach der Philosoph bereits in frühen Jahren mit seiner Vergangenheit und machte sich auf die Suche nach dem eigenen, aber auch dem kollektiven Wesen der abendländischen Identität. Von Linken stets durch seine messerscharfen Traktate gegen Habermas, die Frankfurter Schule und die Vermassung des „Menschenstalls“ verhaßt, bekam er auch bei Konservativen durch arrogante Pöbeleien und öffentliche Brüskierungen keinen Fuß auf den Boden. Gerade aufgrund des politischen und gesellschaftlichen Schwebezustands lohnt es sich besonders sein Frühwerk unter ideengeschichtlichen Aspekten der Gegenwart kritisch zu studieren.

Abwendung von der Gegenwart zur Abwendung des Scheußlichen

Entgegen der Vermutung soll nicht etwa „Die Verachtung der Massen“ als wichtigste Grundlage zur Stütze gegenwärtiger Metapolitik näher betrachtet sein, sondern sein weniger beachteter Band „Weltfremdheit“. Weniger als konkrete Anleitung wie Jüngers „Waldgang“ konzipiert, legt Sloterdijk in „Weltfremdheit“ von frühester Kulturgeschichte an, wenngleich nicht so ausufernd wie in „Sphären“, die Motivationen zur Abkehr von der Welt dar.

Wenn wir uns die Welt, in der wir sind, unseren Idealen folgend als die scheußlichste aller denkbaren Scheußlichkeiten vorstellen, dann fassen wir uns ein Herz und das Kultbuch rechtsintellektueller Pfadsucher, Ernst Jüngers „Waldgang“. Dessen Überlegungen zur Systemflucht sind zunächst praktischer Natur und gewinnen, unter dieser Prämisse gelesen, mit Sloterdijks „Weltfremdheit“ ein metapolitisches Fundament zeitgenössischer Philosophie. Fremd ist uns die Welt, weil wir ihren Anforderungen nicht entsprechen wollen oder können. Vice versa gilt dasselbe; als Fremdkörper werden wir von der Welt wahrgenommen und abgestoßen, als Störenfriede, die unterworfen gehören oder bestenfalls (schlimmstenfalls?) ignoriert. Am Scheideweg nach der Selbsterkenntnis der Scheußlichkeit stehen wir zwischen „futuristischem Utopismus“ und den „depressiven Formen des Lebens in der Zeit“. Auf dem wenngleich überholten politischen Spektrum beobachten wir auf der Linken den euphorischen Sturz in traumtänzerischen Utopismus, zur Rechten dagegen die zumeist weinerliche Beschreitung des zweiten Weges ins Jammertal konservativer Unzufriedenheit. Die Auswege nach innen oder in die Zeit vorwärts hinein sind jedoch nur die Horizontalen menschlicher Weltflucht.

„Der Mensch in der Revolte bleibt die Ausnahme“ stellt Sloterdijk folgerichtig fest und skizziert die Majorität als Patienten, als Kranke, die gelernt haben mit der Krankheit Scheußlichkeit zu leben. Sloterdijk entwickelt eine Ontologie der Selbsterhärtung des Seins in widrigen Welten, dessen Konsequenz sich bei Mißerfolg in Depressionen äußert: „Depressiv wird, wer Gewichte trägt, ohne zu wissen wozu.“ Nicht ohne Grund steigt die Zahl der psychischen Erkrankungen mit zunehmender Belastung durch den Zwang der alltäglichen Selbsterhaltung und zeitgleich äquivalent sinkender Sinnerkenntnis des routinierten Tuns. Genau dieses sich darin bergende Potenzial des Depressiven aber bildet die Grundlage zum Waldgang; die Unzufriedenheit mit dem Dasein als seinsbestimmendes Element des Wesens setzt entweder die Erkenntnis der Scheußlichkeit voraus oder zieht sie nach sich. Der postmoderne homo patiens als mit der Welt Überforderter ist also nichts mehr als ein mißlungener Revolutionär.

Gegen die Welt, gegen ihren Totalitarismus

Revolte soll im Zusammenhang des In-der-Welt-Seins aber keinesfalls nur als Aufbegehren gegen die Welt verstanden werden, sondern vollzieht sich zumeist vor allem aufgrund des zu erwartenden Mißerfolgs gegen die Welt als stille Revolte aus der Welt. Besonders spannend und zum weiteren Verständnis unabdingbar ist dabei der kulturhistorische Abriß der Weltabgewandheit der frühen Mönche und die daraus folgende ideengeschichtliche Herleitung der Sucht als Krankheit. Zunächst unzusammenhängende Probleme werden spätestens nach dem Kapitel „Das Prinzip Wüste“ zu einem klaren Kreis. Sloterdijk sieht im spätantiken Aufkeimen des Mönchtums die „rationale Organisierung der Probleme“, die aus dem recht schnell hereinbrechenden Gesellschaftswandel resultieren, und adaptiert diese in die Gegenwart, wo der Workaholic genauso wie der Karrierist und der Suchtkranke zu einem weltflüchtigen Einsiedler abzüglich religiöser Motivation wird. Das Problem Gegenwart wird statt transzendental weltimmanent zu lösen versucht; diejenigen Probleme, die das Individuum mit seinem In-der-Welt-Sein erfährt, sucht es durch Alternativprobleme aus der selben Welt zu lindern, nachdem ihm die Moderne alternative Ebenen der Weltabgewandtheit genommen hat. 
Die stetige Suche nach einer möglichst individualisiert erfahrbaren als auch möglichst weit im schwammigen Kosmos des sogenannten Jenseits beziehungsweise vielmehr einer individuell erdachten Form eines Jenseits schließt den Kreis zwischen den zunächst widersprüchlichen aber doch kohärenten Vorgängen der Säkularisierung, Spiritualisierung und Suchterkrankungen.

Revolte gegen die Zumutung

„In der Sucht begegnet uns eine individualisierte, das heißt vom Mitwissen der Kulturmitglieder abgespaltene Revolte gegen die Zumutung des Daseins“, woraus Sloterdijk die Konsequenz zieht, daß die Süchtigen „zu souverän sind, um sich die Plumpheit des Daseins zumuten zu lassen“. Nach Sloterdijk ist also der entspiritualisierte Mensch eine notwendige Folge aus dem regelrechten Totalitarismus Freiheit, der dem geistig-seelisch vollkommen unterforderten Individuum keinen anderen Weg zur Inexistenz läßt als der Weltflucht im Inneren durch das Äußere. Die unbefriedigte Sehnsucht nach Welten jenseits der alltäglichen Wahrnehmung des Immergleichen, die Suche nach einem unökonomischen Erleben des Ichs gestatten ihm das Entrinnen aus der Sklaverei des Selbsterhaltungstriebes. Die vom Ritual losgelöste Sucht bedeutet ein pseudometaphysisches Experiment unter dem Wunsch, das Zwangskontinuum einer schlechten Realität unterbrechen zu können und projiziert gleichzeitig den Wunsch nach zumindest zeitweiser Erlösung daraus.

Die kulturelle Verwurzelung der Erlösungsreligionen verankerte schon früh den Gedanken der Weltabgewandtheit in manifestierter Form; einer „heiligen Verneinung, die sich vom Trug des profanen Daseins abzustoßen versucht.“ Erst durch diesen metaphysischen Bezug zu einer Welt jenseits der als real erlebten macht sich der Suchende daran, diese Welt als eine in ihren Grundfesten schon als falsch erlebte zu entkräften: „Wer mit dem Erlösungsfeuer spielt, steht immer in der Versuchung dem Weltgebäude den Rücken zu kehren und es seinem Ruin zu überlassen – die Apokalyptik geht sogar so weit, seine Zerstörung herbeizupredigen und es, wenn es möglich wäre, von eigener Hand in Brand zu setzen.“

Die Herausarbeitung der Sucht als weltimmanentes Mittel zur Weltflucht nimmt im anthropologischen Exkurs zur Dialektik von Weltflucht und –sucht den Löwenanteil ein. War der Gebrauch von dem, was man heute Drogen nennt, in vormoderner Zeit einer Klerikerkaste vorbehalten oder war es ein gemeinsames Ritual religiöser Bewandtnis, so transformierte die Säkularisierung den Gebrauch in einen Mißbrauch und projizierte die jeweiligen kulturellen Sakrilege als Wesensumkehr des Konsumenten in die Droge. Interessant ist dabei die Feststellung, daß im Islam Alkohol verboten, der Haschischkonsum dagegen erlaubt ist, was in christlich-heidnisch geprägten Kulturen genau anders herum ist. Die Wirkung der Droge spült also das jeweils durch die jeweilige Kultur verschmäht-unterdrückte Wesenselement an die Oberfläche, ohne aber dabei das konkrete Ziel spiritueller Bewußtseinserweiterung zu haben. 
Sloterdijk spannt einen leicht nachvollziehbaren und vor allem im alltäglichen Erleben allseits bekannten Bogen vom Gebrauch über den Mißbrauch bis hin zur Sucht, die alles zur Droge werden lassen kann.

Gefängnis Gegenwart

Die Droge als Weltflucht – unter der in moderner Interpretation zugleich Daseinsflucht verstanden werden kann – analysiert er treffend als wechselseitigen Entzug aus dem Alltag durch die Flucht in diesen hinein wie nicht minder exzessiv aus ihm hinaus. Nur allzu bekannt ist die förmliche Sucht nach Fleiß, nach Arbeit und Studium mit ihrem Derivat der wochenendlichen Sauf- und Sex-Orgien. Wozu also soll man sein Dasein als da sein, als In- der-Welt-Sein begreifen, wenn man die Welt als Mittel gegen sie selbst und das In-ihr-Sein einsetzen kann?

Die Herleitung vom einst rituell-religiösen pharmazeutischen Eskapismus in den Wechsel zwischen zwei nicht am Wesen, sondern am bloßen Sein orientierten Süchten ist nur die Ablösung des religiösen Erlösungsgedankens an einen weltlichen, in dem die Erlösung nicht mehr im Wesen des Suchenden, nicht mehr im Kosmos außerweltlicher Kräfte und Energien, sondern in der Welt selbst, der man mit ihr grundimmanent innewohnenden Optionen wiederum zu entfliehen versucht. Richtig erkannt und so klar in ihrer Kritik an der pseudospirituellen und wesenlosen Seinsform der Moderne ist der Fluchtversuch mit Hilfsmitteln aus dem Gefängnis Gegenwart der „Ernstfall der Privatreligion“.

Die Leere der Freiheit

In seinem opus magnum „Sphären“ knüpft Sloterdijk an diesen philosophischen Topos an, nach dem der Mensch immer auf der Suche nach seiner verlorenen Hälfte sei, auf dieser er sich stets in unterentwickelten, weil zumeist weltlichen, sprich aus seiner ihm vertrauten Hälfte stammenden Ergänzungserfahrungen übt. Drogen, genauso aber wie Arbeit, Sekten oder deren Derivate auf der leeren Innenseite bürgerlicher Selbstrepräsentation entsprechen solchen Ergänzungsversuchen, die Sloterdijk als „Schäume“ bezeichnet, die aber zugleich das Einheitsdenken überwinden, indem sie die Vielheit der Eigenwelten eines jeden Einzelnen ausdrücken. Im Medium der modernen Sozialarchitektur werde nämlich explizit, wie der Mensch heute in der Welt ist: nicht mehr in einer metaphysischen Einheitssphäre, nicht mehr in eine Kollektivunternehmung eingespannt, sondern als “koisolierte Existenz”. Einzelne zelluläre Weltblasen sozusagen, die sich über unterschiedliche Medien wie Massenmedien und Marktbeziehungen integrieren und strukturell zu Schaum verdichten. Zugleich aber ist nur wenig einheitlicher und über einen Kamm scherbarer, als der zusammenhanglose kollektive Zwang zum Individualismus, was als Phänomen die Überwindung des Einheitsdenkens wiederum ad absurdum führt. Die Wahrnehmung des Einzelnen als Subjekt führte zum Umbau der Gemeinschaft in die Gesellschaft, die wiederum durch die fortgeschrittene Subjektivierung ihrer Individuen die Objektivierung des Ganzen zur Folge hatte: Die Masse einzelner frei entscheidender Ichs wird also zu einem kollektiv funktionierenden Menschenschaum aus den Simulacren subjektiver Freiheit. Moderne Gesellschaften funktionieren als jeweils individuelle Reproduktion von Vielheiten, deren Resultat eine pluralistische Ontologie von Einzelumwelten ist – Schaum eben.

Sloterdijks Sphärologie mündet in einem gepfefferten Traktat gegen das „Verwöhnungstreibhaus“, das die Wohlstandsgesellschaft sich als „riesigen Brutkasten für die allumfassend abgesicherte Existenz“ errichtet hat. Mit dabei ist eine unterschwellige aber nicht minder eindeutige Kritik an der Denkweise der Frankfurter Schule: Seitdem wirkliche Armut und Not in unserer Kultur eher die Ausnahme geworden sind, täten sich Gesellschaftskritiker zunehmend schwer als „Anwalt des Realen“ aufzutreten, sondern ordnen die Realität vielmehr ihrer Theorie unter. Wenn nicht sein kann, was nicht sein darf, rückt die – eine der berühmten Sloterdijk’schen Wortneuschöpfungen – „Luxusviktimologie“ in den Mittelpunkt, gipfelnd in Toleranzexzesse, Kampf gegen Rechts und den saturierten Wutbürger und deren kuriose Formen der „Absicherung des Wohlbefindens“ auf Kosten direkter menschlicher Solidarität; ein Anspruchsdenken, das aus dem Verschwinden realer und organischer Sozialumgebungen resultiert. Kurz gesagt: Solange er noch zu fressen und zu ficken hat, wird der konsumverwahrloste Gegenwartsmensch aus seiner Schaumblase nur selten hervorlugen, ohne Sloterdijk Marinettis utopische Dystopie vom reinigenden Krieg unterstellen zu wollen.

Gleichheit als Herrschaftsinstrument

Diesen Gedanken unterzieht Sloterdijk in „Die Verachtung der Massen“ seiner anthropophilosophischen Untersuchung, wenn er die Prämisse moderner Staatsführungen beschreibt, sowohl in der nationalistischen als auch der „alternativlosen sozialdemokratischen“ Ausprägung, daß alle Macht nicht mehr von den durch Geburt oder Befähigung Qualifizierten sondern von den Vielen ausgehe. Mit Elias Canetti steht gleich zu Anfang sein weiterer Kurs fest: Wohin der Weg führt, weiß die Masse nicht, es ist ihr auch egal. Ziel ist, möglichst schnell dorthin zu gelangen, wo die meisten bereits schon sind. In diesem Ausdruck kollabiert die demokratieromantische Vision beziehungsweise das demokratische Ideal vom kollektiven Subjekt, das weiß, was es will.

Bezugnehmend auf Canetti verleiht die distanzlose Nähe der Einzelnen in der Masse, in der alle Unterschiede schwinden – „alle Trennungen abgeworfen sind“ – Sloterdijks Schaummetaphorik ganz besonderen Nachdruck. So denkt die Massensoziologie den Gedanken der Gleichheit Aller eben nicht von der Voraussetzung der Gleichberechtigung her, sondern vom „gleichzeitigen Sichgehenlassen“. Selten nur hat ein populärtauglicher Intellektueller die Falschheit, die Verlogenheit und die Perfidität der ständigen Gleichheitsmantras präziser unter Feuer genommen! Nun stammt Canettis Untersuchung der Massen aus einer Zeit, als diese sich noch wirklich physisch versammelten; der Sog, die „Menschenschwärze“ ist haptisch erlebbar gewesen. Der „Massenindividualismus“ der Postmoderne dagegen fußt auf der „lonely crowd“, der individuellen Masse ohne sie als Einzelner als solche erfahren zu müssen, sondern als jeweils Einzelner wie Millionen jeweils andere Einzelne auch durch Medien, Diskurse oder Popkulturphänomene eine Masse zu bilden, die dadurch als Ansammlung vieler Subjekte zum Objekt selbst wird – zum „Rohstoff totalitärer und medialer Herrschaft“. Die simple Steuerbarkeit der sich als frei fühlenden Massen setzt Sloterdijk im seinem winzigen Essay „Letzte Ausfahrt Empörung“ mit dem römischen Brot-und-Spiele-System gleich; noch unverhohlener hat durch „eine Junta von imperialen Berufspolitikern“ das Feld übernommen.

Ekel vor der Vernunft

Die „unversammelbare und unversammelte Masse“ der Postmoderne hat also keinen gemeinsamen Aufschrei mehr, keine Marschrichtung, sondern versammelt sich im Virtuellen oder im wiedergekäuten Konsum, dessen Offerten bereits durch den Pansen der steuernden Eliten vorverdaut worden sind, und macht sich somit nicht nur anfällig für Manipulation, sondern regelrecht führbar wie eine abgerichtete Herde, eine „Masse ohne Potenzial“.

In seinem jüngsten Opus „Die schrecklichen Kinder der Neuzeit“ analysiert der Philosoph diese planmäßige Entwicklung weiter und kreiert einen westlichen Universalismus des Nichts-Seins. Europa als jahrhundertelang tonangebender Kontinent ist überflügelt worden von einer „amerikanischen Filial-Kultur“, die sich unter den ökonomischen Tarnkappen blutleerer Mantras, wie Freiheit und Demokratie, wie ein giftiger Oktopus über den Planeten spinnt und außer wirtschaftlicher Urbarkeit verschiedener Böden lediglich das Erbe weitergibt, das Sloterdijk aus „multikulturellem Kapitalismus oder gemeinschaftlichem Individualismus“, aus „globalem Nationalismus und globalem Nomadentum“ erwachsen gesehen hat, die schlußendlich zum „Scheitern Europas“ geführt und dieses in einen amerikanischen Satelliten transformiert haben. Das daraus wuchernde Erbe sei das Paradoxon kein Erbe zu haben; verspritzt in alle Welt werden marionettenhafte Menschlinge gezüchtet, gleichgeschaltet im „Bastardentum ihrer Hybrid-Identität.“

Wären nur alle an ihrer Stelle geblieben, so Sloterdijk, den der SPIEGEL „einen Freiheitsfeind in deutscher Tradition“ nennt, hätten sich nur alle an den – im Zweifelsfall göttlichen – Plan gehalten, wäre nur, das ist das ultimative Klischee jedes ernsthaften Reaktionärs, die verdammte französische Revolution nicht gewesen, die alles durcheinanderbrachte, weil sie dem Menschen den Kopf verdrehte und ihm suggerierte, er habe bestimmte Rechte, die ihm niemand verweigern dürfe – dann wäre die Welt heute nicht so knietief im Desaster. “Wir sind Vertriebene, fast von Anfang an”, schreibt Sloterdijk. “Wir alle haben eine Heimat gegen ein Exil getauscht. Sind wir hier, in der Welt, so weil wir nicht würdig waren, an einem besseren Ort zu bleiben.” Die Freiheit also – oder: “Freiheit”, wie er es nennt – ist das Problem; sie ist das Exil, in die Freiheit sind wir “Geworfene”, wie Sloterdijk es mit Heidegger hält, schuldig sind “die Modernen”, unwürdig und illegitim: Niemand hat es je gewagt mit solch radikaler antiuniversalistischer Radikalität gegen die geifernde Götzin „Demokratie“ und ihre pervertierten Scheußlichkeiten anzugehen, niemand je gewagt, ihr schlichtweg jedwede Legitimität abzusprechen oder wie er bereits in „Sphären“ schreibt: “Im Weltprozeß nach dem Hiatus werden ständig mehr Energien freigesetzt als unter Formen überlieferungsfähiger Zivilisierung gebunden werden können.”

Obgleich sich der „philosophierende Schriftsteller“, wie sich Sloterdijk selbst gern nennt, politisch nicht positioniert und erst recht nicht vor den Karren spannen lassen will, so wächst gerade deshalb aus der Lektüre seiner Texte ein hochspannender Unterbau metapolitischer Feldforschung und Theoriebildung. Seine Kritik der Masse, ihrer Phänomenologie, ja der gesamten so verhaßten Gegenwart läßt sich genauso reaktionär wie progressiv lesen, wie Granaten schlagen sie bei Linken ein wie bei Bürgerlichen, die Glockenschläge eines hochnäsigen Elfenbeintürmers.

Über Alexander Schleyer

Alexander Schleyer
Ex-Soldat, Ex-Seemann, Ex-Freund, Flaneur, lebt als freier Autor in Wien.

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vendredi, 22 août 2014

Peter Sloterdijk: Die schrecklichen Kinder der Neuzeit

sloterdijk.jpg

Peter Sloterdijk: Die schrecklichen Kinder der Neuzeit – eine Rezension

Götz Kubitschek [1]

Ex: http://www.sezession.de

(Rezension aus Sezession 61 / August 2014)

Vorbemerkung: Ich las Sloterdijks Buch in Abschnitten unter dem Druck, ein ertragreiches Buch auf einer knappen Seite darzustellen. Nun lese ich noch einmal und in die Verästelungen hinein. Außerdem stelle ich allen Lesern folgende Aufgabe: Bis Ende August sind unter redaktion(at) sezession.de Rezensionen dieses Buchs einzureichen, die beiden besten werden hier veröffentlicht (wenn gewünscht auch unter Pseudonym) und honoriert, jede weitere gelungene wird mit einem der neuen Antaios-Notizbücher [2] bedacht. Ich halte Sloterdijks Buch für sehr wichtig. Nun meine Rezension:

DiSchrecklichenKinderderNeuzeit.jpgDie Neuzeit ist jene Epoche, die auf das vermeintlich dunkle Mittelalter folgte. Sie dauert als »Moderne« an, und ihr Kennzeichen ist die Emanzipation des einzelnen hin zu dem, was zu einem Allerweltswort verkommen ist: hin zum Individualismus, dessen vornehmliches Tun die Infragestellung von Schicksal, Bindung, Erbe und vorgegebener Hierarchie, kurz von jeglicher Form ererbter und vorgesetzter Fremdbestimmung ist.

Der Kulturphilosoph Peter Sloterdijk stellt dieser großen Loslösung von zweifellos welterschütternder Bedeutung in seinem neuen Buch (Die schrecklichen Kinder der Neuzeithier bestellen [3]) eine teure Rechnung aus: kein Fortschritt ohne Abbruch, keine Selbstermächtigung ohne Einmündung in einen Brei aus letzten Menschen. Diese Generaltendenz ist banal für jeden, der das Jahr 1789 nicht als den Beginn von allem, sondern als das Ende von etwas wertet. Banal ist auch, auf eine grundsätzliche Stärke des vorliegenden Buches hinzuweisen: Sloterdijk ist einer jener seltenen Philosophen, die zu erzählen wissen, und sein Schwung, seine atemberaubende Belesenheit, sein enzyklopädisches Gedächtnis oder jedenfalls seine perfekte Exzerpt-Kartei machen die Lektüre seiner Bücher fruchtbar. Systematisch sind sie nicht unbedingt, manchmal sogar heillos assoziativ in ihrem Versuch, Phänomene und Begebenheiten aneinanderzuknüpfen, und dies hat Sloterdijk unter seinen Fachkollegen unter anderem den Ruf eingebracht, kein Philosoph, sondern ein philosophischer Bestsellerautor zu sein.

Jedoch rührt von der Fähigkeit zur Quer-Schneise Sloterdijks Mut, mit dem er typisch konservative oder sogar reaktionäre Denkmuster aufgreift: Irgendwie verzeiht ihm die Zunft derlei, es ist, als ob er auf seinen Erntefahrten zuviel auf einmal einbrächte, ein bißchen unsortiert, aber manisch kräftig. Besonders augenscheinlich wird dieser Mut im vierten von sechs Großkapiteln: Es ist elegant mit »Leçons d’histoire« überschrieben und interpretiert »Sieben Episoden aus der Geschichte der Drift ins Bodenlose.« Sloterdijk schildert Szenen und destilliert aus ihnen das, was seine Theorie der neuzeitlichen Selbstüberhebung stützt.

Die Lektüre ist ein Gang durch sieben Kammern einer sich steigernden Rücksichtslosigkeit im Wortsinne: einer brachialen Abnabelung von allem Überkommenen, dem die Konstrukteure eines »Neuen Menschen« jede Legitimität abzusprechen bereit sind – mit der Konsequenz rücksichtsloser Experimente am lebenden Objekt Mensch. Paris 1793, Paris 1804, Zürich 1916, Jekaterinburg 1918, Moskau 1938, Posen 1943 und Bretton Woods 1944: Man ahnt die Struktur hinter diesem Gewebe, die immer hybridere Ablösung vom Halt einer Erdung, zuletzt (Bretton Woods) die von den Wirtschaftsprinzipien des Alten Europas. Jeden Linken und Liberalen muß die Reihung empören, jeden Rechten bestätigen. Ja, wir profitieren davon!

Wer im vorliegenden Buch Sloterdijks Urteil über den in der Breite eines Konsum-Schwemmfächers angekommenen Massenmenschen liest, darf das ohne weiteres als klassisch konservative Kulturkritik bezeichnen. Die Beschreibung der Stufen hin zum »letzten Menschen« unserer Tage beispielsweise ist bereits als bloße Beschreibung wertend genug. Eine der Wegmarken ist auch für Sloterdijk die Formulierung der Menschenrechte (»zeitgemäß, unumgänglich, hochherzig und uneinlösbar«), in denen »von Abstammung kein Wort mehr« fällt. Diese grundsätzliche Loslösung von allem Erbe habe sich in Amerika geradezu in ein Credo hinein gesteigert: Jede Art Bindung an eine Vergangenheit werde aufgebrochen, Gegenwart oder gar Vergangenheit im Vergleich zur Zukunft abgewertet. Sloterdijk macht das an Erwägungen Thomas Jeffersons fest, der von 1801 bis 1809 Präsident der USA war, und springt dann zurück nach Europa, um in Max Stirners Der Einzige und sein Eigentum [4] jenes Denken zu benennen, das bereits 1845 den äußersten Rand der Bindungslosigkeit markierte: Das »Ich« werde unanklagbar, werde zum »Selbstbesitz«, sei niemandem mehr etwas schuldig und könne Ansprüche jeder Art formulieren.

Was Stirner noch nicht wissen konnte, weiß Sloterdijk: Erst in den letzten fünf Jahrzehnten ist es der Masse unserer Hemisphäre ermöglicht worden, das theoretisch längst bestellte Feld praktisch zu erobern und eine Anspruchshaltung einzunehmen, die keinen Aufschub mehr hinzunehmen bereit ist und das dringende Bedürfnis hat, niemandem mehr zu Dank verpflichtet zu sein: »Zu realen und pragmatisch Letzten werden Individuen in der Konsum- und Erwerbsgesellschaft von dem Augenblick an, in welchem sie in die Daseinsweise von herkunftsschwachen und nachkommenslosen Selbstverzehrern einwilligen.«

Hierarchielos, breitflächig, ein »Konformismus des Anders-Seins«: Sloterdijks Ausblick ist mit »Im Delta« überschrieben, dort sieht er uns – irgendwie geronnen (dies erinnert nicht ohne Grund an die kristallisierte Gesellschaft, die Gehlen mit nüchternem Grauen beschrieb). Die beiden Wege, die er andeutet, sind jämmerlich: »Wille zur mittelfristigen Fortsetzung« dieses Endzustands lautet der eine, »feuerwerkartiger Endverbrauch im Hier und Jetzt« der andere. Daß unbesehen davon das Projekt einer Rettung der wenigen gewagt werden könnte, vermag er nicht zu formulieren.

(Peter Sloterdijk: Die schrecklichen Kinder der Neuzeit, Berlin: Suhrkamp 2014. 489 S., 26.95 € – hier bestellen [3].)

Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

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[1] Image: http://www.sezession.de/wp-content/uploads/2014/08/petersloterdijk_kinderderneuzeit_720x600.jpg

[2] Antaios-Notizbücher: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/aus-dem-aktuellen-prospekt/2930/notizbuecher-viererpaket.-juenger-benn-montag-scholl

[3] hier bestellen: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/aus-dem-aktuellen-prospekt/2477/die-schrecklichen-kinder-der-neuzeit

[4] Max Stirners Der Einzige und sein Eigentum: http://antaios.de/detail/index/sArticle/3100

[5] : http://bereitschaftsfront.blogspot.com/2014/08/die-vier-haltungen-im-falschen.html

[6] : http://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/peter-sloterdijks-neues-buch-die-schrecklichen-kinder-der-neuzeit-a-974984.html

[7] : https://www.youtube.com/watch?v=b23LYHxt1J8

[8] : http://www.literaturkritik.de/public/mails/rezbriefe.php?rid=19612#2834

[9] : http://www.lsr-projekt.de/juenger.html

[10] : http://gutenberg.spiegel.de/buch/4220/2

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vendredi, 18 novembre 2011

Crise du futurisme en Euro-Occident

Crise du futurisme en Euro-Occident

Diagnostic de deux intellectuels européens : Peter Sloterdijk et Slavoj Zizek

Ex: http://www.metamag.fr/

La mèche a certes été allumée de longue date aux Etats Unis avec la dérégulation monétaire (extinction des accords de Bretton Wood) unilatéralement décidée par les Américains en 1971, la dérégulation commerciale préparée par le GATT en 1945 qui a engendré l’OMC, puis la dérégulation financière en 1999. N’empêche, si la crise de l’endettement qui ébranle tous les Etats d’Europe a connu une telle virulence, c’est parce que, sous la conduite d’élites indignes, la flamme a été alimentée par notre aveuglement, notre paresse et notre soif inextinguible de jouissance qui ont aboli toutes les règles, fait sauter toutes les sécurités. A la place, un vaste no mans land parcouru d’individus sans foi, ni loi, aux vécus et aux horizons disparates ou amnésiques, angoissés ou cyniques.

Au printemps dernier, le quotidien Le Monde a invité deux philosophes –l’allemand Peter Sloterdijk (Nietzsche et Heidegger) et le slovène Slavoj Zizek (Jacques Rancière, Etienne Balibar, Gilles Deleuze ou encore Alain Badiou)- à se pencher et échanger sur cet état d’apesanteur déliquescent où gît ce que certains appellent l’Europe, d’autres l’Occident. L’Euro-occident.
Metamag

Nicolas Truong-Le Monde: Pour la première fois depuis 1945, l'idée d'avenir est en crise en Europe. Et l'Occident peine à croire au progrès, à l'image de ces nouvelles générations qui n'imaginent plus qu'elles vivront mieux que celles de leurs aînés. Désaffection politique, crise économique ou crispation identitaire : comment caractériser le moment que nous traversons ? Et peut-on, selon vous, parler d'une crise de civilisation ?

Peter Sloterdijk: Que voulons-nous dire, lorsque nous employons le terme de "civilisation occidentale", dans laquelle nous vivons depuis le XVIIe siècle ? A mon avis, nous parlons d'une forme de monde créé sur l'idée de la sortie de l'ère du passéisme. La primauté du passé a été rompue ; l'humanité occidentale a inventé une forme de vie inouïe fondée par l'anticipation de l'avenir. Cela signifie que nous vivons dans un monde qui se "futurise" de plus en plus. Je crois donc que le sens profond de notre "être-dans-le-monde" réside dans le futurisme, qu'il est le trait fondamental de notre façon d'exister.



La primauté de l'avenir date de l'époque où l'Occident a inventé ce nouvel art de faire des promesses, à partir de la Renaissance, au moment où le crédit est entré dans la vie des Européens. Pendant l'Antiquité et le Moyen Age, le crédit ne jouait presque aucun rôle parce qu'il était entre les mains des usuriers, condamnés par l'Eglise. Tandis que le crédit moderne, lui, ouvre un avenir. Pour la première fois, les promesses de remboursements peuvent être remplies ou tenues. La crise de civilisation réside en ceci: nous sommes entrés dans une époque où la capacité du crédit d'ouvrir un avenir tenable est de plus en plus bloquée, parce qu'aujourd'hui on prend des crédits pour rembourser d'autres crédits.

Autrement dit, le "créditisme" est entré dans une crise finale. On a accumulé tant de dettes que la promesse du remboursement sur laquelle repose le sérieux de notre construction du monde ne peut pas être tenue. Demandez à un Américain comment il envisage le remboursement des dettes accumulées par le gouvernement fédéral. Sa réponse sera surement: "personne ne le sait", et je crois que ce non-savoir est le noyau dur de notre crise. Personne sur cette Terre ne sait comment rembourser la dette collective. L'avenir de notre civilisation se heurte à un mur de dettes.

Slavoj Zizek: J'adhère pleinement à cette idée d'une crise du "futurisme" et de la logique de crédit. Mais prenons la crise économique dite des subprimes de 2008: tout le monde sait qu'il est impossible de rembourser ces crédits hypothécaires, mais chacun se comporte comme s'il en était capable. J'appelle cela, dans mon jargon psychanalytique, un désaveu fétichiste: "Je sais bien que c'est impossible, mais quand même, je vais essayer…" On sait très bien qu'on ne peut pas le faire, mais on agit en pratique comme si on pouvait le faire. Cependant, j'emploierais le terme "futur" pour désigner ce que Peter Sloterdijk appelle le "créditisme". Le terme "avenir", d'ailleurs, me semble plus ouvert. La formule "no future" est pessimiste mais le mot "avenir" est plus optimisme. Et je ne cherche pas, ici, à relancer le communisme de Marx qui s'apparente, en effet, à un créditisme démesuré.



Afin de caractériser notre situation, économique et politique, idéologique et spirituelle, je ne peux que rappeler une histoire probablement apocryphe. Il s'agit d'un échange de télégrammes entre les états-majors allemand et autrichien pendant la Grande Guerre. Les Allemands avaient envoyé un télégramme aux Autrichiens en leur disant: "Chez nous, la situation sur le front est sérieuse mais pas catastrophique", et les Autrichiens avaient répondu: "Chez nous la situation est catastrophique mais pas sérieuse" ! Et c'est cela le catastrophique: on ne peut pas payer ses dettes, mais, d'une certaine façon, on ne prend pas ça au sérieux. Outre ce mur de dettes, l'époque actuelle s'approche d'une sorte de "degré zéro".

Premièrement, l'immense crise écologique nous impose de ne pas continuer dans cette voie politico-économique. Deuxièmement, le capitalisme, à l'image de la Chine, n'est désormais plus naturellement associé à la démocratie parlementaire. Troisièmement, la révolution biogénétique nous impose d'inventer une autre biopolitique. Quant aux divisions sociales mondiales, elles créent les conditions d'explosions et d'émeutes populaires sans précédent…

Pour une nouvelle logique de la discrétion, de la distance, voire de l'ignorance

Le Monde : L'idée de collectif est également touchée par la crise. Comment, à l'heure de l'individualisme débridé, redonner sens au "commun"?


Slavoj Zizek : Même si nous devons rejeter le communautarisme naïf, l'homogénéisation des cultures, tout comme ce multiculturalisme qui est devenu l'idéologie du nouvel esprit du capitalisme, nous devons faire dialoguer les civilisations et les individus singuliers. Au niveau des particuliers, il faut une nouvelle logique de la discrétion, de la distance, voire de l'ignorance. Alors que la promiscuité est devenue totale, c'est une nécessité vitale, un point crucial.

Au niveau collectif, il faut en effet inventer une autre façon d'articuler le commun. Or, le multiculturalisme est une fausse réponse au problème, d'une part parce qu'il est une sorte de racisme désavoué, qui respecte l'identité de l'autre mais l'enferme dans son particularisme. C'est une sorte de néocolonialisme qui, à l'inverse du colonialisme classique, "respecte" les communautés, mais du point de vue de sa posture d'universalité. D'autre part, la tolérance multiculturelle est un leurre qui dépolitise le débat public, renvoyant les questions sociales aux questions raciales, les questions économiques aux considérations ethniques.

Il y a aussi beaucoup d'angélisme dans cette posture de la gauche postmoderne. Ainsi le bouddhisme, par exemple, peut-il servir et légitimer un militarisme extrême: dans les années 1930-1940, l'établissement du bouddhisme zen n'a pas seulement soutenu la domination de l'impérialisme japonais, mais l'a même légitimé. J'utilise volontiers le mot de "communisme", car mes problèmes, en réalité, sont ceux des biens "communs", comme la biogénétique et l'écologie.

Peter Sloterdijk : Il faut retrouver la véritable problématique de notre ère. Le souvenir du communisme et de cette grande expérience tragique de la politique du XXe siècle nous rappelle qu'il n'y a de solution idéologique dogmatique et automatique. Le problème du XXIe est celui de la coexistence au sein d'une "humanité" devenue une réalité physiquement. Il ne s'agit plus de "l'universalisme abstrait" des Lumières, mais de l'universalité réelle d'un collectif monstrueux qui commence à être une communauté de circulation réelle avec des chances de rencontres permanentes et des chances de collisions élargies.

La question du lien social au sein d'une trop grande société

Nous sommes devenus comme des particules dans un gaz, sous pression. La question est désormais celle du lien social au sein d'une trop grande société; et je crois que l'héritage des prétendues religions est important, parce qu'elles sont les premières tentatives de synthèses méta-nationales et méta-ethniques.

Le sangha bouddhiste était un vaisseau spatial, où tous les déserteurs de toutes les ethnies pouvaient se réfugier. De la même manière, on pourrait décrire la chrétienté, sorte de synthèse sociale qui transcende la dynamique des ethnies fermées et les divisions des sociétés de classes. Le dialogue des religions à notre époque n'est rien d'autre que le reformatage du problème du "communisme".

La réunion qui a eu lieu à Chicago en 1900, le congrès des religions mondiales, était une façon de poser la question de notre actualité à travers ces fragments, ces représentants de n'importe quelle provenance, les membres de la famille humaine qui s'étaient perdus de vue après l'exode africain… A l'âge du rassemblement, il faut poser et reformater tout ce qu'on a pensé jusqu'ici sur le lien de coexistence d'une humanité débordante. C'est pour cela que j'emploie le terme de "co-immunisme"

Toutes les associations sociales de l'histoire sont en effet des structures de co-immunité. Le choix de ce concept rappelle l'héritage communiste. Dans mon analyse, le communisme remonte à Rousseau et à son idée de "religion de l'homme". C'est un concept immanent, c'est un communautarisme à l'échelle globale. On ne peut pas échapper à la nouvelle situation mondiale. Dans mon livre, la déesse ou entité divine qui apparaît dans les dernières pages, c'est la crise: elle est la seule instance qui possède assez d'autorité pour nous pousser à changer notre vie. Notre point de départ est une évidence écrasante: on ne peut pas continuer comme ça.

Slavoj Zizek : Mon idée ne consiste pas tant à chercher un "co-immunisme" qu'à revivifier l'idée d'un véritable communisme. Mais rassurez-vous, il s'agit plutôt de celui de Kafka que celui de Staline, davantage celui de d'Erik Satie que celui de Lénine! En effet, dans son dernier récit, Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris, dessine l'utopie d'une société égalitaire, un monde où les artistes, comme cette cantatrice Joséphine, dont le chant rassemble, subjugue et méduse les foules, et qui est célébrée sans pour autant obtenir d'avantages matériels.


Une société de reconnaissance qui maintient le rituel, revivifie les fêtes de la communauté, mais sans hiérarchie ni grégarité. Idem pour Erik Satie. Tout pourtant, semble éloigner de la politique le fameux auteur des « Gymnopédies », qui déclarait composer une "musique d'ameublement", une musique d'ambiance ou de fond. Et pourtant, il fut membre du Parti communiste. Mais loin d'écrire des chants de propagande, il donnait à écouter une sorte d'intimité collective, à l'exact opposée de la musique d'ascenseur. Et c'est cela mon idée du communisme.

Le Monde : Pour sortir de cette crise, Peter Sloterdijk, vous optez sur la réactivation des exercices spirituels individuels alors que vous, Slavoj Zizek, insistez sur les mobilisations politiques collectives ainsi sur la réactivation de la force émancipatrice du christianisme. Pourquoi de telles divergences ?

Peter Sloterdijk : Je propose d'introduire le pragmatisme dans l'étude des prétendues religions; cette dimension pragmatique vous oblige à regarder de plus près ce que font les religieux, à savoir des pratiques intérieures et extérieures, que l'on peut décrire comme des exercices qui forment une structure de personnalité. Ce que j'appelle le sujet principal de la philosophie et de la psychologie, c'est le porteur des séries d'exercices qui composent la personnalité. Et quelques-unes des séries d'exercices qui constituent la personnalité peuvent être décrites comme religieuses.

Mais qu'est-ce que ça veut dire ? On fait des mouvements mentaux pour communiquer avec un partenaire invisible, ce sont des choses absolument concrètes que l'on peut décrire, il n'y a rien de mystérieux en tout cela. Je crois que jusqu'à nouvel ordre, le terme "système d'exercices" est mille fois plus opératoire que le terme de "religion" qui renvoie à la bigoterie d'Etat des Romains. Il ne faut pas oublier que l'utilisation des termes "religion", "piété" ou "fidélité" était chez les Romains réservée aux épithètes que portaient les légions romaines stationnées dans la vallée du Rhin et partout ailleurs.

Le plus grand privilège d'une légion était de porter les épithètes pia fedilis, parce que cela exprimait une loyauté particulière à l'empereur à Rome. Je crois que les Européens ont tout simplement oublié ce que "religio" veut dire. Le mot, signifie littéralement "diligence". Cicéron en a donné la bonne étymologie : lire, legere, religere, c'est-à-dire étudier attentivement le protocole pour régler la communication avec les êtres supérieurs. C'est donc une sorte de diligence, ou dans ma terminologie, un code d'entraînement. Pour cette raison je crois que "le retour du religieux" ne serait efficace que s'il pouvait conduire à des pratiques d'exercices intensifiés.

En revanche, nos "nouveaux religieux" ne sont que des rêveurs paresseux la plupart du temps. Mais au XXe siècle, le sport a pris le dessus dans la civilisation occidentale. Ce n'est pas la religion qui est revenue, c'est le sport qui est réapparu, après avoir été oublié pendant presque 1 500 ans. Ce n'est pas le fidéisme, mais l'athlétisme qui a occupé le devant de la scène. Pierre de Coubertin voulait créer une religion du muscle au tournant du XXe siècle. Il a échoué comme fondateur d'une religion, mais il a triomphé comme créateur d'un nouveau système d'exercices.

Slavoj Zizek : Considérer la religion comme ensemble de pratiques corporelles, cela existait déjà chez les avant-gardes russes. Le réalisateur soviétique Sergueï Eisenstein (1898-1948) a écrit un très beau texte sur le jésuite Ignace de Loyola (1491-1556), pour qui il s'agissait d'oublier Dieu, sinon comme quelqu'un qui a mis en place certains exercices spirituels. Ma thèse du retour au christianisme est très paradoxale : je crois que ce n'est qu'à travers le christianisme que l'on peut véritablement se sentir vraiment athée.

Si vous considérez les grands athéismes du XXe siècle, il s'agit en réalité d'une tout autre logique, celle d'un "créditisme" théologique. Le physicien danois Niels Bohr (1885-1962), l'un des fondateurs de la mécanique quantique, a été visité par un ami dans sa datcha. Mais celui-ci hésitait à passer la porte de sa maison à cause d'un fer de cheval qui y était cloué – une superstition pour empêcher les mauvais esprits d'entrer. Et l'ami dit à Bohr : "Tu es un scientifique de premier rang, alors comment peux-tu croire à ses superstitions populaires?" "Je n'y crois pas !", répondit Niels Bohr. "Mais pourquoi laisses-tu donc ce fer à cheval, alors", insista l'ami. Et Niels Bohr eut cette très belle réponse: "Quelqu'un m'a dit que ça fonctionne, même si on n'y croit pas !" Ce serait une assez bonne image de notre idéologie actuelle.

Je crois que la mort du Christ sur la croix signifie la mort de Dieu, et qu'il n'est plus le Grand Autre qui tire les ficelles. La seule façon d'être croyant, après la mort du Christ, est de participer à des liens collectifs égalitaires. Le christianisme peut être entendu comme une religion d'accompagnement de l'ordre existant ou une religion qui dit "non" et aider à y résister. Je crois que le christianisme et le marxisme doivent combattre ensemble le déferlement des nouvelles spiritualités ainsi que la grégarité capitaliste. Je défends une religion sans Dieu, un communisme sans maître.

Peter Sloterdijk : Admettons que nous soyons dans la séance de clôture du concile du Nicée et que l'un des archevêques pose la question dans la réunion: faut-il mettre à l'index notre frère Slavoj Zizek ? Je crois que la grande majorité voterait l'anathème, car il commet ce que les anciens appelaient une "hérésie". Slavoj Zizek assume une attitude sélective par rapport à la vérité entière : hérésie signifie sélection. Et la sélection dans ce cas précis, c'est d'omettre la suite de l'histoire biblique, qui parle de résurrection après la mort du Christ. Mais si l'on omet la résurrection, on oublie l'essentiel parce que le message du christianisme c'est que la mort ne nous menace plus.

Le succès mondial du christianisme ne reposait pas seulement sur le message de l'amour universel mais surtout sur la neutralisation des menaces que faisait peser la mort sur chaque conscience. Sans omettre la phobocratie païenne : Tous les empires sont fondés sur le pouvoir de la peur. On peut raconter l'histoire comme Slavoj Zizek l'a fait, mais il faut ajouter une deuxième dimension libératrice : sans rupture avec la phobocratie, il n'y a pas de liberté, ni chrétienne ni athée. Sinon, on ne fait que changer de seigneur ; Jupiter ou le Christ, ça ne fait aucune différence tant que les deux divinités demeurent des puissances phobocrates.

Malheureusement, le christianisme est devenu la phobocratie la plus terrible de toute l'histoire des religions, surtout grâce à Augustin qui, avec sa théorie de la prédestination, a créé un véritable réacteur de peurs, que la philosophie des Lumières a heureusement interrompu. Même dans l'aventure communisme, la phobocratie chrétienne a persisté sous la forme du terrorisme d'Etat !

Et ce n'est pas terminé. La phobocratie musulmane n'est pas prêt de s'arrêter. Pour tous ceux qui cherchent une sortie de l'univers concentrationnaire des phobocraties classiques, il faut reconstruire la dimension émancipatrice d'un christianisme éclairé. Et j'accepte volontiers une reconstruction athée, à condition de mettre l'accent sur la suppression de l'élément phobocrate de l'ancien paganisme.

Le Monde : Le moment historique que nous traversons semble être marqué par la colère. Une indignation culmine dans le mot d'ordre "Dégage!" des révolutions arabes ou des protestations démocratiques espagnoles. Or, à croire Slavoj Zizek, vous êtes trop sévère, Peter Sloterdijk, à l'égard des mouvements sociaux qui proviendrait selon vous du ressentiment.

Imaginer une nouvelle gauche au-delà du ressentiment

Peter Sloterdijk : Il faut distinguer la colère et le ressentiment. A mon avis, il y a toute une gamme d'émotions qui appartiennent au régime du thymos, c'est-à-dire au régime de la fierté. Il existe une sorte de fierté primordiale, irréductible, qui est au plus profond de notre être. Sur cette gamme thymotique s'exprime la jovialité, contemplation bienveillante de tout ce qui existe. Ici, le champ psychique ne connaît pas de trouble. On descend un peu dans l'échelle des valeurs, c'est la fierté de soi.

On descend encore un peu, c'est la vexation de cette fierté qui provoque la colère. Si la colère ne peut pas s'exprimer, condamnée à attendre, pour s'exprimer plus tard et ailleurs, cela conduit au ressentiment, et ainsi de suite jusqu'à la haine destructrice qui veut anéantir l'objet d'où est sortie l'humiliation. N'oublions pas que la bonne colère, selon Aristote, c'est le sentiment qui accompagne le désir de justice. Une justice qui ne connaît pas la colère reste une velléité impuissante. Les courants socialistes du XIXe et XXe siècle ont créé des points de collecte de la colère collective, sans doute quelque chose de juste et d'important. Mais trop d'individus et trop d'organisations de la gauche traditionnelle ont glissé vers le ressentiment. D'où l'urgence à penser et imaginer une nouvelle gauche au-delà du ressentiment.

Slavoj Zizek : Ce qui satisfait la conscience dans le ressentiment, c'est plus de nuire à l'autre et de détruire l'obstacle que de profiter de moi-même. Nous, slovènes, sommes comme ça par nature. Vous connaissez la légende où un ange apparaît à un paysan et lui demande: "Veux-tu que je te donne une vache? Mais attention, je vais aussi donner deux vaches à ton voisin !" Et le paysan slovène dit: "Bien sûr que non !" Mais pour moi, le ressentiment, ce n'est jamais vraiment l'attitude des pauvres. Plutôt l'attitude du pauvre maître, comme Nietzsche l'a très bien analysée. C'est la morale des "esclaves".

Seulement, il s'est un peu trompé du point de vue social: ce n'est pas l'esclave véritable, c'est l'esclave qui, comme le Figaro de Beaumarchais, veut remplacer le maître. Dans le capitalisme, je crois qu'il y a une combinaison très spécifique entre l'aspect thymotique et l'aspect érotique. C'est-à-dire que l'érotisme capitaliste est médiatisé par rapport à un mauvais thymotisme, qui engendre le ressentiment. Je suis d'accord avec Peter Sloterdijk : au fond le plus compliqué c'est de savoir comment penser l'acte de donner, au-delà de l'échange, au-delà du ressentiment.

Je ne crois pas vraiment dans l'efficacité de ces exercices spirituels que propose Peter Sloterdijk. Je suis trop pessimiste, pour cela. A ces pratiques auto-disciplinaires, comme chez les sportifs, je veux y ajouter une hétérotopie sociale. C'est pourquoi j'ai écrit le chapitre final de « Vivre la fin des temps » où j'entrevois un espace utopique communiste, en me référant à ces œuvres qui donnent à voir et à entendre ce que l'on pourrait appeler une intimité collective. Je m'inspire aussi de ces films de science-fiction utopiques, où il y a des héros errants et des types névrosés rejetés qui forment de véritables collectivités. Des parcours individuels peuvent aussi nous guider.

Ainsi, on oublie souvent que Victor Kravtchenko (1905-1966), le dignitaire soviétique qui dénonça très tôt les horreurs du stalinisme dans J'ai choisi la liberté et qui fut ignoblement attaqué par les intellectuels pro-soviétiques, écrivit une suite, intitulée « J'ai choisi la justice », alors qu'il luttait en Bolivie et organisait un système de production agraire plus équitable. Il faut suivre et encourager les nouveaux Kravtchenko qui émergent de partout aujourd'hui, de l'Amérique du Sud aux rivages de la Méditerranée.

Peter Sloterdijk : Je pense que vous êtes victime de l'évolution psycho-politique des pays de l'Est. En Russie, par exemple, chacun porte en soi un siècle entier de catastrophe politique et personnelle sur ses épaules. Les peuples de l'Est expriment cette tragédie du communisme et n'en sortent pas. Tout cela forme une espèce de boucle de désespoir autogène. Je suis pessimiste par nature, mais la vie a réfuté mon pessimisme originel. Je suis donc pour ainsi dire un apprenti-optimiste. Et là je pense que nous sommes assez proches l'un de l'autre parce que nous avons parcouru des biographies parallèles dans un certain sens à partir de points de départ radicalement différents, tout en lisant les mêmes livres.

Le Monde : Juste un mot sur l'affaire Dominique Strauss-Kahn. S'agit-il d'une simple affaire de mœurs ou bien du symptôme d'un malaise plus important?

Peter Sloterdijk : Indéniablement, il s'agit d'une affaire planétaire qui dépasse le simple fait divers. Dominique Strauss-Kahn est peut-être innocent. Mais cette histoire révèle que le pouvoir exorbitant détenu par un individu peut créer une sorte de religion des puissants que je qualifierais de panthéisme sexuel. Nous croyions en avoir terminé avec les rois soleil. Mais, curieusement, le XXIe siècle multiplie par dix mille ces hommes de pouvoir qui s'imaginent que tous les objets de leur désir peuvent être pénétrés par leur rayonnement.

Slavoj Zizek : Le seul aspect intéressant de l'affaire DSK, c'est la rumeur selon laquelle ses amis auraient approché la famille de la victime supposée en Guinée, offrant une somme exorbitante d'argent si Nafissatou Diallo retirait sa plainte. Si cela est vrai, quel dilemme ! Faut-il choisir la dignité ou l'argent qui peut sauver la vie d'une famille, en lui donnant la possibilité de vivre dans la prospérité ? C'est cela, qui résumerait la véritable perversion morale de notre temps.

Titres sous-titres et inter sont de la rédaction
Propos recueillis par Nicolas Truong
Article paru dans l'édition du 28.05.11 http://www.lemonde.fr/idees

dimanche, 02 octobre 2011

"Der Orgasmus steht rechts, das ist die Schlüsselerfahrung der Postmoderne"

Warum macht man sich eigentlich die Mühe und seziert das Gedankengut eines philosophischen Vielschreibers, wenn eigentlich alles Wesentliche in einem Satz gesagt werden kann.

Im FOCUS-Archiv bin ich auf ein Interview mit Peter Sloterdijk aus dem Jahr 1997 gestoßen, daß als ein Bericht über die Leichtigkeit von metaphorischen Gegenwartsanalysen gelesen werden muß:

FOCUS: Der heutige Sexualstil sei „medikalisiert, versportlicht, diätisch“, haben Sie geschrieben, und: „Der Orgasmus steht rechts, das ist die Schlüsselerfahrung der Postmoderne.“ Warum?

Sloterdijk: Weil Genießen etwas ist, was Menschen extrem privat und idiotisch werden läßt, und ein gewisser idiotischer Privatismus auch im Kern von reaktionärer oder rechter Politik steht. Die Unfähigkeit zur Generosität, die fanatische Entschlossenheit, eine Politik zu betreiben, die den eigenen Vorteil über alles stellt: Das sind Kriterien der ewigen Rechten.

Der Interviewer stellt nun die nachvollziehbare Frage, was dann eigentlich die 68er-Sexrevolution gewesen ist. Oder mit einem Reaktionär gesprochen: “Devise für den jungen Linken: Revolution und Fotze.” (Nicolás Gómez Dávila in: Einsamkeiten)

FOCUS: Was Sie idiotischen Genuß nennen, kann man auch mit dem im Schwange befindlichen Begriff Hedonismus bezeichnen – und das ist ein Hauptschimpfwort der Konservativen, wenn sie gegen die linksliberale Spaßkultur zu Felde ziehen.

Sloterdijk: Man muß hier unterscheiden. Es gab vor langer Zeit einmal einen asketischen Konservatismus, der hinsichtlich seiner sozialen Energie viel potenter war als die sogenannte hedonistische Linke. Es gab eine aus dem alten Adel herkommende Gesinnung, sich für den Staat zu verbrauchen und dabei die eigenen Genußansprüche zurückzustellen. Aber diese Selbstopferkultur ist untergegangen. Im Augenblick führen alle Begründungen von Lebensentwürfen letztendlich in den Selbstgenuß der letzten Menschen. Die Orgasmusdebatte, wenn sie auch skurril anfängt, ist in letzter Instanz sinnvoll, weil sie den Horizont einer projektlosen Gesellschaft beschreibt, die keine Zukunft kennt, sondern nur die Vorspannung auf die nächste Entladung. Die letzten Menschen sind an der Macht.

Oh, Nietzsche also …

FOCUS: Die letzten Menschen haben, laut Nietzsche, das kleine Glück für jedermann erfunden – und das sollen tendenziell Rechte sein?

Sloterdijk: Insofern als die anthropologische Wette der hedonistischen Linken, daß der sexuell und kulinarisch genießende Mensch der sozial nützlichere sei, verloren ist. Die Lebensverbesserung der einzelnen hat keinen Überlauf ins Allgemeine. Die Vermehrung der Privatvergnügen macht die Gesellschaft als ganze nicht froh – auch das war ein Teil der alten linken Utopie. Es entsteht vielmehr eine Frustrationsklassengesellschaft, eine rasende Neidgesellschaft.

Wir lernen: Die hedonistische Frustrationsklassengesellschaft ist gescheitert und trotzdem verbleiben wir in diesem Modus, weil wir keinen Ausweg wissen. Aber der Sloterdijk, der Philosoph, weiß doch sicher einen … Oder doch nicht? Na dann machen wir weiter im Fragebogenstil.

FOCUS: War Ernst Nolte taktlos?

Sloterdijk: Er hat intuitiv exakte Taktlosigkeiten begangen und damit gegen ein linksliberales Kartell verstoßen. Wer überhaupt einen Sinn für die Funktion eines intellektuellen Feldes besitzt, der muß mit Bestürzung beobachten, daß man gegenüber einer Person wie Nolte nicht argumentative, sondern exorzistische Methoden anwendet. Es wäre mir übrigens lieber, man müßte solche Plädoyers für Linke halten statt für Rechtsintellektuelle. Was auf dem Spiel steht, ist die Würde des intellektuellen Feldes im ganzen. Darum müßten jetzt auch die deutschen Intellektuellen eine Amnestie für Toni Negri* fordern!

FOCUS: Würden Sie bitte zu den folgenden Personen je einen Satz sagen: Michael Jackson.

Sloterdijk: Der erste perfekte Mutant. Ich bin von ihm fasziniert, weil er wie noch nie jemand vor ihm es fertiggebracht hat, für eine absolute Lächerlichkeit vergöttert zu werden.

FOCUS: Ernst Jünger.

Sloterdijk: Ich bin bereit, ihn auf einer kalten Ebene bedeutend zu finden.

FOCUS: Joseph Ratzinger.

Sloterdijk: Auf die Gefahr hin, daß das hochmütig klingt: Er gehört zu den Menschen, die mir auf eine bestimmte Art leid tun. Er spielt in einer Komödie mit, wo Männer in Frauenkleidern durch große Gebäude laufen und so tun, als würden sie kochen. Der Priester ist ja ein Koch des Heils, der an einem Tisch steht, ein Gericht zubereitet und einer angeblich hungrigen Menge verabreicht – aber er versteht nie, daß das kein Drei-Sterne-Restaurant ist.

00:10 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, orgasme, peter sloterdijk, allemagne | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook