samedi, 17 octobre 2020
Qui a peur de l’ours russe?
Archives: article de 2007
RUSSIE. Poutine taxé d’antidémocrate à cause de sa bataille contre les oligarques
Qui a peur de l’ours russe?
Ex: http://www.30giorni.it
Interview de Maurizio Blonde, auteur de Stare con Putin? «Le processus d’intégration entre Europe et Russie est dans les faits. Il s’agit simplement de l’accompagner en évitant que d’autres ne le détruisent, agissant pour leurs propres intérêts»
Interview de Maurizio Blondet par Davide Malacaria
À savoir?
BLONDET: Avant tout, les États-Unis. Il y a des gens qui voudraient marginaliser la Russie et en faire une petite puissance asiatique.
Une thèse vaguement conspirationniste...
BLONDET: Pas du tout. Je vous lis un passage d’un essai écrit en 1997 par Zbigniew Brzezinski, ancien secrétaire d’État avec Carter: «L’Ukraine, nouveau et important espace sur l’échiquier euroasiatique, est un pilier géopolitique parce que son existence même comme pays indépendant permet de transformer la Russie. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire euroasiatique. La Russie sans l’Ukraine peut encore se battre pour sa situation impériale, mais elle deviendra un empire substantiellement asiatique, probablement entraîné dans des conflits éreintants avec les nations de l’Asie centrale, qui seraient soutenues par les États islamiques, leurs amis du sud [...]. Les États qui méritent le plus fort soutien géopolitique américain sont l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan et (en dehors de cette région) l’Ukraine, dans la mesure où ils sont tous les trois des piliers géopolitiques. Ou plutôt, c’est l’Ukraine qui est l’État essentiel, dans la mesure où elle pèsera sur l’évolution future de la Russie». Cette lecture est utile pour comprendre ce qui est arrivé dans ces dernières années. Ce texte a été écrit bien avant que n’éclatent les “révolutions colorées”.
Des révolutions colorées...
BLONDET: La révolution orange en Ukraine, la plus importante du point de vue géopolitique, la révolution rose en Géorgie, et puis celles des Pays baltes et des pays asiatiques comme l’Ouzbékistan et le Kirghizstan, toutes financées par les États-Unis à travers une myriade d’organisations non gouvernementales qui ont poussé comme des champignons à l’intérieur de ces États, en dépit du fait qu’il y ait aux États-Unis des lois qui interdisent de manipuler les sociétés civiles des autres pays. J’ai aussi parlé, dans mon livre, de l’homme le plus important de la révolution kirghize, l’Américain Mike Stone qui, en plein milieu des troubles, crée un journal dans lequel on apprend les gens à faire la grève de la faim, à organiser une manifestation, à faire de la résistance passive... et quand les autorités lui coupent l’électricité, il réussit quand même à imprimer grâce à des générateurs que l’ambassade américaine au Kirghizstan met gentiment à sa disposition. Une autre figure singulière est celle de Kateryna Chumachenko, la femme de Viktor Yushenko, leader de la révolution orange et l’actuel président de l’Ukraine. Née à Chicago, elle était fonctionnaire de la Maison Blanche sous Ronald Reagan et ensuite au Ministère du Trésor. À la Maison Blanche, elle était membre du Public Liaison Office et elle avait pour spécialité de gagner des sympathies pour les politiques reaganiennes auprès des groupes anticommunistes de l’Est européens, en particulier les dissidents ukrainiens. Ce ne sont que quelques exemples.
Vous parliez des révolutions qui ont eu lieu dans les pays de la Russie asiatique...
BLONDET: Il s’agit de pays caucasiens et de ceux qui, s’étendant de la mer Caspienne à la Chine, séparent au sud la Russie de l’Iran, de l’Afghanistan et du Pakistan. Des États fondamentaux d’un point de vue géopolitique, dans la mesure où ils mettent la Russie en communication avec la mer Caspienne, riche, entre autre, de pétrole et de gaz naturel, mais surtout parce qu’ils constituent les voies de transit des oléoducs russes. Actuellement, l’armée américaine enrôle des marines en Géorgie; elle n’a plus de volontaires américains, parce que ces derniers offrent leurs services à des entreprises privées qui paient mieux, alors les États-Unis sont obligés d’aller chercher des renforts pour leur armée dans des pays de ce genre... Mais les choses n’ont pas marché exactement comme le voulaient les stratèges néocons: Après une période de subordination aux nouveaux patrons occidentaux, les politiciens locaux de certains de ces pays ont commencé à tisser de nouveaux liens avec Moscou. D’ailleurs, la Russie est beaucoup plus proche d’eux que les États-Unis, et il est impossible de ne pas en tenir compte.
Et pourtant, après le 11 septembre, les États-Unis et la Russie apparaissaient unis contre la menace terroriste.
BLONDET: À l’époque, les États-Unis croyaient pouvoir manœuvrer la Russie. Or tout est devenu plus compliqué lorsqu’au contraire, Poutine a commencé à faire une politique qui a petit à petit sorti la Russie du chaos organisé dans lequel elle était tombée avec Eltsine. Il y a réussi aussi grâce aux revenus du gaz et du pétrole. La guerre contre l’Irak, qui représentait dans l’esprit des stratèges américains un pas vers l’hégémonie mondiale, en causant une hausse du prix du pétrole, a eu pour eux un effet qu’ils ne souhaitaient pas en aidant le redressement économique de la Russie... Et Poutine a utilisé le pétrole pour assainir la nation, au lieu de remplir les poches des quelques oligarques comme cela se passait sous Eltsine, quand un petit groupe de magnats sans scrupules se sont accaparés pour quelques sous et grâce à leurs accointances avec l’ancien président russe, les énormes richesses du pays.
Les oligarques... il y a entre eux et Poutine une guerre souterraine.
BLONDET: Et c’est la raison pour laquelle le président russe a été l’objet de si nombreuses attaques du côté occidental. Jusqu’à l’arrestation du magnat Mikhaïl Khodorkovski en octobre 2003, les relations avec l’Occident étaient bonnes. Après, elles n’ont fait que se détériorer: depuis, Poutine a été accusé d’attenter à la démocratie et que sais-je encore... En effet, l’arrestation de Khodorkovski a été le signal de l’inversion de tendance, le signal que les temps des vaches grasses était fini pour les oligarques, que le nouvel habitant du Kremlin n’aurait pas toléré les exactions de ces personnages qui bénéficiaient de l’appui de la finance internationale. Khodorkovski était devenu le patron de Youkos, le plus grand groupe pétrolier russe, en déboursant 309 millions de dollars pour acquérir 78% des actions... le lendemain, à la bourse russe, le groupe montrait sa vraie valeur: 6 milliards de dollars. Évidemment, l’argent n’appartenait pas à Khodorkovski, mais il lui avait été prêté par des financiers internationaux connus auxquels il s’apprêtait à revendre le groupe avant d’être arrêté.
Vladimir Poutine pendant le sommet informel avec le président des États-Unis George W. Bush dans le Maine, dans la résidence de Bush senior, le 2 juillet 2007
BLONDET: Ce n’est pas un mystère que Chamil Bassaev, le terroriste qui a revendiqué le massacre de Beslan dans lequel ont péri 394 personnes dont 156 enfants, était le chef des gardes du corps de Boris Abramovich Berezovsky, le plus puissant de ces oligarques, actuellement “exilé” à Londres. Aslan Maskhadov, un autre chef de la guérilla tchétchène, lui aussi impliqué, entre autre, dans le massacre de Beslan, était l’un des gardes du corps de Berezovsky... mais il y aurait bien des choses à dire sur la guérilla tchétchène. Quand, au cours d’une fusillade, les troupes russes tuent Rizvan Chitigov, alors numéro trois de la guérilla, ils trouvent sur lui la plaque caractéristique des marines, sur laquelle est gravée son identité, et la carte verte, à savoir le permis de séjour permanent aux États-Unis. Juste pour dire que les États-Unis, eux aussi, ont intérêt à maintenir la plaie de la guerre tchétchène ouverte, comme un fer au flanc de la Russie...
Désormais, presque tous les oligarques russes se sont réfugiés à l’étranger...
BLONDET: Mais ils ont encore des accointances à l’intérieur de la Russie. N’oublions pas qu’ils ne sont pas nés d’hier. Ce sont des hommes qui viennent de la nomenclature soviétique, avec des liens solides dans la police et dans les services secrets, au point que Poutine, qui leur fait en partie obstacle, est en partie obligé de pactiser avec eux. Poutine a placé ses hommes dans les postes qui comptent, mais il ne peut pas contrôler tout ce qui se passe en Russie.
Anna Politkovskaïa, une journaliste qui ne lésinait pas ses critiques envers Poutine, a été assassinée en octobre dernier. Cet homicide a jeté une ombre sur le président russe.
BLONDET: Je crois que c’était justement cela l’objectif des assassins. Il est évident que le seul qui n’avait aucun intérêt à cet assassinat était justement Poutine. Personnellement, je suis convaincu que cette journaliste a été la victime sacrificielle immolée sur l’autel de l’anti-impérialisme russe. Certains milieux ont pensé qu’elle était plus utile morte que vive. Je tiens néanmoins à souligner que le vacarme médiatique de cet homicide a été excessif. Un autre crime édifiant a connu un tout autre sort médiatique: peu avant la journaliste, a été tué Andreï Kozlov, vice-président de la Banque centrale russe, un homme de premier plan de la Fédération russe. Kozlov était en train de mener une enquête sur le recyclage et il s’apprêtait à retirer des licences bancaires, un geste ruineux pour certains milieux financiers. Bien évidemment, Kozlov n’agissait pas en opposition à Poutine, et c’est pour cela que ce crime est passé presque inaperçu en Occident.
Un autre assassinat édifiant, celui d’Alexandre Litvinenko, décédé en novembre 2006. Encore des accusations contre Poutine...
BLONDET: On a beaucoup parlé du polonium, la substance radioactive avec laquelle il a été empoisonné... mais peut-on vraiment croire que Poutine ait donné l’ordre de tuer quelqu’un en utilisant une substance qui laisse des traces partout, au point que pour trouver le coupable, il suffit d’en suivre le sillage radioactif? À mon avis, comme la Politkovskaïa, Litvinenko a été, lui aussi, une victime sacrificielle pour discréditer le président russe, même si dans ce cas, il y a une variante. Le pauvre Litvinenko n’est pas mort tout de suite, mais il a beaucoup parlé au cours de sa longue agonie en donnant une quantité prodigieuse d’interviews dans lesquelles il a lancé des accusations contre les dirigeants russes (et là aussi, il y a de quoi sourire en pensant à un mandant qui laisse à sa victime le temps de parler si longtemps... il y a des méthodes beaucoup plus rapides pour tuer). Ce qui est curieux, c’est qu’étant donnée la situation, personne ne pouvait accéder à son chevet. Toutes ses déclarations ont été recueillies par la seule personne autorisée à rencontrer le moribond, un certain Alex Goldfarb, qui agit comme une sorte de porte-parole du moribond. C’est lui qui rapporte les paroles de Litvinenko à l’extérieur, qui explique et qui accuse... Dans mon livre, je fais remarquer que des traces de polonium ont été retrouvées aussi dans les bureaux de Berezovsky. Je crois que ce détail devrait être approfondi.
La Maison Blanche a récemment annoncé qu’elle installera un nouveau système antimissile en Pologne pour faire obstacle, disent les Américains, à une éventuelle menace iranienne. Cette démarche a suscité des réactions négatives à Moscou.
BLONDET: C’est évident, car cette initiative est perçue par les Russes, à juste titre, comme une menace envers eux. L’ouverture que Poutine a faite en réponse, lorsqu’il a proposé de créer une collaboration entre États-Unis et Russie pour déployer ce bouclier antimissiles dans un État asiatique, a dérouté les néocons. Ils ne peuvent pas dire non, parce que cette proposition est plus que raisonnable – d’ailleurs on ne voit pas ce que la Pologne a à voir avec l’Iran – mais ils chercheront à la faire capoter par tous les moyens. Nous verrons ce qui va se passer.
Poutine avec Benoît XVI, le 13 mars 2007
BLONDET: Lorsque Bush s’est rendu en Inde il y a quelque temps, il a offert à cette nation une collaboration pour développer une technologie nucléaire; or c’est exactement ce qu’il ne veut pas qu’ait l’Iran. En réalité, pour les néocons, l’attaque contre l’Iran est devenue une véritable obsession. Il y a quelque temps, Brzezinski a dit, en s’adressant au Congrès américain, que l’actuelle administration américaine serait capable de faire un attentat en territoire américain en l’attribuant aux islamistes, pourvu que cela leur donne un prétexte pour attaquer l’Iran...
Paradoxal... mais n’aviez-vous pas dit que Brzezinski était partisan d’une politique agressive de la part des États-Unis?
BLONDET: Brzezinski, comme Kissinger, est un stratège politique qui, à juste titre, s’inquiète du destin de sa propre nation et en recherche la prospérité, même si c’est parfois par des méthodes discutables. Mais il s’agit de personnes qui connaissent les voies de la politique et de la diplomatie, ce qui n’a rien à voir avec la folie des néocons, partisans de la guerre préventive, de l’exportation de la démocratie à coups de canons, du réaménagement du Moyen-Orient sur la base des directives de la droite israélienne... une folie qui s’est greffée sur la vieille politique américaine en la dénaturant. Il y a une différence entre les uns et les autres, une différence qui a débouché sur un conflit ouvert.
Revenons à Poutine. Vous disiez que l’intégration entre Russie et Europe...
BLONDET: ... n’apporterait que des bénéfices. En réalité, cette intégration est déjà en train de se construire, jour après jour. Il y a une ligne ferroviaire à grande vitesse en cours de construction entre l’Allemagne et la Russie, et celle-ci sera reliée à une ligne entre Russie et Chine. De cette manière les marchandises chinoises, celles d’une certaines valeur évidemment, pourraient arriver en Europe par voie terrestre, en évitant des routes plus longues et plus coûteuses. C’est dans cette même perspective que se situe la construction d’un gazoduc sous la mer Baltique qui, contournant la Pologne, fournira l’Europe en évitant que cette précieuse ressource ne passe à travers les territoires des démocraties de l’Est, asservies aux États-Unis. En somme l’intégration est dans les faits. Il s’agit seulement d’accompagner ce processus, en évitant que d’autres ne le détruisent, agissant pour leurs propres intérêts.
Dans ces dernières années, de nombreux analystes ont noté un rapprochement entre la Russie et la Chine.
BLONDET: Il y toujours eu de la méfiance entre les deux géants asiatiques. La politique agressive menée par les États-Unis a eu pour effet de rapprocher ce qui a toujours été éloigné. Des synergies militaires, économiques et commerciales sont nées entre la Chine et la Russie, mais il n’est pas dit que ce processus soit destiné à se développer ultérieurement. La Chine a un destin asiatique, la Russie a un destin européen. Il est bon de le souligner.
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Dix professeurs de droit contre "la police de la pensée" à l'université
Dix professeurs de droit contre « la police de la pensée » à l'université
Ils dénoncent, dans une tribune, le « lynchage » dont serait victime l'un de leurs collègues de Paris-1, après un cours controversé sur le mariage pour tous.
Une dizaine de professeurs de droit (*), parmi lesquels le constitutionnaliste Olivier Beaud (Paris 2-Panthéon-Assas) et le civiliste Rémy Libchaber (Paris-1-Panthéon-Sorbonne) dénoncent, dans une tribune transmise au Point, le « lynchage médiatique » et la mise « au pilori » de leur collègue Aram Mardirossian. Cet historien du droit de Paris-1 a suscité une vive polémique après son cours d'histoire du droit de la famille, le 29 septembre, dans lequel il revendiquait haut et fort son hostilité au mariage pour tous, avant de se lancer dans une improbable comparaison chevaline : « Donc, il va y avoir forcément quelqu'un, un jour, qui va aller devant un tribunal et qui va dire : “Voilà, je suis discriminé, j'ai une jument, je l'adore, je ne peux pas l'épouser, c'est un scandale. C'est une discrimination !” » avait-il lancé à ses étudiants de L2. Le cours avait été filmé par l'un d'eux et aussitôt mis en ligne sur les réseaux sociaux, déclenchant une avalanche de réactions hostiles, sur Internet, de nombreux militants LGBT, dénonçant notamment « une comparaison scandaleuse entre homosexualité et zoophilie ».
Depuis, la boîte mail de cet enseignant-chercheur, spécialiste de l'histoire du droit arménien, agrégé des facultés de droit et directeur d'études à l'École pratique des hautes études, est saturée de messages d'insultes. Il n'a pas remis les pieds à la fac et assure ses cours en visioconférence, certains étudiants l'ayant menacé de venir « bordéliser son amphi », s'il s'aventurait à y remettre les pieds. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour examiner la possibilité d'éventuelles poursuites pour « injures homophobes » ; l'administrateur provisoire de l'université Paris-1, Thomas Clay, a « condamné » ses propos par voie de communiqué ; certains de ses collègues réclament à présent sa suspension et un renvoi en conseil de discipline.
« Une chasse à l'homme », dénoncent ses soutiens. « Nous ne sommes pas dans une défense corporatiste, pas non plus dans un débat politique pour ou contre le mariage pour tous. Ce que nous défendons, c'est la liberté académique, la liberté d'expression de l'enseignant-chercheur », confie le Pr Libchaber, l'un des coauteurs de la tribune.
« Lynchage »
Celle-ci revient d'abord sur l'affaire : « La scène médiatique s'est récemment emballée à propos de la diffusion d'extraits d'un cours donné à l'université de Paris-1, où un professeur d'histoire du droit exprimait d'une manière incisive son analyse de l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe et sur l'évolution contemporaine du droit de la famille. Il fut aussitôt lynché publiquement, les médias relayant ad nauseam qu'il aurait comparé l'homosexualité à la zoophilie. Les autorités suivirent l'opinion publique, comme toujours dans ce genre de circonstances, et l'université de Paris-1 – en pleine campagne électorale – ne manqua pas de stigmatiser son enseignant avec la complicité de quelques collègues zélés. Le parquet est désormais saisi des propos litigieux », rappellent les signataires.
« La messe est-elle dite ? À présent que l'émoi médiatique se dissipe, il est temps d'analyser objectivement les faits, de les évaluer et d'essayer de comprendre ce qui se joue devant nos yeux », suggèrent-ils. « Dans son cours, l'enseignant a évoqué le « mariage homosexuel » auquel il n'est pas favorable, tout en admettant qu'on puisse l'être. Il a relevé que l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe a été consacrée par le jeu du principe de non-discrimination, ce qui n'est guère contestable. Or, ce principe lui paraît dangereux en ce qu'il peut mener à tout : d'où un développement, a priori surprenant, sur l'éventualité d'un mariage entre un homme et un animal, qui, selon lui, pourrait être une conséquence lointaine de la combinaison entre l'usage fait de l'interdiction des discriminations et la reconnaissance hypothétique d'une personnalité de l'animal », analysent-ils.
« Café du commerce »
Les auteurs de la tribune n'approuvent pas vraiment les développements hasardeux de leur collègue et ils le disent : « En réalité, l'enseignant s'est laissé aller à une improvisation fort peu brillante, car entachée de nombreuses approximations. Son propos, par certains côtés, fait penser à une discussion de café du commerce. On pourrait en effet s'attendre à ce qu'un professeur s'exprime plus rigoureusement lorsqu'il avoue lui-même aux étudiants : “Là, je vais être un peu polémique” et que, par exemple, il ne se lance pas dans l'évocation d'un mariage entre un homme et un animal en évacuant totalement la question centrale du consentement », admettent-ils. « Sur le fond, son discours est seulement discutable, comme toujours lorsqu'on envisage l'aboutissement lointain d'une évolution que l'on s'efforce de décrypter. C'est ce qui a incité quelques personnes, qui ne sont pas forcément d'accord avec ces propos, voire qui contestent l'analyse même qui les fonde, à défendre, à travers l'enseignant critiqué, l'atteinte grave à la liberté académique résultant de la mise en cause dont il fait l'objet depuis que ses propos ont été diffusés dans des conditions d'ailleurs illégales, car les étudiants n'ont pas le droit de diffuser un cours sans l'autorisation de son auteur », dénoncent-ils.
« Dans cette affaire, ce qui est en jeu, ce n'est rien moins que la liberté d'expression du professeur face à ses étudiants (in the classroom, disent les Américains). En réalité, le professeur cloué au pilori a seulement exprimé son opinion sur l'évolution de la législation en matière de famille et de filiation. Il a ironisé sur les effets potentiels du principe de non-discrimination, conjugué à la reconnaissance demandée par certains de la personnalité juridique des animaux, en adoptant un raisonnement par l'absurde. Dire qu'il a comparé l'homosexualité à la zoophilie, c'est n'avoir pas compris ses développements, ou les déformer volontairement. Que les médias ou les réseaux sociaux reprennent en boucle cette présentation erronée n'étonnera personne puisqu'ils ne sont, pour ceux-ci, et ne sont plus guère, pour ceux-là, que des chambres d'écho », plaident les signataires.
Droit de critique
« Cette affaire pose donc dans toute sa gravité la faculté qui doit être reconnue à un professeur de critiquer l'évolution du droit positif et d'user de provocation pour faire réfléchir les étudiants. C'est cette liberté que le lynchage médiatique dont a été l'objet cet enseignant remet en cause frontalement. Or, l'enseignant en question a déclaré à ses étudiants de façon liminaire la nature « polémique » de ses propos. Il a donc pris la précaution de distinguer soigneusement son opinion personnelle de l'exposé du droit positif et de son histoire. C'est ce qui arrive tous les jours dans les cours de droit où l'enseignant peut être amené à livrer aux étudiants son opinion sur la règle, légale ou jurisprudentielle. La liberté de l'universitaire doit lui permettre de déranger son auditoire, si sa compréhension d'un phénomène, d'une réglementation, d'un procédé, d'une technique le conduit à identifier en son sein des faiblesses, des contradictions, des dangers. Voudrait-on limiter l'office des professeurs de droit à la seule présentation, sans commentaire, du droit positif ? Ne sont-ils pas là d'abord pour stimuler la réflexion de leurs étudiants ? Par ailleurs, que deviendrait un enseignement universitaire s'il devait ménager constamment la « sensibilité » d'un auditoire d'étudiants forcément divers ? », s'interrogent pour finir les « avocats » du Pr Mardirossian.
Improvisation
« Ce qui est en jeu dans la présente mise en cause du professeur d'histoire du droit à partir d'un extrait de son enseignement, c'est ce qui doit constituer le cœur même de l'enseignement supérieur : la liberté, dans la déconstruction des mécanismes, d'en présenter la critique, même radicale, sans que l'on ait à juger de sa pertinence. Remettre en cause cette liberté, c'est succomber à une police de la pensée dont certains s'érigent en vigilants gardiens. Ajoutons que le caractère oral des enseignements, si menacé actuellement du fait de la crise sanitaire, suppose une part d'improvisation, au risque d'imperfections. Veut-on que l'enseignement supérieur se ramène à une récitation de textes écrits, soigneusement relus d'avance par un avocat spécialiste du droit de la presse, se bornant à décrire le droit en vigueur ? L'intérêt des étudiants et celui de la nation n'y trouveraient pas plus leur compte que celui des enseignants », concluent-ils.
* Signataires :
Olivier Beaud (université Paris-2),
Jean-Marie Denquin (émérite, Paris-10),
Yann-Arzel Durelle-Marc (Paris-13),
Rémy Libchaber (Paris-1),
François-Xavier Lucas (Paris-1),
Thierry Revet (Paris-1),
François-Xavier Testu (université de Tours),
Patrick Wachsmann (Strasbourg).
- Source : Le Point
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Littérature: Alexandre Soljenitsyne, une vie de dissidence
Littérature: Alexandre Soljenitsyne, une vie de dissidence
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RAND et l'encerclement malveillant de la Russie
RAND et l’encerclement malveillant de la Russie
par F. William Engdahl
Ex: http://www.zejournal.mobi
Au cours des dernières semaines, une série d’événements a éclaté dans les États entourant la Fédération de Russie qui ne sont certainement pas accueillis avec joie au Kremlin. Chaque centre de crise n’est pas en soi un facteur décisif de changement pour la sécurité future de la Russie. Pris ensemble, ils suggèrent que quelque chose de bien plus inquiétant se prépare contre Moscou. Une récente étude de la RAND préparée pour l’armée américaine suggère avec une précision remarquable qui pourrait être derrière ce qui deviendra sans aucun doute une menace majeure pour la sécurité russe dans les mois à venir.
Les attaques de l’Azerbaïdjan contre le Nagorno-Karabakh, soutenues par la Turquie, qui ont embrasé un territoire après près de trois décennies de relative impasse et de cessez-le-feu, la déstabilisation en cours de Loukachenko en Biélorussie, le comportement bizarre de l’UE et du Royaume-Uni concernant l’empoisonnement présumé du dissident russe Navalny et, plus récemment, les protestations de masse au Kirghizstan, une ancienne partie de l’Union Soviétique en Asie Centrale, portent les empreintes du MI6 britannique, de la CIA et d’une série d’ONG privées spécialisées dans le changement de régime.
Haut-Karabakh
Le 27 septembre, les forces militaires d’Azerbaïdjan ont rompu le cessez-le-feu de 1994 avec l’Arménie concernant le conflit dans le Haut-Karabakh, à prédominance ethnique arménienne. Les combats les plus intenses depuis des années ont eu lieu des deux côtés, alors que la confrontation s’intensifiait. Erdogan, de Turquie, a ouvertement soutenu Bakou contre l’Arménie et le Nagorno-Karabakh peuplé d’Arméniens, ce qui a conduit Nikol Pashinyan, le Premier Ministre arménien, à accuser la Turquie de « poursuivre une politique génocidaire comme une tâche pragmatique ». Il s’agissait d’une référence claire à l’accusation arménienne de génocide de 1915-23 de plus d’un million de Chrétiens arméniens par l’Empire Ottoman. Aujourd’hui encore, la Turquie refuse de reconnaître sa responsabilité.
Alors que l’Arménie reproche à Erdogan de soutenir l’Azerbaïdjan dans le conflit actuel du Caucase, l’oligarque russe Evgeny Prigozhin, parfois appelé « le chef de Poutine » pour son empire de la restauration ainsi que ses liens étroits avec le Président russe, a déclaré dans une interview à un journal turc que le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan a été provoqué par « les Américains » et que le régime de Pashinyan est essentiellement au service des États-Unis. C’est là que cela devient intéressant.
En 2018, Pashinyan est arrivé au pouvoir grâce à des manifestations de masse appelées « Révolution de velours ». Il a été ouvertement et fortement soutenu par la Fondation Open Society de Soros – Arménie qui, depuis 1997, finance activement de nombreuses ONG pour la « démocratie » dans le pays. En tant que Premier Ministre, Pashinyan a nommé les bénéficiaires de l’argent de Soros à la plupart des postes clés du cabinet, notamment à la sécurité et à la défense de l’État.
En même temps, il est impensable que la Turquie de Erdogan, toujours membre de l’OTAN, soutienne aussi ouvertement l’Azerbaïdjan dans un conflit qui pourrait potentiellement conduire à une confrontation entre la Turquie et la Russie, sans le soutien préalable d’une forme quelconque de Washington. L’Arménie est membre de l’Union Économique Eurasiatique, association économique et de défense, avec la Russie. Cela rend les commentaires de Prigozhin particulièrement intéressants.
Il est également intéressant de noter que la chef de la CIA, Gina Haspel, et le chef récemment nommé du MI-6 britannique, Richard Moore, sont tous deux des experts de la Turquie. Moore a été Ambassadeur du Royaume-Uni à Ankara jusqu’en 2017. Haspel était la chef de la station de la CIA en Azerbaïdjan à la fin des années 1990. Avant cela, en 1990, Haspel était officier de la CIA en Turquie, parlant couramment le turc. Notamment, bien que sa biographie officielle de la CIA ait été supprimée, elle a également été chef de la station de la CIA à Londres juste avant d’être nommée chef de la CIA de l’administration Trump. Elle s’est également spécialisée dans les opérations contre la Russie lorsqu’elle était à Langley à la Direction des Opérations de la CIA.
Cela soulève la question de savoir si une opération de renseignement anglo-américaine est à l’origine du conflit actuel entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie dans le Haut-Karabakh. Ajoutant de la poudre aux troubles dans le Caucase, le 5 octobre, le Secrétaire Général de l’OTAN Jens Stoltenberg a déclaré que les intérêts de sécurité de l’OTAN sont synonymes de ceux de la Turquie, malgré l’achat par la Turquie de systèmes de défense aérienne avancés russes. Jusqu’à présent, Washington est resté remarquablement silencieux sur le conflit du Caucase ou sur le rôle présumé de la Turquie.
Et la Biélorussie…
L’éruption du conflit du Haut-Karabakh qui couve près de la frontière sud de la Russie n’est pas le seul État où Washington encourage activement la déstabilisation de voisins russes vitaux ces jours-ci. Depuis les élections du mois d’août, la Biélorussie est sujette à des protestations orchestrées accusant le Président Loukachenko de fraude électorale. L’opposition a été active en exil depuis les pays baltes voisins de l’OTAN.
En 2019, le National Endowment for Democracy (NED), financé par le gouvernement américain, a répertorié sur son site web quelque 34 subventions de projets du NED en Biélorussie. Tous ces projets visaient à soutenir et à former une série de groupes d’opposition anti-Loukachenko et à créer des ONG nationales. Les subventions ont été accordées pour des projets tels que le « Renforcement des ONG : Accroître l’engagement civique local et régional… identifier les problèmes locaux et développer des stratégies de plaidoyer ». Un autre projet consistait à « développer un dépôt en ligne de publications qui ne sont pas facilement accessibles dans le pays, notamment des ouvrages sur la politique, la société civile, l’histoire, les droits de l’homme et la culture indépendante ». Puis une autre subvention du NED a été accordée pour « défendre et soutenir les journalistes et les médias indépendants ». Et une autre, « Renforcement des ONG : Encourager l’engagement civique des jeunes ». Une autre subvention importante du NED a été attribuée à la « formation des partis et mouvements démocratiques à des campagnes de sensibilisation efficaces ». Derrière les projets du NED, qui semblent innocents, se cache un modèle de création d’une opposition spécialement formée sur le modèle du NED de la CIA « Les Révolutions de Couleur ».
Comme si les troubles dans le Caucase et en Biélorussie n’étaient pas suffisants pour donner des migraines à Moscou, le 29 septembre à Bruxelles, le Premier Ministre géorgien Giorgi Gakharia a rencontré le Secrétaire Général de l’OTAN Jens Stoltenberg. Stoltenberg lui a déclaré que « l’OTAN soutient l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Géorgie à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. Nous appelons la Russie à mettre fin à sa reconnaissance des régions [géorgiennes séparatistes] d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud et à retirer ses forces ». Stoltenberg a ensuite déclaré à Gakharia : « Et je vous encourage à continuer à utiliser pleinement toutes les possibilités de vous rapprocher de l’OTAN. Et à vous préparer à l’adhésion« . Bien sûr, l’adhésion à l’OTAN de la Géorgie, voisine de la Russie, constituerait un défi stratégique pour la Russie, tout comme celle de l’Ukraine. Les commentaires de l’OTAN ajoutent aux tensions auxquelles le Kremlin a été confronté récemment.
La troisième Révolution de Couleur au Kirghizstan ?
Le Kirghizistan, république d’ex-Union Soviétique en Asie Centrale, vient également d’éclater dans des manifestations de masse qui ont fait tomber le gouvernement pour la troisième fois depuis 2005, suite aux allégations de l’opposition de fraude électorale. L’USAID, une couverture connue pour les opérations de la CIA, est active dans le pays, tout comme la Fondation Soros qui a créé une université à Bichkek et finance l’éventail habituel de projets, « pour promouvoir la justice, la gouvernance démocratique et les droits de l’homme ». Il convient de noter que le Kirghizstan est également membre de l’Union Économique Eurasiatique dirigée par la Russie, aux côtés de l’Arménie et de la Biélorussie.
Ensuite, pour augmenter la pression sur la Russie, les services de renseignement allemands de la Bundeswehr et maintenant l’OIAC accusent la Russie d’avoir empoisonné le dissident russe Alexei Navalny en Russie en utilisant « un agent neurotoxique de l’ère soviétique », que les Allemands appellent Novitchok. Alors que Navalny est manifestement sorti de l’hôpital vivant, les responsables allemands et britanniques ne se donnent pas la peine d’expliquer une telle guérison miraculeuse de ce qui est réputé être l’agent neurotoxique le plus mortel qui ait jamais existé. Suite à la déclaration de l’OIAC selon laquelle il s’agissait de Novitchok, le Ministre des Affaires Étrangères allemand menace de sanctions sévères contre la Russie. Beaucoup demandent à l’Allemagne d’annuler le projet de gazoduc russe Nord Stream 2 en guise de réponse, un coup qui frapperait la Russie à un moment de grave faiblesse économique due à la faiblesse des prix du pétrole et aux effets du verrouillage dû à la Covid.
L’Allemagne ne prend pas non plus la peine d’enquêter sur la mystérieuse compagne russe de Navalny, Maria Pevchikh, qui prétend avoir récupéré la bouteille d’eau vide « empoisonnée par le Novichok » dans la chambre d’hôtel de Navalny à Tomsk, en Russie, avant qu’il ne soit transporté par avion à Berlin sur l’invitation personnelle d’Angela Merkel. Après avoir livré la bouteille empoisonnée à Berlin en personne, elle s’est apparemment envolée rapidement pour Londres où elle vit, et aucune autorité allemande ou autre n’a apparemment essayé de l’interroger en tant que témoin matériel potentiel.
Pevchikh a une longue association avec Londres où elle travaille avec la fondation Navalny et serait en contact étroit avec l’ami de Jacob Rothschild, Mikhail Khodorkovsky, le fraudeur condamné et ennemi de Poutine. Khodorkovsky est également l’un des principaux bailleurs de fonds de la Fondation Anti-Corruption de Navalny (FBK en russe). Il existe des rapports crédibles selon lesquels la mystérieuse Pevchikh serait une agent du MI-6, le même MI-6 qui a dirigé un autre drame ridicule de Novitchok en 2018, affirmant que le transfuge russe Sergei Skripal et sa fille Yulia Skripal ont été empoisonnés en Angleterre par les services secrets russes en utilisant le Novitchok mortel. Là encore, les deux Skripal se sont miraculeusement remis de l’agent neurotoxique le plus mortel et ont officiellement reçu leur congé de l’hôpital, après quoi ils ont « disparu ».
Un plan de RAND ?
Si des recherches plus approfondies permettront sans doute de trouver davantage de preuves, le schéma des mesures actives de l’OTAN ou des Anglo-Américains contre les principaux pays de la périphérie russe ou contre les intérêts économiques stratégiques de la Russie, toutes dans la même période, suggère une sorte d’attaque coordonnée.
Et il se trouve que les cibles des attaques correspondent précisément aux grandes lignes du rapport d’un important groupe de réflexion militaire américain. Dans un rapport de recherche de 2019 destiné à l’armée américaine, la société RAND a publié une série de recommandations politiques sous le titre « Étendre la Russie : Concurrencer à partir d’un Terrain Favorable ». Ils notent que par étendre la Russie, ils entendent « mesures non violentes qui pourraient faire pression sur l’armée ou l’économie de la Russie ou la position politique du régime à l’intérieur et à l’étranger ». Tous les points de tension développés ci-dessus correspondent certainement à cette description.
Le rapport aborde spécifiquement ce qu’ils appellent les « mesures géopolitiques » pour surcharger la Russie. Il s’agit notamment de fournir une aide létale à l’Ukraine, de promouvoir un changement de régime en Biélorussie, d’exploiter les tensions dans le Caucase du Sud, de réduire l’influence russe en Asie Centrale. Il comprend également des propositions visant à affaiblir l’économie russe en remettant en cause ses secteurs gazier et pétrolier.
Il s’agit notamment des mêmes zones de turbulences géopolitiques qui se trouvent aujourd’hui dans la sphère d’influence stratégique de la Russie. Plus précisément, sur le Caucase, RAND déclare : « La Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie faisaient partie de l’Union Soviétique, et la Russie maintient encore aujourd’hui une influence significative sur la région… » Ils notent que « Aujourd’hui, la Russie reconnaît l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie comme des pays séparés (un des rares gouvernements à le faire) et s’engage à les défendre…. Les États-Unis pourraient également renouveler leurs efforts pour faire entrer la Géorgie dans l’OTAN. La Géorgie cherche depuis longtemps à adhérer à l’OTAN… » Rappelons les remarques citées par Stoltenberg de l’OTAN pour encourager la Géorgie à rejoindre l’OTAN et exiger de la Russie qu’elle renonce à reconnaître l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.
Le rapport RAND souligne également les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : « La Russie joue également un rôle clé avec l’Azerbaïdjan et l’Arménie, en particulier sur le territoire contesté du Haut-Karabakh… les États-Unis pourraient faire pression pour une relation plus étroite de l’OTAN avec la Géorgie et l’Azerbaïdjan, ce qui conduirait probablement la Russie à renforcer sa présence militaire en Ossétie du Sud, en Abkhazie, en Arménie et dans le sud de la Russie. Sinon, les États-Unis pourraient essayer d’inciter l’Arménie à rompre avec la Russie ».
En ce qui concerne les protestations massives actuelles au Kirghizstan en Asie Centrale, RAND note que « la Russie fait partie de deux entreprises économiques liées à l’Asie Centrale : l’UEE et l’Initiative Ceinture et Route ». Un changement de régime pro-OTAN pourrait ériger une barrière importante entre la Russie et la Chine ainsi qu’au sein de son UEE. En ce qui concerne les pressions économiques, le rapport RAND cite la possibilité de faire pression sur l’UE pour qu’elle abandonne le projet de gazoduc Nord Stream 2 qui relie directement la Russie à l’Allemagne. Le récent incident de Navalny crée une pression croissante au sein de l’UE et même en Allemagne pour arrêter le Nord Stream 2 comme sanction de l’affaire Navalny. RAND note : « En termes d’extension économique de la Russie, le principal avantage de créer des alternatives d’approvisionnement au gaz russe est que cela réduirait les revenus des exportations russes. Le budget fédéral russe est déjà sous pression, ce qui entraîne des réductions prévues des dépenses de défense, et la baisse des revenus du gaz mettrait encore plus le budget sous pression ».
Si l’on examine les pressions croissantes sur la Russie à partir des exemples cités ici et si l’on compare avec le langage du rapport RAND de 2019, il est clair que nombre des problèmes stratégiques actuels de la Russie sont délibérément conçus et orchestrés depuis l’Occident, en particulier depuis Washington et Londres. La manière dont la Russie gère cette situation ainsi que certaines pressions futures de l’OTAN représentent clairement un défi géopolitique majeur.
Traduit par Réseau International
00:07 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, géopolitique, russie, états-unis, rand corporation, europe, asie, affaires asiatiques, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook