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vendredi, 30 novembre 2007

Réflexions sur la trajectoire de W. Churchill

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Réflexions sur la trajectoire de W. Churchill

30 novembre 1874: Naissance à Blenheim Palace à Woodstock dans le Oxfordshire de Winston Spencer Churchill. Après une jeunesse aventureuse et un passé de reporter sur tous les points chauds de la planète, cet homme politique conservateur britannique rompt d’emblée, dès le début de sa carrière politique, avec la modération et la pondération de la tradition politique « Whig » anglaise.

A la fin du 19ième siècle et dans la première décennie du 20ième, un clivage séparait deux camps chez les conservateurs britanniques : d’une part, celui des partisans des « tarifs douaniers protecteurs », visant à faire vivre l’empire britannique en autarcie, à l’abri des tumultes du monde ; d’autre part, une frange plus libérale et plus militante, hostile à ces tarifs protecteurs, et partisane de l’alliance avec les Etats-Unis. Le jeune Winston Spencer Churchill est bien entendu le porte-paroles de ces derniers.

Quand les « tarifistes » obtiennent le contrôle du parti en 1904, Churchill rejoint immédiatement les Libéraux, gagne successivement plusieurs postes de ministre, jusqu’à devenir Premier Lord de l’Amirauté en 1911. Churchill se définit, à cette époque, comme un « Libéral impérialiste », bien décidé à affirmer la primauté britannique sur les mers, notamment en Méditerranée, contre toute puissance suffisamment crédible qui la défierait. Churchill est à l’origine de la campagne des Dardanelles, qui se termina en un terrible fiasco. Cette campagne visait à arriver à Constantinople avant les Russes et, accessoirement, à en chasser les Allemands qui dirigeaient l’armée et la marine ottomanes. Après une courte disgrâce, due au désastre de Gallipoli, il se retrouve ministre à la fin de la guerre.

Celle-ci terminée, son bellicisme viscéral, caractéristique principale de ses démarches et actions, le condamne à ne plus trouver aucun écho politique. Provisoirement. Il devra attendre 1924 pour refaire parler de lui, cette fois à la tête d’un mouvement « anti-socialiste », dont l’objectif était de freiner l’avènement d’un contrat social en Grande-Bretagne. Il préconise une attitude anti-soviétique en politique étrangère, car l’idéal révolutionnaire risque de contaminer les Indes et les pays arabes sous tutelle britannique et, partant, de faire crouler l’empire. Ses positions libérales s’accentuent encore davantage pendant la période de crise de 1926 à 1932. Il s’oppose à toute mesure visant à donner une autodétermination aux peuples des Indes.

A la fin des années 30, il s’oppose à la politique d’apaisement, préconisée par Chamberlain. La campagne de Norvège, qu’il ordonne en avril 1940, tourne au désastre, et, contrairement à l’affaire des Dardanelles pendant la première guerre mondiale, cet échec ne lui vaut aucun déboire : il est nommé premier ministre. Ses positions ne peuvent pas être qualifiées d’anti-fascistes ou d’anti-totalitaires : elles sont purement pragmatiques. Pour Churchill, il faut maintenir l’empire, le lier définitivement aux Etats-Unis et dominer les mers, à l’exclusion de toute autre puissance. Ce programme l’a amené à chercher, en vain, le soutien de Mussolini, pour faire de l’Italie un Etat-marionnette en Méditerranée, afin de garder le contrôle absolu sur cette mer du milieu et afin d’organiser une presqu’île accessible pour parfaire, sur le flanc sud, l’encerclement de l’Allemagne. Il plaide pour un soutien à Franco, pour que la péninsule ibérique, à son tour, puisse servir de tremplin à un assaut contre le centre du continent, comme Wellington l’avait fait contre Napoléon.

Pour lui, l’ennemi prioritaire est allemand, tout simplement parce que l’Allemagne pèse d’un poids trop lourd en Europe et que la politique anglaise traditionnelle d’équilibre des puissances continentales veut que l’Angleterre s’oppose au plus fort du continent en s’alliant aux plus faibles et en fédérant les forces de ceux-ci. Pour Churchill, l’idéologie ne compte pas, n’a qu’une importance mineure. On appelle « churchillisme » aujourd’hui, cette pratique impérialiste dépourvue d’idéologie, inspirée, dit-on, de Thucydide et de Machiavel. Elle constitue l’un des ingrédients de ce cocktail varié qu’est le « néo-conservatisme » anglo-saxon actuel, dont le dénominateur commun, le bellicisme, s’exerce au Proche et au Moyen Orient. Frappé d’une thrombose en 1955, Churchill, très diminué physiquement, se retire de toutes affaires politiques, n’intervient pas dans le processus de la deuxième vague de décolonisation, et meurt, âgé de 90 ans, dans son magnifique manoir de Chartwell, le 24 janvier 1965 (Robert Steuckers).

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Agni - Ignis : metafisica del fuoco sacro

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Pio Filippani-Ronconi:

Agni - Ignis : metafisica del fuoco sacro

http://www.lacittadella-mtr.com/pdf/Ani-Ignis.pdf...

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jeudi, 29 novembre 2007

Citaat van Karl Otto Paetel

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Wat wij willen? Voor vandaag diegenen helpen, die "men" nog niet ziet, maar die eens dat de eendagsvliegen afgestorven zijn, verdomd levendig zullen zijn. Wij spreken voor hen, die kunnen zwijgen en wachten, en spreken slechts voor diegenen waar het op zal aankomen, dat ze vandaag al weten dat ze niet alleen zijn."

(Karl Otto Paetel, voormalig Duits journalist en sociaalrevolutionair nationalist)

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Démocratie

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LA DEMOCRAZIA PDF Stampa E-mail

http://lnx.archiviostorico.info/

Recentemente, Massimo Fini - uno dei pochi giornalisti ad avere una solida base culturale, almeno in Italia - ha pubblicato un interessantissimo saggio (1) nel quale egli vorrebbe mettere a punto che cosa veramente sia la democrazia. Secondo chi scrive, egli non ci arriva, in quanto descrive soltanto che cosa la democrazia non è - e già questo è comunque qualcosa di utilissimo. Mettendo a fuoco le fenomenologie fattuali che si sviluppano dove ci sono governi che si autodefiniscono 'democratici' - cioé, al giorno d'oggi, dappertutto - egli arriva, ma non va oltre, alla constatazione che ovunque agisce una gestione fattuale del potere da parte di una congerie di mafie - oligarchie delittuose o se no affaristiche, il che in ultima istaura generalmente la stessa cosa - e che la 'democrazia' non ha niente a che vedere con la 'libertà' o la 'giustizia' con cui, mediaticamente, si tende ad associare questo termine. Vale, quindi, la pena di approfondire questa tematica di grandissima attualità nei nostri tempi.

   Per incominciare, bisogna osservare che la parola 'democrazia' è divenuta probabilmente il più esagerato feticcio lessicale di cui ci sia conoscenza storica (2). Al giorno d'oggi ognuno che si occupi di politica deve essere 'democratico', perché a dire di non esserlo si espone ad attacchi verbali e anche fisici, alla perdita del posto di lavoro, ecc., in quanto quasi tutti sono stati pavlovianamente condizionati a vedere nel 'non democratico' (checché esso sia), il 'nemico'. Quindi non c'é governante né aspirante tale che non sia democraticissimo ('fascista' è, facendo sempre del pressappochismo verbale e del pavlovismo mediatico, l'antidemocratico - e quindi il paria politico - per eccellenza). Quindi, le battaglie 'politiche', al giorno d'oggi, si combattono di necessità a forza di accuse, e controaccuse, di non essere sufficientemente democratici - quasi invariabilmente senza sapere di che cosa si sta parlando.

   In questa sede si vuole accettare uno spengleriano invito. Oswald Spengler, nel suo Der Untergang des Abendlandes (3), voleva fare una fisionomistica della storia, cioé un'analisi della medesima quale essa era stata nella sua nuda fattualità - e così scoprirne i meccanismi intrinseci - e non una disamina guidata da schemi preconcetti. Il sottoscritto, qui, ha la pretesa di fare un'analisi fisionomistica del fenomeno democratico, del tutto libera da sofismi preconcetti, per arrivare il più vicino possibile a individuarne il nocciolo concettuale e ideologico. Ciò sarà fatto tramite una disamina 'strutturale' di quei movimenti e di quelle ideologie politiche - tanto a livello teorico che squisitamente e , spesso, tragicamente pratico - che si auto definiscono come democratiche (4). Quindi, la democrazia secondo essa è ed è stata, per ammissione esplicita degli esponenti della medesima nelle sue diverse forme; e non come essa 'avrebbe dovuto essere stata' a sentire certuni che si afferrano a sofismi di tipo economicista, religioso o pseudo tale, sociologico, addirittura etimologico. Frasi vuote di senso come: "questa non è una vera democrazia", "voi non siete dei veri democratici", "quel (determinato) paese non è ancora maturo per la democrazia", "non è vero che la democrazia fallisca in certi paesi, ci sono invece dei paesi che falliscono di fronte alla democrazia" (5), sono banalmente note.

   Si può liquidare subito la fola, spesso ripetuta, secondo la quale la democrazia sarebbe quel sistema politico nel quale il potere è in mano di tutti i costituenti della comunità. Ciò di per sé costituisce una contraddizione di termini: il potere non può essere in mano a tutti senza cessare di essere tale - potere implica che ci sia chi può, chi comanda, e chi obbedisce. Il fatto che ogni forma di potere sia per necessità di natura assolutistica era già stato detto in modo esplicito dai pensatori politici controrivoluzionari della prima metà dell'Ottocento (in particolare, da Joseph De Maistre) ed era stato visto in modo ugualmente chiaro dagli anarchici di fine Ottocento  (in particolare da Michal Bakunin, secondo il quale "tutti i governi devono essere combattuti, perché tutti i governi sono dittature") (6). Perciò si può anche scuotere via quell'asserzione senza senso - però martellata in testa dai mass media per beneficio di tutti coloro per i quali pensare è doloroso - secondo la quale la democrazia sarebbe il contrario della 'dittatura': ogni forma di potere, qualsiasi cosa che non sia il caos politico puro, è, per natura di cose, una 'dittatura'.

   Sistemi democratici - questa è un'altra cosa che ci si dice - sono quelli sotto i quali il potere è in mano a dei tali che sono bene accetti dalla maggioranza dei governati (il 50% + 1 e magari anche di più) (7). E la volontà di questa fantomatica maggioranza viene scoperta sperimentalmente attraverso il suffragio universale: quello, tanto per intenderci, che Benito Mussolini, chiamò ludo cartaceo. (Chi invece governava le democrazie marxiste affermava che la vera democrazia era la 'dittatura del proletariato'.) Fu Jean Jacques Rousseau (8), un personaggio che ognuno che si consideri democratico riverisce come importantissimo padre spirituale, ad affermare che "la volontà generale non è necessariamente la volontà del più grande numero, ma quella che dovrebbe essere del gran numero". Questo insegnamento di Rousseau, pochissimo citato, è larghissimamente applicato da ogni governo che afferma di essere 'democratico'.

   Vale l'osservazione che ben difficilmente un privato può avere i mezzi e le possibilità di presentarsi come candidato a una elezione: quindi i politici divengono dei professionisti che concorrono alla gara per mettere le mani sulla cosa pubblica come rappresentanti di quelle organizzazioni tentacolari e spessissimo sovranazionali che sono i partiti politici. Quindi, in termini generali, sia nelle ex-democrazie 'popolari' marxiste che in quelle 'democratiche' che adesso ci sono dappertutto, per quel che riguarda l'amministrazione tecnica del potere si deve parlare di partitocrazia: una volta ottenuta una fetta (o la totalità) del potere, i partiti fanno e disfano senza ricordarsi minimamente di quelli che, depositando il loro voto, hanno dato loro in mano l'amministrazione pubblica.

   Con riferimento invece al procedimento, usato ormai quasi dappertutto, per consegnare fette di potere a questo o a quell'altro partito - il suffragio universale - a buon diritto si può parlare di suffragiocrazia (9). La suffragiocrazia consiste nel portare a termine a intervalli regolari oppure irregolari l'appena menzionato ludo cartaceo, i cui risultati, manipolati qualche volta onestamente e più spesso disonestamente secondo determinate regole - cioé impastati aritmeticamente, oggi facendo uso e spreco del calcolatore elettronico - servono a dare a questo e a quello la sua porzione di amministrazione pubblica. Il termine 'democrazia' è stato usato, anche da grandi menti quali Oswald Spengler e Julius Evola come sinonimo di 'suffragiocrazia': cioé di quel tipo di sistema a cui a ogni partito politico è assegnata periodicamente la sua perecentuale di 'potere', in base a un procedimento detto elezioni.

   Riguardo alle elezioni va detto che affermare - come viene sempre ripetuto - che il votante sa quello che vuole è qualcosa che dovrebbe costituire motivo di riso. Con l'eccezione di ciò che si riferisca ai suoi bisogni, alle sue voglie, alle sue ambizioni e magari ai suoi risentimenti del tutto personali, l'elettore è quasi sempre un analfabeta politico. Bisogna circuirlo, per convincerlo a dare, o magari a vendere, il suo voto a questo o a quello: e ciò, generalmente, non può essere fatto se non mettendo in moto le grancasse di quelle parate da circo che sono divenute le campagne elettorali, nelle quali si usano quelle tecniche psicologiche conosciute da ogni venditore di qualsiasi mercanzia per convincere il pubblico a comperare il suo prodotto. La campagna elettorale costa cara; e il massimo di voti andrà molto spesso a quei partiti che se ne possono finanziare una il più vasta e capillare possibile. Ne risulta che sotto una metodologia suffragiocratica il potere sarà quasi sicuramente in mano a chi potrà disporre di un massimo di finanziamenti per potere convincere i votanti - usando, di massima, l'arma mediatica - a dargli o a vendergli il voto. Il potere è quindi in mano di chi ha il denaro da elargire, perché chi ha denaro non finanzierà alcun candidato senza esigere una contropartita. Siccome oggi il denaro è in mano agli usurai bancari internazionali, si può, a buon diritto parlare di usurocrazia. Il primo a dire, ormai quasi un secolo addietro, che la 'democrazia' (leggi: suffragiocrazia) non è né può essere se non uno strumento nelle mani di chi ha tanta disponibilità finanziaria, fu Oswald Spengler.

   Del sistema democratico-suffragiocratico fu Julius Evola a dire che è quello nel quale si ammette che sia chi ci vede a guidare i ciechi, ma poi si pretende che siano i ciechi stessi a decidere chi ci vede e chi non ci vede. Adolf Hitler aveva definito il medesimo sistema come la dittatura della maggioranza, aggiungendo che la maggioranza è composta dagli indecisi, dagli egoisti e dai vigliacchi. Passare da quanto sopra a dire che la democrazia è la dittatura degli imbecilli, il passo sarebbe breve, ma in ultima sbagliato, perché gli imbecilli non governano mai. Un poco più esatto sarebbe dire che gli imbecilli regnano e i furbi governano: inesatto però anche questo, perché si tratta di ben squallidi furbastri, marionette degli Shylock dai cui finanziamenti hanno dipeso e continuano a dipendere. Fu un agente della grande finanza internazionale, Walther Rathenau (10), a definire la democrazia come "la dittatura che gli informati (die Wissenden), i furbi e i ricchi esercitano sul bestiame votante (das Stimmvieh - tanto per intenderci, il 'popolo bue').

   Dal punto di vista storico, i governi autoproclamantisi democratici - un fenomeno politico del tutto atipico - hanno fino a oggi avuto due impennate. La prima fu nel mondo ellenico del V secolo a.C., dove questo fenomeno già manifestò le sue più salienti caratteristiche e ci furono dei pensatori che tentarono di farne un'analisi e di definirlo discorsivamente. La seconda incomincia poco più di duecento anni fa, perdura ancora ed è, dal 1945, di onnipervadenza planetaria. Prima di proseguire l'analisi del fenomeno democratico per se, è utile, per ragioni di chiarezza, fare un breve excursus storico nell'Antichità, cioé nella democrazia ellenica. Il materiale storico grezzo è dato in esposto molto completo in un libro di Luciano Canfora (11).

   Da notare che nella Grecia antica il demos (di cui la demokratìa doveva essere il 'potere' - kràtos), a differenza dell'ellenico làos, dell'italico populus, del germanico Volk, dello slavo narod, non era la popolazione organizzata e formante uno stato organico, ma quella parte della popolazione che era opposta ai monarchi e alla nobiltà: quindi il démos veniva a essere la feccia sociale, la canaille. Perciò: democrazia = il potere in mano ai peggiori, i quali, sia detto per inciso, solo eccezionalmente erano la maggioranza, anzi, normalmente erano minoranza. Aristotele classifica la democrazia come uno dei peggiori sistemi di governo, il contrario dell'illuminata politéia. Quell'Anonimo ateniese (forse Senofonte) che per primo fece un'analisi sistematica del fenomeno democratico, afferma esplicitamente che essa, oltre a essere il più dannoso di tutti i tipi di governo, è anche il più oppressivo, il più liberticida. E Atenagora, dirigente democratico siracusano, raccomandava di perseguitare gli oppositori non solo per il reato d'opinione (il reato d'opinione viene così a essere un'invenzione squisitamente democratica) ma per le loro opinioni stesse, con l'argomentazione che è facile passare dalle parole alle vie di fatto e che se si fosse aspettato che gli oppositori si fossero organizzati si sarebbe andati a rischio di essere sbalzati dal potere prima di avere il tempo per difendersi. Questa fu la democrazia classica, alla quale fanno riferimento tutti i democratici moderni, a partire dalla Rivoluzione Francese. Dal V secolo a.C. fino al secolo XVIII d.C. lo 'spirito democratico' si accontentò di dormicchiare nelle fogne, fino a che i tempi non furono 'maturi'.

   Sia qui anche menzionato che è stato documentato da Hans F. K. Günther (12) come nella popolazione greca classica, fino dai suoi primi tempi, non mancò di esserci un elemento levantino al quale si devono attribuire tutte quelle nuances che, per un gusto schiettamente europeo, la luminosa Ellade poté avere di meno attraenti. In particolare, le pratiche omosessuali ebbero i loro inizi dai contatti che i greci ebbero con il Medio Oriente, del quale, molto più tardi, si disse che ex Oriente lux, ma del quale i romani preferivano asserire che ex Oriente nox. Sarebbe del maggiore interesse potere stabilire fino a che punto l'elemento levantino fu responsabile del fenomeno politico democratico nell'antica Grecia: una ricerca storica del genere, se eseguibile, non mancherebbe di dare dei risultati inattesi (13). Da considerarsi comunque come accertato che le due prime 'luci' che il Medio Oriente esportò in Europa furono la pederastia e la democrazia: altro sarebbe venuto dopo.

   Anche se, come detto, il vocabolo 'democrazia' scompare nella tarda Antichità, vale la pena di menzionare certi sviluppi legati all'avvento del cristianesimo, che non mancarono, per vie traverse, di aver eun'influenza sui fatti etichettantesi 'democratici' che sarebbero venuti duemila anni dopo.

   Da notarsi che il cristianesimo si rivela una religione della decadenza: esso si affermò al tempo dello sfacelo del mondo classico, sfacelo che esso accelerò e poi portò a compimento (ma che, non causò: se la civiltà classica non fosse già entrata in una fase involutiva non è concepibile che il cristianesimo avrebbe potuto affermarsi). E il cristianesimo, religione della decadenza, si rivolge all'individuo e alla sua personale 'salvazione' (di checché si possa trattare). Quindi fondamentale egalitarismo del cristianesimo, per il quale ogni atomo umano ha il medesimo valore. Dunque nessun pensiero per la sopravvivenza di una qualsiasi compagine sociale, nazionale o etnica. A coloro che - generalmente in campo protestante e spessissimo in America - dicono che "non si può accusare il cristianesimo di avere fallito il suo scopo sociale, perché uno stato veramente cristiano non è mai stato sperimentato" è stato validamente risposto che nessuna società civile, o magari incivile, potrebbe essere basata su di un cristianesimo 'puro', che fa riferimento esclusivamente all'individuo e al quale non interessa minimamente la permanenza di una qualsiasi struttura sociale. Fu per necessità di cose che il cristianesimo dovette adattarsi al mondo, se volle sopravvivere come religione storica - almeno in attesa di quel tale improbabile 'giudizio universale'. Neppure dottrinalmente si poté mai avere un 'cristianesimo puro': il cattolicesimo medioevale fu uno strano e distorto prolungamento del paganesimo classico, del quale però poté conservare non poche valenze positive; i protestantesimi hanno da essere visti come svariate forme di giudaismo camuffato da 'cristianesimo' ed edulcorato per un gusto europeo (14).

   Il suo adattarsi al mondo non impedì che, larvatamente, la mentalità cristiana cessasse di avere una certa nostalgia per un mondo 'perfetto', riflesso di quell'ipotetico 'regno dei cieli' dove ogni anima è uguale - anzi, identica - agli occhi di dio. Questa nostalgia è affiorata talvolta in modo scomposto e violento, dando origine a sinistri fatti storici. Siano menzionati, fra i tanti: nel Medioevo: gli esperimenti comunisti di Fra Dolcino a Brescia e di Jean Vaud a Lione (15) e le guerre hussitiche nel XV secolo; per i tempi della riforma protestante: la dittatura comunista degli anabattisti a Münster e le rivolte dei taboriti e degli adamiti in Boemia-Moravia. E in tempi desacralizzati in modo completo quali possono essere quelli contemporanei, l'egalitarismo cristiano secolarizzato ha dato origine a forme particolarmente acute di utopismo sociale, una delle quali è stato (ed è) il marxismo. Ralph Perier (16) ha fatto notare che proprio adesso che alla mitologia cristiana non crede più nessuno, l'utopismo sociale proprio del cristianesimo celebra i suoi massimi fasti.

   Come conseguenza dell'egalitarismo fondamentale che impregna il cristianesimo, non poteva mancare chi si ponesse il quesito di chi, a questo mondo, era, al meno con il massimo di approssimazione,il 'popolo di dio', dal quale sarebbero scaturiti i futuri commensali di Gesù Cristo dopo il 'giudizio universale', a livello dei quali ogni 'superbo' sarà abbassato; rendendo reale, sia pure nel mondo delle anime, quell'uguaglianza assoluta che nel mondo tangibile ovviamente non esiste. Questo quesito ha avuto più risposte (17); qui daremo due esempi del tipo di figuri che secondo certi santoni levantini - adesso messi nel novero dei cosiddetti padri della chiesa - devono essere visti come rappresentanti di spicco del 'popolo di dio'. Si tratta sempre di tipi particolarmente estremi di mendicanti professionisti.

   (a) Esempio proveniente da Costantinopoli, ai tempi del Basso Impero: quei mendicanti che oltre ad autoinfliggersi ogni tipo di mutilazioni e a esporre piaghe spesso purulente e coperte di vermi per eccitare la compassione e l'orrore dei passanti, bucavano gli occhi ai loro bambini ancora piccoli per poi tenere in alto quei lattanti dalle occhiaie vuote come oggetto di commiserazione per le folle dei mercati (18).

  (b) Esempio contemporaneo (anni Quaranta), proveniente dall'India: esisteva (e magari esiste ancora) una determinata categoria di mendicanti che fanno passare una cannuccia appuntita lungo la propria uretra causando una perforazione fino a dentro allo scroto; soffiando per la cannuccia si può poi fare gonfiare lo scroto come un pallone. La cannuccia viene poi ritirata e l'aria compressa fuoriesce per il pene, manipolando poi il quale come grottesco flauto, si suona della musica. Ecco quindi un'impensata arietà terzomondista del mendicante che, in Europa, per ricevere qualche moneta suona invece il violino o la fisarmonica (19).

   Dovrebbe essere abbastanza chiaro chi costituisce il 'popolo di dio' secondo quei tali santonio levantini: non l'evangelico poveretto che, per amore di dio, si accontenta anche di sopportare ingiustizie con la speranza di godere, dopo morto, la beatitudine 'in seno a Gesù Cristo'; ma l'elemento più abbietto che una società a sfondo levantino può produrre (20). Sono queste le tendenze che il cristianesimo si è trascinato dietro durante tutta la sua storia e che poi abilmente strumentalizzate da tanti avvoltoi e da tanti psicopati diedero un contributo ragguardevole al fenomeno democratico in utta la sua variopinta molteplicità.

   Il dogma central di tutte le ideologie politiche democratiche (cioé, al giorno d'oggi, tutte) - siano esse liberali, marxiste, anarchiche, ecc. - è, formalmente, l'egalitarismo (21). La democrazia non ha per soggetto l'uomo, quale persona dotata di una sua specificità e di una sua dignità, ma l'atomo umano, interamente intercambiabile, sradicato, senza cultura, senza nazione, senza famiglia, senza religione, senza razza, mosso esclusivamente da motivazioni di tipo edonistico (22). È di Platone è l'acuta osservazione che, logicamente, perfino le più ineccepibili elezioni suffragiocratiche sono antidemocratiche, in quanto esse presuppongono, almeno teoricamente, una scelta e un giudizio; mentre in un sitema basato veramente sul dogma egalitarista i governanti dovrebbero essere nominati per mezzo di una lotteria.

   Per quel che riguarda la prassi, la democrazia - sostantivo collettivo: sarebbe forse preferibile dire: le 'democrazie' - può essere vista come quel sistema politico nel quale la cosa pubblica tende ad andare in mano alla classe criminale (salvo mai, eccetto in casi marginali ed estremi, andarci del tutto; perché, secondo sarà menzionato più avanti, una 'democrazia pura' di questo tipo non potrebbe sopravvivere se non di parassitismo puro). Questo obbedisce a una logica perfetta, perché la classe criminale è l'ultimo dei comuni denominatori sociali, al di sotto del quale è difficilmente concepibile che si possa andare. Ecco che la democrazia contemporanea dà la mano ai suoi predecessori ellenici e cristiano-levantini. Il controllo della politica da parte di elementi criminali ha preso e prende, naturalmente, diverse gradazioni: la forma più estrema (più perfetta) essendo stata, nei nostri tempi, le democrazie popolari di stampo marxista tipo il Pol-Pot cambogiano. La forma più blanda e più sorniona - che dopo la caduta dei 'socialismi reali' è divenuta la più generalizzata e virulenta - è quella liberale. Un'analogia al riguardo può essere tratta da un'affermazione fatta da Julius Evola in un suo giovanile ma profondo scritto (23): ciò che il cattolicesimo aveva di positivo (dopo il Vaticano II non ha più niente) non era cristiano - il cristianesimo era già stato definito da Oswald Spengler il 'bolscevismo dell'antichità'. Analogamente, ai tempi appena trascorsi della 'guerra fredda' si diceva a chi voleva crederci che in Occidente si godeva di una certa libertà (sia pure poca e sempre meno) perché in Occidente c'era 'democrazia', mente Oltrecortina imperava il 'totalitarismo'. La verità era invece tutto il contrario: la libertà di cui in Occidente si poteva ancora godere risultava dal fatto che esso era meno democratico dell'Oriente bolscevico.

   Sotto un sistema democratico-suffragiocratico-usurocratico, quale esso oggi impera, il potere politico - almeno quello palese - è messo in mano a un nuovo tipo di classe criminale - da essere aggiunta a quella degli spacciatori di droga, dei pedofili, dei lenoni, dei contrabbandieri di armi e di immigranti clandestini, ecc. (24). Si intende parlare del tipico politico di professione, post-1945, accattone-ladro di voti, che egli ottiene da quel bestiame votante di rathenauerina memoria (ormai in massima parte rimbecillito e incanaglito dal potere mediatico) offrendogli ogni più basso servigio e facendogli promesse che, in partenza, sa che non avrà la possibilità (e meno ancora l'intenzione) di mantenere; mentre dietro le quinte fa da prosseneto a chi lo finanzia. Di questo tipo di individui fecero dei calzanti ritratti psicologici alcuni grandi scrittori: Francisco Quevedo Villegas, che nella Vida del buscón llamado Don Pablos descrive il disonesto obbligato; Edgar Allan Poe, che nel The man in the street, descrive l'autolesionista che gode della propria degradazione; Fjodor Dostojevskij, che nelle Memorie del sottosuolo descrive l'abbietto allo stato puro, quasi quintessenziato. E il sistema suffragiocratico ha portato allo scoperto alcuni fra i più grandi criminali di tutti i tempi, sia pure sotto circostanze eccezionali: Winston Churchill e Franklin Delano Roosevelt sono due calzantissimi esempi: due figuri in confronto ai quali ogni persona onesta non potrà trovare Stalin se non simpatico.

   In Pol-Pot si ebbe un'approssimazione di quella che si può
chiamare 'democrazia pura': un sistema retto da un capo che non ha alcun carisma che non sia la brutalità assoluta e che si mantiene al suo posto esclusivamente con la violenza esercita un potere despotico e assoluto su di una massa di maledetti tutti uguali (25). Casi di democrazia pura o quasi sono documentati per certe associazioni sul tipo di quella dei mendicanti della Parigi medioevale, descritta da Alexandre Dumas in Notre dame de Paris, oppure quella dei lebbrosi della Cayenne, descritta da Henri Charrière nel suo romanzo Papillon. Capo è là il ladro più abile, l'assassino più spietato, il lebbroso più orrendo; e il capo non viene mai destituito, egli può soltanto essere ucciso da chi, a crimine espletato, si imporrà sulla massa senza volto come nuovo tiranno. Non a caso le democrazie pure non potettero sussistere se non in comunità od organizzazioni a funzionamento parassitario.

   Si può fare un breve riferimento 'critici' della democrazia quali l'austro-americano Erik von Kühnelt-Leddihn, l'italiano Panfilo Gentile, il francese Jules Monnerot, il tesdesco Fritjof Meyer, ecc. (26). Si tratta sempre di 'bravi borghesi', che omologano invariabilmente la democrazia a quella sua variante che è la suffragiocrazia e la loro critica della suffragiocrazia ha per tema centrale che mettere la potestà di conferire il potere in mano al 'popolo', a tanto inadatto, può portare a 'pericolosi sbalzi' come la scelta (suffragiocraticamente ineccepibile) di Adolf Hitler nel gennaio 1933. Avendo disimparato a distinguere fra démos e làos-populus-Volk, essi mettono Hitler e Stalin nello stesso diabolico sacco, mentre Roosevelt e Churchill sono angelici: ecco un vecchio vizio liberale, quello della credenza negli 'opposti estremismi'. E la loro ricetta, perché tutto vada nel migliore dei modi, è quella di mettere il potere assoluto in mano ai finanziocrati, alla plutocrazia bancaria. Dovrebbe essere perciò del tutto chiaro che che l'opera di costoro è di valore normativo nullo - pur senza negare che talvolta vi si possono trovare qualche osservaziione acuta e qualche analisi azzeccata. Perfino l'autore di un libro certamente intelligente, La rebeliòn de las masas, José Ortega y Gasset, quando si trattò di proporre un rimedio per l'andazzo democratico, non seppe afferrarsi a niente di meglio che al liberalismo 'anglosassone' (27). Molto più nel giusto vide Friedrich Nietzsche nel suo Zarathustra, dove dice di avere disimparato a distinguere fra povero e ricco: perché c'è plebe in alto e plebe in basso.

   Già Julius Evola osservava che l'ambiente democratico esercita una controselezione, sia a livello individuale che a livello collettivo, portando a galla ciò che di peggiore ci può essere sia negli individui che nelle collettività. Né è pensabile, salvo che sotto circostanze democratiche, quella particolare perversione dei valori giuridici che esiste nel mondo contemporaneo, secondo a quale la solidarietà con le vittime dei crimini e con i loro congiunti (28) deve passare in secondo piano davanti all'imperativo del 'reinserimento sociale' dei criminali: c'è una tendenza, quindi, a sostituire le norme giuridiche tradizionali, tendenti alla protezione della società, con contorte fantasie di freudiana psicanalisi.

   Secondo la giurisprudenza democratica il criminale è una vittima della società o, nel peggiore dei casi, uno che comunque non porta colpa. Di conseguenza, chi dovesse trovarsi a essere vittima di un atto delittivo è semplicemente uno sfortunato, come colui che è colpito da un fulmine o travolto da una valanga. Fu l'americano James Rawls (29) ad asserire che siccome le differenze di nascita e di attitudini sono 'ingiuste' (ingiusta in questo caso è la natura), sarebbe giusto che queste differenze venissero compensate dando trattamenti preferenziali agli elementi peggiori della società (non esclusi, anzi inclusi, assassini, stupratori, pedofili, ecc.).

   Per tirare le somme, adesso come adesso, nella 'democrazia' può essere visto essenzialmente quel feticcio lessicale (che nessuno sa esattamente cosa sia) che serve di riferimento liturgico per tutte le cerimonie a sfondo politico che, mondialmente, hanno luogo dal 1945 a questa parte - questa è probabilmente la migliore, per quanto approssimata, definizione che se ne può dare. Per quel che riguarda la prassi, in un ambiente autoproclamantesi democratico si danno tutte le fenomenologie teratologiche di cui sopra si è fatto uno schizzo. Si percepiscono due tendenze, diverse ma convergenti: una è l'insorgere pandemico di quella particolare 'specie antropologica' che vede in ogni abbietto, in ogni tarato o criminale, in ogni maledetto, un 'fratello'. L'altra è il fatto che la struttura 'democratica', sia pure a livello subconscio, sa che garanzia della sua sopravvivenza è che sussista una classe criminale il più ipertrofica possibile,sicura di sé stessa perché può contare sull'incolumità.



(1) Massimo Fini, Sudditi, Marsilio, Padova, 2004.

(2) A non volervi veder un mantra ('parola di potenza'), per cui basta che un governo si autoproclami democratico per invocare automaticamente tutte le casistiche oggetto di quanto segue.

(3) Oswald Spengler, Der Untergang des Abendlandes, Beck, München, 1982 (originale 1917).

(4) Né il fascismo italiano né il nazionalsocialismo tedesco si proclamarono 'democratici'.

(5) L'ultima frase citata è un'affermazione fatta negli anni settanta da un noto politico venezuelano riferendosi alla Bolivia.

(6) Cfr. su questo argomento Carl Schmitt, Politische Theologie, Duncker und Humblot, Berlin, 1934. Schmitt osserva giustamente che il discriminante fondamentale di ogni governo non è il suo modus operandi ma la sua legittimità; problema questo estremamente astruso e nel quale non è qui il caso di addentrarsi.

(7) A questa maggioranza la minoranza che non è d'accordo (il 50% - 1 o meno) deve sottomettersi e su di essa la maggioranza può esercitare un dominio incondizionato.

(8) Citato da Cesare Trocchi nella sua Storia della massoneria dalle origini alla loggia P-2, Pasquarelli, Sora, 1981.

(9) La fenomenologia dell'apparato suffragiocratico, quale esso funziona ai nostri giorni, è stata diescritta in modo eccellente da Alberto Ostidic, Sulla democrazia, Ar, Padova, 1991. Da notarsi comunque che anche strutture politiche radicalmente aristocratiche, tipo la Repubblica Romana, poterono usare il suffragio (non universale), ma esclusivamente come 'regola di gioco' - in riguardo, cfr. Louis Rougier, La mistica democratica, Volpe, Roma, 1967.

(10) L'ebreo Walther Rathenau, ministro del Reich ai tempi del Kaiser Guglielmo II, fu, fino alla sua uccisione nel 1923, il re senza corona della Germania sconfitta dopo il 1918.

(11) Luciano Canfora, Anonimo ateniese: la democrazia come violenza, Sellerio, Palermo, 1982.

(12) Hans F. K. Günther, Lebensgeschichte des hellenischen Volkes, Franz von Bebenburg, Pähl, 1965.

(13) Ma qualche spunto interessante, anche se non del tutto esplicito, può essere rintracciato nell'appena citato testo di Hans F. K. Günther.

(14) La virtuale identità fra il protestantesimo (soprattutto nella sua fattispecie calvinista) e il giudaismo fu indicato per la prima volta dal teologo spagnolo Sebastián Castellòn ancora nel secolo XVI (cfr. Georges Batault, Aspetti della questione giudaica, Ar Padova, 1983). Questo è stato poi sviluppato, nei primi anni del Novecento, da Werner Sombart (Der Bourgeois, Duncker und Humblot, Berlin, 1913).

(15) Fondatore della setta dei valdesi (originalmente les pauvres de Lyon), probabilmente ebreo (cfr. Salvador Borrego, América peligra, edizione dell'autore, Città del Messico, 1976; Massimo Introvigne, I protestanti, Elledici, Torino, 1998).

(16) Ralph Perier, The Jews love Christianity, Liberty Bell, Arlington/Virginia (America), 1980.

(17) Cfr., per esempio, Gérard Walter, Les origines du communisme, Payot, Paris, 1975.

(18) Gérard Walter, op. cit.

(19) Fatto riferito all'autore da un testimone oculare, anni Settanta.

(20) L'islam rese all'Europa un servizio, nel VII secolo, causando in brevissimo tempo la dissoluzione del cristianesimo levantino e così introducendo un'importante barriera culturale e quindi anche genetica fra l'Europa e il Medio Oriente.

(21) Si consultino: Julius Evola, Americanismo e bolscevismo, in I saggi della Nuova Antologia, Ar, Padova, 1970 (originale 1929); Alain De Benoist e Giorgio Locchi, Il male americano, LEDE, Roma, 1978; Rolf Kosiek, Marxismus? Ein Aberglaube!, Vowinckel, Berg am See, 1972.

(22) Anche se si fa spreco dell'espressione 'dignità umana', quello che in realtà si vuole dire è che qualcuno è tanto più 'degno' quanto più assomiglia a Trimalchione.

(23) Julius Evola, Imperialismo pagano, Atanor, Roma, 1928.

(24) Quest'affermazione non è assolutamente peregrina. Gustave Le Bon, nella sua La psicologia delle folle, tr. it. Longanesi, Milano 1996 (originale 1895), cita il seguente discorso pronunciato al parlamento francese negli anni Novanta del XIX secolo: "Il giorno in cui una stessa nave porterà verso le insalubri terre di deportazione il losco politicante e l'anarchico assassino, li vedremo conversare tra loro e ravvicinarsi, come due aspetti complementari di uno stesso ordine sociale".

(25) Il mitico Procuste è il prototipo del perfetto democratizzatore.

(26) Erk von Kühnelt-Leddihn, L'errore democratico, Volpe, Roma, 1966; Panfilo Gentile, Democrazie mafiose, Volpe, Roma, 1969; Jules Monnerot, Sociologie du communisme, Gallimard, Paris, 1963; Fritjof Meyer, Weltmacht im Abstieg, Bertelsmann, München, 1984.

(27) Se si devono chiamare gli abitanti dell'isola inglese e dei suoi effluvi 'anglosassoni'; allora bisognerebbe chiamare quelli della valle padana 'longobardi' e quelli della penisola iberica 'visigoti'.

(28) Molto spesso la 'coscienza democratica' esige quel complemento dell'atto criminale che è il linciaggio morale mediatico della vittima e dei suoi congiunti.

(29) Citato da Alain De Benoist e Giorgio Locchi, op. cit.

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mercredi, 28 novembre 2007

Indépendance de la Mauritanie

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Indépendance de la Mauritanie

28 novembre 1960: Dernier pays africain non encore indépendant et appartenant à la « Communauté franco-africaine », née deux ans plus tôt, la Mauritanie accède à l’indépendance. La « Communauté » s’est disloquée sans accroc majeur, contrairement à l’indépendance du Congo belge.

De Gaulle, assisté de Jacques Foccart, avait accepté le principe de l’accession à l’indépendance des Etats africains dès le jour de la 7ième session du Conseil de cette Communauté, tenue à l’Elysée à Paris en mars 1960. Entre le 20 juin et le 28 novembre 1960, tous les pays africains, qui avaient été colonies françaises, accèdent à l’indépendance pleine et entière. Pendant ce temps, la guerre faisait rage en Algérie.

Le 4 novembre, De Gaulle avait évoqué pour la première fois, lors d’une intervention télévisée, la future existence d’une « République algérienne » et d’une « Algérie algérienne ». Les partisans de l’Algérie française sont dénoncés, dans cette même intervention, comme « la meute de l’immobilisme stérile ». Cette indélicatesse du chef de l’Etat provoquera à terme l’éclosion de l’OAS et les amorces d’une guerre civile en France. Le 12 décembre 1960, de violentes émeutes ensanglantent la ville algérienne de Bougie et De Gaulle échappe de justesse à la colère de la foule européenne en se réfugiant à la préfecture. Il doit écourter son voyage. A Alger, les musulmans descendent dans la rue en criant « Vive l’Algérie arabe ! ». La troupe intervient. Il y a une cinquantaine de morts. Le décor est campé. La tragédie algérienne connaîtra son paroxysme.

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Arnolt Bronnen entre communisme et national-socialisme

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Arnolt Bronnen entre communisme et national-socialisme

Werner Olles

Arnolt Bronnen (dont le nom à l¹état civil est : Arnold Bronner) est né le 19 août 1895 à Vienne. Dès son adolescence, il avait décidé de changer son nom et d¹adopter celui qui allait faire sa célébrité dans le monde des lettres. Cette curieuse propension à maquiller le réel ne l¹abandonnera plus tout au long de son existence. C¹est ainsi qu¹il s¹est converti : de Juif viennois, il est devenu Aryen germanique, de citoyen allemand, citoyen autrichien, puis à nouveau citoyen allemand ; de communiste, il est devenu national-révolutionnaire, puis national-socialiste, pour redevenir en fin de compte communiste.

Après la première guerre mondiale, à laquelle il a participé comme Kaiserjäger (Chasseur de l¹Empereur) sur le front du Tirol où il a reçu une blessure très grave au cou, il débute sa carrière littéraire en 1922 en publiant une pièce de théâtre intitulée " Vatermord " (= Parricide), qu¹il avait commencé à écrire tandis qu¹il était prisonnier des Italiens. Bronnen appartenait à l¹époque à un groupe de dramaturges, d¹écrivains et d¹acteurs de l¹avant-garde expressionniste, rassemblés autour de Berthold Brecht, avec qui il entretenait des liens d¹amitié étroits. Brecht est celui qui aurait dû monter cette pièce pour le théâtre, malheureusement, il a abandonné ce travail après avoir écrit les consignes de la mise en scène.

Après la première à Francfort, eut lieu une autre première, à Berlin, le 14 mai 1922, sur les planches du " Jeune Théâtre " (Junge Bühne) du " Deutscher Theater " : elle déclencha un immense scandale. Mais après sa deuxième pièce, " Anarchie in Sillian " (= Anarchie à Sillian), la plupart des critiques ne voyaient plus en Brecht le dramaturge de l¹avenir, mais bien en Bronnen.

En 1924, on joue la première de sa pièce " Katalaunische Schlacht " (= La bataille des Champs Catalauniques) au grand Théâtre de Francfort. Un an plus tard, Bronnen écrit " Die Rheinischen Rebellen " (= Les rebelles rhénans), une pièce qui suscite les questions d¹un grand nombre de critiques : l¹auteur, connu jusqu¹alors comme sympathisant des courants marxistes, n¹est-il pas passé au nationalisme ? Mais Bronnen n¹avait pas encore franchi le pas.

Il écrit ensuite " Ostpolzug " (= Campagne vers le Pôle Est), un drame tournant autour de la personnalité d¹Alexandre le Grand. En 1925, il sort et fait jouer " Exzesse " (= Excès), qui, une fois de plus, à cause de ses scènes et de ses dialogues érotiques, provoque un scandale dès la première. En 1926, sort " Reparationen " (= Réparations), une pièce de théâtre consacrée à la résistance nationale contre l¹occupation française de la Rhénanie et contre le paiement des réparations que l¹Allemagne vaincue devait payer aux occupants vainqueurs.

Du marxisme au nationalisme révolutionnaire

En 1929, Bronnen publie un roman sur la Haute Silésie, intitulé " O.S. ", où il décrit la lutte des Corps Francs contre les insurgés polonais après la première guerre mondiale et où il célèbre l¹assaut sanglant de ces volontaires allemands contre l¹Annaberg. Tucholsky lui reproche d¹avoir rédigé là un " bâclage insensé " et évoque un " mensonge propre au fascisme de salon ", où aucun véritable sentiment ne peut s¹exprimer. En revanche, Josef Goebbels écrit dans le journal national-socialiste : " ³O.S.² de Bronnen est un livre que nous aurions tous pu écrire nous-mêmes ! ". Ernst Jünger considérait que ce roman " était un premier signe, indiquant que dans le camp de Bronnen, on éprouvait un sens de la responsabilité ". Dans " Der Tag " et dans les " Münchener Neueste Nachrichten " : " Nous, les Nationalistes, nous obtenons ici un soutien vivant, venant d¹un autre bord, et que nous avons longtemps attendu ". Frans Schauwecker écrit dans " Berliner Nachtausgabe " : " C¹est plus qu¹un roman, c¹est une profession de foi et de la grande politique ", tandis qu¹Alfred Rosenberg, dans le " Völkischer Beobachter ", tire à son tour sa référence, même s¹il considérait habituellement le " bon vivant " Bronnen comme un " nuisible ".

Politiquement, Bronnen était devenu un national-révolutionnaire. A ce groupe d¹intellectuels qui s¹exprimaient dans des revues comme Die Standarte, Deutsches Volkstum, Arminius, Deutsche Front, Das Dritte Reich, Gewissen, Die Kommenden, Nationalsozialistische Briefe, Der Vormarsch, Der Wehrwolf et Widerstand, appartenaient notamment les frères Ernst et Friedrich-Georg Jünger, Friedrich Hielscher, Franz Schauwecker, Ernst von Salomon, Herbert Blank, Otto Strasser, Ernst Niekisch et A. Paul Weber. En tant qu¹ancien intellectuel de la gauche marxiste, protagoniste d¹un socialisme populaire de combat, Bronnen s¹est rapidement senti à l¹aise dans ces cercles.

Sur le plan professionnel, le dramaturge Bronnen commence alors à faire carrière à l¹agence UfA et à la Reichsrundfunkgesellschaft (= Société radiophonique du Reich), et rompt les ponts avec les extrémistes de gauche qu¹il avait fréquenté jusqu¹alors. Lors d¹une grande réunion de travail, dont le thème était " Littérature et Radio ", il choque délibérément ses collègues écrivains Alfred Döblin, Walter von Molo, Börries von Münchhausen, Alfons Paquet, Ludwig Fulda, Herbert Euleberg et Arnold Zweig en disant qu¹il voulait mettre la radio " au service du peuple ", car " elle n¹existait pas pour les littérateurs mais pour le peuple ", et qu¹elle n¹était pas " une institution alimentaire pour des littérateurs à la retraite ". Pour lui, l¹homme de lettres n¹est " que l¹instrument exprimant les idées de la nation ".

En janvier 1930, il organise un débat, devenu célèbre pour la postérité, devant les micros de Radio Berlin : entre Kurt Hiller, chef du Groupe des Pacifistes Révolutionnaires, et Franz Schauwecker, écrivain phare du nationalisme révolutionnaire. Ensuite, il écrit une biographie du Chef des Corps Francs von Roßbach et fait la connaissance de Goebbels, dont la personnalité le fascine. Bronnen devient le provocateur numéro un de toute l¹Allemagne. Quand Thomas Mann demande, lors d¹un meeting, que la bourgeoisie allemande défende, coude à coude avec les sociaux-démocrates, les institutions de la République de Weimar contre les nationaux-socialistes, Bronnen déboule dans la salle, flanqué de vingt gaillards de la SA prêtés par Goebbels, et réclame la dissolution de la réunion. Lors de la première présentation du film " A l¹Ouest, rien de nouveau ", réalisé d¹après le livre du même nom d¹Erich Maria Remarque, Bronnen, avec sa femme Olga, une amie de Goebbels  ‹qui lui donnera une fille en 1938, Barbara, qui, plus tard, comme son père, deviendra écrivain‹  chahute, accompagné de quelques camarades, l¹événement en lâchant des souris blanches dans la salle. Goebbels connaissait l¹ascendance juive de Bronnen ; après diverses dénonciations de collègues qui ne l¹appréciaient guère et quelques poulets parus dans la presse, le ministre de la propagande à étendu sa main protectrice sur le provocateur.

Lorsque les nationaux-socialistes prennent le pouvoir en 1933, Bronnen connaît quelques difficultés à cause de ses origines. D¹abord, il déclare qu¹il est un enfant naturel, puis, se fait mesurer le crâne selon les critères de l¹anthropométrie, pour prouver qu¹il est purement " aryen ". Il ne partageait plus les idées de résistance anti-nazie de ces anciens amis nationaux-révolutionnaires et nationaux-bolcheviques et critique ouvertement leur aversion pour les nouveaux maîtres de l¹Allemagne. Avant 1933, par exemple, Bronnen avait protégé Ernst Niekisch contre les a priori et les injures que lui adressait Goebbels ; après la prise du pouvoir, au contraire, il fait clairement savoir qu¹il ne partage plus du tout l¹anti-hitlérisme de Niekisch.

Après Stalingrad : déclin de l'étoile Bronnen

Sur les ondes de Radio Berlin, Bronnen avait, à l¹époque, plus de pouvoir que l¹Intendant officiel. Bronnen épure la station radiophonique de la capitale allemande de tous les hommes de gauche, des libéraux et des juifs.. Il écrit un roman sur la radio, " Der Kampf in Äther " (= La lutte pour les ondes) qu¹Alfred Rosenberg fait aussitôt mettre à l¹index ! Parce qu¹il estime qu¹il y a trop de parallèles évidents avec la politique culturelle des nationaux-socialistes. Quelques mois plus tard, Bronnen devient l¹un des pionniers de la télévision, avec une petite équipe qui filme les Jeux Olympiques de Berlin en 1936 et que l¹on mettre bien en exergue.

L'étoile de Bronnen ne se mettra à pâlir que pendant la tragédie de Stalingrad. Alfred Rosenberg, hostile aux avant-gardes dans les arts et la littérature, n¹avait jamais pu encaisser le Dandy Bronnen, pur produit de la Bohème littéraire allemande. Lors d¹une conversation de table avec Hitler dans le QG, Rosenberg a tonné contre la poignée de littérateurs " bolchevistes culturels " qui se taillaient des sinécures sur les arrières du front, tandis que les jeunes soldats allemands versaient leur sang sur le front russe et gelaient dans l¹hiver des steppes. Parmi les noms que Rosenberg a cité : Erich Kästner et Arnolt Bronnen. Après ce procès d¹intention, une interdiction de toute activité littéraire frappe Bronnen, puis il est exclu de la Chambre des Ecrivains du Reich. Quand Bronnen demande pourquoi cette sanction, on lui répond qu¹elle est due à ses anciennes activités littéraires avant-gardistes et " scandaleuses ". Plus tard, lors d¹une audition par la Gestapo, on a même parlé d¹une " détention préventive ", comme l¹explique Bronnen lui-même dans son autobiographie.

En 1944, Bronnen quitte l¹Allemagne et s¹installe à Goisern im Salzkammergut, où il rejoint un groupe de résistance anti-nazi, puis, après un autre intermède, où il revêt l¹uniforme de la Wehrmacht, il revient en Autriche le 8 mai 1945 et se fait élire bourgmestre du village. Jusqu¹en 1950, il travaillera comme journaliste du quotidien Neue Zeit à Linz.

En RDA

Au début des années 50, il revient à Berlin-Est. Il adhère à la SED socialo-communiste est-allemande et écrit sa biographie en 1954, " Arnolt Bronnen gibt zu Protokoll " (= A.B. donne à archiver), qu¹il embellit considérablement à son avantage. Ensuite, viennent " Deutschland ­ Kein Wintermärchen " (= Allemagne, tu n¹es pas un petit conte d¹hiver) en 1956, et " Tage mit Bert Brecht " (= Journées avec Bert Brecht), en 1959. En 1957, sur un coup de tête stupide, il tente de republier un de ses anciens livres, un roman de quatre sous, " Film und Leben der Barbara La Marr " (= Film et vie de Barbara La Marr). La presse alignée de la RDA s¹est aussitôt insurgée, a fulminé, et a même parlé d¹ " antisémitisme et de pornographie ". On lui a reproché l¹ " attitude fondamentalement anti-humaine de sa conscience à l¹époque ". On a rappelé " ses péchés de jeunesse sans goût ", dont le " style maniéré " et les " poses cyniques et insolentes " étaient à la mode " dans les bas étages de la pyramide littéraire de l¹époque ". La nouvelle édition de ce roman a été interdite en RDA. La carrière de dramaturge de Bronnen prit alors une fin abrupte. Mais Brecht intervient, appelle à la mansuétude, car il se souvient de leur ancienne amitié. Il parvient à procurer à Bronnen un emploi fixe de critique de théâtre, ce qui permet à notre non-conformiste viscéral d¹échapper à la mort par le silence et à l¹exclusion définitive du monde culturel et professionnel. Mais Bronnen ne jouera plus aucun rôle politique dans la RDA communiste.

Le 12 octobre 1959, Bronnen meurt à l¹âge de 64 ans à Berlin. Pendant toute sa vie, il a été un personnage controversé, qu¹il ait été dramaturge de gauche ou romancier national-socialiste ou national-révolutionnaire. Arnolt Bronnen a incarné ce curieux mélange de non-conformisme, d¹opportunisme et de dandysme : mais il n¹a pas été un rénégat, plutôt un éternel converti, ce qui fut, sans nul doute, sa vocation et le secret de ses talents.

(texte paru dans Junge Freiheit, Nr. 41/1999; trad. franç.: Robert Steuckers).

mardi, 27 novembre 2007

Sur Otto Koellreutter

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Réflexions sur l'oeuvre d'Otto Koellreutter

27 novembre 1883: Naissance à Fribourg en Brisgau du juriste et constitutionaliste allemand Otto Koellreutter. Etudiant en droit, il rédige une thèse sur la figure du juge anglais puis poursuit ses investigations après la première guerre mondiale, où il est appelé sous les drapeaux, en se spécialisant dans le droit administratif anglais. Enseignant à Halle et à Iéna, il formule un antiparlementarisme couplé à la recherche d’une forme d’«Etat populaire» (Volksstaat) reposant sur des principes radicalement autres que ceux du positivisme juridique. Il reçoit à cette époque l’influence des idées d’Oswald Spengler.

De 1927 à 1944, il est le co-éditeur de la célèbre revue Archiv des öffentlichen Rechts. Militant national-socialiste depuis les élections du 14 septembre 1930, il espère que le nouveau régime transposera dans le réel ses théories de l’«Etat populaire». D’essence bourgeoise et d’inspiration anglo-saxonne, les idées de Koellreutter peuvent être qualifiées de conservatrices. En fait, elles relèvent d’un conservatisme particulier qui croit percevoir une alternative viable au libéralisme dans le mouvement hitlérien. De 1933 à 1942, Koellreutter édite la revue Verwaltungsarchiv (= Archives d’administration). Au fil du temps, ses espoirs sont déçus: le régime déconstruit l’Etat de droit sans rien construire de solide à la place.

Il visite le Japon, en étudie le droit, et se transforme, à partir de 1938/39 en adversaire du régime dont il s’était fait le propagandiste zélé entre 1930 et 1936, en écrivant à son intention une longue série de brochures didactiques et précises. Ces nombreux écrits recèlent tous de pertinentes polémiques à l’encontre des thèses de Carl Schmitt, notamment de celle qui fait de la distinction ami/ennemi le fondement du politique. Pour Koellreutter, au contraire, le politique se fonde sur la capacité de distinguer l’ami, l’allié et de forger, avec lui, une politie durable. En 1942, la rupture avec le régime national socialiste est consommée: dans un article de la revue Verwaltungsarchiv, il compare le droit et la figure du juge tels qu’ils sont perçus en Allemagne et en Angleterre, démontrant que ce dernier pays respecte davantage les principes du vieux droit germanique. Koellreutter quitte l’université en 1952, rédige pendant sa longue retraite trois sommes sur le droit constitutionnel et administratif, qui serviront à étayer le droit de la nouvelle République Fédérale. Il meurt le 23 février 1972 dans sa ville natale. Robert Steuckers lui a consacré une étude dans l’ « Enclyclopédie des Œuvres Philosophiques » des Presses Universitaires de France en 1992.

Paganisme en Italie aujourd'hui

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Le paganisme en Italie aujourd’hui

Entretien avec le Professeur Sandro Consolato -Propos recueillis par Francesco Mancinelli, animateur du « Circulo Culturale Helios » de Viterbe

On ne peut plus parler des racines profondes de l’Europe sans se référer aux mondes préchrétiens

Nous publions aujourd’hui un entretien avec le Prof. Sandro Consolato, responsable national, en Italie, du « Mouvement Traditionnel Romain » et éditeur de la revue d’études traditionnelles « La Citadella », auteur d’un livre intitulé « Julius Evola et le bouddhisme » et de multiples essais parus dans les revues « Arthos », « Politica Romana », « Margini » et « Letteratura-Tradizione ». L’entretien passe en revue, après enquête minutieuse, quelques thèmes fondamentaux parmi lesquels la critique de toutes ces thèses qui n’évoquent que les seules racines judéo-chrétiennes de l’Europe, la survivance de la religiosité romaine en Italie et les expressions les plus hautes de la paganité romano-italique, ainsi que le « culte gentilice » à travers les siècles. L’entretien jette aussi un regard sur les liens entre la tradition romaine et les expériences historiques et culturelles du fascisme et de quelques filons ésotériques de la droite dite radicale. Enfin, le Professeur Consolato formulera quelques remarques d’une brûlante actualité sur les rapports entre, d’une part, les représentants et les associations de la « Tradition Romaine » et, d’autre part, les mouvements religieux ethniques dans d’autres régions d’Europe.

Q. : Commençons par les racines…. L’Europe a effectivement des racines « judéo-chrétiennes », quel est alors votre point de départ, pour contester cette affirmation fort courante ?

SC : Evola, dans sa jeunesse, quand il venait d’écrire « Impérialisme païen », évoquait l’ « Anti-Europe », mettant ses lecteurs en garde contre un danger « euro-chrétien »… Mais, c’est vrai, il n’y a eu de culture européenne unitaire, de l’Atlantique à l’Oural, de l’Islande à Malte, qu’au moyen âge, à la suite de la christianisation de notre continent, c’est-à-dire de terres et de peuples auxquels le christianisme primitif était étranger, tout simplement parce qu’il était né dans un vivier ethnique et religieux juif. C’est justement parce que le christianisme est, à l’origine, un phénomène allogène que l’on ne peut pas parler de racines profondes de l’Europe sans se référer aux mondes préchrétiens, comme celui des traditions helléniques et romaines, des traditions propres aux peuples celtiques, germaniques, baltes et slaves qui ont donné, chaque fois, une coloration particulière aux sociétés chrétiennes.

Q. : Mais toute spiritualité européenne aujourd’hui doit tenir compte de religions vivantes, et non de formes religieuses mortes…

SC : A cela, je vous rétorquerais que certains pays européens ont reconnu, juridiquement, l’existence et la pratique d’anciennes religions païennes. L’Europe entière devrait tenir compte de situations similaires dans d’autres pays, même si elles sont plus fréquentes à l’Est qu’à l’Ouest : prenons l’exemple concret de la Lituanie, où le paganisme « indigène » a été reconnu, il y a quelques années, par l’Etat. Ce paganisme a une histoire longue et vivante, voilà pourquoi les vicissitudes de celle-ci doivent nous servir d’exemple. Une délégation de notre mouvement, menée par Daniele Liotta a été invitée en Lettonie à la Conférence Internationale des religions ethniques en juin 2007. Elle a pu y constater qu’être païen, là-bas, est considéré comme la chose la plus normale, comme une donnée naturelle de l’identité nationale. Le jour du solstice, les païens peuvent, par exemple, visiter les musées gratuitement.

Q. : Et qu’en est-il en Italie, la patrie des Romains ?

SC : Je formulerais d’abord une remarque : quand on parle de paganisme, il convient de distinguer deux phénomènes ; d’une part, la religiosité populaire, d’autre part, les traditions élitaires. Dans les pays celtiques, scandinaves, baltes et slaves, contrairement aux pays méditerranéens comme l’Italie ou la Grèce, le paganisme populaire s’est maintenu à travers les siècles et, dans certaines régions, est demeuré plus autonome par rapport aux christianismes officiels que chez nous. Dans l’aire méditerranéenne, il reste, certes, de très intéressantes survivances de la religiosité populaire païenne, mais sous des travestissements chrétiens. En revanche, il y a toujours eu, chez nous et en Grèce, des élites païennes, s’inscrivant dans la continuité des cultures grecque et latine, cultures qualitativement supérieures, qui ont véhiculé jusqu’à nous le néo-platonisme, qui est donc la plus haute et la plus ancienne expression du paganisme philosophique, l’hermétisme alchimique et certains rites liés directement aux formes traditionnelles de la religion civique et privée du monde classique.

A l’époque de la Renaissance, le contrôle religieux médiéval s’était relâché ; il s’est ensuite renforcé par le double effet de la Réforme et de la Contre-Réforme. Mais dans la période de relâchement, à l’évidence, des formes de « revival » païen se sont manifestées qui ne peuvent pas s’expliquer sans admettre qu’il a y eu vraiment continuité souterraine pendant des siècles. Au 15ième siècle, nous avons en Grèce la « république païenne platonicienne » de Georges Gémiste Pléthon, qui s’établira en Italie ; en Italie même, nous avions l’ « Accademia Romana » de Pomponio Leto, qui atteste de la survivance du « Pontifex Maximus » païen dans la Cité des Papes. Entre ces deux institutions, il existait un lien, à l’évidence, et ce n’est pas un hasard si la tombe de Georges Gémiste Pléthon se trouve en Italie. A côté de ces manifestations néo-païennes de la Renaissance, toute personnalité autonome peut reprendre aujourd’hui, pour elle, les rituels païens s’adressant aux dieux de l’antiquité, ou les partager avec d’autres personnalités singulières ou avec des groupes d’hommes appartenant à des catégories cultivées de la société, connaissant les auteurs latins classiques et capables de déchiffrer sur les monuments des formules, des coutumes ou des pratiques religieuses antiques et païennes.

Q. : Qu’en reste-t-il dans l’Italie contemporaine ?

SC : L’affirmation publique la plus évidente, qui atteste de la permanence, jusqu’à nous, d’un centre initiatique païen de tradition italo-romaine -relevant donc de la tradition ésotérique- fut la rédaction d’un article en 1928, dû à la plume d’Arturo Reghini, dans les colonnes de la prestigieuse revue de sciences initiatiques, « Ur », dirigée par Julius Evola. Ce dernier, comme je le disais tout à l’heure, venait d’écrire, la même année 1928, « Impérialisme païen », ouvrage qui invitait explicitement le nouveau régime fasciste à se référer clairement à la tradition spirituelle du paganisme impérial. Dans son article, signé sous un pseudonyme -tous les collaborateurs de la revue avaient l’obligation de conserver l’anonymat- Reghini écrit : « Même si cela paraît totalement invraisemblable, un centre initiatique romain s’est maintenu sans interruption depuis la fin de l’Empire jusqu’aux temps présents, avec une continuité physique grâce à une transmission sans aucune coupure». Reghini n’était pas un de ces occultistes comme le 20ième siècle en a tant connu, mais, au contraire, une figure du monde spirituel de grande envergure, un explorateur et rénovateur insigne de la mathématique pythagoricienne : ses paroles ont donc résolument du poids.

Du passage de son article, que nous venons de citer, nous ne retiendrons seulement qu’un seul fait évoqué : le paganisme de la Rome antique a laissé des traces importantes dans l’histoire culturelle et politique de l’Italie. Ceux qui veulent approcher le paganisme dans l’Italie d’aujourd’hui doivent donc nécessairement tourner leurs regards vers ce qui leur est finalement très proche et ne pas craindre de pratiquer des rites qui n’auraient aucune assise dans la réalité séculière, bien visible derrière les travestissements chrétiens ou autres. Ces rites donnent donc, finalement, la même sécurité que recherchent la plupart des gens dans les grandes religions historiques. Il suffit d’avoir le courage de l’humaniste du 15ième siècle, ou de l’érudit du 18ième, qui, lorsqu’ils lisaient une prière ou la description d’un rite ou d’une offrande dans un texte latin classique, se sont dit : « Et si je le pratiquais, moi, que se passera-t-il ? ».

Q. : Quels sont aujourd’hui les groupes ou les personnalités marquantes du paganisme en Italie ?

SC : En Italie, nous avons aujourd’hui des individus et des groupes qui se réclament d’un paganisme que je qualifierais de « générique », ou qui entendent ce paganisme dans une acception qui n’est ni romaine-italique ni classique, mais celtique ou même scandinave, c’est-à-dire « odiniste ». Pour moi, c’est un non sens, parce que dans l’Italie antique et, ensuite, dans nos traditions populaires, s’il existe peut-être des composantes celtiques, Odin, pour sa part, n’a jamais été chez lui en Italie : les Lombards, dont j’admire la geste, sont arrivés en Italie alors qu’ils avaient déjà été christianisés, et plutôt mal christianisés ; quant aux Normands qui se sont établis dans le Sud et en Sicile, ils n’étaient plus des Vikings païens.

Il existe cependant des groupes qui n’aiment pas la publicité, qui ne publient pas de revues, qui n’ont pas de sites sur internet. Le « Mouvement Traditionnel Romain » (MTR), auquel j’appartiens, a choisi la voie d’une présence culturelle active et explicite. Des groupes liés à ce mouvement existent dans diverses régions d’Italie. Au niveau public, il convient de signaler également l’ « Associazione Romana Quirites » de Forli. Nous, du MTR, oeuvrons sur le plan culturel par le biais d’un site et d’un forum sur internet. L’adresse du site est : www.lacitadella-mtr.com . L’adresse du forum est : www.saturniatellus.com . Mais notre principal organe demeure la classique revue sur papier, « La Citadella ». Il existe encore d’autres revues intéressantes dans le domaine qui nous préoccupe, comme « Arthos », mais elle ne traite que partiellement de thématiques proprement païennes.

Caractéristique majeure du MTR : il a réussi à conquérir un statut culturel reconnu par tous, ce qui l’amène à dialoguer avec nombre de personnalités issues du monde universitaire et à gagner la sympathie de beaucoup d’intellectuels non-conformistes. Certes, l’activité culturelle que nous déployons ne rend personne plus « païen » qu’un autre mais, à l’évidence, la qualité de nos activités éditoriales aide à légitimer socialement les activités qui ont un caractère spirituel stricto sensu.

Q. : A propos des activités culturelles, vous avez collaboré également au volume collectif des « Edizioni di Ar », intitulé « Il gentil seme », qui pose justement quantité de bonnes questions sur les racines les plus anciennes de l’Europe…

SC : Vous faites bien de signaler l’existence de ce précieux volume. Personnellement, je le considère comme l’un des témoignages les plus patents qu’il existe en Italie une culture païenne de haut niveau, capable d’affronter les plus grandes questions philosophiques, historiques et politiques. Les « Edizioni di Ar », surtout au cours de ces dernières années, ont apporté une grande contribution : elles ont rendu parfaitement « normal » le fait de parler de paganisme.

Q. : En Italie, mais pas seulement en Italie, le paganisme a une histoire qui le lie au fascisme historique et au néo-fascisme, voire au radicalisme de droite. Comment expliquez-vous cela ?

SC : Dès son émergence, le fascisme a éveillé l’intérêt de certaines personnalités et de certains milieux qui pensaient que le mouvement de Mussolini donnerait à l’Italie une belle opportunité historique, celle de jouer à nouveau un grand rôle sur la scène internationale, ce qui avait pour corollaire de se référer obligatoirement à Rome. C’est vrai pour Giacomo Boni, pour Arturo Reghini et pour Julius Evola. Voilà pourquoi un païen italien, aujourd’hui, peut affirmer clairement qu’il n’est pas fasciste mais ne peut pas pour autant se déclarer anti-fasciste.

Contrairement à ce que l’on croit habituellement, le paganisme authentiquement romain n’a jamais suscité beaucoup d’intérêt dans la sphère néo-fasciste. Le paganisme peut certes se limiter à n’être qu’une option philosophique élitiste, mais la romanité, elle, doit toujours se traduire en réalité politique, en un ordre étatique et social. Toutefois, la naissance du groupe des « Dioscures », au sein d’Ordine Nuovo, à la fin des années 60, est un fait fort important. Les rédacteurs de cette mouvance particulière au sein d’Ordine Nuovo ont écrit publiquement, à l’époque, que, pour redonner un ordre traditionnel non seulement à l’Italie mais au monde entier, il fallait rallumer à Rome le feu de Vesta. C’était une audace, et non des moindres, à l’époque.

Q. : Mais en quoi consiste la vie proprement religieuse d’un païen de tradition romaine de nos jours ?

SC : C’est une vie centrée sur un culte qui est certes privé mais aussi communautaire, parce que la religion des Romains est avant toutes choses une religion de l’Etat romain (ses prêtres sont simultanément magistrats, ne l’oublions pas), qui, pour être remise entièrement en vigueur, a besoin d’un culte public de l’Etat. Le culte privé, tout comme le culte public, est rythmé par l’antique calendrier romain, avec ses calendes, neuvaines et ides. Il y a maintenant de nombreuses années, Renato del Ponte, figure de proue du traditionalisme romain à notre époque, avait édité un calendrier qui nous permettait de revenir, tout naturellement, au temps sacré de nos ancêtres.

Je me permets de rappeler, ici, que les Romains et les Grecs de l’antiquité ne savaient pas qu’ils étaient des « païens » ou des « polythéistes », appellations savantes et modernes. Le premier de ces termes est de nature polémique : il a été forgé par les chrétiens qui se référaient ainsi aux survivances des cultes anciens dans les « pagi », c’est-à-dire dans les villages éloignés des campagnes ; le second de ces termes est « scientifique » et récent. Nos ancêtres de l’antiquité savaient seulement qu’ils étaient « pies » et « religieux » et, en tant que tels, devaient vénérer plusieurs Dieux, non pas parce qu’ils ignoraient la réalité unitaire et métaphysique du cosmos mais parce qu’ils savaient que cette réalité s’exprimait par une pluralité merveilleuse de formes et de fonctions qui rendaient le cosmos sacré et beau. Si les deux termes « païen » et « polythéiste » servent simplement à faire comprendre directement ce que nous sommes, il faut cependant préciser que le premier se réfère à la spiritualité préchrétienne et le second au Panthéon classique. Forts de cette précision, nous pourrions nous définir comme païens et polythéistes. Mais si ces termes génèrent de la confusion et risquent de nous associer désagréablement à l’occultisme du « New Age », alors il vaut mieux privilégier l’appellation de « traditionalistes romains », car finalement c’est de cela que nous parlons.

Q. : Vous prenez donc vos distances avec le terme « païen »…

SC : Non. En aucun cas. Dans le terme « païen », je perçois l’indice d’une volonté de se distinguer, une volonté d’aller aux racines, et en ce sens « radicale », un refus de tout compromis avec ce qui est venu « après ». La posture païenne est donc utile pour échapper aux pièges de certaines visions spiritualistes pour qui tout ce qui fut « bon » dans le monde antique aurait été définitivement absorbé et assimilé dans les monothéismes chrétien et musulman. Ensuite, faut-il ajouter que dans la culture universitaire, le terme « païen » est utilisé habituellement pour toute référence aux philosophies et littératures de l’Antiquité, de Platon à Proclus, de Homère à Virgile ? Somme toute, le « paganisme » représente le donné originel de la culture européenne : il ne peut devenir ni un terme criminalisé ni un terme collé à des phénomènes d’autre origine, comme le font aujourd’hui le Pape et les évêques qui crient au « retour du paganisme » quand ils évoquent le satanisme contemporain ou le mariage homosexuel.

(entretien paru dans « Rinascita », Rome, 6 novembre 2007 ; trad. franç. : Robert Steuckers).

 

 

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lundi, 26 novembre 2007

Sur les nouvelles armées privées

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Pankraz :

Point de vue clausewitzien sur les nouvelles armées privées déployées en Irak

Quelle est l’image la plus déprimante ? Une horde d’enfants soldats africains camés jusqu’au trognon ? Ou une « équipe / team » de ces « firmes américaines et privées de sécurité » (Blackwater, Unity Resources, etc.) que l’on voit à l’œuvre aujourd’hui en Afghanistan et en Irak et qui y abat des civils selon son bon plaisir, comme les enfants soldats du Congo ? Qui flanquent le feu à des villages entiers afin de faire de la « sécurité préventive » si de telles actions sont jugées opportunes par leurs « clients » ? Eh bien, votre serviteur, ce bon vieux Pankraz, a davantage les tifs qui se dressent sur le sommet de son crâne quand il entend parler de ces « firmes privées », parce que leurs employés ne sont sans doute pas sous l’influence de drogues quand ils commettent leurs actions, parce qu’ils font ce « job » en toute objectivité, de sang froid.

Les types de la « Blackwater » ne se posent pas comme soldats. C’est clair. Ils n’acceptent pas de missions nobles. Ils veulent, comme nous l’apprend une audition qui a eu lieu à leur propos à Washington, être considérés comme de « simples employés » et traités comme tels. Leurs missions au Proche et au Moyen Orient, ils les considèrent comme des opérations dans des zones hors droit. Ces régions sont pour eux une sorte de « Wild West » où il n’y a plus qu’une seule loi qui compte : « Lui ou moi ». Si une voiture vient en sens inverse des « Blackwaters » sur une piste et ne réagit pas à leur requête de s’arrêter, ils la canardent immédiatement, peu importe les passagers.

Ces canardages tous azimuts, ne tenant compte de rien, commis par des firmes de sécurité étrangères et privées en Irak ou en Afghanistan, complète et élimine tout à la fois l’image de la « guerre asymétrique » moderne. Les forces régulières d’un Etat ne sont plus, dans ce type de guerre, qu’un aspect particulier dans l’ensemble du phénomène guerrier. A côté d’elles, nous trouvons des guérillas, des partisans, des terroristes, des milices tribales et des armées privées, relevant de chefs religieux ou locaux influents, avec, en prime, depuis moins d’une décennie, des « firmes privées de sécurité ». Mais leur apparition sur le théâtre des guerres actuelles estompe le concept de guerre dans son ensemble. On ne peut même plus parler sérieusement, désormais, de « guerre asymétrique ».

« La guerre est la poursuite de la politique avec d’autres moyens ». Cette définition clausewitzienne et classique de la guerre est mise dorénavant hors jeu par l’existence même de firmes telles la « Blackwater & Co. ». Les priorités changent de place. La guerre n’est plus moyen mais but en soi, et seul but en soi. Les seigneurs de la guerre du passé, même s’ils étaient belliqueux à l’extrême, avaient encore des buts en vue, qu’ils auraient été prêts à poursuivre sans guerre, si les circonstances l’avaient permis, par exemple en jouant de menaces, en prenant des mesures de boycott et en mettant en scène toutes sortes d’intrigues. Pour les firmes de sécurité, tout cela n’a plus aucune validité. Elles ont besoin de la guerre, pour engranger du profit. Leur seule sécurité, c’est la guerre !

Les hommes de la « Blackwater & Co. » et des autres firmes du même acabit ne sont pas des mercenaires d’ancien style. En comparaison avec les lansquenets et les soldats vagabonds des premières décennies de l’ère moderne, qui vivaient, eux aussi, de la guerre, et louaient leurs services aux Princes ou aux riches villes commerçantes, les firmes comme la Blackwater sont des formations résolument modernes, sans aucun esprit de corps, sans aucun romantisme de la guerre et du combat, et, manifestement, sans le moindre scrupule. Elles font tout, pourvu que cela rapporte de l’argent. La fonction de garde du corps n’a qu’un rôle subalterne dans la liste des missions qu’elles sont appelées à accomplir. De plus en plus souvent, et d’après ce qui a été révélé ces derniers temps, elles sont sollicitées par les forces militaires conventionnelles, dépendantes d’un Etat, pour effectuer des missions de renseignement et de reconnaissance rapprochée, afin de repérer les lieux où se terrent les guérilleros, les partisans ou les « terroristes » et de communiquer les informations ainsi gagnées aux bases américaines.

Dans la région frontalière située entre le Pakistan et l’Afghanistan, la situation est désormais telle : des employés des firmes de sécurité, qui ont souvent conclu des accords avec des chefs tribaux, et non avec les Américains, et qui obtiennent de ces chefs des informations parfois sérieuses parfois douteuses, communiquent aux bases américaines que dans telle ou telle localité se trouve un « point d’appui de talibans ». A la suite de cela, la localité est immédiatement canardée de bombes et de missiles, réduite à néant, si bien qu’il n’y a plus deux pierres l’une sur l’autre et qu’aucun habitant n’a échappé à la mort. « Safety first », du moins si on a payé pour…

Parler de « guerre sale » dans le cas qui nous préoccupe serait non seulement un euphémisme, mais un énoncé totalement erroné. Il ne s’agit plus d’opérations de guerre mais de pure tuerie à charge de revanche. Car aucune guerre n’a été déclarée jusqu’ici et personne ne sait comment on signera un jour un traité de paix ni avec qui. Il n’y a qu’une chose qui soit sûre, c’est qu’on tue, sans considération pour la personne, pour l’âge, pour le sexe ou l’appartenance ethnique.

Les contours de l’une des parties belligérantes, soit les « talibans » ou « terroristes », est complètement diffuse, s’étend au-delà de tous les groupes tribaux, religieux ou sociaux possibles, dont les intérêts ne peuvent être plus divergents. Mais le camp adverse est tout aussi diffus : il consiste en troupes d’invasion occidentales, en seigneurs de la guerre locaux, en un gouvernement de Kaboul, qui ne représente que lui-même, et aussi en firmes de sécurité, qui participent aux événements avec toutes les forces à leur disposition et dont les intérêts sont de perpétuer les tueries.

Parmi toutes les conséquences désagréables que cette déformation de la guerre, déjà devenue « asymétrique », il y en a une qui est particulièrement désagréable : la figure du combattant, du guerrier, du soldat, une figure honorable dans l’histoire spirituelle de l’humanité, une figure honorée dans toutes les cultures, en prend un fameux coup. « On doit être soldat pour son pays ou par amour de la chose, pour laquelle l’on combat », disait le brave Major Tellheim dans l’œuvre de Lessing, « Minna von Barnhelm » (1767). Mais être soldat pour l’amour de l’argent ou pour l’amour de tuer, Lessing n’y fait point allusion. Hélas, les choses ont changé et elles changent radicalement.

« Seul l’ennemi doit nous craindre » décrétait jadis Sebastian von Burtenbach, le commandant en chef légendaire de tous les lansquenets du Saint Empire Romain de la Nation Germanique. Peut-être sont-ce là des paroles exagérées. Mais ce qui est incontestable, c’est que tous doivent craindre les types de la « Blackwater & Co. ».

PANKRAZ.

(article tiré de « Junge Freiheit », Berlin, n°43/2007 ; trad. franç. : Robert Steuckers).

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dimanche, 25 novembre 2007

Sur Léopold Ziegler

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Sur Leopold Ziegler

25 novembre 1958: Mort à Überlingen, sur les rives du Lac de Constance, du philosophe traditionaliste allemand Leopold Ziegler. Né à Karlsruhe en 1881, il deviendra, en Allemagne, l’exposant de la « Tradition primordiale », mais avec un succès plus mitigé que Guénon en France ou Evola en Italie.

Pour Ziegler, les traditions religieuses, métaphysiques et culturelles trouvent toutes leur origine dans une « révélation primordiale » du divin (eine Ur-Offenbarung des Göttlichen). Dès la fin de ses études secondaires et universitaires, Ziegler demeurera fidèle à cette vision et ne cessera plus jamais de l’approfondir. Les initiés savent que cette Tradition existe, écrivait-il, qu’elle forme une unité derrière l’apparente prolixité des phénomènes. En 1951, on lui octroie le titre de docteur honoris causa de l’Université de Marburg (Faculté de théologie). Dans les années 50, avec Walter Heinrich, il tente de généraliser la « méthode traditionnelle » et de défendre la « Tradition intégrale ».

On connaît moins son rôle dans les années 30, au moment de la montée en puissance du mouvement national socialiste. Ami et éminence grise d’Edgar Julius Jung, il avait rédigé un ouvrage capital en deux volumes, « Das heilige Reich der Deutschen » (Le Saint Empire des Allemands), qui avait amorcé sa notoriété dans les milieux conservateurs. Jung s’en était inspiré dans son ouvrage sur la domination des hommes de moindre valeur (Herrschaft der Minderwertigen). En mai 1934, Jung, surexcité, lui fait part de son projet d’assassiner Hitler et de prendre sa place, pour sauver le pays du désastre. Ziegler tente de le dissuader en avançant l’argument suivant : « L’union en une seule personne de l’assassin politique et du Guide suprême ne peuvent conduire le peuple et l’Empire qu’à la ruine ». Jung est assassiné lors de la nuit des longs couteaux, fin juin 1934. Ziegler échappe sans doute au même sort, grâce aux bons offices de quelques amis suisses, qui le mettent à l’abri des escouades vengeresses lancées par Hitler aux trousses de ses adversaires.

Notons enfin qu’à la fin des années 50, peu avant sa mort, Ziegler participe au lancement de la revue « Antaios », fondée par Ernst Jünger, Julius Evola, Mircea Eliade et Ziegler lui-même. Cette revue, interrompue dans sa parution, sera reprise par le philologue classique belge Christopher Gérard en 1992, qui fera paraître une quinzaine de numéros, notamment, entre 1992 et 1998, avec le concours du peintre surréaliste Marc Eemans, ancien éditeur d’une revue de haute tenue, Hermès (parue entre 1933 et 1939). Eemans avait été sollicité par Jünger et Ziegler pour participer au projet. Jünger donnera son aval à Gérard (Robert Steuckers).

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samedi, 24 novembre 2007

Expulsions dans les pays arabes?

Les pays arabes envisagent l’expulsion de millions d’étrangers. Motif ? Érosion inacceptable de la culture locale !

Les pays arabes envisagent l’expulsion de millions d’étrangers. Motif ? Érosion inacceptable de la culture locale !

Source : article d’Annie Lessard (Point de bascule).

Les Québécois ne sont pas les seuls à s’interroger sur l’impact social et culturel de l’immigration et sur la capacité d’intégration d’immigrants dont la culture est aux antipodes de la culture locale.

Les pays arabo-musulmans, qui ont une importante population de travailleurs migrants venus principalement d’Asie, se posent les mêmes questions. Mais alors que les Québécois, qui ont entamé un débat démocratique et serein sur la question, se font accuser de fascisme, de xénophobie, de racisme et d’islamophobie — en particulier par les musulmans — les pays du Golfe, eux, envisagent l’expulsion massive de millions d’étrangers ! Au lieu de diaboliser les Québécois, les musulmans d’ici feraient bien d’apprécier un peuple dont la culture rendrait impensable le recours à des mesures aussi draconiennes.

Menace identitaire dans les pays du Golfe

Dans une chronique récente , Tarik Al Maeena de Arab News traite de l’inquiétude des pays arabes face à la menace identitaire que fait peser sur eux la présence d’un trop grand nombre de travailleurs étrangers sur leur territoire. Selon le ministre du travail du Bahreïn, « Dans certaines régions du Golfe, vous ne savez plus si vous êtes dans un pays arabo-musulman ou dans une région asiatique. On ne peut pas parler ici de « diversité ». Aucune nation sur la planète ne peut accepter une érosion de sa culture sur son propre territoire. »

Selon le chroniqueur Al Meena, le ministre du travail du Bahreïn a annoncé que son pays proposerait l’introduction d’un plafond de 6 mois aux permis de travail délivrés aux étrangers travaillant dans les monarchies du Golfe. Cette proposition sera présentée au sommet du Conseil de coopération du Golfe (le « CCG », comprenant le Bahreïn, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, Oman, le Qatar et le Koweït) qui se tiendra à Doha en décembre. Le ministre du travail s’est dit confiant qu’elle sera acceptée.

Le Bahreïn soumet cette proposition dans le contexte d’une grande préoccupation face à l’érosion graduelle des mœurs sociales et de la culture locales. Selon le ministre du travail du royaume, « la majorité des travailleurs étrangers proviennent de milieux culturels et sociaux qui ne peuvent pas s’assimiler ou s’adapter aux cultures locales ».

Le Bahreïn estime aussi que les travailleurs migrants s’accaparent les emplois dont la main-d’œuvre locale aurait grandement besoin. Avec plus de 14 millions de travailleurs migrants dans la région, le ministre du travail des Émirats arabes unis, Ali Bin Abdullah Al Ka’aBi, a indiqué que cette question figure en tête de liste de l’ordre du jour du sommet du CCG. Les Émirats, dit-il, partagent les préoccupations du Bahreïn.

Selon Arab News, ce projet pourrait se traduire par l’expulsion de millions de personnes. Malgré que l’économie des riches monarchies du Golfe soit largement tributaire des travailleurs migrants, qu’il s’agisse de travailleurs manuels ou de cadres supérieurs, il y a une préoccupation grandissante face au chômage des citoyens des pays du CCG. Une étude de l’Université Sharjah publiée l’année dernière révèle que 32,6% des hommes et 47,7% des femmes des pays du Golfe sont en recherche d’emploi.

Selon les statistiques de l’AFP, environ 35 millions de personnes résident dans les 6 monarchies du Golfe et 40% d’entre elles sont des étrangers. Le chroniqueur de Arab News commente que « vu l’ampleur du chômage et compte tenu de l’explosion démographique dans la région, les pays du Golfe peuvent être excusés de mettre en place des mesures drastiques visant les migrants ».

Outre l’expulsion des étrangers, d’autres mesures sont envisagées. On réduirait les prestations sociales aux chômeurs qui refuseront les mesures d’aide au retour à l’emploi, de manière à les motiver à travailler plus fort et plus longtemps. On réviserait aussi les programmes d’enseignement en vue de donner aux travailleurs locaux la formation leur permettant d’occuper les emplois laissés vacants par les migrants. Le chroniqueur Al Meena conclut ainsi : « La proposition du Bahreïn, si elle devait être acceptée, enverrait aux 14 millions de migrants qui vivent présentement dans les pays du CCG un message clair qu’il est maintenant temps pour eux d’envisager d’autres options. Pour certains d’entre eux, ce scénario sera douloureux puisqu’ils ont amené leur famille dans un pays du Golfe et qu’ils en ont fait leur foyer d’adoption ».

Par Annie Lessard

Source : Expatriates’ Impact on Gulf’s Labor, Social Situation par Tarik Al Maeena, 27 octobre 2007


 

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Sur Georges Tchitchérine

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Sur Georges Tchitchérine

24 novembre 1872: Naissance à Kalouga, dans une région située au sud de Moscou, du diplomate russe, puis soviétique, Georges Tchitcherine. Il entre dans la carrière diplomatique en 1897, au service du Tsar. Il adhère en 1904 à la social-démocratie russe, ce qui lui vaut une révocation et le contraint à l’exil. Il revient en Russie en 1917 et, après la victoire des bolcheviques, il devient « commissaire du peuple » aux affaires étrangères.

Germanophile comme bon nombre de sociaux-démocrates russes, il prend langue avec un diplomate allemand russophile, le Comte von Brockdorff-Rantzau, pour parfaire l’architecture du Traité de Rapallo en 1922, où, sous la double impulsion de Tchitcherine et de Rathenau, Soviétiques et Allemands mettent leurs forces en commun pour résister aux pressions occidentales.

C’est dans ce contexte que naît la fameuse orientation idéologique que l’on nommera le « national bolchevisme ». Au départ de Rapallo, la Reichswehr, diminuée en effectifs par les clauses du Traité de Versailles, s’entraînera en Union Soviétique, dans les bases de l’armée rouge, avec son matériel. A la fin des années 20, Tchitcherine, miné par la maladie, se retire de toute activité et meurt en 1936. Remarquons, à la lumière de cette très brève biographie, que Tchitcherine est un diplomate de l’ancienne école, d’avant l’Entente, pour qui l’ennemi premier reste l’Angleterre en Asie (Robert Steuckers).

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vendredi, 23 novembre 2007

Wolodymir Kubijovytsch

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23 novembre 1900: Naissance à Novi Sacz de Wolodymir Kubijovytsch (Koubiyovitch), qui sera le Président de l’UCC ou « Comité National Ukrainien ». Formé à l’Université de Cracovie en Pologne, où il étudia la géographie, la géologie et l’histoire, puis y enseigna la géographie et l’ethnologie; Wolodymir Kubijovytsch devint en 1939 le principal organisateur de l’UCC, instance créée pour représenter les Ukrainiens de Pologne face aux nouveaux occupants allemands.

Son principal souci fut de soustraire ses ouailles ukrainiennes à la déportation vers les usines allemandes et à les faire affecter à des travaux agricoles sur place. Par ailleurs, il favorise l’éclosion d’une culture ukrainienne à l’ouest de l’ancienne frontière soviétique. Il obtient du « Reichsprotektor » de Bohème-Moravie l’autorisation de créer une université ukrainienne à Prague. Il sera très déçu, après l’entrée des troupes allemandes en Ukraine soviétique, car aucun gouvernement ukrainien autonome ne verra le jour. Aucune proclamation en faveur de l’unification ukrainienne ne fut jamais prononcée. Pire, le gouverneur national-socialiste de l’Ukraine, Erich Koch, ne pratiquait aucune politique favorable aux Ukrainiens. Quant aux Ukrainiens de Transnistrie, territoire annexé à la Roumanie, ils subissaient de terribles discriminations.

Après Stalingrad, la panique s’empare toutefois de tous les Ukrainiens (et forcément des Allemands), qui décident de faire front commun contre les Soviétiques. L’UCC participe à l’effort commun. 82.000 hommes se portent volontaires, 13.000 seront sélectionnés pour former une « Division galicienne », qui affrontera héroïquement les Soviétiques en juin 1944, mais sera complètement décimée sous le choc inégal. Ses restes, augmentés de nouveaux volontaires, se battront contre les insurgés slovaques dans les Carpates et contre les partisans titistes en Slovénie. Après s’être rendus aux Britanniques en Autriche, beaucoup de ces soldats seront livrés aux Soviétiques, qui les massacreront ou les disperseront dans l’archipel du Goulag.

Wolodymir Kubijovytsch survivra à la tourmente, reviendra enseigner à Prague, avant de partir en exil à Paris. Il déploiera une activité débordante, rédigera près de 80 monographies et réalisera l’œuvre de sa vie : l’Encyclopédie de l’ukrainologie, rédigée en anglais et en ukrainien. Il meurt le 2 novembre 1985 à Paris.

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L' "Empire" e l'Impero

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Sandro Consolato :

L' "Empire" e l'Impero

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Qui suis-je? Henri Vincenot !

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Qui suis-je? Henri Vincenot

Henri Vincenot est, dans la République des Lettres, un personnage parfaitement atypique. Sans doute aurait-il apprécié ce compliment car, au propre comme au figuré, il aimait marcher hors des sentiers battus. Il a longtemps porté ­en lui une œuvre que le public n’a découverte que très tardivement.

Dans ce ” Qui suis-je ? Vincenot”, l’auteur nous montre comment le temps perdu a été très vite regagné, comment, en un temps et dans une société où l’anonymat, l’individualisme et la soli­tude frappent de plein fouet tant de per­sonnes, l’œuvre d’Henri Vincenot continue à nous dire l’importance vitale de l’appartenance à des communautés organiques, le caractère salvateur de l’enracinement, l’impérative nécessité d’une identité - identité parfois niée, souvent oubliée -, que cette lecture nous conduit à redécouvrir. Car le conteur prend par la main celui qui ou­vre un de ses livres pour la première fois et il ne le lâche plus; non pour l’enfer­mer dans un univers purement livres­que, mais pour lui onvrir les portes d’nne vie authentique, libérée des pe­santeurs des mensonges et des dogmes de la modernité. À ce titre, Vincenot est un éveilleur. Il connaît l’importance des initiations. Là où il est, il contemple avec ses yeux malicieux et son sourire un peu narquois, sous sa moustache de Gaulois, les pauvres insectes qui s’agitent fébrilement, mais en vain, dans la termitière. Et il montre du doigt, à ceux qui veulent bien regarder et qui méritent de l’entendre dire, le chemin des étoiles.

Editions Pardes

par Pierre Vial 128 p., ill., 12 €

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jeudi, 22 novembre 2007

Arrogance compassionnelle

L'ARROGANCE COMPASSIONNELLE

Trouvé sur : http://ladroitestrasbourgeoise.blogspirit.com/archive/200...

Même si l'on en connaît pas tous les tenants et aboutissants, la rocambolesque razzia d'enfants organisée au Tchad par les polichinelles de l'Arche de Zoé dévoile l''impensé qui taraude l'industrie de l'humanitaire, ses principaux acteurs comme les innombrables samaritains qui les financent.
Il y a d'abord ce préjugé massif qui veut que l'Occident blanc soit un pays de cocagne hors duquel aucune humanité ne saurait valablement s'épanouir. L'Occident est un havre disent-ils en termes voilés et même le seul havre qui se puisse imaginer (en termes voilés car l'occident, dans le même temps, est l'objet d'une persistante campagne d'auto dénigrement qui s'en prend à son passé tout entier criminalisé).
Au delà de son horizon il n'y aurait que les affres de la guerre civile, les risques pandémiques, l'ignoble travail des enfants, la faim, la misère et la barbarie. Face à ce lot inépuisable de calamités en tous genres, il y a le devoir d'ingérence, forme élégante et post-moderne du mépris des autres. Des autres toujours décrits comme des victimes d'une méchante fatalité et de ce fait délestés de leur statut de sujet historique.

L'AUTRE, EMBLÈME DU BIEN
Car l'Autre, en effet, est doté dans nos démocraties post-modernes d'une figure ambiguë.
Il est béni quand il a fait l'effort de l'arrachement et qu'il s'est déraciné pour venir jusqu'à nous. Traversant mille obstacles réels ou fantasmés, il a pour ainsi dire voté avec ses pieds et consacré par son difficile périple et le traumatisme de l'exil l'élection de l'occident comme Terre Sainte des droits humains et de l'opulence infinie.

Cet Autre est devenu d'autant plus méritant qu'il flatte notre insolence ethnocentriste  en désignant notre propre parcours historique comme étant le seul conforme aux principes de l'universel. Un universel qui, soit dit en passant, pourrait bien n'être qu'une ruse de notre particularisme. Cet Autre là doit être cajolé en proportion des efforts qu'il a consentis pour s'établir dans le Saint des Saints. Pour lui donc, des logements, tout de suite, et à la taille de sa nombreuse famille; pour lui, des soins gratuits comme n'en connaissent aucuns des cotisants à la Sécurité Sociale et aux diverses mutuelles; pour lui, un travail immédiat et digne avec, si besoin est, le coup de pouce de la discrimination positive; pour lui qui se heurte sans cesse à l'inépuisable xénophobie d'autochtones fascistoïdes qui se refusent à croire dans les vertus citoyennes du métissage, au moins des allocations quel que soit son statut légal car la légalité ne saurait primer sur les exigences de l'égalité; pour lui, surtout, la reconnaissance de sa différence, dussent la nôtre en pâtir.


Mais ne sommes nous pas, par le truchement d'un universel dont nous fûmes les seuls accoucheurs, la quintessence même de l'humanité enfin réalisée par suspension de l'origine, sa glorieuse avant-garde cosmopolite? N'avons nous pas atteint ce niveau d'abstraction qui fait croire à nos élites pensantes que nous sommes désormais, comme les nomades modernes d'Attali, de perpétuels voyageurs, sans ombre, sans terreau et sans histoire, susceptibles de se caser partout avec aisance (mais de préférence dans les bulles off-shore, uniformes et climatisées qu'affectionnent les membres de la Nouvelle Classe)?
C'est sûr, réaliser en sa personne toute la substance de l'universel, cela intime des devoirs, mais cela donne surtout des droits. Obligation d'aimer, droit de haïr aussi celui qui se refuse aux commandements que nous prétendons lui imposer pour son bien.


L'AUTRE, MÉTAPHORE DU MAL
Car, en effet, à cette altérité digne de notre sollicitude et objet de tous nos devoirs, s'oppose un  visage bien différent de l'Autre. Visage mystérieux et inquiétant de celui qui est demeuré entiché de sa griffe indigène et adhère à des traditions fatalement archaïques. Celui là, qui se refuse obstinément à passer à la moulinette de notre prêchi-prêcha, défie par son étrangeté opiniâtre nos plus nobles attentions acculturantes et assimilatrices.

Quand il est Chinois, il a le masque de l'Asiatique au sourire déconcertant, dur en affaires et qui emballe les marchés sans se soucier le moins du monde des délocalisations et du chômage qu'il provoque.
Quand il est musulman, iranophone ou arabisant, il a, chevillé au corps et à l'âme, la violence anomique et destructrice qui fait fi des innocentes victimes et, surtout, il dissémine comme de la mauvaise graine un antisémitisme qu'il dit tenir de ses humiliations répétées. Mais c'est quand il est Africain et Noir qu'il provoque les sentiments les plus hystériques.
Car, c'est bien connu, le Noir, grand enfant devant l'Eternel, est innocent de tous les malheurs qui l'accablent. C'est le perpétuel damné du récit biblique, victime de l'esclavage (à inscrire au seul passif des Européens comme la loi nous y oblige), victime du colonialisme, victime d'un développement qui ne fut que le cache-sexe d'une exploitation redoublée, victime du pillage de ses ressources, victime de l'ethnicité et des conflits qu'elle nourrit, une ethnicité, faut il le préciser, qui n'aurait été qu'une forgerie blanche permettant à quelques poignées d'administrateurs métropolitains de régner sur des multitudes divisées par cet artifice, victime de la corruption engendrée par la pauvreté et encouragée par les calculs financiers de la "Françafric", victime du réchauffement, du fanatisme religieux, du machisme, du Sida papiste, de l'eau polluée, des moustiques et de toutes les plaies d'Egypte.

Cette image débilitante de l'Afrique où nombre d'Africains refusent de se reconnaître, elle est depuis des lustres le pain quotidien du 20 heures et l'anti-pub accrocheuse qui fait la fortune de l'humanitaire.
Imagerie larmoyante qui dévide son calamiteux chapelet de clichés lacrymogènes tout en récitant mezzo voce la supériorité d'un occident rationnel et technicien qui aurait su, quant à lui, rompre pour toujours avec l'enchaînement fataliste des catastrophes.

D'UN COLONIALISME  À L'AUTRE
Il y a cent cinquante ans l'esprit progressiste européen, celui là même qui a fini par accoucher d'un Occident qui se veut l'instituteur universel du droit, de la démocratie, de la concurrence libre et non faussée et finalement du bonheur lui même, cet esprit donc, nous intimait l'ordre de coloniser l'Afrique. La coloniser d'urgence pour la sauver de l'esclavage, de la famine, du paganisme féticheur, de la malaria et de la mouche tsé-tsé. Les Africains eurent donc droit, certes, à la médecine coloniale (et à l'explosion démographique) mais aussi à tout le cortège de nos innombrables bienfaits.
À l'évangélisation d'abord (sans doute le pire des ethnocides), à des frontières  tirées au cordeau mais belligènes à souhait, à la fin de l'économie vivrière et à l'étroite dépendance alimentaire qui l'accompagne, à une fonction publique prolifique, prédatrice et inefficace, sans oublier les hymnes, les drapeaux et les uniformes chamarrés sans lequels on ne peut concevoir l'authentique indépendance.


La leçon de cette histoire a-t-elle été tirée? Il semble bien que non quelles que soient les multiples proclamations de pénitence  dont l'Occident se fait gloire désormais. Le catéchisme occidental demeure identique à lui même cent cinquante ans plus tard. Qu'on en juge. Selon Jules Ferry (dit "Ferry-Tonkin") la"France des droits de l'homme" a non seulement le droit mais aussi le devoir d'assumer une "mission universelle" en exportant partout dans le monde le contenu des "immortels principes". Cette mission, déclare-t-il en 1882, consiste "simplement à répandre ou à réveiller au sein des autres races les notions supérieures dont nous avons gardé le dépôt".
Le même affirme dans un essai publié en 1885 que les "races supérieures" ont le devoir d'aider les "races inférieures" à s'engager dans leur sillage sur la route du "progrès". Discours semblable chez Léon Blum, qui assure  la main sur le coeur, en juillet 1925, devant ses collègues de la Chambre  "Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d'attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science ou de l'industrie". Porter assistance aux oubliés du progrès, on le voit, n'est pas une nouveauté.


Les néocolonialistes de l'humanitaire armés d'un évangile inchangé se donnent le droit, sous un prétexte charitable, de passer outre les lois souveraines, surtout quand elles sont africaines, de mentir à des familles acculées à la détresse, de soustraire des dizaines d'enfants à un environnement jugé trop sauvage pour qu'ils y soient élevés décemment, puis de les exfiltrer en catimini vers l'Eden démocratique.
Initiative irresponsable, amateurisme coupable nous dit-on. Sans doute, mais de tels procédés seraient-ils imaginables hors d'un contexte idéologique qui les rend pensables, s'il ne les justifie pas toujours ? Ces rafles d'enfants ont en effet des précédents significatifs. Celles des jeunes Aborigènes australiens, par exemple, confiés à des familles irréprochablement blanches, celles des jeunes Réunionnais déportés dans le département de la Creuse afin d'y recevoir une éducation conforme aux standards d'une république évoluée. Aucun de ces milliers d'enfants n'était orphelin, mais une singulière conception de l'humanisme occidental commandait de les arracher à une identité délétère pour en faire des répliques aussi ressemblantes que possible du maître blanc.

Nul cynisme dans ces attitudes, nul racisme conscient, mais la pleine certitude d'avoir atteint ce qui se fait de mieux en matière d'humanité et la volonté d'en distribuer autant que possible la jouissance à toutes les nations. La philanthropie occidentale est obsédée par une conception pervertie de l'égalité qui se réduit bien souvent à l'idéologie du même. C'est ainsi que l'ethnocentrisme le plus échevelé peut cohabiter avec l'antiracisme le plus certain de son bon droit. Et ce bon droit ne veut pas se laisser arrêter par les frontières. Comme les multinationales et les impérialismes guerriers il doit pouvoir déployer partout la militance de sa généreuse morale. C'est pourquoi bien souvent il tient le même langage qu'eux quand il n'en est pas l'alibi le plus féroce. D'autant plus féroce qu'il est inattaquable. La protection humanitaire est comme la "protection" de la mafia; elle ne se refuse pas.

a804998c0e5457861f5524d3dc3608c0.jpgLE SACRE DE L'ÉMOTION
En mars-avril, la grande campagne pour le Darfour a battu son plein dans tout le pays. Avec ce pathos inimitable qui est celui de l'urgence, on a lancé des chiffres invérifiables, prononcé les formules qui remuent les consciences, interpellé les gouvernants contre un nouveau Munich de la lâcheté. Théoricien du droit d'ingérence humanitaire des puissants, Bernard Kouchner s'est illustré dans cette croisade aux cotés de Bernard-Henri Lévy,  "philosophe" dont l'immense fortune repose pour une part sur l'exploitation des forêts africaines. Contre la dictature islamiste et massacreuse du Soudan il fallait intervenir immédiatement pour éviter un nouveau génocide, ouvrir tout de suite des corridors humanitaires, sauver sur l'heure les enfants en danger de mort.

C'est dans ce climat d'hystérie qu'est née l'association l'Arche de Zoé. Parmi ses initiateurs, des pompiers volontaires et de sympathiques amateurs de 4/4 dont on imagine sans trop de mal qu'ils puissent confondre l'Afrique avec le fléau du Paris-Dakar. Ils ont l'engagement prompt, la foi en leur bon droit, la certitude morale d'incarner le Bien face à tous ceux qui dans l'indifférence des repus laissent libre cours au carnage et à l'infanticide. En un sens, ils sont les premières victimes des maîtres chanteurs de l'hubris humanitaire, envoûtés qu'ils sont par la rhétorique de l'urgence et les tirades des prophètes d'Apocalypse. Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, n'a pas manqué de souligner la responsabilité morale que portent les propagandistes de type Lévy et Kouchner dans le fiasco de l'Arche de Zoé, mais depuis cette pantalonnade, notre ministre des affaires étrangères est aux abonnés absents.

CABOTINAGE HUMANITAIRE
L'autre messie vibrionnant de l'hyperbole, c'est BHL. Lui s'exprime plus souvent qu'à son tour. Sur les ondes, il prend la défense des pieds nickelés de l'Arche et qualifie leur arrestation de "prise d'otage à l'échelle d'un État." Au passage, il n'hésite pas à comparer leur situation à celle des infirmières bulgares, ce qui dénote une certaine désinvolture quand on sait que ces dernières étaient totalement innocentes des accusations délirantes dont la Libye prétendait les accabler.
Les responsables de l'Arche de Zoé quant à eux ne sont pas des innocents. Selon le témoignage corroboré de Marc Garmirian, journaliste de Capa rapatrié du Tchad dans la valise diplomatique du président Sarkozy, ils n'ont jamais "affiché l'objectif final de leur opération, ni à leur personnel, ni aux gens qui leur ont confié les enfants, ni aux enfants eux-mêmes." Il s'est dit également frappé par "la conviction, la détermination  et l'état d'esprit" d'Eric Breteau (le président de l'association) et de sa compagne (artiste de cirque dans la vie comme dans l'humanitaire) "convaincus de faire le bien".Cette rafale de mensonges, sans même parler du maquillage des "réfugiés" en blessés de guerre avant leur embarquement avorté, n'importe guère à BHL. beaf4aed3fa5e12a0f0b371415e74d91.jpg

Chez Laurent Ruquier, qui tient le salon le plus réputé de la France pensante, il approuvait l'autre jour le refus affiché par les humanitaires de l'Arche de respecter les frontières des États africains sous le fallacieux prétexte qu'elles auraient été jadis "fixées par des seigneurs de guerre". Calamiteuse ignorance assénée avec fougue qu'il agrémentait d'injures diverses sur le compte du président tchadien Idriss Déby, ce qui n'est sans doute pas le meilleur moyen de venir en aide aux Français détenus à N'djamena. Même si Idriss Déby, porté et maintenu au pouvoir par la seule armée française, n'a jamais hésité à utiliser lui-même des enfants comme bêtes de guerre.

L'AXE DU MAL
Pourquoi tant d'empressement à voler au secours du Darfour où s'activent déjà des milliers d'humanitaires et où, selon l'ONU, les exactions criminelles des différents groupes antagonistes se sont sensiblement raréfiées depuis un an ? Pourquoi en revanche, et parmi tant d'autres exemples, si peu d'énergie pour soutenir le malheureux peuple tibétain victime tout à la fois de l'ethnocide, de la
purification ethnique et du génocide ou encore des populations palestiniennes immolées depuis quarante ans à l'une des occupations militaires les plus impitoyables qui soit ?
Les homélies victimaires sur le Darfour ne sont sans doute pas motivées par la seule compassion même si celle-ci est sans cesse mise en avant.


Nombre de French doctors, en effet, ont épousé depuis des années la ligne stratégique des néoconservateurs américains et, dans leur sillage, classé les autorités de Karthoum sur la liste des États-voyous. Au Soudan, l'enjeu pétrolier est capital. Les Chinois y exploitent déjà un gisement de 500 000 barils/jour tandis que Total est en négociation avec le gouvernement d'Omar El Béchir pour mettre la main sur un gisement équivalent. Les États-Unis sont jusqu'à présent absents de ce partage et l'on sait que dans la perspective de la déplétion imminente des ressources d'hydrocarbures, il leur faut à tout prix assurer la sécurité de leurs approvisionnements. Et ils demeurent les plus gros consommateurs mondiaux. C'est la principale raison qui les anime dans cette partie du monde comme dans tout "l'arc de crise" qui se déploie de l'Asie centrale au Nigéria. Arc de crise qui dispose des principales réserves pétrolières prouvées et où l'islam majoritaire tend à se raidir face aux interventions occidentales. La guerre contre le "terrorisme islamique" est aussi pour les États-Unis une manière de prendre pied dans ces zones grises pour en contrôler les ressources. c'est ce que l'on appelle les guerres de survivance dans le nouveau jargon géostratégique. Nul mystère à cela même si pour Bernard-Henri Lévy, on le sait, il est interdit de formuler la moindre critique vis-à-vis des États-Unis sans se voir aussitôt soupçonné du plus barbare des antisémitismes.

Son alter-ego Bernard Kouchner qui fut l'un des rares responsables français à approuver en 2003 la guerre américaine en Irak est parvenu sans trop de mal à persuader Nicolas Sarkozy d'établir à l'est du Tchad des "couloirs humanitaires" afin de sécuriser les camps de réfugiés. Trois mille soldats européens dont mille cinq cents Français sont prévus pour cette opération, mais nos partenaires rechignent à s'engager dans un tel bourbier tandis que l'ONU, qui doit déployer 26000 hommes sur place au début de l'année 2008, s'enlise dans ses habituelles procédures bureaucratiques. Nombre de pays, en effet, ne se mobilisent que sur la pointe des pieds dans la partie de bras de fer qui oppose au Soudan une Chine de plus en plus solidement implantée en Afrique et une Amérique qui entend lui rendre l'accès aux énergies fossiles de plus en plus difficile. Il n'est pas possible  de comprendre les véritables enjeux de la crise du Darfour sans mettre en perspective ces divers facteurs géopolitiques. Et ce n'est pas dans la logorrhée des maître-penseurs du droit d'ingérence que l'on trouvera le motif de tout cet activisme. Leur métier n'est pas d'expliquer mais d'obscurcir les enjeux en répandant l'émotion et en cultivant le sentimentalisme de l'opinion publique pour servir les intérêts de la Nouvelle Classe.

TRIOMPHE POSTHUME DE HEGEL ?
Une opinion abusée. Des candidats à l'adoption rackettés (L'Arche de Zoé aurait recueilli 700 000 euros de dons privés pour réaliser la déportation des enfants tchadiens). D'honnêtes organisations charitables mises en péril par un amalgame inévitable entre illuminés sous influence et véritables associations caritatives opérant avec abnégation. La position et les intérêts de la France malmenés en  Afrique centrale au bénéfice de ses concurrents. la xénophobie anti-blanche ranimée par les déclarations paranoïaques d'Idriss Déby servi, il faut bien le dire, par des vantardises fort peu diplomatiques de Nicolas Sarkozy ("Ceux qui restent, je viendrai les chercher quoi qu'ils aient fait"). Et tout cela pour satisfaire la mégalomanie (et le fantastique narcissisme) des faiseurs d'ingérence. Le bilan est désastreux, mais au moins peut-il nous encourager à plus de lucidité.


Après une première ébauche sanglante dans les Balkans toujours occupés par les forces de police de la soi disante communauté internationale et devenus la chasse gardée des mafias de tous ordres. Après une nouvelle expérience en Irak dont il n'est nul besoin de souligner l'éclatant succès, c'est au Soudan désormais que les croisés anti-islamistes et leurs auxiliaires humanitaires prétendent nous promener au nom du droit d'ingérence.
Si, ils en ont un, il est légitime de se demander quel est leur but ultime. Est-ce "l'État universel et homogène" que pronostiquait Hegel après la fin de l'histoire ? Est-ce plus prosaïquement la volonté de faire respecter le droit international ? Mais dans ce cas, quel droit au juste ? Il en existe des formulations radicalement contradictoires. Il n'y a rien de commun par exemple entre la classique formule du droit des gens qui présidait aux relations intra européennes depuis les traités de Westphalie jusqu'au XIX siècle et le wilsonnisme botté qui vit son premier triomphe lors du traité de Versailles en 1919.


Dans ce registre la question fondamentale est toujours la même. Il s'agit de savoir quelle est la nature de l'autorité désignée pour s'imposer aux États qui contreviendraient à la religion civile des droits de l'homme. Soit l'on en reste à la tradition qui fait de tous les problèmes intérieurs une affaire inhérente à chaque État souverain. Mais cela  heurte les interventionnistes de tous poils, condamnés dans ce cas aux voeux pieux et au verbalisme sans conséquences. Soit le "droit international" s'érige en véritable droit à compétence universelle et l'autorité nécessaire pour l'incarner ne peut être qu'un gouvernement mondial. Solution ni souhaitable ni d'ailleurs bien raisonnable dont le rêve ne hante que de minces contingents d'intellectuels occidentaux.
Pour l'heure, toute référence au devoir d'ingérence ne peut satisfaire que la seule puissance susceptible de l'imposer par la force contre tout récalcitrant. Cette "hyperpuissance" ce sont les États-Unis d'Amérique.


Voulons-nous être Américains ?


Coclés

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mercredi, 21 novembre 2007

Le philologue classique Pierre Grimal

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21 novembre 1912: Naissance à Paris du philologue classique français Pierre Grimal. […], il termine ses études à l’Ecole Normale Supérieure en 1933, travaille à l’Ecole Française de Rome de 1935 à 1937, puis entame une carrière de professeur de latin et de grec ancien, d’abord au Lycée de Rennes, puis dans les universités de Caen, Bordeaux et à la Sorbonne, où il restera trente ans. Pierre Grimal est devenu ainsi l’un des principaux, sinon le principal, universitaire français à explorer à fond la civilisation romaine, à la faire connaître et à former des maîtres à une époque où le désintérêts pour les cultures antiques allait croissant. Il a publié une quantité impressionnante d’études et d’ouvrages sur la civilisation gréco-romaine, ainsi que de nouvelles traductions de Tacite, Cicéron, Sénèque le Jeune, Plaute et Térence. Pour diffuser cet esprit latiniste et helléniste dans le grand public, Pierre Grimal a aussi publié quelques romans dont l’intrigue se situait dans une ambiance antique, dont les « Mémoires d’Agrippine » et le « Procès Néron ». En 1981, Pierre Grimal contribue, avec d’autres latinistes, à réhabiliter la figure de Jérôme Carcopino, en publiant un ouvrage collectif sur cet enseignant, ce professeur de latin, à qui nous devons une immortelle « Vie quotidienne dans la Rome antique ». Poursuivi par la vindicte obsessionnelle d’incultes, perclus de haine, Jérôme Carcopino avait été mis à l’index en 1945, pour avoir exercé des fonctions au sein du ministère vichyste de l’enseignement. Le secrétaire de Carcopino, Galic, dirigera plus tard l’hebdomadaire « Rivarol », qui accueillera nos compatriotes Poulet et Wéry. L’œuvre de Pierre Grimal est là, présente en nos murs : sur base de ce travail immense, la renaissance de la culture européenne, un jour, adviendra.
[Il décède le 11 octobre 1996.]

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Venus, una dea romana

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Salvatore C. RUTA:

Venus, una dea romana

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Le dossier Céline exhumé

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Marc Laudelout:

 

Le dossier Céline exhumé

 

Encore un événement célinien : la publication, soixante ans après les faits, du « dossier Céline ». Extrait des archives de l'ambassade de France à Copenhague, il montre, documents à l’appui, pourquoi Céline n'a pas été extradé du Danemark, échappant ainsi à une mort certaine. Conservé aux archives du ministère  des Affaires étrangères, le dossier d'extradition – normalement « réservé » jusqu'en 2051 –  a pu être consulté, grâce  à  une  dérogation exceptionnelle  obtenue  par David Alliot. Il le publie sous le titre L'affaire Louis-Ferdinand Céline.

 

En décembre 1945, Céline est repéré à Copenhague par une Danoise : « La quarantaine, vaguement danseuse, entraîneuse, la donneuse type... j'ai senti le couperet dès la première vue... », écrira-t-il plus tard. Le gouvernement français demande aussitôt son extradition  pour « haute trahison » et  l'ambassadeur de  France,  Guy de Charbonnière, multiplie les démarches. À son propos, l’auteur évoque son itinéraire diplomatique qui passe notamment par Londres, Vichy et Alger.

 

Sur le principe, les Danois sont d'accord. Céline a tenu sous l'Occupation des propos en faveur de la collaboration avec l'Allemagne. Il est arrêté le 17 décembre. « Mais tous les protagonistes savent que l'extradition immédiate de Céline équivaut à un arrêt de mort », rappelle David Alliot.

 

Dès lors, une bataille juridique et diplomatique s'engage.  Ce sont ces dizaines de télégrammes, lettres diplomatiques,  correspondances privées,  qui sont aujourd'hui publiés. « Une partie des documents était connue, mais on n'avait pas une vision d'ensemble », explique Alliot. Les autorités danoises demandent « une spécification détaillée des chefs d'accusation retenus contre l'inculpé » et invitent un représentant de la police française à venir l'interroger au Danemark.  Aucun enquêteur français ne fera jamais le déplacement.

 

« Charbonnière fait une grave erreur en jouant sur le délit d'opinion,  la justice scandinave est très pointilleuse  sur ce point : on ne  condamne  pas le délit d'opinion », souligne l’auteur. Lorsque le biographe de Céline, François Gibault, rencontra Charbonnière, celui-ci se défendit d’avoir manifesté un  quelconque acharnement  contre l’écrivain dont il admirait, disait-il,  Voyage  au  bout de la nuit  et  Mort à crédit (!). Au pasteur Löchen, il déclara ne pas apprécier son « vocabulaire ordurier » (sic).  Le souci de ne pas demeurer dans l’histoire littéraire comme l’adversaire résolu de Céline est patent :  il y a quelques années, lors d’une réunion célinienne à Paris, l’auteur de ces lignes rencontra une petite-fille de l’ambassadeur qui prétendait  que son grand-père avait tout tenté pour tempérer  la vindicte  qui se manifestait  alors en France à l’égard de  Céline (!).  Verba volant, scripta manent : le dossier diplomatique montre, bien au contraire le zèle dont il fit preuve pour faire extrader l’écrivain emprisonné. Il révèle aussi le rôle joué par un certain Samuelson, correspondant de l’A.F.P.  à Copenhague puis journaliste au quotidien communiste Franc-Tireur (dont le rédacteur-en-chef était, soit dit en passant, Georges Altman, grand admirateur du Voyage).  Mis en cause  par ce journaliste, Charbonnière se voit contraint d’activer les procédures visant Céline  afin de ne pas essuyer le soupçon de  passivité coupable dans ce dossier.

 

Mais l'ambassadeur se heurte au « rigorisme juridictionnel des Danois », qui refusent jusqu'au bout d'extrader l'écrivain, et se plaint amèrement de n'avoir « reçu qu'un appui dérisoire des autorités judiciaires françaises ». Et pour cause : sur le plan juridique, son dossier est quasi vide.  Rien d’étonnant à cela : se comportant sous l’Occupation tel un électron libre, Céline ne s’engagea dans aucun mouvement de collaboration et n’eut aucune  activité proprement politique.  Alors  qu’il est  détenu à la prison de Copenhague, les autorités françaises iront même jusqu’à mentionner dans le dossier à charge Guignol’s band et la préface à Bezons à travers les âges en précisant que ces textes sont favorables à l’Allemagne, ce qui est pour le moins fantaisiste. On comprend que la Justice danoise ait été peu encline à livrer Céline aux épurateurs français. Même si, comme l’observe Alliot, « Charbonnière joue son va-tout auprès des autorités danoises, n’hésitant pas à exagérer, voire inventer des charges qui n’existent pas ! ». Et de renvoyer à la note –  adressée le 26 septembre 1946 au Ministre danois des Affaires Étrangères – qui en atteste. Démarche assurément peu  sympathique que l’on ne peut s’empêcher de mettre en parallèle avec l’appréciation peu flatteuse de Paul Morand : « ...Sinistre Charbonnière, lapin à guêtres que j’ai pratiqué en 39, à Londres, dont la tête Vélasquez m’exaspérait déjà... ».

 

Mais l’écrivain trouvera aussi au Danemark d’efficaces alliés en la personne du ministre Federspiel, du grand résistant  Dedichen, du haut fonctionnaire Seidenfaden et bien entendu de l’avocat Mikkelsen. C’est à ces « Danois qui ont sauvé Céline » que ce livre est justement dédié.

 

L’écrivain sera finalement jugé par contumace en février 1950 à Paris. Mais cinq ans après la fin la guerre, les passions sont apaisées. « L'accusation d' “atteinte à la sûreté extérieure de l'État” n'a pas été retenue, ce qui, par effet de miroir, justifie la procédure danoise », écrit Alliot.

 

Il s'en tire, comme on sait, avec un an de prison (couvert par la préventive au Danemark), 50.000 francs d'amende et une mesure d'indignité nationale.

 

Un an plus tard, l’un de ses avocats français obtiendra même l'amnistie pour son client au titre de « grand invalide de guerre », en présentant son dossier sous la véritable identité de l'écrivain, Louis-Ferdinand Destouches. Aucun magistrat ne fera le rapprochement et, grâce à la complicité d’un Commissaire de gouvernement passablement antigaulliste, Céline obtiendra gain de cause. L’épilogue est connu...

 

Il convient de saluer le travail rigoureux de David Alliot qui, dans une pertinente préface, éclaire les divers documents diplomatiques et articles de presse qui constituent ce dossier. Il esquisse même un historique des relations franco-danoises, rappelle ce que fut la politique danoise dite « de compromis » avec les occupants allemands et les liens que Céline tissa avec le Danemark avant-guerre.  L’auteur montre enfin que si Céline a incontestablement bénéficié de circonstances favorables, c’est l’attachement viscéral des Danois aux stricts principes du droit qui a tout autant joué en sa faveur. La maladresse de Charbonnière fit le reste.  Qui s’en  plaindra  hormis les anticéliniens rabiques qui regrettent encore aujourd’hui que Céline n’ait pas été extradé ?  Et l’on sait  ce que cela signifiait alors...

 

Marc LAUDELOUT

 

David Alliot, L’Affaire Louis-Ferdinand Céline. Les archives de l’ambassade de France à Copenhague, 1945-1951, Éd. Horay, coll. « Les singuliers », 184 p., ill.

 

Sur le même sujet, il faut naturellement consulter l’indispensable Images d’exil. Louis-Ferdinand Céline, 1945-1951. Copenhague-Korsør, Du Lérot, 2004.    

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mardi, 20 novembre 2007

Sur l'oeuvre de Benedetto Croce

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Sur l'oeuvre de Benedetto Croce

20 novembre 1952: Mort du grand philosophe italien Benedetto Croce. Né dans une vieille famille napolitaine le 25 février 1866, il perd ses parents et sa sœur lors d’un tremblement de terre en 1883. Il s’inscrit intellectuellement dans la tradition de Labriola, qui l’initiera à Hegel, au néo-idéalisme et au marxisme. En 1903, il fonde la revue « La Critica », qui sera ensuite reprise par l’éditeur Laterza. Sénateur en 1919, il sera par la suite ministre de l’instruction publique dans le cinquième et dernier gouvernement Giolitti, en 1920-21, avant la Marche sur Rome des fascistes.

Croce n’acceptera jamais ce coup de force d’octobre 1922. Il rompra avec le régime après l’assassinat de Matteotti en 1924. De même, il coupera les ponts avec son disciple le plus brillant, Giovanni Gentile, qui, lui, adhèrera entièrement au régime nouveau. Cette rupture a dû être particulièrement douloureuse, car Gentile fut l’un des tout premiers collaborateurs de « La Critica ». En 1925, Gentile publie un « manifeste des intellectuels fascistes » auquel Croce répond immédiatement par un « manifeste des intellectuels anti-fascistes ». Après la publication de cette déclaration de principes, Croce disparaît complètement de la vie politique italienne, pour revenir en 1944, dans le gouvernement Badoglio, où il sert de « monsieur-bons-offices » pour tenter de réconcilier l’ensemble très disparate des formations politiques se proclamant, sur fond de défaite allemande, « anti-fascistes ».

Tâche qui fut manifestement ingrate, car il donne sa démission dès le 27 juillet. Il dirige ensuite le nouveau « Parti Libéral » italien, mais, déçu, s’en retire dès 1946. Que retenir aujourd’hui de la philosophie de Benedetto Croce ? Elle est essentiellement un prolongement, mais un prolongement critique, de la philosophie de Hegel. Croce, comme Hegel, voit en l’ « esprit » la force motrice de l’univers et de l’histoire. L’esprit produit des idées, qui mûrissent, qui génèrent des projets pratiques ; ceux-ci modifient le cours de l’histoire. Pour Hegel, la dialectique est duale : la thèse règne, l’anti-thèse émerge ; le choc entre les deux produit une synthèse. Cette synthèse devient nouvelle thèse, qui, à terme, sera challengée par une nouvelle anti-thèse ; conflit qui débouchera sur une nouvelle synthèse, et ainsi de suite. Croce estime cette dialectique hégélienne trop réductrice. Il affine la notion de dialectique en évoquant les « distinctions » ou « différences » qui innervent la réalité, s’entrechoquent, mais non de manière binaire et générale, mais d’innombrables façons à d’innombrables niveaux dans la complexité infinie du réel. Croce doit ce correctif qu’il apporte à la dialectique de Hegel, en ultime instance, au philosophe italien du 18ième siècle, Gianbattista Vico. Seule une bonne connaissance de l’histoire, de l’histoire d’une discipline ou d’une activité humaine, comme le droit ou l’économie, permet de saisir les chocs, conflits et différences qui forment le mouvement dialectique du monde.

L’histoire éclaire donc la genèse des faits. Elle est indispensable à la connaissance de l’homme politique. C’est pourquoi Croce critique le libéralisme issu de la philosophie des Lumières, car celui-ci ne table que sur des idées générales, dépouillées de toute profondeur historique, ce qui les rend inopérantes pour saisir l’infinie prolixité du réel. Giovanni Gentile, partant des mêmes postulats philosophiques, entendait épouser cette prolixité par des actes volontaires précis, interventionnistes, directs et rapides. Pour lui, le fascisme représentait un mode de ce volontarisme. Benedetto Croce estimait que seule la notion libérale de liberté pouvait harmoniser conflits et différences et amortir les chocs entre ces dernières. Tous deux estimaient toutefois que l’histoire est à la fois pensée et action. Giovanni Gentile sera assassiné en 1943. Benedetto Croce meurt à Naples le 20 novembre 1952 (Robert Steuckers).

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Karl F. Eichhorn

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Eichhorn: juriste et historien du droit

20 novembre 1781: Naissance à Iéna du grand juriste et historien du droit allemand Karl Friedrich Eichhorn. Sa carrière sera essentiellement universitaire. Formé en droit et en histoire, Eichhorn deviendra l’un des principaux historiens du droit germanique, en même temps que son ami et collègue Friedrich Carl von Savigny.

Eichhorn avait brigué la carrière d’un jurisconsulte du Saint Empire, dissous en 1806 par l’illégitimité bonapartiste. Secrètement, puis ouvertement, il adhère au « Tugendbund » (à la « Ligue de Vertu »), qui prépare, en Allemagne, l’insurrection contre la tyrannie française. Il sera l’un des premiers universitaires, avec le philosophe Fichte, à se porter volontaire lors de la guerre de libération, où, officier d’une troupe, il se distinguera au combat. Après la disparition du bonapartisme, Eichhorn et Savigny s’attèleront tous deux à la rédaction d’une revue d’histoire du droit, fondant par là même une méthodologie historique, où tout droit légitime puise dans un passé, dans un droit antérieur, et, par voie de conséquence, et a contrario, tout droit rupturaliste, visant l’éradication des legs du passé et la politique de la « table rase », est foncièrement illégitime.

L’idée de « droits naturels », tombés du ciel, de l’empyrée des idées pures, n’est pas tenable en pratique, selon Eichhorn. Sur le plan politique, Eichhorn sera tout à la fois un défenseur des combattants de la libération de 1813-14, un critique des mesures restauratrices en Prusse, mais aussi un adversaire des modèles constitutionnels tout faits, décrétés prêts à l’emploi, abstraits et sans profondeur temporelle que certains révolutionnaires entendaient appliquer tout de suite. Bon orateur et bon pédagogue, Eichhorn attirait un public impressionnant à l’université, où l’on venait l’écouter avec respect et passion. Malheureusement, son état de santé a rapidement décliné, contrairement à celui de Savigny, homme robuste, et ses activités professorales ont dû d’abord se réduire à partir de 1818, pour cesser définitivement en 1824.

Il demeure une référence, dans la mesure où il fonde une méthodologie historique en droit, qui sera ensuite étendue à l’économie par l’école historique allemande de Rodbertus et Schmoller, et récapitulée par le philosophe Dilthey. Eichhorn, dont la santé reviendra partiellement, fera encore une carrière comme membre du Conseil d’Etat prussien et du Tribunal Suprême du Royaume de Prusse. Il meurt à Cologne le 4 juillet 1854 (Robert Steuckers).

lundi, 19 novembre 2007

Il ritorno di Arturo Reghini

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Sandro CONSOLATO:

Il ritorno di Arturo Reghini

http://www.lacittadella-mtr.com/pdf/incipit_23.pdf...

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Souffrance à distance

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« La souffrance à distance »
Par Luc Boltanski

Pendant la guerre qui déchirait l'ex-Yougoslavie, au cœur d'une Europe impuissante à interrompre les massacres, l'auteur s'efforça d'analyser les contradictions de l'action humanitaire. Ce livre fut d'abord publié en 1993. La réédition de cet ouvrage est accompagnée d'un chapitre supplémentaire intitulé « La présence des absents ». Elle est prolongée par une postface où l'auteur précise les enjeux de ce travail dans sa biographie intellectuelle et explicite l'importance du contexte historique dans lequel l'ouvrage fut conçu. Ces ajouts donnent plus de clarté aux complexes et érudites analyses de la sociologie historique.

Précisons que le lecteur ne trouvera pas d'analyse des développements contemporains de la politique humanitaire. Pas d'analyse, non plus, de la division du travail humanitaire, des rapports entre médias et ONG, des évolutions du droit international, de la délégation de pans entiers de la politique sociale aux associations humanitaires, de ses effets sur les publics concernés.

Parce que l'action humanitaire ne parvient pas à faire émerger une solidarité planétaire, parce qu'elle favorise l'apparition d'agaçantes individualités narcissiques (cf. B. Kouchner) qui semblent privilégier la réalisation de soi aux dépens de l'engagement altruiste, de nombreux critiques dénoncent dans le développement de l'humanitaire une impuissante célébration d'un retour de la bonté ou charité, cache-sexe de l'inaction politique, ou moquent le cynisme des belles carrières publiques de certaines figures du secteur.

La position du sociologue est différente. Il utilise un cadre d'analyse dit « pragmatique », qui consiste à suivre les acteurs, à éclairer les principes de leur action et à s'attacher aux contradictions dans lesquelles cette action se déploie. Par là, il espère donner de nouveaux moyens pour l'action, des accroches originales pour une critique qui serait interne et se montrerait finalement bien plus efficace que les dénonciations externes, désamorcées par leur arrogante extériorité. L'auteur affirme : « Pour une politique de la pitié, l'urgence de l'action à mener pour faire cesser les souffrances invoquées l'emporte toujours sur la configuration de la justice. » Notre espace public démocratique, qui est né au XVIIIe siècle, mobilise et fédère les citoyens par l'émotion plus que par la délibération. C'est pour cette raison qu'il importe de comprendre en quoi le discours sur la souffrance du monde est aussi une parole agissante et à quelle condition cette parole peut entrer en crise, comme c'est le cas aujourd'hui.

Le sociologue distingue trois formes de représentation de la souffrance qui constituent, depuis le XVIIIe siècle, les principaux modes d'engagement moral du spectateur : la dénonciation, où est conduit le procès d'un persécuteur ; le sentiment, où s'organise une équivalence émotionnelle entre le spectateur et le bienfaiteur ; enfin, l'esthétique, où le spectateur s'identifie au peintre plutôt qu'à l'horrible situation du malheureux.

Enfin, pour l'auteur, la « crise de la pitié » et ses formes contemporaines ne doit pas justifier un cynisme généralisé qui déboucherait sur un renoncement à toute action politique par la morale. Malgré la suspicion croissante qui pèse sur les médias, nourrie d'ailleurs par certains travaux de sciences humaines, la politique de la pitié apparaîtrait comme « indépassable ».

Quelles sont donc ces incertitudes qui ont déstabilisé l'action sur la « souffrance à distance » ? Pour l'auteur, c'est d'abord le brouillage de la distinction entre victimes et persécuteurs (c'est l'effet du stalinisme sur le mouvement social) ; c'est ensuite la critique des manipulations sensationnalistes des médias (c'est l'exemple de la première guerre du Golfe) ; c'est enfin la crise du cadre national face à l'expansion de l'action humanitaire.


Georges Lenormand
© Polémia
07/09/07


Luc Boltanski, « La souffrance à distance », folio essais, 2007, 520 pages, 7,79 euros.

Sur James Ensor

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Sur James Ensor

19 novembre 1949: Mort du grand peintre Ostendais d’origine anglaise, James Ensor. On connaît très bien l’œuvre magnifique d’Ensor, ses tableaux et eaux-fortes satiriques, comme la Joyeuse Entrée du Christ à Bruxelles. Et tant d’autres chefs-d’œuvre ! Mais ce qui est beaucoup moins bien connu, c’est l’influence qu’a exercé sur lui, du moins dans ses jeunes années, la théosophie de Madame Blavatsky.

Récemment, dans un ouvrage de l’année 2001 (*), l’historien de l’art ostendais John Gheeraert a exploré l’influence de la théosophie de Mme Blavatsky sur la maturation intellectuelle du jeune Ensor. Gheeraert a découvert en effet que celle-ci a passé un an de sa vie (entre 1886 et 1887) à Ostende. Et que c’est là, dans cette cité balnéaire que l’on appelait à l’époque la « reine des plages », qu’elle écrivit son livre le plus connu, « La doctrine secrète », bible des théosophes. Ensor y a puisé la majeure partie de son inspiration, ce qui l’a conduit à entretenir une longue amitié avec une autre théosophe anglaise célèbre, Alexandra David-Neel, qui fut la première femme à avoir séjourné au Tibet et à avoir pénétré dans Lhassa, la « Cité interdite ».

Pendant cette amitié, Ensor aurait entrepris quelques voyages à Londres, pour y visiter des « gnostiques » anglais. Cette visite est la suite logique d’une lecture enthousiaste de « La Doctrine secrète » de Madame Blavatsky. Pour Gheeraert, ce sont surtout les chapitres sur la Kabbale, sur la numérologie juive à l’époque de notre moyen âge, sur les guerres menées dans les sphères ouraniennes, ainsi que les références au poète anglais Milton. Dans « Paradise Lost », Milton décrit la lutte entre les anges de la lumière et les anges de l’obscurité, qu’il mettait en rapport avec un tableau de Brueghel, « La chute des anges rebelles ». Ce théosophisme diffus, dans l’œuvre d’Ensor, aurait pu isoler l’artiste de la société, ou du moins en faire un sympathique marginal sans amis, connu pour son seul talent. Rien n’est moins vrai : Ensor avait le soutien de personnages aussi différents qu’Emile Verhaeren, que le socialiste Edmond Picard (figure aujourd’hui controversée, pour raison d’ « incorrection politique »), que l’écrivain Eugène Demolder et de bien d’autres. L’enquête de Gheeraert doit être poursuivie et approfondie. Elle indique le rapport essentiel entre ésotérisme (traditionaliste ou non) et univers de la peinture, rapport que l’on retrouve chez certains surréalistes, chez Evola, chez Eemans, chez de Chirico (Robert Steuckers).

(*) John Gheeraert, De geheime wereld van James Ensor. Ensors behekste jonge jaren (1860-1893), Uitgeverij Houtekiet, Antwerpen/Baarn, 2001.

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dimanche, 18 novembre 2007

La lie devient exemple...

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La lie devient exemple...

“Les hommes sensés de Lacédémone montraient à leurs enfants un ilote ivre, pour leur faire voir ce qu'ils ne devaient pas être.
Ensuite un temps vint où les hommes sensés (ou tenus pour tel) montrèrent à leurs enfants un ilote ivre, pour leur faire voir ce qu'ils devraient être.
Enfin l'ilote ivre, devenue le modèle idéal, montra à ses enfants l'homme sensé, pour leur faire voir ce qu'ils ne devaient pas être.”

Henry de Montherlant, “la Marée du soir”, cité dans “Vitalisme et Vitalité” de Bruno Favrit.

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