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mercredi, 18 décembre 2013

S’OPPOSER AU DOGME DU LIBRE-AFFAIRISME MONDIALISTE

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S’OPPOSER AU DOGME DU LIBRE-AFFAIRISME MONDIALISTE

OMC et accords de Bali : une ambiguïté voulue

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr

Le Bréslien Roberto AZEVEDO, directeur de l’Organisation Mondiale du Commerce a obtenu la signature d’un accord à Bali, à l’occasion duquel les intervenants ont affirmé qu’il engendrerait 1.000 milliards de dollars de richesse dont un peu plus de la moitié reviendrait aux pays en développement.
Depuis que Lyssenko sert de référence, toutes ces organisations de pouvoir mentent sans vergogne. Deux faits sont troublants: Jamais n’est soulevé le problème des taux de change entre pays, quand les conditions monétaires des échanges sont les plus importantes de tout. De même, il n’apparaît aucune curiosité sur le fond et la forme des frontières. Cette question est tout aussi essentielle : De quoi les frontières sont-elles faites ? 


Des criminels à la fête ?


Nous constatons trois types d’infamies. La première de toutes, en honneur depuis la rupture entre le dollar et l’or en 1973, s’appelle la surproduction monétaire, c'est-à-dire la production sans limites de dollars qui ne coûtent rien. A Bali, personne n’a osé se dresser contre ces méthodes. La seconde infamie est le collage politique de tout et n’importe quoi, appelé intégration politique. Appareiller tout et son contraire n’a aucune importance, lorsque l’objectif final est le contrôle du monde. Le troisième pilier est la volonté d’éliminer les marchés diversifiés et fonctionnant avec de nombreux acteurs, pour lui substituer des ententes qui permettent à cette finance de maintenir leur pouvoir. Tous ces points justifient le concept d’ambiguïté que l’on accole à l’accord de Bali. 

Amuser les gogos

Il est fort probable qu’il s’agit d’amuser les gogos, maintenant que la quantité d’argent engendrée dépasse de plus de dizaines de fois la richesse mondiale et que l’économie est entre les griffes de 40 institutions, toutes à dominante financière. Des Fonds monétaires peuvent acheter toute la production de quelque bien que ce soit, toute la richesse d’un pays, jusqu’à la totalité de ce que dégagent les 150 pays qui ont participé à l’accord de Bali, lequel est divisé en trois volets : le thème des subventions à l’agriculture, les aides aux pays peu avancés sous forme de privilèges accordés à leurs exportations, le franchissement des frontières, avec la critique de toute forme de surveillance bureaucratique. Or, sur tous ces points, la double morale des financiers n’est pas freinée. Les instruments utilisés pour isoler certaines activités sont à la fois efficaces et complexes. Aux droits de douane sophistiqués s’ajoutent des quotas, des normes techniques et des obstacles sanitaires, de sorte qu’une appréciation correcte, globale de la protection est en réalité impossible. Par exemple, dans le monde agricole sont pratiqués des droits dits spécifiques (100 dollars par tonne, par exemple), plutôt que des droits ad valorem (un pourcentage de la valeur du produit entrant), mais parfois les deux se pratiquent simultanément. Et les subventions diverses multiplient les difficultés de toute comparaison. On sait que sur le terrain des procédures administratives (tests de vérification et de conformité) et le caractère imprévisible de celles-ci, les USA font preuve d’une hypocrisie remarquable.


Un peu plus de multilatéralisme ?


Qui ne comprend la mascarade contemporaine? En matière de commerce, une économie de marchés implique un cadre institutionnel approprié, ce qui pourrait être le cas avec l’OMC si ce dernier mettait à l’abri des effets pervers du désordre mondial. Le multilatéralisme doit être préféré aux relations bilatérales où le plus fort terrorise et détruit le plus faible. Mais une société industrielle a besoin de protection contre le dumping et les intermédiaires crapuleux, et toute civilisation maintient une agriculture pour créer une harmonie sociale entre villes et campagnes et conserver une autosuffisance seule manière de garder son indépendance. 

La lumière s’éteint


L’OMC reste collée au dogme du libre affairisme qui détruit la vie et anéantit le peu de bien-être que certains pays avaient réussi à construire. Elle fait lever le ressentiment de tous ceux qui ne peuvent plus vivre dignement à cause des dogmatismes qui s’expriment en son sein. Les obsessions de cette haute finance mondialisée consistent à faire prévaloir le principe de la domination oligarchique sur tout et tous au détriment d’une coopération entre ensembles régionaux associés, groupant des zones de développement et de culture comparables, chacune développant des traits propres en se protégeant raisonnablement des autres. Dans le cadre actuel, la prodigieuse régression de l’humanité vers la barbarie se poursuivra à un rythme chaque jour plus rapide.

Milestones of Eurasism

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Milestones of Eurasism

By Alexander Dugin 

Ex: http://www.counter-currents.com

Eurasism is an ideological and social-political current born within the environment of the first wave of Russian emigration, united by the concept of Russian culture as a non-European phenomenon, presenting–among the varied world cultures–an original combination of western and eastern features; as a consequence, the Russian culture belongs to both East and West, and at the same time cannot be reduced either to the former or to the latter.

The founders of eurasism:

  • N. S. Trubetskoy (1890–1938)–philologist and linguist.
  • P. N. Savitsky (1895–1965)–geographer, economist.
  • G. V. Florovsky (1893–1979)–historian of culture, theologian and patriot.
  • G. V. Vernadsky (1877–1973)–historian and geopolitician.
  • N. N. Alekseev – jurist and politologist.
  • V. N. Ilin – historian of culture, literary scholar and theologian.

Eurasism’s main value consisted in ideas born out of the depth of the tradition of Russian history and statehood. Eurasism looked at the Russian culture not as to a simple component of the European civilization, as to an original civilization, summarizing the experience not only of the West as also–to the same extent–of the East. The Russian people, in this perspective, must not be placed neither among the European nor among the Asian peoples; it belongs to a fully original Eurasian ethnic community. Such originality of the Russian culture and statehood (showing at the same time European and Asian features) also defines the peculiar historical path of Russia, her national-state program, not coinciding with the Western-European tradition. 

Foundations

Civilization concept

The Roman-German civilization has worked out its own system of principles and values, and promoted it to the rank of universal system. This Roman-German system has been imposed on the other peoples and cultures by force and ruse. The Western spiritual and material colonization of the rest of mankind is a negative phenomenon. Each people and culture has its own intrinsic right to evolve according to its own logic. Russia is an original civilization. She is called not only to counter the West, fully safeguarding its own road, but also to stand at the vanguard of the other peoples and countries on Earth defending their own freedom as civilizations. 

Criticism of the Roman-German civilization

The Western civilization built its own system on the basis of the secularisation of Western Christianity (Catholicism and Protestantism), bringing to the fore such values like individualism, egoism, competition, technical progress, consumption, economic exploitation. The Roman-German civilization founds its right to globality not upon spiritual greatness, as upon rough material force. Even the spirituality and strength of the other peoples are evaluated only on the basis of its own image of the supremacy of rationalism and technical progress.

The space factor

There are no universal patterns of development. The plurality of landscapes on Earth produces a plurality of cultures, each one having its own cycles, internal criteria and logics. Geographical space has a huge (sometimes decisive) influence on peoples’ culture and national history. Every people, as long as it develops within some given geographical environment, elaborates its own national, ethical, juridical, linguistic, ritual, economic and political forms. The “place” where any people or state “development” happens predetermines to a great extent the path and sense of this “development”–up to the point when the two elements became one. It is impossible to separate history from spatial conditions, and the analysis of civilizations must proceed not only along the temporal axis (“before,” “after,” “development” or “non-development,” and so on) as also along the spatial axis (“east,” “west,” “steppe,” “mountains,” and so on). No single state or region has the right to pretend to be the standard for all the rest. Every people has its own pattern of development, its own “times,” its own “rationality,” and deserves to be understood and evaluated according to its own internal criteria.

The climate of Europe, the small extension of its spaces, the influence of its landscapes generated the peculiarity of the European civilization, where the influences of the wood (northern Europe) and of the coast (Mediterraneum) prevail. Different landscapes generated different kinds of civilizations: the boundless steppes generated the nomad empires (from the Scythians to the Turks), the loess lands the Chinese one, the mountain islands the Japanese one, the union of steppe and woods the Russian-Eurasian one. The mark of landscape lives in the whole history of each one of these civilizations, and cannot be either separated form them or suppressed.

State and nation

The first Russian slavophiles in the 19th century (Khomyakov, Aksakov, Kirevsky) insisted upon the uniqueness and originality of the Russian (Slav, Orthodox) civilization. This must be defended, preserved and strengthened against the West, on the one hand, and against liberal modernism (which also proceeds from the West), on the other. The slavophiles proclaimed the value of tradition, the greatness of the ancient times, the love for the Russian past, and warned against the inevitable dangers of progress and about the extraneousness of Russia to many aspects of the Western pattern.

From this school the eurasists inherited the positions of the latest slavophiles and further developed their theses in the sense of a positive evaluation of the Eastern influences.

The Muscovite Empire represents the highest development of the Russian statehood. The national idea achieves a new status; after Moscow’s refusal to recognize the Florentine Unia (arrest and proscription of the metropolitan Isidore) and the rapid decay, the Tsargrad Rus’ inherits the flag of the Orthodox empire. 

Political platform

Wealth and prosperity, a strong state and an efficient economy, a powerful army and the development of production must be the instruments for the achievement of high ideals. The sense of the state and of the nation can be conferred only through the existence of a “leading idea.” That political regime, which supposes the establishment of a “leading idea” as a supreme value, was called by the eurasists as “ideocracy”–from the Greek “idea” and “kratos,” power. Russia is always thought of as the Sacred Rus’, as a power [derzhava] fulfilling its own peculiar historical mission. The eurasist world-view must also be the national idea of the forthcoming Russia, its “leading idea.”

The eurasist choice

Russia-Eurasia, being the expression of a steppe and woods empire of continental dimensions, requires her own pattern of leadership. This means, first of all, the ethics of collective responsibility, disinterest, reciprocal help, ascetism, will and tenaciousness. Only such qualities can allow keeping under control the wide and scarcely populated lands of the steppe-woodland Eurasian zone. The ruling class of Eurasia was formed on the basis of collectivism, asceticism, warlike virtue and rigid hierarchy.

Western democracy was formed in the particular conditions of ancient Athens and through the centuries-old history of insular England. Such democracy mirrors the peculiar features of the “local European development.” Such democracy does not represent a universal standard. Imitating the rules of the European “liberal-democracy” is senseless, impossible and dangerous for Russia-Eurasia. The participation of the Russian people to the political rule must be defined by a different term: “demotia,” from the Greek “demos,” people. Such participation does not reject hierarchy and must not be formalized into party-parliamentary structures. “Demotia” supposes a system of land council, district governments or national governments (in the case of peoples of small dimensions). It is developed on the basis of social self-government, of the “peasant” world. An example of “demotia” is the elective nature of church hierarchies on behalf of the parishioners in the Muscovite Rus’. 

The work of L. N. Gumilev as a development of the eurasist thinking

Lev Nikolaevic Gumilev (1912–1992), son of the Russian poet N. Gumilev and of the poetess A. Akhmatova, was an ethnographer, historian and philosopher. He was profoundly influenced by the book of the Kalmuck eurasist E. Khara-Vadan “Gengis-Khan as an army leader” and by the works of Savitsky. In its own works Gumilev developed the fundamental eurasist theses. Towards the end of his life he used to call himself “the last of the eurasists.” 

Basic elements of Gumilev’s theory

  • The theory of passionarity [passionarnost’] as a development of the eurasist idealism;
  • The essence of which, in his own view, lays in the fact that every ethnos, as a natural formation, is subject to the influence of some “energetic drives,” born out of the cosmos and causing the “passionarity effect,” that is an extreme activity and intensity of life. In such conditions the ethnos undergoes a “genetic mutation,” which leads to the birth of the “passionaries”–individuals of a special temper and talent. And those become the creators of new ethnoi, cultures, and states;
  • Drawing the scientific attention upon the proto-history of the “nomad empires” of the East and the discovery of the colossal ethnic and cultural heritage of the autochthone ancient Asian peoples, which was wholly passed to the great culture of the ancient epoch, but afterwards fell into oblivion (Huns, Turks, Mongols, and so on);
  • The development of a turkophile attitude in the theory of “ethnic complementarity.”

0_9b9e1_f9f45d79_L.jpgAn ethnos is in general any set of individuals, any “collective”: people, population, nation, tribe, family clan, based on a common historical destiny. “Our Great-Russian ancestors–wrote Gumilev–in the 15th, 16th and 17th centuries easily and rather quickly mixed with the Volga, Don and Obi Tatars and with the Buriates, who assimilated the Russian culture. The same Great-Russian easily mixed with the Yakuts, absorbing their identity and gradually coming into friendly contact with Kazakhs and Kalmucks. Through marriage links they pacifically coexisted with the Mongols in Central Asia, as the Mongols themselves and the Turks between the 14th and 16th centuries were fused with the Russians in Central Russia.” Therefore the history of the Muscovite Rus’ cannot be understood without the framework of the ethnic contacts between Russians and Tatars and the history of the Eurasian continent.

The advent of neo-eurasism: historical and social context

The crisis of the Soviet paradigm

In the mid-1980s the Soviet society began to lose its connection and ability to adequately reflect upon the external environment and itself. The Soviet models of self-understanding were showing their cracks. The society had lost its sense of orientation. Everybody felt the need for change, yet this was but a confused feeling, as no-one could tell the way the change would come from. In that time a rather unconvincing divide began to form: “forces of progress” and “forces of reaction,” “reformers” and “conservators of the past,” “partisans of reforms” and “enemies of reforms.” 

Infatuation for the western models

In that situation the term “reform” became in itself a synonym of “liberal-democracy.” A hasty conclusion was inferred, from the objective fact of the crisis of the Soviet system, about the superiority of the western model and the necessity to copy it. At the theoretical level this was all but self-evident, since the “ideological map” offers a sharply more diversified system of choices than the primitive dualism: socialism vs. capitalism, Warsaw Pact vs. NATO. Yet it was just that primitive logic that prevailed: the “partisans of reform” became the unconditional apologists of the West, whose structure and logic they were ready to assimilate, while the “enemies of reform” proved to be the inertial preservers of the late Soviet system, whose structure and logic they grasped less and less. In such condition of lack of balance, the reformers/pro-westerners had on their side a potential of energy, novelty, expectations of change, creative drive, perspectives, while the “reactionaries” had nothing left but inertness, immobilism, the appeal to the customary and already-known. In just this psychological and aesthetic garb, liberal-democratic policy prevailed in the Russia of the 1990s, although nobody had been allowed to make a clear and conscious choice.

The collapse of the state unity

The result of “reforms” was the collapse of the Soviet state unity and the beginning of the fall of Russia as the heir of the USSR. The destruction of the Soviet system and “rationality” was not accompanied by the creation of a new system and a new rationality in conformity to national and historical conditions. There gradually prevailed a peculiar attitude toward Russia and her national history: the past, present and future of Russia began to be seen from the point of view of the West, to be evaluated as something stranger, transcending, alien (“this country” was the “reformers’” typical expression). That was not the Russian view of the West, as the Western view of Russia. No wonder that in such condition the adoption of the western schemes even in the “reformers’” theory was invoked not in order to create and strengthen the structure of the national state unity, but in order to destroy its remains. The destruction of the state was not a casual outcome of the “reforms”; as a matter of fact, it was among their strategic aims.

The birth of an anti-western (anti-liberal) opposition in the post-Soviet environment

In the course of the “reforms” and their “deepening,” the inadequacy of the simple reaction began to be clear to everyone. In that period (1989–90) began the formation of a “national-patriotic opposition,” in which there was the confluence of part of the “Soviet conservatives” (ready to a minimal level of reflection), groups of “reformers” disappointed with “reforms” or “having become conscious of their anti-state direction,” and groups of representatives of the patriotic movements, which had already formed during the perestroika and tried to shape the sentiment of “state power” [derzhava] in a non-communist (orthodox-monarchic, nationalist, etc.) context. With a severe delay, and despite the complete absence of external strategic, intellectual and material support, the conceptual model of post-Soviet patriotism began to vaguely take shape.

Neo-eurasism

Neo-eurasism arose in this framework as an ideological and political phenomenon, gradually turning into one of the main directions of the post-Soviet Russian patriotic self-consciousness. 

Stages of development of the neo-eurasist ideology

1st stage (1985–90)

  • Dugin’s seminars and lectures to various groups of the new-born conservative-patriotic movement. Criticism of the Soviet paradigm as lacking the spiritual and national qualitative element.
  • In 1989 first publications on the review Sovetskaya literatura [Soviet Literature]. Dugin’s books are issued in Italy (Continente Russia [Continent Russia], 1989) and in Spain (Rusia Misterio de Eurasia [Russia, Mystery of Eurasia], 1990).
  • In 1990 issue of René Guénon’s Crisis of the Modern World with comments by Dugin, and of Dugin’s Puti Absoljuta [The Paths of the Absolute], with the exposition of the foundations of the traditionalist philosophy.

In these years eurasism shows “right-wing conservative” features, close to historical traditionalism, with orthodox-monarchic, “ethnic-pochevennik” [i.e., linked to the ideas of soil and land] elements, sharply critical of “Left-wing” ideologies.

2nd stage (1991–93)

  • Begins the revision of anti-communism, typical of the first stage of neo-eurasism. Revaluation of the Soviet period in the spirit of “national-bolshevism” and “Left-wing eurasism.”
  • Journey to Moscow of the main representatives of the “New Right” (Alain de Benoist, Robert Steuckers, Carlo Terracciano, Marco Battarra, Claudio Mutti and others).
  • Eurasism becomes popular among the patriotic opposition and the intellectuals. On the basis of terminological affinity, A. Sakharov already speaks about Eurasia, though only in a strictly geographic–instead of political and geopolitical–sense (and without ever making use of eurasism in itself, like he was before a convinced atlantist); a group of “democrats” tries to start a project of “democratic eurasism” (G. Popov, S. Stankevic, L. Ponomarev).
  • O. Lobov, O. Soskovets, S. Baburin also speak about their own eurasism.
  • In 1992–93 is issued the first number of Elements: Eurasist Review. Lectures on geopolitics and the foundations of eurasism in high schools and universities. Many translations, articles, seminars.

3rd stage (1994–98): theoretical development of the neo-eurasist orthodoxy

  • Issue of Dugin’s main works Misterii Evrazii [Mysteries of Eurasia] (1996), Konspirologija [Conspirology] (1994), Osnovy Geopolitiki [Foundations of geopolitics] (1996), Konservativnaja revoljutsija [The conservative revolution] (1994), Tampliery proletariata [Knight Templars of the Proletariat] (1997). Works of Trubetskoy, Vernadsky, Alekseev and Savitsky are issued by “Agraf” editions (1995–98).
  • Creation of the “Arctogaia” web-site (1996) – www.arctogaia.com [2].
  • Direct and indirect references to eurasism appear in the programs of the KPFR (Communist Party], LDPR [Liberal-Democratic Party], NDR [New Democratic Russia] (that is left, right, and centre). Growing number of publications on eurasist themes. Issue of many eurasist digests.
  • Criticism of eurasism from Russian nationalists, religious fundamentalists and orthodox communists, and also from the liberals.
  • Manifestations of an academic “weak” version of eurasism (Prof. A. S. Panarin, V. Ya. Paschenko, F.Girenok and others) – with elements of the illuminist paradigm, denied by the eurasist orthodoxy – then evolving towards more radically anti-western, anti-liberal and anti-gobalist positions.
  • Inauguration of a university dedicated to L. Gumilev in Astan [Kazakhstan].

4th stage (1998–2001)

  • Gradual de-identification of neo-eurasism vis-à-vis the collateral political-cultural and party manifestations; turning to the autonomous direction (“Arctogaia,” “New University,” “Irruption” [Vtorzhenie]) outside the opposition and the extreme Left and Right-wing movements.
  • Apology of staroobrjadchestvo [Old Rite].
  • Shift to centrist political positions, supporting Primakov as the new premier. Dugin becomes the adviser to the Duma speaker G. N. Seleznev.
  • Issue of the eurasist booklet Nash put’ [Our Path] (1998).
  • Issue of Evraziikoe Vtorzhenie [Eurasist Irruption] as a supplement to Zavtra. Growing distance from the opposition and shift closer to the government’s positions.
  • Theoretical researches, elaborations, issue of “The Russian Thing” [Russkaja vesch’] (2001), publications in Nezavisimaja Gazeta, Moskovskij Novosti, radio broadcasts about “Finis Mundi” on Radio 101, radio broadcasts on geopolitical subjects and neo-eurasism on Radio “Svobodnaja Rossija” (1998–2000).

5th stage (2001–2002)

  • Foundation of the Pan-Russian Political Social Movement EURASIA on “radical centre” positions; declaration of full support to the President of the Russian Federation V. V. Putin (April 21, 2001).
  • The leader of the Centre of Spiritual Management of the Russian Muslims, sheik-ul-islam Talgat Tadjuddin, adheres to EURASIA.
  • Issue of the periodical Evraziizkoe obozrenie [Eurasist Review].
  • Appearance of Jewish neo-eurasism (A. Eskin, A. Shmulevic, V. Bukarsky).
  • Creation of the web-site of the Movement EURASIA: www.eurasia.com.ru [3]
  • Conference on “Islamic Threat or Threat to Islam?.” Intervention by H. A. Noukhaev, Chechen theorist of “Islamic eurasism” (“Vedeno or Washington?,” Moscow, 2001].
  • Issue of books by E. Khara-Davan and Ya. Bromberg (2002).
  • Process of transformation of the Movement EURASIA into a party (2002).

Basic philosophical positions of neo-eurasism

pour-une-theorie-du-monde-multipolaire.jpgAt the theoretical level neo-eurasism consists of the revival of the classic principles of the movement in a qualitatively new historical phase, and of the transformation of such principles into the foundations of an ideological and political program and a world-view. The heritage of the classic eurasists was accepted as the fundamental world-view for the ideal (political) struggle in the post-Soviet period, as the spiritual-political platform of “total patriotism.”

The neo-eurasists took over the basic positions of classical eurasism, chose them as a platform, as starting points, as the main theoretical bases and foundations for the future development and practical use. In the theoretical field, neo-eurasists consciously developed the main principles of classical eurasism taking into account the wide philosophical, cultural and political framework of the ideas of the 20th century.

Each one of the main positions of the classical eurasists (see the chapter on the “Foundations of classical eurasism”) revived its own conceptual development.

Civilization concept

Criticism of the western bourgeois society from “Left-wing” (social) positions was superimposed to the criticism of the same society from “Right-wing” (civilizational) positions. The eurasist idea about “rejecting the West” is reinforced by the rich weaponry of the “criticism of the West” by the same representatives of the West who disagree with the logic of its development (at least in the last centuries). The eurasist came only gradually, since the end of the 1980s to the mid-1990s, to this idea of the fusion of the most different (and often politically contradictory) concepts denying the “normative” character of the Western civilization.

The “criticism of the Roman-German civilization” was thoroughly stressed, being based on the prioritary analysis of the Anglo-Saxon world, of the US. According to the spirit of the German Conservative Revolution and of the European “New Right,” the “Western world” was differentiated into an Atlantic component (the US and England) and into a continental European component (properly speaking, a Roman-German component). Continental Europe is seen here as a neutral phenomenon, liable to be integrated–on some given conditions–in the eurasist project.

The spatial factor

Neo-eurasism is moved by the idea of the complete revision of the history of philosophy according to spatial positions. Here we find its trait-d’union in the most varied models of the cyclical vision of history, from Danilevsky to Spengler, from Toynbee to Gumilev.

Such a principle finds its most pregnant expression in traditionalist philosophy, which denies the ideas of evolution and progress and founds this denial upon detailed metaphysical calculations. Hence the traditional theory of “cosmic cycles,” of the “multiple states of Being,” of “sacred geography,” and so on. The basic principles of the theory of cycles are illustrated in detail by the works of Guénon (and his followers G. Georgel, T. Burckhardt, M. Eliade, H. Corbin). A full rehabilitation has been given to the concept of “traditional society,” either knowing no history at all, or realizing it according to the rites and myths of the “eternal return.” The history of Russia is seen not simply as one of the many local developments, but as the vanguard of the spatial system (East) opposed to the “temporal” one (West). 

State and nation

Dialectics of national history

It is led up to its final, “dogmatical” formulation, including the historiosophic paradigm of “national-bolshevism” (N. Ustryalov) and its interpretation (M. Agursky). The pattern is as follows:

  • The Kiev period as the announcement of the forthcoming national mission (IX-XIII centuries);
  • Mongolian-Tatar invasion as a scud against the levelling European trends, the geopolitical and administrative push of the Horde is handed over to the Russians, division of the Russians between western and eastern Russians, differentiation among cultural kinds, formation of the Great-Russians on the basis of the “eastern Russians” under the Horde’s control (13th–15th centuries);
  • The Muscovite Empire as the climax of the national-religious mission of Rus’ (Third Rome) (15th–end of the 17th century);
  • Roman-German yoke (Romanov), collapse of national unity, separation between a pro-western elite and the national mass (end of the 17th-beginning of the 20th century);
  • Soviet period, revenge of the national mass, period of the “Soviet messianism,” re-establishment of the basic parameters of the main muscovite line (20th century);
  • Phase of troubles, that must end with a new eurasist push (beginning of the 21st century).

Political platform

Neo-eurasism owns the methodology of Vilfrido Pareto’s school, moves within the logic of the rehabilitation of “organic hierarchy,” gathers some Nietzschean motives, develops the doctrine of the “ontology of power,” of the Christian Orthodox concept of power as “kat’echon.” The idea of “elite” completes the constructions of the European traditionalists, authors of researches about the system of castes in the ancient society and of their ontology and sociology (R. Guénon, J. Evola, G. Dumézil, L. Dumont). Gumilev’s theory of “passionarity” lies at the roots of the concept of “new eurasist elite.”

The thesis of “demotia” is the continuation of the political theories of the “organic democracy” from J.-J. Rousseau to C. Schmitt, J. Freund, A. de Benoist and A. Mueller van der Bruck. Definition of the eurasist concept of “democracy” (“demotia”) as the “participation of the people to its own destiny.”

The thesis of “ideocracy” gives a foundation to the call to the ideas of “conservative revolution” and “third way,” in the light of the experience of Soviet, Israeli and Islamic ideocracies, analyses the reason of their historical failure. The critical reflection upon the qualitative content of the 20th century ideocracy brings to the consequent criticism of the Soviet period (supremacy of quantitative concepts and secular theories, disproportionate weight of the classist conception).

The following elements contribute to the development of the ideas of the classical eurasists:

The philosophy of traditionalism (Guénon, Evola, Burckhardt, Corbin), the idea of the radical decay of the “modern world,” profound teaching of the Tradition. The global concept of “modern world” (negative category) as the antithesis of the “world of Tradition” (positive category) gives the criticism of the Western civilization a basic metaphysic character, defining the eschatological, critical, fatal content of the fundamental (intellectual, technological, political and economic) processes having their origin in the West. The intuitions of the Russian conservatives, from the slavophiles to the classical eurasists, are completed by a fundamental theoretical base. (see A. Dugin, Absoljutnaja Rodina [The Absolute Homeland], Moscow 1999; Konets Sveta [The End of the World], Moscow 1997; Julius Evola et le conservatisme russe, Rome 1997).

The investigation on the origins of sacredness (M. Eliade, C. G. Jung, C. Levi-Strauss), the representations of the archaic consciousness as the paradigmatic complex manifestation laying at the roots of culture. The reduction of the many-sided human thinking, of culture, to ancient psychic layers, where fragments of archaic initiatic rites, myths, originary sacral complexes are concentrated. Interpretation of the content of rational culture through the system of the ancient, pre-rational beliefs (A. Dugin, “The evolution of the paradigmatic foundations of science” [Evoljutsija paradigmal’nyh osnovanij nauki], Moscow 2002).

The search for the symbolic paradigms of the space-time matrix, which lays at the roots of rites, languages and symbols (H. Wirth, paleo-epigraphic investigations). This attempt to give a foundation to the linguistic (Svityc-Illic), epigraphic (runology), mythological, folkloric, ritual and different monuments allows to rebuild an original map of the “sacred concept of the world” common to all the ancient Eurasian peoples, the existence of common roots (see A. Dugin Giperborejskaja Teorija [Hyperborean Theory], Moscow 1993.

A reassessment of the development of geopolitical ideas in the West (Mackinder, Haushofer, Lohhausen, Spykman, Brzeszinski, Thiriart and others). Since Mackinder’s epoch, geopolitical science has sharply evolved. The role of geopolitical constants in 20th century history appeared so clear as to make geopolitics an autonomous discipline. Within the geopolitical framework, the concept itself of “eurasism” and “Eurasia” acquired a new, wider meaning.

From some time onwards, eurasism, in a geopolitical sense, began to indicate the continental configuration of a strategic (existing or potential) bloc, created around Russia or its enlarged base, and as an antagonist (either actively or passively) to the strategic initiatives of the opposed geopolitical pole–“Atlantism,” at the head of which at the mid-20th century the US came to replace England.

The philosophy and the political idea of the Russian classics of eurasism in this situation have been considered as the most consequent and powerful expression (fulfilment) of eurasism in its strategic and geopolitical meaning. Thanks to the development of geopolitical investigations (A. Dugin, Osnovye geopolitiki [Foundations of geopolitics], Moscow 1997) neo-eurasism becomes a methodologically evolved phenomenon. Especially remarkable is the meaning of the Land – Sea pair (according to Carl Schmitt), the projection of this pair upon a plurality of phenomena – from the history of religions to economics.

The search for a global alternative to globalism, as an ultra-modern phenomenon, summarizing everything that is evaluated by eurasism (and neo-eurasism) as negative. Eurasism in a wider meaning becomes the conceptual platform of anti-globalism, or of the alternative globalism. “Eurasism” gathers all contemporary trends denying globalism any objective (let alone positive) content; it offers the anti-globalist intuition a new character of doctrinal generalization.

The assimilation of the social criticism of the “New Left” into a “conservative right-wing interpretation” (reflection upon the heritage of M. Foucault, G. Deleuze, A. Artaud, G. Debord). Assimilation of the critical thinking of the opponents of the bourgeois western system from the positions of anarchism, neo-marxism and so on. This conceptual pole represents a new stage of development of the “Left-wing” (national-bolshevik) tendencies existing also among the first eurasists (Suvchinskij, Karsavin, Efron), and also a method for the mutual understanding with the “left” wing of anti-globalism.

“Third way” economics, “autarchy of the great spaces.” Application of heterodox economic models to the post-Soviet Russian reality. Application of F. List’s theory of the “custom unions.” Actualization of the theories of S. Gesell. F. Schumpeter, F. Leroux, new eurasist reading of Keynes.

Source: Ab Aeterno, no. 3, June 2010.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2013/12/milestones-of-eurasism/

lundi, 16 décembre 2013

Défendre les fêtes et les traditions européennes...

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Défendre les fêtes et les traditions européennes...

 

Voici le discours prononcé par Hughes Bouchu, responsable de la Ligue Francilienne, à Paris le 8 décembre :

Chers Amis,

Nietzsche disait de la fête qu’elle était « Le paganisme par excellence ». C’est dire si la préservation des fêtes traditionnelles de notre civilisation héléno-chrétienne est consubstantielle de notre identité. Aujourd’hui, une religion ostentatoire, totalitaire et conquérante, entend étouffer nos valeurs sous les sables d’un désert prêt à nous submerger.

Mes chers Amis, soyez en sûr, le combat de demain, sera gagné au nom de nos valeurs, de notre héritage civilisationnel, « par des veilleurs, disait Dominique Venner, postés aux frontières du royaume et du temps » et je rajouterai, des veilleurs arc boutés au Parthénon et à Notre Dame de Paris !

Lorsqu’on s’attaque en vérité à nos fêtes, ce n’est pas parce qu’elles sont chrétiennes, mais parce qu’elles sont de notre terre Europe, parce qu’elles remontent à notre histoire la plus lointaine, parce qu’elles sont nées du génie et de la volonté de nos ancêtres.

A Lutèce, qui est devenue Paris, notre sol sacré est irrigué du sang de nos pères. Là, Camulogène, le chef gaulois, a résisté aux soldats de César. Ici l’empereur fut applaudi par ses soldats et proclamé « impérator ». Les étudiants de toutes l’Europe médiévale venaient aux universités de Paris recevoir les enseignements des maîtres.

Ne nous y trompons pas. Lorsque certains réclament que nos fêtes soient mises sur le même plan que d’autres fêtes religieuses, ce n’est pas à une plus grande tolérance qu’on nous appelle, mais à renoncer à ce que nous sommes, à déshonorer notre patrie, à céder chez nous à la tyrannie de l’Autre, avec un grand A.

« Le triomphe des démagogues », disait Charles Péguy, « est passager, mais les ruines sont éternelles ». Alors qu’à Athènes, nous devrions construire une mosquée, à Istanbul on ne restitue pas Saint Sophie aux chrétiens.

La Turquie arrogante d’Erdogan veut nous imposer sa loi et nous devrions acclamer l’adhésion à l’Union Européenne de ce pays non-européen qui balance l’oeuvre de Kémal Atatürk aux orties, et qui prône un islamisme de Rabat à Ankara !

C’est aujourd’hui, une fois de plus, que nous devons montrer que nous ne renoncerons pas à ce que nous sommes. Et si cela déplait, et bien tant mieux ! Nous n’exigeons pas des autres qu’ils se plient à notre culture et à nos traditions. Ils ont le droit, tout comme nous, de défendre leurs coutumes, mais si l’Europe ne leur plait pas, telle qu’elle est, nous ne la changerons pas pour leurs faire une place qu’ils n’ambitionnent que par la trahison depuis plusieurs décennies de nos dirigeants corrompus. Comme savait nous le dire Georges Bernanos : « les démocraties ne peuvent plus se passer d’être hypocrites ! »

Oui, ils ont le droit de défendre leurs valeurs, leur culture, leurs fêtes et leurs rites, comme nous en avons le droit, mais chez eux, sur la terre de leurs ancêtres.

C’est pourquoi, en manifestant en ce jour, nous signifions clairement à tous ceux qui veulent nous néantiser, notre liberté de nous opposer à ce que l’on veut injustement nous imposer. Nous resterons maîtres chez nous, fidèles à la foi civilisationnelle de nos aïeux, respectueux du sens divin des fêtes et des rites, des sacrifices et des offrandes. Car, avant d’être chrétien ou d’être agnostique, avant d’être nationaliste, patriote ou d’être européiste, ce qui compte c’est d’être français et européen, d’être gaulois et romain, d’être un homme ou d’être une femme.

C’est notre identité dans sa complexité qui nous réunit pour combattre ceux qui nous nient.

Il y a quelques jours, défilaient ceux qui, au nom d’un anti-racisme fantasmé, veulent nous interdire de dire ce que nous pensons d’une greffe de peuplement qu’on nous impose et que nous rejetons. Ils veulent nous interdire de dénoncer l’usurpation d’une religion étrangère sur notre sol, sous prétexte que « des gens » pourraient être heurtés par l’affirmation identitaire des natifs, des indigènes, sur leur propre terre. Par contre, « eux » auraient le droit de s’affirmer en tant que tel ou que sais-je encore, mais pas nous.

Nous devrions payer le prix d’une substitution de population que nous n’avons pas souhaitée, d’un esclavage qui n’a enrichi qu’une extrême minorité de fumistes et de glandeurs, les mêmes qui s’enrichiront ensuite sur le dos des travailleurs français et européens dans les bureaux, dans les mines et dans les usines.

Eh bien, non ! Nous refuserons toute capitulation qui ne serait qu’une attitude par laquelle on se met à expliquer au lieu d’agir.

Chers camarades, en cette période d’avant Noël qui est la fête la plus enracinée de notre civilisation, je vous en conjure : défendons bec et ongles nos traditions, toutes nos traditions… Traditions gauloises, traditions celtiques, traditions médiévales, traditions antiques et traditions chrétiennes…

Et pour paraphraser Péguy, je dirais : « Notre droit ne fait pas la paix, il fait la guerre ! ».

 

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Allemagne-USA : le grand schisme

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Allemagne-USA : le grand schisme

Ex: http://www.dedefensa.org

Edward Snowden a peut-être réussi ce qui semblait impensable dans l’organisation actuelle du monde et précisément du bloc BAO depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il s’agit des relations entre l’Allemagne et les USA, qu’on jugeait, toujours dans “l’organisation actuelle du monde et précisément du bloc BAO”, figées dans une soumission complète de l’Allemagne vis-à-vis de ses vainqueurs de 1945. La crise ouverte entre l’Allemagne et les USA depuis la révélation de l’écoute spécifique des communications d’Angela Merkel par la NSA, et la révélation des activités de la NSA dans le même sens antiallemand qui a accompagné l’événement, semblent établir un nouveau climat et une nouvelle situation, durables, extrêmement résilients, de la part des Allemands vis-à-vis des USA. Une interview d’un parlementaire allemand important, Hans-Peter Uhl, porte-parole du parti CDU/CSU pour les affaires intérieures et membre de la commission de contrôle et de la commission des affaires internes du Bundestag, nous paraît significative de ce climat et de cette situation qu’on peut commencer à considérer comme structurels entre l’Allemagne et les USA. (Bien entendu, cette signification, pour se justifier, doit être vue à la lumière de tout ce qui a déjà été dit et annoncé du côté allemand à l'encontre des USA depuis les révélations Snowden.)

Uhl est interviewé à l’issue d’une visite de travail à Washington qui relève certainement d’une politique générale de la direction allemande, concernant la crise de la NSA et ses répercussions sur les relations des USA avec l’Allemagne. Voici quelques extraits de ce texte, une interview de Gero Schliess, de DW (Deutsche Welle), le 10 décembre 2013. On notera la netteté et la dureté des propos, jusqu’à cette expression de “digital occupier” pour désigner la “présence” US en Allemagne, via la NSA, dans cette phrase si péremptoire : «We cannot tolerate America ruling Germany as a digital occupying power.»

Deutsche Welle: «You've had discussions with Congress and the Obama administration in Washington. The primary topic was the NSA and the surveillance scandal. What was your message to the American officials with whom you spoke?»

Hans-Peter Uhl: «The message is relatively simple. On the one hand, we have to fight terrorism alongside American agencies. We've been successfully doing so for years and that must continue. On the other hand, and this is something people in the US still have to learn, data protection is an issue - not just for citizens, but also for businesses and for the state as a whole. We cannot tolerate America ruling Germany as a digital occupying power.»

Deutsche Welle: «Do you have the impression that Chancellor Angela Merkel's statements, in which she clearly expressed her frustration weeks ago, have reached the members of Congress and the government here?»

Hans-Peter Uhl: «It would surprise me if they've reached them. There's a different type of concern here. Foreigners' data is not seen as being of any particular importance. The question is: How damaging are the actions of American intelligence services to the US economy? The European and, in particular, German market is of great significance to the US. Recently, major IT providers in the US, from Google to Microsoft and Yahoo, banded together and issued an urgent appeal, warning the US administration, “Cut it out! You're damaging our interests and American economic interests.” That message is getting through.»

Deutsche Welle: «Is that also your message to Germans: Avoid Yahoo and Google and use domestic providers?»

Hans-Peter Uhl: «It goes without saying that American companies whom we know to be delivering data to the NSA will not receive any state contracts that involve confidential communication. It's no longer possible to grant such contracts to the subsidiaries of American companies.»

Deutsche Welle: «You seem to be also referencing a contract given to Cisco to develop a secure, internal communications system for the German military. One might say you could compare that with just handing over a copy of the relevant security data to the NSA. Now Cisco has it in its hands…»

Hans-Peter Uhl: «…but not for long. The contract expires next year. And then we'll consider what steps to take next. Things can't continue like they have been.» [...]

Deutsche Welle: «You appear to be privy to much more as a member of the parliamentary Committee on Internal Affairs as well as the parliament's Control Committee. Do you consider yourself as having an overview of the extent of the NSA's surveillance activities and acquisitiveness in Germany?»

Hans-Peter Uhl: «No one can know that yet. We will know it with greater certainty in a few months. What's certain is that many pieces of information are going to come to light that will be uncomfortable for the US.»

Deutsche Welle: «Do you expect that future agreements with the NSA and the American government will really be reliable? Or should the conclusion not be, instead, that Germany needs to very quickly and effectively build up its own security systems?»

Hans-Peter Uhl: «Once trust has been lost, it's hard to get it back. There's a German proverb: “Lie once, and no one believes you. Even if you speak the truth.” The US is now in that position. I think that Germany should win back its sovereignty in the area of IT. Germany can do that. It's very much in the position to do so technologically. And we will do that.»

Rien de tout cela n’est dit selon un engagement partisan, par exemple par estime pour Edward Snowden. Manifestement Uhl n’a pas de sympathie particulière pour Snowden. Dans l’interview, il expédie son cas en une réponse assez sèche et même assez méprisante, signifiant que les Allemands n’ont nul besoin de voir ni d’entendre Snowden pour savoir de quoi il retourne, et même que Snowden lui-même ne réalise pas précisément la signification gravissime de ce dont il dispose. («Incidentally, he also misinterpreted the data that he took with him. So Mr. Snowden doesn't know all that much that he can share with us. We don't want to bring him to Germany.») C’est le signe qu’on a affaire, avec Uhl, à un politicien allemand qui ne dissimule pas son arrogance, celle qu’on retrouve chez certains dirigeants allemands en raison du succès économique de leur pays, et cela à l’intérieur du bloc BAO ; ce ne sont pas des paroles de dissident ou d’antiSystème, mais bien d’un homme du Système, ce qui rend d’autant plus significative la brutalité de ses propos vis-à-vis, ou plutôt à l’encontre des USA. Les affirmations de Uhl, dans la citation ci-dessus, relaient certainement des estimations des services de renseignement allemands avec lesquels Uhl est en contact du fait de ses positions au Bundestag, substantivant ses affirmations selon lesquelles on est très loin d’en avoir fini avec les révélations sur la NSA en Allemagne, et qu’il faut s’attendre à des développements importants qui seront encore plus dommageables pour les USA. («What's certain is that many pieces of information are going to come to light that will be uncomfortable for the US.»). D’une façon générale, Uhl estime que la partie US est loin d’avoir compris l’ampleur des effets causés par la crise Snowden/NSA dans les pays alliés, et donc sans doute loin d’envisager des mesures qui pourraient amoindrir ces effets. («But they don't see the monstrosity of conducting surveillance on an entire government's actions and listening in on the chancellor's cell phone.»)

Mises à part diverses affirmations précises selon lesquelles l’Allemagne va prendre, ou est d'ores et déjà en train de prendre des mesures très concrètes et sévères pour se protéger contre la NSA dans divers domaines, pour protéger son économie, pour restreindre l’accès des grandes sociétés civiles US du domaine, etc., il y a un ton général de désenchantement et de vive rancune contre les USA, qui est extrêmement marquant. Il y a le constat, dit explicitement par ailleurs dans l’interview, d’une certaine naïveté allemande vis-à-vis des USA («The thought was always: “They're our allies. They wouldn't do something like that.”»), qui laisse place désormais à une défiance systématique, qui deviendrait structurelle («Once trust has been lost, it's hard to get it back»). Ce que Uhl semble annoncer, c’est bien un changement substantiel, dans le chef des Allemands, des relations entre l’Allemagne et les USA, avec cette affirmation étonnante de la part d’un officiel allemand vis-à-vis des USA, de la nécessité pour l’Allemagne de “regagner sa souveraineté” face aux USA : c’est un problème posé, dans les relations germano-américaines, depuis 1945, et qui n’avait jamais été soulevé par un officiel de cette façon, et cette affirmation qu’il faut le résoudre à l’avantage de l’Allemagne et que ce sera fait («And we will do that») est aussi sans précédent.

Si l’on tient compte du temps qui s’est écoulé depuis que le cas Merkel a éclaté (22 octobre), l’on peut admettre que, selon l’expression consacrée, “les passions se sont apaisées”. Par conséquent, Uhl ne parle pas dans un climat polémique, mais bien selon une appréciation rationnelle et mesurée, qui ressort d’une politique désormais avérée de la direction allemande. Compte tenu de ces éléments, on peut avancer que jamais, depuis 1945, des voix officielles allemandes ne se sont exprimées avec autant de dureté à l’encontre des USA, – et Uhl est pourtant du parti qui est réputé comme le plus atlantiste et le plus pro-US, dans un ensemble politique où l’on fait en général assaut de surenchère atlantiste. Ce qui est également remarquable dans ces propos, c’est l’expression de réelle surprise choquée qu’on y trouve, comme si le monde politique allemand croit (avait cru) réellement à la loyauté et à l’équilibre des relations entre les USA et l’Allemagne ; l’on ne serait d’ailleurs pas si loin d’y croire, tant le domaine de la fascination des USA est vaste et fécond, notamment chez leurs alliés européens ... La rancune est donc à mesure et devrait effectivement susciter une réaction durable et profonde, qui va profondément modifier les rapports entre l’Allemagne et les USA. On sent d’ailleurs dans les propos de Uhl que c’est certainement un domaine où va s’exercer la nouvelle conscience allemande d’occuper une position de puissance, notamment à cause de ses supposées performances face à la crise et de sa stature d’incontestable leader européen facilitée par l’effacement grotesque de la France.

C’est justement avec la mention de ce dernier point que surgit une autre question. Il est évident que la réaction allemande vis-à-vis de la crise Snowden/NSA est extrêmement forte, au moins aussi forte que celle du Brésil ; elle est de ce point de vue complètement différente de la réaction française (quasiment inexistante, la France estimant sans doute que ses engagements guerriers l’exonèrent de toute nécessité de dignité face aux USA) et de la non-réaction britannique évidente et sans surprise (les Britanniques sont aussi coupables que les USA, avec leur GCHQ, supplétif de la NSA). On peut alors admettre que cette crise Snowden/NSA va creuser à termes assez rapprochés des différences très grandes entre les trois grands pays européens, et surtout avec le Royaume-Uni, qui dépasseront la seule polémique conjoncturelle, avec des différences d’appréciation politique par rapport aux USA, des différences de législation, des différences de conceptions de la souveraineté, voire des différences de structures techniques qui vont rendre la coopération notamment militaire et de renseignement, beaucoup plus difficile, – et, enfin, jusqu’à un antagonisme direct entre une Allemagne qui se juge hégémonique en Europe et un Royaume-Uni qui ne peut rien imaginer de supérieur au Royaume-Uni. Il s’agit d’un cas certainement très remarquable dans sa structuration, c’est-à-dire avec un passage d’une situation conjoncturelle polémique à une situation structurelle politique, des effets fratricides dévastateurs que suscite la crise Snowden/NSA, et cela au cœur du bloc BAO, impliquant ses principaux acteurs (Allemagne, USA, UK, Europe). Transcrit dans un langage-Système, on dira que c’est une sorte de structuration d’un effet antiSystème, qui entraîne comme conséquence une dynamique de déstructuration à l’intérieur du bloc BAO selon la technique, dans le chef de la cause initiale de l’acte de Snowden, de l’inversion vertueuse du “faire aikido (voir le 2 juillet 2013). De ce point de vue, la condescendance de Uhl vis-à-vis de Snowden n’est absolument plus justifiée, car l’effet antiSystème est remarquablement efficace ; peut-être que, techniquement, Snowden n’est pas aussi doué qu’il pourrait sembler l’être, mais politiquement et métahistoriquement c’est un véritable maître, – qu’il l’ait voulu ou non.

Costanzo Preve: un philosophe critique nous a quitté

Costanzo Preve: un philosophe critique nous a quitté

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
 
coppreve.jpgLe grand philosophe italien, Costanzo Preve nous a quitté fin novembre. Né à Valence en 1943, il est décédé ce 23 novembre à Turin. C'était sans doute, pour nous,le dernier marxiste vivant, le dernier en tout cas qui mérite fortement cette appellation de par sa rigueur d'analyse et son absence de compromissions, l'exact opposé des marxistes français comme Alain Badiou ou Etienne Balibar totalement asservis aux idéologies du capital et incapables d'avoir saisi en temps réel la manipulation du ''grand remplacement'', l'aliénation de l'immigration et des sans papiers comme armée de réserve du capital, bataillons de la bourgeoisie française, fossoyeurs de l'identité européenne.
 
Heureusement, d'Italie, Costanzo Preve nous réconciliait avec les communistes, les Lukacs et les Gramsci de la grande époque. Costanzo Preve avait été un grand professeur, enseignant d'histoire et de philosophie de 1967 à 2002, toujours proche des jeunes, jusqu'à sa retraite. Il ne fut jamais universitaire. Il avait été membre du Parti Communiste italien de 1973 à 1975 et en 1978, il avait participé à la création du Centre d'Etudes du Matérialisme historique à Pistoia. Costanzo Preve est un auteur prolifique et, depuis quelques années, je ne manquai aucune de ses publications. Je me souviens même avoir travaillé tout un été, en plein Océan indien, sur une traduction de notre auteur. Le style était impeccable. C'est un style qui s'est perdu parce qu'il suppose le matérialisme historique, la dialectique quasi dans les veines ou dans les gènes, c'est le style radical du grand Pasolini des Ecrits Corsaires mais chez Preve, c'était un style beaucoup plus conceptuel, beaucoup moins poétique et lyrique, beaucoup plus cérébral.
 
Il écrivait dans de très nombreuses revues et contrairement aux pseudo-marxistes français sectaires, il avait toujours la noblesse de citer ses sources, fussent-elles à contre-courant. La chute du Mur de Berlin ne le désarma pas, bien au contraire car il était un révolutionnaire critique, n'hésitant pas à dénoncer la conjonction criminelle dans l'histoire contemporaine du sionisme et de l'américanisme. Costanzo Preve était un penseur transversal, transcourant très italien car dans l'hexagone, la transversalité est quasi criminelle. 

A la fin de sa vie, ces dernières années alors qu'il semblait très fatigué et malade, Costanzo Preve, toujours au bureau à écrire ou à lire,  dialoguait avec Alain de Benoist ou Alexandre Douguine, le théoricien de la quatrième théorie et de l'eurasisme. Pour donner, ici-même, un aperçu de Costanzo Preve, j'offre au lecteur de Metamag cette petite traduction d'un entretien de Preve sur Carl Schmitt. Preve y déclare : “La raison pour laquelle j'acceptai pour l'essentiel la dichotomie schmittienne [ami-ennemi] réside dans le fait que celle-ci décrit avec une admirable précision la situation historico-politique qui s'est créée au vingtième siècle et surtout qu'elle permet de nommer l'empire idéocratique américain comme étant l'ennemi principal. En effet, ce dernier est l'ennemi principal non pas parce qu'il demeure le seul empire  capitaliste qui reste (la Russie, la Chine, l'Inde, etc. sont aussi cent pour cent capitalistes), mais parce que son existence brute coordonne, aussi bien sur le plan militaire mais surtout dans le domaine culturel, la reproduction totale d'un capitalisme globalisé mondial, imposant ses règles financières. C'est pour cela qu'il est l'ennemi principal, et non pas parce que ses rivaux seraient par principe “humainement” meilleurs. (…) De plus, Schmitt a été l'unique penseur du vingtième siècle qui a mis en relief de manière claire et paradigmatique le fait que l'immorale légitimation particulière de la puissance maritime américaine s'est édifiée à travers la référence à une prétendue “humanité”. (…) Aujourd'hui, le paradoxe dialectique est celui-ci: l'ennemi principal est présentement celui qui se présente comme le principal ami de l'humanité, celui qui prétend soumettre à “la manière universaliste” sa  structure économique, politique et sociale particulière, et le fait au nom d'un mandat religieux, d'une divinité auto-attribuée, d'un authentique Antéchrist, fruit d'une fusion monstrueuse entre le fondamentalisme judéo vétérotestamentaire et le puritanisme calviniste des “élus”.''

2867909646.jpgEn fait, peu connaissent en dehors du cercle étroit des schmittiens, la profondeur du travail intellectuel de Costanzo Preve, l'importance de son analyse critique. Le philosophe italien n'était pas un sorbonnard ou un agrégatif mais un résistant au pied de la lettre et au chevet de la lutte, un vrai camarade, un authentique compagnon, un dissident. La formation intellectuelle est la condition de toute action. Il ne saurait y avoir de résistance culturelle sans dialectique. Dans une telle formation, le marxisme est aussi une priorité méthodologique. Comme il faut lire Dominique Venner, il faut faire lire Costanzo Preve à tout candidat de l'esprit critique. Bien sûr, la pensée unique universitaire attaquera les idées d'un Costanzo Preve mais c'est parce que de telles idées peuvent la faire descendre de son piédestal et la vaincre de par sa méthode et sa rigueur scientifique. Les idées dissidentes sont larges et il y a en fait une infinité de penseurs oubliés, de syndicalistes inconnus, d'économistes à relire (nous pensons par exemple au protestant Charles Gide). 

En rendant ici même hommage à Costanzo Preve, nous souhaitons dire simplement aux plus jeunes qu'il faut par principe tout lire et dédier tous ses efforts à la diffusion des pages critiques des hommes et des femmes ouverts, libres d'opiner contre leurs propres partis, libres de désirer mourir pour des idées, libres en définitive de mourir en transmettant à leurs enfants les enseignements et les principes de tolérance intellectuelle qui furent toujours la valeur même de l'esprit européen. Malgré la dictature de la pensée unique, Costanzo Preve n'abandonna jamais et ne se tut jamais car on ne peut taire la vérité quand bien même demain, on nous préviendrait subrepticement que nous serons menottés.

N.B: De Costanzo Preve, nous recommandons en français son Histoire critique du marxisme chez Armand Colin, coll. ''U'' et L'éloge du communautarisme: Aristote-Hegel-Marx, Krisis, Paris 2012. Le dernier ouvrage publié en français est La quatrième guerre mondiale, Astrée, Paris 2013.