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mercredi, 30 novembre 2016

Michel Drac: La stratégie de tension au service des élites mondialisées

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Michel Drac:

La stratégie de tension au service des élites mondialisées

Michel Drac est éditeur et essayiste. Fondateur du site scriptoblog, il est spécialiste de la géopolitique. Dans son ouvrage Triangulation, aux éditions Le Retour aux Sources, il revient au fil de trois conférences sur le concept de mondialisme. A travers une discussion autour du terme d’ « empire », Michel Drac précise le rôle des élites mondialisées -qu’elles agissent dans le monde économique, médiatique ou politique - dans la perte systémique de la souveraineté des états. Face à une époque complexe, l’auteur fait un parallèle avec l’époque italienne des années 70 et 80, en commentant une stratégie de tension diffusée en Europe et particulièrement en France, notamment face à l’islamisme radical.



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mercredi, 09 mars 2016

Le faux "roman vrai" d'un fasciste qui ne l'était pas

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Le faux "roman vrai" d'un fasciste qui ne l'était pas

Francis Bergeron

Article publié dans le n°41 de la revue Synthèse nationale cliquez ici

C’est une impression étrange que de lire la vie d’un homme qu’on a bien connu, ou que l’on croyait avoir bien connu, et d’en découvrir certaines faces cachées. C’est ce qui arrive avec la biographie de Christian Rol, intitulée Le Roman vrai d’un fasciste français. Car le fasciste portraituré s’appelle René Resciniti de Says.

René, « Néné l’élégant », on pouvait le rencontrer sans problème, et presque à tout coup, à la sortie de la messe de Saint-Nicolas du Chardonnet, ou lors de meetings de l’abbé de Nantes à la Mutualité, ou encore à l’occasion de réunions de l’Action française. C’était un « grand arpenteur des trottoirs parisiens », comme l’écrit Grégory Pons dans le numéro de juillet-septembre 2015 de la revue Eléments.

Le premier et principal défaut de ce livre, c’est son titre. En effet René Resciniti était royaliste. Il ne pouvait donc pas être fasciste. Ses idéaux politiques et intellectuels n’étaient pas exactement ceux des militants groupusculaires se réclamant du fascisme. Dans ces années-là, les « fascistes » revendiqués comme tels ou qualifiables de cette étiquette qui, aujourd’hui, est considérée comme une injure, sur le plan légal, étaient rarissimes. Comme ils restent rarissimes actuellement. C’est que le fascisme est une doctrine, née en Italie, d’une scission du Parti socialiste tentée par l’autoritarisme et le patriotisme. René Resciniti se voulait aristocrate, sensible aux 40 rois qui ont fait la France. Et le socialisme lui était totalement étranger. De ce point de vue, un Montebourg, avec son passé socialiste, son culte de l’image (de son image), et son patriotisme économique affiché, répond bien mieux à la vraie définition du fasciste (au sens doctrinal, et non injurieux du terme).

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Mais revenons au militant royaliste Resciniti. Ce surnom « Néné l’élégant », sans doute a-t-il été employé plus tard, car à 20 ou 30 ans, dans ces années soixante-dix (il était né en 1951), il ne passait pas pour un prince de l’élégance. Et comme nous tous, il portait plus souvent le casque que le panama, et maniait plus fréquemment le manche de pioche ou le nunchaku que la canne de golf ou la cravache (sauf pour un usage détourné). Buveur, flambeur, il a traversé son époque en réussissant à ne jamais vraiment travailler.

Beaucoup d’entre nous le considéraient comme un personnage pittoresque, sympathique, aux fortes convictions et au courage physique indiscutable, mais finalement assez peu utile à la cause du trône et de l’autel. Une sorte de parasite, fatigant, à la longue. Car quand il était temps d’aller se coucher, lui voulait continuer à boire, et à parler. Mais encore une fois cette image date de quarante ans ou presque. Puis René eut quelques aventures, en Afrique, et au Liban. Nos routes se sont croisées à Beyrouth, en 1976, l’une de nos dernières rencontres.

Tandis que nous nous embourgeoisions progressivement (mariage, carrière, appartement, enfants, maison de campagne, bateau, ski, estomac, décorations et présidences…), René Resciniti, lui, semblait l’éléments fixe ; l’homme fidèle à ses idéaux de jeunesse. Immuable dans ses convictions – comme la plupart d’entre nous – mais surtout immuable dans son mode de vie.

Une rumeur qui enfle : Curiel, Goldman, c’est lui

rol9066121.jpgL’une de mes dernières rencontres avec lui a été au restaurant Les Ronchons, agréable lieu de rencontre de la « génération Occident ». Je ne me doutais pas qu’il nous quitterait quelques mois plus tard, en avril 2012.

A cette date, la rumeur avait commencé à filtrer sur le fait que les deux crapules staliniennes Henri Curiel et Pierre Goldman, chouchous de l’extrême gauche, magnifiquement liquidés en 1979, avaient été exécutés par René lui-même. Et si j’ai acheté Le Roman vrai d’un fasciste française, c’est en quelque sorte, pour me faire pardonner d’avoir douté de René. En fait le livre nous offre une version plausible de ces deux exécutions (4 mai 1978 et 20 septembre 1979).Et il est possible en effet que René Resciniti de Says (1951-2012) ait été le justicier masqué. Mais en même temps le récit reste imprécis. Le vrai héros est plutôt Pierre Debizet, fort probable commanditaire. Debizet, je l’ai connu, aussi, et interviewé pour Le Choc du mois : patriote intransigeant, gaulliste, malheureusement, mais partisan de l’Algérie française, néanmoins.

Après la lecture de la biographie de René Resciniti, le doute reste entier : fut-il oui ou non, le justicier qui liquida les deux assassins ? Mais le seul fait qu’on puisse se poser la question constitue déjà une sorte de prise de conscience que ce semi-clochard royaliste a été ou aurait pu être un authentique héros de la France française.

Le Roman vrai d’un fasciste français, par Christian Rol, La Manufacture de livres, 2015.

00:05 Publié dans Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, france, stratégie de la tension | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 12 janvier 2015

Stratégie islamiste ou stratégie mondialiste?

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LES ATTENTATS : STRATÉGIE DU CHAOS, STRATÉGIE DE LA TENSION
 
Stratégie islamiste ou stratégie mondialiste?

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
Au cœur de l'indignation et de l'émotion devant la tuerie de Charlie Hebdo, les Français oublient que François Hollande a fourni des armes aux terroristes en Syrie, que Nicolas Sarkozy a abattu froidement le colonel Kadhafi et qu'en Centrafrique par des décisions opérationnelles irrationnelles, elle laisse le champ libre aux extrémistes antichrétien du Séléka

La France a choisi aussi son camp en Ukraine et on aura noté au passage le silence des médias autour des réactions de la Fédération de Russie et de son Président Vladimir Poutine qui a pourtant exprimé ses vives condoléances au peuple français suite à l'attaque terroriste contre le journal satirique. Pas un mot alors que la Russie a toujours été présente, en particulier en Tchétchénie dans la lutte contre le terrorisme islamique. La République islamique d'Iran a elle-aussi condamné fermement l'attentat par la voix de son porte-parole du Ministère des Affaires étrangères, Marzie Afjam. Il a aussi décrit comme  « inacceptable » toute forme d'abus de la liberté d'expression et dénoncé le radicalisme intellectuel d'où qu'il vienne puis l'Iran a ajouté qu'on peut parler dans la lutte contre le terrorisme des « double standards », de « double langage », de « deux poids deux mesures » de la politique américaine sans nommer directement son plus fidèle allié : la France.

Il y a quelques mois dans un entretien au journal français Vingt Minutes, François Hollande se vantait d'avoir livré une cargaison d'armes aux rebelles intégristes de Syrie qu'il considérait alors comme des combattants révolutionnaires. Or, par un tel soutien logistique, la France violait la Résolution 2170 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme. Tout le monde le sait maintenant : des groupes islamistes rivaux sont armés et généreusement financés par les Etats-Unis, la France et ses partisans contradictoires (Royaume-Uni, Arabie saoudite, Qatar, Turquie, Israël).

L'opération de Charlie Hebdo est une opération militaire de professionnels. Elle vise indéniablement à déstabiliser la France, maillon le plus faible du cadre européen actuel. La France réunit les conditions de la guerre civile par la désorganisation de ses services publics, en particulier sécuritaires, planifiée et orchestrée depuis des mois par une habile politique d'austérité et de réduction des effectifs engagée par Nicolas Sarkozy, par le clivage de sa vie politique, l'intolérance de ses débats intellectuels joint au dépassement des seuils démographiques tolérables dans la composition de ses quartiers. Cette opération commando vise donc clairement à encourager le début d'une telle guerre civile. Bernard-Henri Lévy a insisté hier : « l’Union Nationale c’est le contraire de la France aux Français ». Serait-ce donc cela ?

Il s'agit de toutes évidences de transposer un conflit international en interne et de creuser un fossé entre les musulmans français et les Français non-musulmans. Il nous faut dès lors considérer l'événement non comme une menace contre la liberté de la presse mais comme le premier épisode d'un processus en cours de création d'une situation de guerre civile et en ce sens comme Michel Onfray, on peut en effet parler au sens fort du terme d'un « onze septembre français », mais au sens bien sûr que la version officielle du 11 septembre 2011 est fausse et manipulée.
 
Il  faut donc nous rappeler quelques stratégies actuelles ou passées comme :
- la stratégie du chaos et de la tension de l'opération otannienne Gladio .
- la stratégie définie par les Frères Musulmans.
- la stratégie du « choc des civilisations ».

Nous ne reviendrons pas dans le détail sur les deux premières stratégies. Précisons seulement que pour les Frères Musulmans, il ne s'agit en aucune façon de prêcher ou de provoquer une guerre civile dans l'Occident, mais, au contraire, de déclencher une guerre civile en Orient.

Au contraire, pour Bernard Lewis, le penseur de la stratégie du « choc des civilisations », la fracture doit être portée à l'intérieur des frontières occidentales ou sur ces territoires limes. Cette stratégie a ensuite été vulgarisée par Samuel Huntington, en se présentant non pas comme une stratégie de conquête mais comme une politique de défense, de victimisation occidentale qui pourrait se produire pour consolider l'Etat d'exception. Le but est bien sûr de convaincre les populations des pays membres de l'OTAN qu'une confrontation civilisationelle est inévitable pour asseoir définitivement le modèle libéral et le système anglo-saxon de la « paix démocratique ». Avant la grande confrontation, il importe de justifier par le chaos et la déstabilisation intérieure le caractère préventif de mesures d'exception liberticides et de gouvernance mondiale économique absolument nécessaires pour réaliser le pouvoir mondial comme les Patriot Act. 
 

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C'est la rhétorique de la  « guerre juste » de la « guerre  contre le terrorisme », la guerre contre le terrorisme n'étant en réalité qu'une guerre contre la Tradition qu'elle soit musulmane ou orthodoxe, la guerre contre les cultures enracinées. Il y a aujourd'hui une abondante littérature sur cette stratégie qui correspond en gros à la position des néo-conservateurs américains à Washington, des militants sionistes en Israël, des nouveaux faucons socialo-libéraux en Europe (Hollande, Sarkozy, Juppé).
 
Qu'est-ce donc que l'islamisme ou le terrorisme islamisme ? 

C'est d'abord et avant tout une arme de guerre psychologique que l'hyper-empire américain utilise depuis le 11 septembre pour enclencher le plus souvent de nouveaux scénarios de conflit : soit l'invasion de pays, soit le renversement de gouvernements dans les pays arabo-musulmans (cas par exemple de la Libye et de la Syrie, de certains pays africains comme la Somalie ou le Nigéria). A ce propos, voir par exemple ce qui s'est passé jeudi au Nigeria avec Boko Haram . Soit aussi et ce peut être le cas pour notre pays pour établir en interne des mesures autoritaires et liberticides de contrôle de la population. 
 
La synthèse de toutes ces stratégies constitue ce qu'on peut appeler d'un terme vague car trop général la « guerre antiterroriste » à l'échelle mondiale, la mondialisation de la guerre mais sa vraie dénomination serai plutôt : la guerre du mondialisme, la guerre de l'occidentisme. Elle a commencé en 1914, il y a cent ans et elle comporte trente-neuf marches ! Cette guerre souterraine mais idéologique alimente aussi largement l'économie mondiale par une industrie de l'armement multimilliardaire qui n'a jamais, ces temps-ci, été aussi florissante et dont on parle effectivement peu. C'est le fameux complexe militaro-industriel américain, le pilier central des opérations secrètes extérieures décidées en haut lieu. Mais dans ce marché militaire, la Russie comme la France tire aussi certaines ficelles lucratives.
 
Ce qui est certain, c'est que la « lutte antiterroriste» a pour les Etats-Unis, depuis Sarkozy un allié fidèle devançant même dans les instances internationales les propositions israéliennes. Cet allié, ce fantassin d'exception, c'est la France.

L'opération commando qui vient de frapper la France entre tout à fait dans la logique d'un tel cadre d'analyse. La France, par la dégradation de sa sécurité intérieure et ses échecs économiques se retrouve un peu aujourd'hui comme l'Italie des années 70, le pays européen le mieux préparé à développer une psychose intérieure qui permettra à sa classe politique de délibérer rapidement et de voter d'un côté la protection américaine absolue, de l'autre un traité transatlantique qui la liera à tout jamais à la finance internationale. Dans un tel contexte de chaos, même Marine le Pen pourrait en théorie gouverner mais il s'agit tout au contraire en ce moment de la destituer moralement. Marine le Pen malgré tous ses efforts n'est pas et ne sera jamais une Charlie.

On sait que la France dans la politique anti-russe imposée à l'Europe ces derniers mois en Ukraine a manifesté un zèle tout particulier contraire aux intérêts de ses entrepreneurs mais encore plus dans les négociations concernant l'avenir du nucléaire iranien, où la position française de Laurent Fabius s'est particulièrement faite remarquer par une intransigeance exceptionnelle, alors même que le groupe des négociateurs, parmi lesquels les Etats-Unis eux-mêmes visaient des positions plus conciliantes. La France était ici directement le porte-voix de Tel-Aviv souhaitant faire des Iraniens, des ennemis irréconciliables. Pour quelles raisons ?
 
Posons ici la question qui dérange : qui sauve sur les marchés depuis quelque mois la banqueroute de l'économie française ?  Qui renfloue discrètement les caisses dans la salle des marchés souterraine de Bercy ? L'Arabie Saoudite et le Qatar, nouveaux alliés aussi de Jérusalem.

Il ne s'agit donc pas dans l'affaire Charlie Hebdo de se soulever pour une factice liberté de la presse, liberté d'une presse elle-même liberticide pour ce qui concerne Charlie Hebdo, Libération ou Le Monde mais de se soulever contre la nouvelle servitude française, l'esclavage réel auquel nous conduisent ses dirigeants, tout comme les Musulmans doivent se soulever politiquement contre les impies de La Mecque.

Les méfaits de l'islamisme radical sont en réalité utilisés pour jeter toujours plus les Européens dans les bras de l'axe occidentiste de Washington-Tel Aviv où les fous d'Allah ne sont que des alliés objectifs, des idiots utiles au sens où ils ont été instrumentalisés et même enrôlés comme mercenaires en Syrie et en Irak. Il nous faut donc garder la tête froide et ne pas se prêter au jeu, un jeu malsain et dès le départ truqué. En mettant en avant un argument d'une grande simplicité (la thèse houellebecquienne en somme), l'argument machiavélique et machiavélien qu'il n'y aurait d'autre choix qu'entre l'Islamisme et l'Occident, on met en avant la vraie terreur, la terreur occidentale elle-même qui affirmait avec Thatcher « there is no alternative" ou qui dans un raccourci gigantesque ose dire que refuser la terreur islamiste, c'est aussi refuser Poutine !

dimanche, 18 mai 2014

La «stratégie de la tension»

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La «stratégie de la tension»

Le coup d’Etat de Kiev et la résistance dans l’Est de l’Ukraine

par Peter Bachmaier*

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

L’Ukraine d’aujourd’hui, dont le nom actuel «ukrainia» signifie «pays frontalier» (terme qui, à l’origine, n’était pas un terme ethnique), n’a été constituée comme Etat qu’au XXe siècle. La création de cette nation relève d’un processus contradictoire. Kiev était «la mère des villes russes», car au Xe siècle, le prince Vladimir y fonda un Etat indépendant, «le Rus de Kiev». En 988, il se convertit, avec tout son peuple, au christianisme orthodoxe (de tendance est-byzantine). Après des siècles d’empire lithuano-polonais, les Cosaques, c’est-à-dire des paysans libres et guerriers de la steppe du sud de l’Ukraine actuelle, fondèrent une entité politique quasi-étatique menant un combat contre la noblesse polonaise. En 1654, le hetman cosaque, Bogdan Chmelnizki, demanda au tsar russe d’intégrer l’Ukraine dans l’empire russe. Au cours du partage de la Pologne, à la fin du XVIIIe siècle, la plus grande partie de l’Ukraine fut attribuée à l’Empire russe, la Galicie et la Bucovine devinrent autrichiennes. L’Autriche gardait la langue et la culture ruthènes selon la terminologie de l’époque, tandis que la Russie décréta le russe comme langue nationale unique.

L’Ukraine, un produit de la politique soviétique relative aux nationalités

Dans le cadre de la politique soviétique relative aux nationalités, on fonda en 1918 la République soviétique de l’Ukraine dont l’existence prit fin en 1991. Bien qu’ayant vécu les horreurs de la guerre civile, de la collectivisation et de la famine qui en résulta mais aussi les purges politiques et les désastres de la Seconde Guerre mondiale, cette République finit par devenir un centre industriel et de recherche scientifique très développé.

L’Ukraine: un pays, deux langues

Le Dnjepr sépare le pays en deux: l’Est et le Sud avec Charkov, Dnepropetrovsk, Donetsk ainsi que la Crimée et Odessa parlent le russe et affichent des sympathies pro-russes, tandis que l’Ouest, avec Lviv parle l’ukrainien et manifeste une tendance antirusse et antisoviétique. Depuis 1991, l’unique langue administrative officielle est l’ukrainien.1
En 2012, après de longs débats, le Parlement a accepté de réintroduire le russe en tant que langue administrative régionale dans les régions orientale et méridionale de l’Ukraine, ce que le nouveau gouvernement a de nouveau annulé fin février 2014.
Du XVIe au XVIIIe siècle, la presqu’île de la Crimée était occupée par les Ottomans. En 1762, elle fut intégrée à la Russie, qui installa son port de guerre à Sébastopol. La population de la Crimée est majoritairement russe. En 1954, Nikita Khrouchtchev échangea le territoire de Taganrog contre la Crimée qui fut intégrée dans l’Ukraine. Après 1991, la population de la Crimée se décida à créer une République autonome avec un président, un gouvernement et un Parlement à l’intérieur de l’Ukraine.
En décembre 1991, après un référendum organisé au lendemain de la chute de l’Union soviétique, le Soviet suprême de la République soviétique d’Ukraine déclara l’indépendance du pays. En 1994, l’Ukraine renonça à ses armes nucléaires. En contrepartie, la Russie, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne déclarèrent, dans le mémorandum de Budapest, vouloir garantir la sécurité de l’Ukraine.

L’Ukraine, victime de la mondialisation

La nomenclature ukrainienne, c’est-à-dire l’élite de la bureaucratie soviétique ukrainienne, voulait obtenir l’indépendance face à Moscou et se tourna donc vers l’Occident. En 1992, le gouvernement ukrainien décida d’adhérer au Fond monétaire international (FMI) et, en 2004, il adhéra à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les conditions étaient claires: liberté des prix et du cours de change, ouverture des frontières aux capitaux étrangers, libéralisation, privatisation et dérégulation. Toute l’économie du pays fût mise aux enchères. La moitié des 500 000 entreprises durent abandonner leurs activités tandis que des grands groupes étrangers et les oligarques du pays achetèrent l’autre moitié. L’oligarchie qui se développa devint le facteur déterminant et le problème principal à l’intérieur de l’Ukraine parce qu’elle exerça et exerce encore une influence déterminante sur la politique et les médias. C’est le plus grand clivage entre l’élite et la grande masse de la population, existant en Europe.
Les résultats de l’intégration du pays dans le processus de la mondialisation sont catastrophiques: le Produit intérieur brut (PIB) est tombé à 70% entre 1991 et 2013, la production d’électricité est tombée à 65%, celle de l’acier à 43% et le nombre de scientifiques dans la recherche industrielle n’était plus que de 30%. Le salaire minimum s’élève, selon les indications officielles à 200 euros (en réalité c’est moins), la retraite minimum est de 160 euros (actuellement 80 euros) par mois, et 80% de la population vivent en-dessous du seuil de pauvreté. La population totale de l’Ukraine a diminué de 52 à 46 millions d’habitants et si l’on prend en compte les personnes vivant de manière permanente à l’étranger, ils ne restent plus que 38 millions.
La technologie peu développée, le retard comparé aux voisins à l’origine moins développés et l’émigration d’un quart de la population active du pays sont également des signes du déclin. Le modèle néolibéral agissant actuellement en Ukraine ramène l’économie à la périphérie mondiale et la maintient dans une situation semi-coloniale, en totale dépendance de l’Occident.
Au classement des pays du monde selon leur développement économique, l’Ukraine est tombée loin en arrière. De par son niveau de PIB (selon les informations de la CIA), l’Ukraine est au 140e rang avec 7500 dollars par habitant. Actuellement, c’est l’Irak qui est au 141e rang. L’Ukraine est devancée par Belize (Honduras britannique), la Bosnie-Herzégovine, l’Albanie ainsi que la Namibie, l’Algérie et le Salvador.

La révolution orange de 2004

Cette évolution, fondée à l’origine sur un mécontentement profond de la population, a aboutit en 2004 à la «Révolution orange». Les Etats-Unis financèrent à l’aide de leurs organisations d’aide, notamment la fondation «Widroschdennja» (renaissance) de George Soros, une insurrection de masse qui fut menée selon le manuel «De la dictature à la démocratie» du politologue américain Gene Sharp. La Révolution orange était une nouvelle méthode du coup d’Etat appliquant les moyens du «pouvoir doux» («Soft Power») à l’aide d’organisations non gouvernementales (ONG).2 L’agence serbe «Otpor» (résistance basée à Belgrade et dirigée par Srdja Popovi) joua un rôle important dans la planification et l’entrainement des activistes de l’insurrection.
Dans son émission «Weltjournal» du 1er mai 2011, la Radio autrichienne ORF donna des informations très détaillées sur les dessous de la Révolution orange. Lors d’une interview, Dmitro Potechin, membre du mouvement ukrainien «Pora», déclara que le changement, survenu en Egypte était également possible «dans notre région»: «Je pense à la Biélorussie ou à un nouveau mouvement en Ukraine. Et alors cela ira contre la Russie!»
Viktor Iouchtchenko devint président et nomma en janvier 2005 le gouvernement sous Julia Timochenko, devenue la femme la plus riche en Ukraine pendant la période de transformation. En mars 2007, Julia Timochenko se rendit à Washington, où elle offrit aux Américains de leur céder le gazoduc traversant l’Ukraine.

L’encerclement de la Russie

Du point de vue géopolitique, l’objectif du coup d’Etat de 2004 était l’endiguement de la Russie et le rapprochement de ce pays à l’OTAN. Dans son ouvrage fondamental «Le Grand Echiquier – L’Amerique et le reste du monde» (version originale: «The Grand Chessboard», 1997) Zbigniew Brzezinski déclare: «L’Ukraine est le pilier central. Sans l’Ukraine, la Russie ne sera plus une grande puissance eurasiatique.» En 1989 à Malte, Michail Gorbatchev, avait «renoncé» à l’Europe de l’Est, mais uniquement à condition que l’OTAN ne s’élargisse pas vers l’Est. En 1990, le secrétaire d’Etat américain James Baker, déclara que l’OTAN ne voulait pas une once du territoire d’Europe de l’Est.
Mais en 1997, on constitua l’alliance de sécurité GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Arménie et Moldavie) financée par l’OTAN. En 2004, les Etats baltes ainsi que la Bulgarie et la Roumanie adhérèrent à l’OTAN. Les Etats-Unis implantèrent une série de nouvelles bases militaires en Géorgie, en Azerbaïdjan, en Kirghizstan et au Tadjikistan et décidèrent de construire des boucliers anti-missiles en Pologne et en Roumanie.
Depuis son indépendance, l’Ukraine avait développé des liens avec l’OTAN et adhéra en 1994 au Partenariat pour la paix de l’OTAN. En 1999, l’OTAN ouvrit une agence de liaison à Kiev. Depuis 1997, l’Ukraine participa régulièrement aux manœuvres effectuées par l’OTAN dans la mer Noire. Des unités ukrainiennes participèrent également aux interventions de l’OTAN au Kosovo et en Afghanistan, où elles opérèrent aux côtés des troupes polonaises et lithuaniennes. Depuis 2007, l’Ukraine participe à l’opération Active Endeaver de l’OTAN en charge d’assurer le contrôle de la Méditerranée.
Le 20 mai 2008, le président Viktor Iouchtchenko signa l’oukase mettant fin en 2017 au traité russo-ukrainien pour le stationnement de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol. Cet oukase représenta le début d’une campagne d’information et politique massive contre la flotte russe de la mer Noire et en même temps une campagne en faveur de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. En 2008, l’Ukraine décida, sous le président Iouchtchenko, d’adhérer à l’OTAN.
Pourtant la Révolution orange ne donna pas les résultats escomptés et fut une déception pour la population. Iouchtchenko et Timochenko se disputèrent pour des raisons personnelles. Début 2010, le président du «Parti des régions», Viktor Ianoukovitch, soutenu par l’oligarchie est-ukrainienne, fut élu président. Le parti remporta également la majorité au Parlement. Ianoukovitch ne put cependant pas changer la situation de manière substantielle.
Après de longues années de négociations avec l’UE, le gouvernement ukrainien déclara le 21 novembre 2013, qu’il n’allait pas signer l’accord d’association entre son pays et l’UE. Immédiatement après, des manifestations ressemblant à la Révolution orange de 2004 eurent lieu à Kiev et dans les grandes villes de l’ouest de l’Ukraine. Le refus de l’Ukraine de signer l’accord a été un revers important pour le Partenariat oriental de l’UE et pour l’OTAN. Le Partenariat oriental avait été fondé en 2009 à l’initiative de la Pologne et de la Suède et devait associer les anciens pays de l’Union soviétique (l’Ukraine, la Biélorussie, la Moldavie, la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan) avec l’UE. Le 29 novembre 2013, au sommet de Vilnius, l’accord d’association n’a été signé que par la Géorgie et la Moldavie.
Le gouvernement ukrainien a justifié sa décision par l’argument qu’il voulait préserver «ses intérêts de sécurité nationale». En effet, dans l’accord d’association, il était prévu d’installer«une coopération militaire étroite et l’intégration des forces armées ukrainiennes dans les troupes de combat stratégiques de l’UE». Sur le plan économique, l’UE exigeait la fin de la politique de prix étatique, une privatisation accélérée de tous les biens de l’Etat, des coupes dans les retraites et dans l’administration ainsi que l’ouverture du marché ukrainien pour les multinationales occidentales. Face à celles-ci, les entreprises ukrainiennes ne seraient jamais compétitives en Occident.
Economiquement, l’UE ne peut guère tirer profit de l’Ukraine. Elle serait un fardeau. Mais une association avec l’UE serait également fatale au niveau économique pour l’Ukraine et c’est la raison pour laquelle la décision du gouvernement ukrainien de ne pas signer cet accord, a été la meilleure solution pour les deux parties. Lors de la rencontre entre Poutine et Ianoukovitch du 17 décembre 2013 à Moscou, qui avait un «caractère stratégique», on s’est mis d’accord au sujet des rabais pour le prix du gaz et d’un crédit de plusieurs milliards de dollars. La Russie a offert d’investir, à l’aide du fond national du bien être dans des titres du gouvernement ukrainien un montant de 15 milliards de dollars et d’abaisser le prix du gaz d’un tiers.

L’influence des ONG occidentales

Les Etats-Unis n’ont jamais été d’accord avec Ianoukovitch en raison de ses relations entretenues avec Moscou, de son opposition à l’adhésion à l’OTAN et de sa prolongation de 20 ans du contrat avec la Russie concernant le stationnement de la flotte de la mer Noire à Sébastopol. Par conséquent, ils ont préparé un changement de régime.
En 2011, la fondation «Renaissance» organisa une rencontre des dirigeants des ONG en Ukraine, où elle décida de doubler leurs budgets. Actuellement, il y a 2200 ONG américaines et européennes en Ukraine. A la tête se trouve le National Endowment for Democracy, dont la vice-présidente Nadia Diuk dirigea en 2013 et en 2014 les activités de l’opposition. La coordination est exercée par l’agence USAID soumise aux ordres de l’Ambassade américaine. Les contacts avec les partis de l’opposition ont été activés en 2012.
Le Centre pour la démocratie de l’Europe orientale, financé par la fondation Charles Stewart Mott et dirigé par Zbigniew Brzezinski, joue un rôle important à Varsovie. Avec l’aide des ONG, les Etats-Unis créent des «cinquième colonne» et modifient la conscience de la société et de la culture, la manière de penser et les valeurs traditionnelles.
Les médias occidentaux comme Radio Liberty, Voix de l’Amérique, BBC, Deutsche Welle et les réseaux sociaux, s’exprimaient, depuis l’époque de la guerre froide, en langue ukrainienne et russe depuis l’Occident. Les groupes médiatiques tels Murdoch, Springer et Bertelsmann ont fondé leurs propres médias en Ukraine, afin d’influencer les populations au niveau culturel. Des universités occidentales ont créé des liens étroits avec des universités ukrainiennes, ont financés des projets de recherche et ont distribué des bourses à des étudiants ukrainiens voulant étudier en Occident.
En 2006, à l’initiative du président Iouchtchenko, on a fondé le «Mystetsklyi Arsenal» (Arsenal artistique), un énorme complexe culturel et artistique national à Kiev, dont le but est de faire apparaître l’Ukraine comme une partie de la culture européenne et de répandre l’art occidental contemporain. En 2012 a eu lieu dans ce bâtiment la Biennale internationale d’art moderne, dirigée par le conservateur David Elliott, à laquelle ont participé environ 100 artistes venant de 30 pays différents. Cet Arsenal artistique a également la tâche de répandre l’art ukrainien contemporain en Occident. En avril 2014, il a organisé grâce à l’intervention de l’Américain Konstantin Akinsha, commissaire en art d’origine ukrainienne, l’exposition «Je ne suis qu’une goutte d’eau dans l’océan» à la Maison des artistes de Vienne sur l’art de la révolution créé sur le Maïdan. De cette manière, les évènements du Maïdan sont présentés du point de vue des manifestants pro-occidentaux, à travers ces «œuvres d’art» produites grâce à la révolution (par exemple des affiches).

Le coup d’Etat de Kiev était planifié à l’avance

L’insatisfaction de la population, au vu de la situation économique misérable et de la corruption au sein du gouvernement, était tout à fait compréhensible. Le mouvement de protestation sur la Place Maïdan était composé de différentes forces, entre autre des groupes gauchistes et anarchistes. Les Etats-Unis étaient cependant la force motrice qui a dirigé les protestations contre le refus de signer l’accord d’association avec l’UE après le 21 novembre 2013.
A cette fin, l’Ambassade américaine de Kiev avait déjà entrepris plusieurs mois à l’avance des préparations en formant des activistes et en organisant une conférence sur les stratégies d’informations et prises d’influences sur les politiciens. De nombreux politiciens américains et pro-américains sont venus en Ukraine pour tenir des discours sur la Place Maïdan, notamment John McCain, Joseph Murphy, Victoria Nuland mais aussi Jaroslaw Kaczynski, Michail Saakashvili, Guido Westerwelle, Elmar Brok et beaucoup d’autres. Selon l’hebdomadaire polonais de gauche Nie du 18 avril 2014, la Pologne aurait elle aussi apporté une contribution essentielle au coup d’Etat. Aux frais du ministère polonais des Affaires étrangères, 86 membres du «Secteur droit» ont effectué en septembre 2013 un entraînement à l’insurrection de quatre semaines dans un centre de formation de la police près de Varsovie.
Le 16 janvier, le Parlement ukrainien a édicté des lois répressives, à l’aide desquelles les protestations devaient être limitées. Suite à cela, dans la nuit du 19 au 20 janvier, il y a eu des manifestations violentes de l’opposition qui a construit des barricades dans la rue Hrouchevsky au centre de la ville et occupé le ministère de la Justice, la mairie et d’autres établissements gouvernementaux. Le centre de Kiev a été dévasté. Une troupe extrémiste et violente, appelée «Secteur droit» s’est placée à la tête de la révolution. Klitchko et les meneurs de l’opposition parlementaire ont perdu tout contrôle des manifestants.
Puis, l’opposition pro-occidentale a pris le pouvoir dans 11 des 24 administrations territoriales, a destitué les gouverneurs, n’a plus reconnu le gouvernement de Kiev et a pris une série de décisions. Le drapeau noir et rouge du «Secteur droit» et le drapeau de l’UE ont été déclarés symboles officiels sur leur territoire et les activités du «Parti des régions» ont été interdites comme étant «hostiles au peuple». Le secrétaire d’Etat américain Kerry, a déclaré en février lors de la Conférence sur la sécurité de Munich: «Nulle part la lutte en faveur de la démocratie n’est actuellement plus importante qu’en Ukraine!»
Quand Ianoukovitch était prêt à accepter toutes les conditions de l’opposition parlementaire, l’escalade de la violence avait déjà débuté. Mais la réelle escalade a été provoquée par des tireurs d’élite professionnels qui ont tiré sur des policiers et sur des manifestants pour attiser la colère des gens et pour déclencher un chaos général. Le médecin Olga Bogomolez a déclaré qu’elle avait vu des manifestants et des policiers avec les mêmes blessures.
Le 21 février 2014, suite à une mission de médiation de l’UE sous la direction des ministres des Affaires étrangères allemand, français et polonais avec la participation d’un envoyé du gouvernement russe, on est arrivé à conclure un accord qui prévoyait de réinstaurer l’ancienne Constitution de 2004, de former un gouvernement d’unité nationale, de retirer la police et les manifestants armés et d’organiser de nouvelles élections avancées. De cette manière, les deux parties auraient plus ou moins pu sauver leur face et leurs intérêts.

Le gouvernement Yatseniouk n’est pas légitime

Un jour après la signature de cet accord de compromis, la situation avait complètement changé. Le 22 février, un jour après l’accord entre Ianoukovitch et l’opposition parlementaire, un coup d’Etat a été réalisé à Kiev. Le «Secteur droit» a occupé le Parlement et pris le contrôle à Kiev. Quelques députés ont été roués de coups, d’autres ont été empêchés d’entrer dans le Parlement. Lors d’un vote, le président Ianoukovitch a été destitué bien que selon la Constitution, une majorité de trois quarts des voix aurait été nécessaire. Le député Turschinov a été élu en tant que nouveau président d’Etat. Pour cela, il a fallu qu’une partie des députés présents votent deux fois et que ceux du «Parti des régions», payés par les oligarques, changent de côté et votent en faveur du nouveau pouvoir. Le Parlement a élu le chef en fonction du «Parti de la patrie», Arseni Jazenjuk en tant que Premier ministre. C’est lui qui était le candidat préféré du secrétariat d’Etat américain. Sur le site Internet de sa fondation «Open Ukraine» – plus accessible actuellement – les partenaires suivants étaient énumérés: l’Eglise de la Scientologie, The German Marschall Fund, Chatham House – Royal Institute of Foreign Affairs, la Fondation Rockefeller, la Fondation Konrad Adenauer, la Fondation «Renaissance», le National Endowment for Democracy. Le nouveau gouvernement est illégitime, parce qu’il n’a pas été élu par des élections générales, mais par une élection manipulée à la suite de laquelle la Verkhovna Rada est arrivée au pouvoir. L’ancien gouvernement et les fonctionnaires des ministères ont été renvoyés. Julia Timochenko a été libérée de la clinique de prison et est arrivée à Kiev, où elle a annoncé son retour au pouvoir sur la Place Maïdan.
Parmi les gouverneurs nommés par Kiev, il y a de vieilles connaissances de la politique ukrainienne, par exemple, Igor Kolomoiski, le troisième plus riche homme d’Ukraine, maintenant gouverneur de Dnipropetrovsk, copropriétaire de la «PrivatBank», la plus grande banque ukrainienne. Kolomoiski possède une double nationalité ukrainienne et israélienne et est un allié de Julia Timochenko. Le nouveau gouverneur de la région de Donezk, Sergej Taruta, dirige le plus grand groupe minier d’Ukraine et demeure un compagnon de route de Viktor Iouchtchenko.
L’Ukraine est actuellement près de la banqueroute de l’Etat qui aurait pu être évitée par l’accord avec la Russie prévu en décembre 2013. Maintenant, tout devient plus difficile. La Russie a réintroduit l’ancien règlement selon lequel l’Ukraine paie pour le gaz naturel le prix du marché mondial. Le FMI a offert un prêt de 15 milliards de dollars, lié aux conditions habituelles: réductions des dépenses de l’Etat, pas de subventionnement de la monnaie, ouverture des frontières et abolition des limites pour la vente de terres agricoles. L’UE pose les mêmes conditions que le FMI. Les crédits de l’UE seront financés par les contribuables. Au cas où l’accord d’association sera signé, l’UE devra ficeler, comme dans le cas de la Grèce, plusieurs «paquets de sauvetage».
Le 27 mars déjà, la Verkhovna Rada a approuvé le budget dicté par le Fond monétaire international, qui mènera à un abaissement massivement du standard de vie des Ukrainiens. Il faudra réduire fortement les dépenses et augmenter les impôts. Le prix du gaz pour les ménages a augmenté de 50% et la monnaie a été libérée. Le gouvernement a annoncé le plan d’économiser 1,2 milliards de dollars en gelant le salaire minimum et en réduisant les subventions et les prestations sociales. Des licenciements en masse, entre autre de 80 000 policiers, sont planifiés et cela malgré les tensions permanentes dans la rue.

Les protestations en Crimée et en Ukraine de l’Est

L’Ukraine et la Russie avaient signé le 28 mai 1997 un traité qui prévoyait une présence de la flotte russe en Crimée pendant 20 ans et la possibilité d’un prolongement automatique. Après que le nouveau gouvernement Yatseniouk ait envisagé de résilier cet accord et de faire adhérer le pays à l’OTAN, le Parlement de la République autonome de Crimée a décidé la réunification avec la Russie, ce qui a été confirmé par le référendum du 16 mars 2014. La Chartre des Nations Unies de 1948 stipule comme fondement du droit international, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est pourquoi, on peut considérer la sécession de la Crimée comme légitime, car il n’y a aucun doute que la grande majorité de la population était en faveur de la réunification de la Crimée avec la Russie [cf. Horizons et débats no 9 du 28/4/14, p. 1–2, ndlr.].
L’OTAN renforce son armement dans la région: des avions de combats ont été transférés en Pologne et patrouillent au-dessus de la Pologne, de la Roumanie et des pays Baltiques. L’OTAN conduit des manœuvres de la marine dans la mer Noire avec des navires de guerre américains, bulgares et roumains.
Le soulèvement en Ukraine orientale se base sur des forces d’autodéfense de la population russophone. Le gouvernement russe a déclaré qu’il ne voulait pas annexer les territoires de l’Ukraine orientale mais s’engager pour l’indépendance d’une Ukraine fédéralisée. Il a également approuvé, lors des entretiens de Genève le 16 avril, le désarmement de ces forces, toutefois à condition que les groupes armés tel le «secteur droit» à Kiev et en Ukraine occidentale déposent également leurs armes.
Le soulèvement en Ukraine orientale qui s’est développé depuis le coup d’Etat de février à Kiev, ne remonte pas uniquement aux différences culturelles entre l’Est et l’Ouest du pays et le non-respect des intérêts de la région orientale mais également à la détérioration de la situation économique générale et au manque d’espoir de la population, qui doit aussi vivre avec une dépréciation monétaire de 50%. La population s’oppose au gouvernement illégitime de Kiev et aux forces antirusses qui en font partie ainsi qu’aux Etats-Unis qui avancent constamment leurs pions. Un réel apaisement de la situation peut intervenir uniquement par un retrait des Etats-Unis qui soutiennent ce gouvernement.    •
(Traduction Horizons et débats)

1     Jörg Baberowski. Zwischen den Imperien: Warum hat der Westen beim Konflikt mit Russland derartig versagt? Weil er nicht im Ansatz die Geschichte der Ukraine begreift. [Entre les empires: pourquoi l’Occident a-t-il tant échoué lors de son conflit avec la Russie? Parce qu’il ne comprend rien à l’histoire de l’Ukraine.] Die Zeit, n° 12, 13/3/2014
2    Natalja Narotschnizkaja (ed.). Oranschewye seti ot Belgrada do Bischkeka [Les réseaux oranges de Belgrade à Bischkek], Saint-Pétersbourg 2008

* Peter Bachmaier, spécialiste de l’Europe de l’Est, de 1972 à 2005 collaborateur du «Südosteuropa-Institut» et professeur à l’Université de Vienne, depuis auteur indépendant d’articles spécialisés.

mercredi, 19 février 2014

Débat Drac/Adinolfi: Stratégie de la tension

Débat Drac/Adinolfi: Stratégie de la tension (I)


Débat Drac/Adinolfi: Stratégie de la tension (II)

 

A la tribune d'Egalité & Réconciliation Lorraine

mercredi, 30 novembre 2011

Giorgio Freda : The Unclassifiable Revolutionary

Giorgio Freda : The Unclassifiable Revolutionary

Edouard Rix

Ex: http://tpprovence.wordpress.com/

 

 

 

 

“I hate this book. I hate it with all my heart. It gave me the glory, that poor thing called fame, but it is also the source of all my miseries. For this book, I have known many months in prison, (…) police persecution as petty as cruel. For this book, I experienced the betrayal of friends, enemies, bad faith, selfishness and the wickedness of men. From this book has originated the stupid legend that made me out to be cynical and cruel, a sort of Machiavelli disguised as Cardinal de Retz that they like to see in me.” Though written by Curzio Malaparte in the introduction to his famous essay ‘Technique of the coup’, Giorgio Freda, the author of ‘The Disintegration of the System’, could have made these lines his own. Because, in writing this small booklet of about sixty very dense pages that undermined the basis the of the bourgeois system, the young publisher has suffered years of judicial and media persecution.

 

THE EDIZIONI DI AR

 

On October 26, 1963, Senator Umberto Terracini, an influential member of the Jewish community and the Italian Communist Party, reported publicly to the Ministers of Interior and Justice the dissemination in Padua of “a vile pamphlet bearing the title Gruppo di Ar (Ar Group), which, taking up the most vile racist theories of Italian Nazism, openly portrays the authors as publishers advocating anti-democratic ideology”, and asks “whether and which measures have been proposed and taken to cauterize the wound and stop the infection before it gets wider dissemination and enters the sphere of action.”

 

Originally publicly stigmatized, the group found a young Platonist and Evolan lawyer named Giorgio Freda. The term chosen by the group for its name, Ar, was highly symbolic, as it is in many Indo-European languages, being the semantic root connoting the idea of nobility and aristocracy.

 

In 1964, Freda had to face trial for a pamphlet denouncing Zionist policy in Palestine. This was just the first of many. The same year, Edizioni di Ar, which he had just founded, published their first book, ‘An Essay on the Inequality of the Races’ by Arthur de Gobineau. Following were the minor writings of Julius Evola and the works of Corneliu Codreanu. Each title had a circulation of 2000 copies.

 

There were two constants in Freda’s militant commitment: the fight against international Zionism, including Israel, which he believed was only the tip of the struggle and against the bourgeois liberal system, expressed by American imperialism in Europe since 1945. About anti-Zionism, Freda was the first editor in Italy who supported Palestinian fighters, even as the Right, embodied by the MSI (Movimento Sociale Italiano), extolled Israel as a “bulwark of the West against the Arabs enslaved by Moscow”. It was he who organized in Padua in March 1969- in conjunction with the Maoist group, Potere Operairo (Workers’ Power)- the first major meeting in Italy to support the Palestinian resistance in the presence of representatives of Yasser Arafat’s Fatah. The Zionist lobby never forgave him. Moreover, not content with simple verbal support, like so many distinguished intellectuals, he would secretly provide timers to a supposed representative of Fatah.

 

THE DISINTEGRATION OF THE SYSTEM

 

But Giorgio Freda is above all a man of the text. And what a text! ‘The Disintegration of the System’ was written in 1969 as student protests were in full force. Italy then underwent, not a sudden explosion and fallout as fast as in France, but a “creeping May”. Convinced of the urgent need for the radical subversion of the bourgeois world, Freda believed that everything must be tried and, when so many young people were seeking to give a truly revolutionary content to the student revolt, that it would be recovered from the proponents of orthodox Marxist or social democratic reformism. It was for these young people that ‘The Disintegration of the System’ was intended, and far from being Freda’s personal program it synthesized the common demands of the entire national-revolutionary milieu, from Giovane Europe (Young Europe) to Lotta di Popolo (People’s Struggle).

 

The tone of the text is decidedly offensive. A disciple of Evola, Freda is the first to not just comment learnedly on his writings, but to move from theory to practice, so much so that one can see in ‘The Disintegration of the System’ the political practice of the theory outlined in ‘Riding the Tiger’, the last of Evola‘s writings. With this book, the Baron gave the intellectual framework affirming Freda’s belief that there can be no compromise with the bourgeois system. “There is a solution, writes Evola, which must be firmly ruled out: that is to build on what survives of the bourgeois world, and to defend it as a basis to fight against the currents of dissolution and the most violent subversion, after possibly trying to facilitate or strengthen the remains with some higher values that are more traditional.” And the Baron added: “It might be good to help bring down the already faltering and what belongs to the world of yesterday, instead of seeking to support and to artificially prolong life. This possible tactic, such as to prevent the final crisis, is the work of the opposing forces which would then undertake the initiative. The risk of this is obvious: we do not know who has the last word.”

 

In ‘The Disintegration’, Freda was not tender with the idols and values of bourgeois society. Order for the sake of order, sacrosanct private property, capitalism, moral conformism, and visceral blind, pro-Zionism and philo-Americanism, but also God, priests, judges, bankers- nothing and no one escaped his criticism. To the dominant market model, he offered a real alternative, reaffirming the traditional doctrine of the state, fully opposed to pseudo-bourgeois values, and developed a coherent state project, the most spectacular aspect including the organization of a Communist economy-a Spartan and elitist communism which owes more to Plato than to Karl Marx.

 

A man of action, Freda was sickened by pseudo-intellectual Evolo-Guénonians locked away in their ivory towers. He had harsh words for some Evolans: “sterile apologists of the discourse on the state”, “worshippers of abstractions,” “champions of conceptual gestures” that, in his eyes, were riders of paper tigers . “For us, he writes, be true to our vision of the world – and therefore of the state – means to comply with it, leaving nothing undone to achieve it historically.” In this perspective, he clearly shows the intention to reach out to sectors involved in the objective negation of the bourgeois world, including the ultra-extra-parliamentary left to which he proposes a strategy that was loyal to a united struggle against the System. It was then that he contacted various Maoist groups, such as Potere Operaio and the Communist Party of Italy-Marxist Leninist.

 

“For a political soldier, purity justifies any hardness, indifference all guile, while the impersonal imprinted in the fight dissolves all moral concerns.” These strong words ends the manifesto.

 

VICTIM OF DEMOCRACY

 

On December 12, 1969, a bomb exploded in the National Bank of Agriculture, Piazza Fontana in Milan, killing 16 people and injuring 87. The Italian section of the Situationist International of the ultra-left issued a manifesto entitled ‘The Reichstag Burns’, denouncing the regime as the real organizer of the massacre. The Situationists will continue to repeat that the Piazza Fontana bomb was “neither anarchist nor fascist.”

 

Giorgio Freda, meanwhile, continued his intellectual struggle against the System. In 1970, in a preface to a text by Evola, he welcomed the possibility of urban warfare in Italy. In April 1971, Edizioni di Ar publish officially for the first time in the peninsula since 1945, ‘The Protocols of the Elders of Zion’. That same month, Freda was arrested and accused of “having distributed books, printed and written information containing propaganda or incitement to violent subversion.” The repressive machine gets under way. For the first time since the end of the fascist regime, a magistrate intended to apply Article 270 (law against subversive association) of the Code Rocco (named after Mussolini’s attorney general). Soon after, the Edizioni di Ar published ‘The Enemy of Man’, a collection of Palestinian fighting poetry, provoking the fury of the Zionists.

 

In July 1971, the judge modified the charges and accused Freda of making “propaganda for the violent subversion of the political, economic and social development of the state” through ‘The Disintegration of the System’, “where he alludes to the need of subversion, by violent means, of the bourgeois democratic state and its replacement by a state defined and characterized as a people’s state”.

 

Undaunted by repression, Edizioni di Ar published in November 1971 the Italian translation of the ‘International Jew’ by Henry Ford.

 

On December 5, 1971, Freda was arrested again. He is no longer prosecuted for crimes of opinion, but bluntly accused of having organized the massacre of Piazza Fontana. Since they failed to catch the “anarcho-fascists” they decided to pinch the “Nazi-Maoists”. The charges against Freda was based on two pieces of evidence: that he bought timers like those found in the bank as well as the travel bags in which the bombs were placed. But Freda had indeed bought timers but had given them to a captain of the Algerian secret services who requested them for the Palestinians. The weekly Candido, investigating the RFA from the manufacturer, collected evidence that timers sold in Italy were not 57, as claimed by the judge – Freda had bought 50 – but hundreds, and that the models purchased by the publisher differed from those used in the attack. In addition, the merchant from Bologna who had sold four travel bags similar to those used in the attack did not recognize Freda as the buyer, but two police officers … Of course, the judge wouldn’t take into account exculpatory evidence. Freda began his lonely tour of Italian prisons in 1972- Padua, Milan and Trieste. Then Rome, Bari, Brindisi, Catanzaro.

 

Called a “Maoist” traitor or “agent of Communist China” by the Right, especially by the neo-fascist MSI or a “racist fanatic” and “delusional anti-Semite” by the legalistic left and Zionist circles, and fearfully rejected by some ultra-left men with whom he had actively collaborated, Giorgio Freda was then tricked by the press into taking the supposedly infamous label of “Nazi-Maoist.” Thanks to the hype, this only turned out to be positive as the stock of 1500 copies of ‘The Disintegration of the System’ were quickly exhausted. A few years later, Freda admitted that the text was taken more into consideration by extremists on the left than those on the right.

 

TRIAL

 

The long River Piazza Fontana trial was opened on January 1975, before the Assize Court in Catanzaro. Accused were the anarchist Pietro Valpreda and eleven accomplices, neo-fascist Giorgio Freda and twelve co-defendants. Reaching the end of his preventive detention, Freda was released and placed under house arrest in August 1976. But his convictions remained intact. Thus in 1977, when he was facing a life sentence, he did not hesitate: in an interview he gave to his friend Claudio Mutti he talked about armed struggle as the best form of opposition to the System in Italy!

 

Convinced that the dice were loaded and that his conviction wasn’t in doubt, Freda went on the run in October 1978. He was captured in the summer of 1979 in Costa Rica, from which he was not extradited, but forcibly returned by the Italian political police.

 

The judicial farce continued. In December 1984, the fourth trial for the massacre of Piazza Fontana was opened in Bari. After sixteen years of investigation, Freda was ultimately acquitted of the bombing but incarcerated for crimes of opinion, “subversive association” according to the Italian legal language, which earned him a sentence of fifteen years in prison.

 

On his release, the media was still talking about Freda because of his launching of the Fronte Nazionale (National Front), for which he was again arrested and charged in July 1993. Surely, good blood cannot lie!

 

Edouard Rix, Le Lansquenet, printemps 2003, n°17.

mardi, 16 novembre 2010

CIA-tactieken binnenkort ook in Europa?

CIA-tactieken binnenkort ook in Europa?
Wie pleegt de bomaanslagen in Irak?


22 juli 2010 - Ex: http://www.zonnewind.be/

Door Christopher King

voitures-piegees-explose-quasi.jpgAutobommen en andere soorten aanslagen zijn dagelijkse kost in Irak, ondanks officiële retoriek dat het geweld is afgenomen. Op 18 juli vernamen we het nieuws dat er 43 doden vielen en 40 mensen gewond raakten door een zelfmoordaanslag in het zuid-westen van Bagdad. Volgens Christopher King is het zeer waarschijnlijk dat de CIA - of Israël in opdracht van de CIA - verantwoordelijk is voor de aanslagen, om zo de bezetting van Irak te mogen voortzetten en verder uit te bouwen, net als de andere aanslagen het werk zijn van de CIA of Israël, om de militaire aanwezigheid in het Midden-Oosten en zuid-oost Azië te rechtvaardigen.

Op 10 mei waren er meer dan tien bomaanslagen en schietpartijen in Irak. Daarbij kwamen 85 mensen om het leven en raakten meer dan 300 personen gewond. Dit waren gecoördineerde aanslagen, duidelijk gepleegd door één en dezelfde organisatie.

Het antwoord van de Verenigde Staten op deze en andere aanslagen was de plannen voor een terugtrekking van zijn troepen uit Irak uit te stellen. Eén van Obama's verkiezingsbeloften was om de Amerikaanse troepen uit Irak terug te trekken tegen mei 2010. Het is inmiddels niet alleen vrij duidelijk dat dat niet gebeurd is, maar tevens kwamen we na de verkiezingen te weten wat "terugtrekking" inhield: 50.000 manschappen zullen achterblijven als 'instructeurs', naast 4.500 speciale eenheden en tienduizenden huurlingen.

Op dit moment wordt zelfs de beloofde terugtrekking heroverwogen omdat men zich zorgen maakt om de veiligheid van de Iraakse burgers. Denkend aan de meer dan 1 miljoen Iraakse burgerslachtoffers en de vier tot vijf miljoen mensen die op de vlucht zijn voor de ellende van de bezetting is het moeilijk voor te stellen dat men in Washington zo diep getroffen is door een paar honderd slachtoffers door 'binnenlandse' schermutselingen. Sommigen noemen dat een vooruitgang in de Amerikaanse benadering...

Terwijl de aanslagen van de laatste maanden de VS een excuus geven om de symbolische terugtrekking verder uit te stellen, moeten we eens nadenken over wie er achter de aanslagen kunnen zitten.

Er wordt al langer beweerd dat de CIA, met behulp van lokale groeperingen achter de aanslagen zit. Het zijn de typische smerige trucs van deze duistere organisatie, die bovendien worden gefinancierd door de Amerikaanse regering. Zolang er olie in de grond zit in Irak zullen de VS het land nooit verlaten, en mede daarom is het ongelooflijk dat de Westerse media en zelfs de vredesbewegingen nog geloven in een terugtrekking van de Amerikaanse troepen. Terugtrekken was nooit de bedoeling van de VS. Een leger dat maar tijdelijk wil blijven bouwt geen versterkte legerbases zoals de VS dat in Irak - en elders in Azië - hebben gedaan en nog steeds doen. Het is daarom zeer vervelend voor de VS dat de verkiezingen in Irak eerder dit jaar niet de gewenste trekpop aan de macht hielpen.

De recente serie aanslagen, naast een lange reeks kleinere - maar niet minder dodelijke - aanslagen is niet het werk van een klein groepje extremisten. Het gaat hier om een grote, goed georganiseerde organisatie met veel financiële middelen en uitgebreide Westerse ondersteuning.

De gebruikelijke, niet nader genoemde regeringsmedewerkers van onduidelijke nationaliteit beweren uiteraard dat 'Al-Qaeda' verantwoordelijk is voor de aanslagen. Waarom ook niet, niet waar? Maar werd generaal David Petraeus niet geëerd voor zijn succes in het volledig elimineren van die spookorganisatie in Irak? Of was dat slechts het gevolg van zijn betalingen aan de Awakening Councils zodat die het klusje klaarden? Was 'Al-Qaeda' überhaupt ooit in Irak? Aangezien de hele aanval op Irak gebaseerd was op een dik pak leugens hebben we namelijk sowieso geen enkele reden om ook maar iets te geloven van wat de Amerikaanse regering, het leger of de Westerse gevestigde media over Irak of enig ander conflict waar Westerse landen bij betrokken zijn te geloven.

Ook de mensen die actief zijn in Irak weten vaak niet wie wat doet, en de loyaliteiten veranderen dagelijks. Daarnaast is het zeer aannemelijk dat 'Al-Qaeda' helemaal niet wil dat de VS uit Irak vertrekken, omdat de aanwezigheid de Amerikanen grote schade berokkent. Er zijn zelfs Iraakse groeperingen die munt slaan uit de Amerikaanse aanwezigheid en die willen dat ze blijven. Of dergelijke groeperingen in staat of zelfs bereid zouden zijn aanslagen op een dergelijke schaal te plegen is zeer twijfelachtig.

Daarnaast is het zeer waarschijnlijk dat dat hele 'Al-Qaeda' niet bestaat. Het is de Amerikaanse boeman, gebruikt om de mensen angst aan te jagen. Maar er zit sleet op. Net als op de pauzeloze beschuldigingen aan het adres van Iran dat zij achter de vele aanslagen in Irak zouden zitten. Niet dat daar ooit enig bewijs voor geleverd wordt. Daarbij is met Irak ook een Iraanse concurrent tijdelijk of voorgoed uitgeschakeld. Het is allemaal onzinnige propaganda - net zoals Saddam's nucleaire programma, zijn massavernietigingswapens, zijn ondersteuning van 'Al-Qaeda' en zijn mobiele chemische laboratoriums dat waren. Inmiddels is uitgebreid aangetoond dat dat allemaal verzinsels waren.

Wat wel zeker is? Het feit dat de Amerikaanse invasie van Irak ongekende vernietiging heeft veroorzaakt en dat de voortdurende aanwezigheid van de Amerikanen het grootste probleem van de Iraakse bevolking is - en die van Israël uiteraard.

Ja, de Israëliërs zijn ook in Irak, en ze zijn niet zo gek op Arabieren. In 2005 hoorden we dat ze in Noord-Irak de Koerden trainen. Brigade-Generaal Janis Karpinski, aangeduid als hoofdverantwoordelijke voor de mishandeling van gevangenen in Abu Ghraib zei dat ze geschokt was toen ze zag dat er Israëlische ondervragers werkzaam waren in Irak. Er valt dus genoeg te ontkennen voor de Amerikanen en voor de CIA, wanneer er zo nu en dan vragen gesteld worden. Wanneer Amerikanen en Israëliërs ergens samenwerken is dan ook alles mogelijk. Zagen we onlangs geen Israëlische 'instructeurs' in Georgië?

De Israëliërs, de CIA, het Amerikaanse en het Britse leger vermoorden allemaal met regelmaat verdachte 'militanten' en tegelijkertijd grote aantallen onschuldige burgers - vrouwen en kinderen. Niemand is in hun ogen onschuldig. Het zijn moslims, ziet u... In scene gezette aanslagen zijn dat ook niet iets waar de Amerikaans-Israëlische broederschap zijn hand voor omdraait. We weten allemaal hoe Israël op 8 juni 1967 probeerde de USS Liberty tot zinken te brengen, en hoe het Amerikaanse ministerie van Defensie vervolgens (zoals zo vaak) samenspande met de Israëliërs om de aanslag in de doofpot te stoppen. Opvarenden van de Liberty werden bedreigd om niet over het incident te spreken. De meeste Amerikanen hebben geen weet van het incident, dat met toestemming van de Amerikanen plaatsvond om later de Syriërs of de Egyptenaren de schuld te kunnen geven. De Amerikaans-Israëlische broederschap gaat veel verder dan de meeste burgers bereid zijn te onderkennen en het is daarom belangrijk om te proberen de manier van denken die bereid is tot het offeren van de eigen soldaten te doorgronden.

Waarom zouden we geloven dat de pleger van de 'aanslag' op Times Square, Faisal Shahzad dat deed in opdracht van de Pakistaanse Taliban – ook al denkt hij dat zelf? Hebben ze hem misschien hun lidkaarten getoond? Of waren deze Taliban misschien eerder van een Pakistaanse organisatie die gesteund werd door de CIA en Israël om Amerikanen te laten denken dat er een Pakistaanse Taliban bestaat die de VS willen aanvallen - allemaal om de Westerse misdaden te rechtvaardigen en de oorlog aan de praat te houden?

Faisal Shahzad simplistische constructie explodeerde niet en dat was ook nooit de bedoeling. Het was zelfs geen bom, slechts enkele jerrycans benzine, een paar gasflessen, wat vuurwerk en de verkeerde soort kunstmest. Volledig onschadelijk, maar zeer deugdelijk om de gemiddelde burger in de VS en Europa de stuipen op het lijf te jagen.

Je kunt geen wereldrijk opbouwen zonder collaborateurs in de bezette gebieden. Ze worden echter makkelijk gevonden, en Faisal Shahzad was er zo een. Net als Mahmoud Abbas, de Sjah van Perzië, Karzai in Afghanistan, Maliki in Irak, Tony Blair en Gordon Brown in Groot-Brittannië en Jan-Peter Balkenende en Maxim Verhagen in Nederland. Naast dergelijke kopstukken is uiteraard de medewerking van het grootste deel van het politieke establishment nodig om militaire bases in de bezette gebieden te kunnen vestigen - zie waar de bijna 800 militaire bases gevestigd zijn en je kent de vazalstaten van het Amerikaanse Rijk.

We krijgen een constante stroom tegenstrijdige berichten van de Amerikanen en onze eigen medeplichtige, onderworpen oorlogsmisdadigers te verwerken: ze gaan zich terugtrekken uit Irak en Afghanistan, maar tegelijkertijd zal het een lange oorlog worden. Het doel van deze onzin is om iedereen iets te geven dat ze kunnen geloven en tegelijkertijd iets om te negeren. Het is geavanceerde psychologie.

Maar goed, het zijn barre tijden en er is zeer dringend behoefte aan eerlijke, oprechte mensen die bereid zijn op te treden om Europa te redden. Europa redden betekent eerst en vooral een terugtrekking van alle Europese troepen uit Azië en niet langer betrokken zijn bij de Amerikaanse misdaden tegen de mensheid. Maar het is niet gemakkelijk. Enkele vazalstaten hebben al mogen ondervinden hoe lastig het is van de Amerikaanse bloedzuigers af te komen. Japan wil af van de Amerikaanse bases op Okinawa, maar de Amerikanen weigeren te vertrekken. Duitsland, Nederland en België willen de Amerikaanse kernwapen van hun grondgebied verwijderd zien. Maar de VS stellen dat dat een NAVO-kwestie is en de inmiddels bekende niet nader genoemde regeringsmedewerkers zeggen dat "individuele staten geen standpunt moeten innemen over unilaterale vraagstukken". Wat moet je dan?

Met de NATO First Act of the United States, zal het virtueel onmogelijk zijn om de Amerikaanse legerbases en de Amerikaanse kernwapens uit Europa te verwijderen, hoezeer Europese landen dat nu of in de toekomst ook zouden willen. Want hoewel de First Act zegt dat op verzoek van Europese landen bases gesloten kunnen worden en kernwapens verwijderd, blijkt in de realiteit dat de VS dat helemaal alleen beslissen. En dat is logisch. Zouden de Romeinen uit Gallië vertrokken zijn op verzoek van de lokale bevolking?

Nu denkt u misschien dat de huidige economische crisis en de situatie in het Midden-Oosten slecht zijn. Fout. Het is nog veel erger. Denk niet dat wat de VS en Israël uitspoken in het Midden-Oosten niet ook in Europa zou kunnen gebeuren. Denk niet dat er geen Europese vredesactivisten naar Guantanamo zullen verdwijnen wanneer het verzet tegen Amerikaanse bases en kernwapens in Europa groeit. Ons Europese politieke establishment collaboreert met de Amerikaanse bezetter en zal u zonder meer uitleveren wanneer Washington daarom vraagt. Uiteraard voelt het niet als een bezetting - zolang we meewerken. Met Amerika onder toenemende (zelf gecreëerde) economische en geopolitieke druk ziet de toekomst voor Europa er even somber uit als de toekomst van de andere gebieden die de VS hebben bezet.

Nu al zien we onze vrijheden ernstig aangetast als het gaat om gevoelige kwesties. Protest tegen oorlogen en kernwapens is ook in Europa nauwelijks nog mogelijk zonder te stuiten op bruut optreden van de overheden c.q. politie. Wie 'The End of America' van Naomi Wolf heeft gelezen weet dat de stap van willekeurig politiegeweld tijdens vreedzame demonstraties zoals we het nu zien, naar een stadion met 7.000 opgesloten tegenstanders van het regime (Pinochet, 1973) niet zo groot is. De bomaanslagen in Irak en Afghanistan zijn dus wellicht niet zo ver weg, en de vraag wie er werkelijk achter zit verdient wel degelijk uw aandacht.

lundi, 15 novembre 2010

Giorgio Freda: Nazi-maoïste ou révolutionnaire inclassable?

Archives - 2003

 

Giorgio Freda : Nazi-maoïste ou révolutionnaire inclassable?

 

Edouard Rix

 

 

Freda.jpg«Je hais ce livre. Je le hais de tout mon coeur. Il m’a donné la gloire, cette pauvre chose qu’on appelle la gloire, mais il est en même temps à l’origine de toutes mes misères. Pour ce livre, j’ai connu de longs mois de prison, (...) de persécutions policières aussi mesquines que cruelles. Pour ce livre, j’ai connu la trahison des amis, la mauvaise foi des ennemis, l’égoïsme et la méchanceté des hommes. C’est de ce livre qu’a pris naissance la stupide légende qui fait de moi un être cynique et cruel, cette espèce de Machiavel déguisé en cardinal de Retz que l’on aime voir en moi». Ces quelques lignes, écrites par Curzio Malaparte en introduction à son célèbre essai Technique du coup d’Etat, l’auteur de La désintégration du système, Giorgio Freda, aurait pu les faire siennes. Car, pour avoir rédigé cette modeste brochure qui, en une soixantaine de pages très denses, sape à la base le système bourgeois, ce jeune éditeur a subi des années de persécutions judiciaires et mediatiques.

LES EDIZIONI DI AR

Le 26 octobre 1963, le sénateur Umberto Terracini, membre influent de la communauté juive et du Parti communiste italien, dénonce publiquement auprès des ministres de l’Intérieur et de la Justice la diffusion, à Padoue, «d’un immonde opuscule portant le titre Gruppo di Ar qui, reprenant les plus ignobles thèses racistes du nazisme italien, qualifie ouvertement les auteurs éditeurs comme les partisans d’une idéologie antidémocratique», et demande «si des mesures et lesquelles ont été proposées et prises afin de cautériser la plaie fétide et purulente avant qu’elle n’étende la sphère de son action».

A l’origine du groupe ainsi publiquement stigmatisé, l’on trouve un jeune juriste platonicien et évolien, Giorgio Freda. Le terme d’Ar, choisi comme dénomination, se veut éminemment symbolique, puisqu’il s’agit, dans de nombreuses langues indo-européennes, de la racine sémantique connotant l’idée de noblesse, d’aristocratie.

Dès 1964, Freda doit affronter un procès pour avoir dénoncé dans une brochure la politique sioniste en Palestine. Ce n’est que le premier d’une longue série. La même année, les Edizioni di Ar, qu’il vient de fonder, publient leur premier livre, l’Essai sur l’inégalité des races d’Arthur de Gobineau. Suivront des écrits mineurs de Julius Evola, et les oeuvres de Corneliu Codreanu. Chaque titre est tiré à 2000 exemplaires.

Deux constantes dans l’engagement militant de Freda : la lutte contre le sionisme international, dont Israël, estime-t-il, n’est que la partie émergée, et le combat contre le Système libéral bourgeois, expression de l’impérialisme américain en Europe depuis 1945. Concernant l’antisionisme, Freda est l’éditeur qui, le premier en Italie, a soutenu les combattants palestiniens, alors même que la Droite, incarnée par le MSI, exaltait Israël, «rempart de l’Occident contre les Arabes asservis à Moscou». C’est lui qui organisera, en mars 1969, à Padoue, en liaison avec le groupe maoïste Potere Operairo, la première grande réunion en Italie de soutien à la résistance palestinienne, en présence de représentants du Fatah de Yasser Arafat. Le lobby sioniste ne lui pardonnera jamais. En outre, ne se contentant pas d’un simple soutien verbal, comme tant d’intellectuels distingués, il se procurera des minuteries en vus de les remettre à un représentant supposé du Fatah.

LA DÉSINTÉGRATION DU SYSTEME

Disintegrazionesistema.jpgMais Giorgio Freda est avant tout l’homme d’un texte. Et quel texte ! Il s’agit de La désintégration du système, qui voit le jour en 1969, en pleine contestation étudiante. L’Italie subit alors, non une explosion soudaine et aussi vite retombée comme en France, mais un «mai rampant». Convaincu de l’impérieuse nécessité d’une subversion radicale du monde bourgeois, Freda estime que tout doit être tenté, au moment où beaucoup de jeunes cherchent à donner un contenu véritablement révolutionnaire à la révolte étudiante, pour éviter que celle-ci ne soit récupérée par les tenants de l’orthodoxie marxiste ou du réformisme social-démocrate. C’est à ces jeunes que s’adresse La désintégration du système, qui loin d’être le programme personnel du seul Freda, synthétise des exigences communes à tout un milieu national-révolutionnaire, de Giovane Europa à Lotta di Popolo.

Le ton du texte est résolument offensif. Disciple d’Evola, Freda est le premier à ne pas se contenter de commenter doctement ses écrits, mais à passer de la théorie à la pratique, à tel point que l’on peut voir dans La désintégration du système la pratique politique de la théorie exposée dans Chevaucher le tigre, le dernier essai d’Evola. Avec cet ouvrage, le baron a donné le cadre intellectuel dans lequel s’inscrit l’action de Freda en affirmant qu’il ne saurait y avoir de compromis avec le système bourgeois. «Il y a une solution, écrit Evola, qu’il faut résolument écarter: celle qui consisterait à s’appuyer sur ce qui survit du monde bourgeois, à le défendre et à s’en servir de base pour lutter contre les courants de dissolution et de subversion les plus violents après avoir, éventuellement, essayé d’animer ou de raffermir ces restes à l’aide de quelques valeurs plus hautes, plus traditionnelles». Et le baron d’ajouter : «Il pourrait être bon de contribuer à faire tomber ce qui déjà vacille et appartient au monde d’hier, au lieu de chercher à l’étayer et à en prolonger artificiellement l’existence. C’est une tactique possible, de nature à empêcher que la crise finale ne soit l’oeuvre des forces contraires dont on aurait alors à subir l’initiative. Le risque de cette attitude est évident : on ne sait pas qui aura le dernier mot».

Dans La Désintégration, Freda n’est pas tendre avec les valeurs et les idoles de la société bourgeoise. Ordre pour l’ordre, sacro-sainte propriété privée, capitalisme, conformisme moral, anticommunisme viscéral et aveugle, pro-sionisme et philo-américanisme, mais aussi Dieu, prêtres, magistrats, banquiers, rien ni personne n’échappe à sa critique. A ce modèle marchand dominant, il propose une véritable alternative, réaffirmant la doctrine traditionnelle de l’Etat, opposée intégralement aux pseudo-valeurs bourgeoises, et élaborant un projet étatique cohérent, dont l’aspect le plus spectaculaire est l’organisation communiste de l’économie -un communisme spartiate et élitiste, qui doit plus à Platon qu’à Karl Marx -.

Homme d’action, Freda vomit les pseudo-intellectuels évolo-guénoniens enfermés dans leur tour d’ivoire. Il a des mots très durs pour certains évolomanes, «stériles apologètes du discours sur l’Etat», «adorateurs d’abstractions», «champions des témoignages conceptuels», qui ne sont, à ses yeux, que des chevaucheurs de tigres de papier. «Pour nous, écrit-il, être fidèle à notre vision du monde - et donc de l’Etat - signifie se conformer à elle, ne rien laisser de non entrepris pour la réaliser historiquement». Dans cette perspective, il manifeste clairement l’intention d’aller à la rencontre des secteurs objectivement engagés dans la négation du monde bourgeois, y compris l’ultra-gauche extra-parlementaire à laquelle il propose une stratégie loyale de lutte unitaire contre le Système. Il est alors en contact avec divers groupes maoïstes, comme Potere Operaio et le Parti communiste d’Italie-marxiste léniniste.

«Chez un soldat politique, la pureté justifie toute dureté, le désintérêt toute ruse, tandis que le caractère impersonnel imprimé à la lutte dissout toute préoccupation moraliste». C’est sur ces fortes paroles que se clôt le manifeste.

VICTIME DE LA DEMOCRATIE

Le 12 décembre 1969, une bombe explose dans la Banque nationale de l’agriculture, Piazza Fontana, à Milan, tuant 16 personnes et en blessant 87. La section italienne de l’Internationale situationniste d’ultra-gauche diffuse un manifeste intitulé Le Reichstag brûle, qui dénonce le régime comme le véritable organisateur du massacre. Les situationnistes ne cesseront de répéter que la bombe de Piazza Fontana n’était «ni anarchiste, ni fasciste».

Giorgio Freda, quant à lui, poursuit sa lutte intellectuelle contre le Système. En 1970, dans une préface à un texte d’Evola, il envisage favorablement la possibilité d’une guérilla urbaine en Italie. En avril 1971, les Edizioni di Ar publient officiellement, pour la première fois dans la péninsule depuis 1945, Les Protocoles des Sages de Sion. Le même mois, Freda est arrêté et accusé d’ «avoir diffusé des livres, des imprimés et des écrits contenant de la propagande ou instigation à la subversion violente». La machine répressive se met en branle. Pour la première fois depuis la fin du régime fasciste, un magistrat entend appliquer l’article 270 du Code Rocco. Peu après, les Edizioni di Ar publient L’ennemi de l’homme, un recueil de la poésie palestinienne de combat, provoquant la fureur des sionistes.

En juillet 1971, le juge d’instruction modifie les chefs d’accusation et reproche à Freda d’avoir fait «de la propagande pour la subversion violente de l’ordre politique, économique et social de l’Etat» par l’intermédiaire de La désintégration du système , «où il est fait allusion à la nécessité de la subversion, par des moyens violents, de l’Etat démocratique et bourgeois et de son remplacement par un organisme étatique défini et caractérisé comme Etat populaire».

Nullement impressionné par la répression, les Edizioni di Ar publient, en novembre 1971, la traduction italienne du Juif international d’Henry Ford.

Le 5 décembre 1971, Freda est de nouveau arrêté. Il n’est plus seulement poursuivi pour délit d’opinion, mais on l’accuse carrément d’avoir organisé le massacre de Piazza Fontana. Puisqu’on ne réussit pas à coincer les «anarcho-fascistes», on coincera les «nazi-maoïstes». Les accusations contre Freda reposent sur deux types d’indices: il aurait acheté des minuteries dont les débris furent retrouvés dans la banque, ainsi que les sacs de voyages dans lesquels furent déposées les bombes. Or, Freda avait bel et bien acheté des minuteries, remises à un capitaine des services secrets algériens qui les lui avait demandées pour les Palestiniens. L’hebdomadaire Candido, qui menera une enquête en RFA auprès du fabricant, recueillera les preuves que les minuteries vendues en Italie n’étaient pas 57 , comme le soutenait le juge - Freda en avait acheté 50 -, mais plusieurs centaines, et que les modèles achetés par l’éditeur différaient de ceux utilisés pour l’attentat. De plus, la commerçante de Bologne qui avait vendu quatre sacs de voyage semblables à ceux utilisés pour l’attentat ne reconnaîtra pas comme acheteur Freda, mais deux officiers de police... Bien entendu, le juge d’instruction ne tiendra aucun compte de ces preuves à décharge. Freda commence son tour des prisons italiennes Rien que pour 1972, Padoue, Milan et Trieste. Puis Rome, Bari, Brindisi, Catanzaro.

Traité de «maoïste» ou d’«agent de la Chine communiste» par la Droite, en particulier les néo-fascistes du MSI, de «raciste fanatique» ou d’«antisémite délirant» par la gauche légaliste et les milieux sionistes, rejeté peureusement par certains hommes d’ultra-gauche avec lesquels il avait collaboré activement, Giorgio Freda est alors affublé par la presse de l’étiquette, qui se veut infamante, de «nazi-maoïste». Seul point positif, grâce au battage mediatique, les 1500 exemplaires de La désintégration du système sont rapidement épuisés. Quelques années plus tard, Freda admettra que ce texte a été plus pris en considération par les ultras de gauche que par ceux de droite.

LE PROCES

En janvier 1975 s’ouvre, devant la Cour d’Assises de Catanzaro, le procès-fleuve de Piazza Fontana. Sont jugés l’anarchiste Pietro Valpreda et onze complices, le néo-fasciste Giorgio Freda et douze coinculpés. Arrivé au terme de la détention préventive, Freda est remis en liberté et assigné à résidence en août 1976. Ses convictions sont demeurées intacts. C’est ainsi qu’en 1977, alors qu’il risque une condamnation à perpétuité, il n’hésite pas, dans un entretien qu’il accorde à son camarade Claudio Mutti, à parler de la lutte armée comme de la meilleure forme d’opposition au Système en Italie !

Convaincu que les dés sont pipés et que sa condamnation ne fait aucun doute, Freda s’enfuit en octobre 1978. Il est capturé, pendant l’été 1979, au Costa-Rica, dont il n’est pas extradé, mais ramené de force par la police politique italienne.

La farce judiciaire se poursuit. En décembre 1984, s’ouvre à Bari le quatrième procès pour le massacre de Piazza Fontana. Après seize ans d’enquête, Freda est finalement acquitté de ce crime, son incarcération n’étant maintenue que pour délit d’opinion, «association subversive» selon le jargon juridique italien, qui lui vaut une condamnation à quinze ans de prison.

A sa libération, Freda fera encore parler de lui dans les media en lançant le Fronte nazionale, ce qui lui vaudra d’être une nouvelle fois arrêté et poursuivi, en juillet 1993. Décidément, bon sang ne saurait mentir !

Edouard Rix, Le Lansquenet, printemps 2003, n°17.