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lundi, 05 octobre 2020

Le recentrage des puissances anglo-saxonnes sur les enjeux stratégiques de la guerre de l’information

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Le recentrage des puissances anglo-saxonnes sur les enjeux stratégiques de la guerre de l’information

Intelco/DCI puis l’Ecole de Guerre Economique ont défendu depuis plus d’un quart de siècle l’importance capitale qu’allait prendre la guerre de l’information dans la hiérarchie des modes de confrontation.  En septembre 2020, les lignes se mettent à bouger de manière incisive dans le monde anglosaxon. Aux Etats-Unis, la House Intelligence Committee qui est la commission chargée d’évaluer les activités des agences de renseignement américaine estime qu’elles ne font plus le poids face à la Chine. Selon elle, l’erreur majeure qui a été commise sur le plan stratégique est d’avoir considéré que la menace majeure état le terrorisme alors qu’en réalité c’était la Chine.

Une fois de plus, il est question de grille de lecture et d’ordre de grandeur (notions qui ont perdu beaucoup de sens dans un pays comme le notre). Les membres de la House Intelligence Committee posent une question de bon sens : Qu’est-ce qui est le plus vital pour les Etats-Unis :

Présenté ainsi, la problématique est plus simple à lire. Vue de Washington, la réponse est d’autant plus claire. La priorité n’est plus le court terme et l’écoute des peurs de l’opinion publique. L’avenir des Etats-Unis ne se joue pas dans le storytelling d’un Ben Laden et des fantasmes de la folie islamique, il se joue à Pékin ainsi que dans les jeux croisés des puissances en embuscade telles que la Russie, l’Iran ou la Turquie. Autrement dit, la priorité est de contrer la Chine.

Pendant que les Etats-Unis concentraient leurs forces sur le Moyen, la Chine communiste profitait de cette focalisation pour étendre ses moyens de ses services de renseignements pour piller technologiquement les pays les plus avancés, prendre à revers les puissances occidentales sur les continents où elles s’affaiblissaient, notamment en Afrique et multiplier les jeux d’alliance partielle avec la Russie et l’Iran et des économies émergentes susceptibles de la rendre encore plus forte sur le plan international.

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La CIA sommée de structurer une guerre de l’information plus efficace contre la Chine

L’élu démocrate, Adam Schiff qui préside cette commission estime qu’il faut revoir les objectifs stratégiques du renseignement américain, en faisant passer la Chine en priorité absolue afin de la contrer dans le domaine de l’espionnage, du cyber mais aussi celui de la guerre de l’information par le contenu. Contrairement aux lendemains de la seconde guerre mondiale où la jeune CIA pouvait s’appuyer sur différents types de relais extérieurs (1) y compris  culturels, pour contrer l’influence soviétique :

  • Dissidents politiques du Komintern.
  • Intellectuels tels que Raymond Aron.
  • Ecrivains (Arthur Koestler, George Orwell);
  • Artistes (peinture, musique).
  • Journaux alternatifs, revues.
  • Maisons d’édition.

En 2020, les services de renseignement américains travaillent désormais dans un contexte très différent. Il leur faut reconstruire une démarche nouvelle de contre-information et de contre influence alors que le tissu politico-culturel nord-américain était entrain d’être fortement pénétré par les intérêts chInois, y compris dans l’industrie du spectacle d’Hollywood.

Le changement de la doctrine de Défense de la Grande Bretagne

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Sans être aussi explicite que la House Intelligence Committee américaine, le pouvoir exécutif britannique par la voix du général Nick Carter (photo) estime qu’il faut prendre bien plus amont les risques de confrontation  avec les « compétiteurs » du monde occidental. Dit poliment, en l’occurrence la Chine et la Russie. Pour neutraliser le passage à l’acte d’un adversaire potentiel, les Britanniques estiment qu’il faut accorder beaucoup plus d’importance aux manœuvres de basses intensité qui affectent le terrain politique économique et sociétal. Il est question de dissuasion dans la manière de montrer ses capacités de neutralisation des coups informationnels initiés par les puissances rivales. Ce changement de cap affecte la répartition des crédits et réduit la voilure des forces conventionnelles. Selon Raphaël Chauvency, officier français basé en Grande Bretagne, il s’agit pour leurs forces armées de contrer les compétiteurs du royaume dans les champs immatériels situés « sous le seuil de la conflictualité » et de répondre sur les terrains juridique, moraux, éthiques etc. Il considère qu’un conflit général « plus politique que cinétique » vise dès maintenant à « saper la cohésion, à éroder la résilience économique, politique et sociale ».

En France, le CAPS (2) avait donné en 2018 une vision partielle de l’importance des manipulations de l’information. Il n’avait pas pris en compte la dimension stratégique de l’erreur relevée par la House Intelligence Committee des Etats-Unis d’Amérique. Dans le même ordre d’idées, les préconisations du CAPS n’étaient pas non plus à la hauteur des enjeux de la guerre de l’information multidimensionnelle qui se développe aujourd’hui sur des fronts très différenciés. Le discours très politiquement correct affiché par cet organisme a atteint ses limites. Le recentrage des puissances anglosaxonnes sur les enjeux stratégiques de la guerre de l’information est une fois de plus une alerte que nous allons ranger dans des cases appauvrissantes sur le plan stratégique. Parler de travailler sur les effets comme e font certains officiers généraux de l’armée de terre française ne suffit pas, il faut se donner les moyens d’être réellement crédibles sur le plan offensif. Sur ce plan précis, la vision politique de la France reste encore très très loin du compte.

Christian Harbulot

Notes

1- Frances Stonor Saunders, Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle, (traduction française du texte paru en 1999), Paris, Denoël, 2003.

2- Lesmanipulationsdel’informationCAPS

Artsakh : le retour des empires

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Artsakh : le retour des empires

Ex: https://institutdeslibertes.org

À tous ceux qui pensent qu’une armée est inutile et que la guerre entre États est improbable, le conflit qui vient de se déclencher en Artsakh apporte un démenti cinglant. Région disputée par l’Arménie et l’Azerbaïdjan depuis 1991, la chute de l’URSS et l’indépendance de ces deux républiques, l’Artsakh pour les Arméniens, le haut Karabagh pour les Azéris est une frontière chaude et un conflit larvé qui dure. Bien que le conflit soit gelé celui-ci n’est pas éteint. Les événements qui s’y déroulent depuis dimanche montrent qu’un conflit qui sommeille peut se réveiller à tout instant.

Nous avons ici un classique jeu de puissance à plusieurs échelles et à plusieurs coups. L’échelle nationale d’abord. Une région disputée par deux États, chacun proclamant sa légitimité et la portant au niveau international. Impossible de départager les belligérants, les deux ont à la fois raison et tort quant à leurs droits et à leurs antériorités. L’Artsakh est occupé de fait par l’Arménie et peuplé à près de 90% par des Arméniens. C’est également, comme le Kosovo pour les Serbes, une région historique du berceau arménien. Durant l’époque soviétique, l’oblast du Haut-Karabakh était rattaché à la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan. Bakou s’appuie sur cet été de fait pour réclamer le retour de la région dans son giron.

Une guerre sans solution

C’est une situation insoluble, chaque pays pouvant invoquer des éléments de droit qui lui donne raison et donc justifier de la légitimité de sa position. Depuis 1991, aucune solution n’a été trouvée ni par l’ONU ni par le groupe de Minsk, présidé par les États-Unis, la France et la Russie et pourtant chargé de régler le problème. On avait fini par penser que le temps et la lassitude régleraient un conflit embrouillé. C’est oublier que les guerres de civilisation ne peuvent avoir de solution pacifique. Un même territoire convoité par deux peuples, deux religions, deux histoires sur lequel les uns et les autres se mêlent ne peut trouver d’issu que dans l’éviction d’un des deux peuples, c’est-à-dire dans une purification ethnique. À défaut de quoi le conflit s’enlise et dure. Or des purifications ethniques la région en a connu beaucoup au cours du dernier siècle dans les limites géographiques du vaste territoire qu’il a un temps contrôlé. Les deux pays étant de forces égales, aucun ne peut prendre l’ascendant sur l’autre.

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Comme dans tout conflit gelé il y a, de façon régulière, des escarmouches et des attaques afin de rappeler la réalité du conflit et des tensions. L’attaque est un message envoyé à l’adversaire, lui rappelant que l’on convoite toujours la zone, et un message envoyé à sa population, afin de lui rappeler qu’il faut rester en éveil, car sous la menace d’un ennemi. L’Azerbaïdjan étant en proie à des difficultés économiques et politiques il est utile de raviver ce conflit afin de souder le peuple autour de son dirigeant et de dépasser ainsi les tensions internes. C’est néanmoins un jeu dangereux qui parfois tourne mal, comme en firent l’amère expérience les colonels argentins avec l’expédition des Malouines.

Une guerre turque

Mais en réalité ce n’est plus une guerre qui oppose Arménie et Azerbaïdjan, c’est un conflit turc qui s’inscrit dans le cadre de l’expansion de la Turquie. L’Azerbaïdjan ici n’est plus autonome ; Bakou est le jouet d’Ankara. Le conflit de l’Artsakh est l’un des épisodes des offensives conduites par Erdogan, en Libye et en Syrie d’abord, contre la Grèce et en Méditerranée orientale ensuite. Cette attaque est peut-être une façon de camoufler l’échec subi en Méditerranée orientale ou bien une manière d’ouvrir un troisième front afin de peser sur les négociations à venir autour du gaz et de Chypre. On imagine très bien Ankara s’engager à partir de l’Artsakh à condition que les Européens lui donnent un bout de la ZEE grecque. Comme dans toute guerre, l’Artsakh est une fausse bataille, une diversion pour tenter d’obtenir un morceau plus gros. Mais force est de reconnaître qu’Ankara a très bien mené la partie.

La Turquie a ainsi envoyé en Azerbaïdjan plusieurs milliers de mercenaires islamistes qui combattaient en Syrie au côté de l’État islamique. Embauchés pour un contrat de trois mois au tarif de 1800 dollars par mois, ces mercenaires ont été transportés par avion jusqu’en Turquie puis par camion en Azerbaïdjan. L’internationale des mercenaires islamistes, présente au Sahel et en Libye, officie désormais dans le Caucase. D’après des sources concordantes, le célèbre terroriste syrien Abu Amsha, commandant de la brigade de Suleiman Shah, devenu célèbre dans les combats en Libye, est également arrivé en Azerbaïdjan. Ses hommes sont définis comme « les pires tueurs », caractérisés également par une haine extrême envers les chrétiens « infidèles ».

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À la manœuvre on retrouve également les fameux drones turcs, qui ont fait merveille en Libye, et des F-16 qui ont détruit au moins un soukhoï arménien. L’observation des lignes aériennes sur les sites spécialisés montrent des avions de guerre turcs quittant la Libye pour se rendre en Azerbaïdjan. Les drones d’attaque Bayrakdar sont pilotés à distance par des experts militaires turcs en Azerbaïdjan. Ce conflit n’est pas une guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, mais une guerre contre la Turquie dont l’Azerbaïdjan n’est que le prétexte et le faire-valoir.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, s’est rendu à l’ambassade d’Azerbaïdjan en Turquie et y a réitéré le soutien « total » d’Ankara à Bakou. « Nous sommes aux côtés de l’Azerbaïdjan tant sur le terrain qu’à la table des discussions. Nous voulons désormais éradiquer ce problème. » Les journaux turcs soutiennent l’attaquent de l’Azerbaïdjan et la position du gouvernement Erdogan.

Le conflit ethnique entre Arméniens et Azéris est en train de se mouvoir en guerre religieuse par la grâce de la Turquie. Les mercenaires de l’EI disent combattre les infidèles et vouloir étendre le glaive de l’islam. C’est du moins ce que tente la Turquie : transformer ce conflit en guerre religieuse afin de prendre le commandement des croyants, comme au temps du calife. Une situation qui est loin d’être évidente, tant la Russie et l’Iran ne pourront pas laisser passer une telle offensive.

Russie et Iran, la permanence de deux empires

Défaite en Libye par les Turcs, la Russie ne peut pas laisser passer une ingérence d’Ankara au Caucase et une atteinte à son allié arménien. Nous sommes ici dans l’étranger proche russe, l’ancien territoire de l’URSS où Moscou ne souhaite pas que les Turcs interviennent. La Russie devrait rapidement calmer les ardeurs azéries, à condition que Bakou contrôle encore quelque chose. Il en va de même pour l’Iran, chiite aussi comme l’Azerbaïdjan et qui ne se laissera pas distancer par la Turquie dans la région. Ici, Ankara trouvera des pays beaucoup plus redoutables que la molle Europe, incapable pour l’instant de réagir aux provocations de la Turquie. Inaudible sur la Libye, inaudible sur la Grèce et Chypre, pourtant États membres, l’Union européenne est encore et toujours inaudible sur ce conflit. L’Allemagne ne bougera pas, le Royaume-Uni non plus, il ne reste donc que la France, co-présidente du groupe de Minsk et historiquement alliée de l’Arménie. Il y a urgence, d’une part parce que les combats sont intenses, d’autre part parce qu’on ne peut pas laisser Erdogan étendre son empire de façon infinie. Pour exister, les États ont besoin d’ennemi. Le retour du Turc sur la scène européenne et le renouveau de l’Empire ottoman pourrait être une occasion pour l’Europe de se redresser en considérant que l’histoire n’est pas finie et qu’il faut être prêt à sortir l’épée pour assurer la paix et la sécurité de sa population.

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

What U.S. Troops Are Really Doing In Syria

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What U.S. Troops Are Really Doing In Syria

U.S. policy toward Syria is defined by an absurdity that can’t be neatly untangled—a low-intensity regime change mission defined as anything other than its central mission.

By Michael Hall

Ex: http://www.informationclearinghouse.info

September 27, 2020 "Information Clearing House" -  James Mattis famously resigned from his secretary of defense post citing opposition to President Donald Trump’s order to remove U.S. troops from Syria. So it came as a mild surprise when it was recently confirmed that Mattis opposed a plan to assassinate Bashar al-Assad, the president of Syria. This opposition was a prudent move as deposing Assad would not end Syria’s civil war but throw the country into deeper chaos. But this seeming incongruity of Mattis the hawk contra Mattis the dove is representative of the larger contradictions in Washington’s Syria policy.

These contradictions arise from the fact that U.S. policy in Syria has always been centered around opposition to Assad, rather than the defeat of ISIS, whose caliphate was destroyed long before Trump’s withdrawal order.

Perhaps this contradiction is most glaringly seen in the justifications Washington offers for the U.S. military presence in Syria. We are frequently told we’re there for one reason only to be given a new reason a few months later. It’s hard not to notice.

We were told the ISIS caliphate had to be defeated. But they lost their last scrap of territory in March 2019. Denied a physical base of operations, those going under the name of ISIS today are—as far as legitimate U.S. interests are concerned—indistinguishable from any other ragtag Sunni militias. But a defeated ISIS still wasn’t enough to convince Washington to withdraw.

ISIS’s caliphate was destroyed, completing the military mission that brought U.S. troops to the country. Why then are our soldiers still there? We’ve also been told they’re over there to counter Iran (which, by the way, had the same goal of destroying the ISIS caliphate).

Years ago, we were told that it’s important to be in Syria to counter Russia too. But today this mission—if it can be called that—amounts to the occasional road rage incident involving convoys representing the world’s only two nuclear superpowers pathetically struggling for space on a road or wheat field. It’s notable that this reason was recently revived to justify the decision to send more troops to Syria.

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We’re also told that it’s important to support the Kurds and, though Washington has been quieter on this front lately, we were once told training and equipping anti-Assad militants was also vital. This latter notion resulted in an embarrassing situation where the CIA’s favored militants were fighting the Pentagon’s favored militants. These local groups have their own interests, but they shouldn’t be confused for America’s interests.

More recently, President Trump has touted a plan to “secure the oil” and his administration has paved the way for a U.S. company to manage some oil fields in the war-torn country. Trump has cited this as a reason for keeping the last few hundred U.S. troops in Syria. The thing is, ensuring American access to Syrian oil demands a certain level of security. More bluntly, it necessitates an endless occupation of Syria.

But, like any of the above reasons, it would be a mistake to accept that oil serves as the principal justification for the U.S. presence in Syria.

Trump has also defended the decision to keep a small contingent of troops in Syria by stating that Israel and Jordan asked him to keep our forces there. This justification was reaffirmed in a recent Trump rally where the president characteristically stated off-the-cuff, “The fact is, we don’t have to be in the Middle East, other than we want to protect Israel. We’ve been very good to Israel.”

What are we to make of this flurry of reasons for staying in Syria? It may be a little bit of each, but the overarching reason has always been to engage in a campaign of “regime change-lite,” tragically keeping Syria territorially divided in a simmering civil war and making Syrians bear the brunt of any—and there are many—negative consequences. This is why the United States originally armed anti-Assad rebels and why troops that were ostensibly sent to defeat ISIS have remained after the fall of the caliphate.

But viewing all these reasons together, it is dizzying to keep track of them. It is perhaps tempting to just take Trump at his word and assume that we’re actually there for the oil. While the amount of oil in Syria is a significant amount for Syrians, it’s nowhere near enough to be a vital concern for the United States. According to the U.S. Energy Information Association, the amount of oil in Syria is not even two percent of what Iran or Iraq boast, never mind America's own status as the number one oil producer in the world.

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In fact, this is what’s striking about all of the above reasons in this list—not one of the justifications is about something vital to the security of the United States. Instead of carefully deconstructing each reason, this bird’s eye view is all we need to make sense of this confusing list of inconsistent and constantly evolving justifications for staying in Syria.

One of the greatest contradictions in Washington’s Syria policy is not the reason(s) that we’re there but the fact that we haven’t left. At least twice now, there has been an order to withdraw that has never been carried out.

U.S. policy toward Syria is defined by an absurdity that can’t be neatly untangled—a low-intensity regime change mission defined as anything other than its central mission. Every now and then, we’re offered a new explanation for why our troops are in Syria. At this point, the best response is to say, “enough is enough.”

We don’t need to keep playing this game of roulette where Washington spins the wheel and tells us why our troops are there—it’s a racket and should be recognized as such. Syria’s problems aren't our problems and the only sensible option that comports with U.S. interests is a full withdrawal of American forces.

Michael R. Hall is the communications manager of Defense Priorities and a geopolitical analyst. Follow him on Twitter: @michaelryhall.

René Goscinny 1926 - 1977 - Un grand humoriste français

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René Goscinny 1926 - 1977

Un grand humoriste français

par Jacques Saint-Pierre

Ex: https://anti-mythes.blogspot.com

La bande dessinée fut longtemps une activité méprisée. Il fallut donc à René Goscinny un talent hors du commun pour imposer son œuvre dans l'imaginaire collectif des Français et de bien d'autres peuples. René Goscinny est né en 1926 à Paris. Ses parents n'ont été naturalisés Français que très peu de temps avant sa naissance. Il appartient en effet à une famille juive, originaire de l'Europe orientale et plutôt bourgeoise. Sur le plan philosophique, la famille est profondément laïque et le père de René sera même franc-maçon. En 1928, les parents et leurs deux fils, Claude et René, partent pour l'Argentine, où René passera toute sa jeunesse. Cependant, il n'y aura pas de rupture avec la culture française, car il fera toutes ses études au collège français de Buenos Aires. Il s'y révélera bon élève et obtiendra son baccalauréat en 1943. Il est alors fasciné par la bande dessinée encore balbutiante et par la littérature humoristique. A la suite du décès de son père en 1943, il doit travailler comme comptable, mais ne brille guère dans ces fonctions bien éloignées de ses préoccupations et de sa grande culture. En 1945, il quitte l'Argentine pour les Etats-Unis, où vit un de ses oncles. Sa mère et lui habitent New York et exercent divers petits emplois. Son service militaire, effectué à Aubagne, lui permet de renouer avec la France durant l'année 1946-1947

De retour aux Etats-Unis, la chance semble lui sourire lorsqu'il est engagé, en 1948, par une agence de publicité. Il publie aussi quelques livres pour enfants. A l'époque, Goscinny se considère encore comme un dessinateur. Il rencontre alors trois belges qui séjournent aux Etats-Unis et qui sont de futurs grands noms de la bande dessinée : Joseph Gillain (Jijé), André Franquin et Maurice de Bévère (Morris). Jijé fera comprendre à Goscinny qu'il a un véritable talent de scénariste et non de dessinateur. Ne sentant pas venir la réussite à New York, Goscinny se tourne vers le pays phare de la bande dessinée, la Belgique. A Bruxelles, il est engagé par la World's Press, agence de presse très proche des célèbres éditions Dupuis qui contrôlent Spirou. Il va exercer ses fonctions principalement à Paris, à partir de 1951, dans l’antenne parisienne de l'agence. Son travail lui permet de nouer une amitié solide avec le grand scénariste Jean-Michel Charlier et avec le dessinateur Albert Uderzo.

Couv_59377.jpgGoscinny et Uderzo créent ensemble la première version des aventures de l'indien Oum-Pah-Pah ainsi que les aventures du corsaire Jehan Pistolet. Les deux hommes se spécialisent. Goscinny réalise les scénarios et Uderzo les dessins. René mène une vie rangée, habitant avec sa mère à Paris et travaillant avec acharnement. Peu à peu, le succès lui sourit. Au milieu des années cinquante, il crée avec le dessinateur Sempé le personnage du Petit Nicolas, chronique tendre de l'enfance. En 1955, commence sa longue collaboration avec Morris, dont il va désormais écrire les scénarios de Lucky Luke. Il révèle un formidable talent d'humoriste dans la réalisation de ces parodies de westerns. Certains albums sont de véritables chefs-d'œuvre du genre. Aujourd'hui encore, les albums scénarisés par Goscinny n'ont pas vieilli.

Militant pour la défense des droits des auteurs de bandes dessinées face à leurs employeurs, il est licencié de la World's Press, mais Charlier et Uderzo le suivent. Ils créeront ensemble les agences de presse Edi-France et Edi-Presse. A l'époque, Goscinny travaille beaucoup pour Spirou, mais surtout pour Tintin, où il joue un rôle important.

AVT_Morris_3028.jpegEn 1959, l'hebdomadaire pour la jeunesse Pilote est créé avec le soutien de Radio-Luxembourg. Pilote, auquel il collabore activement, va cependant connaître un demi-succès et de réels déboires. En 1963, le propriétaire, Dargaud, nomme Goscinny et Charlier co-rédacteurs en chef. Ils augmentent la part de la bande dessinée dans l'hebdomadaire. Le succès est alors incontestable et Goscinny en devient directeur en 1967 Pilote sera une pépinière de talents et un espace de liberté. Goscinny y révélera ses qualités humaines et d'animateur d'une équipe très diverse.

Mais l'événement le plus marquant de sa carrière sera la création d'Astérix, en collaboration avec Uderzo, en 1959. Le succès de la série ne Français, mais aussi les étrangers, se passionnent pour les aventures du guerrier gaulois et de ses amis (Obélix, le druide Panoramix...) infatigables résistants à l'occupation romaine. En faisant rire ses lecteurs, Goscinny vient de créer un héros qui va devenir un véritable mythe. Le succès d'Astérix ne fera ensuite que s'amplifier.

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En 1962, il crée encore avec Tabary les hilarantes aventures du sinistre vizir Iznogoud, souvent totalement délirantes.

Les années qui suivront seront contrastées pour Goscinny. D'un côté, il rencontre un succès triomphal en tant qu'auteur, fait un mariage heureux en 1967 et devient père d'une fille, Anne, en 1968; mais, de l'autre, il va souffrir des conséquences des événements de Mai 1968. De nombreux collaborateurs de Pilote critiquent son relatif conservatisme et ébranlent son autorité. Déçu, il finira par en abandonner la direction en 1974.

Il s'intéresse de plus en plus au cinéma avec son grand ami Pierre Tchernia. Il participe largement à la conception des films à succès que seront Le Viager (1972) et Les Gaspards (1973). Puis il crée avec Uderzo les Studios Idéfix, destinés à produire des dessins animés de qualité. Deux incontestables réussites en seront le résultat : Les 12 travaux d'Astérix (1976) et La ballade des Dalton (1978).

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Il meurt en 1977 à 51 ans seulement, d'un accident cardiaque lors d'un test d'effort demandé par son médecin. Il laisse une œuvre considérable, qui continue d'enchanter ses lecteurs et dont l'audience est aujourd'hui mondiale. Astérix, par exemple, a été vendu à environ 300 millions d'exemplaires et traduit en plus de 120 langues. Son lectorat regroupe aussi bien des enfants que des adultes cultivés. Chaque lecteur apprécie une part différente de son talent à multiples facettes. Il est le créateur du seul héros mythique et patriotique créé en France au XXe siècle. Le père d'Astérix, grand humoriste, était aussi un grand Français.

Jacques Saint-Pierre, monde&vie, n°797, 28 juin 2008

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