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samedi, 14 mars 2009

Réflexions de Tomislav Sunic sur l'effondrement du bloc soviétique

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1995

 

Réflexions de Tomislav Sunic sur l'effondrement du bloc soviétique

L'effondrement du bloc soviétique a bouleversé les habitudes. l'Europe occidentale est désormais con­frontée à des concepts qu'elle avait prudemment refoulés pendant les quarante ans de guerre froide. Dans un ouvrage collectif récemment paru en A, 14 intellectuels de huit pays dialoguent et exposent ces fondements et ces nouveautés qui s'agencent, s'entremêlent, s'entrecroisent dans une quantité de syn­thèses nouvelles, déjà à l'œuvre ou encore en jachère. Dans cet ouvrage, nous avons remarqué les ré­ponses du politologue croate Tomislav Sunic, marquées de scepticisme et de déception, non pas par nos­talgie du monde communiste, mais par le fait qu'aucune innovation pertinente ne s'installe impérialement sur les débris du rêve marxiste (source: Gyula KURUCZ, Hrsg., Nationalismus - Identität - Europäertum, edition q, Berlin, 223 S., 1994, ISBN 3-86124-207-9). L'ouvrage se compose de sept textes de base: Tomislav SUNIC («Verfall und Glanz des Nationalismus»), Csaba G. KISS («Nationalismus und Kommunismus in Mitteleuropa»), Gyula KURUCZ («Ertragen oder mitragen? Die Chancen der ost-mitteleuropäischen Intellektuelle»), Sona SOMOLANYI («Nationale Eigenstaatlichkeit — eine historische Notwendigkeit? Der Fall Slowakei»), Rolf SCHNEIDER («Zur Lage der Ostdeutschen»), Richard WAGNER («Rumänische Geschichte») & Dimiter PAUNOW («Zünden wir eine Kerze an»). A la suite de chacun de ces exposés, cinq débats animés et courtois ont opposé les participants (1. Sur le nationalisme et la vision de l'histoire; 2. Sur le nationalisme et le post-communisme comme facteurs de déstabilisation; 3. Nationalisme d'en haut ou nationalisme d'en bas?; 4. Sur la distinction nationa­lisme/patriotisme; 5. Sur l'identité nationale, les troubles qui affectent les identités et l'Européité). C'est dans ses interventions au cours de ces débats que Sunic a été particulièrement succinct et pertinent. Ainsi:

 

p. 117: «Dans une perspective croate, le grand danger réside dans la paralysie de la communauté inter­nationale face à la guerre dans les Balkans. La Communauté Européenne, l'ONU, etc. sont sans doute de bons modèles  —je dis cela sur le ton de l'ironie—  de bons paradigmes pour mes étudiants. mais à quoi servent-ils ces modèles, ces paradigmes? Pendant trois ans, ces modèles n'ont eu aucun effet, c'est là une vérité officielle. Mais au-delà de cette vérité officielle, sur base de ma propre expérience personnelle, je crois que le danger ne réside pas dans le nationalisme ou dans une éventuelle balkanisation de l'Europe. Je crois que le plus grand danger réside  —comment pourrais-je m'exprimer clairement?—  dans le mimétisme qui affecte l'Europe de l'Est, c'est-à-dire dans une imitation servile de la démocratie occi­dentale. Et à cette imitation servile, s'ajoutent l'hédonisme, le matérialisme et le consumérisme. Personnellement, je trouve que l'oubli de l'histoire chez les Européens du Centre et de l'Est est très dan­gereux. Cet oubli de l'histoire va de paire avec l'américanisation, du moins métaphoriquement. Peut-être, paradoxalement, le communisme avait-il un avantage. Nous pouvions, quand j'étais jeune, véritablement déchiffrer les communistes, nous pouvions déchiffrer les bonzes, les cas pathologiques du communisme, morphologiquement, quasi anthropologiquement. Mais comment déchiffre-t-on aujourd'hui l'ennemi, l'hédonisme et le consumérisme? Pour moi, c'est vraiment très, très difficile. En France, on parle beau­coup d'hyperréalisme et il y a là-bas quelques sociologues et historiens qui nous parlent du syndrome “Alice au Pays des Merveilles” en Europe de l'Est, du “totalitarisme Mickey-Mouse”, etc. Je crois qu'il faut s'attaquer aussi à ce totalitarisme doux, à ce totalitarisme doux et métapolitique, qui est très vivace en Europe orientale aujourd'hui. Presque tous les Européens, de manière grotesque, disent: “Nous sommes des démocrates, nous sommes des pluralistes”. Mais la façon de le dire, le style de cette rhétorique est finalement grotesque. Je crois que nous devrions aussi abattre et briser ces mythologies modernes, et non pas seulement le communisme ou le fascisme. Nous devrions en un certain sens briser et fracasser les mythologies de la modernisation. Du moins, devrions-nous essayer. Je crois qu'elles nous apportent encore davantage de malheurs que le totalitarisme brutal et frontal, que nous avons tous vécu en Europe communiste. Le nouveau totalitarisme doux imite les démocraties de l'Ouest. Il sonne un peu faux, il est un peu grotesque, de qualité inférieure. Mais tous, en Europe de l'Est, du moins en Croatie, croient: “Oh, quel bonheur, je peux maintenant émigrer à Santa Barbara en Californie!”. Tous veulent l'Amérique, ce que je trouve pire que le communisme, dans une certaine mesure, parce que cette volonté indique un manque de véritable identité. Imiter purement et simplement, je le répète, peut avoir des conséquences terribles pour les Européens du centre et de l'est du continent».

 

p. 146: «Le terme “nationalisme” a encore beoins de recevoir une bonne définition. Il a de toutes autres connotations en Allemagne, en France, etc. Le nationalisme des “grands peuples” recèle toujours quelque danger. Le nationalisme des “petits peuples”, comme celui des Palestiniens, des Croates, des Slovaques ou des Catalans, n'apporte aucun danger dans une constellation de type libéral. Nous devrions aussi opé­rer une distinction entre le nationalisme lié à une structure étatiqueet le nationalisme lié à une donnée ob­jective telle que le peuple. Les Allemands, les Polonais, les Croates sont plus ou moins des “nouveaux venus”. Leurs Etats ont tout au plus entre 100 et 200 ans. Chez les Français et les Anglais, les choses sont fort différentes. C'est d'abord l'Etat qui est né, ensuite l'identité nationale s'est forgée petit à petit. En Allemagne, par exemple, en Croatie ou en Pologne, les choses se sont passées en ordre inversé. Il y avait une forte conscience historique, une “populité” puissante, mais, pendant longtemps, il n'y a pas eu d'Etat».

 

p. 156: «A mon avis, la conscience historique est le meilleur rempart contre le nationalisme radical. La conscience historique a été complètement détruite par le communisme. Et aujourd'hui, tous les Européens de l'Est se cherchent une toute nouvelle identité. Malheureusement, il s'agit d'une identité consumériste, ce qui n'est pas bon. Ce dont les populations, les peuples, d'Europe centrale et orientale ont besoin, c'est d'identité historique. Deuxième point, que j'aimerais soulevé, c'est celui de l'identité arti­ficielle qui repose sur l'Etat. La Yougoslavie et l'Union Soviétique était des Etats artificiels et coercitifs: pour nous, il est important désormais de nous défendre contre ces structures étatiques artificielles, que nous les combattions».

 

p. 178: «La culture de masse, je la trouve bien pire que le nationalisme et le régionalisme. Un peuple sans histoire, sans identité, n'est plus un peuple. Je crois, sur le plan métaphorique, que l'américanisation de la vie est bien pire que le nationalisme classique. En Europe orientale, aujourd'hui, on imite l'américanité, même chez ceux qui ne parlent pas un seul mot d'américain. C'est là un syndrome d'unidimensionalité, le syndrome du show de Santa-Barbara. C'est le danger que je redoute le plus pour l'avenir».

 

p. 190: «Par identité, j'entends tout d'abord mon histoire nationale. Elle est presque comme une carte d'identité métaphorique. Sans ce document, on cherche des produits de remplacement faux, comme par exemple la dictature de la “belle vie”, l'hédonisme, etc. Je me définis toujours, et je définis donc mon iden­tité, comme étant celle d'un homme concret et non pas d'un homme abstrait. Moi aussi, j'ai mon héritage. Et je dois le respecter. Et en même temps je suis un cosmopolite et j'essaie d'apprendre et de connaître d'autres mythes et d'autres langages. Nous sommes donc en présence de problèmes fort complexes».

 

p. 200: «A notre époque d'atomisation, le terme “identité” signifie tout et rien. Aux Etats-Unis et aussi en Europe occidentale, nous observons aujourd'hui l'émergence d'un nouveau type d'identité, par exemple, au sein des “nouvelles tribus”, chez les “chaotiques”. En Amérique, par exemple, il y a aujourd'hui des “pédérastes conservateurs” et des “pédérastes de gauche”. Ces deux groupes possèdent leur identité propre. Mais il s'agit d'une identité fonctionnelle et non pas d'une identité organique: raison pour laquelle nous devons toujours préciser, bien signifier de quoi nous voulons parler. Que signifie l'identité en France aujourd'hui, et que signifie-t-elle dans un pays encore plus ou moins traditionnel comme la Croatie, où on s'identifie encore à une identité populaire?».

 

p. 203: «Notre identité positive, je la comprend en premier lieu comme un retour à nos racines historiques. Pendant longtemps, j'ai dû m'identifier comme “yougoslave”, ce qui était dépourvu totalement de sens. Aujourd'hui, je peux enfin m'identifier comme Croate. Mais je dois d'abord m'identifier comme Européen. Car l'Europe est toujours un continent fait de pluralité, de différences. En comparaison avec l'unification mortelle de la vie que l'on observe aux Etats-Unis, l'Europe, la “Nation Europe” possède encore ce foison­nement de différences. Et ces différences entre les peuples et les régions signifie énergie, permet con­versations et communications».

jeudi, 21 août 2008

Eerbetoon aan Castro...

Eerbetoon aan Castro...

mercredi, 06 août 2008

Bernd Rabehl: 70 ans !

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Bärbel RICHTER:

Hommage à Bernd Rabehl pour ses 70 ans !

Les conformistes de gauche disent de lui qu’il est un rénégat mais une seule chose le rebutait essentiellement: la partialité et le sectarisme dans lesquels se complaisaient volontairement tant de militants au siècle des idéologies. Bernd Rabehl s’est toujours frayé un chemin entre les contradictions du monde politique, entre les blocs idéologiques, soutenu en cette errance par un esprit de joueur inné. Ce goût de l’errance et du jeu lui est venu carrément dès le berceau. En 1944, en pleine guerre, sa mère demande le divorce. Son père, adjudant d’état-major dans les services médicaux de l’armée et féru de jeux de hasard, s’installe à l’Ouest après la guerre. Son ex-femme et ses enfants restent à l’Est, à Rathenow dans le Brandebourg. Cette décision du père marquera durablement l’itinéraire politique de Bernd Rabehl. Mais les impressions les plus marquantes de son enfance sont évidemment les bombardements nocturnes, les hurlements de sirènes et les signaux de la BBC, car sa mère écoutait en secret les “émetteurs ennemis”.

Le goût et le talent pour le théâtre de la politique, il les a acquis fort tôt, encouragé par ses professeurs. En 1948 déjà, quand beaucoup d’autres jeunes allemands de la zone soviétique refusaient de s’y engager, il adhère à la FDJ (le mouvement de jeunesse du régime). Il devient membre d’un groupe théâtral d’agitprop communiste et s’y taille une réputation de bon acteur. En  1949, il est présent lors de la cérémonie du 8 mai au cimetière militaire soviétique de Rathenow: le garçonnet de 11 ans est debout face aux formations d’honneur de l’armée rouge et des délégations du parti et des “comités d’entreprise”, ainsi que des “masses populaires” présentes bon gré mal gré. Il récite des poèmes d’Erich Weinert ou de Johannes R. Becher. Il chante dans le choeur “Karl-Marx”. C’est là qu’il apprendra l’hymne légendaire de la révolution bourgeoise, “Die Gedanken sind frei” (“Les idées sont libres”). Ce chant est resté depuis lors son chant favori.

En 1952, quand tous avaient finalement adhéré à la FDJ et renoncé à la confirmation chrétienne au profit de la “Jugendweihe” (“L’initiation de la jeunesse”), lui, las de tant de conformisme, par défi, opte pour la confirmation. Le prêtre luthérien explique au jeune confirmé que le Christ avait été un “combattant de la liberté”. Son choix n’eut aucune conséquence: personne ne lui en tint rigueur.

Le 17 juin 1953, lors du soulèvement des ouvriers berlinois contre le régime pro-soviétique, il apprend, sur les barricades, à connaître des communistes et des socialistes oppositionnels. Un camarade de classe disparaît pour dix ans dans un pénitencier car il avait été impliqué dans l’assassinat d’un espion de la STASI, connu de tous dans la ville. Rabehl, lui, arrache le portrait de Staline qui ornait sa classe. Après que le soulèvement populaire eut été écrasé, le socialisme du régime n’eut plus d’attrait pour lui. Plus tard, il suivit à la radio, captivé, les récits de l’insurrection hongroise et des grèves générales polonaises de 1956.

Enfant d’ouvrier  —sa mère travaille dans une équipe de nettoyage—  il peut achever ses études secondaires à l’ “Oberschule”. Pour sa composition de maturité (“Abitur”), il est libre de choisir le thème; il décide de parler de “la mort” et écrit une variation sur Walter Ulbricht et la mort de la RDA. Conséquence: le secrétaire du parti convoque l’ensemble des élèves de dernière année dans le grand auditorium de l’école. Il exige que Rabehl fasse son auto-critique. Mais au lieu de se rétracter, il dénie une fois de plus tout avenir à la RDA. Silence de mort dans la salle. La sanction est toutefois modérée: on ne lui donne pas son diplôme de fin de secondaire; il doit redoubler sa classe puis “faire ses preuves dans la production”. C’est là qu’il rencontre les anciens meneurs de la grève générale du 17 juin 1953. On lui interdit alors de s’inscrire en histoire et il ne reçoit l’autorisation de n’étudier que l’agronomie à la “Humboldt-Universität” de Berlin-Est. Quatre semaines après, il franchit la ligne de démarcation et s’installe à Berlin-Ouest.

L’édification du Mur de Berlin, en 1961, hérisse ce jeune homme qui, lui, avait encore eu le temps de franchir la ligne sans devoir essuyer de coups de feu. De nombreux jeunes, dont Rudi Dutschke, qu’il ne connaissait pas encore à l’époque, marchent vers le Mur pour protester. Lorsqu’ils tentent, avec un piolet, de jeter bas le Mur, la police militaire américaine intervient et disperse les jeunes manifestants.

Pendant l’automne de l’année 1961, Rabehl entame des études de sociologie, de philosophie et d’histoire d’Europe orientale à la “Freie Universität” de Berlin. Parmi ses professeurs, il y avait bon nombre de communistes dissidents, dont Otto Stammer; bien vite, Rabehl et Rudi Dutschke prennent contact avec la “Subversive Aktion”, qui gravitait autour de Dieter Kunzelmann. Leur but? Démasquer le caractère autoritaire et non démocratique de l’Etat et de la société par des provocations bien ciblées. En 1965, le groupe rejoint le SDS (les étudiants de la gauche extra-parlementaire), où il constituera la principale fraction. Dans les années cruciales de 1967 et 1968, Rabehl appartient au comité dirigeant du SDS.

Après l’attentat contre Dutschke en avril 1968, Rabehl tentera de maintenir le mouvement dans le sens où Dutschke l’avait voulu. Ce sera l’échec. L’opposition extra-parlementaire  (APO) se délite et se fractionne en sectes et groupuscules; une partie des militants “se militarisent”. Quant à Rabehl, il entame sa carrière d’enseignant universitaire.

Trente ans après, en 1998, d’anciens militants du SDS se réunissent à l’occasion d’un symposium et fixent leur ligne pour l’avenir: s’immerger dans la coalition socialiste-libérale, sous prétexte que c’est “une nécessité”. Rabehl n’admet pas cette démarche. Il choisit une fois de plus un chemin de traverse, une voie ardue, et commence à évoquer la dimension “nationale-révolutionnaire” de 68, que Dutschke et lui incarnaient tout particulièrement. Il prononce un exposé dans ce sens devant les étudiants nationaux-conservateurs de la Corporation “Danubia” de Munich. Rabehl venait alors de franchir le pas qui le mènera là où il se trouve aujourd’hui: dans l’espace de la dissidence la plus osée, en restant conséquent avec sa logique subversive et révolutionnaire mais en suscitant l’incompréhension de beaucoup. Rabehl n’a jamais été un rénégat: bien plutôt un dialecticien pragmatique. Le discours tenu à la Danubia de Munich, et la plupart de ses exposés, articles et essais prononcés ou publiés depuis 1998, se situent pourtant dans le même esprit que celui de la “Subversive Aktion”: ils ne dénoncent peut-être plus les mêmes ennemis qu’hier mais concentrent le tir sur les “camarades” de jadis qui se sont alignés sur l’une ou l’autre fraction de l’établissement.

Le 30 juillet 2008, Bernd Rabehl fêtera ses 70 ans. Ad multos annos!

Bärbel RICHTER.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°31-32/2008; trad. franç.: Robert Steuckers).

 

mardi, 05 août 2008

Silvio Gesell: Der "Marx" der Anarchisten

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Silvio Gesell: der “Marx” der Anarchisten

 

Analyse: Klaus SCHMITT/Günter BARTSCH (Hrsg.), Silvio Gesell, “Marx” der Anarchisten. Texte zur Befreiung der Marktwirtschaft vom Kapitalismus und der Kinder und Mütter vom patriarchalischen Bodenunrecht, Karin Kramer Verlag, Berlin, 1989, 303 S., ISBN 3-87956-165-6.

 

Silvio Gesell war ein nonkonformistischer Ökonom. Er nahm zusammen mit Figuren sowie Niekisch, Mühsam und Landauer an der Räteregierung Bayerns teil. Der gebürtige Sankt-Vikter entwickelte in seinem wichtigsten Buch “Die natürliche Ordnung” ein Projekt der Umverteilung des Bodens, damit ein Jeder selbständig-autonom in totaler Unabhängigkeit von abstrakten Strukturen leben konnte. Günter Bartsch nennt ihn ein “Akrat”, d.h. ein Mensch, der frei von jeder Bevormündung ist, sei diese politischer, religiöser oder verwaltungsartiger Natur. Für Klaus Schmitt, der Gesell für die deutsche nonkonforme Linke wiederentdeckt (aber nicht kritiklos), ist der räterepublikanische Akrat ein der schärfsten Kritiker der “Macht Mammons”. Diese Allmacht wollte Gesell mit der Einführung eines “Schwundgeldes” bzw. einer “Freigeld-Lehre” zerschmettern. Unter “Schwundgeld” verstand er ein Geld, das man nicht thesaurisieren konnte und für das keine Zinsen gezahlt wurden. Im Gegenteil war für Gesell die Hortung von Geldwerten die Hauptsünde. Geld, das nicht in Sachen (Maschinen, Geräte, Technik, Erziehung, Boden, Vieh, usw.) investiert wird, mußte durch moralischen und ökonomischen Zwang an Wert verlieren. Solche Ideen entwickelten auch der Vater des kanadischen und angelsächsichen Distributismus, C. H. Douglas, und der Dichter Ezra Pound, der in den amerikanischen Regierung ein Instrument des Teufels Mammon sah. Douglas entwickelte distributistische Bauern-Projekte in Kanada, die teilweise noch heute existieren. Pound drückte seinen Dichterhaß gegen Geld- und Bankwesen, indem er die italienischen “Saló-Republik” am Ende des Krieges unterstütze. Pound versuchte, seine amerikanische Landgenossen zu überzeugen, keinen Krieg gegen Mussolini und das spätfaschistischen Italien zu führen. Nach 1945, wurde er in den VSA zwölf Jahre lang in einer Irrenanstalt eingesperrt. Er kam trotzdem aus dieser Hölle ungebrochen zurück und ging bei seiner Dochter Mary de Rachewiltz in Südtirol wohnen, wo er 1972 starb.

 

Neben seiner ökonomischen Lehre über das Schwund- und Freigeld, theorisierte Gesell einen Anarchofeminismus, wobei er besonders die Kinder und die Frauen gegen männliche Ausbeutung schützen wollte. Diese Interpretation des matriarchalischen Archetyp implizierte eine ziemlich scharfe Kritik des Vaterrechts, der in seinen Augen die Position der Kinder in der Gesellschaft besonders labil machte. Insofern war Gesell ein Vorfechter der Kinderrechte. Praktish bedeutete dieser Anarchofeminismus die Einführung einer “Mutterrente”. «Gesell und sein Anhänger wollten den gesamten Boden den Müttern zueignen und ihnen bzw. ihren Kinder die Bodenrente bis zum 18. Lebensjahr der Kinder als “Mutter-” bzw. “Kinderrente” zukommen lassen. Ein “Bund der Mütter” soll den gesamten nationalen und in ferner Zukunft den gesamten Boden unseres Planeten verwalten und (...) an den oder die Meistbietenden verpachten. Nach diesem Verfahren hätte jeder einzelne Mensch und jede einzelne Gruppe (z. B. eine Genossenschaft) die gleichen Chancen wie alle anderen, Boden nutzen zu können, ohne von privaten oder staatlichen Parasiten ausgebeutet zu werden» (S. 124). Wissenschaftliche Benennung dieses Systems nach Gesell hieß “physiokratische Mutterschaft”.

 

Neben den langen Aufsätzen von Bartsch und Schmitt enthält das Buch auch Texte von Gustav Landauer (“Sehr wertvolle Vorschläge”) und Erich Mühsam (“Ein Wegbahner. Nachruf zum Tode Gesells 1930”).

 

Fazit: Das Buch hilft uns, die Komplexität und Verwicklung von Ideen zu verstehen, die in der Räterepublik anwesend waren. Ist Niekisch wiederentdeckt und breit kommentiert, so ist seine Nähe zu Personen wie Landauer, Mühsam und Gesell kaum erforscht. Auch interressant wäre es, die Beziehungspunkte zwischen Gesell, Douglas und Pound zu analysieren und zu vergleichen. Letztlich wäre es auch, die Lehren Gesells mit den national-revolutionären Theorien eines Henning Eichbergs in den Jahren 60 und 70 und mit dem Gedankengut, das eine Zeitschrift wie Wir Selbst verbreitet hat. Eichberg hat ja auch immer den Akzent auf das Mütterliche gelegt. Er sprach eher von einem mütterlich-schützende Mutterland statt von einem patriarchalisch-repressive Vaterland. Ähnlichkeiten, die der Ideen-Historiker nicht vernachlässigen kann (Robert STEUCKERS).