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lundi, 11 février 2019

Que reproche exactement la France à l'Italie ?

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Que reproche exactement la France à l'Italie ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le gouvernement français vient de rappeler son ambassadeur à Rome. Il s'agit du premier geste de cette gravité au sein des Etats de l'Union européenne. La France doit avoir des raisons très fortes pour ce faire.

Ce qui n'est pas le cas. La ministre française des Affaires européennes a expliqué que le gouvernement voulait répondre à l "ingérence malvenue" des responsables italiens dans les affaires internes de la France. En effet, en début de février, le vice-premier ministre italien, Luigi Di Maio - chef de file du mouvement se disant « antisystème » M5S - avait traversé les Alpes pour rencontrer des Gilets Jaunes mobilisés depuis plusieurs semaines contre Emmanuel Macron. Il leur aurait demandé, selon des informations non confirmées, ce qu'ils attendaient pour faire tomber Emmanuel Macron ?

La démarche est certainement inusitée et justifiait une réponse sévère de la France. Mais fallait-il en arriver à une quasi-rupture des relations diplomatiques?  En d'autres temps, celle-ci aurait été vite suivie d'une déclaration de guerre.

On a tout lieu de penser qu'Emmanuel Macron s'est fait sur ce dossier l'interprète de Washington qu'inquiète les gestes de bonne volonté du gouvernement italien à l'égard de Moscou. Celle-ci s'est déjà traduite par des rencontres bilatérales et pourraient conduire à des accords économiques, via notamment le Brics. Certes la France dispose d'une puissance économique et militaire supérieure à celle de l'Italie, mais n'aurait aucune raison de compromettre ses relations avec un grand pays voisin, qui partage beaucoup d'objectifs communs, notamment la lutte contre l'immigration clandestine et la coopération en mer Méditerranée. De plus, les échanges entre populations sont très nombreux, notamment dans de larges zones situées de part et d'autre de leur frontière commune.

Emmanuel Macron s'est fait en outre l'interprète des institutions de l'Union européenne et d'un certain nombre d'Etats qui s'inquiètent des ambitions dites « populistes » du gouvernement de Rome. En fait le populisme est un mot destiné à stigmatiser les pays qui commencent à refuser le poids pris, là encore, à travers un régime de pseudo démocratie parlementaire, par des institutions communautaires au service des multinationales financières américaines.

Nul ne sait si le « populisme » italien résistera aux offensives multiples qui s'annoncent contre l'Italie. Nul ne sait si au contraire il ne fera pas école dans un certain nombre d'Etats européens qui, sans aller encore à envisager une sortie de l'Union, désirent de plus en plus s'émanciper de la tutelle atlantique que celle-ci représente. En attendant, souhaitons que Luigi Di Maio ne fasse aucune concession pour mériter le retour d'un ambassadeur français à Rome. Il peut très bien s'en passer. La coopération passe par des services diplomatiques qui font très bien leur métier seuls.

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