vendredi, 14 mars 2025
Allemagne : élections aux temps décisifs
Allemagne: élections aux temps décisifs
Enric Ravello Barber
Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2025/03/alemania-elec...
Les élections législatives allemandes, d'une importance capitale, ont donné le résultat que les sondages annonçaient, y compris l'ascension des néo-communistes woke de Die Linke, qui sont passés en quelques semaines d'une absence au Bundestag à une représentation significative avec 8,8 %, soit pratiquement le double de ses résultats précédents.
Ces élections étaient d'une importance majeure car elles définissent l'avenir politique de ce qui reste la première puissance de l'UE. On savait que les Allemands allaient punir la gestion pusillanime du chancelier sortant Olaf Scholz de la SPD, et qu'un nouveau gouvernement allait diriger l'Allemagne pendant les quatre prochaines années.
Les deux clés de ces élections sont: le retour de la CDU/CSU au pouvoir après l'effondrement social-démocrate et le résultat historique obtenu par les nationalistes de l'AfD, qui atteignent 20,8% des suffrages.
Résultats par partis
CDU/CSU : c'est le vainqueur clair des élections avec 28,6% (+4,4%), bien qu'il soit légèrement en dessous des 30% annoncés dans plusieurs sondages.
L'AfD, avec 20,8% (+10,4 %), est le parti qui connaît la plus forte croissance, doublant ses voix par rapport au résultat d'il y a quatre ans. Ce grand résultat le place comme le deuxième parti d'Allemagne, ce qui constitue un tournant historique, rompt avec un demi-siècle de tendance où la CDU/CSU et la SPD se disputaient alternativement la première et la deuxième place.
La SPD, avec 16,4%, est le grand perdant des élections, avec 9,3% des voix pour devenir le troisième parti d'Allemagne.
Les Verts atteignent 11,6%, malgré une baisse de 3,1%, réussissant à se maintenir malgré le profond essoufflement de leur participation dans la coalition gouvernementale sortante et les positions bellicistes adoptées par leur ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.
Die Linke 8,8% est le "deuxième gagnant moral" des élections, doublant presque leur résultat précédent (+3,9%) ; quelques semaines avant les élections, les sondages leur donnaient un petit 4%, ce qui aurait signifié une force extra-parlementaire et initié le chemin vers la marginalité et l'insignifiance politique. Le résultat les confirme comme une référence importante pour la gauche, d'autant plus que leur concurrent dans ce spectre politique, le BSW, se retrouve hors du Parlement.
Le BSW s'est cependant rapprocher de la barre fatidique des 5%; à 3 centièmes de pourcent près, ce nouveau parti aurait pu envoyer des représentants, pour la première fois, dans la chambre fédérale allemande. Son 4,97% pourrait marquer un tournant à la baisse pour cette formation de gauche critique vis-à-vis de l'immigration, qui devra survivre en tant que force extra-parlementaire pendant quatre ans. Sa présence dans les parlements régionaux à l'est du pays constitue son possible radeau de sauvetage.
La FPD obtient 4,3% et est ainsi le "deuxième perdant" des élections, baissant de 7,1% par rapport à 2021, et se retrouvant désormais hors du Parlement. Les libéraux paient très cher leur participation anodine dans le gouvernement de coalition sortant. Leur leader abandonne la politique et le parti entre dans une dérive qui pourrait mener à sa disparition de la scène politique.
Réalités géographiques et sociologiques
Pour comprendre le sens de ces élections et surtout pour connaître les constantes sociologiques allemandes, il est important de prendre en compte les données suivantes:
L'AfD est le premier parti dans l'est de l'Allemagne et gagne dans tous les Länder de l'ancienne RDA avec des pourcentages de vote très élevés.
Saxe, 42,9 % (+17,2)
Thuringe, 38,6 % (+14,6)
Saxe-Anhalt, 37,4 % (+19,6)
Mecklembourg-Poméranie, 35,3 % (+17,3)
Brandebourg, 32,5 % (+14,4 %)
Il est nécessaire d'ajouter que, dans deux Länder occidentaux, l'AfD a dépassé la barre des 20%.
Sarre, 21,6 % (+11,5)
Rhénanie-Palatinat, 20,1 % (+10,5 %)
Des résultats qui contrastent avec ceux de la ville de Berlin, où Die Linke est la force la plus votée avec 19,9% et où l'AfD occupe seulement la cinquième place avec 15,1%.
Dans l'Allemagne occidentale, la prédominance est clairement en faveur de la CDU/CSU.
Plus que significatif est la comparaison du vote des jeunes femmes urbaines...
Die Linke 34 %
Les Verts 22 %
SPD 12 %
AfD 9 %
CDU 9 %
...avec le vote des hommes âgés de zones rurales :
CDU 42 %
AfD 18 %
SPD 18 %
Verts 8 %
Die Linke 3 %
Une comparaison qui parle d'elle-même et qui doit être prise en compte par les équipes électorales de l'AfD.
L'AfD se consolide sans aucun doute comme le premier parti des travailleurs allemands, atteignant 37% des voix ouvrières.
Quant au vote musulman, il s'est réparti comme suit :
29 % Die Linke.
28 % SPD.
16 % BSW.
12 % CDU.
6 % AfD.
4 % Les Verts.
Sans aucun doute, un élément d'une importance sociologique énorme a été le vote des retraités. Leur mobilisation et leur soutien massif à des partis traditionnels (CDU/CSU et SPD) ont été déterminants pour empêcher l'AfD de s'approcher des 25% de voix, un pourcentage qui aurait radicalement changé le paysage politique. Avec une telle représentation, l'AfD aurait pu bloquer constamment les initiatives législatives du Bundestag.
Les 20 % de l'AfD. Musk ne donne pas de voix
20,8% est sans aucun doute un résultat spectaculaire, mais qui laisse un léger goût d'insatisfaction parmi les dirigeants et sympathisants de l'AfD. 20% était le pourcentage donné par les sondages, il y a des mois. L'arrivée de Trump à la Maison Blanche, l'intervention “en ligne” d'Elon Musk lors d'un événement de campagne et une interview d'Alice Weidel se distanciant des positions les plus controversées du parti, ont fait penser que cela pourrait donner un important coup de pouce électoral à la formation nationaliste. Ce ne fut pas le cas; de plus, depuis l'intervention de Musk dans sa campagne, l'AfD a chuté de quelques dixièmes dans les intentions de vote.
La réaction de Trump aux résultats électoraux, se félicitant de la victoire d'un parti conservateur (CDU), démontre sa méconnaissance de la politique allemande et ce que cela importe peu à son “allié” présidentiel américain.
L'AfD doit prendre soin de ses relations avec la nouvelle administration de Washington. Trump a déjà annoncé l'imposition de droits de douane de 25% sur tous les produits européens, y compris les automobiles, un coup dur pour le principal secteur exportateur allemand et le moteur économique du pays. Si l'AfD veut se placer comme le porte-parole de ceux qui nuisent à l'économie et aux travailleurs allemands, les conséquences électorales sont plus que prévisibles.
Merz, l'anti-Merkel ?
Les résultats électoraux font du leader de la CDU/CSU, Friedrich Merz, le nouveau chancelier allemand virtuel. Pour y parvenir, il devra simplement remettre en place une "grande coalition" avec la SPD.
Merz représente l'aile droite et conservatrice de la CDU. Son retour au sein du parti et dans le premier plan de la politique, qu'il avait quitté en raison de désaccords avec Angela Merkel, signifie un tournant à droite de la CDU sur des thèmes clés, y compris un changement dans la politique d'asile initiée par Merkel, que Merz a qualifiée de catastrophique. De nombreux commentateurs s'accordent à définir Merz comme un anti-Merkel.
Ses premières déclarations ont été claires concernant le besoin de récupérer la puissance économique, diplomatique et militaire de l'Allemagne, allant jusqu'à envisager la possibilité d'une défense nucléaire pour l'Allemagne. Dans ce sens, il s'est exprimé clairement en faveur d'une émancipation européenne vis-à-vis des États-Unis, pour laquelle il organisera toute une série de rencontres avec d'autres dirigeants européens une fois en fonction.
Sans aucun doute, un aspect clé de ces élections et de l'évolution politique de l'Allemagne dans les années à venir est l'immigration et son impact sur la sécurité des citoyens. C'est l'argument principal qui a permis à l'AfD de se positionner comme la deuxième force politique. Les stratèges électoraux de la CDU/CSU le savaient et lors de la campagne, ils ont fait des déclarations en faveur d'un meilleur contrôle de l'immigration. Rapidement, les promesses des démocrates-chrétiens, toujours fragilisées, se sont diluées; quelques jours après les élections, Merz a "précisé" - une manière douce de le dire - toutes ses promesses électorales sur ce sujet, assurant que "personne - il parle de lui-même - n'a parlé de fermer les frontières". Ce 3 mars, l'Allemagne a subi une autre attaque indiscriminée liée à l'immigration avec deux morts et plusieurs blessés, une de plus dans une longue liste.
Si Merz, à la tête de la coalition prévisible CDU/CSU-SPD, ne parvient pas à agir avec fermeté dans les questions de l'immigration et de l'insécurité, son mandat sera fait d'une crise continue qui pourrait conduire l'AfD à gagner les prochaines élections, tant que ses positions internationales ne se confondent pas avec celles qui, dans les années à venir, attaqueront l'industrie, l'économie et la position géopolitique de l'Allemagne - et de l'Europe.
Des temps décisifs, comme disait Spengler.
NOTES:
(1) https://www.lavanguardia.com/internacional/20250224/10415188/lider-liberales-alemanes-abandona-politica.html
(2) https://www.fdesouche.com/2025/03/03/allemagne-le-vote-des-seniors-en-faveur-des-partis-traditionnels-a-ete-determinant-pour-freiner-lascension-de-lafd/
(3) https://x.com/F_Desouche/status/1893806009484718369
(4) https://www.abc.es/internacional/trump-felicita-alemania-nueva-victoria-conservadora-suyo-20250224022904-nt.html
(5) https://www.dw.com/es/trump-anuncia-aranceles-del-25-por-ciento-a-productos-de-la-ue/a-71763764
(6) https://www.lecho.be/economie-politique/europe/elections/friedrich-merz-l-anti-merkel-aux-portes-de-la-chancellerie/10589036.html
(7) https://www.swissinfo.ch/spa/merz-quiere-discutir-la-defensa-nuclear-con-las-potencias-nucleares-europeas/88911116
(8) https://cnnespanol.cnn.com/2025/02/23/mundo/resultados-elecciones-alemania-friedrich-merz-conservadores-ultraderecha-trax
(9) https://www.swissinfo.ch/spa/merz%2C-ganador-de-las-elecciones-alemanas%2C-matiza-su-pol%C3%ADtica-para-restringir-la-migraci%C3%B3n/88945979
(10) https://www.elmundo.es/internacional/2025/03/03/67c5a275e...
11:43 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, élections allemandes, législatives allemandes 2025, europe, affaires européennes | |
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Trump gagne à Panama une guerre économique. Les armes sont inutiles
Trump gagne à Panama une guerre économique. Les armes sont inutiles
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/trump-vince-a-panama-una-guerra...
Donald Trump a déjà gagné la guerre pour le canal de Panama. Après avoir menacé d'interventions militaires et proféré d'autres idioties similaires, il a tout résolu avec un peu d'argent. Pas directement déboursé par le gouvernement, mais par un consortium dirigé par le fonds BlackRock, dont fait également partie la MSC de l’italo-suisse Aponte. Aponte, de son côté, devait se faire pardonner par Trump l'achat de nombreux navires fabriqués en Chine.
Ainsi, Pékin renonce à Panama, mais sans que cela ne lui pose trop de problèmes. Non seulement les Chinois encaissent une belle montagne d'argent pour la cession de ses ports, mais ils peuvent déjà compter sur le grand port construit au Pérou à Chancay, afin de renforcer les échanges entre l'Asie et l'Amérique latine.
Tout le monde est donc heureux. Et s'il fallait vraiment un canal pour la Chine, elle pourra toujours le construire dans un des pays prêts à recevoir des méga-financements de Pékin.
L’opération Panama est cependant importante car elle indique clairement les modalités avec lesquelles Trump envisage de rendre à nouveau les États-Unis grandioses (MAGA!). Il menace d'interventions militaires mais utilise ensuite l'arme économique. Et même le conflit avec Pékin est davantage axé sur le commerce international que sur des missiles et des soldats.
Mais cela vaut aussi pour la relation avec Moscou: asseyons-nous à une table et discutons de la manière de faire des affaires ensemble. Sur les terres rares mais aussi sur le reste.
Les seuls qui ne l’ont pas compris, ou qui font semblant de ne pas comprendre pour obéir à d'autres intérêts, ce sont les euro-pitres de Bruxelles. Prêts à détruire l'économie de toute l'Europe pour courir au réarmement. Il est vrai que cette dépense colossale ferait bouger le PIB, mais autant creuser des trous pour ensuite les remplir. Le PIB augmente et l'inutilité du projet guerrier demeure la même.
Dans un monde où les confrontations se jouent sur la puissance économique, industrielle, agricole, financière et commerciale, les euro-pitres jouent à la guerre en soustrayant des ressources à la croissance du Vieux Continent. Sont-ils vraiment stupides ? Le chancelier allemand Merz a travaillé, aux plus hauts niveaux, justement pour BlackRock, le bras armé de la finance américaine. Et son engagement à détruire l'économie européenne soulève quelques questions.
11:05 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géo-économie, donald trump, panama, canal de panaman amérique centrale, amérique ibérique, géopolitique | |
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Et la Roumanie explose
Et la Roumanie explose
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/e-la-romania-esplode/
Que se passe-t-il en Roumanie ? La question n’est pas, loin s’en faut, anodine, même si nos médias et grands journaux ne parlent pratiquement jamais de ce qui se passe à Bucarest et dans ses environs. Ou, au mieux, ils y font allusion, comme s'il s'agissait d'un lointain pays de Clochemerles.
Et, pourtant, la Roumanie n’est pas seulement à notre porte, toute proche, mais c’est aussi un pays membre de l'UE. Et c’est là un fait que nous ne devrions jamais oublier. Parce que ce qui lui arrive peut nous aider à mieux comprendre les comportements de cette Union Européenne. Et, à proportion égale, à comprendre aussi la situation dans laquelle se trouve l’Italie.
Donc, en Roumanie, il y a eu des élections. Un vote qui fut parfaitement régulier, semble-t-il. Qui a conduit à la victoire, certaine et indiscutable, de Câlin Georgescu. Un candidat indépendant, avec une expérience politique limitée, mais un passé professionnel, en tant qu'ingénieur et expert en développement, tout à fait respectable. Une expérience professionnelle, attention, qui fut forgée également aux États-Unis et, surtout, aux Nations Unies.
Georgescu n’a jamais été communiste. Ni pro-russe. Certaines de ses déclarations – qui lui ont valu pas mal de problèmes – auraient laissé entrevoir une certaine, disons, « sympathie » pour la Garde de Fer et son ancien leader, Corneliu Zelea Codreanu.
Cependant, lorsque, en novembre 2024, il a remporté, à la surprise générale, les élections politiques, surpassant les candidats proches de l'Union Européenne, il a été immédiatement accusé d’être pro-russe. Et le résultat électoral a été, tout aussi rapidement, annulé. Par ordre explicite de la Commission Européenne.
Comment ça ? Vous trouvez cela étrange, vous tombez des nues ? Eh bien, je suis désolé, mais les choses se sont passées exactement comme cela. Les résultats électoraux ont été annulés. Les élections ont été suspendues jusqu'à nouvel ordre. Et, enfin, il y a eu assignation à résidence pour Georgescu, avec interdiction de participer à la vie politique pendant six ans.
Le tout sur ordre de Bruxelles. Ce ne sont pas des affirmations sans fondement, car plusieurs membres de la Commission Européenne en ont témoigné. Membres qui, rappelons-le, n'ont jamais été élus ni choisis par aucun peuple, bien évidemment.
Les élections ont donc été annulées et reportées sine die. Quand les Roumains se seront mis dans la tête que la démocratie n'a de valeur que si les gagnants sont des personnes redevables au pouvoir économique et politique qui se cache derrière la Commission Européenne.
Sinon… ça ne compte pas, ça s’annule, ça doit être recommencé.
Mais voilà, le diable est très doué pour faire des casseroles, mais, souvent si ce n'est toujours, il oublie les couvercles.
Et, ainsi, la Roumanie est en train d’exploser. Des manifestations de rue, réelles et massives, à Bucarest et dans toutes les villes. Des manifestations en soutien à Georgescu. Et, surtout, des revendications du droit du peuple roumain à décider de son propre destin.
C’est, en résumé, ce qui se passe à quelques centaines de kilomètres de chez nous.
Mais ne vous en faites pas… continuez à suivre les journaux télévisés qui vous racontent à quel point nous sommes démocratiques en Europe. Et combien il est agréable de vivre dans ce paradis de récits débiles.
10:50 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, actualité, europe, roumanie, affaires européennes, câlin georgescu | |
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