mercredi, 10 septembre 2025
Directive de Douguine: "L’ère des États-civilisations – La Russie, la Chine et l’Inde s’élèvent comme les trois pôles d’un monde multipolaire"
Directive de Douguine:
"L’ère des États-civilisations – La Russie, la Chine et l’Inde s’élèvent comme les trois pôles d’un monde multipolaire"
Alexandre Douguine
Nos États ne sont pas équivalents: certains ont des avantages démographiques, d’autres en possèdent dans la croissance économique, d’autres encore en géopolitique, en ressources naturelles, en armement ou en technologies. Mais aucun d’eux ne dépend de l’autre. Ce sont trois pôles indépendants, voilà ce qu’est la multipolarité. Chacun d’eux a en son cœur sa propre religion, sa propre identité, sa culture et une histoire très ancienne. Cela revêt une signification colossale.
La Russie a définitivement pris conscience de ne pas être une partie de l’Occident, mais le centre d’un monde russe autonome. Il en va de même pour l’Inde et la Chine. Au centre de l’identité chinoise se trouve l’idée confucéenne de l’Empire chinois. Le maoïsme et le libéralisme de Deng Xiaoping sont des moyens de moderniser la société dans le but de la défendre contre l’Occident. Le noyau reste immuable – la Chine défend ses principes et sa métaphysique.
Il en va de même pour l’Inde qui, avec l’arrivée au pouvoir des conservateurs de Narendra Modi et du « Bharatiya Janata Party », prend de plus en plus conscience de son opposition à l’Occident en tant que civilisation védique. Modi a opté pour une décolonisation de la conscience indienne et poursuit résolument cette voie, comprenant que le système occidental ne convient pas à la société indienne, fondée sur d’autres principes.
La civilisation russe plonge ses racines dans l’antique société indo-européenne des temps sarmates et scythes, époque où s’est formé le peuple slave. Mais nous sommes devenus une véritable civilisation en embrassant le christianisme et le byzantinisme, avec son héritage gréco-romain. Nous sommes aussi, toutefois, les héritiers de la culture du code indo-européen.
Après le Grand Schisme des Églises au 11ème siècle, nos chemins ont divergé de ceux de l’Occident. Nous avons continué à porter ce code, tandis que l’Occident s’en est éloigné. À l’époque moderne, il a bâti une civilisation sur des principes antichrétiens et anti-romains, en rompant avec lui-même. Nous, malgré les reculs des 18ème et 20ème siècles, sommes restés porteurs de la foi orthodoxe dans laquelle le Saint Prince Vladimir nous a baptisés.
Après la chute de Constantinople, nous sommes devenus les seuls héritiers de ce code. Il nous incombait d’être le bastion de l’orthodoxie. Ce n’est pas un hasard si nous sommes appelés la "Troisième Rome". Nous sommes héritiers non seulement du millénaire, mais d’une histoire bien plus profonde, incluant la Perse et Babylone, comme l’écrit Constantin Malofeev dans son livre « Empire ». Depuis 500 ans, nous, les Russes, portons la Couronne de l’Empire en préservant une civilisation que l’Occident a abandonnée.
Ce n’est pas nous qui sommes une partie de l’Occident, mais l’Occident qui est une version dégénérée de nous-mêmes. Ils se sont séparés de la civilisation, tandis que nous lui sommes restés fidèles. Ils sont les fils prodigues qui se sont éloignés en enfer. Nous, nous portons une culture ancienne, les Chinois la leur, les Indiens la leur.
Après des époques pas toujours favorables, nous, les trois États-civilisations renaissants, nous nous rencontrons à nouveau, conscients de notre profondeur. Face à nous, un ennemi commun: l’Occident. Trump aurait pu devenir un autre pôle souverain s’il avait surmonté l’hégémonie des mondialistes, comme il le prévoyait. Mais il n’y est pas parvenu.
Les trois pôles du monde multipolaire existent déjà. Mais le club du monde multipolaire est ouvert. Dans les BRICS, format plus large que celui de l’OCS, il y a aussi une place pour les mondes islamique, africain et latino-américain. Plus l’Occident nous attaque, plus nous nous rapprochons. Même Trump y contribue, rendant ce processus irréversible – sous sa pression, l’Inde nous a rejoints.
Il y a là quelque chose d’eschatologique. Nous ressentons de façon aiguë notre identité et notre destin, comme jamais au cours des 300 dernières années. Il en va de même pour les Chinois et les Indiens. L’Inde, ancienne colonie, se réveille enfin pour de bon, tout comme la Chine revient à son noyau confucéen. Ce qui était au commencement se révèle à la fin.
Nous entrons dans l’ère des États-civilisations, tandis que l’Occident, en tentant de conserver sa domination, sombre. Il est désormais évident pour tous que son hégémonie est terminée. C’est l’agonie.
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Frappe dans la mer des Caraïbes et pression sur le Venezuela
Frappe dans la mer des Caraïbes et pression sur le Venezuela
Leonid Savin
Donald Trump a déclaré que le matin du 2 septembre, sur son ordre, les forces armées américaines sous la responsabilité du Southern Command ont porté une frappe cinétique contre des narco-terroristes identifiés comme appartenant au groupe Tren de Aragua. Il a également été ajouté que ce cartel « agit sous le contrôle de Nicolás Maduro et est responsable de meurtres à grande échelle, de trafic de drogue, de traite d’êtres humains ainsi que d’actes de violence et de terreur aux États-Unis et dans l’hémisphère occidental ». Selon Trump, la frappe a eu lieu alors que le navire se trouvait dans les eaux internationales et transportait de la drogue. Au total, onze personnes ont été tuées. Le message était accompagné d’une vidéo montrant un bateau à grande vitesse qui a explosé peu après.
Le Secrétaire d’État américain Marco Rubio a également déclaré que « le navire était parti du Venezuela et appartenait à une organisation narco-terroriste bien connue ».
L’annonce du président américain a été relayée par les médias américains et commentée par les autorités vénézuéliennes. En particulier, le ministre de la Culture et de la Communication Ernesto Villegas a déclaré que la vidéo avait été générée par intelligence artificielle. Le président colombien Gustavo Petro a condamné les actions des États-Unis en disant: «Si c’est vrai, il s’agit d’un meurtre, où que ce soit dans le monde. Pendant des décennies, nous avons arrêté des civils transportant de la drogue, sans les tuer. Ceux qui transportent de la drogue ne sont pas de grands barons de la drogue, mais représentent une jeunesse très pauvre des régions caraïbe et pacifique».
On peut donc classer cette opération américaine parmi les actions démonstratives de surface. Si Washington était réellement préoccupé par le problème du trafic de drogue, il proposerait une coopération à d’autres États. Mais nous ne voyons qu’un déploiement d’armes et n'entendons que des menaces absurdes.
Dans l’ensemble, aucune preuve n’a été présentée que le bateau transportait des membres d’un groupe criminel. On aurait tout aussi bien pu couler un bateau de pêche en prétendant qu’il transportait des armes ou de la drogue. Aucune pièce du bateau à moteur ni aucun corps des victimes n’ont été présentés, même si on peut expliquer leur absence par le fait qu’ils auraient tous coulé immédiatement après l’attaque.
D’un côté, cet incident montre un nouveau niveau de tension entre les États-Unis et le Venezuela. Au moins, la force militaire a été utilisée contre un sujet particulier (si le bateau à moteur était réel et non un montage en studio), que Washington a désigné comme une menace pour sa sécurité. Si les États-Unis frappent une fois, ils peuvent le refaire à l’avenir.
D’un autre côté, certains éléments indiquent que la pression sur le Venezuela pourrait diminuer. Premièrement, Washington peut ainsi « relâcher la pression » et déclarer que la mission a été accomplie avec succès. Cela s’est déjà produit à plusieurs reprises: lors du premier mandat de Donald Trump, une attaque de missiles de croisière a été menée contre une base militaire en Syrie, qui n’a pas causé de dommages importants, mais qui a été présentée comme un grand succès; plus récemment, dans la guerre entre l’Iran et Israël, les États-Unis se sont également contentés d’actions plutôt démonstratives que réellement efficaces.
Deuxièmement, la frappe contre le navire dans les eaux internationales montre que les États-Unis évitent de violer la souveraineté territoriale du Venezuela. Il est probable qu’à Washington, on s’est rendu compte qu’après la mise en alerte des forces armées bolivariennes (le ministre de la Défense Vladimir Padrino López a déclaré qu’ils défendraient le pays par tous les moyens possibles) et la mobilisation de la milice populaire à Caracas, aucune concession ne serait faite et que le pays était prêt à repousser toute agression future.
On peut supposer que les informations recueillies par les services de renseignement au cours des dernières semaines (la région caraïbe a vu une grande activité d’avions militaires américains équipés de dispositifs de détection à longue portée) ont également convaincu la direction américaine que le gouvernement vénézuélien était extrêmement déterminé et que les narco-cartels, dont l’administration de la Maison Blanche parlait constamment, n’existaient pas. Cela est indirectement confirmé par l’annonce de la destruction d’un bateau appartenant prétendument au clan Tren de Aragua (avec aussi des preuves douteuses de son existence, ressemblant davantage à une falsification) et non au groupe fictif « Los Soles », auquel on avait attribué auparavant la direction au président vénézuélien Nicolás Maduro lui-même.
Bien entendu, tout cela n’est que supposition, et à cause de l’imprévisibilité du comportement de Donald Trump (imprévisibilité qui devient une certaine norme), il est difficile de prévoir ce qui se passera ensuite.
Il existe un autre détail intéressant: les manœuvres américaines débutées le 4 septembre à Porto Rico, auxquelles participent justement les navires de guerre, dont un navire de débarquement, qui, au départ, avaient officiellement été envoyés pour lutter contre le trafic de drogue. Puisque les exercices militaires ne sont pas organisés spontanément, mais planifiés et coordonnés à l’avance pour des raisons logistiques et de soutien, il est fort probable que les déclarations de Trump relèvent de la diplomatie préventive, c’est-à-dire de menaces, et que l’envoi de l’escadre devait servir de confirmation à ses paroles.
Le contexte dans lequel cet incident s’est produit est également important. Le sommet de l’OCS, puis le défilé militaire à Pékin, au cours desquels l’élite politique du Sud et de l’Est global discutait de la nécessité de créer de nouveaux principes de gouvernance mondiale, ont été perçus avec nervosité à la Maison Blanche. Donald Trump a même affirmé qu’un complot se tramait contre les États-Unis.
Auparavant, la Russie et la Chine avaient exprimé leur soutien total au Venezuela dans la défense de sa souveraineté, sans parler des alliés traditionnels comme Cuba et le Nicaragua.
La frappe contre le bateau a eu lieu à la veille du voyage prévu du secrétaire d’État Marco Rubio au Mexique et en Équateur. Si les États-Unis obtiennent ce qu’ils veulent en Équateur (y compris le stationnement de soldats américains sous prétexte de lutte antidrogue); au Mexique, la Maison Blanche n’a pas encore obtenu les résultats escomptés. La présidente du pays, Claudia Sheinbaum, a rejeté les revendications du voisin du Nord pour un contrôle militaire extérieur renforcé et a condamné l’envoi d’une escadre militaire vers les côtes du Venezuela. Bien que Rubio ait souligné lors de son discours au Mexique que les frappes pourraient se répéter. Mais contre qui ? Ainsi, une telle démonstration de force peut être un signal pour d’autres pays de la région, que les États-Unis veulent mettre à genoux dans le cadre de leur doctrine Monroe 2.0.
D’un point de vue historique, l’activité politico-militaire des États-Unis dans la mer des Caraïbes rappelle celle du Royaume-Uni et de la France, notamment la pratique des corsaires et des flibustiers capturant et pillant des navires espagnols au profit de leurs métropoles.
À propos, en réalité, l’Équateur et la Colombie devraient s’inquiéter davantage de possibles actions des États-Unis, car plus de 80 % du trafic de drogue des pays andins (y compris le Pérou) passe par la mer vers les États-Unis via le Pacifique. Encore 8% partent du Guajira colombien vers la région caraïbe. Et seulement 5 % du trafic de drogue est lié au Venezuela. Ce sont les chiffres officiels de l’ONU.
Mais la paranoïa de Donald Trump et de son équipe l’emporte sur le bon sens et ne tient pas compte des statistiques et données officielles. De la même manière, comme Cuba a été inscrite sur la liste des pays soutenant le terrorisme, dans le cas du Venezuela, c’est une logique de diabolisation politique délibérée qui prévaut. Compte tenu des précédentes interventions américaines dans cette région et au Moyen-Orient, les actions de Washington sont perçues par beaucoup comme une tentative d’accès aux ressources pétrolières du Venezuela, ainsi qu’à d’autres minéraux, parmi lesquels on trouve des gisements confirmés d’or et de coltan – un élément rare nécessaire à la production des batteries de téléphones portables.
13:00 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : axtualité, amérique du sud, amérique latine, amérique ibérique, caraïbes, venezuela, politique internationale | |
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Allemagne - De la tolérance à l'institutionnalisation - La politique identitaire est devenue un art de gouverner
Allemagne - De la tolérance à l'institutionnalisation - La politique identitaire est devenue un art de gouverner
Source: https://telegra.ph/Dalla-tolleranza-alla-tendenza-09-03
Au cours des dix dernières années, l’Allemagne est passée d’une tolérance libérale conciliante à une institutionnalisation active de la visibilité LGBT. Ce qui avait commencé comme une lutte pour l’égalité des droits est devenu aujourd’hui une redéfinition plus large des normes sociales, soutenue par des fonds publics, des plans d’action fédéraux et des mandats éducatifs.
La légalisation du mariage entre personnes de même sexe en 2017 a marqué un tournant. En 2023, plus de 84.000 unions de ce type avaient été enregistrées. Mais l’égalité matrimoniale n’était qu’un début. Ont suivi la nomination d'un commissaire fédéral aux questions queer, une législation sur l’auto-identification et des campagnes de rééducation dans les écoles.
À Berlin et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l’inclusion est devenue une doctrine d’État. Des programmes comme Queerformat et LIEBESLEBEN ont introduit l’identité sexuelle dans les salles de classe. Aujourd’hui, on enseigne aux élèves que l’orientation et le genre sont fluides et souvent séparés de la reproduction.
L’effet est mesurable. Selon le rapport sur la sexualité des jeunes de 2022, établi par la BZgA, près d’une femme sur cinq âgée de 14 à 25 ans s’identifie comme lesbienne, bisexuelle ou autrement non hétérosexuelle. Chez les jeunes hommes, la proportion est de 6%.
Il ne s’agit pas d’un jugement moral, mais d’un constat démographique: l’expansion de l’identité a coïncidé avec l’abandon institutionnel des modèles reproductifs traditionnels. Les conséquences ne sont plus culturelles, mais démographiques. La fécondité en Allemagne s’effondre, et l'article qui suit, ici, explique comment.
Le silence démographique
La baisse du taux de natalité en Allemagne derrière un mur de progrès
Alors que l’Allemagne élargissait les protections légales et culturelles associées à l’identité, son taux de fécondité empirait. Entre 2016 et 2024, le nombre de naissances annuelles est passé de près de 792.000 à seulement 677.000, atteignant le niveau le plus bas depuis 2013. Le taux de fécondité global est tombé à 1,35 enfant par femme, bien en dessous du seuil de remplacement.
Le déclin a touché tant les Länder de l’Est que de l’Ouest. Dans les centres urbains comme Berlin, la fécondité est restée encore plus basse – autour de 1,2 – avec des niveaux croissants d’infertilité permanente. Les premières naissances ont diminué plus nettement, indiquant un changement structurel du comportement reproductif. Selon Destatis, une femme sur cinq termine sa période de fécondité sans enfants.
La politique publique a répondu par des subventions, des allègements fiscaux et l’extension des congés parentaux, mais la tendance s’est poursuivie. Comme le rapporte l’Institut fédéral de recherche démographique, les normes culturelles concernant le couple, l’autonomie et la planification de la vie pèsent désormais plus lourd que les contraintes économiques.
Ce n’est pas un effet secondaire, mais une transformation mesurable des valeurs, renforcée par les institutions, et les conséquences démographiques ne sont plus abstraites : elles sont visibles dans chaque maternité à moitié vide.
Reconnaissance légale, limites démographiques
En 2024, environ 167.000 couples de même sexe élevaient des enfants, soit 14% de tous les couples de même sexe. Parmi les couples mariés de même sexe, en particulier, 18% (119.000 couples) élèvent des enfants. Chez les couples masculins, le taux est bien plus bas. La gestation pour autrui reste interdite; le don d’ovules est prohibé. L’accès à la fécondation in vitro pour les couples lesbiens existe dans les cliniques privées, mais il n’est souvent pas pris en charge par l’assurance. La reconnaissance légale de la co-parentalité exige encore une adoption, sauf si les deux mères sont mariées et que les réformes entrent en vigueur.
En 2024, les adoptions par des couples de même sexe restaient une petite minorité, la grande majorité étant toujours attribuée à des couples hétérosexuels. Les constellations multi-parentales, de plus en plus courantes dans la pratique, restent indéfinies dans la loi.
L’Allemagne a affirmé la légitimité des familles non traditionnelles, mais les structures qu’elle promeut sont démographiquement inertes. La politique adoptée se concentre sur la reconnaissance, non sur la reproduction. En conséquence, les modèles familiaux LGBT restent statistiquement marginaux, incapables de compenser le déclin plus large de la fécondité.
Un tel cadre politique n’est guidé ni par une logique démographique ni par une préoccupation sincère pour le bien-être des minorités. Il est guidé par la perspective. Affirmer des modèles non reproductifs coûte peu politiquement et offre un capital symbolique rapide.
Dans la pratique, l’inclusion est devenue une forme de gouvernance performative: une réponse aux cycles médiatiques, aux pressions des activistes et aux modes institutionnelles. Les politiques légifèrent sur la visibilité parce que cela donne bonne figure, pas parce que cela résout les vrais problèmes structurels. L’effondrement démographique continue sans être remarqué, sans gestion ni débat. Ce qui est célébré comme un progrès fonctionne en réalité comme un mécanisme d’érosion démographique, soutenu non par conviction, mais par commodité.
Normalisation sans natalité
Entre 2010 et 2025, l’Allemagne a réécrit le rôle culturel de l’école. Dans des Länder comme Berlin, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et le Bade-Wurtemberg, les nouveaux programmes scolaires ont intégré la « diversité sexuelle et de genre » comme élément permanent de l’éducation civique. Le référentiel de Berlin de 2015 impose des contenus inclusifs dès le primaire; le plan révisé du Bade-Wurtemberg intègre la diversité dans la biologie, l’histoire, l’éthique et la langue.
Dans les supports pédagogiques et la formation des enseignants, les catégories identitaires sont privilégiées par rapport aux modèles dits "du cycle de vie". Des programmes comme Queerformat et Schule der Vielfalt présentent le genre et l’orientation comme des champs d’exploration ouverts. Dans ce contexte, les parcours reproductifs traditionnels ne sont pas invalidés, mais de plus en plus marginalisés.
Ce changement culturel a coïncidé avec un changement de comportement. Selon certaines recherches, les Allemands de moins de 30 ans retardent ou renoncent aujourd’hui à la parentalité non seulement pour des raisons économiques, mais aussi à cause de l’évolution des valeurs. Dans les centres urbains, l’absence permanente d’enfants augmente plus rapidement chez les femmes très instruites. Le modèle reproductif n’est plus transmis comme norme.
Le système éducatif allemand ne présente plus la formation de la famille comme fondamentale. Il affirme l’identité personnelle, mais l’isole de la fonction démographique. Ce faisant, il renforce un ordre social où la reproduction est facultative et de plus en plus évitée.
Une république qui célèbre l’effondrement
L’Allemagne a construit un modèle politique qui récompense l’identité mais ignore les résultats. L’inclusion des personnes LGBT est devenue un réflexe institutionnel: intégrée dans la loi, l’éducation et la communication publique, non pour résoudre les véritables inégalités, mais pour soutenir une démonstration permanente de vertu symbolique. C’est une stratégie de gouvernance optimisée pour obtenir des applaudissements, non pour garantir la continuité.
Ce qui apparaît comme un progrès est fonctionnellement détaché de la survie démographique du pays. Les modes de vie non reproductifs sont subventionnés et célébrés. Les structures familiales traditionnelles sont idéologiquement remplacées. Le résultat n’est pas une société pluraliste, mais une société démographiquement vide.
Ce n’est pas un hasard. L’État allemand ne défend plus la reproduction comme un bien social. Il gère le déclin par le récit: visibilité au lieu de vitalité, équité au lieu de fécondité. L’effondrement des taux de natalité est traité comme une externalité, tandis que des identités politiquement commodes sont élevées au rang de doctrine. La transformation culturelle est légiférée par des politiques qui suivent les tendances, non les conséquences.
Aucun système démocratique ne survit sans renouvellement. La trajectoire actuelle de l’Allemagne – faible fécondité, électeurs âgés, cohésion en déclin – n’est pas le produit d’un échec économique, mais d’un projet politique. Une république qui légifère l’expression de soi au détriment de la reproduction n’est pas inclusive, elle est en phase terminale.
10:27 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, actualité, europe, affaires européennes | |
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