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mardi, 06 septembre 2022

Environnementalisme systémique contre environnementalisme instrumental

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Environnementalisme systémique contre environnementalisme instrumental

par Andrea Zhok

Source: https://www.ideeazione.com/pillole-programmatiche-4-ambientalismo-sistemico-versus-ambientalismo-strumentale/

La protection de l'environnement est l'une des questions les plus cruciales et les plus facilement instrumentalisées du monde contemporain. Pour comprendre la nature structurelle du problème, il faut commencer par une compréhension de base des mécanismes sous-jacents de la dynamique du capital, caractérisée par le besoin intrinsèque de croissance pérenne et de concurrence entre les agents économiques. Le système de production capitaliste ne tolère pas de rester longtemps sans croissance (en un état stable) et fonctionne selon un système de "rétroaction positive", selon lequel, à chaque cycle, le produit (sortie) doit augmenter l'investissement (entrée). L'état stable pour la société et l'économie décréterait l'effondrement du modèle capitaliste.

Ce fait a une implication immédiate : le modèle de développement capitaliste est incompatible avec l'existence dans le temps sur une planète finie aux ressources finies. Cette incompatibilité, il faut le noter, n'est pas seulement due au conflit structurel entre ressources finies et croissance infinie, mais aussi à la tendance inhérente du développement capitaliste à se développer sous des formes asymétriques, érodant sélectivement certains lieux, certains éléments, certains facteurs, et créant ainsi des déséquilibres toujours nouveaux.

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Ce qu'il faut fixer fermement, c'est que notre forme de vie, façonnée par le système de production capitaliste et la raison libérale, est constitutivement incompatible avec ce qui est la condition essentielle de la santé organique et environnementale, à savoir l'équilibre. La croissance effrénée (le capital), l'affranchissement de toute limite (la raison libérale) et l'exigence permanente de dépasser le donné (le progressisme) sont autant de formes de conflit frontal avec l'équilibre organique et environnemental.

On pourrait penser que le libéralisme capitaliste et l'environnementalisme doivent être des ennemis jurés, mais ce n'est pas vrai : c'est avec l'environnement, et non l'environnementalisme, que le conflit se situe. L'environnementalisme peut facilement devenir un déguisement instrumental pour les besoins du capital. Le capitalisme est cette chose qui peut vous vendre des T-shirts avec Che Guevara et Fidel Castro dessus - fabriqués par le travail des enfants thaïlandais et avec une majoration de mille pour cent - sans sourciller et sans percevoir en cela un quelconque problème de cohérence. Au contraire, elle présentera cette indifférence totale aux moyens de vendre comme une "libéralité". 

La même chose se produit avec toutes les questions environnementales, qui, une fois entrées dans le hachoir à viande libéral-capitaliste, deviennent facilement des opportunités de profit. La seule chose que l'approche libérale ne supporte pas, c'est la vision globale et systémique.

Tant qu'elle peut focaliser sélectivement toute l'attention du public sur un seul problème, sur un slogan magique, sur une solution technique miraculeuse, elle est parfaitement capable de le transformer - quel qu'il soit - en une opportunité de profit. Ainsi, tout en montrant qu'un seul problème est résolu, des dommages sont causés sur d'innombrables autres fronts, qui devront ensuite être corrigés individuellement, créant à leur tour de nouveaux dommages. Et ainsi, d'une solution brillante à une autre, une dégradation systémique illimitée peut en résulter.

Ce mécanisme est à l'œuvre aussi bien dans le cas de l'environnement que dans celui de la santé humaine. Dans le cas de la santé, cela signifiera que les problèmes sont traités comme des clous saillants individuels sur lesquels on peut faire tomber le marteau, en accordant peu ou pas d'attention à l'équilibre de l'organisme sur lequel on travaille. Une idée correcte de la santé suppose qu'il s'agit d'un équilibre organique que des interventions externes (thérapies) peuvent aider à rétablir : l'accent est mis ici sur l'équilibre de l'organisme. En revanche, dans la conception libérale-capitaliste, l'accent est mis sur le moyen (qui est un produit commercial) que l'on imagine atteindre unilatéralement la santé de l'organisme.

On retrouve la même approche avec l'environnement, qui est traité strictement comme une source d'alarmes ou d'urgences sélectives, à manipuler pour favoriser telle ou telle direction de consommation. Le cas de l'alarme climatique actuelle est un exemple manifeste de cette tendance, non pas parce que l'alarme est nécessairement infondée (elle pourrait très bien être fondée, et nous pourrions toujours adopter un principe de précaution), mais parce qu'elle est traitée de manière opportuniste et instrumentale.

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Taxer le carburant des citoyens qui n'ont pas d'autre alternative que le transport privé pour se déplacer (comme l'a fait Macron en France) n'est pas un "sacrifice commun pour le climat", mais une attaque classiste déguisée en noble intention, car elle frappe une partie, la plus faible, de la population, tout en refusant de voir les milliers d'autres cas, touchant des intérêts plus organisés, dans lesquels le même problème devrait être abordé (si l'on veut vraiment l'aborder).

De même, déclarer que l'énergie nucléaire - dans la mesure où elle ne contribue pas aux gaz à effet de serre - est soudainement une "énergie verte" (et peut bénéficier d'innombrables concessions pour cela), est un autre exemple de cet unilatéralisme dans le traitement des questions environnementales. Elle fait disparaître tous les problèmes environnementaux qui n'ont pas été résolus jusqu'à présent dans l'utilisation de l'énergie nucléaire pour ne mettre l'accent que sur l'aspect fonctionnel de ce que les médias de service déclarent être la "question du jour".

Dans cette approche, la disposition sous-jacente est animée par un aveuglement volontaire : on ne veut pas, même de loin, prendre au sérieux la seule chose qui devrait être prise mortellement au sérieux, à savoir l'incompatibilité de ce modèle socio-économique avec les équilibres environnementaux (voire avec toute la naturalité). Une fois cette option systémique exclue, on ne se concentre toujours que sur des pseudo-solutions partielles et instrumentales qui permettent de poursuivre les affaires courantes.

Le libéral suppose par définition que pour tout problème, une solution de marché existe en principe, et que la trouver n'est qu'une question d'incitations. Cette vision le rend aveugle à tout problème systémique, car le système lui-même n'est pas discutable : il n'y a pas d'oxygène en dehors de la bulle d'air libérale-capitaliste. (J'anticipe les objections habituelles en disant que les systèmes de production non capitalistes peuvent EN PRINCIPE éviter le piège de la croissance obligatoire, mais ils ne sont pas obligés de le faire : le progressisme soviétique n'était pas plus gentil avec l'environnement que le progressisme américain).

La vérité simple sur la question environnementale est qu'elle s'harmonise bien avec une attitude "conservatrice" et très mal avec une attitude "progressiste", mais paradoxalement, cette dernière a réussi à se l'approprier en la transformant en un instrument de manipulation sociale et économique.

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La fausse conscience du "progressisme" environnemental contemporain est évidente dans le classisme qui le domine. Se racontant l'histoire abstraite selon laquelle les problèmes environnementaux touchent tout le monde de la même manière, pauvres et riches, le libéral-progressisme s'approprie les revendications écologistes en se croyant porteur d'un bien supérieur, qui lui donne donc aussi le droit d'utiliser des moyens coercitifs sur les récalcitrants.

La combinaison de la prédominance des intérêts commerciaux (qui dirigent le "marché des solutions environnementales") et de l'arrogance habituelle des détenteurs du "bien supérieur" (qui caractérise le progressisme) fait de l'appropriation libérale-progressiste de la question environnementale une démonstration effrontée de classisme.

On fait semblant de ne pas voir l'évidence, à savoir que si l'on veut vraiment s'attaquer de front à la question environnementale, la première chose à faire est de s'attaquer au problème systémique de la croissance obligatoire et de la concurrence entre des positions économiques asymétriques. S'attaquer à ce problème impliquerait en effet un changement qui implique une période de sacrifice, car les attentes antérieures ne peuvent être satisfaites (elles ne le sont d'ailleurs déjà plus pour la plupart des gens).

Mais si l'on entre dans la perspective de changements de formes de vie qui impliquent des sacrifices, il est évident que ces sacrifices DOIVENT commencer par le sommet de la pyramide sociale. Il est impensable qu'alors que les capitalisations d'une petite élite financière mondiale sont les plus élevées de l'histoire, on demande aux gens qui ont du mal à payer leurs factures de se serrer la ceinture. Et de même, il est impensable de demander des sacrifices égaux aux nations dont les taux de consommation et de bien-être sont faibles et aux nations dont les taux de bien-être et de consommation hyperbolique sont élevés (États-Unis en tête).

La question environnementale est une question d'époque et très importante, mais seule la mauvaise foi la plus flagrante peut prétendre ne pas voir comment elle est nécessairement imbriquée avec la question des rapports de force économiques.

Il n'y a pas d'appel au "sacrifice commun" tant que vous êtes appelé à payer une taxe écologique sur la Ferrari et lui sur l'essence pour emmener ses enfants à l'école. Il n'y a pas d'appel à "être tous dans le même bateau", tant que le vôtre est un yacht et le sien un canot de sauvetage.

Tant que l'environnementalisme ne se débarrassera pas sans équivoque de son classisme implicite, il restera un jeu rhétorique destiné à la plèbe, pour permettre à ceux qui sont au sommet de préserver les différences de pouvoir.

Et l'environnementalisme à la sauce libérale-progressiste est structurellement empêché de franchir ce pas.

Le laboratoire politique de la France contemporaine

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Le laboratoire politique de la France contemporaine

par Georges FELTIN-TRACOL

michelet_invention-presidence-republique-tt-width-300-height-455-crop-1-bgcolor-ffffff-lazyload-0.jpgC’est au printemps 2022 en pleine campagne présidentielle que paraît un livre au titre étonnant : L’invention de la présidence de la République (1). Il ne s’agit pas d’une étude de droit constitutionnel, mais d’un essai d’histoire politique sur la plus brève et la plus méconnue des républiques françaises, la Deuxième (1848 – 1852).

L’auteur, Maxime Michelet, examine quatre années décisives qui ont modelé le paysage politique jusqu’en 2017. Il en profite pour contester certaines interprétations institutionnelles viciées de l’historiographie républicaine sans toutefois toujours convaincre. En effet, on pense que la IIe République fut un régime présidentiel puisque le chef de l’État ne pouvait pas dissoudre la chambre. C’est inexact en raison des ambivalences de la constitution de 1848. L’assemblée monocamérale poursuit des pratiques parlementaires acquises sous la Seconde Restauration (1815 – 1830) et la Monarchie de Juillet (1830 – 1848). Elle vote régulièrement la défiance envers le cabinet ministériel et/ou certains de ses membres. « La constitution de 1848 accorde peu de pouvoirs à son premier magistrat » qui porte pour la première fois le titre de « président de la République ».

Toute la parole au peuple ?

À part le droit de nommer et de révoquer les ministres (art. 67), le président ne peut pas agir sans l’indispensable contreseing ministériel. Les constituants limitent sérieusement ses prérogatives. Élu pour quatre ans, il n’est pas rééligible. Le jour de son investiture, il est le seul à devoir prêter un serment de fidélité à la constitution devant les députés.

Maxime Michelet n’est pas constitutionnaliste. Certes, le président de la IIe République ne peut ni suspendre ni proroger l’Assemblée nationale législative. En revanche, il peut la convoquer (art. 32) ou « demander, par un message motivé, une nouvelle délibération (art. 58) ». À l’instar de son homologue outre-Atlantique, il ne dispose pas non plus de l’initiative législative directe. Mais, il « a le droit de faire présenter des projets de loi à l’Assemblée nationale par les ministres (art. 49) ». L’auteur oublie en outre que l’article 63 stipule que le chef de l’État « réside où siège l’Assemblée nationale, et ne peut sortir du territoire continental de la République sans y être autorisé par une loi ». L’auteur semble ainsi confondre le régime présidentiel ou « séparation institutionnelle des trois pouvoirs » du présidentialisme autoritaire (initiative législative de l’exécutif, droit de dissolution de l’assemblée, fixation de l’ordre du jour du Parlement, possibilité d’arrêter le budget par décret, etc.), voire d’un « présidentialisme parlementaire » en vigueur au Portugal et en Autriche où le président est élu au suffrage universel direct, mais dont la responsabilité de l’exécutif revient au chef du gouvernement. La Ve République française se définirait plutôt, après trois cohabitations (1986 – 1988, 1993 – 1995 et 1997 – 2002), comme un « système semi-présidentiel au parlementarisme rationalisé ».

Aux pouvoirs volontairement restreints, le président de la République détient néanmoins un atout considérable. Après bien des discussions et des tergiversations parmi les députés, il bénéficie de « l’autorité acquise par l’onction populaire ». Encore inspiré de l’exemple américain, les constituants de 1848 décident d’élire le président de la République au suffrage universel direct par tous les hommes âgés de 21 ans au moins. Le scrutin se passe en un seul tour (tour populaire). Pour être élu, il faut recueillir la majorité absolue des suffrages dont un minimum de deux millions de voix, soit environ un tiers des inscrits. Si aucun candidat n’est élu, il revient à l’Assemblée législative d’élire le président parmi « les cinq candidats éligibles qui ont obtenu le plus de voix (art. 47) » (tour parlementaire) (2).

L’article 46 prévoit que l’élection présidentielle « a lieu de plein droit le deuxième dimanche du mois de mai », y compris si le président a été élu à une autre date. Les constituants rognent sciemment près de sept mois de présidence pour l’élu des 10 et 11 décembre 1848. Maxime Michelet note que « par le hasard de la date du décès de Georges Pompidou, les élections présidentielles ont lieu en mai depuis 1974, le second tour ayant lieu le premier (depuis 1995), le deuxième (1981 et 1988) ou le troisième dimanche dudit mois (1974). L’élection présidentielle de 1965 avait été organisée en décembre – tout comme celle de 1848 – tandis que celle de 1969 avait pris place en juin. En 2022, pour la première fois, le second tour prend place en avril ».

Louis_Eugène_Cavaignac_MdesA_2014.jpgTous les publicistes de l’époque pronostiquent la victoire du général Cavaignac (photo). Militaire républicain modéré, Louis-Eugène Cavaignac dirige le pouvoir exécutif après avoir maté l’insurrection ouvrière parisienne de juin 1848. Il « demeurait à l’hôtel de Monaco - aujourd’hui hôtel de Matignon ». Élu président, le général Cavaignac en aurait fait son palais présidentiel. Mais il perd l’élection dès le tour populaire tout comme le général conservateur Nicolas Changarnier, les socialistes Alexandre-Auguste Ledru-Rollin et François Raspail et le républicain Alphonse de Lamartine. Avec 75 % des voix, le premier président de la République française est un homme de 40 ans : Louis-Napoléon Bonaparte. « L’héritier de l’Empire devient le premier des premiers magistrats de la République, porté à cette charge quelques jours plus tôt par les suffrages quasi unanimes du peuple français, déposés à l’occasion de la première élection présidentielle au suffrage universel direct. Une expérience audacieuse qui ne se reproduisit plus en France avant 1965. » Mieux, Maxime Michelet le présente comme « le premier président de la Ve République ». En effet, « du point de vue des principes comme de la pratique, Louis-Napoléon Bonaparte a inventé la présidence de la République et, à considérer la prééminence du chef de l’État au sein de la constitution de 1958, on pourrait même oser une affirmation riche en paradoxes : Louis-Napoléon Bonaparte a fondé notre République ».

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Le choix de l’impartialité

Le nouveau dirigeant français inaugure des usages dont certains perdurent encore aujourd’hui. Il est « le premier locataire de l’Élysée ». Il y organise de grandes réceptions et invite les familles royalistes légitimistes et orléanistes les plus influentes, les membres du clan Bonaparte et un entourage présidentiel immédiat dont les fidélités sont « nées dans l’exil et les conspirations ». Connaissant mieux l’étranger que son pays natal, le président, bon locuteur en allemand, en anglais et en italien, visite au cours de son mandat la France et n’hésite pas à séjourner dans des départements politiquement hostiles. Les discours qu’il prononce accroissent sa notoriété auprès de la population. Petite anecdote savoureuse pour l’époque : sa maîtresse en titre, l’Anglaise Elizabeth-Ann Haryett alias Miss Harriet Howard (1823 – 1865) (tableau, ci-dessous), accompagne volontiers ce célibataire endurci pendant les voyages officiels...

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En ces temps d’hypostase laïcarde, l’auteur signale que « par privilège particulier, le chef de l’État français possédait […] le droit de remettre la barrette cardinalice au nonce apostolique en France – l’ambassadeur du pape – lorsqu’il était nommé cardinal à l’issue de sa mission diplomatique: le dernier président de la République à remettre sa barrette à un cardinal sera le général de Gaulle en 1959 (et ainsi, en 1953, le président Auriol aura-t-il remis sa barrette au cardinal Roncalli, futur Jean XXIII ». Il mentionne enfin une « magistrature unique dans toute l’histoire républicaine de la France »: la vice-présidence de la République dont le titulaire s’appelle Henri Georges Boulay de La Meurthe (1797 - 1858). L’article 70 définit cette nouvelle fonction. Le vice-président de la République est nommé par l’Assemblée nationale, sur la présentation des trois candidats faite par le président (outre l’heureux élu, les deux autres sont le comte Achille Baraguey d'Hilliers et Alexandre-François Vivien). Président du Conseil d’État, le vice-président de la République remplace le président en cas d’empêchement et assure un court intérim.

Président des Amis de Napoléon III, Maxime Michelet entend réhabiliter la figure paradoxale du premier chef de l’État français élu au suffrage universel de l’histoire, du premier des présidents de la République et du dernier des monarques français. Il rappelle à toute fin utile que du 20 décembre 1848 au 2 septembre 1870, « Louis-Napoléon Bonaparte a présidé aux destinées de la France durant vingt et un ans et huit mois. À ce titre, il est l’homme politique contemporain à avoir exercé le plus longtemps la magistrature suprême, suivi de Louis-Philippe (dix-sept ans et deux mois), Napoléon Ier (quatorze ans et sept mois) et François Mitterrand (quatorze ans) ». Il ajoute que « loin de l’aventurier jouisseur et sans autre colonne vertébrale que la poursuite d’un confort luxueux financé par la nation, Louis-Napoléon est un homme d’État, porteur d’une véritable conception politique, acteur d’une trajectoire personnelle parmi les plus étonnantes du XIXe siècle et qu’il serait bien réducteur de caricaturer en vulgaire conspiration d’un escroc sanguinaire ».

Le « Prince-Président » a anticipé et compris les aspirations d’une partie non négligeable de l’électorat. « En 1848, qui mieux que l’héritier de Napoléon pouvait fonder en France la magistrature suprême ? Proclamer le principe de l’élection par le peuple, n’était-ce pas d’ailleurs déjà couronner le prince qui était l’incarnation de ses droits ? » Un solide argument, car les Bonaparte forment « la seule dynastie compatible avec les institutions républicaines. […] L’angle est celui d’une dynastie nationale, surgie de la Révolution et auréolée de gloire, vaincue par les armées étrangères ».

Très tôt, Louis-Napoléon se place au-dessus des clivages partisans et des antagonismes politiques. C’est un fait. Par exemple, aux législatives de 1849, de nombreux cantons qui l’ont massivement choisi se portent ensuite sur les républicains radicaux. Le canton de Saint-Pourçain dans l’Allier, qui avait voté à 84 % pour le prince impérial en décembre 1848, vote à 65 % pour les candidats de la Montagne démocrate-socialiste. Pour leur part, les droites (légitimiste, bonapartiste autoritaire, orléaniste et républicaine conservatrice) cherchent à se coordonner au sein d’un « comité de la rue de Poitiers ». Mais, « il est difficile de gouverner avec des hommes qui – issus des élites orléanistes – cachent difficilement leur mépris pour un aventurier qui, selon eux, ne doit son élection qu’au fétichisme des masses paysannes pour son nom ». Le nouveau président doit composer avec une assemblée méfiante et rétive à ses initiatives. Il commence par prendre des ministres compatibles avec la majorité de droite. Cependant, dès le 31 octobre 1849, il désigne un « gouvernement présidentiel ». Certes, « l’Assemblée demeure – sur le plan constitutionnel et politique – le cœur du pouvoir républicain. Face à elle se tient désormais un chef de l’État qui n’est plus seulement un président qui nomme le pouvoir exécutif et le délègue à ses ministres mais un président qui exerce le pouvoir exécutif à travers ses ministres, récupérant l’exercice d’un pouvoir que la lettre de l’article 43 de la constitution – comme l’esprit de l’élection du 10-Décembre – lui déléguait directement ». Sa présidence se marque de diverses combinaisons gouvernementales qui prennent en compte une lecture parlementaire de la constitution de 1848. Aux dépens d’un brumeux « parti du peuple », le président Bonaparte subit les pressions permanentes du « parti de l’Ordre » bourgeois et rentier dont Adolphe Thiers est l’un des principaux animateurs.

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Concorde nationale et harmonie sociale 

Malgré une situation politique compliquée, le chef de l’État engage une politique de rupture avec un certain ordre social établi. En tant qu’ancien prisonnier politique, il « est l’infatigable promoteur de l’amnistie » des Journées sanglantes de juin 1848. Il travaille sa stature régalienne. En tant que chef de l’armée, le président de la République exerce « une présidence napoléonienne »; il agit en « bienfaiteur des soldats »; il intervient en « grand prêtre de la mémoire napoléonienne » et organise « les charités présidentielles ». Maxime Michelet remarque qu’en politique, « le bonapartisme présidentiel est plus conservateur que le bonapartisme impérial, en partie car sa principale mission est de rétablir l’ordre et de promouvoir une révision de l’équilibre institutionnel ». Si c’est sous le Second Empire que « la loi du 9 juin 1853 fonde notre système de retraite », dès la IIe République, le président demande aux parlementaires d’accorder quelques avancées sociales réelles empreintes d’un esprit paternaliste. La loi du 18 juin 1850 autorise des caisses facultatives de retraite par capitalisation dans le secteur privé. La loi du 13 avril 1850 favorise « l’assainissement des logements insalubres ». La loi du 15 juillet 1850 légalise l’organisation du système mutualiste et des sociétés de secours mutuels. La loi du 22 janvier 1851 accorde l’assistance judiciaire gratuite aux plus démunis. Quant à la loi du 22 février 1851, elle concerne l’apprentissage, sa contractualisation, le temps de travail, les jours fériés, le repos dominical et le droit à l’instruction des apprentis.

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L’auteur prévient cependant que « plus qu’une dimension sociale, c’est une dimension populaire qui domine le mandat présidentiel de Louis-Napoléon Bonaparte ». N’est-il pas perçu comme un « prince rouge » ? N’a-t-il pas publié en 1844 De l’extinction du paupérisme dans le sillage de la pensée saint-simonienne ? Sur cette ligne équivoque, en janvier 1849, son cousin Pierre Bonaparte fonde et dirige un éphémère journal intitulé Le Socialisme napoléonien. Un autre cousin, le prince impérial Napoléon-Jérôme Bonaparte, dit « Plon-Plon », siège à l’Assemblée sur les bancs de l’extrême gauche républicaine et anti-cléricale.

Ces engagements ne sont pas paradoxaux. Tous les membres de la famille Bonaparte défendent « la mémoire impériale, porteur de souvenirs et de principes tant révolutionnaires que conservateurs ». À cet égard, le bonapartisme louis-napoléonien est une révolution conservatrice du premier âge industriel. Les historiens des idées politiques du XIXe siècle ont relevé la présence significative de cette expression. Le journal berlinois Die Volksstimme l’emploie dès 1848. Dans son édition du 20 décembre 1851 qui mentionne le coup d’État du 2 décembre, le journal suisse Le Genevois écrit: « Grâce à la Providence, une véritable révolution conservatrice s’accomplit en France par la discipline de l’armée et par la terreur qu’inspire l’anarchie. » « La souveraineté populaire et son incarnation en actes et en puissance, tel est le credo de Louis-Napoléon. » La souveraineté populaire et non la souveraineté nationale, nuance fondamentale entre le bonapartisme au XIXe siècle et le gaullisme au XXe siècle ! Contre les GAFAM et autres transnationales, le XXIe siècle ne verrait-il pas enfin une convergence de ces deux souverainetés plus ou moins conflictuelles vers une souveraineté nationale-populaire et son dépassement en souveraineté communautaire ?

Pour le futur Napoléon III, en 1848, « la candidature napoléonienne était celle d’un puissant mouvement populaire allant au-delà du clivage entre gauche et droite », car « l’élection présidentielle est […] la rencontre d’un peuple avec un prince, dont le nom est un principe ». Maxime Michelet parle de « réconciliation des principes bonapartistes et des principes républicains dans le creuset de la constitution gaullienne ».

Une république plébiscitaire héréditaire

La perspective de la fin du mandat présidentiel en 1852 incite le président à réclamer au moyen d’une pétition la révision de la constitution qui, par des blocages politiques et juridiques, ne se réalise pas. Pendant cette campagne pétitionnaire, le parti de l’Ordre envisage d’autres candidats pour l’échéance présidentielle à venir dont François d’Orléans, prince de Joinville, le dernier fils de Louis-Philippe. Il s’inquiète aussi de l’engouement du public pour le député démocrate-socialiste de la Creuse, Martin Nadaud, à peine âgé de 36 ans. Sa possible candidature à l’Élysée électrise le débat public. S’ajoute la perspective d’un double imbroglio politico-électoral. Le 9 mai, le président Bonaparte achèvera son mandat et sera remplacé par le vice-président de la République. Si Louis-Napoléon n’est pas réélu hors du champs constitutionnel ou si aucune majorité ne se dégage, l’élection reviendrait à l’Assemblée nationale. Mais laquelle ? Celle élue le 2 mai ou celle dont le mandat s’achève le 28 mai ? « On se retrouverait ainsi dans une situation absolument chaotique : un ancien président sans doute réélu illégalement, un vice-président exerçant la présidence par intérim, un futur président à désigner, une assemblée sortante toujours en fonction et une nouvelle assemblée impuissante mais à la composition déjà connue. »

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Louis-Napoléon Bonaparte prépare par conséquent un coup de force. Celui-ci aurait dû se produire dès le 17 septembre 1851, mais il est aussitôt reporté. L’action se déroule le 2 décembre 1851 dans le cadre de l’opération Rubicon. Malgré des résistances parfois violentes dans le Sud-Est et des débuts de jacqueries dans le Massif Central, le putsch présidentiel réussit. Le plébiscite des 21 et 22 décembre 1851 entérine une nouvelle constitution républicaine vraiment présidentialiste (présidence décennale, responsabilité plébiscitaire permanente devant le peuple, ministres responsables devant le président, monopole gouvernemental de l’initiative des lois, etc.). Après 1851, « le pouvoir de Louis-Napoléon n’est pas un simple autoritarisme autocratique mais un autoritarisme démocratique, sa puissance et sa prédominance au sein des institutions ne relevant pas tant de la personne du prince que du principe qu’il incarne ».

Moins d’un an plus tard, le plébiscite des 20 et 21 novembre 1852 établit un nouveau régime impérial. « En réalité, ce n’est ni une dynastie, ni une succession mais une dignité qui est rétablie. » Louis-Napoléon Bonaparte considère en effet que les droits dynastiques qu’il détient lui ont été conférés précédemment par le suffrage universel manifesté avec les consultations plébiscitaires de 1799, de 1802 et de 1804. L’auteur explique avec raison que « bien différente de la royauté, dont l’ordre de succession ne saurait être discuté puisque part intégrante de la légitimité, l’Empire est une monarchie contractuelle fondée sur un pacte explicite entre le souverain et le peuple. En ressuscitant la monarchie impériale, Louis-Napoléon rétablit de nouveau un principe (l’hérédité au sein de la famille de Napoléon) ainsi qu’au titre (empereur des Français) mais ne restaure pas une dynastie. Il instaure sa dynastie ». Le caractère contractuel de l’Empire sera réaffirmé après 1873 par le prétendant impérial, Louis-Napoléon (ou Napoléon IV pour les « impérialistes »), qui proposera que l’intronisation de chaque nouvel empereur des Français ne se fasse qu’après un accord plébiscitaire favorable. Le système bonapartiste s’apparente plus à une Res Publica héréditaire basée sur le consentement plébiscitaire du peuple.

51kQYWycinL._SX312_BO1,204,203,200_.jpgAmbassadeur de Prusse à Paris en 1862, Otto von Bismarck a-t-il pris conscience de la force du peuple dans la réalisation de son projet d’unité nationale allemande dans un sens conservateur, puis bien plus tard dans les avancées sociales légales ? L’un de ses biographes, Lothar Gall, a estimé que le futur « Chancelier de fer » agissait en « révolutionnaire blanc » (3). Serait-ce une anticipation ou une préfiguration de la Révolution conservatrice du premier tiers du XXe siècle (4) ?

L’invention de la présidence de la République ne se contente pas de relater les péripéties politiques et parfois personnelles de la première présidence de la République française. Cet ouvrage remarquable montre un cas pratique de « troisième voie » entre la Réaction et la Révolution, une tentative assez aboutie de synthèse nationale autour des concepts d’Ordre politique, de Justice sociale et d’Égalité civique. À son tour biographe du troisième empereur des Français (5), Pierre Milza considérait la période « louis-napoléonienne » comme le grand moment illibéral de la France (6). Maxime Michelet ne reprend pas l’expression, mais il montre une politique adroite non pas du « juste milieu », mais de concorde nationale et sociale liant des mentalités traditionnelles au dynamisme de la modernité techno-scientifique européenne.

GF-T

Notes

1 : Maxime Michelet, L’invention de la présidence de la République. L’œuvre de Louis-Napoléon Bonaparte, préface d’Éric Anceau, Passés composés, 2022, 394 p., 24 €. Les citations en sont extraites.

2 : La Bolivie a appliqué ce mode de désignation présidentielle jusqu’en décembre 2005 quand Evo Morales gagna le scrutin dès le premier tour à 53,70 %.

3 : Lothar Gall, Bismarck. Le révolutionnaire blanc, Fayard, coll. « Histoire », 1984.

 

4 : En lisant Otto von Bismarck, Pensées et Souvenirs, présentation de Joseph Rovan, Calmann-Lévy, 1984, on comprend qu’entre 1851 et 1862, le Second Empire dans sa phase autoritaire rassure les diplomaties européennes.  

 

5 : Rappelons que le fils de Napoléon Ier, Napoléon II, bien que mineur, régna de jure sur la France entre les 22 juin et 8 juillet 1815.

 

6 : Pierre Milza, Napoléon III, Perrin, 2004.

Les États-Unis pompent les poches des Européens avec l'excuse de la guerre

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Les États-Unis pompent les poches des Européens avec l'excuse de la guerre

par Luciano Lago

Source: https://www.ideeazione.com/gli-stati-uniti-stanno-ripulendo-le-tasche-degli-europei-con-la-scusa-della-guerra/

L'Occident collectif parle de l'introduction éventuelle d'un plafond sur les prix du pétrole en provenance de Russie. Toutefois, Moscou ne vendra pas d'or noir aux pays qui prennent une telle mesure, a déclaré le vice-premier ministre Alexander Novak. Quelles conséquences se cachent derrière le désir des États-Unis et de leurs alliés d'isoler la Russie, a demandé l'expert en économie Dmitry Adamidov.

Novak a qualifié de complètement absurde l'idée que les pays du G7 présentent un plan visant à limiter le prix du pétrole russe. L'idée de l'Occident menace la sécurité énergétique du monde entier, a-t-il ajouté. Moscou ne travaillera pas dans des conditions non commerciales.

L'histoire se répète, affirme l'expert économique indépendant Dmitry Adamidov. La Russie a déjà connu des situations similaires: certains pays hostiles ont refusé de payer le gaz en roubles, tandis que d'autres ont refusé d'acheter directement le carburant.

"L'histoire était assez révélatrice. Rien n'a changé, les médiateurs sont juste apparus après les scandales et les cris. Le pétrole fait peut-être une diversion, mais pas tout: des concepts comme le 'mélange letton', le 'pétrole belge' sont apparus. D'où viendrait bien le pétrole en Belgique? Cela semblerait étrange qu'il y en ait. En général, les propres intermédiaires de l'UE en tirent toujours de l'argent", a ajouté l'interlocuteur de PolitExpert.

Cette fois, la situation avec les intermédiaires se répétera, dit l'économiste. Peu importe le nombre de pays qui s'accordent pour fixer un plafond de prix. Selon M. Adamidov, les restrictions imposées peuvent facilement être levées en cas de besoin.

L'Europe fixera un prix plafond pour le pétrole russe, la Russie le vendra en passant par des intermédiaires asiatiques ou américains (comme c'est déjà le cas actuellement avec l'Inde et la Turquie). Le Venezuela peut fournir du pétrole russe. L'Iran peut être mis sur le marché, bien sûr, mais il n'a pas autant de volume pour conquérir une niche. Mais elle conclura simplement un contrat avec la Fédération de Russie et le pétrole russe ira en Europe, mais il sera appelé "iranien".

La Russie a de grandes possibilités de réorienter le marché, la décision de l'Occident ne jouera donc pas un rôle majeur. Il s'agit d'une performance américaine, qui est jouée pour "prendre de l'argent dans la poche des consommateurs" en Europe et dans d'autres pays sous le prétexte de combattre la Fédération de Russie, dit l'interlocuteur de PE. Par conséquent, les restrictions sur le pétrole russe aggraveront une crise qui s'est déjà aggravée, a-t-il conclu :

"L'économie européenne s'effondre. D'ailleurs, les Européens le comprennent, mais ne peuvent rien faire. C'est ainsi que se manifeste leur indépendance politique. De cette manière sophistiquée, les Américains et les autres parties intéressées résolvent leurs problèmes : ils détruisent l'industrie européenne, qui a toujours été l'alliée de la Russie. Les derniers fonds et fournitures sont retirés des poches de la population".

Les pays européens ont ressenti toute la force des sanctions anti-russes, plongeant dans une crise énergétique. Le politologue finlandais Johan Bäckman a prédit des émeutes en Finlande en raison des sales coups perpétrés par le gouvernement d'Helsinki dans la lutte contre la crise énergétique.

Note : Il est difficile de comprendre la logique de la position des eurocrates de Bruxelles qui, dans une situation de marché caractérisée par une forte prévalence de la demande d'énergie sur l'offre, prétendent mettre en place un cartel d'achat au rabais. La manœuvre des eurocrates cache en réalité une subordination aux intérêts des multinationales américaines et une volonté de favoriser les lobbies intermédiaires.

Trois articles de l'analyste finlandais Markku Siira sur les récentes turbulences au Xinjiang

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Trois articles de l'analyste finlandais Markku Siira sur les récentes turbulences au Xinjiang

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Pas de surprise: l'organisation américaine derrière la propagande du Xinjiang

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/09/02/ei-mikaan-yllatys-amerikkalaisjarjesto-xinjiangin-propagandan-takana/

Le gouvernement régional chinois du Xinjiang a tenu une conférence de presse en mai, déclarant que la fondation américaine National Endowment for Democracy (NED en abrégé) a été "le principal soutien des forces et organisations anti-chinoises qui cherchent à séparer la région du Xinjiang de la Chine". La NED est également l'organisation à l'origine d'allégations quant à des violations des droits de l'homme.

Selon Liu Weidong, chercheur à l'Institut d'études américaines de l'Académie chinoise des sciences sociales, entre 2004 et 2020, la NED a versé plus de 8,75 millions de dollars à des organisations séparatistes du Xinjiang, ce qui en fait le principal donateur du tristement célèbre "Congrès mondial ouïghour" et d'autres groupes cherchant à séparer la région du Xinjiang de la Chine.

Surnommée la 'seconde CIA', la NED a infiltré divers pays pour inciter les citoyens à s'engager dans le 'militantisme démocratique' afin de servir les intérêts de la politique étrangère américaine. Partout où il y a des "manifestations spontanées" contre des régimes indésirables pour les États-Unis, la NED et ses employés sont derrière l'agitation.

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Carl Gershman, qui a dirigé la NED depuis sa fondation en 1984 jusqu'en 2021, a même ouvertement soutenu que la Chine a besoin d'une révolution de couleur pour résoudre les problèmes du Xinjiang et qu'un changement de régime pourrait faire du pays une république fédérale au goût de l'Occident.

En 2022, la NED a financé neuf programmes liés au Xinjiang avec 2,5 millions de dollars. Les programmes comprenaient "l'utilisation des nouveaux médias pour créer de la propagande et la création d'une base de données sur les droits de l'homme des Ouïghours". Ces programmes avaient et ont toujours un objectif très clair : fomenter une soi-disant crise des droits de l'homme en Chine afin de favoriser les objectifs américains et occidentaux.

Non seulement la NED a fourni des fonds à certaines organisations, mais elle a également formé et encouragé les forces anti-chinoises et les groupes séparatistes "à mieux coopérer avec la stratégie américaine visant à contenir la Chine".

Qu'ont fait les organisations séparatistes avec le soutien de la NED ? Liu a déclaré que pour obtenir la reconnaissance de la NED, les séparatistes du Xinjiang et le Congrès Ouïghour Mondial ont travaillé dur pour fabriquer des mensonges et répandre la désinformation sur le Xinjiang. Cette propagande est truffée d'accusations exagérées allant des "camps de concentration" au "génocide" et aux "crimes contre l'humanité", utilisant le vocabulaire typique des acteurs occidentaux.

Le Congrès mondial ouïghour, fondé aux États-Unis en 2004, avec l'aide des forces anti-chinoises des États-Unis et de l'Occident, a mis en place un "tribunal ouïghour", dans lequel des personnes révélées par la suite comme étant des acteurs payés dans des apparitions médiatiques ont fait de faux témoignages sur des "violations des droits de l'homme", tandis que les médias occidentaux continuent de diffuser ces allégations.

Depuis la fin du 20ème siècle, les États-Unis, qui ont tout militarisé, ont toujours utilisé les "droits de l'homme" comme prétexte pour s'ingérer dans les affaires des autres pays et même pour déclencher des guerres, provoquant de graves crises humanitaires et des flux de réfugiés en Europe et ailleurs. "Afin de promouvoir le processus d''américanisation', la NED est également active en Ukraine depuis longtemps.

"Les États-Unis accusent toujours avec arrogance les autres pays de violations des droits de l'homme, alors qu'ils sont eux-mêmes la principale cause des catastrophes humanitaires, les destructeurs de l'ordre international, les violateurs des droits de l'homme et les auteurs de génocides", a déclaré Xu Guixiang, porte-parole du gouvernement régional du Xinjiang, lors d'une conférence de presse en mai.

Malgré les opérations américaines, la population du Xinjiang jouit d'une vie stable sans attaques terroristes soutenues par l'Occident depuis plus de cinq ans. Le Congrès mondial ouïghour et d'autres mouvements anti-chinois continueront sûrement à fabriquer des histoires sensationnelles - du moins tant que l'argent de l'aide occidentale sera disponible.

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Les manigances occidentales en matière de droits de l'homme - Rapport de l'ONU sur le Xinjiang

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/09/01/lannen-ihmisoikeusaseen-laukauksia-ykn-raportti-xinjiangista/

Le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a publié un rapport sur le traitement des musulmans ouïghours dans le Xinjiang, en Chine, à la fin de son mandat de quatre ans. Bachelet a visité le Xinjiang en Chine en mai.

Le poste de Haut Commissaire aux droits de l'homme fait souvent l'objet de pressions politiques intenses dans le monde entier. Presque tous les commissaires ont quitté leur poste après un mandat, et Bachelet ne fait pas exception.

Depuis son voyage au Xinjiang, la déléguée chilienne a notamment été critiquée pour ne pas avoir adopté une position assez ferme sur la situation des Ouïghours. Il ne fait aucun doute que Bachelet subit la pression des États-Unis, qui cherchent à renverser le régime socialiste en Chine.

J'ai déjà écrit sur les Ouïghours et la campagne anti-chinoise de l'Occident - qui est également perceptible en Finlande - mais il semble que le sujet doive être revisité.

Puisque les grands médias occidentaux, avec leurs journalistes, se chargent de la critique habituelle de la Chine, je vais me concentrer sur d'autres points de vue. Il y a quelques éléments qui ressortent du récent rapport de l'ONU et qui ne manqueront pas d'être négligés par les médias grand public, alors permettez-nous au moins de corriger cela.

La grande majorité des violations présumées des droits de l'homme sont basées sur le témoignage de quarante personnes, et la plupart d'entre elles ont déjà été interrogées par des organisations et des journalistes qui ont supposé, comme si c'était une évidence, que leurs rapports sont vrais.

iaspindex.pngLe rapport mentionne également cinq fois le think-tank australien Australian Strategic Policy Institute comme source, même si cet institut fait bel et bien partie du département de propagande relevant du complexe militaro-industriel occidental, qui cherche à produire du matériel anti-chinois pour étayer la "stratégie indo-pacifique" des Américains. Ce seul fait place le contenu du rapport sous un jour bien étrange.

Le rapport de l'ONU répète les récits occidentaux, tissés de sarcasmes, sur la politique chinoise de planning familial, sur la mauvaise nature de l'ingérence dans l'extrémisme religieux et sur la destruction des mosquées, même si le nombre de mosquées dans la région du Xinjiang est l'un des plus élevés au monde.

Le rapport, publié juste à temps pour le congrès du parti communiste chinois, répète des allégations basées sur des sources non vérifiées, des traductions "non officielles" de documents chinois et des interprétations subjectives de la loi chinoise.

Même si le rapport de l'ONU était considéré comme l'entière vérité, il prouverait au mieux que la Chine, qui essaie de tout faire le plus efficacement possible, a éradiqué l'extrémisme islamiste au Xinjiang pour des raisons de sécurité nationale et conformément à la loi chinoise.

Cependant, les discours occidentaux sur les "crimes contre l'humanité" et le "génocide" sont des exagérations propagandistes sans aucun fondement dans la réalité. Si les États-Unis, par exemple, disposaient de preuves solides de tels crimes, ils n'auraient pas à se contenter de vagues insinuations et d'une campagne de dénigrement. Cependant, tous les moyens sont utilisés dans la guerre de l'information et pour obtenir de l'influence hybride.

Le cas des musulmans ouïghours semble être examiné de près par les pays musulmans. Pourtant, seuls les États-Unis et leurs alliés occidentaux lancent des allégations sur de soi-disant mauvais traitements infligés aux Ouïghours, alors que ce sont eux qui ont tué des millions de musulmans et provoqué d'énormes flux de réfugiés avec leurs sales guerres. Après tout cela, l'inquiétude de l'Occident au sujet des Ouïghours ne semble pas très crédible.

La Chine a également publié une réponse succincte au rapport de l'ONU, qui clarifie la situation passée au Xinjiang, les attaques terroristes et les activités extrémistes. Bien entendu, les médias occidentaux ne donnent pas beaucoup de détails à ce sujet. Dans les déclarations chinoises, les allégations de génocide au Xinjiang ont été qualifiées de "mensonge du siècle".

L'"arme des droits de l'homme", maniée par l'Occident, est pointée sur la Chine pour des raisons de luttes de pouvoir géopolitiques et géoéconomiques et de ressources naturelles. J'ai bien deviné, il y a quelque temps, que les Ouïghours étaient évoqués surtout en raison des énormes gisements de pétrole et de gaz découverts dans le Xinjiang. Les oligarques cupides de l'Occident n'y auront pas accès tant que la Chine sera dirigée par un régime nationaliste.

La guerre de l'Occident contre la Chine se poursuit sur tous les fronts et les enjeux augmentent. Si les manifestations en faveur des droits de l'homme et la rhétorique de la révolution de couleur ne parviennent pas à renverser le régime socialiste en Chine, il y aura certainement, tôt ou tard, une transition de la guerre de l'information à la confrontation armée.

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Les États-Unis veulent un changement de pouvoir en Chine

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/08/31/yhdysvallat-haluaa-vallanvaihdon-kiinassa/

Le vingtième congrès national du parti communiste chinois est prévu pour le 16 octobre. À cette occasion, les délégués définiront la stratégie et les priorités de développement de la Chine et éliront un dirigeant pour le pays qui exercera ses fonctions pendant les cinq prochaines années.

Selon Valery Kulikov, il est probable que l'actuel secrétaire général du Parti, Xi Jinping, soit réélu pour un troisième mandat, car la règle selon laquelle une même personne ne peut effectuer plus de deux mandats consécutifs en tant que secrétaire général a été abolie en 2018.

Xi Jinping est à la tête du Parti communiste depuis près de dix ans et, durant cette période, il s'est constamment concentré sur le renforcement de la souveraineté nationale de la Chine dans l'arène politique, ainsi que dans les domaines du commerce, de l'économie et de la science.

Cette politique a certainement renforcé son autorité personnelle en Chine, mais elle s'est également attirée les foudres des puissances occidentales, et Washington est désormais déterminé à trouver un moyen d'écarter Xi du pouvoir.

De nombreux membres de l'administration de Joe Biden ont exprimé leur opposition à la politique chinoise actuelle. En mai de cette année, le secrétaire d'État Antony Blinken a décrit la Chine comme "le plus sérieux défi à long terme pour l'ordre international". Il a ajouté que la seule réponse à la "menace" posée par Pékin était la "dissuasion unie" et "l'investissement dans les forces armées".

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L'attitude de l'élite américaine a été traduite dans les couvertures du livre par l'ancien diplomate Roger Garside, qui, dans son livre China Coup : The Great Leap to Freedom, a décrit sans vergogne comment l'actuel dirigeant chinois pourrait être renversé par une révolte organisée par ses rivaux politiques. Quoi qu'il en soit, les auteurs du coup d'État passeraient alors d'un régime socialiste à une démocratie libérale de type occidental.

Dans son livre, Garside affirme que sous le "leadership trop affirmé" de Xi, la Chine a été mise sur une trajectoire de collision avec les États-Unis. La "révolution de palais" de Pékin serait déclenchée par la menace d'une guerre commerciale portant atteinte à l'économie chinoise. Dans le scénario de Garside, les États-Unis dirigent astucieusement la "cinquième colonne" de la Chine et créent les conditions pour que les rivaux de Xi puissent l'affronter.

Les idées pour un changement de pouvoir ne se limitent pas au niveau de l'écriture. Au début de l'année, George Soros, spéculateur milliardaire de 92 ans, partisan convaincu de toutes les "révolutions de couleur" fomentées par l'Occident, a lancé un appel à peine voilé à un changement du régime communiste lors d'une réunion du Forum économique mondial, qualifiant Xi Jinping de "plus grande menace pour l'ordre mondial libéral".

Dans une tentative d'organiser une révolution dans la Chine nationaliste, Soros et ses diverses organisations ont ciblé les jeunes élites économiques et financières du pays dans l'espoir qu'elles puissent agir comme une opposition pro-occidentale face aux vétérans du parti et aux militaires et créer une crise politique intérieure en Chine.

Par le biais de sa fondation, Soros suit toujours la même formule utilisée à l'approche des coups d'État : travailler avec des jeunes gens politiquement actifs et sélectionner les candidats les plus "prometteurs", les plus vulnérables aux tentations du libéralisme, pour les former aux États-Unis et en Europe afin de promouvoir les intérêts des capitalistes financiers occidentaux.

Mais les plans du spéculateur monétaire vieillissant et de l'élite dirigeante occidentale sont entravés par le fait qu'au cours des cinq dernières années, le régime de Xi Jinping a mis en place un certain nombre de mécanismes pour contrer l'influence étrangère : le Parti communiste a désormais une hiérarchie de commandement plus forte et le pays a également lancé des campagnes de lutte contre la corruption.

Par conséquent, la campagne de sabotage n'a pas réussi comme prévu initialement. Washington a donc changé de tactique et lancé une nouvelle campagne anti-chinoise axée sur les aspirations à l'indépendance de l'île taïwanaise.

Washington a choisi Taïwan comme point central de son offensive contre la Chine continentale parce que les précédentes tentatives de déstabilisation, axées sur le Xinjiang et Hong Kong, ont échoué lamentablement.

Cela est apparu clairement ce printemps lorsque Michelle Bachelet, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, est revenue d'une visite dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang et a été accusée, après une conférence de presse, d'être "trop douce avec la Chine". Les communautés musulmanes du monde entier ont également protesté contre les tentatives d'utiliser les Ouïghours comme une arme de propagande contre la Chine.

Les tentatives de Washington d'organiser des manifestations hostiles à Xi Jinping à Hong Kong à l'été 2019 n'ont pas mieux réussi. Les projets visant à reconnaître Hong Kong comme un État indépendant et à établir des relations commerciales distinctes avec lui, excluant ainsi la Chine, ont échoué sur des amendements juridiques. Les "experts" de Washington ont ensuite ciblé l'île de Taiwan.

Début août, l'administration Biden a envoyé Nancy Pelosi, chef du parti démocrate à la Chambre des représentants, faire un voyage provocateur à Taipei. L'objectif de cette visite était d'humilier Xi Jinping et de saper sa position politique, ainsi que d'inciter les électeurs américains à soutenir les démocrates lors des prochaines élections de mi-mandat.

Washington est bien conscient qu'en ce moment, peu avant le congrès du Parti communiste chinois, la stabilité sociale, économique et politique est d'une importance capitale pour Pékin, aussi tous les efforts sont déployés pour déstabiliser le régime de Xi.

Ayant fait leur premier pas dans le jeu de Taïwan, les États-Unis ont continué à provoquer avec d'autres visites politiques sur l'île. Le 14 août, une délégation du Congrès dirigée par le sénateur Ed Markey et soutenue par quatre autres sénateurs est arrivée à Taipei pour une visite de deux semaines. Ensuite, le gouverneur républicain de l'Indiana, Eric Holcomb, et, peu après, la sénatrice du Tennessee, Marsha Blackburn, ont à leur tour rendu visite à Taïwan.

Pour montrer sa loyauté envers les États-Unis, la Lituanie, petit État vassal balte toujours prêt à soutenir tout projet d'hégémonie occidentale, a également envoyé une délégation dirigée par le vice-ministre des Transports et des Communications Agne Vaiciukevičiūtė pour un voyage de cinq jours à Taïwan. La Lituanie a déjà pris position contre la Chine par le passé, "pour être du bon côté du nouveau rideau de fer".

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Le Japon, vieil ennemi de la Chine en Asie, a également suivi l'exemple de son hôte transatlantique et a envoyé une délégation dirigée par l'ancien ministre de la défense, le libéral-démocrate Shigeru Ishiba (photo), pour un voyage de quatre jours à Taiwan. Peu après, un autre homme politique japonais, Keiji Furuya, s'est également rendu sur l'île chinoise.

Kulikov interprète l'objectif de ces visites comme une volonté de "faire pression sur Taipei pour que l'île fasse une déclaration formelle d'indépendance dans l'espoir qu'une réponse modérée de la Chine à ces provocations sera perçue comme un coup porté à l'autorité du parti au pouvoir en Chine et de Xi Jinping".

Alors que les événements ci-dessus se déroulent, les États-Unis et la Chine ont tous deux démontré leur puissance militaire dans les eaux au large de Taïwan. Il est probable que les États-Unis continueront à proférer des menaces dans l'espoir que la Chine fasse une erreur et entre dans un conflit qui entraînera des difficultés similaires à celles auxquelles la Russie a été confrontée avec l'opération en Ukraine.

L'administration de Xi Jinping est certainement consciente des plans cyniques de Washington. Pékin s'est très probablement préparé aux machinations des États-Unis, évaluant différents scénarios et préparant des contre-mesures pour l'automne.