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mardi, 17 septembre 2024

Tocqueville et la fabrication du pauvre britannique

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Tocqueville et la fabrication du pauvre britannique

Nicolas Bonnal

L’Angleterre et ses dominions orwelliens paraissent aujourd’hui les entités administratives  (il n’y a plus d’Etat) les plus totalitaires du monde; difficile de savoir quelle élite, locale ou globale, a décidé de l’édification du cauchemar british, carbonique ou antiraciste. Un épisode raconté par Tocqueville va nous rappeler qu’en la terre d’Utopie, de Bensalem (Bacon) et de 1984 tout a toujours indiqué un inquiétant cauchemar bien éloigné des libertés vantées ici ou là par les agents de l’Empire. Hugo semble s’en être rendu compte dans l’Homme qui rit, qui dénonce d’une façon inédite et géniale les méfaits de la kleptocratie la plus dure et résiliente du monde. Mais on y reviendra.

Les émeutes britanniques montrent que le pauvre anglais est toujours d’aussi mauvaise qualité. L’élite ne vaut guère mieux (Todd a expliqué pourquoi) mais ce n’est pas notre problème aujourd’hui. Là elles se sont trouvées un adversaire à leur hauteur ces élites britanniques, et c’est le pauvre anglais contre lequel elles s’acharnent depuis Hastings, et qui finira l’année numérisé, avant nous donc; car cette bataille de Hastings (1066 donc, avec son livre du Jugement dernier à la clé) est la bataille qui sert de modèle à la globalisation: une élite néo-féodale aura toute la terre, le reste crèvera. Guillaume avait fait détruire des centaines de villages pour étaler ses territoires de chasse. Il chassa aussi le clergé saxon avec l’aide papale (ce fut la première croisade en fait, et c’est dommage qu’on ne le comprenne pas) et une élite ORTHODOXE trouva refuge à Constantinople.

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Tolkien savait ces choses, et lui qui détestait les Normands et se concentrait sur le vieux génie saxon (voyez mon livre) avait compris que la dystopie et le monde moderne avaient lieu en Angleterre. Lisez enfin l’Homme qui rit de Hugo (l’Homme qui rit est l’ancêtre du Joker de Batman) qui décrit magnifiquement (plus grand roman du monde, a dit justement – tout arrive – Ayn Rand) le sort du pauvre dans l’île noire d’Hergé, mère de toutes les dystopies. Certains disent que l’élite possède encore 50% des terres britanniques, d’autres 85%. Elle a concentré sa population INDUSTRIELLE dans cinq villes depuis un siècle et demi comme dans ses dominions (90%  de la population australienne ou canadienne vit dans cinq ou six villes) et tout le monde est content-vacciné-numérisé-alcoolisé-connecté. Le contrôle du pauvre par la cruauté (toujours exemplaire) ou du britannique moyen par la presse et par les médias (voyez McLuhan) a toujours été sans égal. Le flegme britannique ou soumission imbécile aura fait le reste à travers les âges: voir les guerres fratricides contre une Allemagne qui ne demandait que la paix (cf. nos textes sur Grenfell et Churchill).

Mais pour être parfaite une élite diabolique doit aussi et surtout être humanitaire et progressiste (voyez Dorian Gray et son couple festif, homo, socialiste, amateur d’exotismes, collectionneur et anarchisant). Comme dit Trotski dans un texte célèbre que j’ai recensé, « pour chaque brigandage elle (l’élite bancaire US) sert un mort d’ordre humanitaire ». De ce point de vue le christianisme avec sa tartuferie ontologique et millénaire et ses capacités baroques à se transformer lui servira jusqu’au bout d’accompagnateur fidèle.

Elite la plus dure du monde, la féodalité british a toujours su y faire avec le paupérisme au point de cultiver son pauvre depuis la Réforme. Elle a créé le pauvre soumis, industriel, numérisé, absous et béni, pauvre qui n’a pas le droit de bouger de sa paroisse. Et elle l’a fait sous Elisabeth, au moment où Shakespeare (dix fois moins sulfureux et informé que Marlowe, mais c’est un autre problème) dessine la mondialisation dans la Tempête avec ses Caliban. C’est ce que nous explique Tocqueville donc dans son incroyable étude sur le paupérisme qui décrit en quelques pages le monde à venir du « mendiant ingrat », comme dit Léon Bloy :

« Mais je suis profondément convaincu que tout système régulier, permanent, administratif, dont le but sera de pourvoir aux besoins du pauvre, fera naître plus de misères qu'il n'en peut guérir, dépravera la population qu'il veut secourir et consoler, réduira avec le temps les riches à n'être que les fermiers des pauvres, tarira les sources de l'épargne, arrêtera l'accumulation des capitaux, comprimera l'essor du commerce, engourdira l'activité et l'industrie humaines et finira par amener une révolution violente dans l'État, lorsque le nombre de ceux qui reçoivent l'aumône sera devenu presque aussi grand que le nombre de ceux qui la donnent, et que l'indigent ne pouvant plus tirer des riches appauvris de quoi pourvoir à ses besoins trouvera plus facile de les dépouiller tout à coup de leurs biens que de demander leurs secours (1835). »

Il y a beaucoup de pauvres en Angleterre donc :

« Pénétrez maintenant dans l'intérieur des communes ; examinez les registres des paroisses, et vous découvrirez avec un inexprimable étonnement que le sixième des habitants de ce florissant royaume vit aux dépens de la charité publique. »

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Et de distinguer les deux charités, la traditionnelle (enfin, l’ancienne, la chrétienne) et la moderne:

« Il y a deux espèces de bienfaisances: l'une, qui porte chaque individu à soulager, suivant ses moyens, les maux qui se trouvent à sa portée. Celle-là est aussi vieille que le monde ; elle a commencé avec les misères humaines; le christianisme en a fait une vertu divine, et l'a appelée la charité.

L'autre, moins instinctive, plus raisonnée, moins enthousiaste, et souvent plus puissante, porte la société elle-même à s'occuper des malheurs de ses membres et à veiller systématiquement au soulagement de leurs douleurs. Celle-ci est née du protestantisme et ne s’est développée que dans les sociétés modernes. »

La deuxième charité est inédite et dangereuse (rappelons que c’est elle qui promeut depuis le théosophisme l’invasion de pays européens promis au brassage numérique des troupeaux de Laban – voyez mon livre sur Internet) :

« La première est une vertu privée, elle échappe à l'action sociale ; la seconde est au contraire produite et régularisée par la société. C'est donc de celle-là qu'il faut spécialement nous occuper. »

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Atelier du monde moderne. Voici comment Tocqueville décrit notre Angleterre (quel est son secret ? Voyez le Repaire du ver blanc, livre de Bram Stoker et film de Ken Russell avec l’inévitable-inquiétant-omniprésent Hugh Grant):

« Le seul pays de l'Europe qui ait systématisé et appliqué en grand les théories de la charité publique est l'Angleterre. A l'époque de la révolution religieuse qui changea la face de l'Angleterre, sous Henri VIII, presque toutes les communautés charitables du royaume furent supprimées, et comme les biens de ces communautés passèrent aux nobles et ne furent point partagés entre les mains du peuple, il s'ensuivit que le nombre de pauvres alors existants resta le même, tandis que les moyens de pourvoir à leurs besoins étaient en partie détruits. »

Conséquence : on fabrique du pauvre…

« Le nombre des pauvres s'accrut donc outre mesure, et Élisabeth, la fille de Henri VIII, frappée de l'aspect repoussant des misères du peuple, songea à substituer aux aumônes que la suppression des couvents avait fort réduites, une subvention annuelle, fournie par les communes. »

Pas besoin de communisme, même sacerdotal. Albion fabrique et contrôle son pauvre Made in England:

« Une loi promulguée dans la quarante-troisième année du règne de cette princesse dispose que dans chaque paroisse des inspecteurs des pauvres seront nommés; que ces inspecteurs auront le droit de taxer les habitants à l'effet de nourrir les indigents infirmes, et de fournir du travail aux autres. A mesure que le temps avançait dans sa marche, l'Angleterre était de plus en plus entraînée à adopter le principe de la charité légale. Le paupérisme croissait plus rapidement dans la Grande-Bretagne que partout ailleurs. »

Tocqueville rappelle aussi que la terre se concentre entre quelques mains (cf. l’Ukraine ou la France en ce moment d’extermination des paysans):

« Il arrive depuis un siècle, chez les Anglais, un événement qu'on peut considérer comme un phénomène, si l'on fait attention au spectacle offert par le reste du monde. Depuis cent ans, la propriété foncière se divise sans cesse dans les pays connus; en Angleterre, elle s'agglomère sans cesse. Les terres de moyenne grandeur disparaissent dans les vastes domaines, la grande culture succède à la petite. »

Tocqueville rappelle qu’il vaudrait mieux ne pas trop pousser tout le monde à l’oisiveté :

« Il y a pourtant deux motifs qui le portent au travail: le besoin de vivre, le désir d’améliorer les conditions de l’existence. L’expérience a prouvé que la plupart des hommes ne pouvaient être suffisamment excités au travail que par le premier de ces motifs, et que le second n’était puissant que sur un petit nombre. Or un établissement charitable, ouvert indistinctement à tous ceux qui sont dans le besoin, ou une loi qui donne à tous les pauvres, quelle que soit l’origine de la pauvreté, un droit au secours du public, affaiblit ou détruit le premier stimulant et ne laisse intact que le second. »

Résultats ? Avant la Ferme des Animaux donc, beaucoup de pauvres, surtout beaucoup de surveillants :

« Les Anglais ont été obligés de placer des surveillants des pauvres dans chaque commune. »

On crée une nouvelle classe, celle des assistés :

« Toute mesure qui fonde la charité légale sur une base permanente et qui lui donne une forme administrative crée donc une classe oisive et paresseuse, vivant aux dépens de la classe industrielle et travaillante. C'est là, sinon son résultat immédiat, du moins sa conséquence inévitable. Elle reproduit tous les vices du système monacal, moins les hautes idées de moralité et de religion qui souvent venaient s'y joindre. »

Un abaissement moral du pauvre et même du riche trop taxé (on le rassure : les ultra-riches ne le sont nulle part, taxés) en découle :

« Mais le droit qu'a le pauvre d'obtenir les secours de la société a cela de particulier, qu'au lieu d'élever le cœur de l'homme qui l'exerce, il l'abaisse. Le pauvre qui réclame l'aumône au nom de la loi est donc dans une position plus humiliante encore que l'indigent qui la demande à la pitié de ses semblables au nom de celui qui voit d'un même œil et qui soumet à d'égales lois le pauvre et le riche.

La charité légale laisse subsister l'aumône, mais elle lui ôte sa moralité. Le riche, que la loi dépouille d'une partie de son superflu sans le consulter, ne voit dans le pauvre qu'un avide étranger appelé par le législateur au partage de ses biens. »

Aucune gratitude à attendre (Léon Bloy a donc raison) :

« Le pauvre, de son côté, ne sent aucune gratitude pour un bienfait qu'on ne peut lui refuser et qui ne saurait d'ailleurs le satisfaire ; car l'aumône publique, qui assure la vie, ne la rend pas plus heureuse et plus aisée que ne le ferait l'aumône individuelle; la charité légale n'empêche donc point qu'il n'y ait dans la société des pauvres et des riches, que les uns ne jettent autour d'eux des regards pleins de haine et de crainte, que les autres ne songent à leurs maux avec désespoir et avec envie. »

Comme un implacable et méchant libéral (mot qui ne veut rien dire depuis des siècles) ou même libertarien (voyez mon recueil), Tocqueville explique donc :

« J'ai dit que le résultat inévitable de la charité légale était de maintenir dans l'oisiveté le plus grand nombre des pauvres et d'entretenir leurs loisirs aux dépens de ceux qui travaillent. »

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Les sceptiques pourront relire Jack London et sa description des pauvres londoniens (sic) victimes non pas du capitalisme mais de la charité trop bien ordonnée. Tocqueville écrit alors, comme un bon taoïste chinois:

« Si l'oisiveté dans la richesse, l'oisiveté héréditaire, achetée par des services ou des travaux, l'oisiveté entourée de la considération publique, accompagnée du contentement d'esprit, intéressée par les plaisirs de l'intelligence, moralisée par l'exercice de la pensée: si cette oisiveté, dis-je, a été la mère de tant de vices, que sera-ce d'une oisiveté dégradée acquise par la lâcheté, méritée par l'inconduite, dont on jouit au milieu de l'ignominie et qui ne devient supportable qu'à mesure que l'âme de celui qui la souffre achève de se corrompre et de se dégrader ? »

Et d’observer l’étendue des dégâts :

« Lisez tous les livres écrits en Angleterre sur le paupérisme ; étudiez les enquêtes ordonnées par le Parlement britannique ; parcourez-les discussions qui ont eu lieu à la Chambre les Lords et à celle des communes sur cette difficile question ; une seule plainte retentira à vos oreilles : on déplore l'état de dégradation où sont tombées les classes inférieures de ce grand peuple ! Le nombre des enfants naturels augmente sans cesse, celui des criminels s'accroît rapidement ; la population indigente se développe outre mesure ; l'esprit de prévoyance et d'épargne se montre de plus en plus étranger au pauvre ; tandis que dans le reste de la nation les lumières se répandent, les mœurs s'adoucissent, les goûts deviennent plus délicats, les habitudes plus polies, - lui, reste immobile, ou plutôt il rétrograde ; on dirait qu'il recule vers la barbarie, et, placé au milieu des merveilles de la civilisation, il semble se rapprocher par ses idées et par ses penchants de l'homme sauvage. »

Problème enfin : cette société de charité promeut le contrôle et la SURVEILLANCE (remarquez, c’est ce que fait la religion : Dieu t’espionne, te contrôle, puis te juge, peut-être avec Microsoft pour vérifier l’étendue et le nombre de tes péchés). Le pauvre n’a donc plus le droit de quitter sa commune.

« Or, comme dans un pays où la charité publique est organisée, la charité individuelle est à peu près inconnue, il en résulte que celui que des malheurs ou des vices rendent incapable de gagner sa vie est condamné, sous peine de mort, à ne pas quitter le lieu où il est né. S'il s'en éloigne, il ne marche qu'en pays ennemi ; l'intérêt individuel des communes, bien autrement puissant et bien plus actif que ne saurait l'être la police nationale la mieux organisée, dénonce son arrivée, épie ses démarches, et s'il veut se fixer dans un nouveau séjour, le désigne à la force publique qui le ramène au lieu du départ. Par leur législation sur les pauvres, les Anglais ont immobilisé un sixième de leur population. Ils l'ont attaché à la terre comme l'étaient les paysans du Moyen Age. »

Tocqueville vaticine ensuite une apocalypse qui est toujours à venir :

« Mais je suis profondément convaincu que tout système régulier, permanent, administratif, dont le but sera de pourvoir aux besoins du pauvre, fera naître plus de misères qu'il n'en peut guérir, dépravera la population qu'il veut secourir et consoler, réduira avec le temps les riches à n'être que les fermiers des pauvres, tarira les sources de l'épargne, arrêtera l'accumulation des capitaux, comprimera l'essor du commerce, engourdira l'activité et l'industrie humaines et finira par amener une révolution violente dans l'État, lorsque le nombre de ceux qui reçoivent l'aumône sera devenu presque aussi grand que le nombre de ceux qui la donnent, et que l'indigent ne pouvant plus tirer des riches appauvris de quoi pourvoir à ses besoins trouvera plus facile de les dépouiller tout à coup de leurs biens que de demander leurs secours. »

Conclusion :

« Je ne dirai point que ce désir universel et immodéré des fonctions publiques est un grand mal social ; qu’il détruit, chez chaque citoyen, l’esprit d’indépendance, et répand dans tout le corps de la nation une humeur vénale et servile ; qu’il y étouffe les vertus viriles ; je ne ferai point observer non plus qu’une industrie de cette espèce ne crée qu’une activité improductive et agite le pays sans le féconder : tout cela se comprend aisément. Mais je veux remarquer que le gouvernement qui favorise une semblable tendance risque sa tranquillité et met sa vie même en grand péril. »

On verra : le gouvernement travailliste est très capable de mettre la vie du pauvre anglais en péril pour des raisons climatiques (sauver le climat en tuant le pauvre donc) tout en revendiquant et en provoquant l’apocalypse nucléaire avec la Russie ? Comme dit Debord, « cette société n’a été que trop patiente jusque-là. »

Sources principales:

https://lesakerfrancophone.fr/le-syndrome-churchill-et-la...

https://www.amazon.fr/Tocqueville-politiquement-incorrect...

https://www.erudit.org/fr/revues/riac/1986-n16-riac02301/...

http://classiques.uqac.ca/classiques/De_tocqueville_alexi...

https://www.amazon.fr/grands-auteurs-traditionnels-Contre...

https://blogs.mediapart.fr/danyves/blog/220117/comment-tr...

lundi, 28 avril 2014

Pourquoi les pauvres votent à droite?

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Pourquoi les pauvres votent à droite?

par Serge Halimi
 
 
Après chaque nouveau scrutin, le même étonnement. Comment expliquer qu’une masse d’électeurs désargentés se déplace pour apporter leur soutien à ceux-là mêmes qui proposent d’abord de réduire les impôts des riches. Dans la préface au livre de Thomas Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite ?, Serge Halimi donne des éléments pour analyser ce paradoxe qui est loin d’être seulement américain ou français.

En novembre 2004, l’État le plus pauvre des États-Unis, la Virginie-Occidentale, a réélu George W Bush avec plus de 56 % des suffrages. Depuis, il n’a cessé de soutenir les candidats républicains à la Maison Blanche. Pourtant, le New Deal avait sauvé la Virginie-Occidentale de la famine pendant les années 1930. L’États demeura un bas­tion démocrate jusqu’en 1980, au point de voter alors contre Ronald Reagan. Il reste encore aujourd’hui un fief du syndicat des mineurs et rappelle parfois que « Mother Jones », figure du mouvement ouvrier américain, s’y illus­tra. Alors, républicaine, la Virginie-Occidentale ? L’idée semblait aussi biscornue que d’imaginer des villes « rouges » comme Le Havre ou Sète « tombant » à droite. Justement, cette chute est déjà intervenue… Car cette his­toire américaine n’est pas sans résonance en France.

Plutôt qu’en Virginie-Occidentale, Thomas Frank a enquêté dans son Kansas natal. La tradition populiste de gauche y fut aussi vive, mais sa disparition est plus ancienne. Là-bas, il a vu s’exaucer le rêve des conserva­teurs : une fraction de la classe ouvrière procure à ceux-ci les moyens politiques de démanteler les protections autrefois arrachées par le monde ouvrier. L’explication que Frank avance n’est pas seulement — pas strictement — reli­gieuse ou « culturelle », liée au surgissement de questions susceptibles d’opposer deux fractions d’un même groupe social — qu’on pense, par exemple, à l’avortement, au mariage homosexuel, à la prière dans les écoles, à la peine de mort, à l’attachement aux armes à feu, à la pornogra­phie, à la place des « minorités », à l’immigration, à la dis­crimination positive… Quand le mouvement ouvrier se défait, la liste de ces motifs de discorde s’allonge. Puis la vie politique et médiatique se recompose autour d’eux. La droite américaine n’a pas attendu Richard Nixon, Ronald Reagan, George W. Bush et le Tea Party pour découvrir l’usage qu’elle pourrait faire des sentiments tra­ditionalistes, nationalistes ou simplement réactionnaires d’une fraction de l’électorat populaire. Y recourir lui semble d’autant plus avantageux qu’elle opère dans un pays où les élans socialistes sont demeurés contrariés et le sentiment de classe moins prononcé qu’ailleurs.

Frank éclaire un autre paradoxe, qui n’est pas spécifi­quement américain, et qui l’est même de moins en moins. L’insécurité économique déchaînée par le nouveau capitalisme a conduit une partie du prolétariat et des classes moyennes à rechercher la sécurité ailleurs, dans un univers « moral » qui, lui, ne bougerait pas trop, voire qui réhabiliterait des comportements anciens, plus familiers. Ces cols bleus ou ces cols blancs votent alors pour les Républicains car les architectes de la révolution libérale et de l’instabilité sociale qui en découle ont eu l’habileté de mettre en avant leur conservatisme sur le terrain des « valeurs ». Parfois, leur sincérité n’est pas en cause : on peut spéculer sur les fonds de pension les plus « inno­vants » tout en s’opposant à l’avortement. La droite gagne alors sur les deux tableaux, le « traditionnel » et le « libé­ral ». L’aspiration au retour à l’ordre (social, racial, sexuel, moral) s’accroît au rythme de la déstabilisation induite par ses « réformes » économiques. Les conquêtes ouvrières que le capitalisme doit refouler en prétextant la concur­rence internationale sont présentées comme autant de reliquats d’une ère révolue. Voire d’un droit à la paresse, à la fraude, à l’« assistanat », à l’immoralité d’une culture trop accommodante envers les corporatismes et les « avan­tages acquis ». La concurrence avec la Chine ou avec l’Inde (hier, avec le Japon ou l’Allemagne) impose que la jouissance cède le pas au sacrifice. Haro donc sur ceux qui ont dénaturé la « valeur travail » ! En France, un homme politique de premier plan imputa à l’« esprit de Mai 68 » un grief de ce genre. Il est devenu président de la République. Et il aspire à le redevenir.

Outre-Atlantique, la dimension religieuse a propulsé le ressentiment conservateur davantage qu’en Europe. Elle a procuré à la droite américaine nombre de recrues dans l’électorat populaire, lesquelles ont ensuite conforté l’as­sise de masse d’un parti républicain soumis à l’emprise croissante des ultralibéraux et des fondamentalistes chré­tiens. Dès la fin des années i960, on observe ce mouve­ment de politisation de la foi. En janvier 1973, quand l’arrêt « Roe vs Wade » de la Cour suprême légalise l’avor-tement, des millions de fidèles, jusqu’alors peu soucieux d’engagement politique et électoral, plongent dans la mêlée. Leurs convictions les plus sacrées ont été bafouées ? L’État et les tribunaux qui ont autorisé cela sont instan­tanément frappés d’illégitimité. Pour laver l’affront, les religieux s’emploieront à tout reconquérir, à tout conver­tir : Maison-Blanche, Congrès, gouvernement des États, tribunaux, médias. Il leur faudra chasser les mauvais juges de la Cour suprême, imposer de meilleures lois, plus ver­tueuses, élire des chefs d’État qui proclameront que la vie du fœtus est sacrée, imposer les « valeurs traditionnelles » aux studios de Hollywood, exiger davantage de com­mentateurs conservateurs dans les grands médias.

Mais comment ne pas voir alors que certaines des « plaies » incriminées par les traditionalistes — l’« hédonisme », la « pornographie » — sont alimentées par le divin marché ? C’est simple : depuis 1980, chacun des présidents répu­blicains attribue la « faillite de la famille » à la décadence d’un État trop présent. En substituant son « humanisme laïc » à l’instruction et à l’assistance autrefois dispensées par les voisinages de quartier, les charités, les Églises, il aurait sapé l’autorité familiale, la moralité religieuse, les vertus civiques. L’ultralibéralisme a pu ainsi fusionner avec le puritanisme.

Si un tel registre n’est pas tout à fait transposable en France, Nicolas Sarkozy a néanmoins abordé lui aussi la question des valeurs et de la foi. Auteur en 2004 d’un livre titré La République, les religions, l’espérance, il y proclame d’emblée : « Je considère que, toutes ces dernières années, on a surestimé l’importance des questions sociologiques, tandis que le fait religieux, la question spirituelle ont été très largement sous-estimés. [...] Les fidèles des grands courants religieux [...] ne comprennent pas la tolérance naturelle de la société à l’endroit de toutes sortes de groupes ou d’appartenances ou de comportements mino­ritaires, et le sentiment de méfiance à l’endroit des reli­gions. Ils vivent cette situation comme une injustice ! [...] Je crois au besoin de religieux pour la majorité des hommes et des femmes de notre siècle. [.] La religion catholique a joué un rôle en matière d’instruction civique et morale pendant des années, lié à la catéchèse qui exis­tait dans tous les villages de France. Le catéchisme a doté des générations entières de citoyens d’un sens moral assez aiguisé. À l’époque, on recevait une éducation religieuse même dans les familles où on ne croyait pas. Cela per­mettait d’acquérir des valeurs qui comptaient pour l’équi­libre de la société. [...] Maintenant que les lieux de culte officiels et publics sont si absents de nos banlieues, on mesure combien cet apport spirituel a pu être un facteur d’apaisement et quel vide il crée quand il disparaît.   »

Des « comportements minoritaires » (de quoi parle-t­il ?) imprudemment tolérés par « toutes sortes de groupes » (à qui pense-t-il ?) pendant que la réflexion reli­gieuse, porteuse de « valeurs », de « sens moral » et « d’apaisement » serait, elle, ignorée ou dédaignée : on ne sait trop s’il s’agissait, avec cet éloge de « la catéchèse », de rafraîchir les vieilles idées, bien françaises, de la Restauration (le sabre et le goupillon, le sacre et l’autel, les curés prêchant la soumission aux écoliers appelés à devenir de braves ouvriers tandis que des instituteurs « rouges » leur farcissaient le crâne avec le socialisme et la lutte de classe) ou si, plutôt, déjà « Sarko l’Américain » se dévoilait. Ami à la fois de Bolloré et des curés.

La droite américaine a toujours insisté sur le thème de la « responsabilité individuelle », du pionnier entreprenant et vertueux qui se fraie un chemin jusqu’aux rivages du Pacifique. Ce faisant, elle a pu stigmatiser, sans trop de mauvaise conscience, une population noire à la fois très dépendante des emplois publics et au sein de laquelle les familles monoparentales sont nombreuses, en général en raison de l’absence ou de l’incarcération du père. L’essor du conservatisme a ainsi lié réaffirmation religieuse, tem­pérance sexuelle, backlash racial, anti-étatisme et célébra­tion d’un individu simultanément calculateur et éclairé par les enseignements de Dieu. Cherchant à expliquer ce qui rendit aux États-Unis cet attelage libéral-autoritaire moins instable qu’on ne l’imagine, l’historien Christopher Lasch suggéra qu’aux yeux des Républicains une lutte opposait la « classe » des producteurs privés et celle des intellectuels publics, la seconde cherchant à accroître son emprise sur le mariage, la sexualité et l’éducation des enfants de la même manière qu’elle avait étendu ses contrôles sur l’entreprise. L’un des principaux mérites de Thomas Frank est de nous aider à comprendre la conver­gence de ces griefs qu’on pourrait juger contradictoires. Et, chemin faisant, de nous éclairer sur l’identité, les res­sorts, les tourments et le dévouement militant du petit peuple conservateur sans jamais recourir au registre du mépris que privilégient spontanément tant d’intellectuels ou de journalistes à l’encontre de quiconque ne relève ni de leur classe, ni de leur culture, ni de leur opinion. Conjugué à une écriture empreinte d’ironie et qui récuse le prêchi-prêcha, ce genre d’« intelligence avec l’ennemi » donne au livre son charme et sa portée.

Une réaction conservatrice découle en général d’une appréciation plus pessimiste des capacités de progrès col­lectif. Au cours des années i960, les États-Unis imagi­naient qu’ils sauraient combattre le communisme sur le terrain de l’exemplarité sociale — d’où les volontaires du Peace Corps (Corps de la Paix) chargés par John Kennedy d’éduquer et de soigner les peuples du tiers-monde ; d’où aussi la « guerre contre la pauvreté » que le Président Johnson déclenche quelques années plus tard. La super­puissance américaine entrevoyait également qu’elle pour­rait abolir la peine de mort et dépeupler ses prisons en proposant aux délinquants des programmes de soins, de formation, de travail salarié, d’éducation, de désintoxica­tion. L’État est alors réputé pouvoir tout faire. Il avait sur­monté la crise de 1929, vaincu le fascisme ; il saurait reconstruire les taudis, conquérir la Lune, améliorer la santé et le niveau de vie de chaque Américain, garantir le plein emploi. Peu à peu, le désenchantement apparaît, la croyance dans le progrès se délite, la crise s’installe. À la fin des années i960, la concurrence internationale et la peur du déclassement transforment un populisme de gauche (rooseveltien, optimiste, conquérant, égalitaire, aspirant au désir partagé de vivre mieux) en un « popu­lisme » de droite faisant son miel de la crainte de millions d’ouvriers et d’employés de ne plus pouvoir tenir leur rang, d’être rattrapés par plus déshérités qu’eux. Les « eaux glacées du calcul égoïste » submergent les utopies publiques héritées du New Deal. Pour le parti démocrate, associé au pouvoir gouvernemental et syndical, le retour de bâton est brutal. D’autant que la question de l’insé­curité resurgit dans ce contexte. Elle va progressivement embourgeoiser l’identité de la gauche, perçue comme trop angélique, efféminée, laxiste, intellectuelle, et prolétariser celle de la droite, jugée plus déterminée, plus masculine, moins « naïve ».

Cette métamorphose s’accomplit à mesure que les ghettos s’enflamment, que l’inflation resurgit, que le dol­lar baisse, que les usines ferment, que la criminalité s’am­plifie et que l’« élite », jadis associée aux possédants, aux grandes familles de l’industrie et de la banque, devient identifiée à une « nouvelle gauche » exagérément friande d’innovations sociales, sexuelles, sociétales et raciales. La perte d’influence du mouvement ouvrier au sein du parti démocrate et l’ascendant corrélatif d’une bourgeoisie néo­libérale cosmopolite et cultivée n’arrangent rien. Les médias conservateurs, en plein essor, n’ont plus qu’à déchaîner leur truculence contre une oligarchie radical-chic au parler exsangue et technocratique, lovée dans de belles résidences des États côtiers, touriste dans son propre pays, protégée d’une insécurité qu’elle conteste avec l’insouciance de ceux que cette violence épargne. Au reste, n’est-elle pas entretenue dans ses aveuglements par une ménagerie d’avocats procéduriers, de juges laxistes, d’intellectuels jargonnants, d’artistes blasphémateurs et autres boucs émissaires rêvés du ressentiment populaire ? « Progressistes en limousine » là-bas ; « gauche caviar » chez nous.

Nicolas Sarkozy aime les États-Unis et il apprécie qu’on le sache. Dans son discours du 7 novembre 2007 devant le Congrès, il a évoqué avec une émotion qui n’était pas entièrement factice la conquête de l’Ouest, Elvis Presley, John Wayne, Charlton Heston. Il aurait dû citer Richard Nixon, Ronald Reagan et George W Bush tant son élec­tion, inspirée des recettes de la droite américaine, n’aurait pas été concevable sans le basculement à droite d’une frac­tion des catégories populaires autrefois acquises à la gauche. Car ceux des châtelains de Sologne qui ont sablé le champagne le soir de sa victoire n’ont pu le faire que grâce au renfort électoral des ouvriers de Charleville-Mézières, lesquels furent sans doute moins sensibles à la promesse d’un « bouclier fiscal » qu’aux homélies de l’an­cien maire de Neuilly sur « la France qui souffre », celle « qui se lève tôt » et qui aime l’« industrie ».

Quiconque passe en revue les éléments les plus dis-tinctifs du discours de la droite française y retrouve l’ac­cent mis sur le déclin national, la décadence morale ; la lancinante musique destinée à préparer les esprits à une thérapie de choc libérale (la « rupture ») ; le combat contre une « pensée unique de gauche » qu’on accuse d’avoir enkysté l’économie et atrophié le débat public ; le réar­mement intellectuel « gramscien » d’une droite « décom­plexée » ; la redéfinition de la question sociale de manière à ce que la ligne de clivage n’oppose plus riches et pauvres, capital et travail, mais deux fractions du « prolétariat » entre elles, celle qui « n’en peut plus de faire des efforts » et la « république de l’assistanat » ; la mobilisation d’un petit peuple conservateur dont on se prétend l’expression persécutée ; le volontarisme politique, enfin, face à une élite gouvernante qui aurait baissé les bras. Presque tous ces ingrédients ont déjà été accommodés dans le Kansas de Thomas Frank.

Un homme à poigne s’impose plus naturellement quand le désordre s’empare de la vieille maison. En 1968, Nixon rode un discours glorifiant la « majorité silencieuse » qui n’accepte plus de voir son pays devenir la proie du chaos. Deux assassinats politiques (Martin Luther King, Robert Kennedy) viennent d’avoir lieu et, après le traumatisme des émeutes de Watts (Los Angeles) en août 1965 (trente-quatre morts et mille blessés), des répliques sont interve­nues à Detroit en juillet 1967, puis à Chicago et à Harlem. Nixon invite ses compatriotes à écouter « une autre voix, une voix tranquille dans le tumulte des cris. C’est la voix de la grande majorité des Américains, les Américains oubliés, ceux qui ne crient pas, ceux qui ne manifestent pas. Ils ne sont ni racistes ni malades. Ils ne sont pas coupables des fléaux qui infestent notre pays ». Deux ans plus tôt, en 1966, un certain Ronald Reagan s’était fait élire gouverneur de Californie en détachant les « petits Blancs » d’un parti démocrate dont il avait pour­fendu le manque de fermeté face à des étudiants contes­tataires opposés à la fois à la guerre du Vietnam, à la police et à la moralité « bourgeoise » — laquelle ne se dis­tinguait pas toujours de la moralité ouvrière.

Les soulèvements urbains, les « désordres » dans les campus procurèrent ainsi à la droite américaine l’occasion de se « prolétariser » sans bourse délier. Un peu à la manière de Nixon, Nicolas Sarkozy s’est employé à dres­ser la « majorité silencieuse » des petits contribuables qui « n’en peuvent plus » contre une jeunesse à ses yeux dépourvue du sens de la reconnaissance. Mais, dans son cas, il ne s’agissait plus de vilipender l’ingratitude des petits bourgeois chevelus d’autrefois ; sa cible ne relevait ni de la même classe ni des mêmes quartiers : « La vérité, c’est que, depuis quarante ans, on a mis en place une stra­tégie erronée pour les banlieues. D’une certaine manière, plus on a consacré de moyens à la politique de la ville, moins on a obtenu de résultats. » Le 18 décembre 2006, dans les Ardennes, le ministre de l’Intérieur d’alors pré­cisa son propos. Il salua « la France qui croit au mérite et à l’effort, la France dure à la peine, la France dont on ne parle jamais parce qu’elle ne se plaint pas, parce qu’elle ne brûle pas de voitures — cela ne se fait pas ici de casser ce que l’on a payé si cher —, parce qu’elle ne bloque pas les trains. La France qui en a assez que l’on parle en son nom ». « Les Américains qui ne crient pas », disait Nixon ; « la France qui ne se plaint pas », répond Sarkozy.

Entre 1969 et 2005, la droite américaine aura occupé la Maison-Blanche vingt-quatre années sur trente-six. De 1995 à 2005, elle a également contrôlé les deux chambres du Congrès et les gouvernements de la plupart des États. La Cour suprême est entre ses mains depuis très long­temps. Malgré cela, Frank insiste sur ce point, les conser­vateurs jouent aux persécutés. Plus la droite domine, plus elle se prétend dominée, anxieuse de « rupture » avec le statu quo. Car, à ses yeux, le « politiquement correct », c’est toujours les autres. Tant que demeurera un petit journal de gauche, un universitaire qui quelque part enseigne Keynes, Marx ou Picasso, les États-Unis reste­ront décriés comme une caserne soviétique. La rancœur fait carburer la locomotive conservatrice ; c’est, toujours en avant, jamais content. Symbole de la petite bourgeoi­sie provinciale, Nixon se jugeait méprisé par la dynastie des Kennedy et par les grands médias. George W Bush (études à Yale puis à Harvard, fils de Président et petit-fils de sénateur) s’est perçu lui aussi comme un rebelle, un petit Texan teigneux et mal embouché, égaré dans un monde de snobs façonnés par le New York Times.

Et Nicolas Sarkozy ? Avions-nous mesuré à quel point il fut vilipendé lui aussi ? Maire à vingt-neuf ans d’une ville richissime, tour à tour ministre du Budget, de la Communication, numéro deux du gouvernement, res­ponsable de la police, grand argentier, président du parti majoritaire, avocat d’affaires, ami constant des milliar­daires qui possèdent les médias (et qui produisent des pro­grammes célébrant la police, l’argent et les nouveaux riches), il a énormément souffert du mépris des « élites »! « Depuis 2002, a-t-il précisé, je me suis construit en marge d’un système qui ne voulait pas de moi comme président de l’UMP, qui récusait mes idées comme ministre de l’Intérieur et qui contestait mes propositions. » Cinq ans après le début de ce purgatoire, au cours d’un meeting auquel participaient des proscrits aussi notoires que Valéry Giscard d’Estaing et Jean-Pierre Raffarin, il lança à ses petits camarades : « Dans cette campagne, j’ai voulu m’adresser à la France exaspérée, à cette France qui souffre, à laquelle personne ne parlait plus, sauf les extrêmes. Et le miracle s’est produit. Le peuple a répondu. Le peuple s’est levé. Il a choisi et ce n’est pas conforme à la pensée unique. Maintenant, on veut le faire rasseoir. Eh bien moi, je veux être le candidat du peuple, le porte-parole du peuple, de tous ceux qui en ont assez qu’on les mette de côté. » Le lendemain, il précisait à des ouvriers de l’usine Vallourec : « C’est vous qui choisirez le président de la République. Ce n’est pas les élites, les sondages, les jour­nalistes. S’ils s’y mettent si nombreux pour m’empêcher, c’est qu’ils ont compris qu’une fois le train passé il sera trop tard. » Il est trop tard, et les « élites » se terrent.

C’est là une vieille recette de la droite : pour ne pas avoir à s’étendre sur la question des intérêts (économiques) — ce qui est sage quand on défend ceux d’une minorité de la population —, il faut se montrer intarissable sur le thème des valeurs, de la « culture » et des postures : ordre, autorité, travail, mérite, moralité, famille. La manœuvre est d’autant plus naturelle que la gauche, terrorisée à l’idée qu’on pourrait la taxer de « populisme », refuse de dési­gner ses adversaires, à supposer qu’elle en conserve un seul en dehors du racisme et de la méchanceté. Pour le parti démocrate, la peur de faire peur — c’est-à-dire en vérité celle d’être vraiment de gauche — devint paralysante à un moment où, de son côté, la droite ne montrait aucune retenue, aucun « complexe » de ce genre. Un jour, François Hollande, qui n’avait pas employé le mot « ouvrier » une seule fois dans sa motion adoptée par les militants lors du congrès de Dijon (2003), laissa échap­per que les socialistes français s’en prendraient peut-être aux « riches ». Il se garda de récidiver devant le hourvari qui s’ensuivit. Demeurent donc les valeurs pour feindre de se distinguer encore. En débattre sans relâche a permis à la gauche libérale de maquiller son accord avec la droite conservatrice sur les dossiers de la mondialisation ou des rapports avec le patronat — « les entrepreneurs ». Mais cela a offert aux conservateurs l’occasion d’installer la discorde au sein des catégories populaires, en général plus parta­gées sur les questions de morale et de discipline que sur la nécessité d’un bon salaire. Au total, qui y a gagné ? Dans le Kansas de Thomas Frank, on connaît la réponse.

Ailleurs aussi parfois. Le 29 avril 2007 à Paris, devant une foule qui bramait son plaisir, Nicolas Sarkozy pour­fendit avec gourmandise un grand moment d’épouvante survenu près de quarante ans plus tôt : « Ils avaient pro­clamé que tout était permis, que l’autorité c’était fini, que la politesse c’était fini, que le respect c’était fini, qu’il n’y avait plus rien de grand, plus rien de sacré, plus rien d’ad­mirable, plus de règle, plus de norme, plus d’interdit. [...] Voyez comment l’héritage de Mai 68 a liquidé l’école de Jules Ferry, [...] introduit le cynisme dans la société et dans la politique, [.] contribué à affaiblir la morale du capitalisme, [.] préparé le triomphe du prédateur sur l’entrepreneur, du spéculateur sur le travailleur. [...] Cette gauche héritière de Mai 68 qui est dans la politique, dans les médias, dans l’administration, dans l’économie, [.] qui trouve des excuses aux voyous, [...] condamne la France à un immobilisme dont les travailleurs, dont les plus modestes, les plus pauvres, ceux qui souffrent déjà seraient les principales victimes. [.] La crise du travail est d’abord une crise morale dans laquelle l’héritage de Mai 68 porte une lourde responsabilité. [...] Écoutez-les, les héritiers de Mai 68 qui cultivent la repentance, qui font l’apologie du communautarisme, qui dénigrent l’identité nationale, qui attisent la haine de la famille, de la société, de l’État, de la nation, de la République. [...] Je veux tourner la page de Mai 68. » En privilégiant dès les années i960 « les couleurs vives aux tons pastel », Reagan avait anticipé le discours de combat de Sarkozy, mais aussi ceux de Berlusconi et de Thatcher et contredit tous ces politologues qui ne conçoivent la conquête du pouvoir que comme une éternelle course au centre. Les Républicains proposèrent « un choix, pas un écho ». Ne plus redouter son ombre, voilà une idée dont la gauche gagnerait à s’inspirer.

Le succès de la droite en terrain populaire ne s’explique pas uniquement par la pugnacité ou par le talent de ses porte-parole. Aux États-Unis, comme en France, elle pro­fita de transformations sociologiques et anthropologiques, en particulier d’un affaiblissement des collectifs ouvriers et militants qui a conduit nombre d’électeurs aux reve­nus modestes à vivre leur rapport à la politique et à la société sur un mode plus individualiste, plus calculateur. Le discours du « choix », du « mérite », de la « valeur tra­vail » les a ciblés. Ils veulent choisir (leur école, leur quar­tier) pour ne pas devoir subir ce qu’il y a de pire ; ils estiment avoir du mérite et n’en être pas récompensés ; ils travaillent dur et gagnent peu, guère plus, estiment-ils, que les chômeurs et les immigrés. Les privilèges des riches leur semblent tellement inaccessibles qu’ils ne les concer­nent plus. À leurs yeux, la ligne de fracture économique passe moins entre privilégiés et pauvres, capitalistes et ouvriers, davantage entre salariés et « assistés », Blancs et « minorités », travailleurs et fraudeurs. Pendant les dix années qui précédèrent son accession à la Maison-Blanche, Reagan raconta ainsi l’histoire (fausse) d’une « reine de l’aide sociale [welfare queen] qui utilise quatre-vingts noms, trente adresses et douze cartes de sécurité sociale, grâce à quoi son revenu net d’impôt est supérieur à i50 000 dollars ». Il pourfendit également les fraudeurs paradant dans les supermarchés, se payant des « bouteilles de vodka » avec leurs allocations familiales et « achetant des T-bone steaks pendant que vous, vous attendez à la caisse avec votre paquet de viande hachée ». Un jour, Jacques Chirac se découvrit les mêmes talents de fabu­liste : « Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15 000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 000 francs de prestations sociales, sans naturel­lement travailler… Si vous ajoutez le bruit et l’odeur, eh bien, le travailleur français sur le palier devient fou. » Ce fameux « père de famille » touchant plus de 7 500 euros d’aides sociales par mois n’existait pas. Il ne coûtait donc rien à personne. Mais il rapporta très gros à quelques-uns.

Nicolas Sarkozy a refusé « que ceux qui ne veulent rien faire, que ceux qui ne veulent pas travailler vivent sur le dos de ceux qui se lèvent tôt et qui travaillent dur ». Il a opposé la France « qui se lève tôt » à celle des « assistés », jamais à celle des rentiers. Parfois, à l’américaine, il a ajouté une dimension ethnique et raciale à l’opposition entre catégories populaires dont il escomptait des divi­dendes électoraux. Ainsi, à Agen, le 22 juin 2006, ce pas­sage d’un de ses discours lui valut sa plus longue ovation : « Et à ceux qui ont délibérément choisi de vivre du tra­vail des autres, ceux qui pensent que tout leur est dû sans qu’eux-mêmes doivent rien à personne, ceux qui veulent tout tout de suite sans rien faire, ceux qui, au lieu de se donner du mal pour gagner leur vie, préfèrent chercher dans les replis de l’histoire une dette imaginaire que la France aurait contractée à leur égard et qu’à leurs yeux elle n’aurait pas réglée, ceux qui préfèrent attiser la surenchère des mémoires pour exiger une compensation que per­sonne ne leur doit plutôt que de chercher à s’intégrer par l’effort et par le travail, ceux qui n’aiment pas la France, ceux qui exigent tout d’elle sans rien vouloir lui donner, je leur dis qu’ils ne sont pas obligés de demeurer sur le territoire national. » Indolence, assistance, récriminations et immigration se trouvaient ainsi mêlées. Un cocktail qui se révèle souvent très performant.

En juillet 2004, alors que Frank et moi roulions entre Washington et la Virginie-Occidentale, l’autoradio dif­fusait l’émission de Rush Limbaugh, écoutée par treize millions d’auditeurs. La campagne électorale battait son plein et l’animateur ultraconservateur y consacrait toute son attention, sa gouaille, sa férocité. Or, à l’entendre, quel était le sujet du jour ? Le fait que, quelques heures plus tôt dans un restaurant, l’épouse richissime du can­didat démocrate John Kerry avait semblé ignorer l’exis­tence d’un plat traditionnel américain. L’acte d’accusation de Limbaugh et des auditeurs à qui il avait choisi de don­ner la parole (ou de ne pas la retirer) fut tout trouvé : décidément, ces Démocrates n’étaient pas en phase avec le peuple, sa culture, sa cuisine. Et comment s’étonner ensuite que John Kerry — grande famille de la côte Est, études privées en Suisse, mariage avec une milliardaire, cinq résidences, un avion privé pour aller de l’une à l’autre, du snowboard en hiver, du windsurf en été, même son vélo valait 8 000 dollars — parle.   français !

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L’insistance que des idéologues conservateurs, aussi pré­sents dans les médias que dans les églises, réservent à des manières d’être (ou des affectations) humbles, pieuses, simples, patriotiques — les leurs, bien entendu — est d’au­tant plus redoutable que la gauche, elle, paraît de plus en plus associée à l’expertise, à la morgue, au cosmopoli­tisme, au mépris du peuple. Le piège s’est alors refermé : en mettant en veilleuse les questions de classe, les Démocrates ont enflé les voiles d’un poujadisme culturel qui les a balayés. Au bout de la route, on trouve ce « dérangement » mental que Frank examine en même temps qu’il en procure les clefs : depuis 1980 aux États-Unis, des hommes politiques de droite, de Ronald Reagan à George W. Bush, ont obtenu le soutien de certains des groupes sociaux qui constituaient les cibles de leurs pro­positions économiques (ouvriers, employés, personnes âgées) en se réclamant des goûts et des traditions popu­laires. Pendant que le Président californien et son succes­seur texan offraient de plantureux abattements fiscaux aux riches, ils promettaient aux petits, aux obscurs et aux sans-grade le retour à l’ordre, au patriotisme, aux drapeaux qui flottent, aux couples qui se marient et aux jours de chasse avec grand-père.

Tout au long de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy a évoqué les « travailleurs qui rentrent crevés », ceux qui « se trimbalent avec une dent qui manque ». Il a même écrit : « Dans les usines, on parle peu. Il y a chez les ouvriers une noblesse de sentiments qui s’exprime plus par des silences enveloppés dans une forme extrême de pudeur que par des mots. J’ai appris à les comprendre et j’ai l’impression qu’ils me comprennent. 3 » Cette conni­vence revendiquée avec la majorité des Français — télé­spectateurs de Michel Drucker et fans de Johnny Hallyday mêlés — lui paraît d’autant plus naturelle que « Je ne suis pas un théoricien, je ne suis pas un idéologue, je ne suis pas un intellectuel, je suis quelqu’un de concret, un homme vivant, avec une famille, comme les autres 4 ». En face, soucieuse de mieux se fondre dans l’économie « post-industrielle » qu’affectionnent les lecteurs des Inrockuptibles et de Libération, de rassurer les petits bour­geois écologistes des villes qui dorénavant constituent le socle de son électorat, la gauche a choisi de purger son vocabulaire des mots « prolétariat » et « classe ouvrière ». Résultat, la droite les récupère : « Il y en a, s’amusa un jour Nicolas Sarkozy, qui sont dans un grand hôtel pour bavasser ensemble, ils discutent boutique et partis. Moi, mon hôtel, c’est l’usine, je suis au milieu des Français. [...] Les usines, c’est beau, il y a du bruit, ça vit, personne ne se sent seul, il y a les copains, la fraternité, c’est pas comme les bureaux. »

Pour un homme de droite, il est bien sûr avantageux de savoir dresser le prolétariat et les petites classes moyennes tantôt contre les « nantis » résidant à l’étage du dessus (employés avec statuts, syndicats et « régimes spéciaux ») ; tantôt contre les « assistés » relégués un peu plus loin ; ou contre les deux à la fois. Mais si cela ne suffit pas, l’anti-intellectualisme constitue une puissante arme de secours, qui peut permettre de conduire la politique du Medef avec les anciens électeurs de Georges Marchais. Quand Frank démonte ce stratagème, il se garde de le déplorer avec les airs d’un mondain de Manhattan. Il en éclaire les ressorts. Celui-ci par exemple : la mondialisation écono­mique, qui a laminé les conditions d’existence des caté­gories sociales les plus mal dotées en capital culturel (diplômes, langues étrangères, etc.), semble au contraire avoir réservé ses bienfaits aux « manipulateurs de sym­boles » : essayistes, juristes, architectes, journalistes, finan­ciers. Alors, quand ces derniers prétendent, en plus, dispenser aux autres des leçons d’ouverture, de tolérance, d’écologie et de vertu, la colère déferle.

Les Républicains, qui ont excellé à se présenter comme assiégés par une élite culturelle et savante, pouvaient-ils par conséquent rêver avoir des adversaires plus détestés ? L’isolement social de la plupart des intellectuels, des « experts », des artistes, leur individualisme, leur narcissisme, leur dédain des tra­ditions populaires, leur mépris des « ploucs » éparpillés loin des côtes ont ainsi alimenté un ressentiment dont Fox News et le Tea Party firent leur pelote. En prenant pour cible principale l’élite de la culture, le populisme de droite a protégé l’élite de l’argent. Il n’y est parvenu que parce que la suffisance de ceux qui savent est devenue plus insupportable que l’impudence des possédants [1]. Et d’autres avocats des privilèges se sont engouffrés dans la brèche. Un jour qu’il ne s’entretenait ni avec Martin Bouygues, ni avec Bernard Arnault, ni avec Bernard-Henri Lévy, Nicolas Sarkozy confia à Paris Match : « Je suis comme la plupart des gens : j’aime ce qu’ils aiment. J’aime le Tour de France, le football, je vais voir Les Bronzés 3. J’aime écouter de la chanson populaire. »

Nicolas Sarkozy appréciait aussi les soirées du Fouquet’s, les yachts de Vincent Bolloré et la perspective de gagner énormément d’argent en enchaînant les confé­rences devant des publics de banquiers et d’industriels. Toutefois, quand on referme le livre de Thomas Frank, une interrogation surgit, qui déborde largement l’exposi­tion des stratagèmes et des hypocrisies de la droite. Elle pourrait se résumer ainsi : le discours décharné et rabou­gri de la gauche, son empressement à se fondre dans l’ordre libéral planétaire (Pascal Lamy), son assimilation du marché à « l’air qu’on respire » (Ségolène Royal), sa proximité avec le monde du spectacle et de la frime (Jack Lang), sa réticence à évoquer la question de classes sous quelque forme que ce soit, sa peur du volontarisme poli­tique, sa haine du conflit, enfin, tout cela n’aurait-il pas préparé le terrain à la victoire de ses adversaires ? Les éter­nels « rénovateurs » de la gauche ne semblent jamais s’ins­pirer de ce genre de questionnement, au contraire. Il n’existe pas de meilleure preuve de son urgence.

Serge Halimi

Extrait de Thomas Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite ?, Editions Agone, 2013 (2008).


[1]Résultat : le vote républicain est corrélé à l’absence de diplôme au moins autant qu’au niveau élevé de revenu…

mercredi, 18 décembre 2013

Instortend Amerika

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Instortend Amerika: 102 miljoen zonder werk, steden met 60% kinderarmoede

Obamacare absolute ramp: gemiddelde premiestijging voor gezonde 30 jarige Amerikaan 260% - Meerderheid jonge Amerikanen wil dat Obama verdwijnt

Barack Hussein Obama is hard op weg de met afstand allerslechtste president van Amerika ooit te worden.

De Verenigde Staten zinken maandelijks verder weg in wat met het oog op de statistieken een nieuwe Grote Depressie kan worden genoemd. Onder president Obama is er een tot op het bot verdeelde samenleving ontstaan die een explosie van geweld en armoede meemaakt. Tegelijkertijd nemen de met biljoenen belastinggeld geredde megabanken meer risico's dan ooit.

Maar liefst 102 miljoen Amerikanen behorende tot de beroepsbevolking hebben geen baan. Dat zijn er 27 miljoen meer dan in het jaar 2000. Toch beschouwt de regering maar 11 miljoen van hen als werkloos. Slechts 31% van de werkende Amerikanen heeft nog een 40 urige werkweek - 40% werkt langer, waarvan 9% meer dan 50 uur per week (2). Slechts 19% van de bevolking denkt dat de arbeidsmarkt er beter voorstaat dan vorig jaar. 6 miljoen jonge Amerikanen tussen de 16 en 24 hebben geen baan en zitten ook niet (meer) op school.

Bijna helft afhankelijk van overheid

40% van alle werknemers verdient minder dan $ 20.000 (ca. € 14.500) per jaar. 10% van alle banen wordt verzorgd door uitzendbureaus; van alle Amerikanen die parttime werken, leeft 25% onder de armoedegrens. Na inflatiecorrectie verdient 40% van alle werknemers minder dan een minimumloonverdiener  in 1968.

Sinds de komst van Obama steeg de gemiddelde tijd dat iemand werkloos is van 19,8 weken naar 37,2 weken. Kleine zelfstandigen verdwijnen in snel tempo; slechts 7% van alle werknemers (buiten de landbouw) is nog een zelfstandige.

Met 49,2% waren nog nooit zoveel mensen geheel of gedeeltelijk afhankelijk van een uitkering of overheidstoelage. Consumenten moeten dan ook steeds meer op krediet kopen; dat aantal steeg de afgelopen 3 jaar met 22%. In dezelfde periode steeg het aantal studentenleningen met 61%. Bijna de helft van alle leerlingen op openbare scholen komt uit een gezin met een laag inkomen. 1,2 miljoen zijn zelfs dakloos, een stijging van 72% sinds het begin van de recessie / depressie.

Obamacare absolute ramp

Obamacare, het nieuwe socialistische gezondheidsstelsel, is een absolute ramp. Eind november hadden slechts 365.000 mensen zich aangemeld, terwijl al 4 miljoen mensen hun bestaande verzekering juist zijn kwijtgeraakt door het nieuwe systeem. De verwachting is dat het aantal Amerikanen zonder zorgverzekering zal stijgen naar maar liefst 100 miljoen.

Degenen die nog wel hun zorgverzekering houden, moeten daar veel meer voor gaan betalen. Een gezonde 30 jarige Amerikaan zal zijn premie dankzij Obamacare met maar liefst 260% zijn stijgen. Onlangs gaven we al het voorbeeld van een gezond werkend stel in Texas, dat van de overheid te horen kreeg dat hun verzekering 539% duurder wordt.

Obama gaf de afgelopen 5 jaar $ 3,7 biljoen uit aan de sociale zekerheid. Toch groeit de kloof tussen rijk en arm als nooit tevoren. De rijkste 10% bezit 74% van alle welvaart in het land. De gewone Amerikaan ziet zijn inkomen echter al 5 jaar lang -precies zolang Obama aan de macht is- teruglopen. Ter vergelijk: de 6 erfgenamen van Wal-Mart oprichter Sam Walton zijn net zo rijk als 1/3 van alle Amerikanen bij elkaar.

60% kinderarmoede in Detroit

Ook de Amerikaanse samenleving zelf is aan het instorten. Vorig jaar steeg het aantal gewelddadige misdaden met 15%. Nog nooit trouwden er zó weinig mensen: er worden slechts 6,8 huwelijken op iedere 1000 mensen gesloten. Het aantal mensen dat een eigen huis heeft daalt al sinds 2005. In Detroit, waar 78.000 woningen leeg staan, leeft een onvoorstelbare 60% van alle kinderen in armoede.

20% van alle Amerikanen heeft maandelijks niet genoeg geld om voldoende voedsel te kunnen kopen. Het aantal Amerikanen dat afhankelijk is van voedselbonnen, steeg van 17 miljoen in 2000 naar meer dan 47 miljoen nu, oftewel 20% van alle huishoudens en net zoveel als de hele bevolking van Spanje.

Meer schuld dan alle eerdere presidenten bij elkaar

De schuldenlast van de VS is explosief gestegen. In 1970 was de totale schuld van de overheid, de bedrijven en de consumenten minder dan $ 2 biljoen. Nu is dat ruim $ 56 biljoen. De officiële overheidsschuld steeg het afgelopen jaar verder door van $ 16,1 biljoen naar $ 17,2 biljoen. Alleen al in de eerste week van het fiscale jaar 2014 (dat begon in oktober) moest de overheid $ 1 biljoen lenen om de schulden te kunnen blijven financieren. Iedere week komt daar gemiddeld $ 100 miljard bij. (3)

Toen Obama aantrad, bedroeg de staatsschuld 71% van het BNP; inmiddels is dat gestegen naar 101%. Als dit in hetzelfde tempo doorgaat, zal de staatsschuld aan het einde van zijn termijn meer dan verdubbeld zijn, en zal Obama meer schulden hebben gemaakt dan alle eerdere Amerikaanse presidenten bij elkaar opgeteld. Nu al is de staatsschuld per hoofd van de bevolking hoger dan in Griekenland, Portugal, Italië, Ierland of Spanje.

Megabanken nog groter

Van de ruim 18.000 Amerikaanse banken in 1985 zijn er nu nog maar 6891 overgebleven. De grote megabanken doen het echter steeds beter. De 6 grootste banken, JPMorgan Chase, Bank of America, Citigroup, Wells Fargo, Goldman Sachs en Morgan Stanley zijn de afgelopen 5 jaar collectief 37% groter geworden. Deze 6 hebben 67% van alle financiële assets van de Amerikaanse banken -$ 14,4 biljoen- in bezit. JP Morgan Chase is ongeveer net zo groot als de hele Britse economie.

Vier van deze 'too big to fail' banken hebben voor ruim $ 40 biljoen aan derivaten op hun balansen staan. Bij Goldman Sachs is de totale blootstelling aan deze zeer risicovolle producten ruim 381 x groter dan hun financiële bezittingen.

Volgens de Bank for International Settlements in Basel bedraagt het totaal aan rentederivaten in het hele wereldwijde financieel systeem een duizelingwekkende $ 441 biljoen. De totale publieke en private schuldenlast op onze planeet steeg sinds het begin van de crisis in 2008 met 30%. Dat gebeurde ook in China; daar steeg de binnenlandse schuld in dezelfde tijd van $ 9 biljoen naar $ 23 biljoen.

Geen vertrouwen in overheid, Obama en elkaar

Alles in ogenschouw genomen is het dus niet vreemd dat 68% van de Amerikanen vindt dat hun land op de verkeerde weg zit. Nog maar 32% van de bevolking vertrouwt zijn medemens. Met het vertrouwen in de overheid is het nog veel slechter gesteld: slechts 19% van de Amerikanen heeft nog vertrouwen in 'Washington'. In 1958 was dat nog 73%. Een meerderheid van de Amerikanen tussen de 18 en 24 ziet Obama dan ook het liefste verdwijnen. In 2008 stemde 66% van de jongeren nog op Obama; zonder hun stem zou hij destijds niet hebben gewonnen. (4). 

Xander

(1) The Economic Collapse
(2) Breitbart
(3) CNS News
(4) Town Hall

Zie ook o.a.:

15-12: 14 experts: 2014 wordt ongekend financieel en economisch rampjaar
22-11: Generaal: VS in grootste gevaar sinds 1939
21-11: (/ '2013 zal bekend worden als het jaar dat Amerika stierf' - Financiële experts: beurzen en Westerse systeem op rand van instorten)
20-11: Tientallen burgerorganisaties roepen op tot tweede Amerikaanse revolutie
15-11: Oud studiegenoot: Obama wil VS en christelijk Amerika van binnenuit vernietigen