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lundi, 21 août 2023

Slavoj Žižek et l'homme comme catastrophe

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Slavoj Žižek et l'homme comme catastrophe

Par Alexander Markovics

Plus radical que "dernière génération": le "communisme de guerre" contre la crise climatique

"Dernière génération" appelle au respect de l'objectif de 1,5 degré, mais il y a des gens dans le monde pour qui cela n'est pas assez radical. Dans une interview accordée au journal allemand taz, le philosophe d'extrême gauche et mondialiste Slavoj Žižek, né en 1949, appelle à l'introduction du "communisme de guerre" pour résoudre la crise climatique. Mais quelle stratégie se cache derrière cette réclamation tapageuse et quel est son objectif réel ?

Contre le politiquement correct et l'immigration de masse, mais pour le mondialisme - un cas d'opposition intellectuelle factice

Le penseur slovène aime se mettre en scène en tant qu'opposant: il rejette le politiquement correct parce que pour lui, cela signifie parler sans agir, l'immigration de masse en Europe représente même pour lui l'un des quatre cavaliers apocalyptiques de notre époque. Mais en même temps, ce disciple du freudo-marxiste Jaques Lacan profite de la crise climatique, montée en épingle par les élites et les ONG occidentales, pour discuter de mesures encore plus radicales allant dans l'esprit du mondialisme. Car là encore, selon Žižek, on parle trop, mais on n'agit pas assez.

Un prétendu opposant au service des mondialistes : minimisation des mesures extrêmes pour le Great Reset

Par analogie avec les climato-collabos et leurs penseurs radicaux, il parle d'un "piège climatique" qui ne peut être surmonté que par des mesures autoritaires. Ainsi, Žižek, le philosophe slovène, minimise délibérément le terme utilisé: au lieu de parler de la bureaucratisation et de la militarisation totales de l'économie de guerre communiste, y compris la terreur et la violence contre les dissidents, auxquelles il fait référence par ce terme, il fait référence au président américain Franklin D. Roosevelt et à son intervention directe dans la politique économique afin d'augmenter la production d'armes. Pour justifier des mesures autoritaires telles que l'élimination de la démocratie au profit du climat, notre penseur slovène évoque un état d'urgence apocalyptique: nous sommes dans une guerre pour la survie, qui ne peut être gagnée que par une augmentation de la "bonne gouvernance".

L'État totalitaire et autoritaire comme dernier recours pour le projet mondialiste

Pour lui, cette bonne forme de gouvernement ne peut plus être une démocratie, mais seulement un État totalitaire qui fait tout ce que les élites occidentales jugent bon. De ce point de vue, il est logique que Slavoj Žižek plaide pour la fin du multipartisme afin de trouver "une issue au piège climatique". La raison pour laquelle le Forum Economique Mondial (FEM), l'UE et d'autres institutions occidentales ont de plus en plus recours à ce type de propagande, y compris chez les intellectuels slovènes, est qu'ils reconnaissent une crise du libéralisme, idéologie qui n'est plus en mesure de mobiliser suffisamment de personnes pour atteindre ses objectifs. Ce n'est pas pour une autre raison que le Great Reset a été conçu pour maintenir en vie le projet de mondialisation menacé d'échec: en préconisant et en prenant des mesures coercitives. La carotte ne suffit plus à faire adhérer les Européens aux mesures du libéralisme mondialiste, il faut donc, du point de vue des élites, sortir le bâton.

La menace de l'apocalypse comme moyen de pression pour une politique "sans alternative"

Dans l'esprit des mondialistes, c'est l'homme qui pose problème, et non une idéologie erronée ou des élites corrompues. Ce n'est pas seulement l'individu qui leur pose problème et qui devient une "catastrophe", mais surtout ceux qui sont organisés politiquement ou qui se considèrent même comme un peuple. Ce n'est pas un hasard si Žižek met en garde contre le "populisme", par lequel il entend tous ceux qui ne veulent pas se soumettre au Grand Remplacement. On peut avoir l'impression que dans l'esprit de l'élite mondiale, le slogan des lundis, jadis en RDA, "Nous sommes le peuple, le mur doit disparaître" a été inversé en "Nous sommes le mur, le peuple doit disparaître" et est devenu le principe directeur de leur politique. Ce faisant, ils créent délibérément des images d'une apocalypse imminente, que les médias grand public martèlent jour après jour dans l'esprit des gens. Leur but n'est pas seulement d'effrayer leurs propres citoyens et de les rendre dociles à des mesures toujours plus extrêmes. Ceux qui refusent de s'y plier sont déshumanisés, la société est divisée entre "négationnistes du climat" et "partisans des bonnes mesures". Au final, ils visent ainsi à donner l'illusion de l'absence d'alternative à leurs propres mesures, comme en 2015 avec la politique des frontières ouvertes d'Angela Merkel et en 2019 et suivantes dans le sillage de CO VID-19. Sur ce point au moins, on peut donner raison au philosophe slovène, surnommé en plaisantant "Hegel la cocaïne" en raison de son nez qui coule en permanence lors de ses apparitions publiques: dans l'Occident réellement existant, la question du climat est effectivement devenue l'un des quatre cavaliers apocalyptiques.

Pourtant, l'"apocalypse climatique" n'est pas une menace réelle, mais une mesure thérapeutique soigneusement mise en scène pour nous inciter à adopter le bon comportement, c'est-à-dire à obéir aux mondialistes. Mais peu importe les menaces des politiciens libéraux et de leurs philosophes de cour, peu importe ce qu'ils veulent nous faire craindre: si nous parvenons, en tant que peuple, à rester unis et à nous organiser politiquement dans le sens d'une lutte pour l'hégémonie, alors la panique climatique, tout comme la panique coronoviresque, ne mènera à rien.

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jeudi, 11 août 2022

L'Occident libéral et la Russie fasciste? Slavoj Zizek, un pop-philosophe perdu dans la jungle des concepts

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L'Occident libéral et la Russie fasciste? Slavoj Zizek, un pop-philosophe perdu dans la jungle des concepts

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/08/09/liberaali-lansi-ja-fasistinen-venaja-kasitteissa-sekoilevan-pop-filosofin-politiikkaa/

Slavoj Žižek, un philosophe pop "freudo-marxiste", a publié un article sur le site Project Syndicate dans lequel il se demande ce que la gauche "éveillée" (=woke) et la droite alternative ont en commun.

Selon l'auteur, le conflit en Ukraine montre que les divisions politiques qui ont défini notre siècle sont fondamentalement fausses. Selon Žižek, le Kremlin représente la "droite alternative" et l'Europe le "système libéral politiquement correct", mais les deux camps combattent le système capitaliste mondial.

Le précédent remue-méninges de Žižek sur la défense de l'OTAN et de l'Ukraine n'a pas seulement suscité l'admiration des libéraux occidentaux, mais aussi des critiques justifiées. Maintenant, le Slovène essaie de prétendre qu'il n'y a pas tant de différence entre les deux camps dans le jeu géopolitique. Au final, il ne réussit qu'à rendre les choses plus compliquées.

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Žižek commence par évoquer le psychologue canadien Jordan Peterson (ci-dessus), qui a précédemment condamné l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine, mais qui en est venu depuis à défendre la Russie "métaphysiquement". Se référant aux journaux intimes de Dostoïevski, Peterson a affirmé que "l'individualisme hédoniste de l'Europe occidentale est inférieur à la spiritualité collective russe".

Selon Žižek, Peterson accepte la définition du Kremlin de la civilisation occidentale libérale comme étant "dégénérée". Le Canadien décrit le postmodernisme comme "une variante du marxisme qui cherche à détruire les fondements de la civilisation chrétienne". Vu sous cet angle, la guerre en Ukraine est "un concours entre les valeurs chrétiennes traditionnelles et une nouvelle forme de décadence communiste".

Pour Žižek, l'adoption par Peterson d'une "position pro-russe mais anticommuniste" indique une orientation politique plus large. En Europe, cette ligne est représentée par le Hongrois Viktor Orbán, qui tente de créer un terrain d'entente entre l'euro-atlantisme et le nationalisme, dénonçant de manière populiste les "mondialistes", tout attendant peut-être le retour de Trump?

Žižek estime que le même esprit peut être observé aux Etats-Unis. Selon lui, "de nombreux représentants du parti républicain" ont refusé de soutenir l'Ukraine. J.D. Vance, candidat républicain au Sénat dans l'Ohio, soutenu par Donald Trump, a déclaré qu'il est "insultant et stratégiquement stupide d'allouer des milliards de ressources à l'Ukraine tout en ignorant les problèmes de notre propre pays".

Dans la même veine, Matt Goetz, membre républicain de la Chambre des représentants de Floride, menace de couper l'aide américaine à l'Ukraine si son parti prend le contrôle de la Chambre en novembre.

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Les différences entre les démocrates et les républicains sont-elles vraiment si grandes, et la ligne de politique étrangère définie par l'appareil d'État permanent, l'"État profond", changerait-elle si les républicains arrivaient au pouvoir ? J'en doute, il s'agit probablement de faire du tapage et de marquer des points pour faire éclore une fausse opposition. Les deux parties sont également d'accord sur la Chine, et l'administration Trump elle-même a parlé d'un "choc des civilisations".

Malgré l'anticommunisme de Peterson, il s'attaque à la principale conséquence du capitalisme mondial. Žižek se réfère à Marx et Engels, qui ont écrit, il y a plus de 150 ans, dans le premier chapitre du Manifeste du Parti communiste, l'impact du capitalisme destructeur bourgeois sur les cultures populaires :

"La bourgeoisie a détruit toutes les relations féodales, patriarcales, idylliques partout où elle est arrivée au pouvoir..... Toutes les relations périmées, rouillées et les vieilles idées et opinions chères qui les accompagnaient se dissolvent, tout ce qui vient d'être formé vieillit avant de pouvoir être dissous, tout ce qui est traditionnel et permanent disparaît, tout ce qui est sacré est profané, et les gens sont enfin forcés de regarder leur position dans la vie et leurs relations les uns avec les autres avec des yeux ouverts".

Les théoriciens culturels de la nouvelle gauche, qui continuent de concentrer leur critique sur "l'idéologie et la pratique patriarcales", ignorent cette observation. Pourtant, la critique du patriarcat a atteint son apothéose précisément au moment historique où le modèle social traditionnel a perdu sa position hégémonique, c'est-à-dire lorsqu'il a été remplacé par un individualisme de marché capitaliste et sans racines.

De tels "gauchistes" sont des moutons déguisés en loups, prétendant être des révolutionnaires radicaux alors qu'ils ne font que protéger le système capitaliste dominant, ultra-libéral, sous-entend également Žižek - bien qu'il ne soit pas meilleur, étant lui-même un nazi pro-occidental.

En tout état de cause, l'effondrement des relations sociales et des formes traditionnelles est déjà bien entamé: tous les aspects de l'identité humaine dans la société moderne sont une question de choix. La nature (et la nature humaine) est également de plus en plus soumise aux manipulations technologiques.

Néanmoins, la "guerre civile" que Peterson voit se dérouler en Occident est, selon Žižek, une chimère, un conflit entre deux versions du même système capitaliste mondial : elle oppose "l'individualisme libéral débridé" au "conservatisme néo-fasciste", qui "cherche à combiner le dynamisme capitaliste avec les valeurs et les hiérarchies traditionnelles".

Cela nous amène aux stigmatisations qui volent à qui mieux mieux et aux confrontations féroces entre internautes sur les champs de bataille des médias sociaux. Si vous êtes du côté de l'UE et des États-Unis et que vous souhaitez une extension de l'ordre libéral, vous êtes une "bonne personne" selon le récit des médias grand public. Si vous êtes positif, ou même neutre, à l'égard de la Russie de Poutine, vous êtes un troll, fauteur de fake news; un "fasciste" eurasien, noir jais - ou du moins rouge-brun.

Mais en regardant un peu plus objectivement, en Occident, l'"herméneutique" politiquement correcte, le wokisme, a remplacé la lutte des classes en créant une élite libérale qui prétend protéger les minorités ethniques et sexuelles en danger, simplement pour détourner l'attention de la prise de pouvoir économique et politique de ses propres membres.

Dans le même temps, cette diversion de la cabale bancaire centrale permet aux populistes de la droite alternative de se présenter comme les défenseurs des "vraies gens", contre les élites du monde des affaires et de l'"État profond". Tout cela n'est-il qu'une grande pièce de théâtre et dans quelle mesure les différences idéologiques sont-elles réelles dans un monde qui s'écroule sous nos yeux ? Trump, Biden, Poutine et Orbán ont tous également fait la promotion des vaccins pendant la crise sanitaire.

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Žižek en conclut donc que les différents partis font partie du même système et qu'ils s'affrontent sur un tas de ferraille. Selon le penseur slovène, les guerres culturelles ont remplacé la lutte des classes comme moteur de la politique : aucun des deux camps, selon lui, ne défend les exploités, ni même ne s'intéresse à la classe ouvrière.

Le philosophe pop lui-même semble être perplexe face à la situation actuelle. Il confond également les concepts en qualifiant le conservatisme de "néo-fasciste", alors que c'est précisément cette conscience traditionnelle qui combat le néo-fascisme moderne en Ukraine et tente (plutôt sans succès) de défendre les peuples indigènes en Europe.

Žižek est heureux de répéter les mantras de la néo-gauche pseudo-radicale, dans laquelle toute forme de "conservatisme" - et peut-être aussi de "socialisme aux caractéristiques chinoises" ? - est grossièrement considéré comme du "fascisme" (il laisse de côté le fascisme arc-en-ciel du capitalisme libéral et les néonazis d'Ukraine, mais c'est désormais une condition préalable pour maintenir une carrière et une réputation dans les institutions occidentales).

Il est douteux que Žižek ou Peterson soient assez intelligents pour comprendre - et encore moins pour expliquer - les processus en cours de changement géopolitique et économique visant à construire un nouvel ordre mondial non occidental. L'Asie et le Sud global attendent-ils leur tour sous les feux de la rampe ? Pendant un certain temps encore, l'Occident, derrière le nouveau rideau de fer numérique, fera rage contre l'extinction de cette lumière.

lundi, 25 juillet 2022

Slavoj Žižek et la gauche comme défenseurs du capitalisme de guerre occidental de l'OTAN

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Slavoj Žižek et la gauche comme défenseurs du capitalisme de guerre occidental de l'OTAN

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/07/25/slavoj-zizek-ja-vasemmisto-nato-lannen-sotakapitalismin-puolustajina/

"Le moins que nous devions à l'Ukraine est notre soutien total, et pour cela nous avons besoin d'une OTAN plus forte [...] Aujourd'hui, vous ne pouvez pas être de gauche si vous ne soutenez pas sans équivoque l'Ukraine", déclare l'élitiste de gauche "hégéliano-marxiste" Slavoj Žižek dans The Guardian.

Comme le souligne Nikos Mottas, l'opinion de Žižek sur l'Ukraine n'aurait eu aucune importance si le penseur et théoricien culturel slovène n'avait pas bénéficié d'une telle publicité dans les médias occidentaux et ne s'était pas imposé comme l'un des "intellectuels vivants les plus importants".

Depuis plus de deux décennies, Žižek est une figure de premier plan non seulement dans les médias grand public, mais aussi dans les institutions universitaires et les groupes de réflexion les plus prestigieux d'Europe et des États-Unis. Cela illustre la décadence intellectuelle croissante de l'Occident.

En réalité, Žižek est "l'incarnation d'une fourberie pseudo-marxiste qui tente de blanchir le système d'exploitation capitaliste par des analyses pompeuses, des absurdités philosophiques incohérentes et souvent contradictoires".

Ce n'est pas une coïncidence si le même faussaire qui appelle maintenant à une "OTAN plus forte" pour défendre l'Ukraine préconisait déjà ouvertement une intervention militaire de l'OTAN en 1999, faisant l'éloge du bombardement de la Yougoslavie, rappelle Mottas.

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Slavoj, partisan déclaré des crimes horribles commis par l'OTAN en Yougoslavie, n'était cependant pas satisfait de la barbarie infligée au peuple serbe. Selon lui, les Serbes ont été bombardés trop tard, et pas suffisamment. Apparemment, il aurait fallu tuer tous les Serbes pour satisfaire le "critique culturel" slovène.

Après les attaques terroristes de Paris en 2015, Žižek a suggéré que l'antidote à l'impasse du capitalisme mondial était la "militarisation de la société". Puisque, selon Žižek, les gens ne savent pas ce qu'ils veulent (ou ils veulent les "mauvaises choses"), les droits civils devraient être réduits et le pouvoir de décision de la "politique émancipatrice" devrait être concentré entre les mains d'une élite technocratique libérale-mondiale. Donc juste davantage d'eurobureaucratie, d'occidentalisation et d'hégémonie américaine ?

Žižek n'est en aucun cas un penseur radical, il représente le courant dominant libéral. Selon Mottas, le philosophe pop slovène est "un apologiste de la barbarie capitaliste qui dénigre le socialisme du 20ème siècle, attaque sans vergogne Lénine et promeut, ouvertement ou secrètement, l'alliance impérialiste et meurtrière de l'OTAN".

Même lorsqu'il prétend défendre le communisme, Žižek ne le fait qu'au niveau de la théorie abstraite, sans se soucier de l'application sociale et politique de l'idée. Si l'alliance occidentale des États-Unis commençait à bombarder la Chine, Žižek défendrait probablement aussi cette attaque et trouverait un moyen de condamner le "socialisme aux caractéristiques chinoises".

Mottas ironise sur la façon dont Žižek et d'autres "intellectuels marxistes" comme lui (comme Alain Badiou, Antonio Negri, Terry Eagleton, etc.) veulent une "révolution décaféinée qui ne sent pas la révolution", convenant aux libéraux aux âmes sensibles. Sous un tel vernis gauchiste, il est bon de se prélasser devant les médias et de défendre le système capitaliste.

En effet, la boucle est bouclée : en Occident, tant à gauche qu'à droite, les politiciens de carrière, les universitaires et divers influenceurs hybrides du courant dominant et de la frange, distribuent ensemble l'opium de l'OTAN au peuple, appellent à la chute de la Russie et attendent avec impatience un nouvel essor du capitalisme dirigé par l'Occident sur les cendres du libéralisme.

20:24 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : slavoj zizek, otan, bellicisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 03 décembre 2015

Žižek: Fortress Europe’s staunch defender on the left

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Žižek: Fortress Europe’s staunch defender on the left

by Esben Bogh Sorensen

Ex: http://www.roarmag.org and http://www.attackthesystem.com

(Redaction: This piece here is very critical and refuses to accept Zizek's new arguments for a renewed Left movement that would have abandoned the crazy utopian bias of the dominant establishment, partially belonging to the historical Left in Europe, that has been unable to smash the neoliberal leprosy. Therefore a careful reading of this piece can be interesting to help transform the Left into a new active solidarist movement, saving the socialist/social-democratic/chrsitian democratic or Third Way Welfare State and trade union movements from the final decay toward which the established are rushing to. In a nutshell: Zizek is right, Poor Sorensen is wrong but by being wrong he demonstrates that Zizek is right!) 

Žižek’s thoughts on the refugee crisis are useless, even harmful, for creating a pan-European leftist movement capable of challenging the far-right.

In a recent article Žižek replied to the critique of a previous text he wrote on the so-called ‘refugee crisis.’ The exchange between Žižek and his critics essentially revolved around whether the left should support the refugees and migrants’ demands for open borders and the right to live where they choose, or not.

Žižek claimed that the refugees’ dream, represented by “Norway,” doesn’t exist, whereas one critic points out that it is our duty to create it. Particularly problematic is his use of phrases like “our way of life,” “Western values” and figures like “the typical left-liberal.” The most important thing that is missing in Žižek’s text is an analysis of the potentiality of the refugees and migrants’ struggles.

In his response to the criticism, Žižek begins by complaining about the shift from what he calls “radical emancipatory movements” like Syriza and Podemos to “the ‘humanitarian’ topic of the refugees.” This, we are informed, is not a good thing because the refugee and migrant struggles are actually nothing but “the liberal-cultural topic of tolerance” replacing the more genuine “class struggle.”

Why this is the case is left unclear. Rather, we are told that:

[t]he more Western Europe will be open to [immigrants], the more it will be made to feel guilty that it did not accept even more of them. There will never be enough of them. And with those who are here, the more tolerance one displays towards their way of life, the more one will be made guilty for not practicing enough tolerance.

There are several problems in this statement, especially the idea of a “we” of “Western Europe” contrasted against an image of a “way of life” somehow shared by all refugees and migrants. Before turning to that problem, however, it is useful to examine one of Žižek’s favorite tropes — the “typical left-liberal” — which sits at the heart of his critique.

Žižek’s “typical left-liberal” — a figure that is reiterated and criticized throughout much of his writing — is a figure who holds tolerant and multicultural views, but whose antiracism is actually a kind of subtle racism. In the piece in question the “left-liberal” humanist figure is a person who is afraid of criticizing Islam and who (according to Žižek) unjustly accuses those who do so of being Islamophobic.

But who is this “left-liberal” Žižek has spent so much time criticizing? On closer inspection this figure does not actually represent any position on the left. The left does not face a problem of too much tolerance, this is a straw man. If anything, it faces the twin problems of nationalism (or a national imaginary) and an inability to adequately critique Western values — problems which Žižek’s text demonstrate.

Žižek’s critique therefore completely misses the heart of the discussion: how to thoughtfully criticize fundamentalist religious views as well as “the West” and “Western values.” Žižek does neither of these.

Žižek places this misrepresented figure of the “left-liberal” on the one side, while countering in with an even more problematic and essentially racist stereotyped figure of the refugee/migrant:

Many of the refugees want to have a cake and eat it: They basically expect the best of the Western welfare-state while retaining their specific way of life, though in some of its key features their way of life is incompatible with the ideological foundations of the Western welfare-state.

Now, compare this to a recent statement made by Marine Le Pen, the leader of the French Front National:

“Without a policy restricting immigration, it becomes difficult, if not impossible, to fight against communalism and the rise of ways of life at odds with … values of the French Republic.”

Žižek’s sentiments are remarkably similar to the rhetoric of the European far-right. Representatives of Front National, the Danish Peoples Party or UKIP couldn’t have been more precise on the fundamental views of nationalism within Europe today. Žižek completely capitulates to this nationalism, showing the dangers of utilizing the language of your enemy.

Essentially, Žižek accepts the dominant idea — shared by institutional Europe and the extreme right — that refugees and migrants pose a problem, threat, or some kind of crisis for “us” and “our egalitarianism and personal freedoms.” In doing so he reiterates a common nationalist argument, which can be found both in an institutional form promoted by national governments and in a radical right form: they and their way of life are incompatible with “us” and “our way of life.”

The problem here is not the degree of tolerance or exclusion as Žižek suggests, but rather the opposition itself, which is intrinsically false. In his critique of the (mis)figure of the humanist “left-liberal,” Žižek falls back on the illusion of a totalizing European or Western “we.” A “we” that is superior to the “way of life” of refugees and migrants, because “our” values are universal.

Naturally, this poses a problem, or rather a “refugee crisis” that “we” need to solve. Instead of criticizing this “we,” Žižek reproduces the mainstream media’s image of refugees as a kind of impersonal stream of humans posing nothing but a problem or even a crisis. This, Žižek says, calls for “militarization,” a topic he (fortunately?) doesn’t elaborate on any further.

In the text, all refugees and migrants are defined by the same way of life. However — in risk of stating the obvious — the refugees and migrants come from very different geographical areas and very different cultures. The homogeneity suggested by Žižek clearly draws on an old orientalist trope, where different non-homogenous cultures are categorized within the one culture with opposite and conflicting values to Europe and the West. Gone are not only different cultures, traditions etc., but also variations within these, as well as the myriad forms of secular, liberal, and socialist traditions that have also existed in parts of the vast geographical area that Žižek simply subsumes under a single way of life, sure to create a “crisis” when coming to Europe.

The European figure of the “we” that must solve the “crisis” created by the refugees is of course problematic, but even more problematic is Žižek’s proposed solution to this supposed crisis.

His proposed starting point of action is not, for example, a movement that brings together both migrants and different sectors of European proletarians like precarious workers, the unemployed, students etc., but rather the European nation-states and their political elites.

Rather than fighting together for freedom of movement for all, Žižek thinks the national and supranational elites should curb this right. Rather than fighting for open borders and against the nation-states and their political elites, he supports a centralized distribution of refugees by the nation-states. Rather than analyzing the current conjuncture and the possibilities for contesting the institutions of European political and economic elites — Fortress Europe — Žižek falls back on the same institutional solutions and becomes the “left defender” of Fortress Europe.

Moreover, instead of situating the struggles of refugees and migrants within an analysis of capitalism, Žižek refers abstractly to the problems caused by “the integration of local agriculture into global economy.” Žižek’s avoidance of political economy is not new, but it becomes particularly problematic in this case because it’s not coupled with an analysis of the current social struggles throughout Europe and beyond, resulting in a strange opposition between abstract “class struggle” and the struggles of refugees and migrants.

There is no serious attempt to analyze the potentialities of these struggles and how their articulation to other social struggles could potentially challenge the extreme right.

Rather than try to answer such questions, Žižek suggests that the “left must embrace its radical Western roots.” Unfortunately, Žižek uncritically adopts the concept of “Western values” which seem to imply “universal values.”

But what are “western values” and the European cultural heritage if not a deeply bourgeois heritage? A heritage with a history full of mass killings, mass extermination, war, colonialism, and imperialism etc.? This history of western values is not just the past but also the present. The so-called war on terror has cost 1.3 million civilian lives.

It is not refugees and migrants who have created any crisis. Instead, it is Europe, the West and global capital with its self-claimed universal values that pose a fundamental threat to humanity in general. What are western values if not “freedom, equality, property, and Bentham,” as Marx once said?

Žižek criticizes the left for wanting to “fill in the gap of the missing radical proletarians by importing them from abroad, so that we will get the revolution by means of an imported revolutionary agent.” Like the figure of the “left-liberal,” this notion seems to be pulled out of thin air.

It would be far more interesting if Žižek actually participated in the discussion on how to connect migrant and refugee struggles with other kinds of struggles. Instead we get a critique of these unsubstantiated figures of positions on the left. Who is Žižek actually criticizing?

In the last couple of months, we have witnessed how migrant and refugee struggles in Calais, Greece, Hungary, Slovenia, Germany, and even Denmark have sparked a new antiracist movement that could potentially challenge the growing extreme right. This is a movement that overcomes the national “we” and contains networks of solidarity between different sectors of migrants, refugees, and the European population.

How these struggles can be combined with other kinds of struggles is of crucial importance. Yet Žižek manages to reduce this potentiality to “the liberal-cultural topic of tolerance.” Žižek’s last two texts are completely useless for creating an anti-capitalist and anti-national movement across Europe capable of challenging the radical right and European elites; indeed, they have been harmful for such a project.

Esben Bøgh Sørensen is an intellectual historian from Denmark with a Master’s degree in History of Ideas. He has been engaged in various social movements, most recently the student movement and the refugee solidarity movement. You can find his writings on academia.edu.

dimanche, 07 septembre 2014

Le fondamentalisme de l'État islamique analysé par le philosophe Slavoj Zizek

Le fondamentalisme de l'État islamique analysé par le philosophe Slavoj Zizek

Auteur : Claire Levenson
 
slavoj_zizek.jpgPour Slavoj Zizek, les membres de l’État islamique ne sont pas de vrais fondamentalistes. «Les soit-disant fondamentalistes de l'EI sont une insulte au véritable fondamentalisme», écrit le philosophe dans le New York Times.

Pour lui, quelqu’un qui a une foi religieuse profonde fait preuve d'un mépris distant pour ceux qu’il considère comme des infidèles, pas d’un rejet violent et obsessif. Les vrais fondamentalistes, comme les bouddhistes tibétains ou les Amish aux Etats-Unis, éprouvent «une absence de ressentiment et d’envie, une profonde indifférence envers le mode de vie des non-croyants».

Zizek, qui est aussi psychanalyste, voit une sorte de dénégation à l’œuvre chez les islamistes de l’EI:

«Les terroristes pseudo-fondamentalistes sont profondément dérangés, intrigués et fascinés par la vie de péché des non-croyants. On voit bien que lorsqu'ils luttent contre l’Autre dépravé, c'est en fait contre leur propre tentation qu'ils luttent».

Pour le philosophe, la violence extrême de l’Etat islamique est le signe d’une sorte de complexe d’infériorité par rapport à une certaine image occidentale de la réussite, qui comprend le luxe, le consumérisme, les femmes et le pouvoir:

«Alors que l’idéologie officielle de l’Etat Islamique est de dénoncer les libertés occidentales, au quotidien, les gangs de l’EI pratiquent des orgies grotesques».

Pour illustrer cette ambiguïté, il cite la fameuse photo d'Abou Bakr Al-Baghdadi, le leader de l'EI, portant une montre suisse clinquante,ainsi que l’expertise médiatique et financière moderne de ces djihadistes:

«Paradoxalement, les fondamentalistes de l’EI et ceux qui leur ressemblent ne sont absolument pas convaincus d’être supérieurs.»

Et pour Zizek, c’est cette instabilité, cette sorte de susceptibilité, qui les rendraient particulièrement violents. Alors qu’un vrai fondamentaliste est, lui, beaucoup plus serein.

Sur l’absence de foi bien ancrée des djihadistes qui rejoignent l’Etat islamique, plusieurs détails donnent raison à cette analyse: avant d’aller se battre en Syrie, deux candidats anglais au djihad récemment arrêtés avait commandé L’Islam pour les nuls et Le Coran pour les Nuls. 

En 2008, une note du MI5, l’agence de renseignement anglaise, écrivait que les candidats au djihad étaient souvent des «novices en matière de religion» et qu'au contraire, «une identité religieuse bien étabile protégeait de la radicalisation violente».


- Source : Claire Levenson

lundi, 28 avril 2014

Was will Žižek?

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Was will Žižek?

von Arnold Neumann

Ex: http://www;blauenarzisse.de

Während die Ideologen des Multikulturalismus immer neue Toleranz-​Debatten anstoßen, veröffentlicht der linke Pop-​Philosoph Slavoj Žižek ein „Plädoyer für die Intoleranz“.

Anlaß zu Slavoj Žižeks Kritik an Toleranz, Kapitalismus und Multikulti gibt die „Entpolitisierung der Ökonomie“, in der anti-​ideologischen post-​modernen Welt, deren Ideologie letztlich doch der Multikulturalismus ist.

Verwirrender Titel, harte Lektüre

Der größte Feind dieser Ideologie ist der Fundamentalismus und die Intoleranz. Im Gegensatz zu der irreführenden Betitelung des Buches, ist es vielmehr eine Schrift gegen die Zerstörung der „eigentlichen Politik“ durch die kapitalistische Egalisierung. Žižeks „Intoleranz“ besteht also nicht in der Ablehnung bestimmter Ziele der Toleranz, sondern in der Ablehnung und Kritik der derzeitigen ideologischen Lage.

Die künstlich verlängerten Sätze führen den Leser gelegentlich an seine kognitiven Grenzen, da er versucht ist, stets den Kontakt zwischen dem Gelesenen und dem Erwarteten herzustellen, was nicht immer leicht fällt, da Žižek in einem extremen Ausmaß vom Weg abzukommen pflegt. Als Linker gelingt es ihm nicht, sich von dem ständigen Herbeireden der „faschistischen“, vulgo rechten Gefahr zu lösen. Gleichzeitig besteht seine Taktik darin, den liberalistischen Spieß umzudrehen und die gesellschaftliche Waffe der Intoleranz auf diese selbst zu richten: „Grundsätzliches Ziel antidemokratischer Politik ist und war der Definition gemäß immer die Entpolitisierung, das heißt die bedingungslose Forderung, dass die ‚Lage sich wieder normalisieren soll‘ und jedes Individuum wieder seinem oder ihrem partikularen Geschäft nachgehen [kann].“

Die post-​politische Gesellschaft

In diesem Sinne sei Politik nicht der „rationale Diskurs“, wie Habermas sie definierte, sondern „ein Kampf um die eigene Stimme“. Eine Aussage, der zuzustimmen man geneigt ist. Andererseits unterläuft dem „intellektuellen Rock-​Star“ Slavoj Žižek ein Denkfehler in seiner Definition der Politik als „Verzerrung des gesellschaftlichen Antagonismus“ oder der Ungleichgewichtung der verschiedenen Gegensätze – denn er selbst fordert mehrfach einen Mittelweg zwischen gesellschaftlichem Frieden und Krieg, zwischen Ordnung und Anarchie ein. Durch diese Unvereinbarkeit des Unvereinbaren leistet er selbst der „Entpolitisierung“ Vorschub.

Zuzustimmen ist ihm in der Diagnose der „post-​politischen Gesellschaft“, die gar keinen anderen Weg als den der Gewalt zulasse und damit zum „Es-​Bösen“ werde. Ihr Merkmal ist besagte Entpolitisierung durch Entzug der Eigeninitiative und der Vermittlung des Gefühls, jeder habe seinen Platz in der Gesellschaft. Dieses Verhalten führe zu irrationalen Ausbrüchen der Gewalt (wobei nicht klar wird, auf welches gewalttätige Ereignis diese Aussage gestützt ist), da jede Form des politischen Protests auf eine einzige, rationale Forderung reduziert und jede Form des Protests damit obsolet werde.

Fetisch Nationalstaat

Eine Chance zur Änderung des Status quo sieht Žižek weder in der Fortführung der „Nicht-​Politik“, noch in den Ansätzen einer identitär-​fundamentalistischen Position. Diese sind in seinen Augen lediglich Versuche, das Objekt von konträren Positionen aus zu betrachten, ohne einen Blick für die Umgebung zu erhalten.

Die Grenzen sind also fließend, da ein Multikulturalist sich genauso für die Identität einer Minderheit begeistern kann, wie ein Fundamentalist Gefahr läuft, sich selbst als ein „Opfer“ oder eine schützenswerte Minderheit darzustellen. Auch in dieser Beobachtung kann man Žižek durchaus rechtgeben.

Beklagenswert erscheint ihm, daß „nur der rechtsgerichtete Populismus […] heute die authentische politische Leidenschaft [besitzt], den Kampf aufzunehmen“. So folgert er, der Nationalstaat sei eine „imaginierte Gemeinschaft“, deren Etablierung mit der Unterdrückung lokaler Traditionen verbunden gewesen sei.

Der Kapitalismus als entscheidender politischer Faktor

Virulent ist bei ihm ferner das Verhältnis zwischen der Post-​Moderne und Nationalstaat. Dieses ist geprägt vom Handel, da sich der traditionelle Handel von Staat zu Staat über den Imperialismus und seine Unterdrückung, hin zum heutigen Kapitalismus, der weder Staaten noch Grenzen kennt, entwickelt habe. Somit liege eine Kolonialisierung von Staaten ohne kolonisierenden Staat vor, welche den Nährboden des Multikulturalismus bilde. Dessen Forderung der kulturellen Koexistenz wiederum befördert die Egalisierung und Vernichtung aller Differenzen und ist damit treibende Kraft des Kapitalismus.

Sein eigentlicher Lösungsvorschlag besteht in der „Rückkehr zum Primat der Ökonomie“ und damit einer Re-​Ökonomisierung. Die Linke müsse sich durch die „Bereitschaft, den abstrakten, moralischen Rahmen außer Kraft zu setzen“ definieren, ergo anarchistischer werden, da die Rechte traditionell linke Gedanken äußere und damit zahlreiche post-​moderne Forderungen verhindert würden. In dieser Verwirklichung der feministischen, ökologischen aber auch „queeren“ Forderungen, die durch die Post-​Moderne entstanden, hat Slavoj Žižek sein politisches Ziel deklariert. Dazu nötig: die Überwindung der Gegenwart.

Slavoj Žižek: Ein Plädoyer für die Intoleranz. Herausgegeben von Peter Engelmann. Übersetzt von Andreas Leopold Hofbauer. 104 Seiten, Passagen Verlag 2009. 15 Euro.

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lundi, 29 avril 2013

Slavoj Zizek: Het jaar van het gevaarlijke dromen

Slavoj Zizek: Het jaar van het gevaarlijke dromen

Ex: http://www.solidarisme.be/

SlavojZizekT.jpgHet jaar van het gevaarlijke dromen bestaat grofweg uit twee delen. Eerst maakt Zizek een aantal opmerkingen over de dynamiek van het kapitalisme, waardoor deze ideologie er steeds weer in slaagt zich aan de veranderende omstandigheden aan te passen zonder evenwel haar principes van uitbuiting en onrechtvaardigheid op te geven.

Het is ook een ondoorzichtig systeem dat de economische grondslag van de samenleving weet te verbergen achter culturele tegenstellingen. Feministische, antiracistische of homobewegingen richten hun pijlen op de verkeerde vijand, aldus Zizek. Zij komen op voor tolerantie en een gelijkwaardige plaats binnen de maatschappij. In feite zijn ze systeembevestigend, terwijl de klassenstrijd zijn kapitalistische vijand wil vernietigen en er een ander maatschappijmodel voor in de plaats wil stellen. Die analyse heeft Zizek al eerder gemaakt, maar ze is nog even waar als vroeger.

In een tweede deel gaat Zizek dieper in op de protestbewegingen van 2011, en die stemmen hem niet vrolijk. De Britse rellen hadden volgens socioloog Zygmunt Bauman geen revolutionair elan. Het waren daden van onvolwaardige en gediskwalificeerde consumenten en Zizek sluit zich daarbij aan. De relschoppers waren niet in staat om mee te spelen in het spel van consumentisme en daarom grepen ze gewoon wat ze niet konden kopen. Meer zat er niet achter. Occupy ziet hij dan weer als de reactie van een stel naïevelingen. Een revolte is geen revolutie, merkt Zizek op: “Communisme is geen carnaval van massaprotest waarin een systeem tot stilstand is gebracht; het is een nieuwe organisatievorm, discipline en hard werken.”

Maar wat betekent dat concreet? In het verleden is Zizek daar altijd nogal wazig over geweest. Hier licht hij echter toch een tipje van de sluier. We moeten weg van Marx, zegt hij nogal verrassend. Zijn communisme was immers niet meer of niet minder dan een kapitalisme zonder kapitaal: een uitgebreide zelfreproductie zonder winst of uitbuiting. Nee, Zizek ziet het hegeliaanser en daardoor ook onbepaalder. We moeten de sprong in het ijle durven maken, schrijft hij, omdat zo’n sprong de mogelijkheid van een rechtvaardiger toekomst inhoudt.

Bron: Verplancke, M. (2 april 2013). Sprong in het ijle. De Morgen Boeken, p. 6

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vendredi, 13 janvier 2012

Slavoj Zizek: De nar die de koning de waarheid zegt

Slavoj Zizek: De nar die de koning de waarheid zegt. Gesprek met de Sloveense filosoof en volksmenner

Ex: http://solidarisme.be

Van een verwaaide extremist die niet kan zwijgen over Hegel, Marx en Lacan is de Sloveense filosoof Slavoj Zizek uitgegroeid tot het boegbeeld van ieder die jong is en iets anders wil. De Occupiers dragen hem op handen, maar of hij blij is met al die eer, is een andere vraag.

MARNIX VERPLANCKE

slavojzizek.jpg'Toen ik in Wall Street het parkje naderde waar de Occupy-activisten zich verschanst hebben, kreeg ik dezelfde indruk als overal elders: hoe dichter je komt, hoe groter de teleurstelling wordt. Laten we eerlijk zijn, die mensen weten niet wat ze willen. Ze zouden een voorbeeld moeten nemen aan die Poolse overlevende van Auschwitz die ieder jaar naar het kamp trok en daar gewoon stond, in een stil protest. Maar nee, ze willen de wereld iets meedelen en dat is alleen maar bullshit zoals: 'Het geld moet de mensen dienen.' Daar zou zelfs Hitler het mee eens zijn geweest, want als het geld de mensen niet dient, dient het de Joodse bankiers. Ik hou anders wel van de term Occupy. Normaal verwijst die naar de machthebbers, die buitenlandse gebieden bezetten of kolonies stichten. Hier wordt dat omgedraaid. Dat is leuk, maar Occupy heeft geen programma en dat zal de dood zijn van die beweging."

De Sloveense filosoof Slavoj Zizek staat erom bekend zijn mening niet onder stoelen of banken te steken en daarbij steevast tegen de haren van zijn geestesverwanten in te strijken. Hij is de communist die in de jaren tachtig door het Joegoslavische communistische regime een beroepsverbod van vijf jaar opgelegd kreeg, de psychoanalyticus die met zijn constante geëmmer over Hegel en vooral Marx zijn collega's de gordijnen in jaagt en de volksmenner die op Wall Street een stel jongeren steunt en aanmoedigt en hen daarna lelijk te kakken zet. En misschien wel terecht, want wie op YouTube de beelden ziet van een orerende Zizek wiens woorden zin voor zin door de Occupiers nagescandeerd worden, kan bijna niet anders dan denken aan die scène uit Life of Brian waarin Brian zijn ongewenste volgelingen probeert weg te sturen met de boodschap dat ze voor zichzelf moeten denken en zij dit gewoon gedachteloos herhalen.

Beweren dat Zizek de John Cleese van de hedendaagse filosofie is, gaat misschien wat ver, maar grappig is hij ongetwijfeld. Hij is de nar die al schertsend de koning de waarheid zegt en zich zo verzekert van een miljoenenpubliek. Vorige week kreeg hij er een paar duizend van bij elkaar in de Brusselse Bozar, waar hij een lezing gaf over ons Europese erfgoed en het gesprek dat we nadien hadden kwam automatisch uit bij het lot van dit oude Avondland. "Wanneer je een Chinees alle kwaad van de wereld toewenst, zeg je: 'Dat je in interessante tijden moge leven.' Wel, vandaag leven we in interessante tijden. We kunnen kritiek hebben op wat er in West- Europa na de Tweede Wereldoorlog is verwezenlijkt, maar je moet de duivel uiteindelijk ook geven wat hem toekomt. Was er ooit een moment in de geschiedenis van de mensheid waarop zo veel mensen een vrij, welgesteld en veilig leven konden leiden? Het verontrustende is echter dat dit op zijn einde loopt. Neem nu het antifascistische pact dat de Europese democratische partijen vanzelfsprekend vonden, dat komt vandaag op de helling te staan. Je had vroeger ook extreemrechtse partijen, maar daar praatte je niet mee. In Oostenrijk en Nederland geldt die regel opeens niet meer en sluiten ze overeenkomsten met extreem rechts. En onze kijk op de geschiedenis wordt er ook door aangetast. Hitler is nog steeds des duivels, maar de vroege Franco of Mussolini, ho maar! Het enige wat zij deden was zich terecht verzetten tegen het communisme. Wij staan dus op het punt iets heel belangrijks overboord te gooien. En hier ga ik akkoord met Peter Sloterdijk wanneer hij zegt dat je een onderscheid moet maken tussen de sociaaldemocratie en sociaaldemocratische partijen. Na de oorlog werd de sociaaldemocratie iets vanzelfsprekends, ook voor christendemocratische en liberale partijen. Het deed er niet toe wie er aan de macht was, de sociaaldemocratie werd niet ter discussie gesteld. Ik vrees dat dit voorgoed voorbij is."

Is dit geen wereldwijd fenomeen? Uit de VS komt er ook al geen goed nieuws.

"Hoe raar het ook moge klinken, de meest linkse president die ze daar ooit hadden, was Richard Nixon. Na hem zijn onderwijs, cultuur, ziekenzorg en andere sociale programma's er alleen maar op achteruit gegaan. Zoals we in Griekenland en Italië op dit moment al kunnen zien, en misschien ook wel in Nederland, wacht Europa een pact tussen technocraten en antimigrantenrechts.

Weet je wat Lacan zei over jaloerse mannen? Dat hun jaloezie pathologisch is, ook al bedriegt hun vrouw hen aan alle kanten. Wat van belang is, is niet of de man gelijk heeft, maar waarom hij zo pathologisch gefixeerd is op dat overspel. Hetzelfde zie je vandaag met de angst voor moslims. Zelfs al zijn er inderdaad moslims die terroristische aanslagen voorbereiden, dat is het probleem niet. Dat ligt in de onmogelijkheid voor extreem rechts om een Europa op te bouwen dat zijn identiteit niet ophangt aan de oppositie tegen de islam. Vandaar mijn oproep om deze politiek van de angst achter ons te laten. Angst is vandaag de grote politieke hefboom geworden, ook voor links trouwens, die mensen bang maakt voor hervormingen. Niemand gelooft blijkbaar nog in een positieve visie op wat de toekomst zou kunnen zijn. Ik vind dat jammer."

Is dat geen teken dat onze beschaving in een crisis verkeert?

"Het enige wat politici vandaag beloven, is dat de boel zal blijven draaien. De fundamentele crisis van vandaag is dus niet economisch of politiek, maar wel spiritueel, en ik ben er mij van bewust dat dit een rare uitspraak is uit de mond van een marxist. Niet dat ik me tot het katholicisme heb bekeerd en de paus gelijk geef wanneer hij zegt dat we met een morele crisis te maken hebben geleid door hebzuchtige bankiers. Dat is gewoon dom, want wat zou een bankier anders moeten zijn dan hebzuchtig, dat is toch zijn job? Het probleem ligt bij ons systeem dat steunt op dit type bankiers. De paus bezondigt zich hier aan protofascistisch denken: het probleem ligt niet bij het systeem, maar bij die vuige bankiers, en als het een beetje meezit zijn het ook nog eens Joodse bankiers. Kijk naar de VS, waar alle schuld op de schouders van Bernie Madoff werd geschoven. Daar hebben we een corrupte Jood! Maar over de ondergang van Lehman Brothers werd gezwegen, terwijl Madoff in vergelijking maar een schooljongetje was. We moeten dus niet zitten zaniken dat het kapitalisme egoïstisch is, maar juist nog veel egoïstischer zijn. We moeten aan onszelf denken en aan onze toekomst."

De openlijke speculatie met voedsel lijkt wel het lelijkste gezicht van het kapitalisme.

"Zelfs Bill Clinton sprak zich uit tegen het economische neokolonialisme van vandaag, waarbij de vruchtbare gronden in ontwikkelingslanden verpacht worden aan firma's uit het Westen die er landbouwproducten verbouwen louter voor de export. Pas op, ik zeg niet dat we terug moeten naar een oubollige socialistische landbouwpolitiek. Dat was de grootste ramp die het socialisme ooit veroorzaakte. Zuidwestelijk Rusland en Oekraïne bezaten de vruchtbaarste landbouwgrond van heel de wereld. Oekraïne zou op zijn eentje heel Europa kunnen voeden. En toch diende de Sovjet-Unie vanaf de jaren zestig constant voedsel in te voeren. Daar moeten we dus zeker niet naar terug."

En wat met het argument dat het allemaal de schuld is van China, het land dat oneerlijk concurreert door de waarde van zijn munt kunstmatig laag te houden?

"De crisis van 2008 veroorzaakte in China op slag en stoot 13.000.000 werklozen, maar een paar maanden later waren die alweer aan de slag. Het autoritaire regime kon de banken verplichten geld te lenen met het doel de binnenlandse vraag aan te wakkeren en weg was de crisis. Voor mij is dit de donkere boodschap van de crisis: dat de democratie het op zo'n moment moet afleggen tegen om het even welk autoritair regime. We dachten altijd dat het kapitalisme enkel kon floreren onder een democratisch regime, maar dat is vandaag niet meer zo. De dictaturen fietsen ons lachend voorbij. Kijk naar het boegbeeld van de politiek autoritaire maar economisch ultraliberale praktijk, Singapore. In 2009, toen de crisis het zwaarst toesloeg, tekende dat land een economische groei van 15 procent op, een record. Ik vind dat verontrustend."

Is Chinese democratie denkbaar?

"China heeft geen nood aan meer politieke partijen, maar wel aan een vrije samenleving, met ecologische drukkingsgroepen en onafhankelijke vakbonden. In het China van vandaag kun je gerust de vloer aanvegen met Marx. Niemand geeft nog om die ouwe troep. Maar wanneer je een staking probeert op te zetten, ben je - poef - zo maar opeens verdwenen. Iedere samenleving heeft zijn heilig boek en in China is dat De geschiedenis van de Communistische Partij. In de laatste editie bleek een bepaalde paragraaf opeens weg. Het gekke is dat die paragraaf heel lovend was voor de Partij. Hij ging over de jaren dertig, net voor de Japanse invasie, toen de streek rond Shanghai een economische boom beleefde en de Communistische Partij arbeiders verenigde in vakbonden. Stel dat dit mensen op ideeën brengt, dacht men wellicht, en dus ging die paragraaf eruit. Kijk, ik ben geen catastrofist die het einde van de wereld verkondigt. Ik doe niet meer dan de crisis serieus nemen en beweren dat het tijd wordt om na te denken over een alternatief voor het kapitalisme."

En wat is dat alternatief?

"Zeker niet het oude communisme, want dat is zo dood als een pier, en de sociaaldemocratische welvaartsstaat wellicht ook. In de twintigste eeuw wisten we wat we moesten doen, maar we wisten niet hoe. Vandaag zitten we met het tegenovergestelde probleem: we zien dat we iets moeten doen, maar we weten niet wat. Iemand vroeg me ooit waarom ik alleen kritiek heb en geen oplossingen aandraag. 'Waarom gun je ons geen blik op het licht aan het einde van de tunnel?', vroeg hij. Dus gaf ik hem het perfecte Oost-Europese antwoord: 'Dat doe ik liever niet aangezien het licht aan het einde van de tunnel afkomstig is van een andere trein die aan topsnelheid op ons afkomt.' Ik vind al die oplossingen zo goedkoop dramatisch: je beschrijft een probleem en op het einde bied je de oplossing. Zo makkelijk is het, maar wat als er geen hoop is? Volgens mij is de eerste stap naar een oplossing het besef dat er geen makkelijke hoop is. In dit leven kun je alleen maar pessimistisch zijn, vind ik. Dat is de enige manier om nog af en toe ook gelukkig te zijn, want optimisten worden constant teleurgesteld".

Maar toch blijft u streven naar een nieuw soort communisme?

"Waarom doe je dat Slavoj, vragen mijn vrienden, want je weet toch dat iedereen bij het horen van de term communisme meteen aan de stalinistische goelag denkt? Precies, antwoord ik dan, ik gebruik communisme omdat alle andere termen bezwaard geraakt zijn. Neem socialisme, iedereen is tegenwoordig toch socialist? Zelfs Hitler was er een. Socialisme staat immers voor een soort gemeenschappelijke solidariteit, waardoor het niet meer is dan gegeneraliseerd kapitalisme. Wie heeft in Amerika in 2008 de banken gered? Inderdaad, links, want rechts wou ze failliet laten gaan. Zonder socialisme hadden we vandaag misschien zelfs geen kapitalisme meer. Voor mij is communisme eerder de naam van een probleem, niet van de oplossing. Met het nieuwe communisme bedoel ik een manier om zinvol om te springen met al onze gemeenschappelijke goederen."

Bron: De Morgen, 7 december 2011, pp. 33-35

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vendredi, 18 novembre 2011

Crise du futurisme en Euro-Occident

Crise du futurisme en Euro-Occident

Diagnostic de deux intellectuels européens : Peter Sloterdijk et Slavoj Zizek

Ex: http://www.metamag.fr/

La mèche a certes été allumée de longue date aux Etats Unis avec la dérégulation monétaire (extinction des accords de Bretton Wood) unilatéralement décidée par les Américains en 1971, la dérégulation commerciale préparée par le GATT en 1945 qui a engendré l’OMC, puis la dérégulation financière en 1999. N’empêche, si la crise de l’endettement qui ébranle tous les Etats d’Europe a connu une telle virulence, c’est parce que, sous la conduite d’élites indignes, la flamme a été alimentée par notre aveuglement, notre paresse et notre soif inextinguible de jouissance qui ont aboli toutes les règles, fait sauter toutes les sécurités. A la place, un vaste no mans land parcouru d’individus sans foi, ni loi, aux vécus et aux horizons disparates ou amnésiques, angoissés ou cyniques.

Au printemps dernier, le quotidien Le Monde a invité deux philosophes –l’allemand Peter Sloterdijk (Nietzsche et Heidegger) et le slovène Slavoj Zizek (Jacques Rancière, Etienne Balibar, Gilles Deleuze ou encore Alain Badiou)- à se pencher et échanger sur cet état d’apesanteur déliquescent où gît ce que certains appellent l’Europe, d’autres l’Occident. L’Euro-occident.
Metamag

Nicolas Truong-Le Monde: Pour la première fois depuis 1945, l'idée d'avenir est en crise en Europe. Et l'Occident peine à croire au progrès, à l'image de ces nouvelles générations qui n'imaginent plus qu'elles vivront mieux que celles de leurs aînés. Désaffection politique, crise économique ou crispation identitaire : comment caractériser le moment que nous traversons ? Et peut-on, selon vous, parler d'une crise de civilisation ?

Peter Sloterdijk: Que voulons-nous dire, lorsque nous employons le terme de "civilisation occidentale", dans laquelle nous vivons depuis le XVIIe siècle ? A mon avis, nous parlons d'une forme de monde créé sur l'idée de la sortie de l'ère du passéisme. La primauté du passé a été rompue ; l'humanité occidentale a inventé une forme de vie inouïe fondée par l'anticipation de l'avenir. Cela signifie que nous vivons dans un monde qui se "futurise" de plus en plus. Je crois donc que le sens profond de notre "être-dans-le-monde" réside dans le futurisme, qu'il est le trait fondamental de notre façon d'exister.



La primauté de l'avenir date de l'époque où l'Occident a inventé ce nouvel art de faire des promesses, à partir de la Renaissance, au moment où le crédit est entré dans la vie des Européens. Pendant l'Antiquité et le Moyen Age, le crédit ne jouait presque aucun rôle parce qu'il était entre les mains des usuriers, condamnés par l'Eglise. Tandis que le crédit moderne, lui, ouvre un avenir. Pour la première fois, les promesses de remboursements peuvent être remplies ou tenues. La crise de civilisation réside en ceci: nous sommes entrés dans une époque où la capacité du crédit d'ouvrir un avenir tenable est de plus en plus bloquée, parce qu'aujourd'hui on prend des crédits pour rembourser d'autres crédits.

Autrement dit, le "créditisme" est entré dans une crise finale. On a accumulé tant de dettes que la promesse du remboursement sur laquelle repose le sérieux de notre construction du monde ne peut pas être tenue. Demandez à un Américain comment il envisage le remboursement des dettes accumulées par le gouvernement fédéral. Sa réponse sera surement: "personne ne le sait", et je crois que ce non-savoir est le noyau dur de notre crise. Personne sur cette Terre ne sait comment rembourser la dette collective. L'avenir de notre civilisation se heurte à un mur de dettes.

Slavoj Zizek: J'adhère pleinement à cette idée d'une crise du "futurisme" et de la logique de crédit. Mais prenons la crise économique dite des subprimes de 2008: tout le monde sait qu'il est impossible de rembourser ces crédits hypothécaires, mais chacun se comporte comme s'il en était capable. J'appelle cela, dans mon jargon psychanalytique, un désaveu fétichiste: "Je sais bien que c'est impossible, mais quand même, je vais essayer…" On sait très bien qu'on ne peut pas le faire, mais on agit en pratique comme si on pouvait le faire. Cependant, j'emploierais le terme "futur" pour désigner ce que Peter Sloterdijk appelle le "créditisme". Le terme "avenir", d'ailleurs, me semble plus ouvert. La formule "no future" est pessimiste mais le mot "avenir" est plus optimisme. Et je ne cherche pas, ici, à relancer le communisme de Marx qui s'apparente, en effet, à un créditisme démesuré.



Afin de caractériser notre situation, économique et politique, idéologique et spirituelle, je ne peux que rappeler une histoire probablement apocryphe. Il s'agit d'un échange de télégrammes entre les états-majors allemand et autrichien pendant la Grande Guerre. Les Allemands avaient envoyé un télégramme aux Autrichiens en leur disant: "Chez nous, la situation sur le front est sérieuse mais pas catastrophique", et les Autrichiens avaient répondu: "Chez nous la situation est catastrophique mais pas sérieuse" ! Et c'est cela le catastrophique: on ne peut pas payer ses dettes, mais, d'une certaine façon, on ne prend pas ça au sérieux. Outre ce mur de dettes, l'époque actuelle s'approche d'une sorte de "degré zéro".

Premièrement, l'immense crise écologique nous impose de ne pas continuer dans cette voie politico-économique. Deuxièmement, le capitalisme, à l'image de la Chine, n'est désormais plus naturellement associé à la démocratie parlementaire. Troisièmement, la révolution biogénétique nous impose d'inventer une autre biopolitique. Quant aux divisions sociales mondiales, elles créent les conditions d'explosions et d'émeutes populaires sans précédent…

Pour une nouvelle logique de la discrétion, de la distance, voire de l'ignorance

Le Monde : L'idée de collectif est également touchée par la crise. Comment, à l'heure de l'individualisme débridé, redonner sens au "commun"?


Slavoj Zizek : Même si nous devons rejeter le communautarisme naïf, l'homogénéisation des cultures, tout comme ce multiculturalisme qui est devenu l'idéologie du nouvel esprit du capitalisme, nous devons faire dialoguer les civilisations et les individus singuliers. Au niveau des particuliers, il faut une nouvelle logique de la discrétion, de la distance, voire de l'ignorance. Alors que la promiscuité est devenue totale, c'est une nécessité vitale, un point crucial.

Au niveau collectif, il faut en effet inventer une autre façon d'articuler le commun. Or, le multiculturalisme est une fausse réponse au problème, d'une part parce qu'il est une sorte de racisme désavoué, qui respecte l'identité de l'autre mais l'enferme dans son particularisme. C'est une sorte de néocolonialisme qui, à l'inverse du colonialisme classique, "respecte" les communautés, mais du point de vue de sa posture d'universalité. D'autre part, la tolérance multiculturelle est un leurre qui dépolitise le débat public, renvoyant les questions sociales aux questions raciales, les questions économiques aux considérations ethniques.

Il y a aussi beaucoup d'angélisme dans cette posture de la gauche postmoderne. Ainsi le bouddhisme, par exemple, peut-il servir et légitimer un militarisme extrême: dans les années 1930-1940, l'établissement du bouddhisme zen n'a pas seulement soutenu la domination de l'impérialisme japonais, mais l'a même légitimé. J'utilise volontiers le mot de "communisme", car mes problèmes, en réalité, sont ceux des biens "communs", comme la biogénétique et l'écologie.

Peter Sloterdijk : Il faut retrouver la véritable problématique de notre ère. Le souvenir du communisme et de cette grande expérience tragique de la politique du XXe siècle nous rappelle qu'il n'y a de solution idéologique dogmatique et automatique. Le problème du XXIe est celui de la coexistence au sein d'une "humanité" devenue une réalité physiquement. Il ne s'agit plus de "l'universalisme abstrait" des Lumières, mais de l'universalité réelle d'un collectif monstrueux qui commence à être une communauté de circulation réelle avec des chances de rencontres permanentes et des chances de collisions élargies.

La question du lien social au sein d'une trop grande société

Nous sommes devenus comme des particules dans un gaz, sous pression. La question est désormais celle du lien social au sein d'une trop grande société; et je crois que l'héritage des prétendues religions est important, parce qu'elles sont les premières tentatives de synthèses méta-nationales et méta-ethniques.

Le sangha bouddhiste était un vaisseau spatial, où tous les déserteurs de toutes les ethnies pouvaient se réfugier. De la même manière, on pourrait décrire la chrétienté, sorte de synthèse sociale qui transcende la dynamique des ethnies fermées et les divisions des sociétés de classes. Le dialogue des religions à notre époque n'est rien d'autre que le reformatage du problème du "communisme".

La réunion qui a eu lieu à Chicago en 1900, le congrès des religions mondiales, était une façon de poser la question de notre actualité à travers ces fragments, ces représentants de n'importe quelle provenance, les membres de la famille humaine qui s'étaient perdus de vue après l'exode africain… A l'âge du rassemblement, il faut poser et reformater tout ce qu'on a pensé jusqu'ici sur le lien de coexistence d'une humanité débordante. C'est pour cela que j'emploie le terme de "co-immunisme"

Toutes les associations sociales de l'histoire sont en effet des structures de co-immunité. Le choix de ce concept rappelle l'héritage communiste. Dans mon analyse, le communisme remonte à Rousseau et à son idée de "religion de l'homme". C'est un concept immanent, c'est un communautarisme à l'échelle globale. On ne peut pas échapper à la nouvelle situation mondiale. Dans mon livre, la déesse ou entité divine qui apparaît dans les dernières pages, c'est la crise: elle est la seule instance qui possède assez d'autorité pour nous pousser à changer notre vie. Notre point de départ est une évidence écrasante: on ne peut pas continuer comme ça.

Slavoj Zizek : Mon idée ne consiste pas tant à chercher un "co-immunisme" qu'à revivifier l'idée d'un véritable communisme. Mais rassurez-vous, il s'agit plutôt de celui de Kafka que celui de Staline, davantage celui de d'Erik Satie que celui de Lénine! En effet, dans son dernier récit, Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris, dessine l'utopie d'une société égalitaire, un monde où les artistes, comme cette cantatrice Joséphine, dont le chant rassemble, subjugue et méduse les foules, et qui est célébrée sans pour autant obtenir d'avantages matériels.


Une société de reconnaissance qui maintient le rituel, revivifie les fêtes de la communauté, mais sans hiérarchie ni grégarité. Idem pour Erik Satie. Tout pourtant, semble éloigner de la politique le fameux auteur des « Gymnopédies », qui déclarait composer une "musique d'ameublement", une musique d'ambiance ou de fond. Et pourtant, il fut membre du Parti communiste. Mais loin d'écrire des chants de propagande, il donnait à écouter une sorte d'intimité collective, à l'exact opposée de la musique d'ascenseur. Et c'est cela mon idée du communisme.

Le Monde : Pour sortir de cette crise, Peter Sloterdijk, vous optez sur la réactivation des exercices spirituels individuels alors que vous, Slavoj Zizek, insistez sur les mobilisations politiques collectives ainsi sur la réactivation de la force émancipatrice du christianisme. Pourquoi de telles divergences ?

Peter Sloterdijk : Je propose d'introduire le pragmatisme dans l'étude des prétendues religions; cette dimension pragmatique vous oblige à regarder de plus près ce que font les religieux, à savoir des pratiques intérieures et extérieures, que l'on peut décrire comme des exercices qui forment une structure de personnalité. Ce que j'appelle le sujet principal de la philosophie et de la psychologie, c'est le porteur des séries d'exercices qui composent la personnalité. Et quelques-unes des séries d'exercices qui constituent la personnalité peuvent être décrites comme religieuses.

Mais qu'est-ce que ça veut dire ? On fait des mouvements mentaux pour communiquer avec un partenaire invisible, ce sont des choses absolument concrètes que l'on peut décrire, il n'y a rien de mystérieux en tout cela. Je crois que jusqu'à nouvel ordre, le terme "système d'exercices" est mille fois plus opératoire que le terme de "religion" qui renvoie à la bigoterie d'Etat des Romains. Il ne faut pas oublier que l'utilisation des termes "religion", "piété" ou "fidélité" était chez les Romains réservée aux épithètes que portaient les légions romaines stationnées dans la vallée du Rhin et partout ailleurs.

Le plus grand privilège d'une légion était de porter les épithètes pia fedilis, parce que cela exprimait une loyauté particulière à l'empereur à Rome. Je crois que les Européens ont tout simplement oublié ce que "religio" veut dire. Le mot, signifie littéralement "diligence". Cicéron en a donné la bonne étymologie : lire, legere, religere, c'est-à-dire étudier attentivement le protocole pour régler la communication avec les êtres supérieurs. C'est donc une sorte de diligence, ou dans ma terminologie, un code d'entraînement. Pour cette raison je crois que "le retour du religieux" ne serait efficace que s'il pouvait conduire à des pratiques d'exercices intensifiés.

En revanche, nos "nouveaux religieux" ne sont que des rêveurs paresseux la plupart du temps. Mais au XXe siècle, le sport a pris le dessus dans la civilisation occidentale. Ce n'est pas la religion qui est revenue, c'est le sport qui est réapparu, après avoir été oublié pendant presque 1 500 ans. Ce n'est pas le fidéisme, mais l'athlétisme qui a occupé le devant de la scène. Pierre de Coubertin voulait créer une religion du muscle au tournant du XXe siècle. Il a échoué comme fondateur d'une religion, mais il a triomphé comme créateur d'un nouveau système d'exercices.

Slavoj Zizek : Considérer la religion comme ensemble de pratiques corporelles, cela existait déjà chez les avant-gardes russes. Le réalisateur soviétique Sergueï Eisenstein (1898-1948) a écrit un très beau texte sur le jésuite Ignace de Loyola (1491-1556), pour qui il s'agissait d'oublier Dieu, sinon comme quelqu'un qui a mis en place certains exercices spirituels. Ma thèse du retour au christianisme est très paradoxale : je crois que ce n'est qu'à travers le christianisme que l'on peut véritablement se sentir vraiment athée.

Si vous considérez les grands athéismes du XXe siècle, il s'agit en réalité d'une tout autre logique, celle d'un "créditisme" théologique. Le physicien danois Niels Bohr (1885-1962), l'un des fondateurs de la mécanique quantique, a été visité par un ami dans sa datcha. Mais celui-ci hésitait à passer la porte de sa maison à cause d'un fer de cheval qui y était cloué – une superstition pour empêcher les mauvais esprits d'entrer. Et l'ami dit à Bohr : "Tu es un scientifique de premier rang, alors comment peux-tu croire à ses superstitions populaires?" "Je n'y crois pas !", répondit Niels Bohr. "Mais pourquoi laisses-tu donc ce fer à cheval, alors", insista l'ami. Et Niels Bohr eut cette très belle réponse: "Quelqu'un m'a dit que ça fonctionne, même si on n'y croit pas !" Ce serait une assez bonne image de notre idéologie actuelle.

Je crois que la mort du Christ sur la croix signifie la mort de Dieu, et qu'il n'est plus le Grand Autre qui tire les ficelles. La seule façon d'être croyant, après la mort du Christ, est de participer à des liens collectifs égalitaires. Le christianisme peut être entendu comme une religion d'accompagnement de l'ordre existant ou une religion qui dit "non" et aider à y résister. Je crois que le christianisme et le marxisme doivent combattre ensemble le déferlement des nouvelles spiritualités ainsi que la grégarité capitaliste. Je défends une religion sans Dieu, un communisme sans maître.

Peter Sloterdijk : Admettons que nous soyons dans la séance de clôture du concile du Nicée et que l'un des archevêques pose la question dans la réunion: faut-il mettre à l'index notre frère Slavoj Zizek ? Je crois que la grande majorité voterait l'anathème, car il commet ce que les anciens appelaient une "hérésie". Slavoj Zizek assume une attitude sélective par rapport à la vérité entière : hérésie signifie sélection. Et la sélection dans ce cas précis, c'est d'omettre la suite de l'histoire biblique, qui parle de résurrection après la mort du Christ. Mais si l'on omet la résurrection, on oublie l'essentiel parce que le message du christianisme c'est que la mort ne nous menace plus.

Le succès mondial du christianisme ne reposait pas seulement sur le message de l'amour universel mais surtout sur la neutralisation des menaces que faisait peser la mort sur chaque conscience. Sans omettre la phobocratie païenne : Tous les empires sont fondés sur le pouvoir de la peur. On peut raconter l'histoire comme Slavoj Zizek l'a fait, mais il faut ajouter une deuxième dimension libératrice : sans rupture avec la phobocratie, il n'y a pas de liberté, ni chrétienne ni athée. Sinon, on ne fait que changer de seigneur ; Jupiter ou le Christ, ça ne fait aucune différence tant que les deux divinités demeurent des puissances phobocrates.

Malheureusement, le christianisme est devenu la phobocratie la plus terrible de toute l'histoire des religions, surtout grâce à Augustin qui, avec sa théorie de la prédestination, a créé un véritable réacteur de peurs, que la philosophie des Lumières a heureusement interrompu. Même dans l'aventure communisme, la phobocratie chrétienne a persisté sous la forme du terrorisme d'Etat !

Et ce n'est pas terminé. La phobocratie musulmane n'est pas prêt de s'arrêter. Pour tous ceux qui cherchent une sortie de l'univers concentrationnaire des phobocraties classiques, il faut reconstruire la dimension émancipatrice d'un christianisme éclairé. Et j'accepte volontiers une reconstruction athée, à condition de mettre l'accent sur la suppression de l'élément phobocrate de l'ancien paganisme.

Le Monde : Le moment historique que nous traversons semble être marqué par la colère. Une indignation culmine dans le mot d'ordre "Dégage!" des révolutions arabes ou des protestations démocratiques espagnoles. Or, à croire Slavoj Zizek, vous êtes trop sévère, Peter Sloterdijk, à l'égard des mouvements sociaux qui proviendrait selon vous du ressentiment.

Imaginer une nouvelle gauche au-delà du ressentiment

Peter Sloterdijk : Il faut distinguer la colère et le ressentiment. A mon avis, il y a toute une gamme d'émotions qui appartiennent au régime du thymos, c'est-à-dire au régime de la fierté. Il existe une sorte de fierté primordiale, irréductible, qui est au plus profond de notre être. Sur cette gamme thymotique s'exprime la jovialité, contemplation bienveillante de tout ce qui existe. Ici, le champ psychique ne connaît pas de trouble. On descend un peu dans l'échelle des valeurs, c'est la fierté de soi.

On descend encore un peu, c'est la vexation de cette fierté qui provoque la colère. Si la colère ne peut pas s'exprimer, condamnée à attendre, pour s'exprimer plus tard et ailleurs, cela conduit au ressentiment, et ainsi de suite jusqu'à la haine destructrice qui veut anéantir l'objet d'où est sortie l'humiliation. N'oublions pas que la bonne colère, selon Aristote, c'est le sentiment qui accompagne le désir de justice. Une justice qui ne connaît pas la colère reste une velléité impuissante. Les courants socialistes du XIXe et XXe siècle ont créé des points de collecte de la colère collective, sans doute quelque chose de juste et d'important. Mais trop d'individus et trop d'organisations de la gauche traditionnelle ont glissé vers le ressentiment. D'où l'urgence à penser et imaginer une nouvelle gauche au-delà du ressentiment.

Slavoj Zizek : Ce qui satisfait la conscience dans le ressentiment, c'est plus de nuire à l'autre et de détruire l'obstacle que de profiter de moi-même. Nous, slovènes, sommes comme ça par nature. Vous connaissez la légende où un ange apparaît à un paysan et lui demande: "Veux-tu que je te donne une vache? Mais attention, je vais aussi donner deux vaches à ton voisin !" Et le paysan slovène dit: "Bien sûr que non !" Mais pour moi, le ressentiment, ce n'est jamais vraiment l'attitude des pauvres. Plutôt l'attitude du pauvre maître, comme Nietzsche l'a très bien analysée. C'est la morale des "esclaves".

Seulement, il s'est un peu trompé du point de vue social: ce n'est pas l'esclave véritable, c'est l'esclave qui, comme le Figaro de Beaumarchais, veut remplacer le maître. Dans le capitalisme, je crois qu'il y a une combinaison très spécifique entre l'aspect thymotique et l'aspect érotique. C'est-à-dire que l'érotisme capitaliste est médiatisé par rapport à un mauvais thymotisme, qui engendre le ressentiment. Je suis d'accord avec Peter Sloterdijk : au fond le plus compliqué c'est de savoir comment penser l'acte de donner, au-delà de l'échange, au-delà du ressentiment.

Je ne crois pas vraiment dans l'efficacité de ces exercices spirituels que propose Peter Sloterdijk. Je suis trop pessimiste, pour cela. A ces pratiques auto-disciplinaires, comme chez les sportifs, je veux y ajouter une hétérotopie sociale. C'est pourquoi j'ai écrit le chapitre final de « Vivre la fin des temps » où j'entrevois un espace utopique communiste, en me référant à ces œuvres qui donnent à voir et à entendre ce que l'on pourrait appeler une intimité collective. Je m'inspire aussi de ces films de science-fiction utopiques, où il y a des héros errants et des types névrosés rejetés qui forment de véritables collectivités. Des parcours individuels peuvent aussi nous guider.

Ainsi, on oublie souvent que Victor Kravtchenko (1905-1966), le dignitaire soviétique qui dénonça très tôt les horreurs du stalinisme dans J'ai choisi la liberté et qui fut ignoblement attaqué par les intellectuels pro-soviétiques, écrivit une suite, intitulée « J'ai choisi la justice », alors qu'il luttait en Bolivie et organisait un système de production agraire plus équitable. Il faut suivre et encourager les nouveaux Kravtchenko qui émergent de partout aujourd'hui, de l'Amérique du Sud aux rivages de la Méditerranée.

Peter Sloterdijk : Je pense que vous êtes victime de l'évolution psycho-politique des pays de l'Est. En Russie, par exemple, chacun porte en soi un siècle entier de catastrophe politique et personnelle sur ses épaules. Les peuples de l'Est expriment cette tragédie du communisme et n'en sortent pas. Tout cela forme une espèce de boucle de désespoir autogène. Je suis pessimiste par nature, mais la vie a réfuté mon pessimisme originel. Je suis donc pour ainsi dire un apprenti-optimiste. Et là je pense que nous sommes assez proches l'un de l'autre parce que nous avons parcouru des biographies parallèles dans un certain sens à partir de points de départ radicalement différents, tout en lisant les mêmes livres.

Le Monde : Juste un mot sur l'affaire Dominique Strauss-Kahn. S'agit-il d'une simple affaire de mœurs ou bien du symptôme d'un malaise plus important?

Peter Sloterdijk : Indéniablement, il s'agit d'une affaire planétaire qui dépasse le simple fait divers. Dominique Strauss-Kahn est peut-être innocent. Mais cette histoire révèle que le pouvoir exorbitant détenu par un individu peut créer une sorte de religion des puissants que je qualifierais de panthéisme sexuel. Nous croyions en avoir terminé avec les rois soleil. Mais, curieusement, le XXIe siècle multiplie par dix mille ces hommes de pouvoir qui s'imaginent que tous les objets de leur désir peuvent être pénétrés par leur rayonnement.

Slavoj Zizek : Le seul aspect intéressant de l'affaire DSK, c'est la rumeur selon laquelle ses amis auraient approché la famille de la victime supposée en Guinée, offrant une somme exorbitante d'argent si Nafissatou Diallo retirait sa plainte. Si cela est vrai, quel dilemme ! Faut-il choisir la dignité ou l'argent qui peut sauver la vie d'une famille, en lui donnant la possibilité de vivre dans la prospérité ? C'est cela, qui résumerait la véritable perversion morale de notre temps.

Titres sous-titres et inter sont de la rédaction
Propos recueillis par Nicolas Truong
Article paru dans l'édition du 28.05.11 http://www.lemonde.fr/idees

dimanche, 21 novembre 2010

Repolitizar la Economia

Repolitizar la Economía

Ex: http://elfrentenegro.blogspot.com/

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Por Slavoj Žižek
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La gran novedad de la era pospolítica actual —la era del “fin de las ideologías”— es la despolitizacion radical de la esfera de la economía: el modo en que la economía funciona (la necesidad de recortar el gasto social, etc.) es aceptado como un simple dato del estado de cosas objetivo. Sin embargo, en la medida en que ... esta despolitización fundamental de la esfera económica sea aceptada, todas las discusiones sobre la ciudadanía activa y sobre los debates públicos de donde deberían surgir las decisiones colectivas seguirán limitadas a cuestiones “culturales” de diferencias religiosas, sexuales o étnicas —es decir, diferencias de estilos de vida— y no tendrán incidencia real en el nivel donde se toman las decisiones de largo plazo que nos afectan a todos. En suma, la única manera de crear una sociedad donde las decisiones críticas de largo plazo surjan de debates públicos que involucren a todos los interesados es poner algún tipo de límite radical a la libertad del Capital, subordinar el proceso de producción al control social. La repolitización radical de la economía. Esto es: si el problema con la pospolítica actual (la “administración de los asuntos sociales”) es que cada vez socava más la posibilidad de una acción política verdadera, ese socavamiento responde directamente a la despolitización de la economía, a la aceptación común del Capital y de los mecanismos del mercado como herramientas/procedimientos neutros que deben ser explotados.
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(Extracto de "Dije Economía Política, estúpido")

00:20 Publié dans Economie, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, philosophie, slavoj zizek | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook