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jeudi, 20 mars 2014

La crise de l’euro frappera-t-elle bientôt l’Europe du Nord?

La crise de l’euro frappera-t-elle bientôt l’Europe du Nord?

Une étude avertit les Européens: la crise de la monnaie unique s’étendra probablement à la Belgique et à la Finlande

Le “Centre de Politique Européenne” (CPE) vient de publier un rapport qui suscite l’inquiétude. Selon cette étude, la crise de la dette, malgré le calme relatif qui règne aujourd’hui sur les marchés financiers internationaux, pourrait très bien s’étendre, notamment à des pays d’Europe du Nord. Pour la première fois, deux pays d’Europe du Nord, la Finlande et la Belgique sont frappés par une capacité déclinante à obtenir des crédits, tout comme les pays d’Europe méridionale.

Certes, la Belgique est considérée depuis longtemps comme un pays potentiellement en crise, à cause de la dette de l’Etat qui frise les 100% du PIB mais, pour la Finlande, l’alerte est nouvelle bien qu’elle étonne encore. Ce pays du Nord avait été considéré jusqu’il y a peu comme un roc inébranlable dans la tempête.

Même si ces deux pays, peu peuplés, ne doivent pas être considérés comme des poids lourds sur le marché, on a tout lieu de s’inquiéter de voir des pays du Nord se joindre à la liste des pays à problèmes, déclare le président du CA du CPE, Lüder Gerken. Dans les deux pays, on peut constater une involution, un ressac. Certes, les deux Etats nord-européens peuvent encore contracter des dettes; cette position, dont ils bénéficient, n’est pas encore véritablement menacée mais le taux de consommation est encore trop élevé en Belgique comme en Finlande.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°9/2014; http://www.zurzeit.at ).

lundi, 12 août 2013

Zone euro

Laurent_ozon.jpg

Laurent OZON:

Zone euro: En Europe, la gouvernance économique a surtout besoin d'une gouvernance politique

Ex: http://www.newsring.fr/

 

François Hollande a proposé l'instauration d'un gouvernement économique de la zone euro lors de la deuxième conférence de presse de son quinquennat, le 16 mai 2013. Pour Laurent Ozon, le problème de l'euro provient de notre incapacité à lui assigner une direction politique.

L'actuelle crise de l'euro est le résultat d'une opération d'instabilisation menée par le monde financier et le gouvernement profond US pour maintenir le statut du dollar comme monnaie de change internationale. Cet outil monétaire (le dollar) est ce qui permet aux USA de continuer à financer leur domination par une dette contractée sur le monde entier dans une unité de change qui n'a que la valeur du papier sur laquelle elle est imprimée. De fait, le problème de l'euro est celui de notre incapacité à lui assigner une direction politique et cette difficulté provient en premier lieu de la difficulté d'une organisation politique comme l'UE à définir les contours d'une volonté politique claire, tiraillée entre les volontés contradictoires de ses membres, les empiètements des multinationales, les tentatives répétées de sabotage des USA (via ses satellites) etc.

De fait, toute monnaie non adossée à une volonté politique est un outil problématique. Ceci est valable pour toutes les monnaies, qu'elles soient nationales ou européennes. La question fondamentale est donc bien de savoir où peut se constituer une volonté politique capable d'une direction économico-financière souveraine et conforme à ses intérêts. La seconde question qui découle immédiatement de la première est: quels seront ses moyens réels d'action (en matière monétaire et au delà) face à une hégémonie financiaro-militaire de plus en plus agressive.

La nation par son unité héritée de l'histoire, peut apparemment fournir un environnement de pouvoir mieux maîtrisé et donc un potentiel de volonté politique opérationnel plus simple à obtenir qu'une fédération d'États aux intérêts parfois contradictoires comme l'UE. En clair, la France, par exemple, peut imaginer se donner une monnaie et lier les conditions de sa politique monétaire à ses intérêts souverains. La question qui se posera secondairement sera: quel poids aura la France face à cette hégémonie, compte tenu de son niveau d'autonomie vivrière, énergétique, militaire, médiatico-culturelle, économique et financière ? Un poids faible à n'en pas douter. D'autant plus faible que le niveau d'intégration de la France dans l'économie mondiale ne repose pas seulement sur sa monnaie mais sur un dispositif d'imbrication beaucoup plus vaste et infiniment plus profond que ne le croient ceux qui rêvent d'un destin politique retrouvé, l'œil dans le rétroviseur. C'est un partisan du protectionnisme et de la relocalisation qui l'affirme, dans l'état actuel des choses, il faudra des efforts immenses et du temps à une France isolée des grands systèmes monétaires et des sphères d'influence correspondantes, pour pouvoir résister aux pressions du système financier et militaire de la première puissance mondiale, pour ne pas évoquer les autres.

Confrontée probablement dans les vingts années à venir à une crise civile grave, dépendante de ses importations, sans autonomie industrielle (pièces, technologies, etc.) et sans puissance militaire de premier ordre ni ressources capables d'impacter les rapports de forces géopolitiques mondiaux, la France ne profitera de sa liberté monétaire que bien peu de temps. Celui de s'enfoncer dans la guerre et la ruine, sort qu'elle ne pourra in fine conjurer qu'en passant sous contrôle total d'une puissance dont elle pensait s'affranchir.

De fait, je le pense, la France n'a pas les moyens de faire cavalier-seul. Adossée aux centaines de millions d'européens tournée vers la Russie, elle pourrait se donner dans l'UE, les moyens d'une politique monétaire conforme aux intérêts de son économie. Car ce qui peut être fait en France peut être fait en Europe, certes dans un premier temps plus difficilement, mais à la condition préalable d'une vigoureuse refondation des institutions communautaires qui permettrait à une Europe débarrassée du Royaume-Uni et autres satellites US, de retrouver les moyens de son retour à l'histoire dans un monde multipolaire et de défendre ses choix avec plus de poids que celui d'un pays en pré-guerre civile ne disposant pas des moyens de puissance pour maîtriser, isolé, les conséquences de ses coups de mentons monétaires.

En bref, évoquer la question de la sortie de l'euro sans évoquer celui des rapports de forces internationaux et des implications vitales induites relève au mieux de l'amateurisme politique. De ce point de vue, un gouvernement économique de la zone euro pourrait être une solution, si il n'associait pas les habituels porte-avions américains au sein de l'UE et si la France et l'Allemagne s'engageaient à ajouter une dorsale russe à l'axe Carolingien... 

C'est en tous cas le moment, à quelques mois des élections européennes d'ouvrir sérieusement le débat non ?

mardi, 21 mai 2013

Allemagne: récession imminente?

Andrea PERRONE:

Allemagne: récession imminente?

 

Berlin amorce un déclin lent, à cause d’une croissance en net recul qui met en danger l’avenir de toute la zone-euro!

 

L’économie de toute la zone-euro poursuit son ressac et l’Allemagne, à son tour, devient sujet de préoccupation, car l’état de l’économie allemande empire. Ce n’est pas un hasard si l’économie allemande n’accuse qu’une très misérable croissance de 0,1% seulement au cours de ces trois derniers mois, tandis que la France, elle, a déjà basculé dans la récession, comme le signalent les données d’Eurostat. Avec un recul de 0,2% au cours des trois premiers mois de l’année 2013, l’économie de la zone-euro est bel et bien, désormais, en récession et cela, depuis un an et demi: c’est là la période de récession la plus longue depuis 1995, année à partir de laquelle Eurostat a commencé à rassembler des données. L’Etat de la zone-euro qui se trouve dans la pire des situations est bien entendu la Grèce, dont l’économie s’est réduite de 5,3%. Elle est suivie du Portugal, qui accuse une récession de –3,9% par rapport à la même période l’an passé.

 

La France aussi est officiellement en récession après que son économie se soit réduite de 0,2% au cours de ces six derniers mois, avec, en fond, un taux de chômage supérieur à 10%, assorti d’une perte de confiance des entreprises et des consommateurs. Entretemps, l’Allemagne a repris une croissance, après une récession de trois mois à la fin de l’année 2012, mais cette faible reprise s’avère bien trop lente et insuffisante, atteignant seulement le chiffre de 0,1%, surtout à cause d’une augmentation des dépenses de la part des consommateurs. Ce chiffre ne suffit pas, bien entendu, pour faire redémarrer l’économie de la zone-euro en général, qui se débat encore et toujours dans une crise qui perdure.

 

Les données d’Eurostat montrent que l’économie allemande s’est réduite de 0,3% par rapport à la même période l’an passé. Le bureau allemand des statistiques met ce faible rendement sur le compte d’un “climat hivernal extrême” qui a duré jusqu’en avril. A l’opposé, la Lettonie a enregistré une croissance de 5,6% et la Lituanie de 4,1% par rapport à la même période en 2012. Les deux pays espèrent adhérer à la zone-euro très bientôt: la Lettonie en janvier 2014 et la Lituanie en 2015. L’Estonie voisine, qui a adhéré à la zone-euro en 2011 a enregistré la croissance la plus élevée de la zone par rapport à l’an passé, avec +1,2%. Mais par rapport aux trois mois qui viennent de s’écouler, l’économie estonienne, à son tour, s’est réduite d’un pourcent.

 

Pour ce qui concerne Chypre, les chiffres montrent que l’économie de l’île a considérablement empiré pendant la période où l’on négociait son plan de sauvetage: son économie a chuté de 4,1% par rapport au trimestre de janvier-mars 2012. La situation économique de l’Italie, de l’Espagne, de la Finlande et des Pays-Bas est préoccupante car tous ces pays ont vu, eux aussi, se rétrécir leur assiette économique par rapport au trimestre précédent et à l’an passé, comme d’ailleurs toute les économies de la zone-euro. La Banque centrale européenne, au début mai 2013, a abaissé le taux de référence à son minimum historique de 0,5%, tentant ainsi de faire redémarrer l’économie de la zone-euro. Mais tout prêt avantageux demeure une chimère, surtout pour les banques des pays de l’Europe méridionale qui continuent à emprunter de l’argent à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés que le taux de référence: même le président de la BCE, Mario Draghi, a souligné que les prêts à bon marché ne se sont jamais avéré bons pour l’économie réelle.

 

Andrea PERRONE.

(article paru dans “Rinascita”, Rome, 17 mai 2013 – http://www.rinascita.eu/ ).

dimanche, 28 avril 2013

Der nächste Krisenkandidat in Euro-Land … die Niederlande

Der nächste Krisenkandidat in Euro-Land … die Niederlande

F. William Engdahl

Als die griechische Schuldenkrise zum Jahreswechsel 2009/2010 ausbrach, versicherten uns ach-so-schlaue deutsche Politiker wie Bundeskanzlerin Merkel und Finanzminister Schäuble, die Krise könne durch drastische Haushaltseinsparungen in Griechenland selbst eingedämmt werden. In Euro-Land werde alles wieder gut. 

mercredi, 08 décembre 2010

"Les Etats-Unis à l'origine des tensions au sein de la zone euro"

« Les Etats-Unis à l’origine des tensions au sein de la zone euro »

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

dollar-euro-le-rapport.jpgL’Allemagne serait, en partie, à l’origine de l’envolée des taux d’intérêt sur les obligations portugaises et espagnoles de ces derniers jours. En cause, les récentes déclarations d’Angela Merkel sur l’éventualité de faire participer les créanciers privés en cas de restructuration de la dette publique de certains pays de la zone euro.

 

Arturo Bris, professeur de finance à l’IMD de Lausanne, partage cet avis. Lors d’une conférence qui s’est tenue jeudi au sein de la haute école de gestion, il n’a pas hésité à déclarer que l’Allemagne maintenait volontairement « au bord du précipice » les pays en proie à des difficultés – Irlande en tête. Selon lui, « les crises irlandaise, grecque, portugaise et espagnole sont une bonne chose pour l’économie allemande puis­qu’elles maintiennent l’euro à un niveau relativement bas – par rapport au dollar – et qu’elles profitent ainsi aux exportations allemandes ». Berlin aurait donc tout intérêt à ce que la situation européenne reste tendue.

Mais si l’Allemagne profite du « statu quo » en Europe, Arturo Bris relativise toutefois son rôle dans la crise actuelle. Car le moteur de l’Europe est confronté à un certain dilemme : son économie a beau profiter d’un euro faible, les Allemands ont de plus en plus l’impression de payer de leurs poches les sauvetages à répétition des autres pays européens. De plus, le marché européen est le troisième, en termes de grandeur, pour les exportations allemandes.

Pour le professeur espagnol, les principaux fautifs sont à rechercher de l’autre côté de l’Atlantique. Washington serait donc « à l’origine des confrontations que l’on observe actuellement en Europe ». Ou, plus particulièrement, sa politique monétaire. « Affaiblir le dollar a été la pire des choses pour la dynamique européenne », constate Arturo Bris. Si les Etats-Unis ont souffert de la crise grecque et de la hausse du dollar qui s’en est suivie, ils se seraient rattrapés grâce à leur politique monétaire et à l’injection de 600 milliards de dollars dans leur économie d’ici à la fin de 2011 (QE2).

 

Malgré tout, le professeur de finance reste optimiste. Dans les différents scénarios qu’il a présentés jeudi à son audience, l’implosion de l’euro – qualifiée « d’armageddon » – est considérée comme très improbable. « Les chiffres ne sont pas dramatiques et personne n’est en train de faire faillite », martèle-t-il. Et Arturo Bris a de bons arguments. Il fait notamment remarquer que le taux d’endettement de l’Espagne – 55% du PIB – fait bien pâle figure aux côtés des 190% du Japon et des 120% des Etats-Unis.

Le problème serait donc avant tout un problème de crédibilité. « Les gouvernements européens, à l’instar du Portugal et de l’Espagne, ont annoncé tout un tas de mesures ces dernières années sans jamais les respecter. Or, aujour­d’hui, sous la pression des marchés, ces gouvernements sont enfin obligés de réagir », observe-t-il avec satisfaction.

Le Temps

lundi, 06 décembre 2010

Monnaie, recherche désespérement souverain sérieux

Monnaie, recherche désespérement souverain sérieux

Par Jean-Claude Werrebrouck

Les images du bateau, et des passagers clandestins, évoquées dans « l’euro : sursaut ou implosion » se voulaient révélatrices de la réalité de la monnaie unique. Les passagers clandestins étaient les Etats eux-mêmes, et des Etats – puisque passagers clandestins – peu soucieux d’une stratégie de coopération.

Le bateau était lui-même le symbole de la monnaie, et une monnaie sans autre pilote qu’un fonctionnaire indépendant, voire en état d’apesanteur, et surtout dépourvu de gouvernail : la banque centrale est en effet indépendante et son rôle n’est que de maintenir le navire à flot, et ce, sans même lui assigner une direction.

Jadis, le pilote était l’Etat lui-même, et les passagers avaient le statut d’usagers d’un service monétaire largement soumis au caprice du prince. Bref la monnaie avait un maître, et il est vrai, souvent autoritaire, et peu scrupuleux, appelé souverain.

En sorte qu’il était exact que « battre monnaie était un attribut de la souveraineté ». Et souvent avec la violence du souverain : seigneuriage, dilution, assignats, « banqueroute des deux-tiers », inflation, etc. (cf. : « la crise : scénario pour 2010 »)

Le fonctionnement des marchés politiques en Europe, et leur histoire, devait pourtant aboutir à une « grande transformation » à la Polanyi : puisque « l’extériorité » qui tient les hommes ensemble peut devenir le marché, lequel rend faussement et magiquement obsolète l’Etat, alors il est possible d’engendrer une monnaie sans Etat et donc sans souverain : l’Euro était né.

 

Bien sûr, le bateau des passagers clandestins ne connaissait point de port – bateau aussi habité par des passagers voulant s’offrir à bon compte une « monnaie de réserve à l’américaine » (cf « l’euro : sursaut ou implosion ») – et pouvait rencontrer quelques hauts fonds, susceptibles de le faire chavirer : nous y sommes.

La grande crise était constitutive de ces hauts fonds, et de ce point de vue, elle ne fait qu’enclencher ou aggraver une crise monétaire, inscrite dans les gènes de la monnaie unique. Curieusement, c’est cette rencontre avec les hauts fonds, qui semble engendrer une course impossible de la « grande transformation à l’envers ».

C’est qu’en effet, les entrepreneurs politiques européens, aussi passagers clandestins, semblent vouloir ancrer le navire vers une extériorité, qui ne peut être qu’un souverain… dont on ne veut surtout pas…

C’est tout le sens qu’il faut donner, aux diverses rustines qui s’accumulent sur les flancs du navire, ayant eu à affronter les diverses convulsions des passagers : le grec, l’irlandais, etc.

Un premier pas dans la grande transformation à l’envers

Ainsi, une première extériorité que l’on peut appeler machine à fabriquer des rustines, fût mise en place dans le cadre d’un partenariat : le Fonds Européen de Stabilité Financière. Evidemment, cette institution basée au Luxembourg, est bien une extériorité, mais elle ne saurait être un souverain. Elle n’est même pas une union de transferts budgétaire, constitutive d’une caisse d’aide aux passagers, qui veulent rester clandestins.

Elle n’est qu’une abstraction, seulement susceptible de lever des fonds, au profit des passagers clandestins, invités à davantage de coopération. Et levées de fonds garantis, par la garantie des autres passagers, lesquels refusent de devenir responsables solidairement de façon illimitée.

Ainsi la loi du 7 juin 2010, votée au parlement français, expose l’Etat correspondant, dans la limite supérieure de 111 milliards d’euros. Les fonds levés, ne sont pas ceux des souverains, ne sont pas de la dette souveraine, et la responsabilité des souverains cautionneurs de dette est limitée, très exactement comme dans le cas de sociétés commerciales privées.

Et cette machine, initiée par la crise grecque du printemps 2010, se devait d’être légère, à peine d’entrer en délicatesse avec la clause de « no bail out » de l’article 125 du traité, lequel veille au principe de non solidarité financière entre les souverains. Principe instituant, ou autorisant de fait, le caractère de passager clandestin pour chaque signataire du traité.

Parce que la machine à fabriquer des rustines ne peut remettre le bateau à flot que fort temporairement, en raison du fait qu’elle participe à l’engendrement de nouvelles dettes, qu’il faut pourtant faire disparaitre, son usage est promis à bel avenir.

Clairement, le stock de dettes à l’échelle planétaire ne fait qu’augmenter, et le risque de nouveaux subprimes – de nouveaux hauts fonds – ne fait que se multiplier partout dans le monde.

C’est que le Fonds Européen de Stabilité Financière est aussi une machine, parmi d’autres dans le monde, à fabriquer de la nouvelle dette s’appuyant sur la garantie d’Etats insolvables : quelle espérance de mobilisation de la participation française (111 milliards d’euros) en cas de défaut grec par exemple, sachant que cette garantie représente environ 40% des recettes 2011 de l’Etat Français ?

Espérance d’autant plus réduite que, si un tel défaut devait se manifester, ledit Etat serait anéanti dans sa course à sauver les banques françaises, elles mêmes vitrifiées par le défaut grec, pour lequel elles sont si exposées : près de 0,3% du total des actifs bancaires, d’après l’étude de la Deutsche Bank en date du 26/11/2010… soit beaucoup plus que les capitaux propres…

Une autre étape de la grande transformation à l’envers

Le bel avenir de la machine à fabriquer des rustines est déjà écrit, avec fort gonflement de ses activités liées au secours, d’abord du passager irlandais, qui maintient malgré toutes les pressions et protestations, son jeu non coopératif en matière fiscale, ensuite des passagers portugais, espagnol, et sans doute d’autres encore. La taille de la machine pouvant augmenter en raison des convulsions à venir, cela signifiera de nouvelles garanties de la part des grands Etats insolvables.

L’accroissement de la taille ne la transformera pourtant pas en nouvelle extériorité, jouissant de la puissance d’un réel souverain monétaire. Sans doute l’aide du Fonds Européen de Stabilité Monétaire est-elle assortie de pressions sur les passagers afin de réduire leur clandestinité, toutefois les dites pressions ne les conduisent pas vers des stratégies coopératives.

C’est que le remède est uniformément déflationniste : réduction des déficits budgétaires gonflés par la crise financière, par diminution des dépenses publiques et, parfois augmentation de la pression fiscale. La purge déflationniste de chacun des passagers malades, entrainant une contagion, ankylosant le niveau d’activité du groupe, pris dans son ensemble.

Mieux, le danger guette, et les clandestins peuvent se dire intéressés par leur assujettissement au bourreau déflationniste : il fait mal certes, mais peut être moins que si l’on restait victime du spread sur dettes souveraines. Si, en effet, les taux offerts par le fonds de stabilité sont moins élevés que ceux offerts dans un marché en ébullition, il devient ainsi intéressant de se placer sous la houlette de l’Europe, le bourreau y étant peut-être moins cruel.

C’est très exactement la question qui s’est déjà posée – le dimanche 28 novembre 2010 à Bruxelles – pour le passager irlandais à qui il fallait proposer un taux élevé (5,8%), taux sans doute irréaliste pour le malheureux passager clandestin, mais en même temps, peut-être trop faible pour dissuader les passagers portugais et espagnol qui connaissent, ou vont connaitre, des taux marginaux d’endettement sur les marchés supérieurs à 5,8%.

Cela signifierait qu’il y aurait, avec la machine à fabriquer des rustines, une possibilité supplémentaire pour gagner un peu de temps. En contrepartie, cela signifierait aussi que le Fonds Européen de Stabilité Financière serait pollué – avec des taux simultanément trop élevés et trop faibles – dans son action, par des effets pervers non initialement prévus. Le fonds « victime des marchés », alors qu’il devait constituer une extériorité, sur laquelle il eut été possible de s’appuyer.

Grande transformation à l’envers : une nouvelle étape

Et les choses ne s’amélioreront guère en 2013 avec le futur mécanisme européen de stabilisation, lequel ne sera toujours pas une extériorité, comme le souverain de jadis l’était.

A priori, il traduira dans la rigueur du droit, un début de modification du rapport de forces sur les marchés politiques européens. Chez nombre de clandestins, il devient de plus en plus difficile, pour les entrepreneurs politiques, de justifier le point de vue d’une finance et d’une rente, qui a pour contrepartie la relative disparition des Etats providence construits autour du pacte politique des « Trente Glorieuses ».

Le cas de l’Irlande – qui pourtant n’avait pas connu la période en question – est à cet égard particulièrement éclairant : dans « l’accord » qui vient d’être proposé aux entrepreneurs politiques au pouvoir, il est expressément prévu que le fonds irlandais de réserve des retraites sera, à hauteur de 15 milliards d’euros, mobilisé pour sauver les banques.

La finance se nourrit ainsi fort directement dans le garde-manger, de ce qui est réellement des salaires indirects. L’approfondissement d’un tel modèle devenant politiquement ingérable, les entrepreneurs au pouvoir, sont désormais invités par les marchés politiques, à restaurer un minimum de souveraineté monétaire.

C’est tout le sens qu’il faut donner aux « clauses d’actions collectives », qui devraient commencer à s’introduire à partir du 1er juillet 2013, dans les contrats d’émissions de dettes souveraines. Et clauses souhaitées par l’entrepreneur au pouvoir à Berlin.

Sur le fond, un tel mécanisme, s’il devait être mis en place, est un début du partage du désastre engendré par la crise : finance et rentes correspondantes seront mises à contribution, par le biais d’un défaut désormais négocié. Sur les marchés politiques, cela correspondra, assez probablement, à l’achat de voix chez des contribuables invités à financer moins de rente, contre une perte probable de voix chez les épargnants.

Pour autant, il ne s’agit encore que d’un projet, projet pouvant à chaque instant être balayé par la violence de la crise. Un tel mécanisme est en effet lourd, complexe, et probablement non exempt de dangers. Il pose de vraies questions : les taux ne vont-ils pas incorporer le risque de défaut résultant de la disparition de l’aléa moral ? Vont-ils faire disparaitre les spreads ? Ne vont-ils pas précipiter la panique, chez ceux qui voyaient dans la dette des clandestins, un placement particulièrement sûr ? Quel statut donner à la dette souscrite par des résidents ? Etc.

Mais surtout, la renégociation elle-même se trouve extrêmement complexe, en raison de l’extrême imbrication des dettes, et des risques associés avec le principal d’entre-eux : la possible pérennisation d’un effet domino. C’est qu’il serait imprudent, de considérer que les externalités développées par un défaut irlandais, serait du même type que ceux d’un pays émergent.

Autant de questions qui justifient la grande instabilité des marchés en cette fin d’automne 2010. D’où d’autres voies à explorer.

Grande transformation à l’envers : d’autres difficiles étapes

On pourrait maintenant imaginer que la conjonction de la pression des marchés, associée à la résistance croissante des salariés, inviterait les entrepreneurs politiques européens à bousculer le champ institutionnel, au profit de la création d’une extériorité plus solide : un véritable Trésor européen en charge de l’émission de bons du trésor européen.

L’affaire serait redoutable, puisque les marchés politiques de chacun des passagers de l’euro, seraient amenés à réduire le périmètre de leurs activités, et donc le « carburant du pouvoir ». Il y aurait effectivement bouleversement du champ institutionnel, avec renégociation d’un nouveau traité, permettant notamment à l’union européenne, de percevoir des impôts de masse, type TVA, et de s’endetter, ce qui est aujourd’hui juridiquement impossible.

Reposant sur un PIB de 9.000 milliards d’euros pour la seule zone euro, l’ensemble bénéficierait en première approximation, d’une puissance d’endettement considérable. De quoi imaginer la présence d’un vrai souverain, pour une monnaie jusqu’ici sans maitre.

Pour autant, cette transformation à l’envers, faisant naitre un nouveau souverain, est aujourd’hui encore difficile à envisager. Les fonctionnements des marchés politiques interne à chaque pays, d’une part, et entre les pays de l’euro zone , d’autre part, ne peuvent que s’y opposer.

Au niveau interne, donc au niveau de chacun des passagers, la naissance d’un embryon d’Etat européen, vaut réduction des marchés politiques internes. Ainsi qu’il vient d’être énoncé, le basculement d’une partie de la fiscalité interne, est réducteur du périmètre des activités des entrepreneurs politiques locaux.

Et face à cette perte collective du « carburant du pouvoir », le risque est d’assister à la cartellisation des grandes entreprises politiques, aux fins de résister au projet. Pour éviter le processus de cartellisation négative, il faudrait que les avantages politiques d’une dette devenue européenne, surcompense les désavantages de la montée en puissance de cette nouvelle extériorité, que serait l’Etat européen embryonnaire.

En admettant même que l’analyse coût/avantage soit indécise, quant à ses résultats au niveau interne (au niveau de chacun des passagers), la même analyse – menée au niveau externe – conduit plus probablement au refus de la naissance d’un souverain européen.

Car la collectivisation de la dette, en faisant disparaitre les spreads, aboutit nécessairement à la fixation d’un taux d’intérêt unique, défavorable au passager le plus important : l’Allemagne. La qualité de la dette européenne devenant inférieure à la qualité de la dette allemande seule. Il y aurait donc un spread de taux, sur la dette européenne, par rapport à la dette allemande d’aujourd’hui. D’où, ici, la cartellisation des entreprises politiques allemandes, en vue d’opposer un front du refus.

Décidément, le chemin de la grande transformation à l’envers dans le but d’accrocher l’euro à un souverain, est parsemé d’embûches…

Resterait à envisager un autre chemin pour envisager la grande transformation à l’envers. Puisqu’il est très difficile de faire naître un souverain pour l’euro, peut être serait-il possible de faire au moins disparaître ce pouvoir indépendant qu’est celui de la BCE.

Dans la présente situation, le dispositif institutionnel du système européen de banques centrales, a pour effet, de contenir le périmètre de la clandestinité des passagers. La BCE ne peut en effet favoriser tel ou tel passager en achetant directement sa dette, geste qui lui est juridiquement interdit. Elle ne peut pas non plus, émettre sans retenue de la liquidité auprès des banques, de tel ou tel passager, en raison de son statut de gardien de la stabilité monétaire.

Autant de dispositions qui limitent le périmètre de la clandestinité, ainsi que l’a clairement montré les péripéties de la crise irlandaise. Les entrepreneurs politiques locaux continuaient à chercher à gagner du temps – y compris en consommant cavalièrement, le fonds de réserve des retraites, pour retarder des adjudications, potentiellement calamiteuses en termes de taux – et laissaient sur active une BCE venant en aide aux banques insolvables.

La BCE, jugeant qu’elle quittait le champ traditionnel de ses interventions, fut le promoteur de l’organisation d’une aide coordonnée, que les entrepreneurs politiques irlandais furent amenés, dans un premier temps, à refuser. Ces derniers, préférant sauver les banques, par les liquidités distribuées par la BCE, plutôt que d’accabler davantage un citoyen pourvoyeur de voix.

« L’accord » du 28 novembre qui fut imposé aux entrepreneurs politiques irlandais, définit bien les limites de la clandestinité dans le paradigme dominant : en cette fin d’année 2010, il appartient encore aux contribuables de régler les factures de l’orgie financière.

Sans doute y aura-t-il, ici ou là, chez nombre de clandestins, cartellisation des marchés politiques pour faire évoluer le système européen de banques centrales. Et une cartellisation résultant possiblement d’une résistance croissante des citoyens.

Pour autant, les choses ne sont pas simples, et il y aura probablement un nouveau front du refus, issu de la cartellisation des entreprises politiques allemandes. En admettant même qu’il puisse être mis fin à l’indépendance de la BCE, le risque le plus important serait l’élargissement du périmètre de la clandestinité : l’euro était déjà pour nombre de clandestins une drogue – une « monnaie de réserve à l’américaine » – mais qui pourra, demain, si fin de l’indépendance il devait y avoir, contrôler l’ouverture du robinet à liquidités aux fins d’éviter l’overdose ?

L’euro, risque ainsi de rester encore quelque temps, la monnaie en quête d’un souverain très difficile à faire émerger. De quoi la menacer dans sa survie.

La crise des années 2010

(Les liens insérés dans le texte, l’ont été par fortune.fdesouche.com)

jeudi, 08 juillet 2010

Pour Vaclav Klaus, le projet européen a échoué...

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Pour Vaclav Klaus, le projet européen a échoué...

Le Président tchèque Vaclav Klaus a demandé aux pays d’Europe centrale et orientale de se méfier de toute adhésion à la zone euro. “L’Union monétaire européenne a échoué”, a écrit l’homme politique tchèque, que l’on classera comme un “libéral de droite”; il vient de s’exprimer dans les colonnes de la revue économique allemande “Wirtschaftswoche”. La zone euro, a-t-il ajouté, n’est pas un “espace monétaire optimal” car sa constitution procède en première instance d’une décision politique. Raison pour laquelle le projet de l’euro sera poursuivi en dépit de ses déboires économiques. “On a tant investi de capital politique dans la monnaie commune, destinée à devenir l’élément cimentant d’une Union Européenne orientée vers les idées de supranationalité, que l’on n’y renoncera pas, du moins, me semble-t-il, dans un avenir prévisible”, prognostiquait Klaus. Le prix à payer pour cet entêtement, selon l’homme politique tchèque, est le suivant: “Moins de croissance économique et davantage de transferts financiers pour les pays qui font face à de plus grands problèmes économiques et financiers”. De ce fait, Klaus estime que “nous, les Thcèques, n’avons pas commis l’erreur d’avoir adhéré à la zone euro”.

(source: “Junge Freiheit”, Berlin, n°26/2010).

COMMENTAIRES :

-          Il est vrai que l’euro connaît des problèmes, mais ces problèmes ne sont pas dus aux mauvaises analyses posées par ses créateurs européens dès le départ. Ces problèmes récents découlent de spéculations contre certains pays plus faibles de la zone euro et de l’aire méditerranéenne, des spéculations qui émanent de milieux financiers d’Outre-Atlantique.

 -          L’origine américaine de cette spéculation fragilisante doit appeler à une vigilance paneuropéenne contre les milieux financiers. La réponse doit donc être politique et judiciaire, avec, pour objectif, 1) de sanctionner avec la plus extrême sévérité le crime de spéculation et d’envisager une répression féroce dans les milieux bancaires, lie des sociétés dites “modernes” et 2) de maintenir au moins le statu quo, c’est-à-dire de maintenir le pouvoir d’achat des masses et la protection sociale qu’on leur a promise.

 -          La faiblesse de l’euro, et partant de l’Union Européenne, vient d’une incapacité à désigner l’ennemi américain, à médiatiser et vulgariser ce fait d’inimitié dans les masses, et de croire à la bonne foi des dirigeants de Washington. L’Europe  ne sera pas politique tant qu’elle ne désignera pas l’ennemi  (car il est impossible de faire de la politique de manière profonde et sérieuse si on ne le désigne pas), tant que ses médias ne le fustigeront pas de manière inlassable et tant que son personnel politique marinera dans la naïveté, qui consiste à croire que les Américains sont l’incarnation du “Bien”, les adjudants du Tout-Puissant sur la Terre et les “libérateurs” de l’Europe. 

 -          Cet ensemble de spéculations contre la zone euro, notamment en Grèce, survient au moment où les Etats du groupe BRIC (Brésil, Russie, Iran, Chine) ou du Concert de Shanghaï ont émis l’hypothèse de facturer leurs hydrocarbures ou matières premières en euro, afin de mettre un terme à l’hégémonie du dollar et à faire du monde une multipolarité de pôles économiques et politiques pour ne plus subir les diktats énoncés au sein de l’actuelle unipolarité. Il faut y penser. Et il faut le dire, le clamer sur toutes les ondes.

 -          Les lamentations de Vaclav Klaus participent de la désinformation, visent à ébranler la confiance des masses dans l’euro et dans la construction européenne. On sait aussi que le gouvernement tchèque est philo-atlantiste dans sa politique internationale, alors que chaque pays européen devrait envisager de se dégager de la cangue atlantiste pour construire à terme un système de défense euro-centré voire eurasien (dont les frontières se situeraient en Méditerranée, sur le littoral Arctique de l’Islande au Détroit de Bering et sur les côtes de l’Océan Indien). Dans les faits, Vaclav Klaus tente de créer une sorte de zone-tampon, un ventre mou ou une masse de manoeuvre gélatineuse et empêtrante, entre les vieux pays fondateurs du “Marché Commun” en 1957 et l’espace russo-eurasien, afin de freiner toute fusion eurasienne, démarche qui condamnera toute l’Europe au marasme sur le long terme. Cette zone-tampon est déclarée “Nouvelle Europe” et parée de toutes les vertus (libérales): dans les faits, elle est tributaire de l’hyperpuissance, fragmentée en petites puissances incapables d’assumer une véritable indépendance et les voix que ces petites puissances pourraient émettre dans les instances décisionnaires ou dans les hémicycles parlementaires européens empêchent l’éclosion d’un consensus paneuropéen et d’une véritable volonté d’union.