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mercredi, 28 août 2024

Démocratie, égalité, oligarchies. Un débat toujours ouvert

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Démocratie, égalité, oligarchies. Un débat toujours ouvert

par Emiliano Calemma

Source: https://www.destra.it/home/democrazia-uguaglianza-oligarchie-un-dibattito-sempre-aperto/

Il y a deux éléments perturbateurs dans notre conception de la vie et de la société : une fausse notion de l'égalité humaine et une foi mal placée dans la doctrine de la démocratie. Que tous les hommes soient égaux est une affirmation à laquelle, à toutes les époques de notre histoire sauf aujourd'hui, aucun être humain sain d'esprit n'a jamais souscrit. Dans cette affirmation forte mais chargée de sens, je me trouve en parfait accord avec le célèbre écrivain Aldous Huxley.

Partout sur notre planète, les gens sont différents: compétences, intérêts, intelligence, caractère, apparence physique. Tout le monde le reconnaît, mais de même, ces derniers temps, dans l'histoire de l'humanité, le pouvoir en place insiste sur l'égalité essentielle et inhérente des êtres humains. En citant à nouveau Huxley, les hommes politiques et les philosophes ont souvent parlé de l'égalité humaine comme s'il s'agissait d'une idée nécessaire et inéluctable, une idée à laquelle les êtres humains doivent croire, tout comme ils doivent, de par la nature même de leur constitution physique et mentale, croire à des notions telles que le poids, la chaleur et la lumière. L'homme est par nature libre, égal et indépendant, affirme le dirigeant d'aujourd'hui, avec l'assurance tranquille de celui qui sait qu'il ne peut être contredit. Et il en est ainsi. Il n'y a plus de contradiction.

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Si l'on analyse la question d'un point de vue chrétien, le concept de fraternité n'implique pas un concept d'égalité, pas plus que le fait que nous soyons tous égaux devant Dieu n'implique que les hommes soient égaux les uns aux autres. La science, l'anthropologie, la philosophie, la religion et le bon sens aboutissent tous à la même conclusion : l'égalité des hommes est une erreur et toute idéologie politique fondée sur ce concept est vouée à l'échec.

Regardons les choses en face: le concept d'égalité est en fin de compte destructeur parce qu'il déclare, non seulement que personne n'est pire que personne, mais surtout que personne n'est meilleur que personne. Personne ne peut donc être meilleur. L'amélioration et le dépassement de soi deviennent impossibles si nous sommes tous égaux. Quoi que vous fassiez, vous serez toujours et uniquement l'égal du pire des hommes. Cette doctrine n'est pas seulement fausse, elle est tout à fait méprisable et destructrice. Elle empêche d'atteindre des objectifs plus élevés. Elle signifie la mort de l'humanité. Là où l'on ne s'élève pas, on descend irrémédiablement. Et c'est la société dans laquelle nous vivons aujourd'hui.

Le soutien à la démocratie moderne est en fait plus un système de croyance, voire une foi, qu'une chose fondée sur l'histoire, la raison et la philosophie. La démocratie nous est inculquée comme une vertu incontestable, à défendre à tout prix et à répandre dans le monde entier, même par les armes (comprenez-vous à quel point vous êtes à côté de la plaque?). Il s'agit d'une erreur politique fondamentale, basée sur une conception erronée et néfaste de l'égalité humaine, qui doit être surmontée si nous voulons survivre à long terme.

Platon affirmait que la vie de l'homme démocratique n'a ni loi ni ordre; mais l'homme démocratique appelle cette existence distraite: joie, félicité et liberté; et ainsi de suite... et tout n'est qu'égalité... Sa précieuse liberté, compte tenu de la licence débridée et du manque de discipline, se transforme en une quête insensée et confuse du plaisir.

La démocratie est glamour, désordonnée et scintillante. En fin de compte, ce sont toujours les plus riches qui gouvernent. La grande majorité de la population mondiale se berce d'un bien-être sans valeur réelle ou cherche à ressembler à son voisin le plus riche, celui qui mène une vie de fête, jamais le plus intelligent ni le plus vertueux.

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Et c'est précisément le mythe de l'égalité à tout prix qui continuera à niveler ce système par le bas. Au lieu d'être des frères et de s'entraider pour le bien de la collectivité, de choisir les plus valeureux d'entre nous pour diriger les sociétés, nous optons pour la solution de facilité: toi aussi tu ne seras jamais personne, parce que moi je ne vaux rien. Comprenez-vous quelle profonde et triste inhumanité sous-tend notre raisonnement ?

Aristote lui-même qualifiait la démocratie de pire système possible. Mais Platon, Aristote et même Huxley ne seront jamais des témoins pour une multinationale.

vendredi, 13 janvier 2023

Partis et oligarchies expliqués par Pareto et Michels

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Partis et oligarchies expliqués par Pareto et Michels

par Nicolas Bonnal

On parle d’oligarchies en France, en Amérique et en Europe. Voyons de quoi il retourne, car cette notion est vieille comme la lune.

Dans son livre sur les partis politiques (sixième partie, chapitre deux), le légendaire Robert Michels reprend (et n’établit pas), à partir des théoriciens Mosca et Taine, sa thèse sur la loi d’airain des oligarchies. Et cela donne, dans l’édition de 1914 :

« Gaetano Mosca proclame qu'un ordre social n'est pas possible sans une « classe politique », c'est-à-dire sans une classe politiquement dominante, une classe de minorité. »

Michels indique aussi, sur la démocratie et son aristocratie parlementaire ou intellectuelle :

« La démocratie se complaît à donner aux questions importantes une solution autoritaire. Elle est assoiffée à la fois de splendeur et de pouvoir. Lorsque les citoyens eurent conquis la liberté, ils mirent toute leur ambition à posséder une aristocratie ».

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Il sent la menace bolchévique et stalinienne trente ans avant qu’elle n’apparaisse. Il suffit pour lui de lire Marx (un autre qui le voit bien à cette époque est notre Gustave Le Bon) :

« Marx prétend qu'entre la destruction de la société capitaliste et l'établissement de la société communiste, il y aura une période de transition révolutionnaire, période économique, à laquelle correspondra une période de transition politique et « pendant laquelle l'Etat ne pourra être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat » ; ou, pour employer une expression moins euphémique, nous assisterons alors à la dictature des chefs qui auront eu l'astuce et la force d'arracher aux mains de la société bourgeoise mourante, au nom du socialisme, le sceptre de la domination. »

On aurait donc une oligarchie vieille maison (Blum) et une autre de déraison, celle des communistes. Mais la démocratie parlementaire occidentale a tendance aussi à servir la minorité des possédants. Seul Bakounine le reconnaissait – et Michels le rappelle :

« Bakounine était l'adversaire de toute participation de la classe ouvrière aux élections. II était en effet convaincu que dans une société où le peuple est dominé, sous le rapport économique, par une majorité possédante, le plus libre des systèmes électoraux ne peut être qu'une vaine illusion. “Qui dit pouvoir, dit domination, et toute domination présume l'existence d'une masse dominée”. »

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Bakounine énonce dès 1871 : ce peuple (le Français) n’est plus révolutionnaire du tout. Il redoutait aussi les marxistes.

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Michels fait au moins une bonne prédiction sur le socialisme autoritaire façon soviétique :

« Le socialisme fera naufrage pour n'avoir pas aperçu l'importance que présente pour notre espèce le problème de la liberté… »

Loin de promouvoir le fascisme comme le prétendent les gazetiers, Michels analyse son siècle. Sur l’Italie il écrit :

« Buonarotti dit que “La république idéale de Mazzini ne différait de la monarchie qu'en ce qu'elle comportait une dignité en moins et une charge élective en plus”. »

Michels subodore aussi un présent perpétuel puisqu’il cite le fameux Théophraste, contemporain d’Aristote et auteur des caractères qui inspirèrent ceux de La Bruyère. Sur les partis socialistes, les plus traîtres qui soient, et où que ce soit, il note cette évidence éternelle :

« Mais il existe un autre danger encore : la direction du parti socialiste peut tomber entre les mains d'hommes dont les tendances pratiques sont en opposition avec le programme ouvrier. Il en résultera que le mouvement ouvrier sera mis au service d'intérêts diamétralement opposés à ceux du prolétariat ».

Plus philosophique, ce point de vue qui montre que, comme Bruxelles ou le Deep State, toute bureaucratie échappe à son mandat et devient entropique et dangereuse :

« Le parti, en tant que formation extérieure, mécanisme, machine, ne s'identifie pas nécessairement avec l'ensemble des membres inscrits, et encore moins avec la classe. Devenant une fin en soi, se donnant des buts et des intérêts propres, il se sépare peu à peu de la classe qu'il représente.

Dans un parti, les intérêts des masses organisées qui le composent sont loin de coïncider avec ceux de la bureaucratie qui le personnifie. »

Sur cette notion de machine, étudier et réétudier Cochin et Ostrogorski. On comprend après que l’Etat finisse par servir la minorité qui le tient et en joue :

« Conformément à cette conception, le gouvernement ou, si l'on préfère, l'Etat ne saurait être autre chose que l'organisation d'une minorité. Et cette minorité impose au reste de la société l' « ordre juridique », lequel apparaît comme une justification, une légalisation de l'exploitation à laquelle elle soumet la masse des ilotes, au lieu d'être l'émanation de la représentation de la majorité. »

C’est que l’ilote se contente de peu : manger, boire, regarder la télé, deux semaines de vacances…

Après cette loi d’airain, les conséquences et les inégalités qui vont avec :

« … il surgit toujours et nécessairement, au sein des masses, une nouvelle minorité organisée qui s'élève au rang d'une classe dirigeante. Eternellement mineure, la majorité des hommes se verrait ainsi obligée, voire prédestinée par la triste fatalité de l'histoire, à subir la domination d'une petite minorité issue de ses flancs et à servir de piédestal à la grandeur d'une oligarchie ».

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Plus grave, et plus amusante aussi, cette observation :

« Il n'existe aucune contradiction essentielle entre la doctrine d'après laquelle l'histoire ne serait qu'une continuelle lutte de classes, et cette autre d'après laquelle les luttes de classes aboutiraient toujours à la création de nouvelles oligarchies se fusionnant avec les anciennes. »

Et de conclure en souriant, sur le ton du vieil Aristophane :

« On est tenté de qualifier ce processus de tragicomédie, attendu que les masses, après avoir accompli des efforts titaniques, se contentent de substituer un patron à un autre. »

Une parenthèse personnelle: le brave député, le chef d’entreprise aisé, le bon ministre insulté du coin n’est pas un oligarque. Un oligarque est une tête pesante et pensante qui conspire pour contrôler et étendre ses réseaux sur le monde. Et personne n’a mieux défini les oligarques de la présente mondialisation que Frédéric Bernays, qui écrivait en 1928, longtemps avant les Brzezinski, Soros et autres Bilderbergs :

« La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. »

Bernays ajoutait froidement :

« C'est là une conséquence logique de l'organisation de notre société démocratique. Cette forme de coopération du plus grand nombre est une nécessité pour que nous puissions vivre ensemble au sein d'une société au fonctionnement bien huilé… nos chefs invisibles nous gouvernent en vertu de leur autorité naturelle, de leur capacité à formuler les idées dont nous avons besoin, de la position qu'ils occupent dans la structure sociale. Peu importe comment nous réagissons individuellement à cette situation puisque dans la vie quotidienne, que l'on pense à la politique ou aux affaires, à notre comportement social ou à nos valeurs morales, de fait nous sommes dominés par ce nombre relativement restreint de gens – une infime fraction des cent vingt millions d'habitants du pays – en mesure de comprendre les processus mentaux et les modèles sociaux des masses. Ce sont eux qui tirent les ficelles : ils contrôlent l'opinion publique, exploitent les vieilles forces sociales existantes, inventent d'autres façons de relier le monde et de le guider. »

Bernays ajoute que le président US devient un dieu :

« On reproche également à la propagande d'avoir fait du président des États-Unis un personnage à ce point considérable qu'il apparaît comme une vivante incarnation du héros, pour ne pas dire de la divinité, à qui l'on rend un culte ».

Pas besoin de fascistes avec des démocrates comme ça. On rappelle avec Onfray que Bernays inspirait Goebbels et que son oncle Sigmund Freud envoyait ses livres dédicacés à Benito Mussolini.

Sources:

Robert Michels – Les Partis Politiques – Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, Flammarion, 1914 (archive.org)

Frédéric Bernays – Propagande (introduction)

Nicolas Bonnal – Nev le bureaucrate ; chroniques sur la fin de l’histoire (Kindle_Amazon)

 

vendredi, 22 mai 2020

L’oligarchie occidentale face à la Chine: le déclin ou la guerre ?

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L’oligarchie occidentale face à la Chine: le déclin ou la guerre ?

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

L’oligarchie est un corps social parasitoïde. Un parasitoïde est un organisme qui se développe à l’intérieur d’un autre organisme mais qui, au contraire de nombreux parasites, tue inévitablement celui-ci au cours de son développement, ou à la fin de son développement (cf. Wikipédia).

L’oligarchie occidentale parasite les pays occidentaux. Elle a profité de leur développement démographique, économique, technologique, scientifique, financier et militaire pour détourner à son profit une partie de plus en plus importante des produits de ce développement. La victoire des Alliés en 1945 a incontestablement été la victoire de l’oligarchie. A partir de cette date, elle contrôlera, sans opposition notable, tous les gouvernements occidentaux, toutes les opinions occidentales, toute l’économie et la finance occidentales, ainsi que tout le maillage industriel des pays occidentaux. Globalement, vers 1980-1990, l'oligarchie a atteint l’enrichissement maximum qu’elle pouvait espérer.

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Cependant, afin de poursuivre son développement, le parasitoïde avait encore une carte à jouer. Puisqu’en raison de ses résistances, le salariat occidental était difficilement compressible, la solution consistait à s’en passer. L’oligarchie a donc actionné les gouvernements occidentaux pour que ceux-ci mettent fin au contrôle des capitaux et ferment les yeux sur la délocalisation des industries, ainsi rendue possible.  A partir de la fin des années 1980, tous les pays occidentaux, sauf l’Allemagne, ont vu leur tissu industriel s’évaporer, et les pays sous-développés, comme la Chine, ont vu jaillir un tissu industriel clé en main, avec mode d’emploi. C’était magique.

C’était magique, simple… et lucratif. Le plan oligarchique était en effet bien ficelé. Les Chinois fabriqueraient des produits pour le compte des oligarques et, pour pouvoir les acheter, les Occidentaux feraient des dettes auprès des mêmes oligarques. En fait, le jeu consistait à échanger des biens réels contre de la monnaie sans valeur. Dans un premier temps, tout le monde était gagnant. Les Chinois profitaient d’un transfert technologique inespéré. Et les occidentaux pouvaient se payer des téléviseurs pour presque rien. De plus, ils disposaient d’une planche à billet magique qui leur permettait de tout acheter, tout le temps. L’industrie ? Un archaïsme disaient-ils. Seule la recherche-développement avait de l’intérêt, ainsi que le tertiaire, et bien sûr la force militaire (pour calmer ceux qui n’acceptaient pas le nouvel ordre mondial et la monnaie magique). C’est ainsi que l’économie du monde occidental est devenue une économie de service, avec des toiletteurs pour chiens, des avocats, des publicitaires, des journalistes et bien sûr des militaires.    

Ce n’est pas la première fois qu’une telle configuration se présente dans l’histoire. L’Espagne du Siècle d’or a déjà tenté l’expérience. Cela s’est très mal terminé, pour elle. Petit retour en arrière qui prouve que les oligarques sont des abrutis incultes.

Après la prise de Grenade (1492), la paix revient dans la péninsule ibérique. Le territoire se réunifie sous les Rois Catholiques. L’Etat se réorganise et perçoit des ressources régulières. L’économie se redresse. L’artisanat prospère. La démographie augmente tout au long du XVIe siècle. En Castille, la population double presque. Des innovations importantes, comme la boussole, les portulans, l’astrolabe ou le gouvernail d’étambot, vont permettre à l’Espagne de bâtir un empire planétaire à partir de 1492. L’Espagne restaurée du XVIe siècle a le dynamisme de l’Europe du XIXe.

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Une des motivations des découvertes espagnoles est probablement la « soif de l’or ». L’expansion économique du Royaume a besoin de numéraire et d’or pour les échanges internationaux. Les Espagnols commencent par grappiller et troquer l’or auprès des Indiens, puis à pratiquer l’orpaillage et l’exploitation minière. La phase de l’or se termine vers 1550. Vient ensuite la phase de l’argent qui apparaît vers 1521-1530 mais dont la production explosera véritablement vers 1554, avec la mise en exploitation de la mine de Potosi (1545). Les métaux précieux affluent donc en Espagne par bateaux entiers. Les conséquences ne se font pas attendre.

En effet, l’Espagne achète avec son or des produits manufacturés venus de toute l’Europe. La population commence à mépriser le travail manuel, alors que la surveillance de l’Empire demande de plus en plus de soldats, d’administrateurs et de fonctionnaires. Les campagnes se dépeuplent et l’agriculture décline. L’industrie est devenue inutile : la majeure partie des marchandises et des produits finis, payée avec l’argent facile venu des Amériques, arrive par terre et par mer de l’étranger : outillage, quincaillerie, textile, mercerie, produits de luxe….  Rapidement, l’Espagne manque de techniciens, d’artisans, de paysans. Elle accumule les retards techniques. Elle doit donc faire appel à des étrangers : des Allemands pour l’imprimerie, des Français pour la passementerie, des Flamands pour la draperie. Nunez de Castro écrira en 1658 : « les étrangers fabriquent ce que consomme la capitale, et ce seul fait démontre que toutes les nations font travailler leurs ouvriers pour Madrid, dont la seigneurie s’étend sur toutes les autres capitales, puisque toutes la servent, et elle ne sert personne » (Solo Madrid es Corte). Cela ne vous rappelle rien ?

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Faire fabriquer par d’autres ce que nous consommons : ce système a fonctionné hier, tout comme il fonctionne aujourd’hui.  Il a fonctionné hier… jusqu’au jour où la production de métaux précieux en Amérique a commencé  à décliner. A partir de 1620, les arrivages de métaux précieux diminuent, le déclin du commerce avec l’Amérique s’amorce et le Trésor royal connaît des déficits. Les indicateurs démographiques, agricoles et monétaires (inflation) se détériorent. L’Espagne ne parvient plus à payer son train de vie, les « autres capitales » cessent de travailler pour Madrid. Mais l’industrie de Madrid est ruinée et l’Espagne, qui entre alors dans une longue « décadence », a raté son entrée économique dans la modernité. Elle ne s’en relèvera jamais vraiment. Le traité des Pyrénées de 1659 sanctionne sa défaite militaire, elle qui avait la première armée du monde, et sa relégation au niveau d’une puissance européenne de second ordre, elle qui était la plus grande puissance mondiale. 

Il n’est pas bon qu’une richesse soit artificielle. Menés par leur oligarchie, les occidentaux ont fait comme les Espagnols du XVIe siècle. A ceci près qu’ils n’ont pas tiré leur richesse des mines de Potosi mais d’artifices bancaires et de la planche à billet. Comme eux, ils ont bradé leur industrie, déconsidéré le travail manuel et fait fabriquer par d’autres les produits dont ils avaient besoin. Comme eux, ils ont perdu le savoir nécessaire  pour fabriquer les choses les plus simples, comme des masques en papier. Comme eux, ils ont des armées puissantes, mais qui reposent sur du vent, car ils ne fabriquent plus leurs armes. Comme Nunez de Castro, ils étalent leur suffisance, car au fond d’eux, ils pensent que des navires chargés d’or leur viendront toujours.

Tout a une fin, heureusement. Il me semble que l’humeur des Chinois a changé ces derniers mois et notamment depuis ce fichu coronavirus (qui leur sert de prétexte ?). Il se pourrait donc, peut-être, qu’à partir de maintenant (et si ce n’est maintenant, cela ne saurait tarder), il se pourrait donc que les Chinois ne se contentent plus d’une monnaie dupliquée à la photocopieuse, en tous cas non adossée à une économie réelle, et qu’ils considèrent que les transferts de technologies sont désormais suffisants pour leur permettre de mettre fin à un marché humiliant qui leur rappelle les traités inégaux du XIXe siècle. Imaginez quel sera le cataclysme, le jour (peut-être déjà là) où les Chinois ne voudront plus échanger des produits manufacturés contre du papier ? Que pourrons-nous leur donner en échange : nos monuments, nos ports, nos aéroports, notre liberté peut-être ?  

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Et l’oligarchie dans tout ça ? L’oligarchie est forte de la puissance de nos pays. Si les pays occidentaux s’effondrent, c’est la puissance de l’oligarchie occidentale qui s’effondre avec eux. Et c’est l’oligarchie communiste chinoise qui s’impose ! Aussi voit-on les larbins de « notre » oligarchie (les Macron, les Le Maire, les Trump…) envisager dans l’urgence des « relocalisations ». Mais on ne recompose pas un tissu industriel d’un claquement de doigt. Les Chinois (les Chinois !) ont mis plus de quarante ans pour construire le leur, avec notre aide qui plus est ! Il est trop tard.

Revenons à l’Espagne. Nous avons dit qu’elle avait la première armée du monde. Comme les Etats-Unis aujourd’hui. Qu’a fait l’Espagne pour tenter d’enrayer son déclin ? Elle a misé sur son armée et sa flotte, pour défendre son empire, pour contrôler ses routes stratégiques, pour protéger ses routes commerciales.  Mais quelle est l’efficacité à moyen terme d’une armée qui n’est pas adossée à une industrie puissante ? Actuellement, les Etats-Unis misent tout sur leur armée. C’est la dernière chose qu’il leur reste. Mais quelle peut être la solidité d’une armée moderne qui ne peut plus fabriquer un missile ou un char sans faire venir des pièces de l’étranger ? Si vous voulez connaître le destin des Etats-Unis et de l’Europe, étudiez l’histoire d’Espagne.

L’oligarchie occidentale acceptera-t-elle son déclin ou fera-t-elle la guerre comme le fit l’Espagne ? Souvenez-vous, pour assurer son développement, un parasitoïde tue inévitablement l’organisme qu’il parasite. L’histoire nous apprend d’autre part que l’oligarchie a toujours profité des guerres (ici s’arrête donc notre analogie avec l’Espagne. La noblesse espagnole, lorsqu’elle a choisi la guerre, a toujours été la première à s’exposer. Cela s’appelle l’Honneur. L’oligarchie, quant à elle, ne provoque jamais une guerre avant d’avoir rejoint ses bunkers souterrains). Donc, peut-on supposer, l’oligarchie occidentale utilisera tous les outils à sa disposition pour conserver son hégémonie. Elle pense, et c’est malheureux, et c’est faux, que l’armée des Etats-Unis est un merveilleux outil, un outil magique qui, en dernier recours, réglera son problème d’hégémonie sur le monde. Elle ignore que la Chine a déjà ses Grand Condé et ses Turenne. Tant pis pour elle, mais pauvre de nous !

Antonin Campana

samedi, 18 janvier 2020

“Qu’est-ce que le réalisme politique ?”

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“Qu’est-ce que le réalisme politique ?”

par Arnaud Imatz

Introduction d’Arnaud Imatz au livre de Dalmacio Negro Pavón, La loi de fer de l’oligarchie. Pourquoi le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple est un leurre, L’Artilleur / Toucan, 2019.

Oligarchie.jpgSourcé et documenté, mais en même temps décapant sans concessions et affranchi de tous les  conventionnalismes, ce livre atypique sort résolument des sentiers battus de l’histoire des idées politiques. Son auteur, Dalmacio Negro Pavón, politologue renommé dans le monde hispanique, est au nombre de ceux qui incarnent le mieux la tradition académique européenne, celle d’une époque où le politiquement correct n’avait pas encore fait ses ravages, et où la majorité des universitaires adhéraient avec conviction, – et non par opportunisme comme si souvent aujourd’hui -, aux valeurs scientifiques de rigueur, de probité et d’intégrité. Que nous dit-il ? Résumons-le en  puisant largement dans ses analyses, ses propos et ses termes:

Historiquement, le monde n’a pas connu d’autre forme de gouvernement que celle du petit nombre (la minorité dirigeante), et tout gouvernement a besoin de l’appui de l’opinion. Il n’y a pas de communauté politique sans hiérarchie ; pas de hiérarchie sans organisation, pas d’organisation sociale qui ne se concrétise sans la direction d’un petit nombre. C’est ce qu’on appelle la loi de fer de l’oligarchie. Derrière toutes les formes de gouvernement connues (monarchie, aristocratie, démocratie – selon la classification classique -, démocratie et dictature – selon la classification moderne), il n’y a qu’une minorité qui domine l’immense majorité. Les multiples variantes possibles dépendent du mode de rénovation de cette minorité et des limites et contrôles auxquels cette minorité se soumet dans l’exercice du pouvoir. Les positions oligarchiques ne sont jamais disputées par les masses ; ce sont les différentes factions de la classe politique qui se les disputent. Les gouvernés n’interviennent pas dans ce litige permanent si ce n’est comme vivier des nouveaux aspirants au pouvoir, comme vivier des nouvelles élites. Les gouvernés sont des spectateurs, parfois des animateurs, rarement des arbitres.

Lorsqu’une oligarchie est discréditée, elle est invariablement remplacée par une autre en quête de prestige, c’est-à-dire de légitimité d’exercice, prête s’il le faut à utiliser la démagogie. La souveraineté populaire est un mythe qui permet aux oligarques tous les abus et toutes les arnaques imaginables.L’utopiste qui rêve qu’il est possible d’éliminer l’égoïsme en politique et de fonder un système politique sur la seule moralité n’atteint pas la cible, pas plus d’ailleurs que le réaliste qui croit que l’altruisme est une illusion et que toute action politique est basée sur l’égoïsme. En dehors des éternels naïfs, le consensus politique – expression collective de la loyauté de la classe politique envers elle-même -, ne trompe que ceux qui veulent se tromper eux-mêmes, par convenance personnelle ou pour obtenir quelques faveurs. Les problèmes politiques ne peuvent pas être résolus définitivement. En politique il n’y a de place que pour le compromis.

Que dire de la démocratie en Europe ? Elle est moins une religion qu’une superstition, un substitut, un succédané ou une apparence de foi, qui est née des religions de la politique. Elle est, « une hypocrisie organisée » disait Schumpeter, elle se réduit à l’opportunité que les oligarchies partitocratiques  offrent aux gouvernés de se prononcer périodiquement sur une option, généralement limitée, après avoir procédé à une grande opération d’information ou de marketing auprès de l’opinion publique.

Cela dit, et malgré tout, il semble qu’une grande partie du peuple soit de plus en plus consciente de l’existence de la loi de fer de  l’oligarchie. Mais à l’inverse, de plus en plus craintive, l’oligarchie resserre au maximum les vis qui assujettissent le demos au singulier supermarché qu’est l’État des partis. On sait les réactions d’hostilité, de mépris et de peur que suscitent les mouvements populistes et les rébellions populaires du genre « Gilets jaunes » dans  la quasi-totalité de l’establishment[1] européen.

dalmacio-negro.jpgUne révolution a besoin de dirigeants, mais l’étatisme a infantilisé la conscience des Européens. Celle-ci a subi une telle contagion que l’émergence de véritables dirigeants est devenue quasiment impossible et que lorsqu’elle se produit, la méfiance empêche de les suivre. Mieux vaut donc, une fois parvenu à ce stade, faire confiance au hasard, à l’ennui ou à l’humour, autant de forces historiques majeures, auxquelles on n’accorde pas suffisamment d’attention parce qu’elles sont cachées derrière le paravent de l’enthousiasme progressiste.

Les analyses, les interrogations et les propos sévères, souvent même très corrosifs, de Negro Pavón ne risquent guère de lui faire des amis parmi le petit nombre des détenteurs du pouvoir, ni parmi leurs soutiens souvent serviles du monde politique, économique et médiatico-culturel, mais de cela il n’en a cure Anciennement professeur d’histoire des idées politiques à l’Université Complutense de Madrid, actuellement professeur émérite de science politique à l’Université San Pablo de Madrid, membre de l’Académie royale des sciences morales et politiques, auteur d’une bonne vingtaine de livres[2] et de plusieurs centaines d’articles, il n’a plus rien à prouver. Fin connaisseur de la pensée politique européenne classique et moderne, excellent polyglotte, lecteur invétéré de tous les grands auteurs européens[3] et américains, il nous convie à un remarquable parcours à travers l’histoire de la politique occidentale en même temps qu’il nous donne un diagnostic lucide et pénétrant de la réalité de l’Europe et de l’Occident actuels.

Pavón se rattache ouvertement à l’École du réalisme politique. Il n’est donc pas inutile, avant de lui céder la plume, de rappeler à grands traits ce qu’est cette École de pensée si souvent objet de malentendus, de tergiversations et de caricatures. Qu’entend-on par réalisme politique ou par tradition de pensée machiavélienne (et non machiavélique) de la politique ? Avant de répondre, il nous faut mentionner l’habituel argumentaire dépréciatif de ses adversaires. Le réalisme serait selon eux le culte de l’époque, une idéologie manichéenne, pragmatique, opportuniste, fataliste et désespérante, une idéologie de dominants, de chantres du conformisme, qui fait de l’instant une fin, qui considère le présent indépassable, qui refuse de penser le changement et l’avenir. Mais ce réquisitoire, aujourd’hui si répandu, n’est somme toute qu’une illustration de plus des méfaits de l’enfumage idéologique. Il n’est pas sans rappeler l’Anti-Machiavel du despote éclairé (ou obscur) Frédéric II, qui avait été écrit pour séduire et abuser l’Europe des philosophes. Comme disait l’annonce des films de fiction de ma jeunesse: « toute ressemblance avec des situations réelles existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite ». Nous le verrons, le réalisme politique est au contraire une méthode d’analyse et de critique complète, intense et radicale de tout pouvoir constitué.

À proprement parler, le réalisme politique n’est ni une école homogène, ni une famille intellectuelle unitaire. C’est seulement un habitus, une disposition d’esprit, un point de vue d’étude ou de recherche qui vise à éclairer les règles que suit la politique[4]. Ce n’est pas la défense du statu quo, la défense de l’ordre établi ou la doctrine qui justifie la situation des hommes au pouvoir comme le prétendent faussement ses adversaires. Le réalisme politique part de l’évidence des faits, mais il ne se rend pas devant eux. Il ne se désintéresse pas des fins dernières et se distingue en cela du pseudo-réalisme de type cynique qui réduit la politique à la seule volonté de puissance, au règne et au culte de la force à l’état pur. Le réaliste politique authentique est un homme avec des principes, une morale, une profonde conscience des devoirs et des responsabilités de l’action politique. La prudence, la sagesse, l’équilibre, le sens de la responsabilité et la fermeté de caractère sont les clefs de sa pensée.

978847209552.JPGLe réaliste authentique affirme que la finalité propre à la politique est le bien commun, mais il reconnait la nécessité vitale des finalités non politiques(le bonheur et la justice). La politique est selon lui au service de l’homme. La mission de la politique n’est pas de changer l’homme ou de le rendre meilleur (ce qui est le chemin des totalitarismes), mais d’organiser les conditions de la coexistence humaine, de mettre en forme la collectivité, d’assurer la concorde intérieure et la sécurité extérieure. Voilà pourquoi les conflits doivent être, selon lui, canalisés, réglementés, institutionnalisés et autant que possible résolus sans violence.

Dalmacio Negro Pavón aborde avec rigueur chacune des idées du réalisme politique[5]. Les deux principales se retrouvent dans les titres des deux premiers essais de son livre : La loi de fer de l’oligarchie, loi immanente à la politique et Démystifier la démocratie. Il complète ensuite ces deux essais par un texte plus bref Sur la théologie politique dominante qui porte sur la question théologico-politique, ou si l’on préfère sur les causes existentielles et spirituelles de la situation actuelle, tout particulièrement sur l’importance de l’influence des hérésies théologiques sur la pensée et les attitudes politiques modernes. On pourrait classer l’ensemble des idées de son livre dans l’ordre suivant :

Première idée : le caractère inévitable de l’oligarchie et de la division gouvernants-gouvernés. C’est la fameuse loi d’airain, de bronze ou de fer de l’oligarchie, formulée par Robert Michels. Selon les régimes et les sociétés, nous l’avons dit, la circulation des élites peut être plus ou moins grande, mais en dernière instance, c’est toujours le petit nombre, la minorité qui dirige.

Deuxième idée : La démocratie idéale est irréalisable et les symboles démocratiques sont des fictions. La complexité des problèmes et surtout la dimension des sociétés constituent autant d’obstacles à l’autogouvernement. En général, les hommes politiques le savent, mais tous connaissent aussi l’importance de la magie des paroles. Par ailleurs, les démocraties réelles tendent toujours à se convertir en oligarchies. Plus la démocratie s’organise, plus elle tend à décliner. Plus elle s’organise et plus les possibilités de coaction et de manipulation des masses grandissent. « La démocratie, gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » selon la formule célèbre de Lincoln, relève de l’utopie ou de la foi religieuse. La démocratie est une méthode, elle ne saurait être une fin, un  idéal absolu, un impératif moral. L’idéologie démocratique, la foi démocratique, relève de la rhétorique. Elle ne sert qu’à éluder les responsabilités et à écraser l’opposition au nom du peuple.

Troisième idée : la politique ne peut pas faire l’économie d’une vision de l’homme. Le réaliste politique peut penser soit que l’homme est historique, soit, qu’il existe une nature humaine. Mais dans les deux cas, il considère que les pulsions humaines expliquent pour une bonne part le caractère instable des institutions politiques et le caractère conflictuel de la politique.

Quatrième idée : la reconnaissance de la nature intrinsèquement conflictuelle de la politique. La vie sera toujours le théâtre de conflits et de différences. La politique au sens traditionnel est la grande « neutralisatrice » des conflits. Voilà pourquoi la résistance systématique et aveugle à toute forme de pouvoir (la croyance que « le pouvoir est le mal ») constitue une excellente méthode pour accélérer la corruption du pouvoir et entrainer sa substitution par d’autres formes de pouvoir souvent bien plus problématiques et plus despotiques. Ce n’est pas parce qu’un peuple perd la force ou la volonté de survivre ou de s’affirmer dans la sphère politique que la politique va disparaitre du monde. L’histoire n’est pas tendre… malheur au fort qui devient faible !

Cinquième idée : le scepticisme en matière de formes de gouvernement. Il est impossible de prononcer scientifiquement un jugement catégorique sur la convenance de l’un ou l’autre des régimes en place. Il n’y a pas de régime optimal ou parfait. Chaque régime politique est une solution contingente et singulière, une réponse transitoire à l’éternel problème du politique. Tous les régimes sont par ailleurs également soumis à l’usure du temps et à la corruption[6].

Sixième idée : le rejet de toute interprétation mono-causale de la politique comme partiale et arbitraire. Les explications mono-causales « en dernière instance » par l’économie, par la politique, par la culture, par la morale, etc. sont réductionnistes et n’ont aucun sens.

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L’étude des partis politiques et des syndicats, réalisée par Robert Michels au début du XXe siècle, révèle particulièrement bien la caractéristique fondamentale des sociétés: la tendance à l’oligarchie. Un parti politique n’est ni plus ni moins qu’un groupe de personnes qui s’unissent pour conquérir et conserver le pouvoir. Tout le reste (même l’idéologie) est secondaire. Les partis naissent comme des groupes élitistes et se convertissent en organisations de notables ; puis, avec le suffrage universel, ils se transforment le plus souvent en partis de masses. Mais lorsqu’ils s’organisent fortement, ils obéissent toujours à la loi de fer de l’oligarchie. L’analyse des « partis de masse » a mis à nue quelques principes généraux que l’on peut énoncer ainsi :

– Les multitudes sont frappées d’une sorte d’incapacité politique. Lorsqu’elles perdent leurs leaders, elles se retirent et abandonnent le champ politique.

– L’oligarchie est une nécessité sociale. Le principe d’organisation est une condition absolument essentielle pour la lutte politique.

– Ce sont les minorités et non les masses qui se disputent le pouvoir. Les leaders de tous les camps se présentent comme les porte-paroles du peuple, mais en réalité c’est toujours la lutte entre l’ancienne minorité qui défend son hégémonie et la nouvelle minorité ambitieuse qui entend conquérir le pouvoir.

– Le leadership est tendanciellement autocratique. Les leaders ne se contentent pas de vouloir durer, ils veulent toujours plus de pouvoir. L’éloignement des masses, la professionnalisation, le niveau intellectuel et culturel des leaders, la tendance à rechercher le renouvellement par cooptation, voire le népotisme, sont de puissants éléments qui contribuent à l’isolement des leaders. Les rébellions de la base n’ont que d’infimes possibilités de succès.

– Le parti est un instrument de domination. Contrairement à ce qu’ils prétendent les partis sont des organisations qui veulent que les élus dominent les électeurs et que les mandataires dominent les mandants.

– La tendance oligarchique est consubstantielle aux partis. Seule une minorité participe aux décisions du parti et, souvent, cette minorité est ridiculement exiguë.

Conclusion : la démocratie réelle est une oligarchie élue par le peuple. Elle exclut l’usage de la violence physique mais non pas la violence morale (la compétition déloyale, frauduleuse ou restreinte). Deux conditions permettraient de réformer en profondeur la démocratie politique actuelle au bénéfice du peuple. D’abord, les représentés devraient pouvoir recouvrer la liberté de contrôler directement les représentants ou élus qui leur a été abusivement retirée. Il faudrait pour cela instaurer un système électoral majoritaire avec mandat impératif ; les représentants seraient ainsi obligés de respecter le mandat impératif de leurs électeurs respectifs. Enfin, pour que le peuple puisse, sinon diriger et gouverner de fait, du moins s’intégrer et participer durablement à la vie politique, il faudrait que le principe de la démocratie directe soit largement accepté [avec bien sûr le référendum d’initiative populaire (RIP) ou citoyenne (RIC)[7]].

517y-pAX7EL._SX326_BO1,204,203,200_.jpgCela étant, on peut être un sceptique ou un pessimiste lucide mais refuser pour autant de désespérer. On ne peut pas éliminer les oligarchies. Soit ! Mais, comme nous le dit Dalmacio Negro Pavón, il y a des régimes politiques qui sont plus ou moins capables d’en mitiger les effets et de les contrôler. Le nœud de la question est d’empêcher que les détenteurs du pouvoir ne soient que de simples courroies de transmission des intérêts, des désirs et des sentiments de l’oligarchie politique, sociale, économique et culturelle. Les hommes craignent toujours le pouvoir auquel ils sont soumis, mais le pouvoir qui les soumet craint lui aussi toujours la collectivité sur laquelle il règne. Et il existe une condition essentielle pour que la démocratie politique soit possible et que sa corruption devienne beaucoup plus difficile sinon impossible, souligne encore Dalmacio Negro Pavón. Il faut que l’attitude à l’égard du gouvernement soit toujours méfiante, même lorsqu’il s’agit d’amis ou de personnes pour lesquelles on a voté. Bertrand de Jouvenel disait à ce propos très justement: « le gouvernement des amis est la manière barbare de gouverner ».

Arnaud Imatz-Couartou

Docteur d’État ès sciences politiques

Membre correspondant de l’Académie royale d’histoire d’Espagne


[1] En théorie on peut distinguer l’establishment (concept anglosaxon désignant la minorité politico-sociale exerçant son contrôle sur l’ensemble de la société), et  l’oligarchie  (petit nombre d’individus, catégorie, classe ou caste dominante détenant le pouvoir et contrôlant la société) de l’élite, minorité d’individus auxquels s’attache un pouvoir dû à des qualités naturelles ou acquises (les « meilleurs » en raison de leurs mérites : race, intelligence, sagesse, éthique, culture, éducation,  richesse, etc.). Mais dans les faits, ces trois concepts recouvrent aujourd’hui une même réalité.

[2] Dalmacio Negro Pavón est un disciple de l’historien des idées politiques, Luis Díez del Corral, qui a été président de l’Académie des sciences morales et politiques d’Espagne et docteur honoris causa de la Sorbonne (1980). Díez del Corral était pendant longtemps rédacteur de la célèbre revue Revista de Occidente fondée par le philosophe José Ortega y Gasset. Parmi les ouvrages de D. Negro Pavón citons plus particulièrement:  Liberalismo y socialismo: la encrucijada intelectual de Stuart Mill, Madrid, Centro de Estudios Constitucionales, 1976; Comte: positivismo y revolución, Madrid, Editorial Cincel, 1985; El Liberalismo en España, Madrid, Unión Editorial, 1988; Estudios sobre Carl Schmitt, Madrid, Fundación Cánovas del Castillo, 1995; La tradición liberal y el Estado, Madrid, Unión Editorial, 1995; Gobierno y Estado, Madrid, Marcial Pons, 2002; Lo que Europa debe al cristianismo, 3e éd., Madrid, Unión Editorial, 2007; El mito del hombre nuevo, Madrid, Encuentro, 2009; Historia de las formas del Estado. Una introducción, Madrid, El Buey mudo, 2010, Il dio mortale, Piombino, Il Foglio, 2014 et La tradición de la libertad, Madrid, Unión Editorial, 2019.

[3] Soulignons l’intérêt marqué de Negro Pavón pour la pensée politique française, ce dont témoignent les travaux de plusieurs de ses disciples. Il en est notamment ainsi des politologues et philosophes Armando Zerolo Durán, spécialiste de Bertrand de Jouvenel (voir : Génesis del Estado Minotauro. El pensamiento político de Bertrand de Jouvenel, Murcia, Sequitur, 2013), Domingo González Hernández, spécialiste de René Girard (voir:  Hacia una teoría mimética de lo político: René Girard y su escuela, Madrid, UCM, 2015 et René Girard, maestro cristiano de la sospecha, Madrid, Fundación Emmanuel Mounier, 2016) et Jerónimo Molina Cano, doyen de faculté à l‘Université de Murcie, spécialiste de Raymond Aron et de Julien Freund et meilleur connaisseur actuel de la pensée du polémologue Gaston Bouthoul (voir:; Raymond Aron, realista político. Del maquiavelismo a la crítica de las religiones seculares, Madrid, Sequitur, 2013; Julien Freund. Lo político y la política, Madrid, Sequitur, 1999 et Gaston Bouthoul, Inventor de la polemología. Guerra, demografía y complejos belígenos, Madrid, Centro de Estudios Políticos y Constitucionales, 2019).

[4] Parmi les précurseurs on trouve : Thucydide, Aristote, Ibn Khaldoun, Machiavel, Gabriel Naudé, Saavedra Fajardo, Hobbes, Tocqueville, etc. Chez  les contemporains et les modernes on peut citer: Moisey Ostrogorski, Vilfredo Pareto, Robert Michels, Gaetano Mosca, Carl Schmitt, Max Weber, Simone Weil, Raymond Aron, Gaston Bouthoul, James Burnham, Benedetto Croce, Maurice Duverger, Gonzalo Fernández de la Mora, Julien Freund, Bertrand de Jouvenel, Halford Mackinder, Harold Laski. Gianfranco Miglio, Jules Monnerot, Michael Oakeshott, Giovanni Sartori, Éric Voegelin, Jerónimo Molina Cano, Alessandro Campi,  et beaucoup d’autres aux convictions souvent très différentes (libéraux, socialistes, nationalistes, conservateurs, etc.).

[5] Negro Pavón cite et reprend tous les travaux classiques en la matière, notamment ceux de Moisey Ostrogorski (voir : La démocratie et l’organisation des partis politiques, 1903), Vilfredo Pareto (voir : Les systèmes socialistes, 1902-1903), Robert Michels (voir : Les partis politiques. Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, 1911), Gaetano Mosca (voir : Elementi di scienza política, 1896-1923), Joseph Schumpeter (voir : Capitalisme, Socialisme et Démocratie, 1943) et Gonzalo Fernandez de la Mora (voir : La partitocracia, 1977).

[6] Sur le plan de l’action politique, il ne faut pas non plus sous-estimer l’importance du  principe d’hétérotélie, transposition de la pensée de l’Apôtre saint Paul « Je fais le mal que je ne veux pas, je ne fais pas le bien que je veux » (Lettre aux Romains). L’hétérotélie, dont Jules Monnerot a élaboré la théorie la plus complète, est la « ruse de la raison » de Hegel, le « paradoxe des conséquences » de  Weber, le « décalage entre le but avoué et le déroulement réel de l’action » de Pareto, « le principe de différence de l’objectif visé et de l’objectif atteint », l’effet pervers ou le résultat qui contredit si souvent l’intention initiale.

[7] A noter qu’à l’origine le RIC figurait parmi les principales revendications du mouvement des « Gilets jaunes » avec la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, la révision des avantages et des privilèges des élus et le rétablissement de l’ISF pour les valeurs mobilières (actions, placements).

mercredi, 07 mars 2018

La Nouvelle Gauche de Macron radicalise la politique du Système

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La Nouvelle Gauche de Macron radicalise la politique du Système

Ex: https://lignedroite.club
 
Texte de la rubrique Situation politique

Durant la campagne présidentielle de 2017, Emmanuel Macron, désireux d’incarner le renouveau, a eu l’habileté de cacher le détail de son programme. Affirmant tout et son contraire (« en même temps ») et se prétendant « ni de droite ni de gauche », il a réussi, avec la complicité des médias, à tromper ses électeurs. Car Emmanuel Macron n’incarne en aucune façon le renouveau politique qu’attendaient nos concitoyens. Il a été choisi et soutenu pour servir le Système et c’est ce qu’il fait, mieux encore que tous ses prédécesseurs.

Mandaté par l’oligarchie

Quand Emmanuel Macron promet de « changer la France », ce n’est pas pour la placer sur la voie du renouveau. Emmanuel Macron n’est d’ailleurs pas un homme nouveau, mais un pur produit du Système : énarque, banquier et ministre d’un gouvernement socialiste. Quand il évoque le changement, il s’agit seulement de mettre fin à l’exception française qui faisait que notre pays ne se pliait pas encore tout à fait à l’idéologie libre-échangiste, atlantiste et libertarienne du cartel de Davos et de l’Europe de Bruxelles. En réalité, Emmanuel Macron veut non seulement continuer mais radicaliser la politique conduite par ses prédécesseurs, c’est-à-dire la politique voulue par le Système et l’oligarchie transnationale qui l’a mandaté à cet effet.

Fidèle aux conceptions socialistes

Dans le domaine économique, le gouvernement d’Emmanuel Macron a d’abord pris des mesures fiscales qui s’inscrivent dans la ligne de ses prédécesseurs socialistes et qui vont encore alourdir le fardeau de la classe moyenne. Ainsi en est-il de « l’impôt sur la fortune immobilière » qui continuera de frapper les familles qui ont épargné pour se rendre propriétaires de leur logement. De même, la promesse de suppression progressive de la taxe d’habitation jusqu’à un certain seuil conduira l’État, donc l’impôt, à compenser cette perte de ressources pour les collectivités territoriales et ne réduira donc pas les prélèvements globaux. S’agissant par ailleurs du financement de la protection sociale par l’impôt plus que par les cotisations sur le travail, il fut initié par Lionel Jospin dont Emmanuel Macron suit aujourd’hui la lancée. Quant à la hausse de la CSG, contribution inventée par le socialiste Michel Rocard, elle s’inscrit dans un mouvement amorcé il y a plusieurs années et aboutit à taxer les moins riches et les retraités.

Soumis aux exigences de l’ultralibéralisme international

Pour ce qui est des mesures économiques dans lesquelles certains voient à tort des mesures de droite, elles visent en réalité à adapter notre pays à l’ultralibéralisme international et répondent fidèlement aux exigences du grand patronat mondialisé et du cartel de Davos. Et, ce faisant, elles se trouvent en cohérence avec le premier axe idéologique de la Nouvelle Gauche, celui de l’adhésion sans réserve au mondialisme sous toutes ses formes. Ainsi en est-il de la suppression de l’ISF ou de la création d’un taux unique d’imposition (flat tax) sur les revenus mobiliers. Le gouvernement entend, nous dit-on, favoriser ainsi l’investissement dans les valeurs mobilières au profit des entreprises et de l’emploi. Mais cette politique profitera plus sûrement aux super-riches qui tirent l’essentiel de leurs ressources des revenus du capital et des placements sophistiqués qui ne sont pas ouverts aux petits épargnants.
De même, la réforme du code du travail destinée à donner une plus grande flexibilité à l’emploi répond surtout à une demande ancienne du patronat qui prétend paradoxalement que, pour pouvoir recruter, il faut pouvoir licencier. Ses effets positifs sur l’emploi sont cependant douteux à l’âge du mondialisme libre-échangiste qui met en concurrence nos entreprises et nos salariés avec des économies à bas salaires. Dans la mesure en effet où ces réformes sont mises en oeuvre sans protectionnisme raisonné à l’échelle européenne, elles ne pourront que faire progresser la précarité et notamment « l’uberisation » du travail.

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Porté par une vision immigrationniste

Cette vision mondialiste se manifeste également sur la question de l’immigration. Car Emmanuel Macron ne compte nullement mettre un terme à la crise migratoire. Il continue au contraire de soutenir la politique de Mme Merkel en matière d’accueil des immigrants clandestins, n’hésitant pas à affirmer que la France n’a pas encore « pris sa part » en la matière. Il critique les pays du groupe de Visegrád qui refusent la politique migratoire suicidaire de Bruxelles et préconise de mettre en place des hotspots en Afrique pour faciliter l’octroi de l’asile et de multiplier les « hébergements d’urgence » pour bien accueillir les immigrants clandestins chez nous. Comme représentant du parti de Davos, Emmanuel Macron reste immigrationniste : il trouve que l’immigration est « une opportunité économique car ce sont des femmes et des hommes qui ont aussi des qualifications remarquables ». De même, vis-à-vis de l’islam, il s’en tient à la politique de ses prédécesseurs en affirmant que cette religion serait compatible avec les « valeurs de la République » et qu’elle n’aurait rien à voir avec le terrorisme islamiste. Et cette ligne mondialiste se retrouve aussi au plan diplomatique, ce qui conduit Emmanuel Macron à soutenir une ligne européiste, en préconisant de renforcer la « gouvernance », notamment budgétaire, de l’Europe de Bruxelles et en se gardant bien de mettre en cause la soumission européenne à l’Otan.

Attaché à déconstruire nos valeurs

Sur le plan sociétal, et bien que la question n’ait pas encore été abondamment traitée, il est clair qu’Emmanuel Macron ne dévie pas du second axe idéologique de la Nouvelle Gauche, celui de la déconstruction de nos valeurs de civilisation. Son ministre de l’Éducation nationale peut certes tenir des propos de bon sens, il ne faut pas se laisser prendre au piège des apparences et de la communication. Car, au plan des actes, le gouvernement d’Emmanuel Macron continue de s’attaquer aux familles avec la réduction de l’APL, la baisse de la prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE), la perspective d’individualisation de l’impôt sur le revenu et l’offensive menée contre la propriété foncière, qui constitue une richesse enracinée, à la différence des placements financiers. Bien entendu, Emmanuel Macron n’a nullement l’intention de revenir sur le mouvement de déconstruction familiale lancé avec la loi Taubira sur le mariage des homosexuels, ni sur la PMA ni sur la promotion de l’avortement.

Au service du Système

En résumé, Emmanuel Macron, qui incarne la Nouvelle Gauche ralliée sans complexe au néo-capitalisme mondialiste, sert le Système beaucoup mieux encore que ses prédécesseurs en s’attelant à tous les changements internationalistes et libertariens que celui-ci attend. Il continue de déconstruire ce qu’il faudrait préserver et de poursuivre ce qu’il faudrait arrêter. Il n’incarne pas le renouveau de notre pays et ne répond pas à l’attente de la majorité de nos concitoyens.

mercredi, 31 août 2016

Jack London et notre oligarchie mondiale

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Jack London et notre oligarchie mondiale

La force motrice des oligarques est leur conviction de bien faire

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

L'occident est dirigé par des oligarques humanitaires et dangereux. Voyons voir.

La Fed a été créée il y a un peu plus de cent ans ; les élites hostiles déclenchent un an après la première guerre mondiale ; elles ont voulu un créer un nouvel ordre mondial dès la fin de cette guerre, via les propositions de Wilson et Mandel House. A cette époque aussi Rathenau parlait des 300 qui dirigent le monde ; et de cette oligarchie anonyme et vagabonde des esprits aussi brillants et différents que Chesterton (Un nommé jeudi) ou Jack London furent les dénonciateurs. On va parler de Jack London ; nous le redécouvrons avec joie.

C'est dans le Talon de fer que London décrit cette terrible oligarchie qui malmène le peuple prolétaire américain, régulièrement remplacé alors, au moment des grèves, par des arrivages d'immigrants est et sud-européens. Marx avait déjà dénoncé l'immigration comme piège social, entre la Belgique et la France. A l'époque de Jack London, Madison Grant pronostique dans son passing of a great race la fin du peuple américain (il rappelle que l'immigration fait baisser la natalité du natif). Edward Allsworth Ross, plus grand sociologue de l'époque, fait de même dans son Changing world jamais traduit ici. Peu à peu il sera interdit - jusqu'à Trump ou presque (Lisez Peter Brimelow, lisez aussi le... cousin de Paul Auster) d'évoquer le sujet de l'immigration, sous peine d'imputation fasciste, nazie, xénophobe, etc.

Et voyons l'oligarchie de Jack London, si proche de la nôtre. Dans le Talon de fer donc, il parle comme un libertarien du corporate state confisqué et noyauté par les grosses boîtes et les élites :

« Les Oligarques avaient réussi à inventer une machine gouvernementale aussi compliquée que vaste, mais qui fonctionnait, en dépit de tous nos efforts pour l’entraver et la saboter. »

Puis London ajoute que nous sommes achetés ou abrutis par ces mêmes élites. Il y a celui qu'on achète pour trois lentilles (le bobo) et celui qu'on laisse crever (le prolo).

« Ils avaient une meilleure nourriture, moins d’heures de travail quotidien, plus de vacances, un choix plus varié de plaisirs et de distractions intellectuelles. Quant à leurs frères et sœurs moins fortunés, les travailleurs non favorisés, le peuple surmené de l’Abîme, ils ne s’en souciaient pas le moins du monde. Une ère d’égoïsme s’annonçait dans l’humanité. »

L'égoïsme est important et c'est une notion selon moi plus forte que l'individualisme dont se repaissent les théoriciens actuels de l'anti-mondialisation. A notre époque damnée je me considère par exemple comme un individualiste, pas comme un égoïste.

London souligne ensuite les progrès de l'oligarchie (comme disait Baudrillard le capitalisme bouge plus vite que ses opposants !).

« L’Oligarchie elle-même se développa d’une façon remarquable et, il faut l’avouer, inattendue. En tant que classe, elle se disciplina. Chacun de ses membres eut sa tâche assignée dans le monde et fut obligé de l’accomplir. Il n’y eut plus de jeunes gens riches et oisifs. Leur force était employée pour consolider celle de l’Oligarchie. »

Et que je t'envoie faire tes études à Sydney, ton MBA à Berkeley... tes devoirs humanitaires à Haïti ou au Rwanda...

Et là, le coup de génie de Jack London. Il comprend que nos élites sont dangereuses car gentilles et humanitaires, missionnées et messianiques. Elles sont dans le même état moral que le Führer qui voulait interdire le tabac aux femmes, limiter les vitesses de voiture, libérer les sudètes ou créer l'homme nouveau. Dans son Ozymandia, le libertarien Shaffer Butler indique que ses étudiants sont des gentils nazis sans le savoir (végétariens, écolos, zoophiles, anti-tabac, contrôleurs de tout, etc.)

Et Jack London d'écrire :

« Ils se croyaient les sauveurs du genre humain, et se considéraient comme des travailleurs héroïques se sacrifiant pour son plus grand bien. »

Irremplaçables, ces élites en viennent à ne plus imaginer leur propre grand remplacement. La montée fabriquée des bourses et des bureaucraties mondiales les favorise.

« Ils étaient convaincus que leur classe était l’unique soutien de la civilisation, et persuadés que s’ils faiblissaient une minute, le monstre les engloutirait dans sa panse caverneuse et gluante avec tout ce qu’il y a de beauté et de bonté, de joies et de merveilles au monde. Sans eux, l’anarchie régnerait et l’humanité retomberait dans la nuit primordiale d’où elle eut tant de peine à émerger. »

jack london, littérature, littérature américaine, oligarchie, oligarchisme, lettres, lettres américaines, Le peuple est donc détesté car il ne comprend rien. Merkel, Juncker ou Sutherland n'arrêtent pas de nous insulter au sujet de l'immigration. On nous accuse d'inventer ce que nous redoutons. Vite, la camisole.

Et cela donne sous la plume géniale de Jack London (dont le livre inspira le Metropolis de Fritz Lang) :

« Telle était la bête qu’il fallait fouler aux pieds, et son écrasement constituait le suprême devoir de l’aristocrate. En résumé, eux seuls, par leurs efforts et sacrifices incessants, se tenaient entre la faible humanité et le monstre dévorant ; ils le croyaient fermement, ils en étaient sûrs. »

Ces lignes font penser à celles de Nietzsche dans le Crépuscule des idoles : notre penseur rebelle y décrit l'Eglise comme une ménagerie destinée à dresser le barbare. Nous sommes revenus à ces excès. Les fondations et les programmes financés par les fondations des Clinton-Soros-Bill Gates doivent nous rééduquer et nous mettre au pas de leur loi.

London revient sur la philosophie périlleuse de ces élites auto-proclamées :

« L’amour du bien, le désir du bien, le mécontentement de ce qui n’est pas tout à fait bien, en un mot, la bonne conduite, voilà le facteur primordial de la religion. Et l’on peut en dire autant de l’Oligarchie.»

Et il ponctue par cette phrase superbe :

« La grande force motrice des oligarques est leur conviction de bien faire. »

C'est comme cela que l'on a les sanctions antirusses, les millions de réfugiés, les terroristes, les guerres, les retraites à 70 ans, le salafisme partout, la dette immonde, sans oublier la négation des élections ou de la liberté quotidienne.

London se fait a priori peu d'illusions sur le populo :

« D’autre part, la grande masse désespérée du peuple de l’Abîme s’enfonçait dans un abrutissement apathique et satisfait de sa misère. »

Et il annonce que les révoltes peuvent être provoquées, noyées dans le sang ou récupérées. Avis à Zerohedge.

Dans un autre très bon livre, Le peuple de l'abîme, Jack London décrit – on est en 1902 - la catastrophique situation des classes pauvres ou « indigentes » en Angleterre, donnée toujours en exemple par nos grands libéraux (même Tocqueville était horrifié par le modèle british et le « labyrinthe infect » de Manchester, je citerai en bas les pages). Il se livre ensuite à un éloge original de la féodalité :

« Dans les anciens temps, les grands cavaliers blonds, qui fonçaient à l’avant-garde des batailles, montraient au moins leur mesure en pourfendant les hommes de la tête à l’échine. Tous comptes faits, il avait bien plus de noblesse à tuer un ennemi solide d’un coup d’épée proprement assené, que de le réduire à l’état de bête, lui et ses descendants, par une manipulation adroite et implacable des rouages de l’industrie et de la politique. »

jack london, littérature, littérature américaine, oligarchie, oligarchisme, lettres, lettres américaines, London cite d'ailleurs la machine politique, comme le grand Ostrogorski à l'époque (un savant russe qui fut envoyé par le tzar pour étudier la corruption du système politique US, la « machine », les « boss » et tout le reste). Ensuite il appelle le nécessaire alcoolisme, qui effarera aussi Louis-Ferdinand Céline dans ses Bagatelles (il y consacre bien trente pages à l'alcool notre phénomène) :

« La classe ouvrière anglaise est littéralement noyée dans les demis de bière. Celle-ci la rend stupide, l’abrutit, et diminue considérablement son efficacité – l’ouvrier anglais n’a plus cet esprit de répartie, cette imagination et ces réflexes rapides qui faisaient l’apanage de sa race. »

Enfin London rappelle que l'oligarchie doit gouverner par la peur ; la nôtre utilise le terrorisme, la dette, le chômage, le réchauffement, le « ouacisme », car tout est bon à prendre. Il écrit :

« Et puis il y a aussi cette insécurité de bonheur, cette précarité de l’existence et cette peur devant l’avenir – les voilà, les facteurs bien puissants qui entraînent les gens à boire. »

Je conclurai encore et toujours avec Tocqueville parce que c'est un des grands génies de l'humanité et qu'il a tout vu. Il écrit au tome II de sa Démocratie à propos des oligarques :

« Je pense qu’à tout prendre, l’aristocratie manufacturière que nous voyons s’élever sous nos yeux est une des plus dures qui aient paru sur la terre ; mais elle est en même temps une des plus restreintes et des moins dangereuses. Toutefois, c’est de ce côté que les amis de la démocratie doivent sans cesse tourner avec inquiétude leurs regards ; car, si jamais l’inégalité permanente des conditions et l’aristocratie pénètre de nouveau dans le monde, on peut prédire qu’elles y entreront par cette porte. »

Enfin Tocqueville explique pourquoi cette classe « industrielle » (le chat botté de Perrault en est une préfiguration) n'hésitera pas à nous remplacer ou à nous éliminer, à nous liquéfier :

« L’aristocratie que fonde le négoce ne se fixe presque jamais au milieu de la population industrielle qu’elle dirige ; son but n’est point de gouverner celle-ci, mais de s’en servir. »

On se doute que l'on apprend à jeter les peuples après usage. Ne vous étonnez pas de la fracture entre le peuple et les élites, inquiétez-vous de votre sort. Mais il semble que jamais depuis longtemps opinion publique n'a été plus motivée que la nôtre contre ses guides.

Nicolas Bonnal

Bibliographie

Jack London – Le talon de fer ; le peuple de l'abîme (ebooksgratuits.com).

Tocqueville – Œuvres complètes, Paris, 1866, tome VII, pp.366-370 (archive.org) ; De la démocratie, II, Deuxième partie, chapitre vingt.

Chesterton – Un nommé jeudi (sur wikisource).

Ross – A changing America.

jeudi, 05 mai 2016

La fin programmée des oligarques...

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La fin programmée des oligarques...

par Michel Geoffroy

Ex: http://www.polemia.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'effondrement prévisible de l'oligarchie, la classe des nantis de la mondialisation...

La fin programmée des oligarques

Aujourd’hui une oligarchie transnationale domine sans partage les post-démocraties occidentales. Mais son règne touche à sa fin.

L’oligarchie, fille de la fin de l’URSS

L’oligarchie s’est imposée dans la seconde moitié du XXe siècle à la suite de l’effondrement de l’URSS et de la disparition de l’hypothèque que le socialisme, d’abord, et le communisme, ensuite, faisaient peser sur le système capitaliste.

L’oligarchie correspond donc dans l’ordre métapolitique au triomphe de la conception du monde du protestantisme anglo-saxon sur tous ses adversaires.

Sur ce plan, le XXe siècle a été le siècle des Anglo-Saxons, celui de leur suprématie. Au point que certains ont cru avoir atteint la fin de l’histoire, avec le triomphe planétaire du libéralisme économique et de la « démocratie » et bientôt un gouvernement mondial sous leur direction.

L’oligarchie bourgeoise : un cocktail de libéralisme et de mai 1968

Dans l’ordre sociologique, l’oligarchie correspond à la bourgeoisie libérée de la peur de la révolution socialiste et qui pour cette raison ne met plus aucun frein à la recherche de son intérêt ni à l’exploitation des autres – mais une bourgeoisie désormais mondialiste et non plus patriote, car la richesse, comme les grandes entreprises, est de nos jours majoritairement transnationale.

Dans l’ordre idéologique, l’oligarchie correspond à l’alliance du libéralisme, de l’esprit libertaire et du cosmopolitisme : un cocktail original qui transcende la vieille opposition droite/gauche puisque la gauche a renoncé à révolutionner le capitalisme. L’esprit libertaire est hérité de la révolution culturelle des années 1960, initiée aux Etats-Unis et qui s’est ensuite répandue dans tout l’Occident.

Mais à la différence des libertaires du XIXe siècle qui ne voulaient « Ni Dieu ni Maître », les libertaires actuels sont au service de la domination sans partage de l’Argent : car ils ont transformé le « Jouissons sans entraves » de mai 1968 en « Consommons sans limites ». Et ils ont ouvert la voie à la marchandisation du monde, comme l’illustre le fait que la promotion de l’homosexualité au rang de normalité débouche sur la GPA, c’est-à-dire la marchandisation de la maternité.

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Le règne sans partage des oligarques

Les oligarques règnent en Occident depuis environ 30 années et ils l’ont façonné à leur image et conformément à leurs intérêts.

Les résultats parlent d’eux-mêmes : abolition des frontières, destruction des traditions et des cultures nationales, précarisation générale des salariés, augmentation des inégalités de revenus et de la violence sociale, immigration massive, ahurissement médiatique des populations, réduction des libertés politiques.

En Europe ils ont pris la direction de l’Union européenne pour la transformer en espace de libre-échange inféodé aux Etats-Unis et ils ont ouvert la voie au Grand Remplacement des Européens sur leur propre terre.

Les oligarques se croient tout permis et prétendent désormais régenter le monde entier par le truchement de la superpuissance américaine.

Mais en réalité la situation leur échappe.

Les oligarques ne comprennent pas que le monde change

L’oligarchie incarne la classe des nantis de la mondialisation et promeut donc les « valeurs » des marchands : le contrat et le marché. C’est pourquoi elle perd de plus en plus pied dans un monde marqué par le retour de l’Histoire, de la Foi (islam), de la Violence et du Tragique : c’est-à-dire un monde de plus en plus chaotique que le « doux marché » ne sait pas réguler.

Les oligarques ont oublié que nous ne sommes plus au temps de Thatcher et de Reagan.

Le vide laissé par la disparition de l’URSS est, depuis, en train de se combler par la réémergence des anciennes civilisations (Chine, Inde, Asie notamment) et par le retour à la puissance de la Russie. L’islam s’affirme aussi comme un universalisme concurrent du mondialisme yankee, au surplus plus dynamique que lui au plan démographique.

Il apparaît de plus en plus, en outre, que la domination des Etats-Unis ne sera pas durable : car à la fragilité d’une économie reposant sur l’endettement et la suprématie du dollar (de plus en plus contestée par la Chine notamment) s’ajoute l’éclatement communautaire d’une société multiraciale où l’élément WASP décline irrémédiablement.

Le rêve oligarchique est en train de se briser

L’oligarchie se berce du rêve du contrôle total mais c’est une illusion fatale. Car comme l’écrivait Dominique Venner : « L’histoire est le lieu de l’imprévu ».

Le rêve de l’oligarchie est en train de se briser au XXIe siècle.

D’abord, l’oligarchie n’est qu’un mal européen et nord-américain en réalité : car il découle de la décadence occidentale. L’inversion des valeurs qui correspond à la suprématie de la fonction marchande est un symptôme de décadence car le marché ne fait pas, seul, société.

Les oligarques occidentaux s’illusionnent aussi quant à leur capacité à soumettre tous les peuples à leur idéologie. En réalité l’idéologie occidentale est de plus en plus minoritaire à l’échelle du monde et elle est, à juste titre, considérée comme une agression contre leur identité par tous les autres peuples. L’échec des « révolutions arabes » débouchant non pas sur la « démocratie » mais sur l’islamisme ou la dictature le démontre une nouvelle fois.

oligarchie1.pngLe monde est en train d’échapper à l’oligarchie

L’économie mondiale dérégulée selon les recettes libérales devient chaotique pour tout le monde, y compris pour l’oligarchie.

L’oligarchie, qui se parait des couleurs de la compétence, apparaît de plus en plus incapable de réguler quoi que ce soit : l’économie, le chômage, les trafics de drogue comme les flux migratoires.

Enfin, en Europe même, les conséquences désastreuses de la mondialisation pour le plus grand nombre, le Grand Remplacement et le chaos migratoire contribuent au réveil de la conscience identitaire européenne.

L’idéologie libérale/libertaire recule pour toutes ces raisons et la contestation politique des oligarques progresse partout, y compris aux Etats-Unis comme le montrent l’audience croissante de D. Trump ou de B. Sanders. Partout les peuples occidentaux commencent à se réveiller de leur léthargie et à contester les pouvoirs en place, c’est-à-dire la superclasse mondiale.

La dissidence est partout en marche

Les oligarques se prétendaient à l’avant-garde, éclairée, de l’humanité nouvelle. Mais aujourd’hui plus personne ne croit sérieusement à ce qu’ils racontent.

Le marxisme soviétique est mort du décalage entre l’idéologie et la réalité vécue par le plus grand nombre. Le Mur de l’Est est tombé pour cette raison. Il est en train de se passer la même chose en Occident.

L’oligarchie est une élite en perdition. Pour cette raison, comme toujours dans l’histoire, une nouvelle élite la remplacera bientôt.

On ne la voit pas encore car, dissidente, elle est cachée et diabolisée par le Système. Mais elle existe et se prépare. L’histoire est en marche.

Oligarques de tous les pays : préparez-vous à faire bientôt vos valises !

Michel Geoffroy (Polémia, 29 avril 2016)

samedi, 19 décembre 2015

Oligarchs Love Equality

This post was originally published on this site

Review of Austrian Economics, Volume 8, No. 2 (Summer 1995).

The Alleged Self-Evidence of Equality

One of the great glories of mankind is that, in contrast to other species, each individual is unique, and hence irreplaceable; whatever the similarities and common attributes among men, it is their differences that lead us to honor, or celebrate, or deplore the qualities or actions of any particular person.  It is the diversity, the heterogeneity, of human beings that is one of the most striking attributes of mankind.

This fundamental heterogeneity makes all the more curious the pervasive modern ideal of “equality.” For “equality” means “sameness” — two entities are “equal” if and only if they are the same thing. X = y only if they are either identical, or they are two entities that are the same in some attribute. If x, y, and z are “equal in length,” it means that each one of them is identical in length, say 3 feet. People, then, can only be “equal” to the extent that they are identical in some attribute: thus, if Smith, Jones and Robinson are each 5 feet, 11 inches in height, then they are “equal” in height. But except for these special cases, people are heterogeneous, and diverse, that is, they are “unequal.” Diversity, and hence “inequality,” is therefore a fundamental fact of the human race. So how do we account for the almost universal contemporary worship at the shrine of “equality,” so much so that it has virtually blotted out other goals or principles of ethics? And taking the lead in this worship have been philosophers, academics, and other leaders and members of the intellectual elites, followed by the entire troop of opinion-molders in modern society, including pundits, journalists, ministers, public school teachers, counselors, human relations consultants and “therapists.” And yet, it should be almost evidently clear that a drive to pursue “equality” starkly violates the essential nature of mankind, and therefore can only be pursued, let alone attempt to succeed, by the use of extreme coercion.

The current veneration of equality is, indeed, a very recent notion in the history of human thought. Among philosophers or prominent thinkers the idea scarcely existed before the mid-eighteenth century; if mentioned, it was only as the object of horror or ridicule. The profoundly anti-human and violently coercive nature of egalitarianism was made clear in the influential classical myth of Procrustes, who “forced passing travelers to lie down on a bed, and if they were too long for the bed he lopped off those parts of their bodies which protruded, while racking out the legs of the ones who were too short. This was why he was given the name of Procrustes [The Racker].”

One of the rare modern philosophers critical of equality made the point that “we can ask whether one man is as tall as another, or we may, like Procrustes, seek to establish equality among all men in this respect.” But our fundamental answer to the question whether equality exists in the real world must be clearly that it does not, and any quest “to establish equality” can only result in the grotesque consequences of any Procrustean effort. How, then, can we not regard Procrustes’s egalitarian “ideal” as anything but monstrous and unnatural? The next logical question is why Procrustes chooses to pursue such a clearly anti-human goal, and one that can only lead to catastrophic results?

In the context of the Greek myth, Procrustes is simply pursuing a lunatic “aesthetic” goal, presumably following his personal star of every person being precisely equal in height to the length of his bed. And yet, this sort of non-argument, this bland assumption that the ideal of equality needs no justification, is endemic among egalitarians. Thus, the argument of the distinguished Chicago economist Henry C. Simons for a progressive income tax was that he found inequality of income “distinctly evil or unlovely.” Presumably, Procrustes might have used the same sort of “argument” in behalf of the “unlovely” nature of inequality of height had he bothered to write an essay advocating his particular egalitarian program. Indeed, most writers simply assume that equality is and must be the overriding goal of society, and that it scarcely needs any supporting argument at all, even a flimsy argument from personal esthetics. Robert Nisbet was and is still correct when he wrote, two decades ago, that

It is evident that … the idea of equality will be sovereign for the rest of this century in just about all circles concerned with the philosophical bases of public policy. … In the past, unifying ideas tended to be religious in substance. There are certainly signs that    equality is taking on a sacred aspect among many minds today, that it is rapidly acquiring dogmatic status, at least among a great many philosophers and social scientists.

The Oxford sociologist A. H. Halsey, indeed, was “unable to divine any reason other than ‘malevolence’ why anyone should want to stand” in the way of his egalitarian program. Presumably that “malevolence” could only be diabolic.

“Equality” in What?

Let us now examine the egalitarian program more carefully: what, exactly, is supposed to be rendered equal? The older, or “classic,” answer was monetary incomes. Money incomes were supposed to be made equal.

On the surface, this seemed clear-cut, but grave difficulties arose quickly. Thus, should the equal income be per person, or per household? If wives don’t work, should the family income rise proportionately? Should children be forced to work in order to come under the “equal” rubric, and if so at what age? Furthermore, is not wealthas important as annual income? If A and B each earn $50,000 a year, but A possesses accumulated wealth of $1,000,000 and B owns virtually nothing, their equal incomes scarcely reflect an equality of financial position.  But if A is taxed more heavily due to his accumulation, isn’t this an extra penalty on thrift and savings? And how are these problems to be resolved?

But even setting aside the problem of wealth, and focussing on income, can incomes ever really be equalized? Surely, the item to be equalized cannot be simply monetary income. Money is, after all, only a paper ticket, a unit of account, so that the element to be equalized cannot be a mere abstract number but must be the goods and services that can be purchased with that money. The world-egalitarian (and surely the truly committed egalitarian can hardly stop at a national boundary) is concerned to equalize not currency totals but actual purchasing-power. Thus, if A receives an income of 10,000 drachmas a year and B earns 50,000 forints, the equalizer will have to figure out how many forints are actually equivalent to one drachma in purchasing power, before he can wield his equalizing axe correctly. In short, what the economist refers to as “real” and not mere monetary incomes must be equalized for all.

But once the egalitarian agrees to focus on real incomes, he is caught in a thicket of inescapable and insoluble problems. For a large number of goods and services are not homogeneous, and cannot be replicated for all. One of the goods that a Greek may consume with his drachmas is living in, or spending a great deal of time in, the Greek islands. This service (of continuously enjoying the Greek islands) is barred ineluctably to the Hungarian, to the American and to everyone else in the world. In the same way, dining regularly at an outdoor cafe on the Danube is an estimable service denied all the rest of us who do not live in Hungary.

How, then, is real income to be equalized throughout the world? How can the enjoyment of the Greek islands or dining on the Danube be measured, much less gauged by the egalitarian against other services of location? If I am a Nebraskan, and exchange rate manipulations have allegedly equated my income with a Hungarian, how is living in Nebraska to be compared with living in Hungary? The bog gets worse on contemplation. If the egalitarian considers that Danube-enjoyment is somehow superior to enjoying the sights and scenes of Omaha, or a Nebraska farm, on exactly what basis is the egalitarian going to tax the Hungarian and subsidize everyone else? How is he to measure, in monetary terms, the “value of dining on the Danube?” Obviously, the stern rigors of natural law prevent him, much as he would clearly like to do so, from taking the Danube physically and parceling it out equally to every inhabitant throughout the world. And what of people whoprefer the views of and life in a Nebraska farm community to the sins of Budapest? Who, then, is to be taxed and who subsidized and by how much?

Perhaps in desperation, the egalitarian might fall back on the view that everyone’s location reflects his preferences, and that we can therefore simply assume that locations can be neglected in the great egalitarian re-ordering. But while it is true that virtually every spot on the globe is beloved by someone, it is also true that, by and large, some locations are greatly preferred to others. And the location problem occurs within as well as between countries. It is generally acknowledged, both by its residents and by envious outsiders, that the Bay Area of San Francisco is, by climate and topography, far closer to an earthly Paradise than, say West Virginia or Hoboken, New Jersey. Why then don’t these benighted outlanders move to the Bay Area? In the first place, many of them have, but others are barred by the fact of its relatively small size, which (among other, man-made restrictions, such as zoning laws), severely limits migration opportunities. So, in the name of egalitarianism, should we levy a special tax on Bay Area residents and on other designated garden spots, to reduce their psychic income of enjoyment, and then subsidize the rest of us? And how about pouring subsidies into specially designated Dismal Areas, again in the pursuit of equal real incomes? And how is the equalizing government supposed to find out how much people in general, and a fortiori each individual resident, love the Bay Area and how much negative income they suffer from living in, say, West Virginia or Hoboken? Obviously, we can’t ask the various residents how much they love or hate their residential areas, for the residents of every location from San Francisco to Hoboken, would have every incentive to lie — to rush to proclaim to the authorities how much they revile the place where they live.

And location is only one of the most obvious examples of non-homogeneous goods and services which cannot be possibly equalized across the nation or the world.

Moreover, even if wealth and real incomes are both equalized, how are people, their abilities, cultures, and traits, to be equalized? Even if the monetary position of each family is the same, will not children be born into families with very different natures, abilities, and qualities? Isn’t that, to use a notorious egalitarian term, “unfair”? How then can families be made equal, that is, uniform? Doesn’t a child in a cultured and intelligent and wise family enjoy an “unfair” advantage over a child in a broken, moronic, and “dysfunctional” home? The egalitarian must therefore press forward and advocate, as have many communist theorists, the nationalization of all kids from birth, and their rearing in legal and identical state nurseries. But even here the goal of equality and uniformity cannot be achieved. The pesky problem of location will remain, and a state nursery in the Bay Area, even if otherwise identical in every way with one in the wilds of central Pennsylvania, will still enjoy inestimable advantages — or, at the very least, ineradicable differences from the other nurseries. But apart from location, the people — the administrators, nurses, teachers, inside and outside of the various encampments — will all be different, thus giving each child an inescapably different experience, and wrecking the quest for equality for all.

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Of course, suitable brainwashing, bureaucratization, and the general robotization and deadening of spirit in the state encampments may help reduce all the teachers and nurses, as well as the children, to a lower and more common denominator, but ineradicable differences and advantages will still remain.

And even if, for the sake of argument, we can assume general equality of income and wealth, other inequalities will not only remain, but, in a world of equal incomes, they will become still more glaring and more important in weighing people. Differences of position, differences of occupation, and inequalities in the job hierarchy and therefore in status and prestige will become even more important, since income and wealth will no longer be a gauge for judging or rating people. Differences in prestige between physicians and carpenters, or between top executives and laborers, will become still more accentuated. Of course, job prestige can be equalized by eliminating hierarchy altogether, abolishing all organizations, corporations, volunteer groups, etc. Everyone will then be equal in rank and decisionmaking power. Differences in prestige could only be eliminated by entering the Marxian heaven and abolishing all specialization and division of labor among occupations, so that everyone would do everything. But in that sort of economy, the human race would die out with remarkable speed.

The New Coercive Elite

When we confront the egalitarian movement, we begin to find the first practical, if not logical, contradiction within the program itself: that its outstanding advocates are not in any sense in the ranks of the poor and oppressed, but are Harvard, Yale, and Oxford professors, as well as other leaders of the privileged social and power elite. What kind of “egalitarianism” is this? If this phenomenon is supposed to embody a massive assumption of liberal guilt, then it is curious that we see very few of this breast-beating elite actually divesting themselves of their worldly goods, prestige, and status, and go live humbly and anonymously among the poor and destitute. Quite the contrary, they seem not to stumble a step on their climb to wealth, fame, and power. Instead, they invariably bask in the congratulations of themselves and their like-minded colleagues of the high-minded morality in which they have all cloaked themselves.

Perhaps the answer to this puzzle lies in our old friend Procrustes. Since no two people are uniform or “equal” in any sense in nature, or in the outcomes of a voluntary society, to bring about and maintain such equality necessarily requires the permanent imposition of a power elite armed with devastating coercive power. For an egalitarian program clearly requires a powerful ruling elite to wield the formidable weapons of coercion and even terror required to operate the Procrustean rack: to try to force everyone into an egalitarian mold. Hence, at least for the ruling elite, there is no “equality” here — only vast inequalities of power, decisionmaking, and undoubtedly, income and wealth as well.

Thus, the English philosopher Antony Flew points out that “the Procrustean ideal has, as it is bound to have, the most powerful attraction for those already playing or hoping in the future to play prominent or rewarding parts in the machinery of enforcement.” Flew notes that this Procrustean ideal is “the uniting and justifying ideology of a rising class of policy advisors and public welfare professionals,” adding significantly that “these are all people both professionally involved in, and owing to their past and future advancement to, the business of enforcing it.”

That the necessary consequence of an egalitarian program is the decidedly inegalitarian creation of a ruthless power elite was recognized and embraced by the English Marxist-Lenist sociologist Frank Parkin. Parkin concluded that “Egalitarianism seems to require a political system in which the state is able to hold in check those social and occupational groups which, by virtue of their skills or education or personal attributes, might otherwise attempt to stake claims to a disproportionate share of society’s rewards. The most effective way of holding such groups in check is by denying the right to organize politically, or, in other ways, to undermine social equality. This presumably is the reasoning underlying the Marxist-Leninist case for a political order based upon the dictatorship of the proletariat.”

But how is it that Parkin and his egalitarian ilk never seem to realize that this explicit assault on “social equality” leads to tremendous inequalities of power, decisionmaking authority, and, inevitably, income and wealth? Indeed, why is this seemingly obvious question never so much as raised among them? Could there be hypocrisy or even deceit at work?

The Iron Law of Oligarchy

One reason that an egalitarian political program must lead to the installation of a new coercive political elite is that hierarchies and inequalities of decisionmaking are inevitable in any human organization that achieves any degree of success in attaining its goals.

Robert Michels first observed this Iron Law of Oligarchy, in seeing the Social Democratic parties of Europe in the late nineteenth century, officially committed to equality and abolition of the division of labor, in practice being run by a small ruling elite. And there is nothing, outside of egalitarian fantasies, wrong with this universal human fact, or law of nature. In any group or organization, there will arise a core leadership of those most able, energetic, and committed to the organization, I know, for example, of a small but increasingly successful volunteer, musical society in New York. Although there is a governing board elected annually by its members, the group has for years been governed by the benevolent but absolute autocratic rule of its president, a lady who is highly intelligent, innovative, and, though employed full-time elsewhere, able and willing to devote an incredible amount of time and energy to this organization. Several years ago some malcontent challenged this rule, but the challenge was easily beaten back, since every rational member knew full well that she was absolutely vital to the success of the organization.

Not only is there nothing wrong with this situation, but blessed be the group where such a person exists and can come to the fore! There is, in fact, everything right about a rise to power, in voluntary or market organizations, of the most able and efficient, of a “natural aristocracy,” in Jeffersonian terms. Democratic voting, at its best when shareholders of a corporation vote the aliquot share of their ownership of a company’s assets, is only secondarily useful as a method of displacing natural aristocrats or “monarchs” gone sour, or, in Aristotelian terms, who have deteriorated from “monarch” to “tyrants.” Democratic voting, therefore, is even at its best scarcely even a primary good, let alone a good-in-itself to be glorified or even deified.

During a period in the mid-1960s, the New Left, before it hived off into Stalinism and bizarre violence, was trying to put into effect a new political theory: participatory democracy. Participatory democracy soundedlibertarian, since the idea was that majority rule, even in a private and voluntary organization, is “coercive,” and therefore that all decisions of that organization must be stripped of oligarchic rule. Every member would then participate equally, and furthermore, every member would have to give his or her consent to any decision. In a sense, this Unanimity Rule foreshadowed and paralleled the Unanimity Rule of James Buchanan and of Paretian “welfare economics.”

A friend of mine was teaching about the history of Vietnam at the New Leftist Free University of New York, originally a scholarly organization founded by a young sociologist couple. The Free University set out to govern itself on participatory democratic principles. The governing body, the board of the Free University, therefore consisted of the “staff” — the sociologist couple — plus any students (who paid a modest tuition) or teachers (unpaid) who cared to attend the board’s meetings. All were equal, the founding staff was no more powerful than any teacher or wandering student. All decisions of the school, from courses taught, room assignments, and on down to whether or not the school needed a paint job and what color the paint should be, were decided by the board, never by voting but always by unanimous consent.

Here was a fascinating sociological experiment. Not only, as one might expect, were very few decisions of any sort reached, but the “board meeting” stretched on endlessly, so that the board meeting expanded to becomelife itself — a kind of Sartrian No Exit situation. When my friend left the perpetual meeting each day at 5:00 pm to go home, he was accused of abandoning the meeting and thereby “betraying the collective” and the school by attempting to live some sort of private life outside the meeting. Perhaps this is what the current leftist political theorists who exalt the “public life” and “civic virtue” have in mind: private lives being forsaken on behalf of the permanent floating “civically virtuous” collective meeting of “the community!”

It should not come as any surprise to reveal that the Free University of New York did not last very long. In point of fact, it quickly deteriorated from a scholarly outfit to the “teaching” of New Left astrology, tarot cards, channeling, eurythmics, and whatnot as the scholars all fled before the mass man, or as a sociological Gresham’s Law came into action. (As for the founding couple, the female wound up in jail for unsuccessfully trying to blow up a bank, while the male, getting increasingly glassy-eyed, in a feat of sociological legerdemain, talked himself into the notion that the only moral occupation for a revolutionary sociologist was that of radio repairman.)

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New Left educational theory, during that period, also permeated more orthodox colleges throughout the country. In those days, the doctrine was not so much that teaching had to be “politically correct,” but that the normal teacher-student relation was evil because inherently unequal and hierarchical. Since the teacher is assumed to know more than the student, therefore, the truly egalitarian and “democratic” form of education, the way to put teacher and student on an equal footing, is to scrap course content altogether and to sit around discussing the student’s “feelings.” Not only are all feelings in some sense equal, at least in the sense that one person’s feelings cannot be considered “superior” to others, but those feelings are supposedly the only subjects “relevant” to students. One problem that this doctrine raised, of course, is why the students, or more correctly their long-suffering parents, should pay faculty who are qualified in knowledge of economics, sociology, or whatever but not in psychotherapy, to sit around gabbing about the students’ feelings?

Institutionalizing Envy

As I have elaborated elsewhere, the egalitarian impulse, once granted legitimacy, cannot be appeased. If monetary or real incomes become equalized, or even if decisionmaking power should be equalized, otherdifferences among persons become magnified and irritating to the egalitarian: inequalities in looks, intelligence, and so on.  One intriguing point however: there are some inequalities that never seem to outrage egalitarians, namely income inequalities among those who directly supply consumer services — notably athletes, movie and TV entertainers, artists, novelists, playwrights, and rock musicians. Perhaps this is the reason for the persuasive power of Robert Nozick’s famous “Wilt Chamberlain” example in defense of market-determined incomes. There are two possible explanations: (1) that these consumer values are held by the egalitarians themselves and are therefore considered legitimate, or (2) that, with the exception of athletics, these are fields implicitly recognized as dominated nowadays by forms of entertainment and art that require no real talent. Differences in income, therefore, are equivalent to winning at a lottery, and lottery or sweepstake winners are universally lauded as purely “lucky,” with no envy of superior attributes to be attached to them.

The German sociologist Helmut Schoeck has pointed out that modern egalitarianism is essentially an institutionalization of envy. In contrast to successful or functional societies, where envy is always considered a shameful emotion, egalitarianism sets up a pervasive attitude that the exciting of envy by manifesting some form of superiority is considered the greatest evil. Or, as Schoeck put it, “the highest value is envy-avoidance.”  Indeed, communist anarchists explicitly aim to stamp out private property because they believe that property gives rise to inequality, and therefore to feelings of envy, and hence “causes” crimes of violence against those with more property. But as Schoeck points out, economic egalitarianism would then not be sufficient: and compulsory uniformity of looks, intelligence, etc. would have to follow.

But even if all possible inequalities and difference among individuals could somehow be eradicated, Helmut Schoeck adds, there still would remain an irreducible element: the mere existence of individual privacy. As Schoeck puts it, “if a man really makes use of his right to be alone, the annoyance, envy, and mistrust of his fellow citizens will be aroused. … Anyone who cuts himself off, who draws his curtains and spends any length of time outside the range of observation, is always seen as a potential heretic, a snob, a conspirator.” After some amusing comments about suspicion of the “sin of privacy” in American culture, particularly in the widespread open-door policy among academics, Schoeck turns to the Israeli kibbutz and to its widely and overly revered philosopher, Martin Buber. Buber maintained that to constitute a “real community,” the absolutely equal members of the kibbutz must “have mutual access to one another and [be] ready for one another.” As Schoeck interprets Buber: “a community of equals, where no one ought to envy anyone else, is not guaranteed by absence of possessions alone, but requires mutual possession, in purely human terms. … Everyone must always have time for everybody else, and anyone who hoards his time, his leisure hours, and his privacy excludes himself.”

The New Group Egalitarianism

So far we have been describing what may be called “classical,” or the Old, egalitarianism, aimed to make all individuals in some sense equal, generally in income and wealth. But in recent years, we have all been subjected to a burgeoning and accelerating New Egalitarianism, which stresses not that every individual must be made equal, but that the income, prestige, and status of a seemingly endless proliferation of “groups” must be made equal to each other.

At first blush, it might seem that the new group egalitarianism is less extreme or unrealistic than the old individual creed. For if every individual is really totally equal to every other in income, wealth, or status, then it will follow logically that any subset of groups of such individuals will be equal as well. Shifting emphasis from individual to group egalitarianism must therefore imply settling for a less severe degree of equality. But this conclusion misconceives the whole point of egalitarianism, old or new. No egalitarian actually expects ever to be in a state of absolute equality, still less does he begin his analysis with that starting point.

Perhaps we can illuminate the true nature of the egalitarian drive, and the relationship between the Old and the New movements, by focusing not, as is usually done, on their patently absurd and self-contradictory ostensible goals of equality, but on the required means to attain such goals: namely the coming to power of the Procrustean State apparatus, the new coercive elite. Who are the Procrustean elite? That is, which groups are needed to constitute such an elite? By an odd coincidence, the makeup of such groups seems to correspond, almost one-to-one, to those people who have been most enthusiastic about egalitarianism over the years: intellectuals, academics, opinion-molders, journalists, writers, media elites, social workers, bureaucrats, counselors, psychologists, personnel consultants, and especially for the ever-accelerating new group egalitarianism, a veritable army of “therapists” and sensitivity trainers. Plus, of course, ideologues and researchers to dream up and discover new groups that need egalitarianizing.

If these groups of what might very loosely be called the “intelligentsia” are the driving force of the Old and the New embodiments of egalitarianism, how does this minority hope to convince a majority of the public to turn over an apparatus of despotic power into its hands? In the first place, the intellectuals start with a huge advantage far beyond their relative smallness of number: they are dominant within the “opinion-molding class” that attempts to shape public opinion, and often succeeds in that task. As is always the case, the State rulers need the support of an opinion-molding class to engineer the consent of the public. In the Old Egalitarianism, the would-be rulers sought to bring into their camp, in the first place, the seeming economic beneficiaries of the egalitarian program — the lower-income groups who would be recipients of much of the transfer, or soaking of the wealthy (part of the transfer from the rich, of course, would go into the coffers of the Procrustean elites themselves, the brokers of the egalitarian wealth-transfer). As for the plundered wealthy,they would be induced to support the system by being persuaded that they must expiate their “guilt” at being wealthier than their impoverished fellow-citizens. Infusion of guilt is a classic path of persuading the wealthy victim to surrender his wealth without a struggle.

Any success in the Old Egalitarian program led, of course, to expansion of the number, the wealth, and the power of the new Procrustean elite, resulting in an ever lower income definition of “the wealthy” to be plundered, and an ever higher definition of “the poor” to be subsidized. This process has been all too clearly at work in the United States and in the western world in the twentieth century. From being confined to the highest income brackets, for example, the payers of income tax have descended into the ranks of the far more numerous middle class. At the same time, the “poverty level” to be subsidized and cosseted has marched steadily upward, as the “poverty line” is continually revised upward, and the subsidized escalate from the very poor to the unemployed to the more affluent “working poor.”

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From the point of view of the egalitarians, however, the weakness of the Old Egalitarianism is that it has only one category of beneficiary — “the poor,” however defined, and one category of the plundered, “the rich.” (That they themselves are notable beneficiaries is always discreetly left hidden behind the veil of altruism and alleged expertise. For anyone else to bring up to the point would be considered ungentlemanly, or, even worse, to be engaging in the much-derided “conspiracy theory of history.”)

In the light of this analysis, then, let us examine the New Group Egalitarianism. As we all know, the new egalitarians search for “oppressed” groups who are lower in income, status, or prestigious jobs than others, who become the designated “oppressors.” In classic leftism or Marxism, there was only one alleged “oppressed group,” the proletariat. Then the floodgates were opened, and the ranks of the designated oppressed, or “accredited victims,” have proliferated seemingly without end. It began with the oppressed blacks, and then in rapid succession, there were woman, Hispanics, American Indians, immigrants, “the disabled,” the young, the old, the short, the very tall, the fat, the deaf, and so on ad infinitum. The point is that the proliferation is, in fact, endless. Every individual “belongs” to an almost infinite variety of groups or classes. Take, for example, a Mr. John Smith. He may belong to an enormous number of classes: e.g., people named “Smith,” people named “John,” people of height 5 feet 10 inches, people of height under 6 feet, people who live in Battle Creek, Michigan, people who live north of the Mason-Dixon line, people with an income of … etc. And among all these classes, there are an almost infinite number of permutations. It has gotten to the point where the only “theory” of “oppression” needed is if any such group has a lower income or wealth or status than other groups. The below-average group, whatever it is, is then by definition, “discriminated against” and therefore is designated as oppressed. Whereas any group above the average is, by definition, doing the discriminating, and hence a designated oppressor.

Every new discovery of an oppressed group can bring the egalitarian more supporters in his drive to power, and also creates more “oppressors” to be made to feel guilty. All that is needed to find ever-new sources of oppressors and oppressed is data and computers, and, of course, researchers into the phenomena — the researchers themselves constituting happy members of the Procrustean elite class.

The charm of group egalitarianism for the intellectual-technocratic-therapeutic-bureaucratic class, then, is that it provides a nearly endless and accelerating supply of oppressed groups to coalesce around the egalitarians’ political efforts. There are, then, far more potential supporters to rally around the cause than could be found if only “the poor” were being exhorted to seek and promote their “rights.” And as the cause expands, of course, there is a multiplication of jobs and an acceleration of taxpayer funding flowing into the coffers of the Procrustean ruling elite, a not-accidental feature of the egalitarian drive. Joseph Sobran recently wrote that, in the current lexicon, “need” is the desire of people to loot the wealth of others; “greed” is the desire of those others to keep the money they have earned; and “compassion” is the function of those who negotiate the transfer. The ruling elite may be considered the “professional compassionate” class. It is easy, of course, to be conspicuously “compassionate” if others are being forced to pay the cost.

This acceleration of New Egalitarianism leads, relatively quickly, to inherent problems. First, there is what Mises called “the exhaustion of the reserve fund,” that is, the resources available to be plundered and to pay for all this. As a corollary, along with this exhaustion may come the “backlash,” when the genuinely oppressed — the looted, those whom William Graham Sumner once called the Forgotten Man — may get fed up, rise up and throw off the shackles which have bound this Gulliver and induced him to shoulder the expanding parasitic burdens.

The New Egalitarian Elite

We conclude with one of the great paradoxes of our time: that the powerful and generally unchallenged cry for “equality” is driven by the decidedly inegalitarian aim of climbing on its back to increasingly absolute political power, a triumph which will of course make the egalitarians themselves a ruling elite in income and wealth as well as power. Behind the honeyed but patently absurd pleas for equality is a ruthless drive for placing themselves at the top of a new hierarchy of power. The new intellectual and therapeutic elite impose their rule in the name of “equality.” As Antony Flew tellingly puts it: equality “serves as the unifying and justifying ideology of certain social groups … the Procrustean ideal has, as it is bound to have, the most powerful attraction for those already playing or hoping in the future to play prominent or rewarding parts for the machinery of its enforcement.”

In a brilliant and mordant critique of the current ascendancy of left-liberal intellectuals, the great economist and sociologist Joseph Schumpeter, writing as early as World War II, pointed out that nineteenth-century free-market “bourgeois” capitalism, in sweeping away aristocratic and feudal political structures, and challenging the “irrational” role of religion and the heroic virtues in behalf of the utilitarianism of the counting-house, foolishly managed to destroy the necessary protections for their own free-market order. As Schumpeter vividly puts it: “The stock exchange is a poor substitute for the Holy Grail.” Schumpeter continues:

Capitalist rationality does not do away with sub- or super-rational impulses. It merely makes them get out of hand by removing the restraint of sacred or semi-sacred tradition. In a civilization that lacks the means and even the will to guide them, they will revolt. … Just as the call for utilitarian credentials has never been addressed to kings, lords, and popes in a judicial frame of mind that would accept the possibility of a satisfactory answer, so capitalism stands its trial before judges who have the sentence of death in their pockets. They are going to pass it, whatever the defense they may hear; the only success victorious defense can possibly produce is a change in the indictment.

The capitalist process, Schumpeter adds, “tends to wear away protective strata, to break down its own defenses, to disperse the garrisons of its entrenchments.” Moreover,

capitalism creates a critical frame of mind which, after having destroyed the moral authority of so many other institutions, in the end turns against its own; the bourgeois finds to his amazement that the rationalist attitude does not stop at the credentials of kings and popes but goes on to attack private property and the whole scheme of bourgeois values.

As a result, Schumpeter points out, “the bourgeois fortress becomes politically defenseless.” But,

defenseless fortresses invite aggression especially if there is rich booty in them. … No doubt it is possible, for a time, to buy them off. But this resource fails as soon as they discover that they can have all.

Schumpeter notes that his explanation for rising hostility to free market capitalism at a time when it had brought to the world unprecedented freedom and prosperity, is confirmed by the striking fact that,

there was very little hostility [to free-market capitalism] on principle as long as the bourgeois position was safe, although there was then much more reason for it; it [the hostility] spread pari passu with the crumbling of the protective walls.

At the head and the nerve center of the driving force to take advantage of this bourgeois weakness have been the left-liberal intellectuals, a class multiplied vastly in number by the prosperity of capitalism and particularly by continuing and vast government subsidies to public schools, to formal literacy, and to modern communications. These subsidies not only helped create a huge class of intellectuals, but also have provided them — as well as the  state apparatus — for the first time in history with the tools necessary to indoctrinate the mass of the public at large.  Moreover, since the bourgeois free-market order is deeply committed to the rights of private property, and hence to freedom of speech and the press, by the very principles at the heart of their system, they find it impossible to “discipline” the intellectuals, in Schumpeter’s phrase “to bring the intellectuals to heel.” Thus, the intellectuals, nurtured in the bosom of free-market capitalist society, take the earliest opportunity to turn savagely on their benefactors, “to nibble at the foundations of capitalist society,” and finally to organize a drive for power using their virtual monopoly of the opinion-molding process by perverting the original meaning of such words as “freedom,” “rights,” and “equality.”  Perhaps the most hopeful aspect of this process is that, as the late sociologist Christopher Lasch points out in his new work, the values, attitudes, principles and programs of the increasingly arrogant liberal intellectual elite is so out of sync, so much in conflict, with those of the mass of the American public, that a powerful counter-revolutionary backlash is apt to occur, and indeed at this very moment seems in the process of spreading rapidly throughout the country.

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In his sparkling essay, “Equality as a Political Weapon,” Samuel Francis gently chides conservative opponents of egalitarianism for expending a large amount of energy in philosophical, historical, and anthropological critiques of the concept and the doctrine of equality. This entire “formal critique,” however rewarding and illuminating, declares Francis, is really wide of the mark:

In a sense, I believe that it has been beating a dead horse — or more strictly, a dead unicorn, a beast that exists only in legend. The flaw, I believe, is that the formal doctrine of equality is itself nonexistent or at least unimportant.

How so? The doctrine of equality is “unimportant,” Francis explains, “because no one, save perhaps Pol Pot or Ben Wattenberg, really believes in it, and no one, least of all those who profess it most loudly, is seriously motivated by it.” Here Francis quotes the great Pareto:

a sentiment of equality … is related to the direct interests of individuals who are bent in escaping certain inequalities not in their favor, and setting up new inequalities that will be in their favor, the latter being their chief concern.

Francis then points out that “the real meaning” of the “doctrine of equality,” as well as its “real power as a social and ideological force,” cannot be countered by merely formal critiques. For:

the real meaning of the doctrine of equality is that it serves as a political weapon, to be unsheathed whenever it is useful for cutting down barriers, human or institutional, to the power of those groups that wear it on their belts.

To mount an effective response to the reigning egalitarianism of our age, therefore, it is necessary but scarcely sufficient to demonstrate the absurdity, the anti-scientific nature, the self-contradictory nature, of the egalitarian doctrine, as well as the disastrous consequences of the egalitarian program. All this is well and good. But it misses the essential nature of, as well as the most effective rebuttal to, the egalitarian program: to expose it as a mask for the drive to power of the now ruling left-liberal intellectual and media elites. Since these elites are also the hitherto unchallenged opinion-molding class in society, their rule cannot be dislodged until the oppressed public, instinctively but inchoately opposed to these elites, are shown the true nature of the increasingly hated forces who are ruling over them. To use the phrases of the New Left of the late 1960s, the ruling elite must be “demystified,” “delegitimated,” and “desanctified.” Nothing can advance their desanctification more than the public realization of the true nature of their egalitarian slogans.

from https://www.lewrockwell.com/2015/12/murray-n-rothbard/oligarchs-love-equality/

 

mardi, 09 juin 2015

L'oligarchie au pouvoir (Yvan Blot)

 
Politique & Eco n°45 :
 
L'oligarchie au pouvoir (Yvan Blot)
 

Olivier Pichon et Jean-Christophe Mounicq reçoivent Yvan Blot pour son livre paru chez Economica « L’oligarchie au pouvoir ».


1. L’oligarchie contre la démocratie.
2. Identification de l’oligarchie comme caste oppressive en France.
3. La bestialisation de l’homme par le système technico-occidental et la destruction de l’humain par l’utilitarisme et la séduction consumériste.
4. L’enlaidissement du monde par le marché spéculatif de l’art.
5. Retrouver nos racines, les groupes sociaux capables de résister.
6. Riposte à l’oligarchie, les raisons d’espérer.

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mercredi, 08 octobre 2014

L'Europe pharisienne contre les droits des citoyens

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L'Europe pharisienne contre les droits des citoyens

par Yvan Blot

Ex: http://www.zentropaville.tumblr.com

L’oligarchie politique et administrative qui contrôle les institutions européennes à l’heure actuelle, au sens large, (Union européenne mais aussi Conseil de l’Europe et ses prolongements) est animée d’une idéologie typiquement pharisienne.


oligarchie-246x300.jpgLe mot pharisien vient du terme hébreu « péroushim » qui signifie « séparés ». Les pharisiens sont séparés ou veulent se séparer de ceux qui leur semblent « impurs ». En politique actuellement, sont considérés comme « impurs » les « populistes », les « nationalistes » les « identitaires » mais d’une façon générale tous ceux qui sont suspectés défendre leurs intérêts nationaux en menaçant les « droits de l’homme ».

Quand les « droits de l’homme » se retournent contre les libertés

Dans ce sens, les « droits de l’homme » ne sont plus les « libertés fondamentales », ce qu’ils étaient à l’origine et qui se traduisaient politiquement dans des droits concrets accordés aux citoyens. Dans une optique égalitaire considérant les hommes comme des matières premières interchangeables, les « droits de l’homme » deviennent une arme politique et juridique pour empêcher les nations de sauvegarder leur identité propre et les libertés qui y sont liés. Les droits de l’homme dans cet esprit finissent par se retourner contre les libertés.

Les pharisiens politiques sont toujours prêts à jouer les procureurs. Le Conseil de l’Europe notamment s’est donné le ridicule de créer il y a quelques années une commission d’enquête contre le Liechtenstein soupçonné de menacer les « droits de l’homme » parce qu’une réforme constitutionnelle approuvée par référendum populaire renforçait les pouvoirs du Prince (tout en créant une possibilité de le renverser par référendum d’initiative populaire, ce qui est interdit aux citoyens dans les pays « républicains ».

Autre exemple, l’affaire « Lautsi » par laquelle la Cour européenne des droits de l’homme interdit à l’Italie la présence de crucifix dans les classes des écoles publiques. Vingt états européens se sont insurgés contre cette décision de novembre 2009. Le gouvernement lituanien a mis en parallèle cet arrêt avec la persécution religieuse qu’elle a subie sous le régime soviétique où les symboles religieux étaient strictement interdit dans la sphère publique. Il est révélateur que la plupart des anciens pays de l’Est qui ont subi la dictature communiste font partie de la liste des pays qui soutiennent l’Italie aujourd’hui contre le plan de sécularisation forcée des écoles qui inspire la Cour européenne dite des droits de l’homme.Mgr Hilarion du patriarcat orthodoxe de Moscou déclare de façon pertinente : le sécularisme qui prospère aujourd’hui en Europe est lui aussi une pseudo-religion qui a ses dogmes, ses normes, son culte et sa symbolique. A l’instar du communisme russe du XXème siècle, il prétend au monopole et ne supporte aucune concurrence » (1)

La dérive égalitariste et discriminatoire

Evidemment les pharisiens européens donnent des leçons sans regarder leurs propres turpitudes, à savoir le fameux « déficit démocratique » des institutions européennes, Union européenne, conseil de l’Europe et Cour européenne des droits de l’homme confondus.

Tous ces organismes sont de types caricaturalement oligarchiques et violent dans leur manière de se structurer et de fonctionner la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen française de 1789.

Cette déclaration qui fait des droits de l’homme des libertés fondamentales dans son article deux n’a rien à voir avec la dérive égalitariste anti- discriminatoire actuelle qui a pour but de faire des citoyens des sujets passifs interchangeables, matière première du système techno économique dirigé par des managers, lesquels n’ont rien à voir avec les propriétaires de la théorie économique libérale autrichienne.

Son article 16 déclare sans la moindre ambigüité : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. » C’est exactement le cas de l’Union européenne actuelle où le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif sont totalement confondus.

La confusion des pouvoirs dans l’Union européenne

Ainsi, c’est la Commission, organe exécutif qui a le monopole, nous disons bien, le monopole de l’initiative des lois. Non seulement l’initiative des lois ne revient pas au parlement européen ou aux parlements nationaux, totalement démunis, mais encore les citoyens en sont totalement exclus à la différence de ce qui se passe en Suisse, démocratie modèle qui devient la tête de Turc des oligarques de Bruxelles.

De plus, le Conseil des ministres et le parlement européen peuvent édicter des lois en codécision : le terme même viole de plein fouet l’article 16 de la déclaration de 1789. Pour les rédacteurs de cette déclaration, l’Union européenne n’aurait pas de constitution assurant la liberté des citoyens faute de séparation des pouvoirs.

Les juges de la Cour européenne des droits de l’homme sont nommés sur des listes de trois noms présentés par chaque exécutif de chaque Etat puis élu par l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe : procédure oligarchique de confusion des pouvoirs qui viole aussi l’article 16 de la déclaration de 1789. Cette oligarchie judiciaire est irresponsable devant le peuple faute de procédure de « rappel » telle qu’elle existe aux Etats-Unis pour les juges de cours suprêmes de beaucoup d’Etats fédérés (2)

Liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression : des droits bafoués

Huit autres articles de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (qui fait partie de nos textes constitutionnels) sont bafoués d’une manière ou d’une autre par les institutions européennes telles qu’elles sont, c’est-à-dire fort peu démocratique.

L’article 2 dispose : « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression ». On notera que les notions d’égalité, d’égalitarisme et de lutte contre les discriminations n’ont pas leur place ici et que ces notions doivent être subordonnées aux droits de l’homme listés de façon limitative à l’article 2. Par exemple, l’égalitarisme ne saurait passer avant la liberté ou le droit de propriété ne saurait être vidé de sa substance au nom de la « lutte contre la discrimination ». L’égalitarisme contenu dans l’interprétation récente des droits de l’homme est en fait la matrice d’un nouveau totalitarisme qui se retourne contre les libertés fondamentales.

La souveraineté de la Nation et des citoyens : d’autres droits bafoués

L’article 3 dispose : « le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation ». Ce principe est bafoué ouvertement par l’idéologie anti nationale qui domine dans les institutions européennes.

L’article 5 dispose : « la loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société ». En quoi des crucifix dans les écoles italiennes sont ils « nuisibles à la société » ? En quoi le renforcement du pouvoir du prince du Liechtenstein sous le contrôle de la démocratie directe est-il nuisible à la société ? En quoi l’interdiction des minarets en Suisse serait-elle « nuisible à la société » ? On voit ici à quel point le Conseil de l’Europe et sa Cour satellite cherchent à acquérir des pouvoirs qui vont bien au-delà des pouvoirs tolérés par la déclaration de 1789.

L’article 6 est bafoué, non seulement par les institutions européennes par la plupart des institutions des Etats membres du Conseil de l’Europe, à l’exception de la Suisse, du Liechtenstein, de l’Italie et de l’Allemagne au niveau de ses Etats fédérés, les Länder.
Il dispose en effet : « la loi est l’expression de la volonté générale. TOUS les citoyens ont droit de concourir PERSONNELLEMENT ou par leurs représentants, à sa formation ». Cet article affirme que la démocratie directe et la démocratie parlementaire doivent se compléter. Or la plupart des Etats européens n’ont toujours pas la démocratie directe qui permet aux citoyens d’être à l’initiative des lois (par pétition) et de pouvoir décider de celles-ci (par référendum). Le Traité de Lisbonne ne tolère que la pétition pour les citoyens de l’Union européenne. Résultat : il est fréquent que des lois sont adoptées pour faire plaisir à des lobbies divers sans égard pour la « volonté générale ». La population n’a alors plus confiance dans les institutions existantes : l’absence de démocratie véritable menace la démocratie elle-même. En France, environ 40% des citoyens ont confiance dans le parlement alors qu’il est élu par le peuple (mais celui-ci ne peut choisir que des candidats choisis par les états majors des partis politiques : là encore oligarchie et non démocratie !) A titre de comparaison le système de santé ou l’armée ont en France un taux de confiance de 90% (mais 38% pour les medias contrôlés par les oligarques et 18% de confiance seulement pour les partis politiques) (3)

L’article 10 de la déclaration de 1789 dispose : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ». En quoi les crucifix dans les écoles italiennes troublent-ils l’ordre public ? Cet article est violé par les institutions européennes lorsqu’elles cherchent à effacer du paysage européen les manifestations du christianisme.

La libre communication des pensées malmenée

L’article 11 dispose : « la libre communication des pensées et des opinions est un droit des plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans des cas déterminés par la loi ». Cet article est surtout violé par le droit interne de beaucoup de pays européens mais cela ne semble pas gêner le Conseil de l’Europe et son satellite judiciaire. Le prix Nobel d’économie Milton Friedman, juif américain libertarien s’insurgeait à juste titre contre la loi Gayssot française (inspirée par un communiste) qui sous prétexte d’antiracisme limite la liberté d’expression et créée des catégories de citoyens privilégiés alors que la loi doit être la même pour tous. Plus récemment le tribunal constitutionnel fédéral allemand a annulé un jugement de la Cour d’Appel de Munich qui interdisait pour cinq ans une publication « d’extrême droite » : le tribunal suprême jugeait que le qualificatif d’extrême droite appartient à la polémique politique courante (comme extrême gauche d’ailleurs) et n’est pas un critère juridique d’interdiction de publication dans un Etat de droit défendant la liberté d’expression. Cela montre qu’il y a débat sur ce point désormais dans certains Etats d’Europe.

C’est un mécanisme oligarchique qui décide de l’impôt

L’article 14 de la déclaration de 1789 est totalement bafoué : « TOUS les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette et la durée. Seuls les Etats à démocratie directe comme la Suisse, le Liechtenstein ou les 27 états fédérés américains (sur 50) respectent cet article. En général l’impôt est décidé par un mécanisme totalement oligarchique : même le pouvoir des « représentants (députés) est purement formel : c’est l’administration d’Etat qui décide des impôts comme dans l’ancienne Union soviétique.

Enfin l’article 15 n’est guère appliqué en réalité : « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ». On a en général organisé l’irresponsabilité à tous les niveaux, administratifs et parlementaires, ce qui explique la gabegie, les déficits, l’endettement monstrueux de la plupart des Etats européens (sauf la Suisse bien entendu, décidément fort gênante).

On a déjà parlé de l’article 16 qui exige la séparation des pouvoirs législatifs, exécutifs et judicaires.

Cette revue montre que l’Europe ne porte pas tous les péchés. Les Etats membres aussi ne respectent guère les véritables droits de l’homme et du citoyen de la déclaration de 1789. Après tout, ces états oligarchiques ont créé une Europe à leur image, ce qui est bien logique mais en aggravant les défauts au détriment des droits des citoyens.

Retrouver les libertés par la démocratie directe

Pour sortir de cette dérive menaçante pour nos libertés que les connaisseurs de l’ancienne dictature communiste comme le président tchèque Vaclav Klaus savent mieux identifier que les Occidentaux inexpérimentés donc inconscients, il faut de toute urgence réformer les constitutions des pays européens pour y introduire la démocratie directe. Il faut revoir les traités fondant l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des droits de l’homme pour démocratiser ces institutions. Cela n’aura servi à rien de faire tomber le rideau de fer si par une dérive lente, hypocrite mais inexorable, les libertés des européens et de leurs nations sont grignotées par un pouvoir irresponsable. Une nouvelle forme de dictature menacerait ainsi l’Europe au moment même où elle a pu se libérer de l’oppression rustique du communisme. Nos Etats, à la différence des anciens pays de l’Est, respectent encore certaines libertés traditionnelles mais leur processus de décision, de moins en moins démocratiques et de plus en plus favorables à des pouvoirs irresponsables rendent à bon droit inquiets pour notre avenir. Nous risquons de devenir, non pas de libres citoyens, mais des matières premières interchangeables à la merci des managers du public comme du privé.

Yvan Blot

Notes :

  1. Voir l’article de Grégor Puppinck sur l’affaire Lautsi dans La Nouvelle Revue Universelle n°22 de 2010
  2. Le rappel (recall) est une procédure de démocratie directe américaine qui permet à une pétition de citoyens de déclencher un référendum pour démettre un juge d’une Cour Suprême. Ce procédé a pour but d’éviter la confiscation du pouvoir souverain par une oligarchie judiciaire irresponsable.
  3. Voir les travaux notamment de Pierre Bréchon et Jean-François Tchernia in La France à travers ses valeurs 2010

samedi, 03 mai 2014

L'oligarchie mondialiste, fléau de l'Amérique et de l'Europe?...

Arnaud Imatz

L'oligarchie mondialiste, fléau de l'Amérique et de l'Europe?...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Arnaud Imatz, cueilli sur le site du Cercle Aristote et consacré au rôle délétère de l'oligarchie et de son idéologie mondialiste...

 

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L'oligarchie mondialiste, fléau de l'Amérique et de l'Europe

Lorsqu’on vit depuis des années à l’étranger un sujet régulier d’étonnement est le mélange de répulsion-fascination que suscitent les États-Unis dans les grands médias de l’Hexagone. Certes, il ne s’agit pas d’une nouveauté. La généalogie de l’américanophobie et de l’américanophilie est bien établie. Les historiens la font remonter au XVIIIe siècle. Mais l’ampleur du parti pris journalistique à l’heure de traiter l’information sur l’ami-ennemi américain, est proprement sidérante. Le matraquage « obamaniaque », à l’automne 2012, quelques jours avant les élections présidentielles, n’en est qu’un exemple criant. Le message était d’un simplicité enfantine : il y avait d’une part, Barack Obama, le « bon », le réformateur, le « créateur » du système de protection sociale, et, d’autre part, Mitt Romney, le « méchant », le réactionnaire-opportuniste, le mormon milliardaire, le capitaliste va-t-en-guerre. Oubliée la loi de protection de la santé adoptée par l’État du Massachusetts, en 2006, sous l’impulsion du gouverneur Romney. Oubliées les interventions répétées de l’armée américaine sous les ordres du président démocrate sortant, les attaques de drones qui violaient le droit international (10 fois plus nombreuses que sous Bush Jr.) en particulier au Pakistan et au Yemen, l’envoi de 33000 hommes en Afghanistan, l’intervention en Lybie… En démocratie, disait le théoricien des relations internationales, Hans Morgenthau, « la propagande est inévitable, elle est un instrument de la politique », et son contrôle ne peut être qu’un travail de Pénélope. On ne supprime pas la propagande, pas plus qu’on n’élimine la conflictivité, au mieux, on la minimise.

En attendant le prochain déferlement de passion, il n’est peut être pas inutile de s’interroger sereinement sur l’hyperpuissance mondiale, sur son oligarchie et son peuple. Que penser de « l’Amérique et des Américains » ? Vaste question ! J’entends déjà mes amis d’Amérique hispanique s’insurger avec raison : « Ne vivons-nous pas en Amérique ? Ne sommes-nous pas, nous aussi, des Américains ? ». Mais passons. Faute d’espace, et à défaut d’analyses rigoureuses, voici quelques sentiments, opinions et pistes de réflexion.

Fonctionnaire international à l’OCDE, émanation du célèbre Plan Marshall, j’ai eu la chance de travailler dans l’entourage immédiat du Secrétaire général et de côtoyer moult ambassadeurs et hauts fonctionnaires d’Amérique du Nord et d’Europe. Par la suite, fondateur et administrateur d’entreprise, j’ai entretenu des relations suivies avec un bon nombre de cadres d’universités et d’hommes d’affaires des États-Unis et du Canada. Une expérience restreinte, limitée à la classe directoriale et aux milieux urbains (après plus de trente voyages je reste avec l’envie d’admirer un jour les grands espaces !), mais néanmoins une connaissance directe, tirée de situations vécues pendant trois décennies. Disons le tout de suite, l’image qui en ressort est nuancée, voire ambigüe. Un peuple jeune, dynamique, agressif, violent, sans racines, né de la fusion d’apports les plus divers, a-t-on coutume de répéter. Je dirai pour ma part que les Américains du Nord sont généralement des gens aimables, ouverts, spontanés, simples, sympathiques et très « professionnels ». Ils méritent en cela considération et respect. La cuistrerie, le pédantisme, la suffisance, l’arrogance, le ressentiment, l’esprit de caste et la manie de la hiérarchisation reposant sur les écoles, les titres et les diplômes, ces plaies sociales de notre vieux continent, omniprésentes dans la pseudo-élite française, qu’elle soit intellectuelle, politique ou économique, sont nettement moins répandus outre-Atlantique. À tout prendre, je préfère d’ailleurs l’amabilité commerciale, pourtant très artificielle, du diplômé de Yale, Harvard ou Stanford à la fatuité et la présomption de tant d’énarques, de polytechniciens voire de docteurs d’État de l’Hexagone.

J’admire sans réserves l’attachement, presque indéfectible, du peuple américain au premier amendement de sa Constitution : « Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu’a le peuple de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des torts dont il a à se plaindre ». Je sais bien sûr l’aptitude des juristes à réinterpréter un texte constitutionnel, parfois même dans un sens absolument contraire à l’esprit des pères fondateurs, afin de satisfaire les intérêts de la classe politique ou de répondre à ses injonctions. Je ne suis pas non plus naïf au point de croire que cette fidélité au Bill of Rights est appelée à perdurer éternellement sans aucune faille. Mais à ce jour, malgré les accrocs et les accusations répétées de violations, le principe et son application me semblent résister. Et ce n’est pas rien ! Il suffit de comparer la situation états-unienne avec celle de la France pour s’en convaincre. Une loi mémorielle, qui imposerait le point de vue officiel de l’État sur des faits historiques, est tout-à fait inconcevable aux États-Unis.

J’admire aussi évidemment les découvertes scientifiques et surtout techniques de cette grande nation. Il faudrait d’ailleurs être dépourvu de raison et de cœur pour les ignorer. Je fais en outre le plus grand cas de la littérature nord-américaine. Qui oserait prétendre qu’elle n’a pas souvent atteint les plus hauts sommets ? Même le cinéma hollywoodien ne me semble pas aussi médiocre qu’on le prétend. Quantitativement pitoyable, soit ! Mais il réalise chaque année de véritables chefs d’œuvres. Peut être 1 % de la production, qui a toujours rivalisé en nombre et en qualité avec le meilleur du cinéma européen et qui, depuis déjà près de trente ans et à l’exclusion de quelques rarissimes exceptions, distance ce dernier de très loin. Enfin, dans le domaine qui m’est le plus familier, l’histoire des faits et des idées et les sciences politiques, j’ai la ferme conviction qu’au tournant du XXIème siècle, les travaux d’auteurs aussi différents que Christopher Lasch, Paul Gottfried, Robert Nisbet, John Lukacs ou Paul Piconne, égalent, et parfois dépassent, ceux de n’importe quelle figure intellectuelle européenne.

Les codes de la nouvelle classe dirigeante américaine

Cela-dit, il y a plus d’une ombre au tableau. Après avoir longtemps structuré la nation nord-américaine, la pensée et le mode de vie des WASP (White Anglo-Saxon Protestant) ont fait long feu. Le puritain, animé par l’idéal abstrait de renoncement personnel et de perfectionnement de soi, l’homme pieux, pour qui la réussite personnelle est secondaire par rapport à l’œuvre sociale, relève du souvenir lointain. Mort !, l’individualiste farouche d’antan, le cow-boy tenté par l’aventure de la vie sauvage. Enterré !, le « self made man », l’archétype du vieux rêve américain, cet être loyal, solidaire, zélé au travail, autodiscipliné, modéré, épargnant, refusant de s’endetter. Il y a belle lurette que la majorité de la société américaine n’accorde plus d’intérêt à ces valeurs et idéaux.

En cinquante ans, les « codes » de l’élite politico-économico-médiatique « américaine » ont changé considérablement. Le style de vie de la classe directoriale est désormais marqué par l’anomie, le manque de racine, l’anxiété, le changement perpétuel, l’incertitude, le narcissisme, la hantise du « standing », l’obsession de la bonne santé physique, l’assujettissement à la consommation de la marchandise, la complaisance pour les hétérodoxies sexuelles, le mépris des traditions populaires jugées trop « réactionnaires », l’asservissement à la tyrannie de la mode, la fascination pour le marché capitaliste, l’admiration des formes de propriété anonyme, la recherche frénétique du profit, le culte passionné de l’accomplissement personnel, de la performance, du spectacle, de la réussite et de la célébrité.

Ostensiblement égalitaire, antiautoritaire, cosmopolite, communautarienne et multiculturaliste,  la nouvelle classe dominante se distingue par ses revenus et son train de vie élevés. Elle tourne le dos à la question sociale et au peuple, mais fait le plus grand cas des questions de société telles que la lutte contre l’homophobie, le mariage gay, l’aide à la famille mononucléaire et monoparentale, le soutien de la pratique des mères porteuses, l’enseignement de l’idéologie du genre, la dépénalisation des drogues « douces », l’éloge de la discrimination positive en faveur des minorités ethno-religieuses, etc. Parmi ses membres, se recrutent les adeptes les plus fervents de la libre circulation des marchandises et des personnes. Ils sont les zélateurs du libre-échange et de l’immigration illimités. « Vivre pour soi-même et non pour ses ancêtres et sa postérité » ou « Avant moi le néant après moi le déluge » pourrait-être leur devise. Le conformisme « progressiste », la hantise des « valeurs périmées et dépassées », masque chez eux la diligence empressée à l’égard d’un nouvel ordre social banalisé, une domination reformulée, un contrôle social remodelé.

Si vous devez négocier avec le représentant d’une grande entreprise ou d’une quelconque bureaucratie publique ou privée, avec un « CEO » (PDG) ou un haut fonctionnaire fédéral et ses conseillers, attendez-vous à toutes les chausse-trapes. Mensonge, félonie, dol, boniment, duplicité, sont permis. La fin justifie les moyens. On me dira bien sûr que j’ai tort de mettre en cause l’ensemble de cette « élite » ou plutôt « pseudo-élite », qu’il est faux de laisser entendre que tout le milieu est à l’image de quelques uns, que c’est ignorer la complexité de la nature humaine, pire, que c’est faire le jeu du « populisme » démagogique. Je ne nie pas qu’il y ait des exceptions remarquables, mais malheureusement, après des décennies d’expérience, je reste dans l’expectative de les rencontrer. La réalité, évidemment contestée par les intéressés, est que la lâcheté, l’hypocrisie et l’opportunisme sont  omniprésents parmi eux. Que pourrait-on d’ailleurs attendre d’autre de la part d’experts en communication, de spécialistes de la désinformation, de la manipulation, de la séduction et de l’impression produite sur les autres ? Exit donc l’idéal de la vieille culture américaine, celui du devoir et de la loyauté. La culture dominante des pseudo-élites modernes états-uniennes est résolument hédoniste, individualiste et permissive.

Un modèle vénéré par les « élites » européennes de droite comme de gauche

Je me refuse pour autant à reprocher à l’Amérique ou aux Américains du Nord les attitudes d’une caste interlope ou les défauts d’un modèle de société que la majorité de nos oligarques européens développe et vénère au quotidien. Dans le cœur et l’esprit de ces derniers, l’identité culturelle n’est-elle pas aussi ostensiblement remplacée par l’exaltation de la croissance du PNB, la glorification de l’accès massif à la consommation, la volonté d’étendre le mode de vie occidental au reste du monde, l’espoir fou que le développement des forces de production peut se perpétuer partout indéfiniment sans déclencher de terribles catastrophes écologiques ? Les « valeurs universelles », les « droits de l’homme » ne sont-ils pas sacralisés par la classe dirigeante européenne qui magnifie elle aussi la croisade démocratique mondiale et méprise souverainement les circonstances historico-culturelles données ? Le discours /récit des grands médias européens n’a-t-il pas lui aussi pour fonction de revêtir les aspirations et les intérêts matériels des nations « occidentales » sous l’apparence d’objectifs moraux universels ?

Nul n’en disconviendra, les États-Unis occupent une place exceptionnelle sur la scène internationale. Ils sont les détenteurs du leadership mondial. Ils sont la superpuissance, l’hyperpuissance ou l’Empire (terme le plus exact, bien qu’il soit généralement évité pour prévenir l’accusation d’antiaméricanisme). Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis se voulaient le fer de lance de l’anticolonialisme, mais en réalité, leurs interventions dans le monde pour défendre leurs intérêts se comptent par milliers depuis le XIXe siècle. Pour le seul cas de l’Ibéro-Amérique, on n’en compte pas moins de 50 majeures et 700 mineures. L’application historique de la doctrine Monroe (1823) a montré que la devise « L’Amérique aux Américains » signifiait en réalité « L’Amérique aux Américains du Nord ».

Dans la phase actuelle de recomposition des pôles politico-économico-culturels mondiaux, l’Empire thalassocratique perd de l’influence, mais il n’en conserve pas moins une position hégémonique. Au tournant du XXIe siècle, aucune puissance émergente n’est en mesure de surpasser les États-Unis. Ils produisent un peu moins du quart de la richesse mondiale, peuvent exploiter de fabuleux gisements de gaz de schiste et disposent d’une force militaire écrasante. Leur décadence, leur déclin, est semble-t-il inéluctable, mais la chute peut être ralentie durablement.

L’hybris états-unienne, la démesure dictée par l’orgueil des pseudo-élites nord-américaines, constitue néanmoins un redoutable danger pour la stabilité de la planète. La guerre économique, dont ils sont un fauteur majeur depuis plusieurs décennies, est une réalité planétaire. La guerre du pétrole et du gaz n’en est qu’un des aspects les plus criants. Nier ou ignorer tout ce qui est en jeu : le contrôle des réserves énergétiques et agroalimentaires mondiales, la domination de l’information, des communications, de l’intelligence civile et militaire, est le signe de l’aveuglement, de l’incompétence ou de la trahison.

Mais cela dit, l’honnêteté intellectuelle impose de souligner la complicité active ou la collaboration bienveillante dont bénéficie la nouvelle classe dirigeante américaine en Europe, sans oublier le rôle très discutable et la marge d’action considérable des managers des multinationales. Patriotes ou nationalistes sans complexes, les présidents Américains, démocrates ou républicains, nous répètent à l’envi que le peuple des États-Unis est « élu et prédestiné », que « le destin de la nation américaine est inséparable du Progrès, de la Science, de l’intérêt de l’Humanité et de la volonté de Dieu », mais c’est bien l’hyperclasse mondiale dans son ensemble qui reprend à l’unisson : « L’histoire des États-Unis d’Amérique se confond avec celle de la liberté, de la prospérité, de la démocratie et de la civilisation ».

L’espoir d’une recomposition et d’une relève politique  

Que les choses soient claires : « l’Amérique » ou les Américains du Nord ne sauraient être tenus pour l’adversaire principal.  L’adversaire est en nous, il est chez nous. L’adversaire, c’est l’idéologie mortifère de la pseudo-élite de gauche comme de droite ; c’est celle des leaders et apparatchiks (non pas des militants et sympathisants) des principaux partis européens au pouvoir, néo-sociaux-démocrates et néolibéraux, si proches des sociaux-libéraux du parti démocrate et des néoconservateurs du parti républicain d’outre-Atlantique ; c’est celle des maîtres de la finance mondiale et de leurs affidés médiatiques gardiens jaloux du politiquement correct ; c’est celle des « intellectuels organiques », contempteurs inlassables du populisme démagogique. Ce populisme, qui, selon eux, mettrait en cause dangereusement la démocratie, alors que, malgré d’inévitables dérapages, il est le cri du peuple, la protestation contre un déficit de participation, l’appel angoissé à la résistance identitaire, à la restauration du lien social, à la convivialité ou à la sociabilité partagée. L’adversaire, c’est bien l’idéologie des néolibéraux et des néo-sociaux-démocrates, et celle de leurs « idiots utiles », les altermondialistes, qui, à leur manière, rêvent de parfaire la transnationalisation des personnes et l’homogénéisation des cultures.

Soulignons-le encore : le combat culturel ne se livre pas entre l’Europe et l’Amérique du Nord, mais entre deux traditions culturelles qui se déchirent au sein de la modernité. L’une, aujourd’hui minoritaire, est celle de l’humanisme civique ou de la République vertueuse, qui considère l’homme d’abord comme un citoyen qui a des devoirs envers la communauté, et qui conçoit la liberté comme positive ou participative. L’autre, majoritaire, est celle du droit naturel sécularisé, de la liberté strictement négative entendue comme le domaine dans lequel l’homme peut agir sans être gêné par les autres. L’une revendique le bien commun, la cohérence identitaire, l’enracinement historico-culturel (national, régional et grand continental), la souveraineté populaire, l’émancipation des peuples et la création d’un monde multipolaire ; l’autre célèbre l’humanisme individualiste, l’hédonisme matérialiste, l’indétermination, le changement, l’homogénéisation consumériste, l’État managérial et la « gouvernance » mondiale, sous la double bannière du multiculturalisme et du productivisme néo-capitaliste.

Pour les tenants du « Républicanisme » ou de l’humanisme civique, les néolibéraux, néo-sociaux-démocrates et altermondialistes sont incapables d’engendrer un attachement solide au bien commun. Ils savent que le principal danger de la démocratie vient d’une érosion de ses fondements spirituels, culturels et psychologiques. Avec Aristote, Montesquieu, Rousseau, Jefferson, et tant d’autres, ils reconnaissent que la démocratie est impossible sans un territoire limité et un degré élevé d’homogénéité ou de cohésion socioculturelle. Ils savent qu’il n’y a pas un seul modèle de libre marché, le capitalisme dérégulateur anglo-saxon, et que des légions de défenseurs du libre marché se sont opposés au système de laisser-faire et de marchandisation globale. Ils savent que depuis les pionniers de l’économie politique de l’École de Salamanque au XVIème siècle, jusqu’aux théoriciens de l’ordolibéralisme de l’après-Deuxième-Guerre mondiale, en passant par les non-conformistes des années 1930, de très nombreux et prestigieux économistes considèrent que  le libre marché doit dépendre de la politique, de l’éthique et de la morale.

Les partisans d’une troisième voie moderne (laquelle ne se confond pas avec les versions décaféinées de Clinton, Blair ou Bayrou), défendent le principe de la petite et moyenne propriété (individuelle, familiale et syndicale) des moyens de production coexistant avec de plus grandes formes de propriété rigoureusement réglementées dans le cadre d’une économie régionale autocentrée. Ils se dressent contre le capitalisme monopolistique et financier, contre les processus de concentration du grand marché néolibéral, contre le collectivisme socialo-communiste, contre toutes les formes de bureaucratisations publiques et privées. Ils considèrent que le protectionnisme entre ensembles régionaux homogènes (non pas entre pays) aux niveaux de vie très différents, est non seulement justifié, mais nécessaire. Enfin, ils accordent une priorité absolue aux mesures de politique démographique et au contrôle de l’immigration qui sont d’une importance vitale pour la survie de l’identité culturelle, de la sécurité et du progrès économique et social.

Depuis près de 40 ans, à droite comme à gauche, le lobby immigrationniste occupe une position dominante. Pour ne pas être diabolisées, les rares voix discordantes des partis majoritaires ont été contraintes au silence ou à manier la litote. Après avoir défendu « la limitation de l’immigration » et plaidé pour « la réduction de l’immigration clandestine », elles ont fini par soutenir du bout des lèvres « l’immigration choisie ». Mais au fil du temps, malgré les efforts désespérés de l’oligarchie « discuteuse » en faveur d’une main-d’œuvre afro-maghrébine abondante et bon marché, une partie croissante de l’opinion a décroché. Les complaisances d’usage pour « l’islamisme pluriel et pacifique », des esprits affaiblis, tétanisés par la peur du conflit, ne font plus recette. Les arguties, les insultes et les réactions passionnées des Fukuyama, Morin, Lévy, Touraine, Habermas et autres gardiens jaloux du temple se révèlent de plus en plus inefficaces. L’influence sur l’opinion du discours politique de l’oligarchie dominante ne cesse de décroître. La bipolarisation droite-gauche, sacralisée par les élites politiques et leurs soutiens que sont les bobos des grandes villes, les fonctionnaires et les retraités, ne correspond plus à rien pour les classes populaires. Ouvriers, employés, petits agriculteurs et petits commerçants prennent conscience que les prétendues « valeurs républicaines ou démocratiques », réduites aux seuls droits de l’homme, signifient en réalité les valeurs du grand marché. Ils ne croient plus à la vieille rengaine : « la mondialisation bénéficie à tous », « l’immigration est une chance  » ou « il n’y a pas trop d’immigrés ».  Ils savent qu’ils sont au contraire et resteront irrémédiablement les exclus du mondialisme et du multiculturalisme. Par ailleurs, un bon nombre de jeunes se rebellent. Pour perdurer, l’oligarchie  doit en tenir compte malgré les vœux et les cris d’Orphée que poussent encore ses membres les plus dogmatiques.

« Toute vérité franchit trois étapes, disait fort justement Arthur Schopenhauer. D’abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subitune forte opposition. Puis, elleest considéréecomme ayant toujours étéuneévidence ». C’est un honneur que d’aller contre les modes, les interdits, le « politiquement correct »  de son temps ; que de refuser le chemin de la servitude, du totalitarisme de l’argent et du magma mondialiste. C’est un honneur que de s’inscrire dans la filiation des Charles Péguy, Miguel de Unamuno, Daniel-Rops, Georges Bernanos, Simone Weil, Wilhelm Röpke, Julien Freund, Jules Monnerot, Christopher Lasch, Maurice Allais et tant d’autres résistants au fléau de l’oligarchie mondialiste. Notre Europe n’a jamais été celle des disciples de Jean Monnet, celle des multinationales, sous la tutelle définitive des États-Unis d’Amérique, « l’Europe où, comme disait Charles de Gaulle, chaque pays perdrait son âme ». Notre Europe est celle du meilleur gaullisme, celle des peuples, celle de la « troisième force », celle de l’axe grand-continental ou grand-européen.

Arnaud Imatz (Cercle Aristote, 28 octobre 2013)

mercredi, 23 avril 2014

Laurent Ozon: L'oligarchie : la comprendre et la combattre...

L'oligarchie : la comprendre et la combattre...

Vous pouvez découvrir ci-dessous une conférence de Laurent Ozon prononcée début 2014 à Lille, dans le cadre d'un séminaire du mouvement localiste et identitaire Maison commune, et consacrée à la question de l'oligarchie.

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jeudi, 06 mars 2014

Geopolitics & Oligarchy in the Ukraine Crisis

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Geopolitics & Oligarchy in the Ukraine Crisis

By Kerry Bolton

Ex: http://www.counter-currents.com

The situation in the Ukraine follows the same scenario as sundry other states that have been brought into the globalist fold. The riots on the streets of Kiev and elsewhere amount to a “color revolution” of the sought that went like a dose of salts through the states of the former USSR, and recently through North Africa in the so-called “Arab Spring.”[1] Interestingly, there are presently globalist sponsored revolts in three states simultaneously: Venezuela,[2] Syria[3] and Ukraine; all associated with Russian interests. 

Ukraine: Target of Globalists

The “Cold War” against Russia as a world power since 1945, after Stalin scotched globalist plans for a world state under United Nations auspices,[4] only had a brief respite during the Gorbachev and Yeltsin years, Gorbachev having since shown his true colors as a globalist.[5] Hence the present crisis over the Ukraine does not represent a “return to the Cold War,” as foreign policy pundits have been claiming; the “Cold War” hardly stopped. The U.S. policy makers have stated plainly that post-Yeltsin Russia remains an enemy and that anyone who aims to reassert Russia as a world power – as Putin has – is a legitimate target of the USA.[6]

As we might expect, the Ukraine has been one of the states that is of much interest to the National Endowment for Democracy. One might see from NED’s financial program that here again NED has been avidly sponsoring young cadres in various sectors of society, including “educating” electorates on how to vote in the October 2o12 elections. This is flagrant interference in the political processes of what the globalists are now ranting in regard to the Ukraine sovereignty being under threat from Russia. The 2012 NED financial report (the latest published) lists the NGO’s in the Ukraine that received $3,380,834 during that year.[7] The amount represents the upper end of funds sent by NED throughout the world.

Ukraine was among the states targeted for a “color revolution” in 2004; the “Orange Revolution.” Hence, ever since it has not been regarded as sufficiently “democratic,” a euphemism for not being sufficiently under the influence of US/globalist hegemony. A symposium on the Ukraine held by the NED-linked International Forum for Democratic Studies laments that “following its failure to consolidate the democratic gains of the much-celebrated 2004 ‘Orange Revolution,’ Ukraine under the rule of authoritarian President Viktor Yanukovych has suffered numerous setbacks in its struggle to achieve a more democratic system.”[8]

Veteran globalist foreign policy adviser, Zbigniew Brzezinski, who continues to work at 86 for the Center for Strategic and International Studies, when interviewed by Ukrainian Pravda, a journal connected with NED, lauded the rioting youth that, as with other “color revolutions,” precipitated the present situation in the Ukraine. He has praised their sense of “nationhood,” as “an optimistic sign.”[9] Brzezinski speaks of “independent nationhood.” This praise of Ukrainian nationalism by Brzezinski is odd coming from someone who has spent decades, since his days as a young academic, condemning nationalism and asserting that international capitalism, founded upon a globalist elite that transcends territorial borders, is the next phase of historical evolution in a dialectical process. Brzezinski does not even believe in “independent nationhood.” He believes that it is passé.[10] However it is the line followed by all the other mouthpieces of globalization, including the USA and the E.U., and all the pontificators at the United Nations, who are condemning Russia and upholding this “Ukrainian nationhood.” None, of course, are champions of nationalism, which they regard as anathema. It is another means of undermining Russia as the primary state that remains in the way of the “brave new world,” or the “new world order” as it has been called. Hence, “nationalism” is only used as a dialectical strategy as part of a globalist agenda.

Brzezinski also alludes to what is the real bugbear of the globalists: the fear that Russia will lead a Eurasian bloc which, we might add, would also find allies across the world, from India, to Venezuela to Syria;[11] hence the simultaneous actions against the latter two states, fomented by the same forces that are backing the situation in the Ukraine. Brzezinski, as a principal spokesman for the globalists, talks of an “expansion of Europe.” Brzezinski openly states that the globalists want the Ukraine to be part of the E.U. as the start of a process that will integrate Russia also. He states that this is the wave of the future, and that a Russia-led “Eurasian union” will fail. However, if the E.U. represented a truly independent third force, it would have been targeted as avidly by the globalists as Russia and the previous Soviet bloc. Unfortunately, the E.U. has not emerged as a third force, but as an appendage of U.S. foreign policy, and its position on the present Ukraine situation is yet another example of this.

From Brzezinski’s statements, we can see why the globalists were so eager to oust theYanukovych regime, with the prospect of the Ukraine coming closer to Russia rather than opting for the E.U. The Ukraine is clearly an important part of the globalist agenda.

Brzezinski refers to Russia increasingly interfering in Ukrainian affairs, yet the interference of NED, funded by U.S. Congress, and other such agencies, is long and pervasive.

NED funding for a new “Orange Revolution” includes the rather obvious organization named Aplesin (meaning “Orange”), more formally entitled “Center of Progressive Young People, founded in 2001. Aplesin lists its “international financial partners” as the U.S. Embassy; NED; Freedom House; Polish-Ukrainian Cooperation Foundation[12]; International Relief and Development, another U.S.-based globalist front;[13] Princes Foundation Benefactors Ostrozki Ruslan Kraplych, a Ukrainian based organization receiving funding from Microsoft Ukraine and USAID; among others.[14]

The George Soros network of globalist subverters operates in the Ukraine through the International Renaissance Foundation.[15] The Foundation has been active is assisting rioters injured in fighting with authorities.

Oligarchs Given Fiefdoms

One of the first actions of the regime that ousted Yanukovych was to give Ukraine oligarchs their own fiefdoms. Suddenly, oligarchs have become “patriots” and “nationalists.” Rinat Akhmetov, the wealthiest of the oligarchs, head of the SCM group employing 300,000 people and spanning the entirety of the Ukraine, pledged to defend his homeland — although he had lived at One Hyde Park, London — in the event of a Russian invasion. The previous day two other oligarchs, Igor Kolomoisky and Serhiy Taruta, accepted governorships over two regions and responsibility for preparing defense against a Russian invasion. Kolomoisky, “a prominent member and supporter of the country’s Jewish community,” now heads the regional government of Dnipropetrovsk in eastern Ukraine. Taruta is governor of Donetsk, in the far east of the Ukraine. Another oligarch, Dmytro Firtash, rallied to the cause, “speaking on behalf of business circles.” Rabbi Shmuel Kaminezki, head of the Jewish community in Dnipropetrovsk, expressed his support for Kolomoisky, as the Jewish community likewise finds its Ukrainian nationalist voice.[16]

As for Akhmetov, he is said to have had influence over a bloc of forty members of the Ukraine parliament,[17] and one might wonder if it was this influence that was instrumental in the ouster of Yanukovych?

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Petro Poroshenko, billionaire confectionery and automobile manufacturer, TV channel owner, and former Minister of Foreign Affairs and of Trade and Economic Development, also headed Ukraine’s National Bank (2007-2012). He was a major supporter of the 2004 “Orange Revolution,” and chief campaign manager for Viktor Yushchenko’s Our Ukraine Bloc. Forbes’ recent profile states of Poroshenko that he “was a major supporter of anti-government protesters in the Ukraine.” He is a member of parliament and is considered a likely presidential contender. His business focus is on external markets, particularly in E.U. states, having been excluded from Russia.[18] Perhaps this explains his enthusiasm for Ukraine’s entry into the European market?

Victor Pinchuk is second wealthiest oligarch in the Ukraine, behind Akhmetov, and has impeccable globalist credentials. He is founder of EastOne LLC investment, London, a media magnate, and a proponent of Ukraine’s entry into the E.U. His international links include being an adviser for the Brookings Institution, and a friend of former U.S. president Bill Clinton, British prime minister Tony Blair, and globalist wire-puller George Soros. He founded the Yalta European Strategy (YES) to promote Ukrainian entry into the E.U.[19]

The stated aim of YES is to integrate the Ukraine into “key international systems.”[20] The Pinchuk Foundation is associated with the Open Ukraine Foundation, which focuses on youth leaders. Open Ukraine was founded by Arseny Yatsenyuk, Minister of Economics (2005-2006), Minister of Foreign Affairs (2007), and chairman of the Supreme Council (2007-2008). He headed the Front for Change party (2009-2012), and during the last half of 2012 headed the “United Opposition, ” also known as the All-Ukrainian Union Fatherland.

Co-founder of Open Ukraine is Dzhymala Zbigniew, director of the financial and industrial group Inter-Groclin.[21] Pinchuk is a member of the governing body of Open Ukraine. Other O.U. luminaries include corporate board directors such as Roman Speck, CEO of JSC Alfa-Bank. Association with the Front for Change party is continued through party leader Svetlana Wojciechowski.[22] “Partners” of Open Ukraine include the Victor Pinchuk Foundation; the veteran globalist think tank Chatham House; Black Sea Trust for Regional Cooperation (BST), “a project of the German Marshall Fund,” a U.S. entity founded in 1972 to promote “Atlantic relationships,” “in the spirit of the Marshall Plan;[23] NATO Information and Documentation Center; “Democracy, Public Affairs Section,” U.S. Embassy in the Ukraine; International Renaissance Foundation, the Soros Open Society front in the Ukraine; Embassy of Poland; Horizon Capital Advisers LLC, focusing on investments in Ukraine, Moldova and Belrus.[24]

Open Ukraine has made its position unequivocal, proclaiming the “eternal memory and glory of the heroes” involved in the riots causing the present crisis.[25]

The Front for Change, with its close relationship with the oligarchs and globalists, merged into the All-Ukrainian Union Fatherland in 2013. The Fatherland Union, or United Opposition, traces its origins to the 2004 “Orange Revolution.” What is being played out in the Ukraine now is the attempt to complete what was attempted in 2004.

IMF in Ukraine

Arseny Yatsenyuk has been appointed interim Prime Minister. An article in Forbes calls Yatsenyuk “Washington’s man.” Correspondent Kenneth Rapoza alludes to a leaked phone call where Victoria Nuland, U.S. Assistant Secretary of State for European Affairs, told the Ukrainian ambassador that the USA wants “Yats” in. “Yats” was elected by the Ukraine parliament, with just one dissenting vote, despite previously being behind other opposition leaders as choice of prime minister, because he “had friends in high places and while he does not have strong support of the electorate, and would have no chance of winning an election, he is pro-IMF austerity and apparently the bulk of parliament is as well.”[26]

Yatsenyuk’s most immediate measure is to secure loans from the IMF and U.S. and E.U. banks. Yanukovych resisted IMF demands to raise taxes and devalue the currency.[27] Indeed, Yatsenyuk had stated that talks with the E.U. and the IMF are his top priorities.[28] An IMF team arrived in the Ukraine on March 4, Yatsenyuk having stated just prior to the delegation, that Ukraine would meet all IMF requirements.[29] The IMF had suspended loans to the Ukraine twice since 2008 because of the failure to carry out IMF policies. In December 2013 the IMF and the Ukraine failed to reach agreement in talks. The new government under the oligarchs has pledged to the IMF that it would undertake “wide ranging reforms,” according to the Fund’s spokesman Gerry Rice.

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Yatsenyuk has stated he expects to be the most unpopular leader in Ukraine’s history, indicating that, in keeping with usual IMF demands, the first measures will include cuts in state subsidies, particularly for domestic energy consumption, and welfare. U.S. Secretary of State John Kerry wants to rush through a U.S. guaranteed loan of $1 billion, with the E.U. likely to offer a similar amount. Russia had previously promised $15 billion, an offer that has now been withdrawn.[30]

What the outcome will be is predictable: as in other states that have thrown themselves upon the IMF, Ukraine’s economy will be privatized; her resources thrown open to global predators, and the Ukrainian Nationalists, who are already at odds with the social democrats now running the Ukraine, will have provided some of the street fodder for a process that will see the Ukraine enslaved not to Russia, but to global plutocracy – unless Russia stands firm.

Notes

[1] K. R. Bolton, “Tunisian revolt, another Soros/NED jackup,” Foreign Policy Journal, January 18, 2011, http://www.foreignpolicyjournal.com/2011/01/18/tunisian-revolt-another-sorosned-jack-up/ [2]

[2] See for example, National Endowment for Democracy, “Venezuela,” 2012 annual report, http://www.ned.org/where-we-work/latin-america-and-caribbean/venezuela [3]

[3] K. R. Bolton, “Attack on Syria planned nearly two decades ago,” Foreign Policy Journal, September 16, 2013, http://www.foreignpolicyjournal.com/2013/09/16/attack-on-syria-planned-nearly-two-decades-ago/ [4]

[4] K. R. Bolton, Stalin: The Enduring Legacy (London: Black House Publishing, 2012), 125-139.

[5] K. R. Bolton, “Mikhail Gorbachev, globalist superstar,” Foreign Policy Journal, April 3, 2011, http://www.foreignpolicyjournal.com/2011/04/03/mikhail-gorbachev-globalist-super-star/ [5]

[6] K. R. Bolton, Stalin, op. cit., 137-139.

[7] National Endowment for Democracy, NED 2012 Annual report, http://www.ned.org/where-we-work/eurasia/ukraine [6]

[8] “Ukraine’s Lessons Learned: From the Orange Revolution to the Euromaidan,” National Endowment for Democracy, February 12, 2014, http://www.ned.org/events/ukraine-lessons-learned-from-the-orange-revolution-to-the-euromaidan [7]

[9] Segei Leshchenko, “Zbigniew Brzezinski: Yanukovych understand that has no chance of fair elections. So went under the umbrella of Putin,” Ukrainian Pravda, January 15, 2014, http://www.pravda.com.ua/articles/2014/01/15/7009577/ [8]

Note that Leshchenko, who conducted the Brzezinski interview, is a NED Fellow.

[10] Zbigniew Brzezinski, Between Two Ages: America’s role in the technotronic era (New York: The Viking Press, 1970), 29.

[11] K. R. Bolton, Geopolitics of the Indo-Pacific: emerging conflicts, new alliances (London: Black House Publishing, 2013), 174-180.

[12] In December 2013, the Foundation was calling on the USA and E.U. to freeze the bank accounts of the “Yanukovych regime.” The sponsors of the Foundation include the Charles Stewart Mott Foundation, E.U., and NED, among others. The stated purpose of the Foundation, founded in 1999, is to make the Ukraine into a “market economy,” “to integrate the Ukraine into Euro-Atlantic structures,” based on the experiences of Poland, and to involved the Ukraine in fomenting regime change in Russia and former Soviet bloc states.

[16] Roman Olearchyk, “Akhmetov joins Ukraine oligarchs in pledging to protect homeland,” Financial Times, March 2, 2014, http://www.ft.com/intl/cms/s/0/a99fc964-a189-11e3-a29e-00144feab7de.html#axzz2uwAezm48 [12]

[17] Edward Malnick, “The Ukrainian oligarchs living it large in London,” The Telegraph, London, February 23, 2014, http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/ukraine/10655081/The-Ukrainian-oligarchs-living-it-large-in-London.html [13]

[18] “Petro Poroshenko,” Forbes, March 2014, http://www.forbes.com/profile/petro-poroshenko/ [14]

[19] See “About Victor Pinchuck,” Victor Pinchuck Foundation, http://pinchukfund.org/en/about_pinchuk/biography/ [15]

[20] Yalta European Strategy, http://pinchukfund.org/en/about_pinchuk/biography/ [15]

[21] Open Ukraine, “Founders,” http://openukraine.org/ua/about/founders [16]

[22] Open Ukraine, “Governing bodies,” http://openukraine.org/ua/about/management [17]

[23] “About the GMF,” http://www.gmfus.org/about-gmf/ [18]

[24] Co-founded in 2006 by Jeffrey C. Neal, formerly chairman of Merrill Lynch, and a board member of the Chicago Council of Global Affairs. Founding partner and CEO is Natalie A. Jaresko, who formerly worked for the U.S. State Department, and as chief economic adviser to the U.S. embassy in the Ukraine. See Horizon Capital, http://www.horizoncapital.com.ua/our-team [19]

[26] Kenneth Rapoza, “Washington’s Man Yatsenyuk setting Ukraine up for ruin,” Forbes, February 27, 2014, http://www.forbes.com/sites/kenrapoza/2014/02/27/washingtons-man-yatsenyuk-setting-ukraine-up-for-ruin/ [21]

[27] Ibid.

[28] “Talks with E.U., IMF are new Ukrainian government’s top priorities,” ITAR/TASS, February 27, 2014, http://en.itar-tass.com/world/721208 [22]

[29] “IMF mission in Kiev to assess economic situation in Ukraine,” ITAR/TASS, March 4, 2014, http://en.itar-tass.com/world/721953 [22]

[30] Sandrine Rastello and Terry Atlas, “IMF history with Ukraine leaders may cloud aid negotiations,” Bloomberg News, March 1, 2014, http://www.bloomberg.com/news/2014-02-28/imf-history-with-reneging-ukrainian-leaders-may-cloud-fresh-aid.html [23]

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/03/geopolitics-and-oligarchy-in-the-ukraine-crisis/

samedi, 22 février 2014

L'oligarchie économico-médiatico-politique occidentale ou le "néo-Komintern"

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L'oligarchie économico-médiatico-politique occidentale ou le "néo-Komintern"

Ex: http://zejournal.mobi

À la suite de la révolution bolchévique, les communistes soviétiques décident en 1919 de la création d’une troisième internationale ouvrière, qui vise à coordonner les actions des partis communistes dans le monde en général et en Europe en particulier. C’est cette structure qui, au moyen d’agents plus brillants les uns que les autres, favorisera le socialisme et le pacifisme en Europe, tout en recrutant les volontaires des brigades internationales pour l’Espagne. Ses agents d’influence se répandent en Europe et aux États-Unis et obtiennent l’adhésion de l’intelligentsia européenne au stalinisme.

Les plus connus de ces personnalités sont Otto Katz et Willy Münzenberg. C’est ce dernier qui organisa avec brio la manipulation de l’opinion publique française. C’est aussi lui qui définit les principes de l’ « agit-prop » : suprématie de l’émotion contre la raison, égalité du mensonge et de la vérité en communication, rejet du débat d’idées au profit du terrorisme intellectuel. Désormais, celui qui est contre le bolchévisme et Staline serait un fasciste.

La propagande anti-russe d’aujourd’hui fonctionne sur les mêmes principes. Pas de débat, il suffit de regarder une émission sur la Russie sur les chaînes de télévision françaises, C dans l’air en est l’exemple le plus frappant. Terrorisme intellectuel, ne pas dire du mal de Vladimir Poutine vous ferait passer pour « fasciste ». Mensonge de masse et indifférenciation entre le mensonge de la vérité, enfin et surtout émotivité, incarnée par un Bernard-Henri Lévy pleurnichant sur Canal+, sans personne pour lui apporter la contradiction. Pour illustrer ces principes de propagande, il faut absolument regarder la vidéo du séminaire anti-Poutine du 16 février 2014 sur le site « La Règle du jeu », tout y est, à commencer par le mensonge de masse.

Bernard-Henri Lévy n’a d’ailleurs pas vu de « fascistes ou d’antisémites » à Kiev. Il est vrai qu’au moment où il s’exprimait sur la tribune, il n’y en avait pas. Mais où est donc passé le membre le plus déterminé du trio infernal, Oleg Tiagnibok ? La question qui nous vient à l’esprit, est de savoir si le leader fasciste a refusé de poser avec un représentant d’une communauté que son électorat hait, ou si BHL a jugé de mauvais goût de s’afficher avec l’héritier de Stepan Bandera. BHL a donc eu droit à l’insignifiant Iatseniouk et à l’inénarrable Klitschko, dont les saillies oratoires en ont fait désormais le « Jean-Claude Van Damme » de la politique ukrainienne [lien à 01 :53].

Notre référence au Komintern n’est pas gratuite. C’est là que se trouve l’explication du soutien de BHL aux milices fascistes, malgré ses origines. « Le petit télégraphiste » s’efforce d’accomplir pour l’administration américaine ce qu’Otto Katz a accompli pour l’URSS au moment du pacte germano-soviétique. Il soutiendra n’importe quelle alliance avec les idiots utiles des milices néo-nazies ukrainiennes, pourvu que triomphe l’idéologie américaine et que la Russie soit défaite. L’écrivain Arthur Koestler avait rompu avec le stalinisme au moment du pacte germano-soviétique, mais il n’y a pas de « Koestler » au sein du « néo-Komintern  », ni par le talent, ni par le courage. Il y a en revanche beaucoup de « Katz » et s’attaquer à eux est dangereux lorsqu’on est du « milieu » intellectuel. Au moment du Kosovo, il n’y eu guère qu’Elisabeth Lévy et Régis Debray pour tenter de rétablir la vérité, ou, au moins, de nuancer la propagande anti-serbe.

Pour BHL ou pour Médiapart, qui appelle en renfort un aréopage d’intellectuels ukrainiens américanophiles (nous n’allons pas vérifier les noms de ces illustres inconnus mais nous constatons d’emblée que sur 41 signataires, 19 sont basés aux États-Unis où dans leurs « dominions »), le recul de la Russie vaut bien une alliance avec des milices néo-nazies et un parti fasciste. Nous ne sommes pas étonnés de les voir soutenir « les héros de Maïdan » (et la fraternité blanche ?) au côté de l’extrême droite française . Les ennemis sont désormais la Russie de Vladimir Poutine, la Hongrie de Viktor Orban, la Croatie catholique, tous ces maudits pays d’Europe de l’Est qui n’ont pas subi depuis les années 50 la longue et insidieuse propagande américaine issue des rapports Kinsey. La renaissance des Églises orthodoxe et catholique en Europe, leur réconciliation inéluctable, le rejet consécutif du modèle libertaire américain, c’est ce qui justifie le soutien atlantiste aux fascistes ukrainiens. C’est aussi et enfin un avertissement des États-Unis vis-à-vis des nations européennes, sur ce qu’ils sont capables de faire et d’organiser en cas de velléité d’indépendance. Le sort de l’Europe ne se joue pas à Maïdan, en revanche une bataille pour la liberté et la souveraineté des peuples européens se déroule bien en Ukraine.

- Source : Realpolitik

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dimanche, 12 janvier 2014

Christophe Poitou : « Le totalitarisme économique, manipulations mondiales et répression financière »

Christophe Poitou : « Le totalitarisme économique, manipulations mondiales et répression financière »

Ex: http://fortune.fdesouche.com

Loligarchie est mauvaise perdante. Elle ne laissera pas ce qu’on appel le système, qui est un « tout subtil et maléfique », se faire balayer par une crise économique, ce qui pourtant serait logique. Elle s’est laissé surprendre en 2008 par Lehman, mais ne se fera probablement pas avoir ainsi deux fois, elle prendra toutes les mesures nécessaires. À commencer par le refinancement ad libitum des agents financiers en difficulté présentant un risque systémique.

« Dernière combine en date (avril 2013) évoquée pour refinancer les agents en difficulté sans toucher à la dette publique centrale : la mise à contribution forcée de l’assurance vie des particuliers pour soutenir les entreprises en difficulté. On parle là d’un détournement de près de 100 milliards »

Il s’agit d’éviter une crise trop monstrueuse qui se transformerait en crise politique majeure avec éventuellement l’arrivée au pouvoir de partis de sensibilité nationale ou l’avènement de telle ou telle situation qui la dérangerait trop. En fait, si on prend les choses avec du recul on peut dire que d’une certaine manière l’oligarchie se refinance elle-même dès qu’elle est en difficulté. Dans les faits, ce à quoi nous assistons depuis quelques temps.

Elle ne peut donc en quelques sorte jamais être en difficulté ni être en passe être renversée ?

Un krach obligataire dantesque aurait déjà du éclater en 2009/2010. Cela n’a pas été le cas. Certes, Sarkozy, Papandréou, Berlusconi ou Monti ont sauté, mais ça ne change pas grand-chose. Le système lui-même, lui, est toujours là. L’oligarchie a pris les mesures nécessaires sans la moindre légitimité ou consultation démocratique pour se maintenir et empêcher toute crise grave.

Quelles sont ces mesures ?

Ce sont ces mesures – en fait, ces sales méthodes – que j’examine une par une dans mon livre : la création monétaire dans ces diverses variantes, l’allongement de la maturité des titres, le partage forcé de la valeur ajoutée, l’extorsion fiscale, l’exportation de l’inflation, les manipulations des taux de change, ainsi que la manipulation à mon avis la plus satanique de toutes: les taux d’intérêt inversés ou négatifs.

J’examine aussi les diverses formes de répression financière dont le cas de Chypre fournit actuellement un exemple incroyable. La méga-gaffe récente du commissaire européen Jeroen Dijsselbloem sur le fait que la répression financière à Chypre pourrait être éventuellement transposé chez nous fait froid dans le dos !

Le masque tombe…

À vrai dire, c’est déjà en partie le cas. On s’apprête en France à puiser de force dans l’épargne de M. et Mme Dupont pour financer les HLM faute de pouvoir faire de la création monétaire et de la dette comme avant !

Une crise majeure n’est donc pas envisageable ?

Si, peut-être qu’en dépit de toutes ces mesures oligarchiques, une crise éclatera quand même… Ça ne me dérangerait pas d’ailleurs. Je dirais même que j’espère me tromper ! Vivement un monstrueux ouragan obligataire qui fasse valdinguer les puissants et emporte tout sur son passage de son souffle puissant et vengeur. Mais je n’y crois pas trop, hélas…

Le rôle des apatrides cosmopolites est d’ailleurs significatif dans cette stabilisation totalitaire que nous voyons actuellement : ils sont massivement pour la création monétaire en occident car elle préserve le système tel qu’il est et dans lequel ils ont de bonnes places…

Ils ne vont donc pas se tirer une balle dans le pied et se limoger eux-mêmes ?

Évidemment… En revanche, lorsque qu’ils n’ont pas de places assez bonnes à leur goût ou n’arrivent pas à se saisir d’actif réels, c’est l’inverse, ils essaient de renverser le système et non de le maintenir.

Logique ! Ils utilisent alors la déflation et non la création monétaire, à savoir la fuite des capitaux ou alors des phénomènes déstabilisants : sortie de capitaux, par exemple… Ils font régulièrement le coup en Russie… C’était le cas avant 1917 et c’est le cas actuellement sous Poutine… Chez nous, c’est le contraire, ils essaient de stabiliser de force le système.

Qu’en concluez-vous ?

Certes, techniquement nous pouvons vivre sur l’héritage de nos ancêtres encore un peu. L’économie peut continuer quelques temps toute seule comme un poulet sans tête, sans son noyau spirituel, car elle est très mécanisée et rodée dans ces process. Hop ! vous appuyez sur le bouton d’une machine à laver et ça marche tout seul pendant une heure… Mais l’économie ne survivra pas éternellement à l’affaiblissement de sa cause, c’est-à-dire à l’affaiblissement de la population française de souche qui l’a créée.

Bonne question, ça : qui a créé l’économie française ?

Les banquiers qui sont souvent des gros mégalomanes vous diront parfois qu’ils ont à eux tous seuls financé et créé la sidérurgie ou les chemins de fer. La vérité, c’est plutôt que c’est le dur labeur des paysans au cours des siècles qui a fondamentalement accru les rendements et dégagé une main-d’œuvre qui a permis l’essor de l’industrie.

Voyez aussi ce qui se passe en Afrique du Sud. En dépit des taux de croissance nominaux flatteurs qui ne veulent pas dire grand-chose, le pays entre dans une phase de délabrement grave car les Sud-Africains d’origine européenne qui ont créé cette économie s’en vont. Un article est paru d’ailleurs sur ce thème dans le pourtant très politiquement correct The Economist : South Africa cry the beloved country.

Le totalitarisme économique de Christophe Poitou, éditions de L’Æncre, collection « À nouveau siècle, nouveaux enjeux », dirigée par Philippe Randa, 250 pages, 25 euros.

Francephi

samedi, 02 mars 2013

Roberto Michels: un socialismo verdaderamente superador de las oligarquías

Michels (1)

Roberto Michels: un socialismo verdaderamente superador de las oligarquías

Alessandro Campi

http://alternativaeuropeaasociacioncultural.wordpress.com/

 1. Roberto Michels, un hombre, una carrera

Recientemente (1), pudimos cele­brar el cincuenta aniversario de la muerte de Roberto Michels, el gran sociólogo italo-germano, principal representante, junto a Vilfredo Pareto y Gaetano Mosca, de la escuela “elitista” italiana. Michels nació en Colonia (Köln) en 1876, en el seno de una familia de ricos comerciantes de ascendencia alemana, flamenca y francesa. Tras los estudios iniciados en el Liceo francés de Berlín y pro­seguidos en Inglaterra, en Francia y en la capital de Baviera, Munich, ob­tiene su doctorado en Halle en 1900, bajo la égida de Droysen, gracias a una tesis entorno a la argumentación histórica. Desde su primera juven­tud, milita activamente en el seno del partido socialista, lo cual le granjea la hostilidad de las autoridades aca­démicas y dificulta considerable­mente su inserción en los medios uni­versitarios. En 1901, gracias al apoyo de Max Weber, obtiene su primer puesto de profesor en la Universidad de Marburgo.

Sus contactos con los medios socia­listas belgas, italianos y franceses son numerosos y estrechos. Entre 1904 y 1908, colabora en el mensual francés Le Mouvement socialiste (“El Movi­miento socialista”) y participa, en ca­lidad de delegado, en diversos con­gresos social-demócratas. Este pe­ríodo resulta decisivo para Michels, pues entra en contacto con Georges Sorel, Edouard Berth y los sindica­listas revolucionarios italianos Artu­ro Labriola y Enrico Leone. Bajo su influencia, empieza a perfilarse el proceso de revisión del marxismo teórico así como la crítica del reformismo de los dirigentes socialistas. La concepción activista, voluntarista y antiparlamentaria que Michels tie­ne del socialismo no se concilia en absoluto con la involución parlamentarista y burocrática del movimiento social-demócrata. Este hiato le lleva a abandonar gradualmente la políti­ca activa y a intensificar sus investigaciones científicas. A partir de 1905, Max Weber le invita para que colabore en la prestigiosa revista Archiv tur Sozialwissenschaft und Sozialpolitik. En 1907, obtiene una cá­tedra en la Universidad de Turín, en la cual entra en contacto con Mosca, con el economista Einaudi y con el antropólogo Lombroso. En este fe­cundo clima universitario, va toman­do cuerpo el proyecto de su obra fundamental, Zur Soziologie des Parteiwesens. Durante la guerra de Trípo­li, Michels toma partido a favor de los proyectos imperiales de Italia y contra el expansionismo alemán. De este modo, empieza su acercamiento hacia el movimiento nacionalista italiano; si bien, obviamente, no es de extrañar, sus relaciones con Max Weber se deterioran irremediable­mente.

• Un trabajo fecundo, durante el período italiano

Al iniciarse la Primera Guerra Mundial, en 1914, se instala en la Universidad de Basilea, Suiza. Es el período durante el cual Michels es­trecha sus lazos con Pareto y con el economista Maffeo Pantaleoni. En 1922, saluda con simpatía la victoria de Benito Mussolini y del Fascismo. Vuelve definitivamente a Italia en 1928 para asumir la cátedra de Eco­nomía General en la Facultad de Ciencias Políticas de la Universidad de Perugia. Al mismo tiempo, impar­te como enseñante en el Instituto Cesare Alfieri de Florencia. Ade­más, en aquella época, ofrece nume­rosas conferencias y cursos tanto en Italia como allende las fronteras de ésta, por toda Europa. Sus artículos aparecen en la famosa Encyclopae­dia of the Social Sciences (1931). Fi­nalmente, muere en Roma a la edad de sesenta años, el 2 de Mayo de 1936.

Hombre de una vastísima cultura, educado en un medio cosmopolita, atento observador de los diversos movimientos políticos y sociales eu­ropeos habidos a caballo entre los siglos XIX y XX, Michels fue, por otra parte, un historiador del socialismo europeo, un crítico de la democracia parlamentaria y un analista de los distintos tipos de organización so­cial, un teórico del sindicalismo re­volucionario y del nacionalismo, así como un historiador de la economía y del imperialismo italiano. Del mis­mo modo, sus inquietudes e intereses le llevaron a estudiar el Fascismo, los fenómenos de la emigración, el pen­samiento corporativista y los oríge­nes del capitalismo. A su manera, continuó en el proceso de profundización de la psicología política crea­do por Gustave Le Bon y se interesó, a este respecto, por el comporta­miento de las masas obreras politiza­das. Igualmente, abordó ciertos te­mas que, en su época, pasaban por ser más bien excéntricos o heterodo­xos, tales como el estudio de las rela­ciones entre moral sexual y clases so­ciales, de los lazos entre la actividad laboriosa y el espíritu de la raza, de la nobleza europea, del comporta­miento de los intelectuales y esbozó, asimismo, un primer cuadro del mo­vimiento feminista. Además, no olvi­demos en esta enumeración, men­cionar sus estudios estadísticos, tan­to en economía como en demografía, notablemente con respecto al con­trol de los nacimientos y otras cues­tiones interrelacionadas.

2. El redescubrimiento de una obra

Como he señalado anteriormente, su libro más importante y más cono­cido lleva por título, Zur Soziologie des Parteiwesens in der modernen Demokratie; fue publicado por pri­mera vez en 1911 y por segunda vez en 1925 (siendo esta edición la edi­ción definitiva). Se trata de un estu­dio sistemático, consagrado a las re­laciones entre la democracia y los partidos, a la selección de las clases políticas, a las relaciones entre las minorías activas y las masas y al “leadership”. La bibliografía de Michels comprende treinta libros y cerca de 700 artículos y ensayos, de los cuales muchísimos merecerían volver a ser reeditados (2). Su principal libro ha sido traducido a lo largo del tiempo al castellano, al francés, al inglés, al italiano, etc.

A pesar de la amplitud temática, la profundidad y la actualidad de un buen número de los análisis de Michels, su obra, en general, no ha go­zado del éxito que se merece. En mu­chos países europeos, se la cita mal a propósito y faltan las obras críticas válidas. Sin embargo, para compen­sar tal situación, diversos han sido los estudios serios que han aparecido en los Estados Unidos, especialmente versados entorno a las aportaciones de Michels a la teoría del partido po­lítico y a la definición del Fascismo (3). Sus simpatías por el movimiento de Mussolini son, evidentemente, uno de los (principales) motivos que han llevado a la ‘ostracización’ de su obra a lo largo de toda nuestra post­guerra. Es un destino que ha com­partido con otros intelectuales, co­mo, por ejemplo y entre otros mu­chos, Giovanni Gentile (4). Otro mo­tivo: la difusión en Europa de méto­dos sociológicos americanos, de ca­rácter empírico, descriptivo, estadís­tico o crítico/utópico y que no pres­tan demasiada atención al análisis de los conceptos y a las dimensiones his­tóricas e institucionales de los fenó­menos sociales. El estilo científico de Michels, de carácter realista/’realitario’, anti-ideológico, desmitifican­te y dinámico, ha sido injustamente considerado como desfasado, como la expresión anacrónica de una acti­tud eminentemente conservadora (5).

• Se anuncia un regreso de Mi­chels

Sin embargo, desde hace algunos años (relativamente recientemente), la situación ha empezado a cambiar, sobretodo en Italia, país que Michels consideraba como su “nueva patria”. En 1966, se publica, junto a un estu­dio preliminar de Juan Linz, una tra­ducción de Zur Soziologie des Parteiwesens (6). En 1979, aparece una selección de ensayos bajo la direc­ción del especialista americano Ja­mes Gregor (7). Asimismo, una an­tología de escritos relativos a la so­ciología aparece en 1980 (8). Dos años más tarde, la Universidad de Perugia organiza un coloquio sobre el tema “Michels entre la política y la sociología”, con la participación de los más eminentes sociólogos italianos (9). Con ocasión del cincuenta aniversario de su muerte, otras de sus publicaciones son incluidas en los programas de los editores. Las ediciones ‘UTET’ anunciaron una amplia colección de “escritos políti­cos”. La editorial ‘Giuffré’ previo, dentro de su prestigiosa colección Arcana Imperii, una antología dirigi­da por Ettore Albertoni y G. Sola, que llevaría por título Dottrine et istituzioni politiche (“Doctrina e insti­tuciones políticas”). Este mismo edi­tor tenía igualmente en mente la pu­blicación de una traducción italiana de Sozialismus und Faschismus in Italien (“Socialismo y Fascismo en Italia”), obra que apareció inicialmente en 1925.

Una contribución reciente en el re­descubrimiento de Michels puede encontrarse en el libro del profesor israelita Zeev Sternhell, consagrado a la génesis de la ideología fascista en Francia (10). Según Sternhell, Mi­chels, al igual que Sorel, Lagardelle y De Man, encarnan en sí la corrien­te “revisionista”, que, entre 1900 y 1930, aporta una decisiva contribu­ción a la demolición de los funda­mentos mecanicistas y deterministas del marxismo teórico y, a la crítica del economicismo y del reduccionismo materialista. Michels favorece de este modo la difusión de una concep­ción de la acción política fundada so­bre la idea de nación y no en la de cla­se, conectada a una ética fuerte y a una visión libre de la dinámica histó­rica y social. Según numerosos auto­res, es ahí donde residen los funda­mentos en los cuales maduró el Fas­cismo con su programa de organiza­ción corporativa, de justicia social, de encuadramiento jerárquico de las instituciones políticas y de limitación de las corrupciones debidas al parla­mentarismo y al pluralismo partitocrático.

Michels estuvo en contacto con las más eminentes personalidades polí­ticas e intelectuales de su época, ta­les como Brentano, Werner Sombart, Mussolini, Pareto, Mosca, La­gardelle, Sorel, Schmoller, Niceforo, etc. Lo que sin embargo y en consecuencia nos falta todavía, es pues, una buena biografía. A este respec­to, sería muy interesante publicar sus cartas y su diario personal; estos dos elementos contribuirían enorme­mente a iluminar un período harto significativo de la cultura europea enmarcado en estos últimos cien años.

3. La fase sindicalista

Dentro del pensamiento de Mi­chels, podemos distinguir claramen­te dos fases. La primera coincide con el abandono de la ortodoxia marxista inicial y con una aproximación al sindicalismo revolucionario y al revi­sionismo teórico. La segunda, la más fecunda desde el punto de vista cien­tífico, coincide con el descubrimien­to de la teoría de Mosca sobre la “cla­se política” y la de Pareto sobre la inevitable “circulación de las élites”. Vamos, a continuación, a examinar brevemente, aunque con toda la atención necesaria, estas dos fases.

Tras haber publicado numerosos artículos de prensa y pronunciado numerosas alocuciones durante di­versos congresos y debates políticos, los primeros estudios importantes de Michels aparecen entre 1905 y 1908 en la (excelente) revista “Archiv”, di­rigida por Max Weber. Particular­mente significativos son los artículos consagrados a “La social-democracia, sus militantes y sus estructuras” y a las “Asociaciones. Investigaciones críticas”, aparecidos en lengua ale­mana, respectivamente en 1906 y en 1907. En ellos Michels analiza la he­gemonía de la social-democracia alemana sobre los movimientos obreros internacionales y también contempla a través de ellos la posibilidad de una unificación ideológica entre los diversos componentes del socialismo europeo. Este proceder, inscribe simultáneamente las contra­dicciones teóricas y prácticas del partido obrero alemán: de un lado, la retórica revolucionaria y el reconocimiento de la huelga general como forma privilegiada de lucha y, por otro lado, la táctica parlamentaria, el legalismo, el oportunismo y la voca­ción por el compromiso. Michels cri­tica el “prudencialismo” de los jefes social-demócratas, sin por lo tanto favorecer la espontaneidad popular o las formas de autogestión obrera de la lucha sindicalista. Según Mi­chels, la acción revolucionaria debe ser dirigida y organizada y, desde es­te punto de vista, los intelectuales de­tentan una función decisiva. Pues de­cisivo es el trabajo pedagógico de unificar el partido político. El movi­miento obrero se presenta como una rica constelación de intereses econó­micos y de visiones idealistas que de­be ser sintetizada en el seno de un proyecto político común.

En su primer libro, II proletariado e la borghesia nel movimento socia­lista (“El proletariado y la burguesía en el movimiento socialista”), publi­cado en italiano en 1907, Michels percibe perfectamente los peligros de degenerescencia, de oligarquización y de burocratización, intrínse­cos a las estructuras de los partidos y de los sindicatos. En esta primera fa­se de su pensamiento, Michels con­templa una “posibilidad” [involutiva] que debe ser conjurada a través del recurso de la acción directa del sin­dicalismo. Para él, la virtual involu­ción del socialismo político no reve­la todavía su verdadero sentido que no hace sino encerrar en sí una ine­xorable fatalidad sociológica.

4. La fase sociológica

En 1911, aparece, tal y como hemos señalado, su importante “summa” en­torno al partido político (11), la obra que indica claramente su paso defi­nitivo del sindicalismo revoluciona­rio a la sociología política. La in­fluencia de Mosca sobre su método histórico y positivo fue, a decir ver­dad, determinante. A partir de un es­tudio de la social-democracia alema­na, como caso particular, Michels termina enunciando una ley social general, una regla del comporta­miento político. Michels descubrió que, en toda organización, existe ne­cesariamente una serie de jefes pre­parados para la acción y élites de profesionales competentes (tecnócratas. N.d.T.); descubrió igualmen­te la necesidad de una “minoría crea­tiva” que se impulsa por sí misma a la cabeza de la dinámica histórica; des­cubrió la dificultad que existe para conciliar, en el cuadro de la demo­cracia parlamentaria, competencia técnica y representatividad. La tesis general de Michels es la siguiente: “En toda organización de carácter instrumental (Zweckorganisation), los riesgos de oligarquización se ha­llan siempre inmanentes” (12). De­nuncia a continuación la insuficien­cia definitiva del marxismo: “Cierta­mente los marxistas poseen una gran doctrina económica y un sistema his­tórico y filosófico fascinante; pero, una vez penetramos en el terreno de la psicología, el marxismo revela ciertas lagunas conceptuales enor­mes, incluso en los niveles más ele­mentales”. Realmente, su libro es muy rico en tesis y en argumentos. Si bien, juzguémoslo sobre el propio te­rreno:

1) La lucha política democrática posee necesariamente un carácter demagógico. En apariencia, todos los partidos luchan por el bien de la humanidad, por el interés general y por la abolición definitiva de las de­sigualdades. Pero, más allá de la re­tórica sobre el bien común, sobre los derechos del hombre y sobre la justi­cia social se presiente cómo despun­ta una voluntad por conquistar el po­der y se perfila el deseo impetuoso por imponerse a la cabeza del Esta­do, en interés de la minoría organi­zada que se representa. A este res­pecto, Michels enuncia una “ley de expansión”, según la cual todo parti­do tiende a convertirse en Estado, a extenderse más allá de la esfera so­cial que le estaba inicialmente asig­nada o que había conquistado gra­cias a su programa fundamental (13).

2) Las masas son incapaces de au­to-gobernarse. Sus decisiones jamás responden a criterios racionales y es­tán influidas por sus propias emocio­nes, por toda suerte de azares de di­verso orden, por la fascinación carismática que ejerce un jefe bien deter­minante e influyente, que se destaca de la masa para asumir la dirección de una manera dictatorial. Tras la llegada de la sociedad de masas y del desarrollo de los grandes centros in­dustriales, cualquier posibilidad de re-instaurar una democracia directa pasa en lo sucesivo a extinguirse de­finitivamente. La sociedad moderna no puede funcionar sin dirigentes y sin representantes. En lo que respec­ta a estos últimos, Michels escribe: “una representación duradera signi­fica, en cualquier caso, una domina­ción de los representantes sobre los representados” (14). En la opinión de Michels, este juicio no significa precisamente el rechazo de la repre­sentación, sino más bien la necesidad de encontrar los mecanismos nece­sarios que podrán transformar las re­laciones entre las clases políticas y la sociedad civil, de la manera más or­gánica posible. Hoy, el verdadero problema de la ciencia política con­siste en escoger nuevas formas 1) de representación y 2) de transmisión de las voluntades y de los intereses políticos, que se fundamentan sobre criterios orgánicos, en un espíritu de solidaridad y de colaboración, orien­tados en un sentido pragmático y no inspirados por esos mitos de extrac­ción mecanicista, que no conducen más que al poder de los partidos y no al gobierno eficaz de la nación.

3) En la era contemporánea, la fe política ha tomado el relevo a la fe re­ligiosa. Michels escribe: “En medio de las ruinas de la cultura tradicional de masas, la estela triunfante de la necesidad de religión ha permaneci­do en pie, intacta” (15). He aquí una anticipación inteligente de la inter­pretación contemporánea del carác­ter mesiánico y religioso/secular, tan característico de la política de masas moderna, como es el caso destacado de los regímenes totalitarios.

4) “La competencia es poder”, “la especialización significa autoridad”. Estas dos expresiones recapitulan para Michels la esencia del “leadership”. En consecuencia, la tesis según la cual el poder y la autoridad se de­terminan con relación a las masas, o en el cuadro de los conflictos políti­cos con los otros partidos, es insoste­nible. Para Michels, son, en todo ca­so, las minorías preparadas, aguerri­das y poderosas las que entran en lucha para tomar la dirección de un partido y para gobernar un país.

5) Analizando dos fenómenos his­tóricos como son el Cesarismo y el Bonapartismo, Michels desvela las relaciones de parentesco entre de­mocracia y tiranía y aboga en el sen­tido del origen democrático de cier­tas formas de dictadura. “El Cesaris­mo -escribe- es todavía democracia y, al menos, puede reivindicar su nombre, puesto que obtiene su fuen­te directamente de la voluntad popu­lar” (16). Y añade: “El Bonapartismo es la teorización de la voluntad indi­vidual, surgida inicialmente de la vo­luntad colectiva, pero emancipada de ésta, con el tiempo, para conver­tirse a su vez en soberana” (17).

6) Carl Schmitt, en su ya clásico li­bro Legalität und Legitimität (“Le­galidad y Legitimidad”) (18), desa­rrolla un análisis profundo entorno a la “plusvalía política adicional” que asume aquel que detenta legalmente la palanca del poder político; se tra­ta de una especie de suplemento del poder. Michels tuvo una intuición parecida al escribir: “Los líderes, al disponer de instrumentos de poder y, en virtud de este hecho, del mismo poder en sí mismo, tienen como ven­taja la posibilidad de aparecer siem­pre al amparo de la legalidad” (19).

7) El principal libro de Michels contiene muchísimas otras observa­ciones sociológicas: sobre las dife­renciaciones de competencias; sobre los gustos y los comportamientos, los cuales, en tanto que consecuencias de la industrialización, han logrado alcanzar a los obreros y quebrado la unidad de clase; sobre las mutacio­nes sociales como el aburguesamien­to de los jefes y la aproximación en­tre los niveles de vida del proletariado y de la pequeña burguesía; sobre la posibilidad de prever y de limitar el poder de las oligarquías a través del procedimiento técnico que supo­ne el referéndum y mediante el re­curso del instrumento teórico y prác­tico del sindicalismo.

8) la sexta parte del libro es central y está dedicada explícitamente a la tendencia oligárquica de las organi­zaciones. En ella, Michels enuncia la más celebre de sus leyes sociales, la que evoca la “perversión” que sufren todas las organizaciones: con el incremento del número de las funcio­nes y de los miembros, la organiza­ción, “de medio para alcanzar un fin, se convierte en un fin en sí misma. El órgano finaliza por prevalecer sobre el organismo” (20). Es ahí donde se halla la “ley de la oligarquía” de la cual se desprende que la oligarquía es la “forma establecida de avance de la convivencia humana en el seno de las organizaciones de gran dimen­sión” (21).

9) El libro de Michels contiene, en su conclusión, una voluntad de lucha que recuerda, parcialmente, la visión histórica trágica de Max Weber y de Georg Simmel; se trata de una volun­tad por profundizar el choque inevi­table entre la vida y sus formas constituidas, entre la libertad y la cristali­zación de las instituciones sociales, las cuales caracterizan la vida mo­derna.

5. La historia

Con la publicación en lengua italia­na del libro titulado L’imperialismo italiano. Studio político e demográ­fico (“El imperialismo italiano. Estu­dio político y demográfico”) (1914), el “giro” de Michels es definitivo. Con la aparición de esta obra, se hunde un mito, el del internaciona­lismo y del universalismo humanitarista. En la obra de Michels, aparece el nacionalismo como el nuevo mo­tor ideal de la acción política, como un sentimiento capaz de movilizar a las masas y de favorecer la integra­ción de éstas en las estructuras del Estado. El análisis sociológico del sentimiento nacional será profundizado en un volumen posterior, inicialmente aparecido en alemán (1929) y, después en italiano (1933), bajo el título de Prolegomeni sul pa­triotismo (“Prolegómenos sobre el patriotismo”).

A partir de 1913, aparecen en Italia diversos estudios importantes sobre economía: Saggi economici sulle classi popolari (“Ensayos económi­cos sobre las clases populares”) (1913), La teoría di Marx sulla po­vertà crescente e le sue origini (“La teoria de Marx sobre el crecimiento de la pobreza y sus orígenes”) (1920). La aproximación que Michels inten­ta hacia la economía no es más que de naturaleza rigurosamente históri­ca. Según él, es mucho más impor­tante tener en cuenta la utilidad práctica de una teoría económica que sus correcciones especulativas puramente formales. La interpretación de Michels es pragmática y con­creta. Critica la inconsistencia del “homo oeconomicus” liberal, porque a su juicio, no existen sujetos econó­micos abstractos, sino actores con­cretos, portadores de intereses espe­cíficos. A continuación critica la interpretación del marxismo, la cual establece la existencia de un conflic­to insuperable en el seno de las so­ciedades. Michels reconoce con ello la función reguladora y equilibrante del Estado y la necesidad de una co­laboración estrecha entre las diver­sas categorías sociales. Por esta ra­zón, considera que el modelo corpo­rativo constituye una solución. Su va­loración del corporativismo se halla contenida en el opúsculo Note storiche sui sistemi sindicali corporativi (“Notas históricas entorno al sistema sindicalista corporativo”), publicado en lengua italiana en 1933.

6. El Fascismo

En esta fase de su obra, su actividad como historiador, queda consignada en diversos libros, escritos original­mente en alemán y, posteriormente traducidos al italiano: Socialismo e Fascismo in Italia (“Socialismo y Fascismo en Italia”) (2 volúmenes, 1925); Psicologia degli uomini signi­ficativi. Studi caratteriologici (“Psi­cologia de los hombres significativos. Estudio caracterológico”) (1927),

Movimenti anticapitalisti di massa (“Movimientos anticapitalistas de masa”) (1927); y después en varios escritos redactados directamente en italiano: Francia contemporánea (1926) y Storia critica del movimen­to socialista italiano (1926). Entre las personalidades “significativas” de las cuales traza su biografía, figuran Bebel, De Amicis, Lombroso, Schmoller, Weber, Pareto, Sombart y W. Müller. En 1926, Michels im­parte una serie de lecciones en la Universidad de Roma; éstas serán reunidas un año más tarde en un vo­lumen, redactado en italiano: Corso di sociologia politica (“Curso de so­ciología política”), una buena intro­ducción a esta disciplina que de­muestra ser todavía útil en la actua­lidad. En este trabajo, traza las gran­des líneas de su visión elitista de los procesos políticos, emite una teori­zación de la institución en la que se ha convertido el “Duce” y desarrolla una nueva teoría de las minorías. El “Duce”, que obtiene su poder direc­tamente del pueblo, extiende su legi­timidad al conjunto del régimen po­lítico. Esta idea constituye en sí, to­tal y verdaderamente, un paralelis­mo sociológico con la teoría elabora­da simultáneamente en Alemania por los teóricos nacional-socialistas del denominado “Führerprinzip”.

Esta relativa originalidad de Mi­chels no ha sido jamás puesta sufi­cientemente en evidencia por los crí­ticos, que se han limitado a conside­rarlo solamente como un genial con­tinuador de la obra de Mosca y de la Pareto. En 1928, en la Rivista inter­nazionale di Filosofía del Diritto (Revista internacional de Filosofía del Derecho), aparece un importan­te ensayo de Michels: Saggio di clas­sificazione dei partiti politici (“En­sayo de clasificación de los partidos políticos”). A continuación, numero­sos escritos italianos fueron reunidos en dos volúmenes: Studi sulla demo­crazia e l’autorità (“Estudios sobre la democracia y la autoridad”) (1933) y Nuovi studi sulla classe politica (“Nuevos estudios sobre la clase po­litica”) (1936).

La adhesión explícita de Michels al Fascismo quedó expresada en una obra escrita inicialmente en alemán (L’Italia oggi) en 1930, año durante el cual se afilia al P.N.F. (Partido Na­cional Fascista). En sus páginas, Mi­chels hace un elogio del régimen de Mussolini, porque ha contribuido de manera decisiva a la modernización de la nación.

7. Conclusiones

La mayor parte de las notas relati­vas a la vida de Michels se hallan contenidas en su ensayo autobiográ­fico, redactado en alemán Una corrente sindicalista sotteranea nel socialismo tedesco fra il 1903 e il 1907 (“Una corriente subterránea en el socialismo alemán entre 1903 y 1907″) y publicado en 1932; este en­sayo conserva todavía en la actuali­dad, y lo seguirá haciendo, toda la utilidad necesaria para reconstruir las diversas fases de su existencia, así como para señalar las diferentes ini­ciativas políticas y culturales que em­prendiera a lo largo de su vida; po­demos descubrir así su itinerario que va de la social-democracia alemana al Fascismo, de la ideología marxista al realismo maquiavélico a la italia­na, de las ilusiones del revolucionarismo a su credo conservador.

En resumen, se trata de una obra vasta, de gran interés. Esperamos, a modo de conclusión para esta breve introducción, que el cincuenta ani­versario de su muerte, contribuirá a redescubrir a este gran sociólogo y a revalorizar de forma equilibrada su trabajo.

Notas

(0) El presente artículo apareció originalmente en la revista florentina Diorama Letterario, siendo traduci­do al francés para la revista belga Vouloir (B.P.B. 41, B-1970 Wezem-beek-Oppem. Belgie/Belgique), en cuyo número 50/51 (Noviembre-Di­ciembre de 1988) apareció, por Robert Steuckers. Siendo la versión francesa la utilizada para traducir al castellano el artículo en cuestión.
(1) Al hablar de recientemente, de­be de entenderse como relativamente recientemente, pues ha de consi­derarse que el cincuentenario de la muerte de Roberto Michels se cum­plió el 2 de Mayo de 1986 y el artícu­lo que nos ocupa, originalmente y con respecto a este punto concreto, tuvo su máxima vigencia, evidente­mente, durante el período vigente entorno a cuatro años atrás (N.d.T.).
(2) Una bibliografía entorno a los trabajos de Michels fue publicada en 1937 por los Annali (“Anales”) de la facultad de jurisprudencia de la Uni­versidad de Perugia.
(3) Por ejemplo, D. Beetham, “From Socialism to Fascism: The Relation Between Theory and Practice in the Work of Robert Michels”, en: Political Studies, XXV, No.’s 1 & 2. Asimismo conviene citar, G. Hands, “Roberto Michels and the Study of Political Parties”, en Bri-tish Journal of Political Science, 1971, No. 2.
(4) Sobre este tema, W. Röhrich, Roberto Michels vom sozialistisch­syndikalistischen zum faschistis­chen Credo, Duncker & Humblot, Berlin, 1972. Citemos igualmente, R. Messeri, “Roberto Michels: crisi de­lla democrazia parlamentare e fas­cismo”, dentro de la obra colectiva II Fascismo nell’analisi sociologica, Il Mulino, Bologna, 1975.
(5) Destacadamente interesantes son los estudios de E. Ripepe (Gli eli­tisti italiani, Pacini, Pisa, 1974) y de P. P. Portinaro, “R. Michels e Pare­to. La formazione e la crisi della so­ciologia”, en: Annali della Fondazio­ne Luigi Einaudi, Torino, XI, 1977.
(6) Roberto Michels, Les Partis Politiques. Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, Flammarion, Paris, 1971. Traduc­ción de la edición alemana de 1925.
(7) A. James Gregor, Roberto Mi­chels e l’ideologia del Fascismo, Volpe, Roma, 1979. Tras una larga introducción, podremos encontrar en esta obra una amplia serie de tex­tos de Michels.
(8) Roberto Michels, Antologia di scritti sociologici, Il Mulino, Bolog­na, 1980.
(9) Las contribuciones a este colo­quio fueron reunidas por G. B. Furiozzi en el libro Roberto Michels tra politica e sociologia, ETS, Pisa, 1985.
(10) Zeev Sternhell, Ni droite ni gauche, Seuil, Paris, 1983.
(11) Con respecto a la contribución de Michels a la “stasiología”, o la ciencia que estudia los partidos polí­ticos, es conveniente consultar a G. Fernández de la Mora, La partitocracia, Instituto de Estudios Políti­cos, Madrid, 1977, páginas 31-42. Con respecto a la influencia de Mi­chels sobre Ortega y Gasset, consúl­tese a I. Sánchez-Cámara, La teoría de la minoría selecta en el pensa­miento de Ortega y Gasset, Madrid, 1986, páginas 124-128.
(12) Roberto Michels, Les partis
politiques…, op. cit.
(13) Ibidem.
(14) Ibidem.
(15) Ibidem.
(16) Ibidem.
(17) Ibidem.
(18) Carl Schmitt, Legalität und Legitimität (“Legalidad y Legitimi­dad”), Duncker & Humblot, Leip­zig/München, 1932.
(19) Roberto Michels, op. cit.
(20) Ibidem.
(21) Ibidem.

dimanche, 22 avril 2012

Les habits « républicains » de l'oligarchie où comment le politiquement correct se cache derrière le mot République

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Les habits « républicains » de l'oligarchie où comment le politiquement correct se cache derrière le mot République

par Michel GEOFFROY

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Pour les Français de bonne foi, la République renvoi aux vertus civiques, au sens de l’État, à la souveraineté du peuple, à la sélection des meilleurs, à l’école qui instruit et à la laïcité. Mais dans le vocabulaire médiatique dominant « républicain » est devenu synonyme de politiquement correct. Michel Geoffroy procède ici à une critique de ce vocable-valise et invite à ne tomber ni dans le piège des mots, ni dans celui de la novlangue. Polémia.

Si l’on interroge nos concitoyens – du moins les Français de souche - sur ce que représente pour eux le mot République aujourd’hui, ils l’associent en général à la liberté et bien sûr à la devise « liberté, égalité, fraternité » ainsi qu’aux « immortels principes » de 1789. L’exclamation populaire « on est en République » - pour dire que l’on peut faire ce que l’on veut-en témoigne encore.

Le mot a donc plutôt une connotation positive aujourd’hui. Et c’est d’ailleurs pourquoi la plupart des mouvements politiques, y compris à droite, s’efforcent de se l’approprier.

Néanmoins ce mot est trompeur car il est devenu une composante de la novlangue : il véhicule donc désormais l’idéologie de l’oligarchie française. Le propre de la novlangue est d’inverser le sens des mots pour leur faire désigner le contraire de ce qu’ils signifiaient jusqu’alors. Il faut donc décrypter le terme et se méfier de l’usage qui en est fait.

République est devenue synonyme d’apartheid politiqueDe nos jours, un parti qualifié de « républicain » n’est pas un parti qui se réclame des principes de la Révolution Française mais seulement un parti qui exclut de constituer des alliances électorales et gouvernementales avec la terrible « extrême droite ».

Le mot « républicain » sert à sidérer l’électeur car il s’applique à toute la gauche et l’on n’entend jamais dire que l’extrême gauche ne serait pas républicaine. Tout au plus admet-on qu’elle est « radicale ». Par contre le qualificatif « républicain » permet de diviser la droite entre celle qui serait fréquentable et celle qu’il faudrait diaboliser : la fameuse « extrême droite ». Car la droite fréquentable est justement celle qui s’est ralliée à l’idéologie de la gauche.

Le mot « républicain » sert donc à valoriser l’attitude de ceux – notamment à droite - qui organisent un impitoyable apartheid culturel, social et politique à l’égard d’une partie de leurs concitoyens.

Républicain est devenu synonyme d’impopulaire et de minoritaire

En novlangue un parti « républicain » n’est pas un parti qui exprime la volonté du peuple. Un parti « républicain » de nos jours, doit refuser au contraire toute « démagogie », ce qui veut dire qu’il ne doit s’intéresser au peuple que dans le cadre des élections périodiques (qualifiées aussi de « respiration démocratique » en novlangue: ce qui signifie donc qu’en dehors des campagnes électorales la démocratie étouffe….). Et ne pas être « populiste » veut dire en novlangue qu’il ne faut pas suivre le point de vue de la majorité de ses concitoyens. Il faut au contraire se préoccuper prioritairement du sort et du point de vue des « minorités ».

Sur les principaux sujets de société les hommes politiques « républicains » adoptent donc des positions qui vont à l’encontre des préférences de la majorité de la population, telles qu’elles apparaissent notamment dans les sondages.

Ils sont ainsi tous favorables à l’immigration, à l’islam, aux transferts de souveraineté au profit de l’union européenne, au libre-échangisme, au remboursement de l’avortement, aux revendications homosexualistes, à l’augmentation des impôts, à l’OTAN, à la « réinsertion » des délinquants, au gouvernement des juges et à la « discrimination positive » : c’est le programme commun des partis « républicains » c’est à dire le catalogue des différentes façons de décliner le politiquement correct.

C’est que « la majorité n’a pas toujours raison » disait significativement, à propos de la votation suisse sur les minarets, M. Cohn-Bendit, un « républicain » modèle adulé des médias.

Ces républicains sont minoritaires, favorables aux « minorités » et ils s’en flattent !

République est devenue synonyme de communautarisme

La révolution française a démantelé les structures communautaires de l’ancien régime, à commencer par les corporations, comme autant d’obstacles à la libre expression des droits individuels et de l’égalité des citoyens. De là vient aussi son hostilité à la religion et le culte de la « laïcité ».

Pour les mêmes raisons, les républicains marqueront leur hostilité à toute forme de communautarisme - comme on dirait aujourd’hui - et on se souvient de la célèbre formule de Clermont-Tonnerre lors du débat sur l’émancipation des Juifs : « Il faut tout accorder aux Juifs comme individus et rien comme nation ». De la fin du XIXe siècle à la première moitié du XXe, les républicains resteront des assimilationnistes farouches, des centralisateurs hostiles aux identités régionales et indifférents aux identités ethniques.

Mais aujourd’hui ceux qui se prétendent « républicains » ont inventé un nouveau concept : la « laïcité positive ». Cette laïcité ne serait plus la séparation de l’Église et de l’État, mais la « défense des cultes » .

Elle consisterait au contraire à ce que les collectivités publiques favorisent l’exercice des cultes - et pour être plus précis celui du culte musulman - en finançant des mosquées, en reconnaissant dans l’espace public les pratiques musulmanes.

Ces « républicains » prétendent en outre que la France serait désormais composée non plus de citoyens français mais de « communautés » diverses, dont il faudrait reconnaître l’existence et respecter les usages propres : les Musulmans, les Juifs, les Antillais, les Africains, les gens du voyage, les Roms etc….Bref selon cette curieuse logique l’égalité devrait être « diverse » !

République est devenue synonyme de  promotion des privilèges de la naissance

Les « républicains », de nos jours, prônent non pas les droits égaux pour tous mais au contraire la « discrimination positive », un concept américain qu’ils ont importé.

La « discrimination positive » est le contraire de « l’égalité républicaine » c’est à dire de l’égalité des droits. Elle consiste à octroyer des avantages à certaines catégories de population en fonction de leur origine : en particulier au profit des personnes issues de l’immigration et d’origine africaine ou arabe. Ces droits sont donc au sens propre des privilèges (c'est-à-dire des droits privés) en fonction de la naissance comme sous l’ancien régime, même si la novlangue les repeint d’une fausse couleur « sociale ».

Ces « républicains » ont donc inversé la logique de l’égalité : pour eux c’est l’égalité des droits qui constituerait ….une discrimination, car elle ne permettrait pas de corriger les inégalités liées à l’origine ou au milieu social. Dès lors la justice ne reposerait plus sur les droits égaux mais sur la réparation de discriminations passées, réelles ou supposées, sur l’ingénierie sociale. Saint Just doit se retourner dans sa tombe !

République est synonyme de gouvernement des juges

Les républicains d’hier affirmaient, à l’encontre des protestants anglais, que c’était la loi qui fondait le droit et non la jurisprudence ou la tradition.

Mais les « républicains » d’aujourd’hui sont devenus anglo-maniaques : ils imposent la prééminence des juges inamovibles sur les législateurs élus. Cela s’appelle en novlangue « l’État de droit ». En réalité c’est la mise en tutelle de la souveraineté du peuple.

Les modernes « républicains » ont ainsi transformé les parlements en exécutifs, mais dans les sens passif du terme ! C'est-à-dire en assemblée qui n’impulsent rien mais se bornent à exécuter (on dit « transposer » en novlangue) des directives venues d’ailleurs, des juges européens, de Bruxelles, de Strasbourg ou des marchés. Montesquieu doit aussi se retourner dans sa tombe !

Républicain est synonyme de cosmopolite

Les idées républicaines étaient perçues comme universalistes dans la mesure où elles devaient finir par s’imposer à tous avec le progrès des « Lumières de la raison ». Mais les républicains n’étaient pas pour autant des cosmopolites car ils pensaient que les droits de l’homme devaient s’incarner dans la communauté nationale et la citoyenneté.

Mais les « républicains » d’aujourd’hui sont des cosmopolites qui sacrifient tout au culte du veau d’or, au culte de l’homme aux semelles de vent. Ils prétendent que la fraternité devrait reposer, non plus sur la nation et la citoyenneté, mais sur le brassage des cultures et la « diversité ».

Comme le déclarait significativement M. Fabius en 2003 « quand la Marianne de nos mairies prendra le beau visage d’une jeune française issue de l’immigration, ce jour là la France aura franchi un pas en faisant vivre pleinement les valeurs de la République » (le 17 mai 2003 au congrès socialiste de Dijon). Dans son esprit le métissage serait donc la quintessence des valeurs républicaines !

Les partis « républicains » n’ont d’ailleurs eu de cesse de réduire la citoyenneté à une simple formalité administrative, à une obscure affaire de « papiers » que certains auraient et d’autres n’auraient pas (les pauvres). Et de reconnaître à tout homme, dès lors qu’il est présent sur le territoire national, les mêmes droits que ceux des citoyens voire des droits supérieurs (comme l’aide médicale d’urgence ou l’hébergement gratuits pour les « réfugiés »). Dans cette logique, les partis de gauche préconisent d’ailleurs d’octroyer le droit de vote sur la base de la résidence et non plus sur celle de la citoyenneté. Pour eux le résident et le citoyen c’est pareil !

Les « républicains » ont d’ailleurs consciencieusement démantelé les institutions et processus qui dans notre pays cimentaient la citoyenneté en France: l’école publique, le service militaire et l’assimilation des étrangers.

L’école publique a été livrée aux talibans de la pédagogie égalitaire, aux égoïsmes syndicaux et abandonnée par le pouvoir exécutif. Le service militaire a disparu avec la professionnalisation des armées. L’assimilation des étrangers a cédé la place à « l’intégration des immigrés » : c'est-à-dire au bouleversement de la société française pour qu’elle s’adapte, de gré ou de force, au flot d’immigration réclamé par le patronat.

Le mot République est le signe de reconnaissance des escrocs de la politique

marianne_freddy.jpgLes « républicains » autoproclamés et encensés par les médias trahissent en réalité sans vergogne l’héritage dont ils se réclament bruyamment. Ce sont en d’autres termes des escrocs.

Le bicentenaire de la révolution française en 1989 permet de dater avec précision ce tournant du « républicanisme » new-look – version Jean-Paul Goude - en cosmopolitisme de plus en plus affirmé, au service des intérêts et appétits croissants de la nouvelle oligarchie.

La liberté ? Mais les partis « républicains » ont adopté des législations répressives et de plus en plus intrusives dans l’existence de chacun. Les lois mémorielles mettent en tutelle la liberté de recherche historique. Les lois « antiracistes » et « anti-phobies » s’attaquent en permanence à la liberté d’expression. Les « républicains » bradent en outre la souveraineté du peuple qui seule peut fonder sa liberté.

L’égalité ? Mais ils la bafouent chaque jour en mettant en place un droit inégal au profit de leurs clientèles minoritaires. Et l’oligarchie s’isole de plus en plus du reste de la nation.

La fraternité ? Mais ils organisent la préférence étrangère, détruisent la citoyenneté et sèment la haine politique et sociale en diabolisant l’opinion majoritaire et en réduisant l’être à l’avoir.

Et où sont les incorruptibles de nos jours ? Du côté de ces « républicains », qui sont de toutes les « affaires », ou justement du côté de ceux qu’ils diabolisent ?

Le retour du Directoire

Le mot République est désormais frelaté. Il sert d’emballage politiquement correct, à la potion que le système nous inflige, car celle ci a très mauvais goût pour le plus grand nombre.

A cette « République » usée et corrompue, il est maintenant plus fructueux d’opposer d’autres principes fondateurs : la souveraineté du peuple, la primauté des législateurs sur les juges, la démocratie directe, la préférence nationale, le rétablissement des libertés individuelles et de l’égalité des droits entre les citoyens, le respect des frontières et de la souveraineté des Etats, le respect de l’identité des peuples. Car c’est dans ces principes que réside l’universalisme de demain.

L’oligarchie est « républicaine » comme les régimes communistes s’appelaient « démocraties populaires » !

Mais nous vivons aujourd’hui sous la domination des républicains du Directoire. Le Directoire fut la période de décadence finale de la première République qui avait versé dans l’affairisme,  la corruption politique et le mépris cynique du peuple.

Le Directoire n’a duré que 4 ans : le peuple, conduit par les héros, a fini par jeter dehors ces Incroyables et ces Merveilleuses qui tenaient le haut du pavé en parlant une langue incompréhensible. 

Avis aux oligarques « républicains » !

Michel Geoffroy

Un nouveau « Novlangue » (mise à jour 1)
Contre la république à la française
La démission de la République : Juifs et Musulmans en France

jeudi, 09 février 2012

De oligarchie

De oligarchie

door Georges FELTIN-TRACOL

9782717860429FS.gif« De westerse politieke systemen hebben zich dermate perfect georganiseerd, dat ze niet in vraag gesteld kunnen worden door het volk. Uiteraard kan de politieke klasse een stembusgang verliezen. Maar in dat geval worden ze vervangen door gelijkaardige creaturen wier beleid nooit veel verschilt van dat van hun voorgangers (p. 16). » Deze harde vaststelling werd geformuleerd door Yvan Blot in zijn nieuw werk dat luistert naar de veelzeggende titel L’oligarchie au pouvoir. Deze hoge ambtenaar – hij is inspecteur-generaal van de administratie van het Ministerie van Binnenlandse zaken – en voormalige volksvertegenwoordiger (eerst was hij tussen 1986 en 1988 voor het RPR volksvertegenwoordiger van Pas-de-Calais, daarna tussen 1989 en 1999 Europees volksvertegenwoordiger voor het FN), is zich bewust van het fundamentele belang van de strijd der ideeën. Hij stond trouwens mee aan de wieg en aan het hoofd van de Club de l’Horloge en leidt momenteel de vereniging Agir, die zich inzet voor de directe democratie.


L’oligarchie au pouvoir is het resultaat van een groot aantal onderzoeksresultaten, die sinds vele jaren werden bijeengebracht. Als fervent voorstander van het referendumsysteem van volksinitiatieven plaatste Yvan Blot nogal wat vraagtekens bij de terughoudendheid van politici ten aanzien van dit middel om de burgers te laten deelnemen aan openbare aangelegenheden. Doorheen zijn zoektocht naar de redenen van hun terughoudendheid heeft hij het bestaan van een oligarchisch systeem blootgelegd, dat ook wel eens “hyperklasse” of “Franse nomenklatoera” wordt genoemd. « Wij leven in een oligarchie onder het mom van een democratie die “representatief” genoemd wordt. Deze oligarchieën zijn de burgerlijke overheid (de beruchte « technocraten »), de media, de vakbondsleiders, de leiders van culturele en religieuze lobbygroepen, die machtige, interagerende netwerken vormen tegenover wie de gewone burger machteloos staat (met uitzondering van de directe democratie) (pp. 13 – 14). » Hij had er kunnen aan toevoegen dat deze Franse oligarchie haar eigen smaak en biotoop heeft: men kan haar bijvoorbeeld elke laatste woensdag van de maand ontmoeten in de buurt van de place de la Concorde, waar de beruchte clubavondjes van Le Siècle plaatsvinden, die zo treffend beschreven werden door de onvermoeibare dissidente journalist Emmanuel Ratier (1).


Zeker, « de term oligarch wordt tegenwoordig bij voorkeur gebruikt voor de rijke zakenmensen die in Rusland sinds de ontbinding van de Sovjetbureaucratie tegen de politieke macht aanschurken. Maar Rusland heeft zeker geen monopolie op oligarchen. Je vindt hen ook in het westen (p. 1) », meer bepaald in de Verenigde Staten (het federale establishment loopt er vol van) en in Frankrijk. Groot-Brittannië zou er vreemd genoeg van gespaard blijven…in werkelijkheid bestaat de Britse oligarchie wel degelijk, maar haar structuur en samenstelling verschillen van haar evenknieën. In Frankrijk «bestaat de oligarchie niet enkel uit politici. Hoge ambtenaren spelen een hoofdrol in het ontwerpen van wetten, en dit in samenspel met allerlei georganiseerde lobbygroepen, werkgeversorganisaties of vakbonden, en groepen die particuliere belangen verdedigen. De media behouden een zekere mate van controle, aangezien ze het gedrag van de andere oligarchieën denken aan de kaak te stellen, maar ze zijn zelf oligarchisch in hun eigen organisaties (p. 2) ».


Aangedreven als ze worden door convergerende belangen, delen de oligarchieën « een gemeenschappelijke ideologie […] (de « politieke correctheid ») [die] de burgers wil herleiden tot een rol van uitwisselbare toeschouwers, goed om te produceren en te consumeren en voorts onder controle te blijven (p. 2) ». Inderdaad, in tegenstelling tot wat men zou kunnen vermoeden, is de oligarchie wel degelijk in staat tot enig denkwerk. In navolging van Aristoteles, Heidegger en Arnold Gehlen, heeft Yvan Blot een denkschema ontwikkeld dat voortvloeit uit de aristotelische logica der vier oorzaken (motorisch, materieel, formeel en finaal) en die hem aan de heideggeriaanse Quadriparti herinnert (de mensen, de aarde, de lucht en de Goddelijkheid/de Goden). Daaruit volgt dat hij van mening is dat « de oligarchie in de moderne wereld regeert volgens een nieuwe logica, deze van het Gestell, van de utilitaire inspectie, naar de woorden van Heidegger (p. 21) ». Deze inspectie leidt tot de materiële en morele verminking van de wereld, draagt bij tot de algemene onverschilligheid en begunstigt « een culturele chaos zonder geheugen » (p. 42). Ze drukt tevens een duidelijke voorliefde voor de korte termijn en voor de onmiddellijkheid uit. De gevolgen voor de Europese samenlevingen zijn ronduit dramatisch, met een dalend geboortecijfer en zijn verwerpelijk uitvloeisel, de bevolkingsinvasie van buiten Europa.


« De economie, die de neiging heeft om de noden van de consumenten te vermenigvuldigen en er geld uit te slaan is het domein van de verstrooiing en de futiliteit (p. 63). » Waarom? Omdat het Systeem, enerzijds, het egalitarisme aanmoedigt, dat « verdedigd wordt door oligarchieën die zich onmiddellijk boven het volk plaatsen met de bijgaande privileges, inclusief de voorrechten (p. 34) » en dat, anderzijds, “de mens […] enkel gewaardeerd wordt omwille van zijn economisch nut. […] alles wat de menselijke wezens van elkaar doet verschillen moet uit de weg geruimd worden, aangezien dit de verwisselbare aard kan hinderen, die de mensen moet kenmerken om perfecte primaire materie te kunnen zijn (p. 24) ». De oligarchie en haar media, die in de geesten geleidelijk en op subtiele wijze een schadelijke censuur en een arglistige propaganda verspreiden, rechtvaardigen dit ontmenselijkende en utilitaire discours door het obligate bewieroken van de Vooruitgang, van het « governance », van het egalitarisme en van het dogma van de mensenrechten. Als ijverige lezer van de liberale en libertaire theoretici verkiest Yvan Blot, net zoals Hayek, de “fundamentele vrijheden” boven het vage concept van de mensenrechten, die in de werkelijkheid « een voorwendsel voor een steeds grotere inmenging vanwege de Staat en voor een inperking van de vrijheden vormen (p. 71) ». Hij voegt er zelfs terecht aan toe dat “de notie van het “mensenrecht” zowel unilateraal als vaag van karakter blijft. Unilateraal, aangezien er geen rechten zonder plichten zijn; vaag, omdat men nooit weet of dit begrip slaat op vrijheden of op invorderingsrechten jegens de samenleving. In de praktijk wordt de notie van de mensenrechten als wapen tegen de Staat en tegen de samenleving gebruikt om te voldoen aan de capriolen van het ego dat tot een ware afgod is verworden (p. 73) ».


De vier belangrijkste ijkpunten van de oligarchie blijven de techniek (of haar essentie, zijnde de berekenende rede), de massa’s (de ochlos), het geld en het ego. Op die manier “werkt zij mee aan het verval van transcendente waarden, en wordt het geld stilaan de allerhoogste waarde (p. 27) ». Een opgeblazen ego vermorzelt de burger! « Hoe meer de burgers geïsoleerd worden door hun egoïsme, des te ongevaarlijker ze worden voor de oligarchie. Het regime veroordeelt de minste afwijking van het discours als zijnde discriminerend, maar toont zich extreem tolerant tegenover pornografie. Hoe meer het individu zich opsluit in het onmiddellijke genot […], des te minder mengt hij zich in de staatszaken (pp. 37 – 38) », schrijft hij als antwoord op die graag vooruitlopende auteurs die  samenlevingen uitvinden waarin elke vorm van seksualiteit verboden is… .


Wat valt er te doen? Moeten we ons engageren in politieke partijen en geleidelijk aan de bestaande oligarchie afmaken? Yvan Blot heeft daar zo z’n twijfels over. Hij stelt « een afglijden van democratieën in de richting van oligarchische machtsvormen (p. 1) » vast. « Wij leven […] in een « fictieve democratie », waarin de rechten van het volk onderworpen zijn aan de goodwill van de politieke klasse die er de grenzen en de toepassing van bepaalt, en dit op soevereine wijze. De façadedemocratie verbergt de echte machten van een oligarchie, de « politieke klasse », die zichzelf rekruteert door coöptatie in de schoot van de politieke partijen (p. 19). » Uit eigen ervaring stelt hij vast dat “de politici de beslissingen nemen die hen goed uitkomen en ze worden beïnvloed, om niet te zeggen gecorrumpeerd, door minoritaire, maar goed georganiseerde lobbygroepen (p. 6) ». Bovendien « worden de kandidaten vooraf geselecteerd door de politieke partijen. Het volk stemt in feite voor partijen en het zijn de partijen die besturen, en bovendien zijn hun interne structuren vaak verre van democratisch (de partijen zijn oligarchisch van aard) (p. 6) ». Bovenop de oligarchie krijgen we dus de particratie! Deze situatie ontkracht ten volle de – dwaze – theorie van de scheiding der machten, die Montesquieu zo dierbaar was. « In werkelijkheid ligt de wetgevende macht grotendeels in de handen van de uitvoerende macht, die aan de basis ligt van de wetten en die deze laat opstellen door de overheidsdiensten (p. 11). » Erger nog, « de tweede macht van het parlement, het toezicht op de regering, functioneert niet echt, omdat de parlementaire meerderheid horig is aan de uitvoerende macht en de oppositie machteloos, want in de minderheid (p. 74) ». In de partijen heerst absolute kadaverdiscipline, aangezien deze er regelmatig mee dreigen de weerbarstige parlementsleden in de toekomst geen verkiesbare plaats meer te geven! Kortom, het zijn de meest slaafse, onderdanige en schaapachtige sujetten die de parlementen bevolken… .

De institutionele ontsporing beperkt zich niet tot de wetgevende macht. « De rechterlijke macht, die daarin een in wezen Amerikaanse tendens volgt, knabbelt meer en meer aan de wetgevende macht (2), waardoor er uiteindelijk geen scheiding der machten meer bestaat (p. 2). » Voortaan, « is de regering de belangrijkste initatiefnemer van wetten. Zij wordt op haar beurt beïnvloed door de overheidsdiensten, de media en door alle georganiseerde economische, sociale, culturele en religieuze belangengroeperingen, die rondom haar cirkelen (pp. 11 – 12) ». Tegenover deze non-democratie plaatst de auteur het Zwitserse voorbeeld en stelt hij voor om verschillende referendumprocedures in te voeren om wetten aan te nemen of te verwerpen.


Voor Yvan Blot staat het vast dat enkel de directe democratie in staat is om het Gestell af te schaffen en de zin voor democratie, burgerzin en patriottisme te reactiveren. « De democratie berust op nationale wortels, transcendente morele waarden en een zin voor het Heilige […en] berust op het concept van de verantwoordelijke burger die zich wil inschakelen in de lotsgemeenschap van zijn vaderland (p. 29) ». Indien « de natie de sokkel is waarop de mens […] gaat wonen (p. 121) », dan herbergt de natie twee heilige instellingen in haar schoot: het gezin, dat de geboortecyclus garandeert, en het leger, dat « de dood beheert (p. 123) ». Het invoeren van een participatieve democratie impliceert evenwel voor het voorgaande dat men zijn identiteit terugvindt, « die gebaseerd is op het geheugen (p. 69) ». Bijgevolg « vernietigt men de identiteit van een volk, wanneer men zijn geheugen vernietigt. In zekere zin kan men in dat geval spreken van een culturele genocide (p. 69) ». Brengt de directe democratie soelaas voor de volksidentiteiten? Laat ons het antwoord op deze primordiale vraagstelling ontdekken in een volgend essay dat specifiek aan de referendumdemocratie gewijd zal zijn.


Georges Feltin-Tracol

Voetnoten
1 : Emmanuel Ratier, Au cœur du pouvoir. Enquête sur le club le plus puissant de France, Paris, Facta, 2011.
2 : Wanneer hij heeft over de rechterlijke macht, begaat Yvan Blot een kleine fout, aangezien de Grondwet van 1958 spreekt in termen van « rechterlijk gezag ». In de logica van zijn opstellers geniet de – niet verkozen – magistratuur niet dezelfde legitimiteit als de uitvoerende en de wetgevende macht, die uitgaan van de soevereine volkswil.


• Yvan Blot, L’oligarchie au pouvoir, Paris, Économica, 2011, 144 p., 19 €.

mercredi, 25 janvier 2012

Sur l'oligarchie

Sur l’oligarchie

par Georges FELTIN-TRACOL

« Les systèmes politiques occidentaux se sont notamment parfaitement organisés pour éviter leur mise en cause par le peuple. Certes, des membres de la classe politique peuvent perdre les élections. Mais ils sont alors remplacés par des équivalents dont la politique n’est jamais très différente de celle des prédécesseurs (p. 16). » Ce dur constat est formulé par Yvan Blot dans son nouvel ouvrage au titre cinglant, L’oligarchie au pouvoir. Haut-fonctionnaire – il est inspecteur général de l’administration au ministère de l’Intérieur – et ancien élu (d’abord député R.P.R. du Pas-de-Calais de 1986 à 1988, puis député européen F.N. entre 1989 et 1999), Yvan Blot sait l’importance capitale du combat des idées. Il a d’ailleurs co-fondé et présidé le Club de l’Horloge et dirige aujourd’hui l’association Agir pour la démocratie directe.

L’oligarchie au pouvoir résulte d’un vaste ensemble d’observations recueillies depuis de nombreuses années. En fervent partisan du système référendaire d’initiative populaire, Yvan Blot s’interrogeait sur la passivité des politiciens à l’égard de ce moyen de participation des citoyens aux affaires publiques. En souhaitant comprendre leurs réticences, il a décelé l’existence d’une oligarchie qu’on appelle aussi hyper-classe ou Nomenklatura hexagonale. « Nous vivons en oligarchies sous le nom de démocraties dites “ représentatives ”. Ces oligarchies sont celles de l’administration civile (les fameux “ technocrates ”), des médias, des dirigeants de syndicats, des dirigeants de groupes de pression culturels et cultuels, qui forment des réseaux en interaction puissante devant lequel le simple citoyen est sans force (sauf en démocratie directe) (pp. 13 – 14). » Il aurait pu ajouter que cette oligarchie française a ses convenances et ses endroits : on la retrouve par exemple le dernier mercredi de chaque mois près de la place de la Concorde lors des fameuses soirées du club Le Siècle si bien décrites par l’infatigable journaliste dissident Emmanuel Ratier (1).

Certes, « le terme oligarque a retrouvé un regain de faveur pour désigner des hommes d’affaires riches proches du pouvoir politique en Russie après la désintégration de la bureaucratie du régime soviétique. Mais la Russie n’a certainement pas le monopole des oligarques. Il y a aussi des oligarques en Occident (p. 1) », en particulier aux États-Unis (l’Establishment fédéral en est rongé) et en France. La Grande-Bretagne en serait curieusement préservée… En fait, l’oligarchie britannique existe, mais sa structure et sa composition diffèrent de ses homologues. En France, « l’oligarchie ne se compose pas que des hommes politiques. La haute fonction publique joue un rôle majeur dans la fabrication des lois, en liaison avec toutes sortes d’intérêts organisés, syndicats patronaux ou ouvriers, associations défendant des groupes particuliers. Les médias conservent un certain pouvoir de contrôle car ils pensent dénoncer le comportement des autres oligarchies mais ils sont eux-mêmes oligarchiques avec leurs organisations propres (p. 2) ».

Mues par des intérêts convergents, les oligarchies se partagent « une idéologie commune […] (le “ politiquement correct ”) [qui] cherche à réduire les citoyens au rôle de spectateurs interchangeables, bons pour produire et consommer en restant sous contrôle (p. 2) ». En effet, contrairement à ce qu’on imagine, l’oligarchie pense. En s’appuyant sur Aristote, Heidegger et Arnold Gehlen, Yvan Blot a élaboré une grille de lecture qui procède de la logique aristotélicienne des quatre causes (motrice, matérielle, formelle et finale) et qui lui rappelle fortement le Quadriparti heideggérien (les hommes, la terre, le ciel et la Divinité/les Dieux). Par conséquent, il estime que « dans le monde moderne […], l’oligarchie gouverne selon une logique nouvelle qui est celle du “ Gestell ”, de l’arraisonnement utilitaire, selon la formule de Heidegger (p. 21) ». Cet arraisonnement entraîne l’enlaidissement, matériel et moral, du monde, contribue à l’indifférenciation générale et favorise « un chaos culturel sans mémoire (p. 42) ». Il exprime en outre une nette prédilection pour le court terme et l’immédiateté. Les conséquences pour les sociétés européennes en sont dramatiques avec le déclin de la natalité et de son terrible corollaire, une immigration extra-européenne de peuplement.

« L’économique qui tend à multiplier les besoins des consommateurs pour produire et en tirer de l’argent est le domaine de la dispersion et de la futilité (p. 63). » Pourquoi ? Parce que, d’une part, le Système encourage l’égalitarisme « défendu par des oligarchies qui se placent d’emblée au-dessus du peuple avec des privilèges que cela suppose, y compris les passe-droits (p. 34) » et que, d’autre part, « l’homme […] n’est apprécié que pour son utilité économique. […] Tout ce qui distingue les êtres humains doit être éliminé dès lors que cela peut gêner le caractère interchangeable que les hommes doivent avoir pour être de parfaites matières premières (p. 24) ». L’oligarchie et ses médias qui distillent subtilement dans les esprits une censure pernicieuse et une propagande insidieuse, justifient ce discours réifiant et utilitariste par la célébration obligatoire du Progrès, de la « gouvernance », de l’égalitarisme et du dogme des droits de l’homme. Lecteur assidu des théoriciens libéraux et libertariens, Yvan Blot préfère comme Hayek les « libertés fondamentales » au concept fumeux des droits de l’homme qui sont en réalité « un prétexte pour une intervention toujours plus grande de l’État et pour une restriction des libertés (p. 71) ». Il ajoute même avec raison que « la notion de “ droit de l’homme ” reste à la fois unilatérale et floue. Unilatérale car il ne peut y avoir de droits sans devoirs, floue car on ne sait jamais si à travers cette expression, on parle de libertés ou de droits de créance sur la société. En pratique, la notion de droits de l’homme sert d’arme contre l’État et contre la société pour satisfaire les caprices de l’ego devenu une véritable idole (p. 73) ».

Les quatre références majeures de l’oligarchie demeurent la technique (ou son essence qui est la raison calculatrice), les masses (l’ochlos), l’argent et l’ego. Ainsi, elle « assiste complice au déclin des valeurs transcendantes, et l’argent devient peu à peu la seule valeur suprême (p. 27) ». Un ego hypertrophié écrase le citoyen ! « Plus les citoyens sont isolés par leur égoïsme, moins ils sont dangereux pour l’oligarchie. Le régime condamne le moindre écart de langage considéré comme discriminatoire mais il est d’une tolérance immense pour la pornographie. Plus l’individu s’enferme dans les plaisirs immédiats […], moins il se mêlera des affaires de l’État (pp. 37 – 38) », écrit-il à rebours des auteurs inquiets d’anticipation qui inventaient des sociétés proscrivant toute sexualité…

Que faire alors ? Faut-il militer dans des formations politiques et abattre progressivement l’oligarchie en place ? Yvan Blot en doute. Il relève qu’il y a une « dérive des démocraties vers des formes oligarchiques de pouvoir (p. 1) ». « Nous vivons […] dans une “ démocratie fictive ” où les droits du peuple sont soumis au bon vouloir de la classe politique qui en détermine les limites et l’application, de façon souveraine. Cette démocratie de façade masque les pouvoirs réels d’une oligarchie, la “ classe politique ”, qui s’auto-recrute par cooptation à l’intérieur des partis politiques (p. 19). » Fort de sa propre expérience, il relève que « les hommes politiques prennent les décisions qui les arrangent et ils sont influencés, quand ils ne sont pas parfois carrément corrompus, par des groupes de pression minoritaires mais bien organisés (p. 6) ». En outre, « les candidats sont présélectionnés par les partis politiques. Le peuple vote en fait pour des partis et ce sont les partis qui gouvernent, or leur structure interne est rarement vraiment démocratique (les partis sont oligarchiques) (p. 6) ». S’ajoute donc à l’oligarchie la partitocratie ! Cette situation participe à l’obsolescence de la théorie – sotte – d’équilibre des pouvoirs chère à Montesquieu. « Dans les faits, le pouvoir législatif est largement dans les mains de l’exécutif qui a l’initiative réelle des lois et qui les fait rédiger dans les ministères (p. 11). » Pis, « le deuxième pouvoir du parlement, contrôler le gouvernement, ne fonctionne pas vraiment car la majorité parlementaire est asservie à l’exécutif et l’opposition est sans pouvoir car minoritaire (p. 74) ». Le caporalisme règne dans les partis puisqu’ils brandissent régulièrement la menace de ne plus donner leur investiture aux élus récalcitrants ! Bref, ce sont les plus serviles, les plus obséquieux, les plus moutonniers qui peuplent dorénavant les assemblées…

Le dévoiement institutionnel ne se restreint pas au législatif. « Le pouvoir judiciaire (2), suivant une tendance d’origine américaine, mort de plus en plus sur le législatif, ce qui fait qu’au total, il n’y a plus guère de séparation des pouvoirs (p. 2). » Désormais, « le gouvernement est donc l’auteur principal des lois. Il est lui-même influencé par l’administration, par les médias et par tous les intérêts organisés, économiques et sociaux, culturels et cultuels, qui gravitent autour de lui (pp. 11 – 12) ». À cette non-démocratie, l’auteur oppose l’exemple suisse et propose la mise en place de plusieurs procédures référendaires d’initiative populaire sur des lois à adopter ou à rejeter.

Pour Yvan Blot, la démocratie directe peut seule abolir le Gestell et réactiver les sens démocratique, civique et patriotique. « La démocratie est fondée sur des racines nationales, des valeurs morales transcendantes et un sens du sacré […et] repose aussi sur l’idée du citoyen responsable, qui veut participer au destin de sa patrie (p. 29) ». Si « la nation est le socle sur lequel l’homme […] vient habiter (p. 121) », elle détient en son sein deux institutions sacrales : la famille qui permet la naissance et l’armée qui « gère la mort (p. 123) ». L’instauration d’une démocratie participative implique toutefois au préalable de retrouver l’identité « qui est fondée sur la mémoire (p. 69) ». Or « en détruisant la mémoire d’un peuple, on détruit son identité. C’est, en quelque sorte, un génocide culturel (p. 69) ». La démocratie directe serait-elle salvatrice pour les identités populaires ? Attendons qu’Yvan Blot réponde à cette interrogation primordiale dans un prochain essai spécifiquement consacré à la démocratie référendaire.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Emmanuel Ratier, Au cœur du pouvoir. Enquête sur le club le plus puissant de France, Paris, Facta, 2011.

2 : En parlant de pouvoir judiciaire, Yvan Blot commet une légère erreur, car la Constitution de 1958 mentionne plutôt l’« autorité judiciaire ». Dans l’esprit de ses rédacteurs, la magistrature – non élue – ne saurait bénéficier d’une légitimité équivalente aux fonctions exécutive et législative issues du corps civique souverain.

Yvan Blot, L’oligarchie au pouvoir, Paris, Économica, 2011, 144 p., 19 €.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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lundi, 26 décembre 2011

Gare au clergé de l'idolâtrie financière !

Gare au clergé de l'idolâtrie financière !

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

Nous reproduisons ci-dessous un article du criminologue Xavier Raufer , cueilli sur le site du Nouvel Economiste et qui entend casser le discours uniforme et convenu produit par la caste des journalistes économiques et autres suppôts du libéralisme sur ces fameux marchés qui veulent imposer leur loi aux états...

 

Jean-Marc-Sylvestre.jpg

 

Gare au clergé de l'idolâtrie financière!

“Les marchés par-ci… les marchés par-là…” : lisons, scrutons les médias – ou, devrait-on plutôt dire, suivons la grand-messe médiatique. “Les marchés” : la révérence prosternée de tant de journalistes, de droite ou de gauche d’ailleurs, tout pareil. Une foi d’autant plus brûlante que leur feuille de paye dépend quand même un peu de la ferveur des génuflexions, en un temps où, désormais, maints médias nationaux d’information appartiennent à des milliardaires.

Identique révérence, notons-le, chez nombre de politiciens. “Les marchés” en Dieu jaloux, en Sauveur suprême ! Leur gloire, leur terrible majesté… leur implacable justice. Tels sont, au quotidien, les élans d’une néo-bigoterie médiatique à faire rougir un curé intégriste. Mais au fait, ces fameux “marchés” sont-ils une force, au sens de la physique d’Aristote ? Rappel : on ne perçoit jamais une force, on ne voit que ses effets : le vent et les branches qui bougent, les courants marins et les épaves dérivant même par calme plat, etc.

Non, les marchés ne sont en rien une force : celle-ci est naturelle, indifférente à l’homme – on ne manipule pas un séisme, on ne spécule pas sur un ouragan. Les marchés sont bien plutôt – on rougit de devoir le rappeler – une pure quantité métaphysique, d’essence ni plus ni moins religieuse que “le bon Dieu” ou “la Révolution”. Un de ces phénomènes para-religieux qu’au XVIIIe siècle les libres-penseurs, marquis de Sade en tête, qualifiaient crûment de “dégoûtant fantôme” ou de “superstition gothique”. Or comme tout culte, secte ou religion, une abstraction de type “les marchés”, “le bon Dieu” ou “la Révolution” ne fonctionne que quand on y croit. En son temps, l’Inquisition parlait d’“acte de foi” (autodafé).

Croire, ici au sens d’une crédulité toujours attisée ici-bas par des intercesseurs, par un clergé qui parle aux dieux, interprète leurs décrets ou colporte leurs messages – mais surtout, qui sait les apaiser.

Et là, avertit le criminologue, attention aux brebis galeuses. Dans le champ du religieux, cela va du gourou escroc à l’imam fraudeur, en passant par le rabbin receleur ou le curé pédophile. Certes, des minorités parmi bien de braves gens – des saints, parfois. Mais assez nombreux ces temps-ci pour que cela fasse désordre.

Dans le champ de l’idolâtrie financière, gare au Veau d’or ! Gare à Wall Street, temple dans le genre coupe-gorge. Nous avons récemment abordé ce sujet ici et donc, n’y revenons pas. Au-delà, gare au culte de la DGSI (Davos-Goldman-Sachs-Idéologie) mais surtout, gare à son clergé. Attention, aussi bien à ses grands prêtres à la Madoff qu’à sa prêtraille financière ou médiatique, préposée aux conversions boursières ou à l’agit-prop-encensoir.

Dès 2007, ce clergé-DGSI a montré combien il savait commettre, ou couvrir, les pires fraudes. Depuis lors, la fiévreuse avidité qui ronge ces dangereux zombies n’a pas diminué, au contraire. Ni leur addiction au dollar, d’autant plus maniaque qu’elle est sans doute l’unique antidote à leur vacuité intérieure.

Avidité ? Incontrôlable déferlement ? Qu’on en juge, au vu des récents exploits des prédateurs de Wall Street :

- Encore et de plus belle (International Herald Tribune, novembre 2011) : suite à maintes acrobaties, la société de Bourse MF Global s’effondre ce mois-ci. Les syndics de faillite découvrent alors la “disparition” de 600 millions de dollars de dépôts de ses clients, du fait d’une comptabilité interne “bâclée”. Mais à quoi bon faire soigneux, quand la justice est aux abonnés absents ?

- Impunité (New York Review of Books, novembre 2011) : “Jusqu’à ce jour, les agences fédérales [de répression] n’ont sérieusement inquiété aucun des principaux acteurs de l’effondrement et nul dirigeant de grande banque n’a été inculpé pour fraude criminelle.”

- Incorrigibles (New York Times, novembre 2011) : ces 15 dernières années, 19 grands établissements de Wall Street (Citibank, Goldman Sachs, JP Morgan Chase, Morgan Stanley, plus une quinzaine d’autres) ont été condamnés pour malversations financières. Et ont dû jurer devant la justice qu’ils ne violeraient désormais plus les lois financières fédérales de leur pays. Ils ont juré avec effusion – pour copieusement récidiver dans la foulée, 51 serments suivis d’autant de fraudes, de 1995 à 2010.

- Nouveaux territoires de prédation. En novembre 2011 toujours, Paul Volcker, ancien ministre des Finances des Etats-Unis et ex-président de la Réserve fédérale, s’inquiète fort de l’existence d’un “soi-disant ‘système bancaire fantôme’, banques d’affaires, hedge funds, assureurs, marchés monétaires et autres entités peu ou pas réglementées, qui explose vers l’an 2000 et égale en taille, dès juin 2008, le système bancaire traditionnel”.

Cependant, en matière d’aveuglement financier, le pire survient en Europe. Où, alors que perdure la prédation de Wall Street, les dirigeants de Bruxelles décident de confier au loup-DGSI les clés de la bergerie.

Plutôt prudent en matière financière, Le Monde en vient à dénoncer une “franc-maçonnerie de relations” : “Le nouveau président de la Banque centrale européenne, le président du Conseil italien et le nouveau Premier ministre grec”, sont tous des “anciens de chez Goldman Sachs”. On apprend ainsi l’existence d’un “maillage serré, souterrain comme public” d’hommes-liges de la DGSI, qui “cachent cette affiliation quand ils doivent donner une interview ou mènent une mission officielle”. Entre deux entourloupes financières, les mêmes trouvent le temps de se coopter aux postes dirigeants de la “Trilatérale, un des plus prestigieux cénacles de l’élite internationale”.

Minables maniaques de la conspiration ! Pauvres collectionneurs de complots ! Aujourd’hui, en matière de finance pousse-au-crime, les paranoïaques les plus échevelés sont quand même largement au-dessous de la vérité, telle qu’elle s’étale chaque jour dans la presse.

Xavier Raufer (Le nouvel Economiste, 25 novembre 2011)

mardi, 17 mai 2011

La façon dont l'oligarchie traite l'homme: une matière première

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La façon dont l’oligarchie traite l’homme : une matière première

 
par Yvan Blot
 

 

Les régimes politiques qui dominent à présent l’Occident sont des oligarchies, bien plus que des démocraties, la Suisse étant sans doute la seule véritable exception. Mais qu’est-ce qu’une oligarchie ? Relisons à ce sujet Aristote. Dans le monde moderne toutefois, l’oligarchie gouverne selon une logique nouvelle qui est celle du « Gestell », de l’arraisonnement utilitaire, selon la formule de Heidegger. La logique du Gestell conduit à traiter l’homme comme la plus précieuse des matières premières, et à rendre autant que possible tous les hommes interchangeables, en mobilisant pour cela les ressources des passions égalitaires. Enfin, pour achever le processus de domination oligarchique, il faut éliminer l’obstacle de la  démocratie au profit d’une « gouvernance » de soit disant experts, tout en gardant la fiction de la démocratie pour désarmer les oppositions. Il faut alors voir s’il est possible de se libérer de cet engrenage fatal.

L’oligarchie régnante.

 

Il y a bien des sortes d’oligarchies : militaires, marchandes, politiques, religieuses, voire ethniques. Mais elles répondent toutes à une définition unique : c’est le gouvernement de quelques uns dans leur intérêt propre et non dans l’intérêt du peuple. Si l’intérêt du peuple coïncide avec l’intérêt de l’oligarchie (assurer la croissance économique pour favoriser sa propre réélection), tant mieux ! S’il y a conflit d’intérêt, celui des oligarques l’emporte : on en a des exemples avec le niveau de la fiscalité, avec le laxisme en matière d’immigration, avec l’endettement public, avec la politique européenne entre autres. Dans une société où les valeurs militaires de l’aristocratie demeurent importante, le souci de l’intérêt général l’emporte souvent (gaullisme de la Résistance). Dans une société marchande où les fonctions altruistes (religieuses, militaires notamment) sont en retrait, l’oligarchie est le trait dominant du pouvoir car chacun ne cherche que son intérêt propre, le politicien comme les autres.

Dans la « Politique », Aristote note qu’il est fréquent que la constitution soit, selon la législation proclamée, démocratique, mais que par la coutume et la façon de conduire les affaires, le régime soit oligarchique1. C’est le cas que nous connaissons.

Pour Aristote, l’oligarchie est un régime stable tant que les oligarques sont solidaires entre eux. Le système se fragilise selon lui, dans deux cas  de figures : lorsque l’oligarchie traite injustement la masse populaire ou lorsque les oligarques « deviennent démagogues par jalousie »2 et se combattent entre eux.

L’oligarchie actuelle n’est pas limitée à ce que l’on appelle la « classe politique ». Elle comprend la haute administration, les dirigeants salariés des grandes entreprises, les dirigeants des syndicats et des différents lobbies qui font pression sur le pouvoir, ainsi que les dirigeants des media. Elle est assez homogène idéologiquement. Ses valeurs et sont comportement sont essentiellement déterminés par la situation métaphysique dans laquelle se trouve aujourd’hui l’Occident et que le philosophe Martin Heidegger a appelé le « Gestell » ou « arraisonnement utilitaire ».

L’oligarchie moderne gouverne selon la logique du Gestell. 3

 

Selon Heidegger, le monde moderne est structuré par l’arraisonnement utilitaire. Prenons l’exemple du téléphone portable. Vous être pratiquement contraint d’en avoir un dès lors que tout le monde autour de vous en a un ! Bien sûr qu’il rend des services. Mais ce n’est plus votre choix. Vous être requis d’en avoir un ! Pour Heidegger, l’essence de la technique est cet arraisonnement. L’homme en est l’employé. Ce processus échappe à l’homme, surtout s’il n’en a pas conscience. L’homme lui-même est pris en main par le processus. Il devient un rouage du système d’ensemble (ein Stück und nicht ein Teil !). Cet utilitarisme exacerbé conduit l’homme à oublier son être propre. Les dirigeants sont des rouages de ce système. Pour Heidegger, le Gestell est pour l’homme le danger par excellence, car il déshumanise celui-ci. Au vingtième siècle, on a connu plusieurs formes politiques du Gestell.

Le communisme est une de ces formes. Il considère l’être humain comme une matière première au service de sa puissance. En cela, il est inhumain au sens propre du terme. Les dirigeants eux-mêmes sont arraisonnés au système. Il faut que l’échec patent de ce dernier soit réalisé pour que les hommes puissent s’échapper de cette machinerie. C’est ce qui s’est passé avec l’effondrement de l’URSS.

Pour Heidegger, le nazisme, surtout à sa fin, est devenu une autre forme d’application de la logique du Gestell. Mais l’Occident n’est pas indemne. Le signe en est la façon de faire la guerre. La logique purement utilitaire du Gestell conduit dans une guerre à tuer autant les civils que les soldats car les civils sont aussi un rouage de l’appareil ennemi. C’est ainsi que les alliés ont décidé de bombarder au phosphore des milliers de femmes et d’enfants dans les villes allemandes. Pour Heidegger, tant Roosevelt que Hitler ou Staline ont décidé pour des raisons utilitaires liés à leur volonté de puissance de tuer massivement des civils !

Pour Heidegger, l’Amérique et l’Union soviétique furent après 1945  les deux bastions du Gestell ! Politiquement totalement différentes, elles avaient une métaphysique commune, celle du Gestell, celle de l’utilitarisme déchainé de la technique au service de la volonté de puissance ! Curieusement Arnold Gehlen,4 un philosophe d’une autre tradition qu’Heidegger, celle de l’anthropologie philosophique, écrivit la même chose : « il est très remarquable que les manifestations les plus évidentes de la culture industrielle apparaissent en Amérique du Nord et en Russie, sur des sols où n’a jamais pris naissance une grande culture d’ancien style ! »

L’arraisonnement utilitaire est donc le danger par excellence pour la survie même de l’homme en tant qu’homme. Mais c’est au sein même de ce danger que le « tournant » peut advenir ! « C’est le danger qui permet l’apparition de ce qui sauve », selon un vers d’Hölderlin que cite Heidegger. Encore faut-il prendre conscience de l’existence de l’arraisonnement utilitaire et du danger qu’il représente !

L’homme, matière première, l’homme interchangeable

 

L’homme, dans ce système lié à l’époque et qui n’a pas été voulu en tant que tel, n’est apprécié que pour son utilité économique. Il devient alors « la plus précieuse des matières premières » ! Dans le langage des sociétés, on a remplacé le mot « personnel » (avec la racine personne) par le terme de « ressource humaine » : cela traduit bien la déshumanisation à peine consciente de notre vocabulaire ! L’homme est un « Stück », un élément utilisable au même titre qu’un boulet de charbon dans un stock d’anthracite ! Il doit avant tout être interchangeable pour pouvoir être requis le plus facilement qui soit !

L’oligarchie régnante, qui administre la logique du Gestell, pour son profit et pour satisfaire sa volonté de puissance,   va donc appliquer sa « gouvernance » à rendre le plus possible les hommes interchangeables : toutes les distinctions essentielles doivent s’effacer, à commencer par celles entre les hommes et les femmes. C’est là la source de l’obsession de la fameuse « parité » : on s’acharne à vouloir que les listes de candidats aux élections soient composées pour moitié d’hommes et de femmes et on se garde bien d’évoquer les vrais questions politiques, à savoir que les élus sont dessaisis de leurs pouvoirs par l’administration et que le citoyen est devenu totalement impuissant à influencer le système de décision de la gouvernance politique. On détourne les débats vers des sujets sans importance mis en avant de façon artificielle.

Tout ce qui distingue les êtres humains doit être éliminé dès lors que cela peut gêner le caractère interchangeable que les hommes doivent avoir pour être de parfaites matières premières.

L’homme du Gestell doit donc avoir quatre caractéristiques :

  • ne pas avoir de racines (ni race, ni  nation, ni religion notamment) ;
  • ne pas avoir d’idéal : il doit être un consommateur et un producteur matérialiste et relativiste prêt à gober tous les produits lancés sur le marché (y compris les produits bancaires permettant de l’endetter et donc de mieux le soumettre) ;
  • ne pas avoir de religion hors celle de son propre ego, pour être plus facilement isolé donc manipulable ;
  • ne pas avoir de personnalité afin de se fondre dans la masse (il doit donc être éduqué de façon purement technique et utilitaire sans culture générale lui permettant de se situer comme homme libre) ;

Cyniquement, l’idéologie des droits de l’homme est utilisée pour détruire tout ce qui fait la spécificité des hommes, pour mieux asservir l’homme aux besoins du Gestell en prétendant protéger ses libertés fondamentales ! Un des exemples les plus emblématiques fut le cas de cette femme députée néerlandaise menacée de mort par l’islamisme radical. Ses voisins ont obtenu l’expulsion de celle-ci de son logement au nom des droits de l’homme parce qu’elle faisait subir un risque d’attentat sur eux. Ecœurée, celle-ci a quitté les Pays-Bas !

L’homme idéal souhaité par le Gestell n’a rien à voir avec le citoyen animé par l’esprit civique, la conscience de ses libertés et l’amour de sa patrie, qui est le porteur de la démocratie bien comprise. Il ressemble à ce « dernier homme annoncé par Nietzsche dans « Ainsi Parlait Zarathoustra » !

«  Hélas ! Vient le temps du plus méprisable des hommes qui ne sait plus se mépriser lui-même ! Voyez ! Je vous montre le dernier homme. Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que créer ? Qu’est-ce que la nostalgie ? Qu’est-ce qu’une étoile ? demande le dernier homme et il cligne de l’œil !

La terre est devenue plus petite et sur elle sautille le dernier homme qui rend tout plus petit. Sa race est aussi solide que celle du puceron. Le dernier homme est celui qui vit le plus longtemps. Nous avons inventé le bonheur » disent les derniers hommes et ils clignent de l’œil.  Ils ont abandonné les pays où la vie était dure, car on aime la chaleur. On aime encore son voisin et on se frotte à lui car on a besoin de chaleur. Devenir malade ou méfiant passe chez eux pour un péché : on respecte avant tout le principe de précaution. Fou celui qui butte encore sur les pierres et sur les hommes ! Un peu de poison de ci delà qui procure des rêves agréables. Et beaucoup de poison au final pour avoir une mort agréable. On travaille encore car c’est une distraction. Mais on a soin que la distraction reste modérée. On ne devient plus ni riche ni pauvre. Les deux sont trop astreignants. Qui veut encore commander ? Qui veut encore obéir ? Tout cela est trop fatigant.

Pas de berger et un seul troupeau ! Chacun veut la même chose et tous sont égaux ; qui pense autrement sera interné !

Autrefois, tout le monde avait tout faux disent les plus malins et ils clignent de l’œil. On est malin et l’on sait tout ce qui est arrivé : on n’en fini pas de se moquer. On se querelle mais on se réconcilie bientôt de peur que cela ne gâte l’estomac ! On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit : mais on honore la santé !

Nous avons trouvé le bonheur, disent les derniers hommes et ils clignent de l’œil ! »

Ici s’arrête le discours de Zarathoustra qui est interrompu par les cris de la foule : donne-nous ce dernier homme, ô Zarathoustra ! Nous te ferons quitte du surhomme ! Et tout le peuple se réjouissait et claquait de la langue ! Zarathoustra devint triste et  dit : je ne suis pas la bouche faite pour ces oreilles (..) Ils me regardent et rient, mais dans leur rire, ils me haïssent ; il y a de la glace dans leur rire »5

Ces derniers hommes sont les citoyens passifs idéaux pour l’oligarchie régnante ! Tout le système médiatique et éducatif est là pour modifier la personnalité des Français et les transformer en outils interchangeables du Gestell. On pense apprivoiser ces animaux sauvages que seraient les citoyens par la consommation de biens matériels et en flattant l’égalitarisme. La politique est celle du gardien de zoo !

Eliminer l’obstacle de la démocratie

 

Pour que l’homme soit une matière première docile, il est finalement nécessaire d’éliminer l’obstacle de la démocratie. La monarchie ne permettait certes pas l’interchangeabilité absolue des hommes et l’oligarchie, pour s’installer, a du l’abattre, en se trouvant pour elle-même, une nouvelle légitimité : la démocratie fut alors mise en avant au 19ème siècle. Mais par la suite, la démocratie fondée sur la nation et la participation active des citoyens s’est montré un obstacle à l’interchangeabilité mondiale des hommes, donc à l’utilitarisme au service de l’oligarchie.

Il a donc fallu vider la démocratie de son contenu réel. Cela consiste à dissoudre le cadre national qui est un cadre d’enracinement, le cadre historique d’enracinement de la démocratie. Le parlementarisme a été affirmé et en même temps vidé de son contenu : il n’y a plus de séparation des pouvoirs et le soit disant pouvoir législatif est totalement dominé par l’exécutif. Le vrai pouvoir est dans les mains des dirigeants oligarchiques des grands partis politiques en liaison avec de puissants lobbies syndicaux, bancaires, culturels et cultuels. La démocratie directe est bannie (sauf en Suisse et avec de grandes restrictions aux USA, en Italie et en Allemagne) car le citoyen doit être réduit à la condition de spectateur, non d’acteur, de la politique. Le citoyen est magnifié en paroles mais il est réduit dans les faits à n’être qu’un agent économique, une matière première de premier choix, un « animal technicisé » (autre formule de Heidegger).

Tout d’abord, l’oligarchie, jouant les apprentis sorciers, cherche à enlever aux hommes leurs racines pour les rendre plus interchangeables ; c’est ce que Heidegger appelle « la destruction de la terre » produite par le Gestell. La race a été la première à être mise aux gémonies, au nom des horreurs commises lors de la deuxième guerre mondiale. Puis c’est le tour de la nation, de son histoire (qui doit devenir l’occasion de repentance), de la famille (dont l’existence serait une insulte aux homosexuels, semble-t-il) ! L’immigration a été encouragée pour affaiblir ce qui restait de racines. Les résistants ont été diabolisés, traités de « populistes » voir de « racistes », l’accusation suprême. Tout cela se fait au nom d’une morale politique imposée qui n’a jamais fait l’objet du moindre référendum ! Sous ces prétextes moraux, il y a en réalité la volonté de ramener l’homme à sa condition sujette de matière première disponible pour le pouvoir oligarchique.

L’oligarchie assiste complice au déclin des valeurs transcendantes, et l’argent devient peu à peu la seule valeur suprême. Les politiques de lutte contre la discrimination n’ont pas d’autre but : on ne doit jamais faire de distinction entre les hommes, sauf par l’argent, seul critère de discrimination reconnu !

Bien sûr, tout cela a des conséquences négatives : la montée du crime tout d’abord. L’immense majorité des crimes et des délits sont commis pour de l’argent : les grands trafics mondiaux criminels, trafic de drogue, trafic d’être humains, trafic d’armes, n’ont pas d’autre objet que de rapporter de l’argent. Comme l’écrivait plaisamment Sigmund Freud : dès qu’il s’agit d’argent, le surmoi en Amérique devient très tolérant : aujourd’hui, cela atteint tout l’Occident ! Les crimes et délits sont passés de 1,5 millions en France, chiffre stable de 1946  à 1966  à 4,5 millions aujourd’hui !

Le philosophe Arnold Gehlen a dénoncé l’effondrement de la culture en Occident, laissant la place à un monde où la cruauté s’unit avec le bien être matériel. En effet, l’homme est naturellement chaotique.6 « L’instabilité intérieure de la vie pulsionnelle humaine apparaît sans limites. Ce sont des formes d’inhibition rigides et toujours limitatives,  découvertes par l’expérience au cours des siècles et des millénaires, comme le droit, la propriété, la famille monogamique, La division précise du travail, qui ont imposé leur marque  à nos pulsions, et à nos pensées, qui les ont façonnées selon les hautes exigences exclusives et sélectives que nous appelons la culture. Ces institutions, le droit, la famille monogamique, la propriété ne sont nullement naturelles et sont très fragiles. Tout aussi peu naturelle est la culture de nos instincts et de nos pensées qui doit bien plutôt être rigidifiée , soutenue et tirée vers le haut par l’action extérieure de ces institutions. Et si l’on retire ces appuis, nous retournons très vite à la primitivité. »

« Quand les sécurités, les stabilisateurs que contiennent les traditions établies tombent et sont détruites, notre comportement perd toute forme, il est déterminé par les affects, devient pulsionnel, imprévisible, on ne peut se fier à lui. Et dans la mesure où normalement le progrès de la civilisation exerce une action destructrice, c’est-à-dire qu’il érode les traditions, les droits, les institutions, il rend l’homme naturel et le rend primitif et le rejette à l’instabilité naturelle de sa vie instinctive. Le mouvement conduisant à la décadence est toujours naturel et vraisemblable, le mouvement vers la grandeur, l’exigence et le catégorique est toujours imposé, difficile et invraisemblable. (..) La culture est l’invraisemblable, c’est-à-dire le droit, la moralité, la discipline, l’hégémonie de la morale. (..) Quand les jongleurs intellectuels, les dilettantes, s’imposent au premier plan, quand souffle le vent de la pitrerie universelle, les institutions les plus anciennes et les corporations professionnelles rigides se défont elles aussi, le droit devient élastique (laxiste), l’art nervosité, la religion sentimentalité. Alors l’œil expérimenté aperçoit sous l’écume la tête de Méduse, l’homme devient naturel et tout devient possible (voir les crimes de masse du 20ème siècle). Il faut alors dire : retournons à la culture ! » Car nous retournons vers une nature chaotique, celle « de la faiblesse de la nature humaine qui n’et pas protégée par des formes strictes ».

Après les racines et les valeurs culturelles, voyons ce qu’il en est dans le domaine du sacré et de la religion. Tocqueville a montré comment le socle religieux permettait à la démocratie américaine de fonctionner. L’oligarchie au service de l’arraisonnement utilitaire se méfie du religieux et veut le cantonner à la sphère intérieure de l’individu. Il importe que l’homme soit centré sur son ego, sur ses plaisirs et qu’il soit ainsi un consommateur parfaitement inoffensif. On a vu comment un candidat à la commission européenne Rocco Buttiglione a été éliminé pour avoir fait savoir ses convictions religieuses ! Le sacré est quelque chose qui peut s’opposer à l’interchangeabilité des hommes et doit donc être éliminé ou cantonné dans la sphère privée. Par ailleurs, dès lors que l’utilitarisme règne tout sens du sacrifice lié au sacré est quelque chose de parasite qu’il convient de marginaliser. Le sacré doit disparaître car le prosaïque, avec le Gestell, devient totalitaire.

Enfin, Si la démocratie est fondée sur des racines nationales, des valeurs morales transcendantes et un sens du sacré, elle repose aussi sur l’idée du citoyen responsable, qui veut participer au destin de sa patrie. Or, on n’a plus besoin d’une démocratie de citoyen et le citoyen est prié de devenir un simple spectateur des media. Les politiciens deviennent des pitres, des comédiens pour amuser la galerie. Les choses sérieuses relèvent d’une « gouvernance » réservée aux experts. C’est d’ailleurs une telle gouvernance d’experts achetés d’avance qui nous a menés à la grande crise financière venue des Etats Unis l’an dernier ! La gouvernance d’antichambres se substitue au pouvoir des chambres. Nos régimes ne sont parlementaires que de façon fictive. La réalité du pouvoir est dans les mains du seul exécutif, qui a vassalisé le parlement et qui gouverne en réseau avec les patrons des puissants lobbies syndicaux, patronaux, cultuels et culturels. Dans cet esprit, la démocratie directe n’est pas envisagée car elle risquerait de mettre en échec, non le pouvoir des chambres parlementaires qui est réduit mais le pouvoir bien réel des antichambres et des lobbies.

Résistance et libération

 

L’oligarchie au pouvoir est la traduction politique du Gestell, lequel n’est pas une création volontaire de l’être humain mais une figure imposée par ce que Heidegger appelle l’histoire de l’Etre. Cette oligarchie ne peut donc être renversée que si des conditions objectives le permettent. Ces conditions comme ce fut le cas pour l’URSS sont l’effondrement démographique, économique et financier. C’est du danger que vient ce qui sauve, a écrit le poète Hölderlin. Mais il n’est pas interdit de préparer le tournant qui doit marquer la sortie du Gestell nécessaire à la survie même de l’humanité. Les deux piliers de cette préparation sont la prise de conscience et la mobilisation.

La prise de conscience consiste à réaliser qu’on n’est absolument pas en démocratie mais en oligarchie. C’est la prise de conscience politique indispensable. Il y a aussi la prise de conscience métaphysique de ce qu’est le Gestell et du danger qu’il représente pour l’être même de l’homme, notamment de l’homme occidental. Le Gestell comme l’écrit Heidegger, détruit notre terre et nos racines, obscurcit notre ciel et nos valeurs, fait fuir la Divinité et le sacré et massifie totalement les hommes. Tout se qui va dans le sens opposé est donc bienvenu : la défense des racines et des valeurs, la référence à un sacré en dehors de l’ego et la résistance à la massification barbare accomplie par les media (et l’urbanisme, entre autres !).

Outre la prise de conscience qui suppose la plus large diffusion de nos analyses, il y a la mobilisation. Il existe en effet dans notre société des forces de résistances, celles de tous les milieux sociaux qui ne sont pas soumis à la seule logique purement utilitaire à court terme. C’est le cas des victimes du Gestell : victimes de la délinquance, victimes du déracinement, victimes de la dictature fiscale et de l’inefficacité économique, victimes de la mauvaise éducation de leurs enfants etc…

Mais les victimes en soi ne sont pas porteuses d’histoire si elles ne sont pas elle-même mobilisées parce que j’appelle les héros. Les héros, ce sont tous ceux qui se dévouent au bien commun, souvent pour un profit modique : soldats des corps d’élite, policiers qui chassent le crime, magistrats anti terroristes, professeurs amoureux de la vérité, prêtres courageux et j’en passe ! Ces forces varient selon les pays. Malheureusement ; je ne suis pas sûrs qu’elles soient les plus puissantes en France. Elles existent aussi aux USA  bien que ce soit le centre du Gestell à présent. En Europe, elles sont plus fortes dans un quadrilatère alpin entre Zurich, Munich, Vienne et Milan : on le voit aussi politiquement à la force des mouvements qualifiés de populistes en Italie du Nord, en Suisse,  en Autriche ou en Bavière. On le voit aussi à la force des traditions populaires et des valeurs traditionnelles dans ces pays qui sont en même temps à la pointe du progrès technologique et économique. On le voit à la force de leur sociologie fondée sur un tissu puissant de petites et moyennes entreprises assises souvent sur une structure familiale de la propriété. Il faudrait qu’une solidarité active s’organise entre ces forces qui restent aujourd’hui dispersées.

Prise de conscience et mobilisation : voici ce qu’il y a à proposer aujourd’hui ! Merci de votre attention.

 

 

Notes de bas de page
 
  1. Aristote ; les Politiques, livre 4, chapitre5 p. 297 ; GF Flammarion 1990
  2. Ibidem, chapitre 6  page 363
  3. Das Gestell : exposé fait à Brême publié dans la « Gesamte Ausgabe » (œuvres complètes) volume 79  chez Klostermann  (Frankfurt am Main) 2005
  4. Arnold Gehlen ; Anthropologie et psychologie sociale; PUF  1990
  5. Also sprach Zarathustra ; Friedrich Nietzsche ; Kröner Verlag; Stuttgart; 1969  : traduit de l’allemand par Yvan Blot
  6. Arnold gehlen ; ibidem pages 67  et 68

vendredi, 04 mars 2011

Revolt Against Oligarchy

Revolt Against Oligarchy

A Russian Nationalist Speaks

 
By Mark Hackard
 
 
Revolt Against Oligarchy 
 
 Manezhskaya Square on December 11th, 2010 (photo: Zyalt.livejournal.com)

Russia rises from its knees, only to stand again at a crossroads. The country must choose its guiding idea, the transcendent value that will define the fate of its culture and people. Under President Dmitry Medvedev, the liberal segments of the ruling elite are again emboldened. They speak ceaselessly of modernizing- not only industries but the population at large, to form a “civil society” in accordance with Western norms. All of this is ostensibly for competitive advantage at the international level. For Russia not to fall behind, Medvedev’s advisors intimate, it must fully integrate with the U.S.-led market order.

Such is the assertion. It is readily apparent that Russia must diversify an economy dependent on energy revenues, yet what the Kremlin liberals propose is no more than the imposition of the latest variant of Western materialism in the manner of the Bolsheviks and post-Soviet “shock therapists”. Men like Igor Yurgens, head of the Institute of Contemporary Development and the acknowledged architect of the modernization schemes, have shown little but contempt for the actual, historical Russian nation. They welcome the massive influx of Central Asians and Caucasians into Moscow and other cities as cheap labor, upholding EU-style multiculturalism as a model for imitation. These policies inevitably generate further friction between Russians and ethnic groups known (in some cases not unfairly) for their criminal tendencies.

 

Postmodern anarcho-tyranny may suit the coterie of oligarchs who dominate the economy, but it is ordinary Russians who suffer from their predations. And discontent with the current regime is no longer so concealed. After the murder of football fan Yegor Sviridov by a Dagestani gangster in early December, young Russians have taken to the streets to send authorities a message: no longer will they tolerate the intolerable. On December 11th thousands of football fans, nationalists and students flooded Manezhskaya Square across from the Kremlin and battled the riot police sent to control them. President Medvedev deemed the protests to be driven by radical provocateurs, but he missed the point completely. The current situation is untenable- the kleptocratic, clan-ruled North Caucasus republics receive billions in federal aid to keep a lid on instability and Islamic extremism, all the while sending migrants to swamp the Russian center. This supposed safety valve brings interethnic violence right to the streets of Moscow, a phenomenon exploited by jihadists seeking their own emirate from the Black Sea to the Caspian.

 

Corruption in Russia is certainly more pronounced and pervasive in its measurable forms than in the West. Bribery, extortion and theft are corrosive to the state and society at large, but importing the contemporary pathologies regnant in America and Europe is positively lethal. The alleged “transparency” of liberalism masks spiritual corruption- the inversion of virtue itself and cultural disintegration. Russians must already confront the murderous legacy of Marxism-Leninism, a vacuum filled today by anything from drug addictions to electronic entertainment and consumer distractions. To forge a path to resurgence, the new iterations of atheist materialism must be combated and vanquished rather than welcomed.

The role of Vladimir Putin in restoring Russia must therefore be examined more closely. In a number of cases, the current prime minister has vigorously prosecuted the interests of his nation; curbing the power of Open-Society tycoon Mikhail Khodorkovsky and standing up to Washington in the post-Soviet space are examples that come immediately to mind. Yet it is not clear that Putin has any overarching conservative vision for Russia. Indeed, his entire power “tandem” with Medvedev attests to absorption with tactics and expediency at best. Thus intelligent and fearless criticism from the right becomes a necessity. The words of nationalist and academic Andrei Saveliev carry special resonance in this regard. In this two-part interview with Alternative Right, Saveliev provides us an insider’s look at Russian politics and elaborates his tough and principled opposition to the liberal oligarchy.

***

Andrei Saveliev has a PhD in Political Science from Moscow State University. He was an elected deputy of the Fourth State Duma on the "Rodina" ticket (2003-7) and the right-hand man of Rodina's leader, Dmitry Rogozin. He is chairman of the unregistered political party Velikaya Rossiya (Great Russia). He is the author of over 300 articles and several books, including Political Mythology (2003), Nation and State: A Theory of Conservative Reconstruction (2005), The Image of the Enemy: Racial Studies and Political Anthropology (2007). He currently teaches courses on the Sociology Faculty at Moscow State University.

Alfred Smith is the alter ego of a graduate student somewhere in the UK. He was happy to conduct this interview and skilled translation for Alternative Right during a recent trip to Moscow. Some of his writings can be found at The Devil's Review.

Many conservatives in the West have a favourable opinion of Vladimir Putin, seeing him as true national leader who is working in the interest of the Russian people. Many of my colleagues believe him to be a conservative, even a nationalist. However, in your book Nation and State: A Theory of Conservative Reconstruction, you write that Putin is actually a liberal. How is Putin a liberal?

I was very surprised when I met with some Italian conservatives, they gave me a publication in which Putin was extolled as a great world leader, as some sort of model of a nationally oriented head of state. Their confusion had to do with the lack of information about the real situation in Russia, and the misinterpretation of certain rude words spoken by Putin, which were taken as ‘anti-American’ and quoted many times in the Western media. At the time I wrote a short explanation and sent it to the Italians.

Let us remember, for a start, that Athenian democracy made much use of slave labour, ritual prostitution and a monopoly on maritime trade, which more close resembled piracy. In ‘totalitarian’ Sparta the number of hangers-on (the city demos) was much smaller, while the relationship between the Spartans and the helots was more reminiscent of the relationship between landowner and tenant. Besides, even in Athens it was not permitted to kill a slave arbitrarily. In one of the dialogues of Socrates, his interlocutor tells how the murderer of a slave was bound and thrown into a ditch before being taken into custody.

Liberal ideas appeared and began to manifest themselves in the life of the world in the context of the slave trade and the drug trade (the Opium Wars, for example). And now formal democracy rests on various forms of slavery (including sexual), unprecedented levels of drug addiction world-wide, various forms of theft, and speculation on commodities and financial instruments, which destroys industry and agriculture through debt bondage.

As far as contemporary Russia is concerned, I judge by the results, by the way of thinking and the actions of Putin. His aims are exclusively liberal. And the results of his governance have been deplorable for the country. The crisis which Russia fell into in 2008 is still deeper than the one in the Yeltsin period, and Putin’s policies are largely to blame for this. The main cause of this crisis is the legalization of the capital obtained by the oligarchs. This was possible only under an ultra-liberal government. What this means is the pardon of enormous crimes concerning the seizure and transfer of property in previous years, during Yeltsin’s presidency. Under Yeltsin they managed to make about ten billionaires right with the law, under Putin, about a hundred.

Liberalism has various definitions. The main mark of contemporary liberalism is not the demand for freedom of enterprise, but the globalisation of the economy and the de facto liquidation of national sovereignty. Free elections and parliamentary debates are only the façade of the political system. In Russia this façade looks filthy and absurd, but the basic blueprint, accepted in the West, has been preserved. There are no real elections, no real debates. But there are semblances of them. More important is what is behind the façade. What’s behind it is the absolute power of the oligarchy and a corrupt bureaucracy, which is ripping the country to pieces.

OMON Riot Police on Manezhskaya Square, December 11th, 2010

Putin is representative of those power groups who have transformed the Russian economy into a part of the global economy, who have changed the economy such that it no longer serves the national interest. The oligarchic order which has developed in Russia was created by the experience and the pressures of the global economy, which is promoted by unaccountable people who have no fatherland. This is not small or medium sized business – this is big business, global business which has penetrated into other countries and integrated itself with similar global businesses: Gazprom, Lukoil, Rosneft etc. These are the main fuel and energy corporations. But that’s only the beginning of what they do. They have become involved in other arenas, including politics. Their interests are in no way connected to Russia’s national interests. The interest these corporations have in Russia is to use the energy resources of the country in such a way that the Russian people will not gain any benefit from them.

The second aspect of liberalism which is relevant to our country is the formation of a liberal (that is, free from any and all responsibility) bureaucracy. This bureaucracy has basically become its own social class. It’s not only civil servants, it’s a class formed by familial ties and ethnic solidarity which is opposed to the ethnic Russian majority. This is something else we can thank Putin for. And for the ‘iron law of oligarchy’ which in this case met with no resistance from our government: any democratic system degenerates into oligarchy. In this case we see the highest officials included in the oligarchy and the formation of civil service that acts as a mechanism for the suppression of civic consciousness. Liberalism in this environment is an ideology meant to keep citizens on a short leash. It has replaced the communist ideology, employing the same form of rhetoric, and differing only in its terminology. In the Putin bureaucracy we see not fidelity to law and national interests, but the conviction that one has the right to be arbitrary and flout the law.

Putin in this matter is a perfect model: he ignores the law both as an administrator (constitutional norms are unknown to him, and of no interest), and as a politician, constantly showing off before the whole country. The sanctions of law that are supposed to be common to all do not apply to him. He is like a driver who gets away with breaking all the traffic rules. His cynical flouting of the law is censured only by independent online journalists. Putin provides the model for all the local bureaucrats. Behind the façade of formal obedience to the law they conceal their complete contempt for law. This is their understanding of freedom: freedom to be independent of the law. But with the option of forcing citizens to follow the most absurd and illegal rules.

The liberal bureaucracy has transformed Russia into an open hunting zone, a wild west, where a few are allowed to hunt, and the rest to either observe or become the prey. All the rest must live strictly in accordance with the law and go to the bureaucrat to ask his permission for anything they wish to do. The bureaucrat, for his part, may act in accordance with the law, or may not act at all. And this pernicious inaction on the part of the bureaucrat is his main tool of manipulation and taking bribes.

Yet another aspect of the liberalization of Russia under Putin is the mass media, where the level of pornography has exceeded all bounds, while the reliability and completeness of information has ceased to be a priority. State television promotes freedom from restraint, free love, homosexuality, prostitution, slovenliness, ignorance and cynicism. And all of this is under the auspices of the government, which demands only complete loyalty to the regime. In the rest of the media, the most depraved and dissolute people are allowed to run things.

Putin has not carried out a single project, though he had at his disposal such a colossal sum of money as no ruler in the world ever had. It all went into the pockets of the oligarchs. And now that the oil prices have gone south, it turns out that the electronic credits Russia received as payment for oil and gas are worthless. Now we lack the resources to provide for a more or less decent standard of living for the vast majority of the population, let alone for modernization.

Putin has committed a series of criminal acts to kow-tow to the liberal world community. He has handed over the lion’s share of Russian firms to foreign capital and the deracinated oligarchy, ceded vast territories to China, abandoned the Northern Caucasus (especially Chechnya) to criminality, and destroyed close relations with Ukraine and Belarus using ‘gas blackmail’. The harsh grimaces of this actor should not deceive us. It is no more than an act.

Mark Hackard

Mark Hackard

Mark Hackard has a a BA in Russian from Georgetown University and an MA in Russian, East European, and Eurasian Studies from Stanford University.

dimanche, 27 février 2011

Rébellion n°46: Renverser l'oligarchie!

Sortie du numéro 46 de la revue Rébellion

Renverser l'oligarchie !

michel drac,t. meyssan,paul adam,révolution arabe,thibault isabel

Au sommaire :

- Editorial : L'empire occidental destabilisé.

- International : L'Egypte au bord du sang ( par T. Meyssan).

- Entretien : La question raciale avec Michel Drac.

- Pensée : Michel Clouscard et le capitalisme de la séduction. 

- Philo : Les Etats idéaux par Thibault Isabel 

- Littérature : Paul Adam, le Dandy au tarot. 

Disponible contre 4 euros à notre adresse :

Rébellion C/O RSE

BP 62124 - 31020 TOULOUSE Cedex 02 FRANCE

Règlement par chèque ou timbres possible. 


Annonce à diffuser massivement sur vos blogs, Facebook et autres mails listes. Merci de nous aidez à gagner la bataille de l'information ! 


 

dimanche, 20 février 2011

Aalin Cotta: le règne des oligarchies

Alain Cotta : " Nulle part aujourd’hui il n'existe de démocratie directe, pas plus que représentative."

Il accorde un bref entretien à Scripto sur ce sujet fondamental.

Entretien réalisé par Maurice Gendre

1- Pouvez-vous nommer les principales oligarchies qui dominent le monde ?

L’oligarchie des USA, celle de la Chine et, en 3ème rang le Royaume Uni.

2- Où ces oligarques se réunissent-ils, où vivent-ils ? Où sont situés les épicentres de leur pouvoir ?

L’oligarchie est un groupe d’individus dont les lieux de réunion varient en fonction de leur situation économique et sociale ainsi que les circonstances auxquelles ils doivent faire face. Comme il s’agit d’un ensemble d’individus tenant de la meute de loups ou du nuage d’étourneaux il ne possède pas de chef attitré pas plus que d’épicentre fixe.

3- Des ponts existent-ils entre ces différentes oligarchies, comment cela se traduit-il ?

Entre ces différentes oligarchies il existe plusieurs ponts, d’abord ceux qui concernent les membres ayant même profession. Les militaires de toutes nations communiquent ensemble à travers leurs exercices de stimulation guerrière et leurs écoles de formation. Les dirigeants des grandes entreprises se rencontrent de façon officielle et officieuse ce qui constitue la vie organisée des oligopoles mondiaux des grands produits et des matières premières. Les politiques se rencontrent lors des réunions, elles aussi, officielles G6, 8, G20 et plus secrètes. Quant aux super riches, ils ont leurs lieux de rencontre bien connus, Davos, Saint Barth et autres lieux de villégiature agréables. Entre ces quatre ponts plusieurs passerelles, de l’appartenance à ces réseaux organisés (Opus Dei, franc-maçonnerie, services secrets).

4- En parallèle, des tensions et des dissensions semblent de plus en plus se faire jour entre elles, quelles formes et quelles tournures peuvent prendre ces désaccords ?

Les tensions et dissensions sont intimement liées à l’affrontement des pouvoirs nationaux qui eux-mêmes constituent désormais la vie d’une espèce humaine mondialisée. Des accords et désaccords traversent la géo-politique purement nationale. Toutes les grandes entreprises quelque soit leur appartenance nationale ont en commun leur volonté d’accroître leur réactivité et leur pouvoir ; les politiques d’affirmer l’autorité des nations qu’ils représentent, et les super riches de vivre le plus tranquillement possible. A tout cela il faut ajouter l’importance que représente pour de nombreuses personnes leur appartenance à des religions qui ne sont pas toujours tentées par l’œcuménisme.

5- Y a-t-il un voire plusieurs points communs fondamentaux entre ces différentes oligarchies, à tel point que l'on puisse dire que ces oligarchies forment l'Oligarchie ?

Les différents points d’accords entre certaines oligarchies nationales et les éléments communs à chacune d’entre elles (dirigeants d’entreprise, politiques…) ne sont pas tels que l’ont puisse parler d’oligarchie mondiale. Ce qui n’empêche point de pouvoir imaginer qu’elle existera un jour et de s’interroger aujourd’hui sur les modalités de sa formation et peut-être même de considérer que cette naissance constitue la raison d’être de la mondialisation.

6- Sur quelles armes s'appuient ces oligarchies pour asseoir leur domination sur le monde ?

Essentiellement sur l’arme économique et militaire, qui avec l’argent et le sexe constitue l’une des trois forces structurantes de l’espèce humaine.

7- Comment ces oligarchies se protègent-elles de la vindicte des peuples ?

Elles disposent de plusieurs moyens de protection : la réussite économique, la corruption et les moyens de détourner de l’attention des masses, désormais très efficaces : Internet, Twitter, facebook et plus généralement tous les médias de communication. Ajoutons que la complexité croissante des problèmes posés aux différentes collectivités nationales écarte naturellement la participation d’un très grand nombre d’individus à cause soit de leur incompétence, soit de leur indifférence à l’égard de solution qui ont peu d’influence sur leur vie quotidienne.

8- Tout processus de changement, en apparence assuré par le peuple et d'inspiration démocratique, est-il condamné à n'être en réalité que le cache-sexe des intérêts d'une faction de l'Oligarchie contre une autre faction de cette même Oligarchie à un moment donné de l'Histoire ? Pour dire les choses plus brutalement : un soulèvement populaire a-t-il la possibilité de ne pas être téléguidé par des puissances extérieures et/ou supérieures ?

Les processus de changements d’inspiration démocratiques  ne peuvent aujourd’hui dissimuler leur rôle effectif. Nulle part aujourd’hui il n'existe de démocratie directe, pas plus que représentative. Partout où le pouvoir est exercé par des oligarchies qui ne sont pas représentatives, mais qui reçoivent en fait une délégation de pouvoir. L’évolution de toutes les techniques et la mondialisation de l’espace installent désormais les oligarchies comme le pouvoir dirigeant de toutes les organisations humaines : nation, famille, entreprise et religion.

L’inspiration démocratique a deux fondements. Le premier purement psychologique s’explique en ce que tout individu préfère croire qu’il est en démocratie plutôt que d’être lucide (« blessure la plus rapprochée du soleil » selon René Char) sur sa dépendance à l’égard d’une oligarchie. La seconde, plus sérieuse, consiste à invoquer la démocratie pour se prémunir des oligarchies attirées par un pouvoir personnel, proche des dictatures de fait, ainsi que le montre les mouvements actuels dans les pays arabes. En cette occurrence il s’agira, à notre avis, beaucoup plus d’un changement d’oligarchie que d’un quelconque établissement de la démocratie.

9- Quelles sont les plus graves menaces que ces oligarchies font peser sur le monde ? Comment s'en prémunir ?

L’oligarchie est devenu le mode naturel et général de l’exercice du pouvoir. Elle ne constitue pas d’autres menaces que celles tenant à l’usage exorbitant de son pouvoir.

Propos recueillis par Maurice Gendre

lundi, 29 novembre 2010

Brève histoire de l'oligarchie en Russie

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Brève histoire de l'oligarchie en Russie

Le mot oligarque symbolise à lui tout seul l'histoire de la Russie de ces vingt dernières années et nous le trouvons utilisé pour désigner tout et n'importe quoi. Ce terme qui, au milieu des années 90, était synonyme de puissance et était ouvertement revendiqué est aujourd'hui récusé par les grandes fortunes de Russie, tant il est lié aux pires heures de l'ère Eltsine.

L'oligarchie a fortement évolué tout au long de la période. Certains oligarques sont tombés dans l'oubli, d'autres ont fui ou sont en prison. Les plus pragmatiques se sont adaptés en renonçant à toute prétention politique, ce qui rend d'autant le terme inadéquat pour les désigner aujourd'hui. C'est Boris Berëzovski, l'éminence grise du Président Eltsine, qui popularise pour la première fois le terme en 1996, lors d'un entretien donné au "Financial Times". Il qualifie ainsi lui-même les sept banquiers qui ont réuni leurs moyens afin de permettre à Boris Eltsine d'être réélu Président. La misère et l'anarchie dans lesquelles était plongée la Russie, rendait un deuxième mandat peu probable pour ce piètre gestionnaire. Ces sept banquiers prétendaient contrôler plus de 50% de l'économie russe. On les surnomma "semibankirschina". Ce terme était l'adaptation contemporaine de celui de « Sémiboyarschina », les sept boyards qui trahirent le Tsar et livrèrent Moscou aux envahisseurs polonais en 1610. En 1996, il s'agit pour ces banquiers de sauver les actifs industriels, malhonnêtement privatisés pendant les premières années de l'ère Eltsine, d'un possible retour des communistes au pouvoir.

Après s'être enrichis en détournant les fonds publics, grâce à la complicité d'hommes politiques haut-placés, ces hommes d'affaires se sont ensuite emparés pour des sommes ridicules, de pans entiers du patrimoine industriel russe, notamment dans le secteur des ressources
naturelles. En ces temps troubles, pour assurer la sécurité physique du produit de leur prédation, ils s'associèrent avec les mafias qui avaient éclos un peu partout en Russie.

Ces mafias constituaient également des entités économiques disposant de liquidités considérable à un moment où celles-ci faisaient justement défaut, et où tout était à vendre. Le plus célèbre de ces mafieux fut Anatoli Bykov, qui prit part à la guerre de l'aluminium.

Boris Abramovitch Berëzovski, homme d'affaires russo-israélien, est le plus connu de ces oligarques. Sa fortune trouve son origine dans la vente frauduleuse des voitures produites par la société d'Etat AvtoVaz, plus connue en Europe sous le nom de LADA. Il parvient ensuite à se rapprocher de la "famille" Eltsine. Il s'empare alors d'actifs pétroliers et industriels, puis de la gestion de la compagnie Aéroflot, qu'il amène au bord de la faillite.

L'éditeur de la version russe du magazine "Forbes", le russo-américain Paul Klebnikov, lui consacre un ouvrage très critique, « le parrain du Kremlin ». Sa liberté de parole lui vaut d'être assassiné le 9 juillet 2004 à Moscou. Le soutien ouvert de Paul Klebnikov à la politique de restauration de l'Etat de Vladimir Poutine explique que son assassinat a eu très peu d'écho en France, contrairement à celui d'Anna Politovskaïa deux ans après.

Vladimir Alexandrovitch Goussinski, est également un homme d'affaires russo-israélien. Sa fortune provient de la banque qu'il fonde en 1989, et de son alliance avec le maire de Moscou, Youri Loujkov. Il fonde le premier groupe de médias privé et regroupe ses activités au sein de «Média Most». Il livre à Boris Berëzovski un combat à mort au début des années 90, puis se réconcilie avec lui en 1996, afin de soutenir la candidature d'Eltsine. Il est un membre éminent du congrès juif mondial, et fonde avec Mikhaïl Friedman, le congrès juif russe. La
crise de 1998 l'affaiblit durablement.

Vladimir Olegovitch Potanine, dont le poste au ministère du commerce extérieur, lui permet de s'enrichir considérablement et de créer son groupe financier, INTERROS, et sa banque, ONEXIM est un autre oligarque fameux. En 1995, il est le concepteur du système de prêts contre actions, qui permet aux banquiers d'acquérir à peu de frais des pans entiers de l'industrie russe. Pour quelques centaines de millions de dollars prêtés à l'Etat russe à la limite de la banqueroute, les oligarques s'emparent alors d'actifs qui en valent plusieurs milliards. Vladimir Potanine, grâce à ce système, s'empare de Norilsk Nickel.

Mikhaïl Borisovitch Khodorkowski débute sa carrière comme membre influent du Komsomol de Moscou (organisation de jeunesse soviétique où étaient recrutées les futurs cadres du parti communiste). C'est grâce aux fonds de cette organisation et à ses liens avec le parti communiste, qu'il fonde sa banque, la MENATEP. Il s'empare ensuite des actifs de la compagnie Yukos grâce au système prêts contre actions.  La privatisation de Yukos est émaillée de nombreux assassinats et se fait au mépris le plus absolu du droit des actionnaires minoritaires, notamment étrangers. Le maire de Neftyougansk, où se trouve le plus gros actif de Yukos, et qui avait entrepris une grève de la faim pour obtenir le paiement des taxes dues à sa ville au bord de la ruine, est assassiné le 26 juin 1998, jour de l'anniversaire de Khodorkowski. Le chef de la sûreté de Yukos, Alexeï Pitchouguine, est toujours en prison pour ce crime. Ceux qui s'apitoient sur le sort de l'oligarque en pensant qu'il paie très cher des opérations financières feraient bien de s'informer sur les crimes de sang de l'ère Khodorkowski. Khodorkowski se lie avec les milieux d'affaires états-uniens et dépense sans compter auprès des agences de communication pour se construire une image positive, abusant les très complaisants médias occidentaux.

Mikhaïl Maratovitch Friedman reste encore aujourd'hui l'un des plus puissants hommes d'affaires russe. Avec son associé Piotr Aven, ministre du commerce extérieur au début des années 90, il fonde le groupe consortium "Alfa", dont les fleurons sont la banque "Alfa" et la compagnie pétrolière "TNK".

Vladimir Victorovitch Vinagradov privatise à son profit la banque d'état "Inkombank" en 1993. Il disparaît de la scène politico-économique après la banqueroute de sa banque, lors de la crise de 1998.

Alexander Pavlovitch Smolenski, condamné à l'époque soviétique pour divers trafics refait lui surface en créant la banque "Stolichny". La privatisation à son profit de la banque d'état AGROPROM, lui permet de fonder "SBS AGRO", première banque privée et deuxième banque de Russie. En 1998, la banque est emportée par la crise et ruine plusieurs millions de petits épargnants. Il perd alors toute influence politique, même s'il conserve sa fortune.


Ces sept banquiers ne sont pas les seuls hommes riches et influents de l'ère Eltsine, mais ce sont eux les "faiseurs de rois". Ils ont construit leur fortune sur le triptyque "Tchénovnik" (responsable politique), mafieux, homme d'affaires. On trouve également dans les provinces russes, des oligarques locaux très puissants, ayant construit leur pouvoir sur la même base.

La crise de 1998 entraîne la disparition de deux des sept banquiers, Vinogradov et Smolenski. Une nouvelle génération apparaît alors sur les ruines de la Russie d'après la crise. Ils ont fait leur fortune dans les années 90 et sont alors au sommet de leur puissance. Ils sont plus jeunes que la première génération, mais ils lui sont très liés.

Les plus célèbres sont Mikhaïl Prokhorov, partenaire de Vladimir Potanine au sein de Norilsk Nickel, Roman Abramovitch lié à Boris Berëzovski, et Oleg Déripaska, homme-lige des frères Mikhaïl et Lev Tchernoï au sein de Russki Alumini. C'est également à cette époque que les hommes d'affaires commencent à prendre leur distance avec les mafieux qui les ont protégés.

Au début des années 2000, les oligarques se trouvent, comme en 1996,face au risque de retour au pouvoir des communistes. Même avec un contrôle quasi complet de la presse russe, les oligarques ont besoin d'un candidat crédible pour défendre leurs intérêts. Ils jettent leur dévolu sur un homme, dont la loyauté pour le Président Eltsine, leur laisse supposer qu'ils le manipuleront aussi facilement que le Président sortant. Porté par sa victoire en Tchétchénie, Vladimir Poutine est ainsi élu Président le 26 mars 2000. Mais pour les oligarques, c'est le début de la fin.

 

Après l'élection de Vladimir Poutine à la présidence en mars 2000, la grande question qui anime la presse occidentale est de savoir si le nouveau Président sera une marionnette entre les mains des oligarques. Etonnamment, plus Vladimir Poutine fera rentrer les oligarques dans le rang, plus il se sera la cible des attaques de cette presse, qui quelques mois auparavant, dénonçait leur emprise sur la Russie.

Le premier à faire les frais du changement de pouvoir est Vladimir Goussinski, dont les médias avaient attaqué Vladimir Poutine durant les élections. Il s'enfuit en Espagne, puis en Israël en juillet 2000. Le holding « Média-Most », criblé de dettes est démantelé et finit entre les mains du monopole gazier public, Gazprom. Ce même mois de juillet 2000, le Président Poutine convoque les oligarques pour leur annoncer les nouvelles règles auxquelles ils doivent se soumettre, s'ils ne veulent pas avoir à rendre compte de leurs multiples prédations. Ces règles sont au nombre de quatre :

  • Payer les impôts.
  • Arrêter l'évasion fiscale.
  • Réinvestir les profits des sociétés en Russie.
  • Enfin et surtout, ne plus faire de politique.

La plupart des oligarques sentent le vent tourner et se soumettent aux nouvelles règles. Deux des sept banquiers tentent pourtant de s'opposer à la volonté du nouveau Président. Le premier est Boris Berëzovski, l'ancienne éminence grise d'Eltsine, qui n'admet pas son déclassement. Mais Vladimir Poutine dirige désormais la Russie d'une main de fer. Il purge rapidement l'administration présidentielle, et sait qu'il peut compter sur le soutien des structures de forces. En 2001 Berëzovski est contraint de fuir à Londres. Il complote depuis la capitale anglaise et devient un ennemi juré du Kremlin. Il finance toutes les formes d'opposition à Vladimir Poutine, en Russie comme à l'étranger. Il soutient la prise de pouvoir de Mikhaïl Saakhachvili en Géorgie en 2003, puis la révolution orange en Ukraine en 2004. Il soutient le terroriste tchétchène Akhmed Zakaïev, réfugié également à Londres. Il promet régulièrement de grandes révélations sur Vladimir Poutine, sans que rien de concluant ne soit jamais publié. Il bénéficie en outre de la protection des services secrets anglais.

Le deuxième oligarque à ne pas accepter la nouvelle donne est Mikhaïl Khodorkowski. Les médias occidentaux, alimentés par les agences de communication américaines ont, à tort, attribué l'arrestation de l'oligarque à de prétendues ambitions politiques, et ont tâché d'en faire un nouveau Soljenitsyne. Khodorkowski tombe pour des motifs moins glorieux. A partir de 2003, Il se met à financer toutes les oppositions possibles à la Douma, des communistes jusqu'aux libéraux. Il espère ainsi former un groupe parlementaire lequel lui permettrait de bloquer la réforme fiscale qu'a entreprise Vladimir Poutine. Entre 2003 et 2004, la taxation des bénéfices des compagnies pétrolières russes est effectivement passée de 5% à 30% en moyenne. L'oligarque a également l'intention de faire entrer massivement des compagnies américaines dans l'actionnariat de Youkos, que ce soit Chevron ou Exxon. Enfin, il veut s'affranchir du monopole du transport des hydrocarbures de « Transneft » et construire avec les Chinois, un pipeline qui relierait directement ses forages à la Chine. Il est peu vraisemblable que Khodorkowski ait eu une ambition politique personnelle, il était trop intelligent pour ne pas savoir qu'il représentait tout ce que le peuple russe haïssait. La condamnation de Khodorkowski et de ses associés, extrêmement populaire auprès des Russes, marque réellement la fin du système oligarchique en Russie. Il semble en outre que Vladimir Poutine considère personnellement, que Khodorkowski doive payer pour les crimes de sang trop nombreux qui ont entouré la privatisation de Youkos, notamment celle du maire de Youganskneft, le jour de l'anniversaire de l'oligarque. C'est dans ce sens que Vladimir Poutine a comparé dernièrement la situation de Khodorkowski à celle d'Al Capone, ce mafieux américain, condamné non pas pour ses crimes de sang, improuvables, mais pour fraude fiscale.

L'exemple de Khodorkowski porte ses fruits, les conglomérats de matières premières paient désormais leurs taxes. Le Kremlin en profite pour remettre la main sur plusieurs actifs industriels. Ceux de Youkos passent sous le contrôle de la compagnie publique Gazprom en 2004. En 2005, Sibneft, la compagnie de Berëzovski puis d'Abramovitch est également rachetée par Gazprom et devient Gazpromneft.

Des sept banquiers de 1996, il n'en reste que deux. L'un des deux, Vladimir Potanine, a annoncé en février 2010, qu'il léguera sa fortune de plus de $5 milliards, à des œuvres de bienfaisance. Le second est Mikhaïl Friedman, dont on annonce la chute depuis plusieurs années sans qu'elle se soit produite pour l'instant. La jeune génération des Déripaska, Abrahmovitch ou Prokhorov a abandonné la politique au profit des affaires, des stations de ski et des clubs de football. De plus, la crise de 2008 a affaibli durement Déripaska, qui ne doit la préservation de son empire qu'au prêt de $4,5  milliards que lui accorde le gouvernement russe au travers de la VnechEconomBank.

Comme un signe des temps, Dimitri Medvedev et Vladimir Poutine ont annoncé le lancement d'une vague de privatisations, mais cette fois, elles rapporteront plus de $40 milliards à l'état russe, et permettront à des sociétés étrangères d'entrer dans le capital et la gestion de ces sociétés. Le temps des oligarques est désormais révolu, aucun homme d'affaire russe, si riche soit-il, n'a plus les moyens de faire élire le Président de la Fédération de Russie. Contrairement aux affirmations romanesques de Pierre Avril dans le Figaro, ceux qu'il appelle les « nouveaux oligarques » sont en fait des hommes d'affaires, qui sont certes très proches du gouvernement et en ont profité pour accroître leur fortune, mais n'influent pas sur les décisions politiques. Ce défi que Vladimir Poutine a réussi à relever, vaincre les oligarchies dont certaines l'avaient mené au pouvoir, est exactement le même qui se pose aujourd'hui à Viktor Ianoukovitch en Ukraine et... à Barack Obama aux Etats-Unis.

Xavier Moreau