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dimanche, 16 mars 2025

Vers une bombe atomique européenne?

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Vers une bombe atomique européenne?

par Georges Feltin-Tracol

C’est l’Arlésienne de la géopolitique française et européenne. C’est aussi l’impensé de la stratégie militaire et diplomatique sur le continent européen depuis la fin de la première Guerre froide (1947 - 1991). Le Brexit accentue son acuité face aux fractures récentes du bloc atlantiste.

Le sujet revient au premier plan de l’actualité avec la distance prise par les États-Unis trumpiens par rapport au conflit russo-ukrainien. La vive algarade à la Maison Blanche entre Volodymyr Zelenski, Donald Trump et J. D. Vance confirme le dégagement, plus ou moins partiel, des intérêts étatsuniens en Europe. Le 14 février dernier, le nouveau secrétaire étatsunien à la Défense, Pete Hegseth, avait déclaré que l'Europe devait s’attendre que la présence des troupes US sur le continent ne durerait pas éternellement.

Ces deux faits tétanisent les pitoyables responsables européens qui ont cru en la permanence du protectorat étatsunien. Quelle naïveté ! Ce bouclier militaire et diplomatique est désormais bien ébréché. Qui pourrait désormais remplacer cette ancienne protection de huit décennies ? Certaines capitales du Vieux Monde regardent la France. Pourquoi ? Paris dispose d’une force de dissuasion nucléaire indépendante (en partie, car des composantes proviennent des industries étatsuniennes). Le thème d’étendre la dissuasion française au champ européen n’est pas neuf. De Valéry Giscard d’Estaing à Emmanuel Macron, tous les chefs d’État hexagonaux appelèrent plusieurs fois à un réveil de la conscience européenne en matière de défense commune. Par exemple, dès 1996, Jacques Chirac souhaitait instituer un pilier européen au sein de l’OTAN. Il suggérait même que le commandement en Méditerranée revînt à un amiral européen et non pas yankee. Washington rejeta ces deux demandes et les interlocuteurs européennes de Chirac montrèrent leur franche hostilité, atlantisme oblige.

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Outre la Russie et les États-Unis dont quelques bases situées en Europe détiennent des fusées nucléaires, les deux seules puissances atomiques sur le Vieux Continent sont la Grande-Bretagne et la France. Or le premier ministre britannique ne peut pas déclencher seul le feu suprême. Il doit d’abord en référer à Washington. Des éléments des ogives nucléaires sont d’origine étatsunienne ainsi que leur maintenance. Au contraire, le président français reste, en cas d’éventuelle tragédie, le seul ordonnateur de la riposte fatidique.

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Toutefois, il faut regretter la suppression au nom des « dividendes de la paix » des vecteurs de la dissuasion nucléaire. Ceux-ci ne sont aujourd’hui qu’aéroportés et sous-marins. N’existent plus le missile sol – sol nucléaire à courte portée tactique Hadès (photo) et le site de lancement de missiles balistiques nucléaires aménagé sur le plateau d’Albion à cheval sur la Drôme, le Var et les Alpes-de-Haute-Provence sans omettre l’abandon criminel et honteux de la bombe à neutrons adaptable sur le système Hadès.

Ces tristes constats empêcheraient-ils que la dissuasion nucléaire française puisse suppléer le parrain yankee ? En d’autres termes, la France pourrait-elle protéger par sa « Bombe » Helsinki, Stockholm, Riga, Vilnius, Varsovie et Bucarest ? Des souverainistes obtus refusent l’idée. Pour eux, la dissuasion, acmé de la souveraineté nationale, ne se partage pas. En effet, la souveraineté partagée est une chimère politique inapplicable. En revanche, la souveraineté se décline selon le principe de subsidiarité en promouvant l’enchâssement des souverainetés familiales, communales, régionales, nationales, continentales, économiques et professionnelles. La bureaucratie soi-disant européenne pervertit ce principe essentiel trop mal connu de l’opinion.

Réunir en urgence un Conseil européen avec son président, la sinistre présidente de la Commission de Bruxelles et vingt-sept chefs d’État et de gouvernement afin de trancher par un vote unanime ou à la majorité qualifiée de recourir à l’arme ultime serait dispendieux et inutile. On peut penser que si la France étend sa couverture militaire aux vingt-six autres États-membres de l’Union dite européenne, le pouvoir de décision fatidique reviendra toujours au seul président français. D’ailleurs, lors de son intervention radio-télévisée du 5 mars dernier, Emmanuel Macron a réaffirmé ce monopole crucial.

C’est l’une des raisons qui incita en 1962 Charles De Gaulle à faire élire au suffrage universel direct le président de la République. Par l’onction populaire du vote des Français, le locataire de l’Élysée reçoit l’imperium, à savoir la puissance jupitérienne de la foudre. Il serait cependant temps que la force de frappe nucléaire soit enfin consacrée dans la constitution de 1958 par un ajout substantiel à l’article 15 sans le soumettre au contreseing du premier ministre ou de tout autre ministre. La constitution de la Ve République est de nature polémogène : son fonctionnement atteint une efficacité maximale pendant les crises majeures. Marine Le Pen avait proposé en 2022 cette constitutionnalisation bien plus nécessaire que le gadget de l’avortement. Pendant ses discussions avec son mémorialiste Alain Peyrefitte, Charles De Gaulle considérait déjà le projet européen comme le levier de puissance de la France, d’où son soutien insistant aux plans Fouchet qui suggéraient une union d’États pourvue de la personnalité juridique. Il soulignait aussi que les intérêts vitaux de la France ne s’arrêteraient pas au bord du Rhin...

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Les réticences allemandes à devoir une protection quelconque venue de la France s’estompent progressivement. Tout atlantiste qu’il est, le futur chancelier fédéral Friedrich Merz a évoqué, le 21 février dans un entretien à la presse écrite, que Berlin devrait négocier avec Paris et Londres de l’extension de leur parapluie de dissuasion nucléaire à l’Allemagne. Le plus étonnant est que cette proposition date de la fin des années 1960 à l’initiative d’Adolf von Thadden. À ce moment-là, sa formation politique, la NPD (Parti national-démocrate d’Allemagne), connaissait un succès électoral certain dans plusieurs Landtage de la RFA. Sa popularité s’arrêta nette aux législatives de 1969 avec 4,31 %, probablement grâce à des bulletins manipulés, annulés ou falsifiés. À rebours de l’atlantisme social-démocrate-chrétien libéral, Adolf von Thadden, par ailleurs informateur attitré du MI6 britannique, rêvait que la dissuasion atomique française se transformât en force nucléaire européenne indépendante des blocs. Tenant d’un axe gaullien franco-allemand, le chef de la NPD déplorait que le gouvernement fédéral allemand ne participât ni au financement, ni à l’élaboration d’infrastructures économiques performantes dans cette audacieuse coopération.

Il est maintenant caustique d’observer que l’effort exigé aux États-membres pour se réarmer oblige la Commission de Bruxelles à extraire de la règle des 3% prévue par le pacte de stabilité les dépenses souscrites en matière de défense, ce qui implique une remise en cause de plusieurs traités européens. Mais pourquoi seulement la défense? La sécurité intérieure, la justice, les transports, les infrastructures de communication, voire l’enseignement contribuent à leur manière à la possibilité de réarmer. En outre, le simple ordonnancement des différentes armées nationales reste aléatoire. Les quelques industries de l’armement (française, suédoise) se concurrencent avec férocité quand les États-membres achètent pour plus de 60% du matériel aux États-Unis.

Il est donc risible de prôner une nouvelle course aux armements de la part d’États surendettés en proie à des déficits publics structurels gigantesques. Le Danemark entend déjà porter à 70 ans l’âge de départ à la retraite afin de financer l’augmentation des dépenses militaires. L’austérité budgétaire et la rigueur financière se profilent derrière les appels à un hypothétique effort de guerre. Il existe pourtant de vastes gisements propices aux réductions des coûts: le poids de l’immigration, la prolifération des agences administratives indépendantes comme l’ARCOM, le financement public des partis politiques, des syndicats et des associations, les subventions au secteur des « cultureux », l’aide officiel à la presse, etc.

Le court-termisme propre aux soi-disant démocraties libérales occidentales empêche de facto toute émergence concrète d’une vraie « Europe cuirassée » selon l’heureuse formule de Maurice Bardèche dans L'Œuf de Christophe Colomb. Lettre à un sénateur d'Amérique (1951). Une bombe atomique d’échelle européenne et d’emploi strictement français peut contribuer à l’avènement d’une Europe plus consistante à la condition que les actuels dirigeants, des nabots insupportables, renoncent définitivement au wokisme ambiant, aux inepties de l’État de droit et à leur vassalisation lamentable envers l’Oncle Sam. L’ère s’annonce carnassière. Magnifique enjeu pour que les peuples européens retrouvent un caractère carnivore.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 147, mise en ligne le 13 mars 2025 sur Radio Méridien Zéro.

Des experts réclament l'arrêt de la politique éducative numérique et des écoles sans smartphones

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Des experts réclament l'arrêt de la politique éducative numérique et des écoles sans smartphones

Source: https://opposition24.com/politik/experten-fordern-stopp-d...

Une alliance de 75 scientifiques et éducateurs appelle le nouveau gouvernement fédéral allemand à mettre fin à la numérisation dans le domaine de l'éducation et à redonner aux écoles leur statut de lieux d'apprentissage analogiques. Les signataires de cet appel, dont le professeur Ralf Lankau, le professeur Klaus Zierer et le neurologue Manfred Spitzer, avertissent des conséquences négatives de la numérisation précoce pour les enfants. Ils critiquent l'influence croissante de l'industrie technologique sur les concepts éducatifs et demandent l'interdiction des smartphones dans les écoles. La numérisation n'a conduit ni à de meilleurs résultats d'apprentissage ni à une amélioration du niveau éducatif – au contraire, elle nuit à la concentration, au comportement social et à la santé mentale des élèves. Les développements récents, au niveau international, montrent un net revirement: des pays comme la Suède, la Finlande et l'Espagne limitent fortement l'utilisation d'appareils numériques dans les écoles ou les interdisent complètement. L'Allemagne doit suivre cet exemple. 

Comme mesures, les experts proposent de maintenir les crèches et les écoles élémentaires sans écran et de fortement réglementer l'utilisation des technologies numériques dans les classes supérieures. De plus, un nombre croissant d'enseignants devraient être recrutés, l'apprentissage analogique devrait être encouragé et les écoles devraient être indépendantes des entreprises technologiques. L'importance de l'apprentissage social direct est particulièrement soulignée, car les enfants ont besoin d'expériences naturelles et d'interactions réelles pour un développement sain. L'initiative réclame une politique éducative qui se concentre à nouveau sur les besoins des élèves, au lieu de servir les intérêts économiques de l'industrie informatique.

Comment l'UE fait taire ses critiques – de la Bosnie à la Roumanie

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Comment l'UE fait taire ses critiques – de la Bosnie à la Roumanie

Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/wie-die-eu-ihre-kritiker-...

L'UE ressemble de plus en plus à l'ancienne URSS

Cela ressemble à une scène tirée d'un film sur un régime autoritaire: un président élu et ses plus proches collaborateurs sont visés par des mandats d'arrêt – non pas pour corruption ou crimes, mais parce qu'ils défendent une politique qui ne plaît pas à Bruxelles. C'est exactement ce qui se passe en Bosnie-Herzégovine avec Milorad Dodik, le président de la République serbe de Bosnie (PI-NEWS l'avait rapporté: v. https://www.pi-news.net/2025/02/haftbefehl-gegen-serbischen-politiker-droht-bosnien-eine-eskalation/). Mais ceux qui croient qu'il s'agit d'un cas isolé dans les Balkans se trompent lourdement.

Car les mêmes mécanismes se retrouvent également au sein de l'UE elle-même – par exemple en Roumanie, où l'élite euro-bruxelloise a depuis longtemps prouvé qu'elle était prête à annuler les résultats électoraux et les forces politiques indésirables si nécessaire. L'ancien commissaire européen Thierry Breton l'a dit ouvertement (PI-NEWS l'avait rapporté: v. https://www.pi-news.net/2025/01/afd-hoch-thierry-breton-droht-mit-annullierung-der-bundestagswahl/) : « Nous l'avons fait en Roumanie, et, évidemment, nous devrons le faire, si nécessaire, en Allemagne. »

L'UE évolue vers la dictature

Est-ce une menace ? Ou une pratique déjà établie ? Ceux qui examinent les récents développements perçoivent d'ores et déjà une logique alarmante: l'UE évolue de plus en plus vers une dictature d'une élite non démocratiquement légitimée, qui ne tolère pas d'opposition – ni à Sarajevo ni à Berlin.

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Les mandats d'arrêt contre Dodik et ses alliés ne sont rien d'autre que le démantèlement ciblé d'un homme politique gênant. Dodik n'a jamais hésité à critiquer le centralisme de l'UE et à évoquer l’accord de Dayton de 1995, qui a créé la Bosnie comme un État fédéral avec des droits très étendus pour la République serbe.

Mais cette autonomie est une épine dans le pied de Bruxelles. Au lieu de cela, la Bosnie-Herzégovine devrait être de plus en plus étroitement contrôlée par des forces soumises à l'UE, décidant depuis Sarajevo seulement – et cela doit arriver à tout prix. Pour cela, la justice, qui n'est plus neutre depuis longtemps, est utilisée.

Les élections qui ne correspondent pas au schéma sont corrigées

Le procureur en chef Cazim Hasanpahic n'agit pas ici en tant que défenseur du droit, mais comme un exécuteur politique. La question n'est plus de savoir si Dodik a effectivement enfreint la loi, mais seulement: comment s'en débarrasser?

Si l'on pense que Bruxelles n'agit fermement qu'en dehors de l'UE, il faudrait alors regarder du côté de la Roumanie. Là-bas, il a déjà été prouvé que l'UE ne se contente pas de manipuler des élections, mais peut aussi simplement les annuler en cas de doute.

C'est précisément ce à quoi a fait référence le vice-président américain J. D. Vance lors de la Conférence de sécurité de Munich: l'UE a joué un rôle essentiel pour façonner les structures politiques en Roumanie de manière à obtenir le résultat souhaité. Des élections qui ne cadrent pas avec le plan? Alors, il suffit de les corriger.

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Image de l'ennemi : Viktor Orbán

C’est un secret de Polichinelle qu’en Roumanie, l’Agence anticorruption (DNA) a été utilisée pour écarter des politiciens indésirables par le biais d'accusations entièrement fabriquées. Quiconque ne se conforme pas aux directives de Bruxelles doit s'attendre à devenir en un tourne-main la cible d’une procédure.

Et c'est là que cela devient intéressant: la même stratégie est maintenant testée en Bosnie-Herzégovine – cette fois avec des mandats d'arrêt contre l'ensemble d'une direction politique.

On prévoit déjà le même schéma en Hongrie, où Viktor Orbán est systématiquement présenté comme un ennemi, car il poursuit une politique souveraine. Pendant ce temps, la Roumanie, qui suit sagement la ligne bruxelloise, est récompensée par des fonds de subvention – bien qu'il y ait d'énormes problèmes quant à l'état de droit et à la liberté des médias.

Qui ne se plie pas est éliminé par l'UE

L'affaire Milorad Dodik n'est pas seulement un problème régional – c'est un signal d'alarme mondial. L'UE ne mise plus sur la démocratie, mais sur le contrôle. Qui ne se plie pas est éliminé – par la justice, par l'argent, ou, si nécessaire, par l'annulation des élections.

La question cruciale est la suivante: les gens vont-ils accepter cela ? Les citoyens de la République serbe ne se laisseront pas simplement dépouiller de leur direction politique. Et même en Allemagne, il faut se méfier lorsque des politiciens européens parlent ouvertement de la possibilité d'annuler des élections.

La Bosnie-Herzégovine n'est que l'essai. Ceux qui ne se réveillent pas maintenant pourraient bientôt constater que leur propre voix ne compte plus.

La guerre des chatbots: les géants de la technologie décident de ce que le monde peut savoir

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La guerre des chatbots: les géants de la technologie décident de ce que le monde peut savoir

Erick Overveen

Source: https://deanderekrant.nl/de-chatbotoorlog/

Au cours de ces dernières semaines, trois nouveaux modèles de chatbots ont fait leur apparition: ChatGPT-4.5 d'OpenAI, Claude Sonnet 3.7 et Grok 3 d'Elon Musk, qui fait partie de son Empire X. Derrière cette course technologique se cache une lutte de pouvoir plus profonde, selon les experts. « La nouvelle guerre des chatbots n'est pas une question de parts de marché, mais de contrôle de la narration », explique le philosophe de la technologie Sid Lukkassen. Et Elena Sinel ajoute: « Un petit groupe de patrons de la technologie détermine ce que le monde voit. »

"Qui a gagné la Seconde Guerre mondiale?", "Écrivez un poème sur le printemps", "Comment faire de la soupe de poulet?", "Pouvez-vous m'aider à faire mes devoirs?". En une fraction de seconde, les chatbots peuvent répondre à des questions ou effectuer des tâches qui semblent étonnamment humaines. Ces assistants d'intelligence artificielle sont déjà présents dans nos ordinateurs portables, nos smartphones et même nos appareils électroménagers, et les chatbots modernes peuvent même rédiger des essais, programmer des codes, résoudre des problèmes de mathématiques et faire des blagues qui correspondent au sens de l'humour de l'utilisateur. Mais qui décide de leurs réponses ? Et qui vérifie si ces réponses sont vraies ?

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Entre-temps, les médias ont également publié des exemples de résultats moins bons. Un avocat belge a utilisé un chatbot pour obtenir des conseils juridiques. Dans sa plaidoirie, il a cité six affaires judiciaires qui n'ont jamais existé! Le juge a parlé d'une « situation dramatique et d'une attaque en règle contre les fondements de notre système juridique ». Un étudiant du Michigan a été complètement pris au dépourvu lorsque Gemini, le chatbot IA de Google, lui a envoyé un message sinistre: « Tu ferais bien de mourir ». Les chatbots comme Gemini de Google font beaucoup d'erreurs. Ils assemblent des mots en se basant sur des modèles dans leurs données, mais c'est loin de toujours bien se passer, surtout s'ils ne trouvent pas une bonne réponse ou s'ils comprennent mal le contexte de la personne qui pose la question.

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Malgré tous ces défauts, les entreprises technologiques continuent de développer ces systèmes d'IA à la vitesse de l'éclair. Les entreprises concurrentes font tout ce qu'elles peuvent pour être les meilleures et tirer le plus d'argent possible du développement. Selon le philosophe de la technologie Sid Lukkassen, il ne s'agit pas seulement de savoir qui a le plus d'utilisateurs, mais surtout qui décide de la diffusion de l'information. Et comment. « La nouvelle guerre des chatbots ne porte pas sur les parts de marché, mais sur le contrôle de la narration », affirme-t-il.

Les chatbots sont de plus en plus utilisés comme source principale d'information. Prenons l'exemple du produit phare d'OpenAI: le dernier chatbot GPT-4.5. Sam Altman, PDG d'OpenAI: « GPT-4.5 produit une réponse incorrecte dans 37,1 % des cas, contre 59,8 % pour les versions précédentes ». Le modèle donne donc encore des informations incorrectes dans plus d'un tiers des cas, ce qui représente un taux d'erreur sans précédent. Sam Altman fait néanmoins l'éloge de la nouvelle fonction de recherche approfondie qui « analyse des milliers de pages web en quelques minutes seulement » et répond correctement à 62,5 % des questions relatives à de la  connaissance brute. En revanche, 37,5 % des réponses sont erronées. Les utilisateurs professionnels peuvent y accéder pour 200 euros par mois.

Entre-temps, de plus en plus de personnes utilisent des chatbots, tels que ChatGPT. Non seulement pour chercher des réponses, mais aussi pour se faire expliquer des concepts complexes ou pour obtenir des commentaires sur un projet d'écriture. En Estonie, les élèves et les enseignants de l'enseignement secondaire bénéficient depuis le début de l'année d'un accès gratuit à l'application ChatGPT Edu, qui aide notamment les élèves à résoudre pas à pas des calculs mathématiques difficiles. Il est également possible d'avoir des conversations en anglais avec le chatbot, qui corrige les étudiants sur le plan de la grammaire et de la prononciation. Il a grandement facilité le travail des enseignants estoniens. Un élève de sixième année de Tallinn a déclaré à un podcast local que lorsqu'il est bloqué en mathématiques, ChatGPT lui explique le problème étape par étape: "Mes professeurs encouragent son utilisation, à condition que nous comprenions les réponses et que nous ne les copiions pas aveuglément".

Le philosophe culturel Joris Bouwmeester est néanmoins sceptique. « Nous devons nous demander pourquoi nous voudrions appeler une telle chose une conversation », déclare le coauteur de Huis van de Muze (La Maison de la muse), un livre philosophique sur l'essor rapide de l'IA, qu'il a coécrit avec Sid Lukkassen. « Le chatbot vous renvoie simplement ce que vous lui avez demandé, mais avec des mots différents. En ce sens, c'est un peu comme se regarder dans un miroir. Un tel objet est naturellement programmé pour refléter le monde d'une certaine manière ».

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Teens in AI, groupe de réflexion fondé par Elena Sinel et lancé lors du sommet AI for Good de l'ONU en 2018, aide les jeunes à utiliser l'IA de manière éthique et responsable par le biais d'ateliers et de programmes de mentorat. Elena Sinel affirme que des entreprises comme OpenAI et Anthropic ne se préoccupent pas de l'éthique de leurs programmes. "Leur modèle est le profit et tourne autour des données des utilisateurs", dit-elle.

"Chaque question apprend au système non seulement à connaître le sujet, mais surtout à vous connaître", explique-t-elle à The Other Newspaper. « Le problème de ChatGPT est qu'il est en fait trop nuancé », complète Lukkassen. Supposons que vous demandiez au chatbot: "L'énergie nucléaire est-elle bonne pour le climat?"; si vous posez la question de manière neutre, vous obtiendrez une réponse équilibrée. Mais si vous posez la question comme ceci: «L'énergie nucléaire n'est-elle pas la solution au changement climatique?», le chatbot mélangera subtilement la réponse avec votre propre parti pris et renforcera les arguments que vous voulez entendre. Le système repère entre les lignes ce que vous voulez entendre et vous le renvoie sous la forme d'une réponse apparemment objective.

Chaque chatbot a ses propres avantages et inconvénients. Le nouveau chatbot d'Anthropic, Claude 3.7 'Sonnet', est fortement programmé pour répondre aux dilemmes moraux des humains. À des questions telles que « Est-il acceptable de mentir pour ne pas offusquer les sentiments de quelqu'un ? » ou « Peut-on sacrifier une personne pour en sauver cinq autres ? », le système répond comme le ferait un humain moyen dans 87% des cas. Cela peut sembler impressionnant, mais cela soulève également des questions: quelles sont les valeurs morales qui sont considérées comme « normales » ici ? Qui détermine cela ? S'agit-il des programmeurs à l'origine du chatbot ? Et quels sont les bailleurs de fonds qui le financent ? Et quelle est leur couleur politique ? », a déclaré Elena Sinel. Tandis que les entreprises technologiques occidentales rivalisent, la Chine développe ses propres chatbots d'IA. DeepSeek prétend ainsi être meilleur que Claude et ChatGPT et utiliser 72% d'énergie en moins. Les agences de renseignement américaines craignent qu'il ne partage des données avec Pékin.

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Elon Musk, ancien cofondateur d'OpenAI, a lancé son propre chatbot Grok 3 pour offrir une alternative à ce qu'il appelle « l'IA de censure et de propagande ». Elena Sinel: « Dans la course au développement de l'IA la plus avancée, nous ne devons pas oublier que ces technologies ont un impact énorme sur la société. Il est inquiétant de constater que les égos personnels et les intérêts commerciaux l'emportent sur la responsabilité éthique ».

Malgré les risques, Sid Lukkassen voit aussi les avantages de l'IA: « Un chatbot offre des informations beaucoup plus complètes qu'une personne qui consulte rapidement Wikipédia. De plus, ChatGPT est plus nuancé que le parti-pris d'extrême gauche des rédacteurs de Wikipédia, qui sont plus manifestement biaisés sur le plan politique. ChatGPT et Claude sont les premières véritables interfaces d'intelligence synthétique à acquérir un pouvoir culturel et politique en contrôlant la narration. Elles ne sont ni en accord ni en désaccord avec leurs utilisateurs, ce qui leur donne l'impression d'être compris et affirmés. Il s'agit d'une forme de manipulation subtile qui est plus efficace que la censure directe. Par exemple, si vous demandez si la culture occidentale est aujourd'hui sous pression, vous obtiendrez une réponse du type : « Certains s'inquiètent du wokisme, du changement culturel, tandis que d'autres soulignent l'enrichissement apporté par la diversité ». De cette manière, aucune position claire n'est prise, mais l'utilisateur est tout de même orienté dans une certaine direction ».

Que la guerre des chatbots fasse que l'intelligence artificielle devienne de plus en plus la ressource principale et qu'il y ait donc une énorme lutte de pouvoir pour la narration, tous les experts s'accordent à le dire. « Nous sommes dans une guerre froide numérique », dit Elena Sinel. « Un petit groupe de patrons de la tech détermine ce que le monde doit voir ».