Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 21 septembre 2025

L'Eglise, le chagrin, la pitié, et des tonnes de larmes

vitrail-sacre-coeur-2-coeurs-16-cm-1102322372.jpg

L'Eglise, le chagrin, la pitié, et des tonnes de larmes
 
Claude Bourrinet
 
Saint Jean Eudes - Le curé d'Ars - Sainte Thérèse de Lisieux... L'un des symptômes de la dégénérescence, de la décadence de l'Eglise catholique - et du christianisme en général - qui se constate par exemple parfaitement dès le XVIIIe siècle, par une baisse spectaculaire de la pratique, avant même la révolution française, ce couperet religieux, - et je ne parle pas de cause : un symptôme, c'est ce qui suit -, ce fut le basculement complet de la spiritualité dans l'affectivité, le sentimentalisme, voire l'empathie pathologique (Sainte Thérèse, déclarée sainte patronne des missions en 1927, avalait la morve des tuberculeux, par amour).
 

ddc191e34b4cc73ce23eebbea26440e7-1191399625.jpg

Le XVIIe siècle, celui de Saint Jean Eudes et de Saint Vincent de Paul, est ce moment où, par les prêches par exemple d'un Bossuet, le mysticisme quelque peu imprégné de platonisme, mais, il est vrai, lui aussi dérivant vers une sorte d'affectivité (l'affaire du quiétisme, avec Fénelon et Madame Guyon). Il faut lire l'Histoire littéraire du sentiment religieux en France depuis la fin des guerres de religion jusqu'à nos jours (11 vol.), de l'abbé Bremond, pour prendre connaissance d'un siècle de résistance à une Eglise qui se cantonnera bientôt à la charité et à la pastorale.
 

abbe-henri-bremond-1644557378.jpg

R260174255-3605740420.jpg

Car l'Eglise moderne, celle issue du XIXe siècle, au moment où l'Evangile devient un genre littéraire, ne sera plus obsédée, face à une perte croissante de pouvoir, que par la "mission", par la pastorale, (le curé d'Ars, du reste un fanatique intolérant, qui interdisait les danses dans les lieux où il avait du pouvoir); la focalisation actuelle de l'Eglise post-Vatican II sur le management et la com' appartient à cet ordre de choses : combien d'ecclésiastiques viennent des milieux des Ecoles de commerce ou de la pub ! Et c'est sans compter avec les élans du coeur, dont Lourdes est la (lourde) déclinaison, vulgaire et laide (lire Les Foules de Lourdes, de Huysmans : en parcourant cette description nauséeuse de ce phénomène spectaculaire, d'une société déséquilibrée mentalement par la dissolution moderniste, en voyant comme le sulpicianisme encadrait les hordes de pèlerins appâtés par des émotions fortes et des espoirs douteux, dans un décor inauthentique inepte et digne d'un Hollywood de supermarché, j'ai eu le sentiment d'une prémonition des thèses de Gustave Le Bon sur les masses, et du fascisme. Le phénomène totalitaire (au sens propre : la personne n'existe plus) commence dès ces mouvement de foules, dès le milieu du XIXe siècle. Huysmans, qui n'a connu ni la guerre de 14-18, ni le communisme ou les fascismes, a eu un regard de voyant. Lisez donc ce qu'il écrit là-dessus ! C'est sidérant.)
 

sketch-portrait-of-joris-karl-huysmans-002-2737561819.jpg

8e66416c-4146-48ae-a3f0-070f9dda53c1-702018762.jpg

Et je ne parle pas de l'Eglise actuelle, qui considère Jésus et le Bon Dieu, comme des potes, des coachs, et qui ne voit dans la religion qu'une variante de l'humanitarisme chouineur, si présent dans notre civilisation en fin de vie. La foi n'est plus évaluée que par le poids des larmes qu'on est capable de verser. Le curé de mon village a dit, lors d'un recueillement devant le Christ en croix, oeuvre réaliste et expressionniste sulpicienne, donc laide, qu'il n'y avait rien de plus beau, dans la vie, que de se sacrifier pour autrui (il n'a jamais rien lu de l'épopée des Kamikazes nippons, ni peut-être les Pensées de Pascal, qui se méfient des mouvements du coeur). C'est un adepte de la contemplation du Sacré-Cœur (que le XIXe siècle - toujours lui - a érigé comme sommet de la foi - qui était alors de tendance royaliste). Si bien que la religiosité catholique (et chrétienne) n'est plus qu'une vision humaine, trop humaine, comme dirait Nietzsche, et qui a donné du reste le ton à l'idéologie des droits de l'homme.
 
Je ne dis évidemment pas qu'il ne faut pas défendre les droits humains, ni les victimes de bourreaux scélérats.

15:40 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tradition, catholicisme, religion | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Écrire un commentaire