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lundi, 05 octobre 2020

Le recentrage des puissances anglo-saxonnes sur les enjeux stratégiques de la guerre de l’information

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Le recentrage des puissances anglo-saxonnes sur les enjeux stratégiques de la guerre de l’information

Intelco/DCI puis l’Ecole de Guerre Economique ont défendu depuis plus d’un quart de siècle l’importance capitale qu’allait prendre la guerre de l’information dans la hiérarchie des modes de confrontation.  En septembre 2020, les lignes se mettent à bouger de manière incisive dans le monde anglosaxon. Aux Etats-Unis, la House Intelligence Committee qui est la commission chargée d’évaluer les activités des agences de renseignement américaine estime qu’elles ne font plus le poids face à la Chine. Selon elle, l’erreur majeure qui a été commise sur le plan stratégique est d’avoir considéré que la menace majeure état le terrorisme alors qu’en réalité c’était la Chine.

Une fois de plus, il est question de grille de lecture et d’ordre de grandeur (notions qui ont perdu beaucoup de sens dans un pays comme le notre). Les membres de la House Intelligence Committee posent une question de bon sens : Qu’est-ce qui est le plus vital pour les Etats-Unis :

Présenté ainsi, la problématique est plus simple à lire. Vue de Washington, la réponse est d’autant plus claire. La priorité n’est plus le court terme et l’écoute des peurs de l’opinion publique. L’avenir des Etats-Unis ne se joue pas dans le storytelling d’un Ben Laden et des fantasmes de la folie islamique, il se joue à Pékin ainsi que dans les jeux croisés des puissances en embuscade telles que la Russie, l’Iran ou la Turquie. Autrement dit, la priorité est de contrer la Chine.

Pendant que les Etats-Unis concentraient leurs forces sur le Moyen, la Chine communiste profitait de cette focalisation pour étendre ses moyens de ses services de renseignements pour piller technologiquement les pays les plus avancés, prendre à revers les puissances occidentales sur les continents où elles s’affaiblissaient, notamment en Afrique et multiplier les jeux d’alliance partielle avec la Russie et l’Iran et des économies émergentes susceptibles de la rendre encore plus forte sur le plan international.

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La CIA sommée de structurer une guerre de l’information plus efficace contre la Chine

L’élu démocrate, Adam Schiff qui préside cette commission estime qu’il faut revoir les objectifs stratégiques du renseignement américain, en faisant passer la Chine en priorité absolue afin de la contrer dans le domaine de l’espionnage, du cyber mais aussi celui de la guerre de l’information par le contenu. Contrairement aux lendemains de la seconde guerre mondiale où la jeune CIA pouvait s’appuyer sur différents types de relais extérieurs (1) y compris  culturels, pour contrer l’influence soviétique :

  • Dissidents politiques du Komintern.
  • Intellectuels tels que Raymond Aron.
  • Ecrivains (Arthur Koestler, George Orwell);
  • Artistes (peinture, musique).
  • Journaux alternatifs, revues.
  • Maisons d’édition.

En 2020, les services de renseignement américains travaillent désormais dans un contexte très différent. Il leur faut reconstruire une démarche nouvelle de contre-information et de contre influence alors que le tissu politico-culturel nord-américain était entrain d’être fortement pénétré par les intérêts chInois, y compris dans l’industrie du spectacle d’Hollywood.

Le changement de la doctrine de Défense de la Grande Bretagne

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Sans être aussi explicite que la House Intelligence Committee américaine, le pouvoir exécutif britannique par la voix du général Nick Carter (photo) estime qu’il faut prendre bien plus amont les risques de confrontation  avec les « compétiteurs » du monde occidental. Dit poliment, en l’occurrence la Chine et la Russie. Pour neutraliser le passage à l’acte d’un adversaire potentiel, les Britanniques estiment qu’il faut accorder beaucoup plus d’importance aux manœuvres de basses intensité qui affectent le terrain politique économique et sociétal. Il est question de dissuasion dans la manière de montrer ses capacités de neutralisation des coups informationnels initiés par les puissances rivales. Ce changement de cap affecte la répartition des crédits et réduit la voilure des forces conventionnelles. Selon Raphaël Chauvency, officier français basé en Grande Bretagne, il s’agit pour leurs forces armées de contrer les compétiteurs du royaume dans les champs immatériels situés « sous le seuil de la conflictualité » et de répondre sur les terrains juridique, moraux, éthiques etc. Il considère qu’un conflit général « plus politique que cinétique » vise dès maintenant à « saper la cohésion, à éroder la résilience économique, politique et sociale ».

En France, le CAPS (2) avait donné en 2018 une vision partielle de l’importance des manipulations de l’information. Il n’avait pas pris en compte la dimension stratégique de l’erreur relevée par la House Intelligence Committee des Etats-Unis d’Amérique. Dans le même ordre d’idées, les préconisations du CAPS n’étaient pas non plus à la hauteur des enjeux de la guerre de l’information multidimensionnelle qui se développe aujourd’hui sur des fronts très différenciés. Le discours très politiquement correct affiché par cet organisme a atteint ses limites. Le recentrage des puissances anglosaxonnes sur les enjeux stratégiques de la guerre de l’information est une fois de plus une alerte que nous allons ranger dans des cases appauvrissantes sur le plan stratégique. Parler de travailler sur les effets comme e font certains officiers généraux de l’armée de terre française ne suffit pas, il faut se donner les moyens d’être réellement crédibles sur le plan offensif. Sur ce plan précis, la vision politique de la France reste encore très très loin du compte.

Christian Harbulot

Notes

1- Frances Stonor Saunders, Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle, (traduction française du texte paru en 1999), Paris, Denoël, 2003.

2- Lesmanipulationsdel’informationCAPS

samedi, 26 décembre 2009

Renseignement et espionnage dans la Rome antique

22510100061800L.gifRenseignement et espionnage dans la Rome antique

Les activités de renseignement font partie intégrante de l’art de gouverner et, sans elles, les Romains n’auraient pas pu édifier et protéger leur empire.

Même s’ils ne séparaient pas les différentes fonctions du renseignement entre activités civiles et militaires, il n’en demeure pas moins qu’une grande partie de leurs activités de renseignement ressemblaient aux nôtres et qu’il est possible d’utiliser le concept moderne de cycle du renseignement pour les décrire. L’éventail des activités concernées est assez large : collecte de renseignements, contre-espionnage, infiltration, opérations clandestines, utilisation de codes et de chiffres, et diverses techniques d’espionnage. Toutes ont laissé des traces littéraires, épigraphiques et archéologiques qu’il est possible de suivre en partie.

Rose Mary Sheldon retrace le développement des méthodes de renseignement romaines des débuts de la République jusqu’au règne de Dioclétien (284-305 après J.-C.), d’une forme embryonnaire et souvent entachée d’amateurisme jusqu’au système très élaboré d’Auguste et de ses successeurs. L’ouvrage est rythmé tant par des chapitres consacrés à l’étude de certains des échecs romains que par l’examen des réseaux de communication, des signaux de transmission, des activités d’espionnage, des opérations militaires et de la politique frontalière.

C’est pourquoi les questions plus larges soulevées dans ce livre sont d’une pertinence immédiate pour le présent : bien que les méthodes de renseignement aient radicalement changé avec l’avènement de la technologie moderne, les principes restent étonnamment similaires. Les questions politiques essentielles portant sur la place des services de renseignement dans une démocratie et une république plongent leurs racines dans le monde gréco-romain.

Publication : novembre 2009, 528 pages,35

Via Theatrum Belli [1]

Disponible sur Amazon [2]


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[2] Amazon: http://www.amazon.fr/Renseignement-espionnage-dans-Rome-antique/dp/2251381023?&camp=2498&linkCode=wsw&tag=tb0f6-21&creative=9162