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jeudi, 26 avril 2012

Le gouvernement de Bagdad se rapproche de l’Iran

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Ferdinando CALDA:

Le gouvernement de Bagdad se rapproche de l’Iran

 

Le pouvoir exécutif irakien d’Al-Maliki s’éloigne de plus en plus des Pays du Golfe, notamment dans la question syrienne

 

Les derniers événements qui agitent le Proche Orient, surtout la question syrienne et le nucléaire iranien, mettent en lumière un fait nouveau: l’éloignement graduel entre l’Irak et les Pays arabes du Golfe, concomitant d’un rapprochement Irak/Iran. Cette tendance, observable, a pour conséquence visible la violence accrue marquant le conflit opposant Chiites et Sunnites (plus les Kurdes) à l’intérieur même de l’Irak et dans toute la région. Dans cette optique, il est bien naturel que le premier ministre irakien Nouri Al-Maliki (qui est Chiite) se rapproche de la République Islamique d’Iran, qui, elle aussi, est chiite et ennemie des Arabes sunnites du Golfe, surtout de l’Arabie Saoudite.

 

Pourtant, une alliance hypothétique entre Bagdad et Téhéran, dans une optique anti-saoudienne, apparaît à plus d’un observateur comme a-typique, surtout si l’on tient compte de l’histoire récente. Beaucoup de citoyens, dans les deux pays, se souviennent de la guerre sanguinaire qui a opposé l’Irak de Saddam Hussein (où les membres du parti Baath au pouvoir étaient généralement sunnites) à l’Iran islamiste-chiite dans les années 80 du 20ème siècle. Saddam Hussein, dans ce conflit, avait bénéficié de l’appui des Pays arabes-sunnites du Golfe. Dans le “nouvel” Irak, toutefois, les Chiites ont acquis un poids politique considérable, notamment suite à la “dé-baathisation” imposée par les Américains.

 

Depuis, la distance entre Bagdad et Téhéran s’est réduite. On l’a vu lors de la réunion de la Ligue Arabe qui s’est tenue fin mars 2012 à Bagdad. A cette occasion, Al-Maliki a répété qu’il n’était pas d’accord avec les formes d’ingérence dans les affaires intérieures de la Syrie, blâmant du même coup la décision des Pays du Golfe d’appuyer les milices armées hostiles à Al-Assad. Cette position d’Al-Maliki est partagée par les Iraniens.

 

Ce n’est pas un hasard non plus si ce sommet de Bagdad a été boycotté par de nombreux pays arabes. Des vingt-deux membres de l’organisation, seuls huit étaient présents à Bagdad: le Soudan, la Tunisie, la Palestine, les Comores, la Libye, le Liban et le Koweit. Le Qatar et l’Arabie Saoudite avaient envoyé des émissaires. Le premier ministre du Qatar, le Cheikh Hamad Bin Yassem Al Thani a justifié le profil bas adopté par son pays lors de ce sommet en le qualifiant de protestation contre la marginalisation des Sunnites d’Irak, perpétrée par le nouveau régime de Bagdad.

 

Un autre fait a contribué à augmenter la tension entre l’Irak et le Qatar: la visite, ces jours-ci, du vice-président sunnite Tarek Al-Hashemi à Doha, capitale qatarie. Al-Hashemi est recherché pour terrorisme par le gouvernement de Bagdad et s’est réfugié dans le Kurdistan irakien. Non seulement le gouvernement du Qatar a refusé catégoriquement de répondre à la requête des Irakiens d’extrader le vice-président fugitif mais ce dernier a cru bon, après sa visite à Doha, de prendre l’avion pour Riad, rendant Al-Maliki encore plus furieux. Le gouvernement de Bagdad est donc à couteaux tirés avec ses voisins arabes-sunnites du Golfe et tend de plus en plus à prendre l’Iran comme interlocuteur privilégié.

 

Ce glissement vers l’Iran est aussi prouvé par la disponibilité des Irakiens à accueillir les négociations entre la République islamique d’Iran et le groupe “5 + 1” (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne) qui doivent porter sur le nucléaire iranien. En devenant le médiateur de référence entre Téhéran et l’Occident dans une question aussi délicate, l’Irak pourrait accroître son influence dans la région, ce qui permettrait au gouvernement d’Al-Maliki de mieux gérer les “frondes” intérieures qui déchirent son pays: celles des Sunnites et des Kurdes.

 

Ferdinando CALDA.

( f.calda@rinascita.eu )

Article paru dans “Rinascita”, Rome, 5 avril 2012 – http://rinascita.eu/ .

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