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dimanche, 06 mars 2022

Parution du n°448 du Bulletin Célinien

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Parution du n°448 du Bulletin Célinien

2022-02-BC-Cover.jpgSommaire :

Gianni Celati nous a quittés

Entretien avec Jean Guenot (II) 

Un professeur suisse nous fait relire Bagatelles

Oscar Rosembly (1909-1990)

Rosembly dans Gringoire

En prison

Si l’on compare le sort, après la guerre, de Céline avec celui de Lucien Rebatet ou de Pierre-Antoine Cousteau (journalistes qui, comme lui, souhaitaient la victoire de l’Axe), celui du premier fut assurément plus enviable : dix-huit mois de réclusion pour l’un, dix ans pour les autres. Cela tient notamment au fait que leur cas était bien différent puisque, outre quelques lettres parues dans la presse collaborationniste, on ne put reprocher à Céline, que la parution des Beaux draps en 1941 et la réédition des deux autres pamphlets dans les années qui suivirent. Il ne supportait d’ailleurs pas cet amalgame fait par des journalistes embastillés  : « La foutue damnée rage qu’ils ont tous de me ranger dans leur propre catégorie de salariés ! Hé là ! Cela me révolte – Je suis libre foutre sang ! ». Ce qui ne l’empêchait pas de ressentir de l’empathie pour eux : « Qui parle de Rebatet, de Cousteau et de mille autres qui pourrissent exactement pas de la volonté du Ciel mais du verdict des hommes (…), leurs frères français ? » En prison, il alla même jusqu’à écrire : « Que sont devenus les nôtres ? (…) on se raccroche aux maudits comme soi puisque le monde entier vous rejette. » Si sa période de détention fut relativement brève, elle n’en fut pas moins pénible puisqu’il perdit, nous rappelle son biographe, « quelque quarante kilos et souffrit de dépression, d’entérite, de la pellagre, de céphalées insupportables, d’eczéma, de rhumatismes et d’interminables insomnies, au point qu’il dut être hospitalisé à plusieurs reprises à l’infirmerie de la prison et même à l’hôpital » (1). Et il est vrai qu’il ne se remit jamais complètement de cette détention qui l’affecta encore plus sur le plan moral. Le fait d’être détenu dans un pays dont il ne comprenait pas la langue ajouta à sa déréliction.

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Mais c’est aux prisons françaises de l’épuration qu’un historien, Pierre-Denis Boudriot, vient de consacrer un livre d’autant plus passionnant que le sujet n’a jamais été traité auparavant. Cette plongée dans le monde carcéral de l’immédiate après-guerre est basée sur les nombreux témoignages de condamnés politiques. Aussi retrouve-t-on dans ce livre des personnages connus tels ceux déjà cités mais aussi Ralph Soupault, Lucien Combelle, Claude Jamet et d’autres qui payèrent parfois très cher leur engagement. L’auteur s’est également appuyé, ce qui est plus rare,  sur les nombreuses notes et circulaires de l’administration pénitentiaire relatives aux maisons centrales et à leurs prisonniers. L’exceptionnelle richesse documentaire de ce fonds donne à cet ouvrage tout son prix. La confrontation de ces deux sources a permis de confirmer la véracité des écrits des épurés, souvent jugés tendancieux car pétris de ressentiment. De manière exhaustive, l’auteur analyse tout ce qui constitue la vie carcérale : le personnel pénitentiaire, la discipline, l’alimentation, le travail, la correspondance et le parloir, les lectures (autorisées), puis l’amnistie et les libérations conditionnelles ou anticipées. Et enfin, sous le titre « Une vie à recommencer », le retour au foyer. Ce sujet a concerné pas moins de 10.000 hommes et 4.000 femmes de toutes conditions sociales, connus ou pas. Un ouvrage dont le réalisme suscite une certaine compassion rétrospective tant les conditions de détention étaient dures à cette époque.

• Pierre-Denis BOUDRIOT, Bagnes & camps de l’épuration française (1944-1954), Auda Isarn [BP 80432, 31004 Toulouse cedex 6], 2021, 239 p., bibliographie et index (20 € franco)

  1. (1) Préface à L.-F. Céline, Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maître Mikkelsen (1945-1947), Gallimard,1998.

lundi, 22 janvier 2018

Les détenus « radicalisés » à l'assaut du système pénitentiaire français

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Les détenus « radicalisés » à l'assaut du système pénitentiaire français

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Les récentes manifestations de gardiens et gardiennes de prison, dénonçant, au delà de la saturation du système, les agressions de plus en plus fréquentes subies de la part des détenus dits radicalisés, n'ont pas suffisamment retenu l'attention, ni du public ni de la Garde des Sceaux Nicole Belloubet.

Lire http://www.leparisien.fr/politique/prison-de-vendin-le-vi...

Les détenus radicalisés seront de plus en plus nombreux, jusqu'à bientôt représenter des effectifs considérables. Ceci d'une part parce que la propagande islamiste prolifère dans les prisons, visant d'ailleurs aussi bien les détenus non musulmans que les musulmans. D'autre part aussi parce qu'avec le retour attendu en France de centaines de combattants du djihad ayant la nationalité française, dont certains pourront être incarcérés, même pour de courtes durées, ce retour multipliera l'appel à la radicalisation dans les prisons françaises – ceci même si ces radicalisés sont isolés dans des quartiers spéciaux. Auréolés de leur prestige de combattants et de celui de leurs exploits (notamment décapitation des incroyants), ils feront nécessairement des émules, notamment auprès des jeunes détenus.

L'expérience montre que souvent ces nouveaux radicalisés n'ont pas besoin de se procurer des armes. Avec l'usage d'outils de cuisine ou de leurs poings, ils peuvent gravement blesser des gardiens insuffisamment nombreux.

Le gouvernement, au dessus de l'administration pénitentiaire, refuse encore d'admettre que cette radicalisation n'est qu'un aspect en France du combat que mène dorénavant dans le monde un nombre croissant de combattants islamistes s'étant mis au service de ce qu'ils nomment leur foi.

Les détenus, souvent jeunes, ne se radicalisent pas, ils ne font pour reprendre les termes de Riposte laïque « que revenir aux sources originelles de l'islam qui leur font découvrir les exigences d'une véritable identité musulmane articulée autour de la renaissance de l'âme musulmane, de la supériorité du musulman, de la haine du juif, du chrétien et des non-musulmans, de l'esprit guerrier qui doit animer chaque musulman, de la sublimation et l'idéalisation absolue de la mort, le rejet des valeurs non-musulmanes et de l'Occident à l'origine de la décadence de leur civilisation » voir https://ripostelaique.com/les-soldats-dallah-sont-en-guer...

Il faut ajouter que les familles de ces détenus, plus moins radicalisées elles-mêmes, propageront dans les banlieues dites sensibles les mots d'ordre de djihad dont les agresseurs de gardiens de prison se feront désormais les missionnaires.

Il ne nous appartient pas ici de suggérer des mesures préventives ou répressives aux pouvoirs publics – si du moins ceux-ci acceptaient de reconnaître le problème. Disons seulement que dans de nombreux pays dits civilisés, à commencer par les Etats-Unis ou la Russie, voire la Suisse, le problème de la guerre menée contre le système pénitentiaire par la radicalisation suscite des mesures préventives plus radicales qu'en France.