Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 14 novembre 2018

Baisse de QI en Occident : et si notre « fake culture » était en cause ?

Culture-decline-720x340.jpg

Baisse de QI en Occident : et si notre « fake culture » était en cause ?

Ex: http://www.entelekheia.fr

Note : dans cette traduction, le mot « Américain » a été changé en « Occidental » parce que la problématique abordée par l’auteur se pose en termes à peu près identiques ici, en France, ce qui démontre bien que nous sommes dans l’orbite culturelle des USA. Y laissons-nous des plumes ?


Par David Masciotra
Paru sur The American Conservative sous le titre Fake Culture is Hastening Our Idiocracy


Carl Wilson, critique musical pour Slate, s’est assis à son bureau, a placé ses doigts sur son clavier et a réellement tapé les phrases suivantes dans une critique du premier album de Cardi B, une ancienne strip-teaseuse actuellement « Star d’Instagram ».

Le meilleur exemple, toutefois, est la façon dont elle cite et sample le membre de Three 6 Mafia Project Pat dans « Bickenhead », un jeu de mots sur son classique du Rap sudiste « Chickenhead » de 2001. Cette chanson était pleine de mépris pour les « putes » sans cervelle (à part un bref moment de réponse de la rappeuse La Chat), et tirait son titre et son refrain d’une ancienne insulte envers les femmes qui pratiquent la fellation. Cardi la retourne à l’avantage des femmes qui utilisent la sexualité pour manipuler des hommes d’esprit faible – « la chatte est bonne, le nègre investit » – et pas seulement pour y gagner financièrement : « Faites-lui un enfant dans le dos, » rappe-t-elle, et dans la vie, c’est exactement ce qu’elle a fait.

Ce douloureux exercice d’humiliation est un sommet, non dans la démission de Wilson, mais dans la présentation de son idée selon laquelle Cardi B a un « impact féministe sur le hip hop ». Un triomphe rare ; le disque démontre, dans le manque de distance des mots de Wilson, qui mêle les cris d’extase de la fan de douze ans à la prétention du diplômé d’université, « ce qui se passe quand l’esprit d’une femme l’élève du bas de la barre d’une strip-teaseuse jusqu’aux hauteurs d’un autel ».

Pour ceux qui ne connaissent pas la beauté artistique et la virtuosité de Cardi B, ce qui suit est un échantillon de paroles de ce que Wilson appelle « son titre le plus touchant », « Be Careful » (« Fais attention »).

Tu disais que tu bossais, mais tu chassais le cul
et les putes, cool à côté de la piscine, tu vivais deux vies,
J’aurais pu faire ce que tu m’as fait plusieurs fois
Mais si je décide de déraper, trouver un nègre
le baiser, sucer sa bite, tu serais emmerdé
mais c’est pas mon MO*, je suis pas ce type de pute
Et le karma pour toi va êt’ avec qui tu vas finir
Me rends pas malade, nègre.

Dans l’incarnation précédente de Wilson, non pas comme star d’Instagram, mais comme auteur intelligent, il tentait d’analyser le mystère du goût artistique. Son livre, le brillant Let’s Talk About Love, explore son mépris envers Céline Dion pour enquêter sur ce qui, au delà des préférences esthétiques, influence les loyautés et les aversions artistiques que se forgent les gens. Le goût, argumente Wilson comme beaucoup de théoriciens de la culture avant lui, est partiellement une fonction du capital social. Mépriser Dion signifie s’élever au-dessus de la masse de ses fans – pour la plupart des banlieusardes d’âge moyen qui achètent leurs CD dans les supermarchés. « Il est difficile d’imaginer un public qui conférerait encore moins de glamour à un musicien, » écrit Wilson.

L’ironie de la transformation de Wilson est qu’elle confirme précisément la critique qui fait le cœur de son livre. La critique musicale – pour Wilson comme pour de nombreux autres – n’est pas une expression honnête de l’analyse et de l’interprétation, mais le moyen par lequel des critiques d’art peuvent s’identifier avec la tendance la plus « cool » et politiquement correcte.

Les lamentables manœuvres pour se garantir une chaise dans la cafétéria à la mode, à côté des hommes et des femmes qui comptent dans le campus, et le remplacement de tous les critères esthétiques par une liste de bons points communautaristes ont vidé les arts populaires de leur signification et vandalisé la crédibilité de prix autrefois prestigieux.

Le comité du Prix Pulitzer a récemment attribué sa récompense pour la meilleure composition musicale à Kendrick Lamar avec ces mots sur son disque DAMN, « une collection virtuose de chansons unifiées par une authenticité vernaculaire et un dynamisme rythmique qui dessinent des portraits de la complexité de la vie moderne afro-américaine ».

« Humble », la chanson la plus populaire et applaudie de DAMN fait la contribution suivante à la chanson américaine :


Si je quitte tes mauvaises manières (jeu de mot avec BM, « bad manners »), je saute quand même Mercedes, funk
Si je quitte cette saison, je suis quand même le plus grand, funk
Ma gauche est devenue virale
Mon droite a envoyé ma meuf en spirale
Soprano do, nous aimons rester sur une note élevée
Cela nivelle, tu le sais et moi aussi, salope, sois humble

Assise !
(Stop, petite salope, stop petite salope) sois humble
(Stop, salope), assise !
(Assied-toi, stop, petite salope )
Sois humble (salope)

En fait, c’est le 37ème emploi du mot « salope » qui donne tout son punch à « Humble ».

Dans son roman épique qui chronique les combats de l’empereur apostat de la Rome antique, Julian (Julien), Gore Vidal écrit « L’Histoire est une somme de commérages sur un événement dont la vérité est perdue à l’instant même où il a lieu ».

La pop culture contemporaine dégrade à la fois le travail de l’historien et celui de la commère en les mêlant, et en injectant ce qui en reste dans son divertissement. Le nouveau disque de Kanye West, Ye, a joui d’une couverture médiatique typiquement réservée à des événements de moindre importance, comme la Révolution bolchevique ou la fin de la Guerre du Vietnam. Dans une chanson, West se souvient de la réaction de sa tendre moitié, Kim Kardashian, quand elle avait appris son incursion dans le révisionnisme historique où il avait déclaré que « l’esclavage était un choix » : « La femme appelle en hurlant que nous allons tout perdre / J’ai dû la calmer parce qu’elle pouvait plus respirer / Je lui ai dit qu’elle pouvait me quitter mais elle ne veut pas partir / C’est ça qu’ils voulaient dire avec pour le meilleur et pour le pire ha. »

La popularité de Kanye West comme celle de Cardi B, dont le déjà mentionné « Be Careful » est la réponse à la sex tape de son boy-friend avec une autre femme, menacent de réduire l’écriture moderne de paroles de chanson à des statuts Facebook rythmiquement chargés et rien de plus. Musicalement, la plupart de ces chansons sont des produits dérivés trop dépendants de programmes d’ordinateurs et d’échantillonnages de hits de véritables musiciens. « Be Careful », par exemple, inclut tellement d’emprunts à des standards de la pop et de la soul qu’elle ne compte pas moins de 16 signatures créditées pour sa composition.

La légende du jazz et directeur artistique du Lincoln Center Wynton Marsalis a récemment décrit le rap comme « un pipeline d’obscénités » et a exprimé sa perplexité consternée face à l’accueil artistique qui lui est réservé, « C’est presque comme si tous les adultes étaient partis ».

Mais le hip hop n’est pas le seul élément de la culture moderne à bénéficier d’une absence de perspective adulte. Le cinéma, ou du moins la perception populaire du cinéma, a également pris un virage malencontreux vers le juvénile.

Les films de super-héros et autres bédés pour ados sont devenus le genre dominant en Occident. Plutôt que de déplorer le manque de films pour adultes comme ils le faisaient auparavant, les critiques considèrent aujourd’hui les empires cinématographiques Marvel et DC comme légitimes, et même excellents, pour autant que les justiciers à capes se tiennent bien accrochés à des problématiques communautaristes politiquement correctes.

Le Guardian a célébré Wonder Woman comme « un chef-d’œuvre de féminisme subversif », mais Slate a contre-attaqué avec un essai sur la façon dont « le féminisme de Black Panther est plus progressiste que celui de Wonder Woman ».

Un des points communs de la plupart des critiques de spectacles à gros budget, à part leur ignorance de grands auteurs féministes comme Virginia Woolf et Erica Jong, est qu’ils ne s’intéressent que très peu aux qualités esthétiques et artistiques des films.

Vox a passé plusieurs articles sur le dernier épisode de la saga Star Wars (Solo: A Star Wars Story), dont la plupart se concentrent sur « l’identité pansexuelle » de l’un des personnages, et sur le robot « éveillé » qui joue une sorte de rôle oraculaire dans l’histoire.

En tant que personne qui n’a vu aucun de ces films, je ne suis pas qualifié pour émettre un jugement sur leur valeur de divertissement ou leur excellence artistique. Je sais, toutefois, que l’évaluation des mérites d’une œuvre d’art à l’aune d’une idéologie devrait être le fait exclusif de fondamentalistes religieux.

L’Occident subit une véritable démolition culturelle, comme le démontrent l’élévation de polémiques de caniveau (dans les cas de Kanye West, Cardi B et autres) au rang d’art digne de faire l’objet de critiques expertes, et le traitement de l’art comme simple extension d’échanges sur des réseaux sociaux.

Le terme « fake news » est désormais omniprésent dans les débats politiques. Bien qu’il se soit déjà transformé de quelque chose de spécifique – la dissémination délibérée de fausses informations destinées à tromper les électeurs – en insulte générale à l’adresse de tout reportage désapprouvé par tel ou tel personnage, il continuera à influencer le débat national sur le journalisme et la politique.

Mais au cours de ces dernières décennies, un nouveau développement inquiétant s’est produit. Des membres éminents des médias de masse, des critiques réputés et des campagnes publicitaires déguisées ont fusionné pour amplifier et magnifier des productions médiocres de pop culture et des amuseurs dont le travail est dénué d’intérêt, mais joue un rôle dans le renforcement de l’orthodoxie politico-culturelle dominante (et permet de préserver la richesse des dirigeants de ces entreprises).

Les « fake news » dans leur nouvelle acception présentent un problème alarmant, mais c’est le cas aussi de la prolifération d’une nouvelle monstruosité de la vie occidentale : la fake culture.

 

Traduction et notes Entelekheia
Photo Pixabay : Art de rue, fresque.

* Modus operandi, mode opératoire

samedi, 01 décembre 2012

How the American matrix destroys every culture

 american-flag.gif

How the American matrix destroys every culture

By Nicolas BONNAL

Ex: http://english.pravda.ru/

 

 

As I already showed in these columns, Alexis de Tocqueville is the best commentator of the modern agenda of alienation, giving aristocratic critics to the American matrix which starts its nuisances at the beginning of the nineteenth century. Tocqueville foresees a bleak American future for Europe and the whole world. His analyses are as implacable as those of Edgar Poe, a violent opponent to the so-called democratic order, as writers like Hawthorne or Melville.

In his famous book about democracy, Tocqueville describes and explains the destruction of the two victim races of these times, the blacks and the Indians. We shall start by the black slaves:

The Negro of the United States has lost all remembrance of his country; the language which his forefathers spoke is never heard around him; he abjured their religion and forgot their customs when he ceased to belong to Africa, without acquiring any claim to European privileges.

The black slave is thus the prototype of the global citizen desired by the magazine the Economist and the New World Order agenda. He has no past, no family, and no nation:

The Negro has no family; woman is merely the temporary companion of his pleasures, and his children are upon equality with himself from the moment of their birth.

Half the babies born in France have no father nowadays! Today's parents are their children's pals! And who knows his babushka in America? Why do you think so many people stroll around in the shopping centres nowadays?

Like the masses of today obsessed by sex, money and fame, driven by pleasures, captivated by the rich and famous storytelling, the American slave adores his masters:

The slave scarcely feels his own calamitous situation... he admires his tyrants more than he hates them, and finds his joy and his pride in the servile imitation of those who oppress him: his understanding is degraded to the level of his soul.

This modern slave or modern man, adds Tocqueville, doesn't love freedom, for independence is often felt by him to be a heavier burden than slavery. He is just manipulated by his desires, fabricated fantasies and material needs. As if he has inspired the Prisoner of McGoohan, Tocqueville writes:

A thousand new desires beset him, and he is destitute of the knowledge and energy necessary to resist them: these are masters whom it is necessary to contend with, and he has learnt only to submit and obey. In short, he sinks to such a depth of wretchedness, that while servitude brutalizes, liberty destroys him.

The destruction of the Indians has different meanings. The Blackman symbolised the weak or the poor, the submitted proletarian, the Indian the feudal lord, the warrior, doomed to disappear during the industrial revolution, like the religious man. Marx made the same analysis in his famous manifesto. This man of elite is such sentenced to disappear by the civilization of money-lenders and businessmen:

When the North American Indians had lost the sentiment of attachment to their country; when their families were dispersed, their traditions obscured, and the chain of their recollections broken; when all their habits were changed, and their wants increased beyond measure, European tyranny rendered them more disorderly and less civilized than they were before.

A simple animal, or a mere sinner, the man is easily mind-programmed by consumption; and the brave and frugal Indians inevitably fell in front of the new needs and strange goods:

The Europeans introduced amongst the savages of North America fire-arms, ardent spirits, and iron.... Having acquired new tastes, without the arts by which they could be gratified, the Indians were obliged to have recourse to the workmanship of the whites; but in return for their productions the savage had nothing to offer except the rich furs which still abounded in his woods.

Tocqueville in every page of this marvellous and unread book sees the perils of the so-called American civilization. One of these perils is of course pollution and... noise. The noise produced by isolated colons could thus exasperate the Indians, hastening a cruel stroke. Let's understand the causes of these reactions:

Thousands of savages, wandering in the forests and destitute of any fixed dwelling, did not disturb the beasts of chase; but as soon as the continuous sounds of European labour are heard in their neighbourhood, they begin to flee away, and retire to the West...

The retirement of the game meant for the Indians discombobulated anguish, exhausting migrations and a progressive starving. The race was thus exterminated passively, the invaders needing no such massacres and slaughters as one could believe. This is the same mean Hitler, this great admirer of Anglo-Saxon America, wanted to use in Russia (I say wanted, for the people there resisted more, and so had to be slaughtered by the colonial conqueror until the defeat of the last).

Last but no least: if we contemplate the disastrous cultural balance of this civilization, couldn't we admit that she is one of the worst ever occurred? Tocqueville admits that the Spaniard conquest of the south continent was horrible; yet the Indians survived, mixed and intertwined with their masters, thus creating the beautiful Hispano-American civilization. You have tens of architectural masterworks and ancient colonial cities in southern America, and how many in the US?

Anyway, and this remark must be underlined at the hour of philanthropic and humanitarian wars anywhere (Palestine, Syria, Libya, Afghanistan... not to mention the past ones), Tocqueville thinks that the American modern way of life (or death) is more destructive than any other. And he had not in mind the McDonald's, the highways, the desperate suburbs, the shopping malls and the amusement parks!

The Spaniards were unable to exterminate the Indian race by those unparalleled atrocities which brand them with indelible shame, nor did they even succeed in wholly depriving it of its rights; but the Americans of the United States have accomplished this twofold purpose with singular felicity; tranquilly, legally, philanthropically, without shedding blood, and without violating a single great principle of morality in the eyes of the world. It is impossible to destroy men with more respect for the laws of humanity.

Tolkien writes somewhere that a monster (he refers to giant spider Ungoliant) finishes up the job devouring his own flesh. This is what happens to American civilization today. Philanthropically, she is destroying herself. But unhappily humanity who has chosen this way of death, in the East like in the South, is doomed too, since the American matrix has overcome any resistance.

Yet childish technology, money obsession, humanitarian wars and amusement parks will take us nowhere. We need to replace the American way to design a new world.

Nicolas Bonnal