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samedi, 24 mars 2018

Le prétendu impérialisme chinois

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Le prétendu impérialisme chinois

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La Chine ne renforce pas sa présence géopolitique en menaçant militairement ses voisins, comme ne cesse de le prétendre Washington. A plus forte raison elle explique ne pas comprendre l'acharnement américain à la présenter, après la Russie, comme une menace existentielle pour l'Amérique, alors qu'elle n'a jamais fait de démonstration de force à l'égard de ce pays.

Tout au plus a-t-elle voulu, face au déploiement de puissance navale américaine en Mer de Chine Sud, marquer en y envoyant une ou deux unités sa volonté de voir laisser libre ce passage essentiel à son équilibre économique et politique.

C'est par contre en accélérant la mise en place de son grand programme de Nouvelle Route de la Soie (ou BRI, Belt and Road Initiative https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_route_de_la_soie qu'elle prétend s'affirmer comme puissance incontournable dans cette partie du monde. Nous avons plusieurs fois précédemment présenté et discuté cette initiative. Aujourd'hui, il est évident que Pékin cherche à accélérer la mise en place du processus.

Le président Xi Jinping a présidé en mai 2017 une première table-ronde associant des représentants de tous les Etats concernés. Il s'agit de la Roundtable Summit Phase One Sessions of the Belt and Road Forum. Voir https://www.cnbc.com/2018/01/28/first-official-belt-and-r...

Il y a expliqué que la BRI était effectivement essentielle pour la Chine. Celle-ci pourra y investir ses réserves de change considérables permettant la réalisation de travaux d'infrastructures bénéficiant à tous les pays associés. Ce faisant, elle pourra y utiliser ses excédents de production d'acier et de ciment. La BRI fera appel à des financements publics-privés ouverts à tous. Il s'agira d'un pas important vers l'internationalisation du yuan comme monnaie commune d'échange. Mais Xi a confirmé que cette initiative ne devrait en rien être considérée comme ayant un caractère militaire.

Face à ce qu'ils considèrent comme une menacé économique d'ampleur, le Japon, l'Inde, l'Australie et évidemment les Etats-Unis accélèrent la mise en place d'une mini-BRI présentée essentiellement comme un moyen de combattre la domination économique de la Chine. Mais ce projet peine encore à recueillir les financements nécessaires. Comme il fallait s'y attendre, l'accession de Xi au statut de président à vie leur sert à justifier l'accusation de vouloir être désormais le nouvel Empereur de Chine. Mais en dehors d'arguments purement politiques, cette accusation ne suffit pas à mobiliser les dollars nécessaires à la mise en place de la future mini-BRI.

Plus inquiétant pour les Etats-Unis est le fait que la Chine et la Russie se sont associées dans une Union Economique Eurasiatique, Eurasia Economic Union (EAEU) qui devrait réunir les Etats intéressés par la BRI avec divers membres de l'Organisation de Coopération de Shanghai, Shanghai Cooperation Organization (SCO) et du BRICS. Un pays pivot dans cet ensemble est le Kazakhstan https://fr.wikipedia.org/wiki/Kazakhstan dont l'importance dans cette partie de l'Eurasie ne cesse de grandir. On notera que ce pays entretient avec la France de nombreux liens de coopération, notamment dans le domaine de l'éducation.

Aujourd'hui, la liaison par rail entre le Xinjiang en Chine et l'Europe de l'Est, via le Kazakhstan et la Russie, prend 15 jours. Elle devrait ne demander que 10 jours avec l'amélioration des liaisons résultant des premiers investissements de la BRI et quelques jours seulement quand les trains à grande vitesse prévus auront été mis en service. Ceci se fera évidemment au détriment des liaisons maritimes. Ces dernières ne resteront compétitives que pour les très gros tonnages.

La faiblesse géostratégique de la BRI est que les lignes ferroviaires prévues dans un premier temps seront à la merci d'attentats terroristes qui désorganiseront les transports. L'armée chinoise serait incapable de les empêcher. Mais manifestement la Chine fait le pari de la paix. A-t-elle raison?

lundi, 01 mai 2017

Conflits potentiels entre l'Inde et la Chine dans le Sud Himalaya

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Conflits potentiels entre l'Inde et la Chine dans le Sud Himalaya

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La récente visite du Dalai Lama à Tawang, organisée par l'Inde dans une région où la présence indienne est contestée par la Chine, a remis en lumière les vives tensions existant entre ces deux puissances nucléaires dans le Sud Himalaya, revendiqué historiquement par les deux Etats (1) Tawang est une petite ville du nord-ouest de l'État d'Arunachal Pradesh (voir ci-dessous) en Inde. Située en Himalaya à une altitude d'environ 3 000 mètres, elle est le chef-lieu du district de Tawang. Elle a toujours été de tradition bouddhiste et la présence du Dalai Lama n'a rien d'anormal. Néanmoins celui-ci est considéré par la Chine comme un agent du séparatisme indien qui s'oppose, dans ces régions et en Chine même, à la politique de Pékin.

Un moment bonnes, sous l'autorité du Premier ministre indien Manmohan Singh qui avait oeuvré pour rapprocher l'Inde et la Chine au sein du BRICS, elles se sont détériorées avec l'élection de l'actuel Premier ministre Narendra Modi. Celui-ci est membre du Bharatiya Janata Party, un parti nationaliste hindou. Il est Premier ministre de l'Inde depuis le 26 mai 2014. Narendra Modi est influencé par le groupe paramilitaire Rashtriya Swayamsevak Sangh et est considéré comme un leader du mouvement nationaliste hindou.

Par ailleurs, bien plus que Manmohan Singh, jugé à l'époque comme relativement proche de Moscou, il est très largement influencé par Washington, depuis des accords de coopération industrielle et de défense conclus sous Barack Obama.

Il n'est donc pas considéré à Pékin comme un partenaire fiable dans la mise en oeuvre d'actions de coopération et de respect réciproque dans le Sud Himalaya. Il faut rappeler que cette vaste région comporte quatre importantes provinces où l'Inde et la Chine partagent d'importants intérêts. Toutes pourraient être le siège de conflits pouvant éventuellement prendre une forme militaire.

Le Tibet

Le Tibet appartient à la République populaire de Chine. Aussi Pékin prend-t-il très mal le soutien de New Delhi au Dalai Lama, considéré à juste titre comme séparatiste.

L'Inde a reconnu officiellement le Tibet comme faisant partie de la Chine. Mais elle utilise manifestement le leader religieux comme un agent utile pour déstabiliser la présence chinoise. D'où son irritation, le mot n'est pas trop fort, en réaction de la visite de celui-ci à Taiwang.
Le Tibet est la source de 4 grands fleuves asiatiques qui contribuent à permettre une activité agricole dont dépendent plus de 2 milliards de personnes.

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L'Arunachal Pradesh ou Tibet du Sud.

Cette région est également de par sa localisation considérée comme comportant d'importants intérêts géostratégiques, tant pour l'Inde comme un moyen d'intervenir dans les affaires tibétaines que pour la Chine. Celle-ci voit l'Arunachal Pradesh comme un corridor pour influencer l'Etat-pivot de Assam, au Nord-est de l'Inde

Le Népal.

Longtemps sphère exclusive d'influence pour l'Inde, cet ancien Royaume s'est récemment rapproché de la Chine après avoir été accusé par New Dehli d'avoir soutenu injustement des Népalais d'origine indienne, les Mahésis, qui protestaient violemment contre une nouvelle constitution fédérale jugée comme ne respectant pas leurs droits.

L'Inde et la Chine considèrent par ailleurs le Népal comme essentiel au développement de leur influence militaire respective.

Il y a deux ans enfin, la Chine a proposé de connecter le Népal au projet de liaison One Belt One Road (OBOR) à travers une voie ferrée à grande vitesse sous le Mont Everest qui aurait relié le Népal à la province indienne de l'Uttar Pradesh et au port du Ouest Bengale de Kolkate. Présenté par la Chine comme bénéfique pour l'Inde, celle-ci y voit une intolérable immixtion dans ses affaires.

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Le Cashmire

Un projet-phare de l'OBOR, le CPEC ou China-Pakistan Economic Corridor, traverse une région pakistanaise du Cashmir, celle de Gilgit-Baltistan, que l'Inde revendique comme lui appartenant à la suite de son conflit avec le Cashmire. L'Inde voit dans ce projet soutenu par la Chine une façon de réintroduire l'influence pakistanaise dans un territoire contesté. Elle fera sans doute tout pour le faire avorter, aux dépens des intérêts chinois dans l'OBOR. 

1) Voir http://timesofindia.indiatimes.com/city/guwahati/dalai-la...

lundi, 23 août 2010

Le fondamentalisme islamiste en Afghanistan et au Pakistan

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Robert STEUCKERS :

Le fondamentalisme islamiste en Afghanistan et au Pakistan

 

Extrait d’une conférence tenue à Genève au « Cercle Proudhon » en avril 2009 et à la tribune de « Terre & Peuple » (Flandre-Hainaut-Artois)

 

Quand le pouvoir royal afghan de Zaher Shah a cédé devant les modernisateurs précommunistes puis communistes, qui firent appel à l’intervention civile puis militaire de l’URSS, l’Afghanistan perdait sa neutralité, son statut d’Etat tampon entre la masse territoriale soviétique du temps de la Guerre Froide, héritière volens nolens de la masse territoriale de l’empire tsariste. En perdant cette qualité d’Etat tampon, de zone neutralisée, l’Afghanistan abandonnait le destin que lui avaient imposé les accords de Yalta et les dispositions anglo-russes antérieures de 1842 et de 1907, suite aux guerres anglo-afghanes et aux accords anglo-russes sur le partage en zones d’influence du territoire persan. La Russie, en vertu de ces accords de 1907, ne pouvait pas dépasser la ligne Téhéran-Kaboul. L’URSS, en franchissant cette ligne et en occupant le réseau routier afghan au Sud de Kaboul, enfreignait ces règles et entamait ainsi une guerre larvée contre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, très soucieux de maintenir le statu quo ante.

 

Pour répondre au défi que représentait l’Armée Rouge au sud de Kaboul, les stratégistes américains et britanniques ont mis en œuvre la tactique de l’ « insurgency », préconisée par Zbigniew Brzezinski, théoricien d’un plan plus vaste : les puissances anglo-saxonnes, et plus particulièrement la thalassocratie américaine, devaient non seulement chasser les Soviétiques d’Afghanistan, les éloigner de l’Océan Indien, mais aussi leur contester la maîtrise de l’Asie centrale, dont le territoire avait servi de tremplin à toutes les tentatives russes d’avancer en direction de l’Inde et de l’Océan Indien. Pour mettre en œuvre l’insurrection afghane destinée à épuiser l’Armée Rouge dans le guêpier que deviendra le massif de l’Hindou Kouch, les services anglo-saxons créeront de toutes pièces le mouvement des « moudjahidines », recrutés dans les tribus afghanes mais aussi dans tous les pays musulmans et dans la diaspora arabe (10.000 volontaires). Ces « moudjahidines » seront formés par le MI6 britannique et commandés par des « Seigneurs de la Guerre », des « Warlords », comme Dostan ou Massoud. Le gros des troupes proviendra de l’ethnie pachtoune, ethnie guerrière de langue indo-européenne. Ces combattants pachtounes et ces « moudjahidines » venus de tous les coins du monde islamique recevront des armes américaines et britanniques modernes, dont des missiles « Blowpipes » et « Stingers » (ces derniers étant à tête chercheuse). Jusqu’en 1992, le « Warlord » Hekmatyar recevra l’appui des Saoudiens et des Américains et ses troupes seront flanquées des pré-talibans, dans les rangs desquels Ben Laden servira d’intermédiaire saoudien. Il est le disciple d’un frère musulman palestinien formé en Egypte et replié sur Peshawar au Pakistan, dans ce que l’on appelle aujourd’hui la zone tribale pachtoune le long de la frontière afghane. Les pré-talibans, les réseaux saoudiens mâtinés de frères musulmans installés à Peshawar obtiennent rapidement le soutien des services secrets pakistanais, le fameux ISI.

 

Les « moudjahiddines » d’Hekmatyar ont donc précédé sur la scène afghane les talibans de Ben Laden. Celui-ci n’est pas le créateur de cette milice de croyants radicaux : la paternité de ce mouvement militant et armé revient au général pakistanais Naseerullah Babar. Le raisonnement de ce militaire et stratégiste pakistanais était le suivant : le Pakistan procède, dès sa création lors de la partition de l’Inde en 1947, de la tradition islamique radicale dite « déobandiste », issue de musulmans expulsés d’Inde. Le déobandisme n’a jamais cessé, au cours de l’histoire pakistanaise, d’exciter les esprits ; pour le Général Babar, il convient de recycler les têtes brûlées du déobandisme dans la Djihad, tout à la fois en Inde, et plus particulièrement au Cachemire, et en Afghanistan, puisque les Saoudiens et les Américains demandent du personnel pour une insurrection locale contre les Soviétiques ou les pouvoirs prosoviétiques en place après le départ de l’Armée Rouge. Cette disposition va dans le sens des intérêts géopolitiques du Pakistan : en effet, depuis la partition de 1947, Islamabad est préoccupé par l’absence de réelle profondeur stratégique du Pakistan face à son ennemi héréditaire indien. Si le Général Babar, par la stratégie qu’il propose aux Américains, peut ajouter la zone de peuplement pachtoune de l’Afghanistan au territoire pakistanais, il obtient ipso facto cette profondeur stratégique qui manque à son pays. Telles sont les raisons nationales qui ont poussé les services pakistanais à soutenir le projet d’insurgency, voulu par Brzezinski, et à créer une force islamiste, financée par des capitaux saoudiens, sur le territoire pakistanais. L’objectif était certes de diffuser un islam fondamentaliste mais consistait surtout à élargir l’espace stratégique pakistanais à la zone pachtoune de l’Afghanistan.

 

Dans le cadre de la guerre pour les hydrocarbures et leur acheminement, qui constitue la véritable raison de toutes les conflictualités entre les Balkans et l’Indus, les services du Général Babar et les talibans de Ben Laden sont les alliés des pétroliers américains d’UNOCAL contre leurs concurrents argentins de BRIDAS. Cette alliance durera jusqu’en 1998. A partir de ce moment-là, les talibans cessent brusquement, dans la propagande occidentale, d’être de « courageux combattants de la liberté », des « Freedom Fighters », et deviennent en un tournemain des « obscurantistes ». Des voix interpellent même brutalement l’allié officiel pakistanais : le Pakistan devient le « craddle of terror », le « berceau de la terreur ».

 

Mais était-ce une nouveauté ? Non. Naseerullah Babar était depuis longtemps déjà un obsédé de l’Afghanistan. Son rêve était de fusionner les deux pays pour avoir une profondeur géographique suffisante pour défier l’Inde. Effectivement, l’histoire nous enseigne que l’Inde est à la merci d’un ennemi extérieur qui tient les territoires du Pakistan et de l’Afghanistan actuels. C’était vrai à la veille des invasions indo-européennes de l’Inde à la protohistoire ; c’était vrai au temps de Mahmoud de Ghazni ; c’était vrai à la veille des invasions mogholes. En 1973, Mohammed Daoud renverse Zaher Shah et instaure un régime moderniste, porté par une gauche anti-islamique et « pan-pachtoune ». Daoud et les siens rêvent d’un grand Pachtounistan, réunissant les zones tribales pachtounes de l’Afghanistan et du Pakistan. L’intégrité territoriale pakistanaise est dès lors en danger et l’idéal d’une plus grande profondeur stratégique, face à l’Inde, battu en brèche. Un certain Rabbani, accompagné de deux étudiants, Hekmatyar et Massoud, se rend au Pakistan et obtient l’accord d’Ali Bhutto pour tenir, contre le nouveau pouvoir progressiste de Daoud, la vallée du Panshir. Cette menace intimide Daoud qui évitera dorénavant d’évoquer trop bruyamment l’idéal d’un grand « Pachtounistan ».  C’est alors que Naseerullah Babar présente Hekmatyar et Massoud à l’ambassadeur américain en poste au Pakistan. Nous sommes en 1979 : l’alliance entre les « moudjahiddines » et les services pakistanais et américains vient de naître.

 

Mais l’idylle est interrompue par les vicissitudes violentes de la vie politique pakistanaise. Le Général Zia ul-Haq prend le pouvoir à Islamabad. Ali Bhutto est condamné à mort et pendu. Naseerullah Babar est jeté en prison. Mais Zia ul-Haq accepte que les Américains protègent et arment le poulain de Babar, Hekmatyar, qui devient le principal représentant des « moudjahiddines ». Cette situation dure jusqu’en 1988. Cette année-là, les troupes soviétiques quittent l’Afghanistan et restituent ipso facto la situation qui existait avant leur entrée dans le pays. L’URSS ne franchit plus la ligne Téhéran-Kaboul. Elle n’est plus en contradiction avec les accords de Yalta et les modi vivendi anglo-russes de 1842 et 1907. Zia ul-Haq est tué, en même temps que l’ambassadeur américain, dans un attentat. Plus de témoins ! Et on met alors en selle la propre fille d’Ali Bhutto, Benazir Bhutto. En coulisses ressuscite le plan pakistanais d’absorber l’Afghanistan, de se doter ainsi d’une profondeur stratégique face à l’Inde et d’avoir un accès plus direct aux richesses d’Asie centrale. Ce plan, issu des cogitations de Babar, prévoit la construction d’un oléoduc d’UNOCAL. Pour le réaliser, il faut une provocation. L’ISI va la créer de toutes pièces. Une colonne de camions se dirige vers les Turkménistan mais une milice la bloque à hauteur de Kandahar. Aussitôt, téléguidés par l’ISI, le mollah Omar et les talibans prennent cette localité clef du territoire afghan. Nous sommes à un moment de l’histoire tragique de l’Afghanistan où convergent les intérêts d’UNOCAL (donc des Etats-Unis), du Pakistan et des talibans. Une fois Kandahar pris, les talibans marchent sur Kaboul, pour éliminer un pouvoir jugé trop « moderniste » et trop favorable à la Russie. Mais, coup de théâtre, Benazir Bhutto parie sur BRIDAS et non plus sur UNOCAL : on ne l’assassine pas, on ne la pend pas à un gibet comme son père mais on la fait tomber pour « corruption », avant de la remettre en selle, pour démontrer qu’il existe une alternance de pouvoir, même au Pakistan, et de la faire assassiner en pleine rue et en pleine campagne électorale. A la suite de l’éviction violente de Benazir Bhutto, Nanaz Sharif prend le pouvoir, renoue avec UNOCAL. Son successeur Musharraf sera sommé d’arrêter tout soutien aux talibans. Depuis ces événements, le Pakistan est une poudrière instable qui fragilise dangereusement les positions des Etats-Unis et de l’OTAN en Afghanistan.   

 

Ces vicissitudes de l’histoire afghane et pakistanaise démontrent que le fondamentalisme islamiste et son expression la plus virulente, les talibans, sont une pure création des services, voire un golem qui leur échappe et prend parfois des formes inattendues, et hostiles aux Etats-Unis, dans les pays musulmans et dans les diasporas musulmanes d’Europe et d’ailleurs.

 

Robert STEUCKERS.