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vendredi, 12 avril 2024

La métamorphose de Macron, la crise de l'axe franco-allemand et la destruction de l'espace politique européen

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La métamorphose de Macron, la crise de l'axe franco-allemand et la destruction de l'espace politique européen

Roberto Iannuzzi

Source: https://geoestrategia.es/noticia/42578/politica/la-metamorfosis-de-macron-la-crisis-del-eje-franco-aleman-y-la-destruccion-del-espacio-politico-europeo.html

Les déclarations belliqueuses du président français sont le symptôme d'une crise profonde du leadership européen, et non la réponse à une menace russe réelle.

Ce qui, à la fin du mois de février, semblait être une plaisanterie du président français Emmanuel Macron ("l'envoi de troupes occidentales en Ukraine n'est pas à exclure") est devenu, au fil des jours, le cheval de bataille du chef de l'Élysée.

Lors d'une interview télévisée à une heure de grande écoute, le 14 mars, M. Macron est allé plus loin. Décrivant à nouveau le conflit ukrainien en termes existentiels ("Si la Russie devait gagner, la vie des Français changerait", "Nous n'aurions plus de sécurité en Europe"), le président français a réaffirmé que l'Occident ne devait pas permettre à la Russie de GAGNER.

Expliquant que l'Occident avait franchi toutes les lignes rouges précédentes en Ukraine (en envoyant à Kiev des missiles et d'autres systèmes d'armes qu'il était initialement impensable de fournir), il a laissé entendre que l'envoi de soldats ne devrait pas non plus être considéré comme tabou (en effet, des militaires de l'OTAN se trouvent déjà en Ukraine).

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Ambiguïté stratégique

En précisant que la France ne prendra jamais l'initiative militaire d'attaquer les Russes sur le territoire ukrainien, le président français a maintenu une ambiguïté délibérée sur la possibilité réelle d'envoyer des troupes et sur les objectifs possibles d'une telle mission, la définissant comme une "ambiguïté stratégique".

Il a de nouveau souligné ces concepts dans une interview accordée au journal Le Parisien, à son retour d'une réunion du "Triangle de Weimar" (regroupant l'Allemagne, la France et la Pologne) à Berlin.

"Notre devoir est de nous préparer à tous les scénarios", a déclaré M. Macron, précisant que "peut-être qu'à un moment donné - je ne le souhaite pas, je ne serai pas celui qui prendra l'initiative - il faudra mener des opérations sur le terrain, quelles qu'elles soient, pour contrer les forces russes. La force de la France, c'est que nous pouvons le faire".

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Quelques jours plus tard, Le Monde publiait un éditorial signé par le chef d'état-major des armées françaises, le général Pierre Schill (photo, ci-dessus), intitulé avec éloquence "L'armée française est prête".

Dans cet article, Schill écrit que "contrairement aux aspirations pacifiques des pays européens, les conflits qui se déroulent aux marges de notre continent témoignent non pas tant d'un retour de la guerre, mais de sa permanence en tant que mode accepté de résolution des conflits".

Sur la base de ce singulier axiome, le général a déclaré que la France a la capacité de déployer une division de 20.000 hommes en 30 jours et est capable de commander un corps d'armée de 60.000 hommes éventuellement fourni par des pays alliés.

Scénarios d'intervention

Ce que les forces françaises pourraient faire en Ukraine a été expliqué, toujours dans une émission de télévision, par le colonel Vincent Arbaretier. Elles pourraient s'aligner le long du fleuve Dniepr, qui sépare l'est et l'ouest de l'Ukraine, préfigurant une éventuelle tentative de partition du pays.

La deuxième hypothèse avancée est celle d'un déploiement de troupes le long de la frontière avec la Biélorussie, essentiellement pour défendre Kiev d'une éventuelle attaque par le nord. Une troisième possibilité, non évoquée par le colonel, est qu'elles soient destinées à défendre Odessa (la France a déjà des troupes et des chars Leclerc déployés en Roumanie).

Enfin, dernière option, peut-être la plus réaliste, les Français seraient utilisés pour des tâches logistiques à l'arrière, libérant un nombre équivalent de soldats ukrainiens qui pourraient alors aller se battre au front.

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Dans tous ces scénarios, une intervention française (éventuellement même à la tête d'un contingent composé de soldats d'autres pays) semble loin d'être suffisante pour changer le cours du conflit, alors que le commandant de l'armée ukrainienne Valery Zaluzhny, récemment démis de ses fonctions, avait estimé à 500.000 hommes le besoin des forces armées de Kiev pour résister à la Russie.

Un tel déploiement promet également d'être extrêmement risqué. Les experts militaires français ont en effet prévenu qu'en raison de la pénurie d'équipements et de munitions, dans une éventuelle confrontation directe avec les Russes, ce contingent disposerait d'une autonomie de quelques mois au maximum, probablement moins.

Face à l'hypothèse avancée par Macron, un officier des forces armées françaises a commenté que "nous ne devons pas nous faire d'illusions, nous sommes une armée de majorettes face aux Russes".

Dissuasion nucléaire ?

Il est intéressant de noter qu'en évoquant l'hypothèse d'un déploiement de soldats en Ukraine, tant Macron que des commentateurs militaires comme Arbaretier ont insisté sur l'aspect "dissuasion", c'est-à-dire sur l'effet dissuasif qui serait substantiellement basé sur le fait que la France est une puissance nucléaire.

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Ce constat est lié au concept d'"ambiguïté stratégique", ou d'incertitude, sur lequel le président français a délibérément mis l'accent. L'idée d'incertitude est à la base de la réflexion stratégique française sur la dissuasion, dont l'un des architectes est le général André Beaufre, qui a beaucoup écrit à ce sujet dans les années 1960.

En gros, selon cette théorie, pour un pays comme la France, qui ne dispose pas d'un vaste arsenal comme les États-Unis, il n'y a qu'un seul élément valable pour dissuader un adversaire: l'incertitude. C'est "le facteur essentiel de la dissuasion".

Bien entendu, Beaufre faisait référence à la dissuasion nucléaire, et non à la possibilité d'envoyer un contingent militaire dans un conflit à la périphérie de l'Europe. Mais le fait que la France soit une puissance nucléaire implique que le déploiement des forces françaises n'est pas, en principe, déconnecté de la dimension nucléaire.

Cependant, l'observation faite par le chef d'état-major Schill dans l'éditorial du Monde précité, selon laquelle la dissuasion nucléaire "n'est pas une garantie universelle" parce qu'elle ne protège pas contre les conflits qui se situent "en dessous du seuil des intérêts vitaux", est tout à fait pertinente à cet égard.

Un conflit inexistant

Quoi qu'en dise Macron, le conflit ukrainien n'a pas de dimension existentielle pour la France, alors que Moscou a déjà amplement démontré qu'il en avait une pour la Russie.

Si le Kremlin est prêt à risquer un conflit nucléaire pour empêcher l'OTAN de s'implanter (officieusement pour être précis) en Ukraine, aucun pays occidental ne prendrait un tel risque pour obtenir un résultat similaire, qui n'est évidemment pas existentiel pour l'Occident.

C'est pourquoi Kiev aurait dû négocier un statut de neutralité dès le départ, et devrait maintenant négocier avec Moscou dès que possible, afin de sauvegarder autant que possible l'intégrité territoriale qui lui reste.

Et c'est pourquoi une coalition de pays "désireux" de déployer un contingent en Ukraine n'aurait pas de véritable couverture au-delà de ses propres (petites) capacités de défense. Ni une force française ni une force de coalition en Ukraine ne seraient couvertes par l'article 5 de l'OTAN.

Et, en cas d'escalade des tensions en Europe à la suite d'un affrontement entre ces forces et les troupes russes en Ukraine, les Etats-Unis n'auraient aucune obligation d'intervenir, ni même de garantir leur parapluie nucléaire, même si les tensions devaient atteindre le seuil nucléaire en Europe.

Le conflit ukrainien a également montré que ni la France ni l'Occident en général ne sont préparés à une guerre d'usure. La doctrine stratégique occidentale, qui s'est concentrée sur un conflit rapide et décisif, a conduit nos pays à ne pas être préparés à une telle guerre, note une étude du Royal United Services Institute (RUSI) du Royaume-Uni.

En conséquence, l'industrie de guerre européenne ne peut rivaliser avec celle de la Russie en termes de capacité de production et ne sera pas en mesure de le faire dans les années à venir.

Il s'ensuit qu'une intervention telle que celle proposée par le président français n'aurait qu'un faible pouvoir de dissuasion à l'égard de Moscou, compte tenu des risques graves encourus par ceux qui souhaiteraient la mettre en œuvre.

La proposition française n'est donc qu'un bluff dangereux ou, plus probablement, cache d'autres motivations.

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La transformation de Macron

Pour les comprendre, il sera utile de retracer rapidement les étapes de la "métamorphose" de Macron, qui est passé d'un dirigeant européen enclin au dialogue avec Moscou à un adversaire implacable du Kremlin, convaincu que la Russie représente une menace non seulement pour l'Ukraine, mais aussi pour la sécurité de l'Europe dans son ensemble.

Depuis son entrée à l'Élysée en 2017, le président français avait signalé son intention de forger un partenariat avec Moscou, invitant son homologue russe Vladimir Poutine au château de Versailles, l'ancienne résidence des rois de France.

Pour Macron, la Russie fait partie d'une Europe qui s'étend de Lisbonne à Vladivostok.

Même après le déclenchement du conflit ukrainien en février 2022, le dirigeant français avait soutenu la nécessité de maintenir ouvert un canal de dialogue avec Poutine, affirmant qu'il n'était pas nécessaire d'"humilier la Russie", et s'était entretenu à plusieurs reprises avec le chef du Kremlin.

La conversion de Macron a commencé le 1er juin 2023 lorsque, s'adressant au public du Forum GLOBSEC à Bratislava, en Slovaquie, il s'est prononcé en faveur de l'entrée rapide de l'Ukraine dans l'OTAN, un scénario auquel même Washington et Berlin étaient opposés.

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À la même occasion, il a déclaré qu'il souhaitait accélérer l'élargissement de l'UE afin d'envoyer "un signal fort à Poutine". À l'époque, l'Ukraine et ses alliés occidentaux espéraient que la contre-offensive de l'été permettrait d'arracher au moins une partie des territoires occupés aux Russes. Mais l'entreprise est un échec.

Dès lors, les autorités françaises envisagent, dans le plus grand secret, la possibilité d'envoyer des troupes à terre. L'idée est examinée pour la première fois par le Conseil de défense le 12 juin 2023.

Lors d'une conférence de presse en janvier de cette année, Macron a parlé pour la première fois de "réarmer le pays". Le 17 du même mois, Moscou a accusé la France d'avoir envoyé des mercenaires combattre aux côtés des Ukrainiens, affirmant qu'une soixantaine d'entre eux avaient été tués lors d'une attaque russe contre un hôtel de Kharkov.

Enfin, le 22 février, le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, affirme que les Russes ont menacé d'abattre un avion espion français survolant la mer Noire.

Le déclin de l'influence française en Afrique de l'Ouest, qui, après plusieurs coups d'État (au Mali, au Burkina Faso et au Niger), a conduit à la défaite de la France, a sans doute contribué à la détérioration des relations entre les deux pays au cours des derniers mois.

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Crise entre Paris et Berlin

Mais l'activisme français sans précédent a aussi une dimension purement européenne, essentiellement liée à la crise de l'axe dit franco-allemand. Les incompréhensions se multiplient entre Paris et Berlin sur la gestion de la crise ukrainienne et, plus généralement, des actifs stratégiques européens.

L'Allemagne est le deuxième fournisseur d'armes de l'Ukraine après les Etats-Unis, tandis que la France se situe au 14ème rang, mais le gouvernement du chancelier Olaf Scholz a souvent été critiqué par Paris, qui l'accuse d'adopter une ligne "trop prudente".

Berlin, pour sa part, ne cache pas son irritation face à la volonté de Macron de se poser en leader de l'Europe et à sa tentative de créer un axe privilégié avec les pays de l'Est à partir de son discours de Bratislava en juin 2023, avec une action unilatérale qui contourne l'Allemagne.

Malgré la contribution plus importante de cette dernière en termes quantitatifs à l'effort de guerre ukrainien, Paris a souligné à plusieurs reprises la décision de la France de fournir à Kiev ses missiles de croisière à longue portée Scalp, exhortant l'Allemagne à faire de même en envoyant ses missiles Taurus.

Scholz craint cependant que le lancement de ces missiles, d'une portée de 500 kilomètres et potentiellement capables de frapper Moscou, ne conduise à une escalade du conflit qui pourrait impliquer directement l'Allemagne. Cette dernière, contrairement à la France, ne dispose même pas d'une force de dissuasion nucléaire propre et a un passé beaucoup plus houleux avec Moscou qui a laissé des blessures non cicatrisées.

Quelle structure pour l'Europe ?

Mais le désaccord entre Berlin et Paris va au-delà de la simple gestion du conflit ukrainien et touche à la question plus profonde des équilibres stratégiques européens. Scholz et Macron ont tous deux reconnu le déclenchement de ce conflit en février 2022 comme un changement d'époque.

Le premier a jugé nécessaire de rétablir une relation privilégiée avec Washington, aspirant à devenir le principal garant de la sécurité en Europe au nom de son allié américain, et en étroite coordination avec l'OTAN.

Le second, en revanche, a réaffirmé la nécessité d'une "autonomie stratégique" de l'Europe. Cependant, il l'a articulée de manière quelque peu contradictoire lorsque, tout en voulant apparemment renoncer à une coordination directe avec Washington, il a tenté d'établir un axe avec les pays de l'Est (notoirement alignés sur les positions américaines les plus intransigeantes), toujours dans une clé anti-russe.

Le conflit ukrainien a mis en crise l'accord tacite à la base de l'axe franco-allemand, selon lequel, si Berlin était reconnu comme le leader économique en Europe, le leadership stratégico-militaire revenait à Paris.

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En cherchant à réarmer son armée, le gouvernement allemand a jeté les bases d'une rupture de ce fragile équilibre. En lançant l'initiative "European Sky Shield", un bouclier anti-missiles impliquant 17 pays européens et basé sur des technologies américaines et israéliennes, Berlin a commis une nouvelle honte à l'égard de Paris.

En effet, l'Elysée aspire à créer une industrie européenne de la défense basée sur la technologie française (même l'Italie, qui partage avec la France le système de missiles SAMP-T, ne s'est pas jointe à l'initiative allemande).

Paris reproche donc à Berlin non seulement une "invasion de la campagne", mais aussi sa volonté de maintenir des liens étroits avec l'industrie de guerre américaine.

Après le Brexit, la France est restée le seul pays de l'UE à avoir un siège au Conseil de sécurité de l'ONU et le seul à posséder des armes nucléaires. Cependant, l'offre de Macron d'étendre la dissuasion nucléaire française au niveau européen s'est heurtée à la froideur de Scholz, qui semble vouloir rester lié au parapluie nucléaire américain.

Effets secondaires

D'où la tentative française d'assumer le leadership européen dans la gestion du conflit ukrainien, ce qui ressort également de la mise en exergue par Macron des différences entre la France et l'Allemagne.

De retour de Berlin, où s'est tenue la réunion du Triangle de Weimar, le président français a décrit M. Scholz comme étant encore attaché à la culture pacifiste de son parti, le SPD.

"L'Allemagne a une culture stratégique de grande prudence, de non-intervention, et reste à l'écart de l'énergie nucléaire", a déclaré M. Macron, soulignant qu'il s'agit d'un "modèle très différent de celui de la France, qui dispose d'armes nucléaires et qui a maintenu et renforcé une armée professionnelle".

Le dirigeant français a ajouté que "la Constitution de la Cinquième République fait du président le garant de la défense nationale". En Allemagne, en revanche, la chaîne de commandement doit tenir compte du système parlementaire".

Or, on le voit, la compétition franco-allemande a pour effet d'exacerber l'affrontement avec Moscou, aboutissant à l'appropriation totale par l'Europe du soutien militaire à Kiev, en l'absence de toute perspective de négociation.

Cela ne fait que répondre au plan stratégique américain de déléguer l'endiguement de la Russie aux Européens (avec toutes les responsabilités économiques et sécuritaires que cela implique) afin de déployer ses moyens militaires dans le Pacifique.

Réprimer les dissensions internes

Enfin, la "croisade" contre Moscou voulue par le président français a une dimension électorale évidente. Le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen disposerait de plus de 30% des voix et pourrait battre la coalition de Macron (Renaissance), qui disposerait d'environ 18% des voix, lors des prochaines élections européennes.

Une victoire aux élections européennes pourrait garantir à Mme Le Pen un tremplin pour sa prochaine ascension à l'Élysée, lorsque M. Macron aura atteint la limite qui est de deux mandats.

Gabriel Attal, premier ministre et successeur possible de Macron, a récemment accusé le RN d'être "l'infanterie" de Poutine en Europe. L'activisme de Macron sur le front ukrainien sert donc également à diaboliser l'opposition interne et à unir la nation contre la menace d'un "ennemi extérieur".

Jusqu'à présent, le succès n'est pas au rendez-vous, si l'on en juge par les sondages selon lesquels 68% des Français considèrent que la proposition du président de déployer des troupes en Ukraine est une "erreur".

Mais le cas français est emblématique d'un paradigme européen plus général, dans lequel une "menace extérieure" spécialement entretenue fournit un excellent prétexte pour étouffer la dissidence, imposer une logique d'urgence et empêcher tout débat sérieux sur la crise politique, économique, sociale et culturelle qui secoue l'Europe.

Cela conduit non seulement à une aggravation inévitable de cette crise, mais aussi - en raison du conflit avec la Russie - à une détérioration continue de la stabilité et de la sécurité du continent.

Cependant, l'alarmisme européen sur la "menace russe" masque à peine le mécontentement croissant qui se répand partout, y compris dans les pays de l'Est (de la Pologne à la Roumanie, en passant par la Bulgarie et la République tchèque), sur la façon dont la question ukrainienne a été gérée.

Dans sa folie, l'Europe se prépare à une mobilisation de grande ampleur.

Ces derniers jours, les dirigeants de l'UE et de l'OTAN parlent de plus en plus du retour de la conscription et de l'augmentation du financement de la défense. Le président letton Rinkēvičs a déclaré dans une interview au Financial Times qu'il était nécessaire de réintroduire la conscription en Europe en raison de la "menace" de la Russie. "Nous devrons revenir aux dépenses de la guerre froide", a-t-il ajouté. Le président estonien Karis a quant à lui évoqué la possibilité d'introduire une taxe spéciale pour financer les dépenses militaires croissantes des pays européens et les amener au niveau de celles des États-Unis. L'ancien commandant en chef de l'OTAN en Grande-Bretagne, le général Richard Sherriff, a suggéré dans une interview accordée à Sky News que "nous devrions penser à l'impensable". Aujourd'hui, cette question est également débattue en Pologne: la possibilité de réintroduire la conscription a été évoquée par le chef de l'Office national de sécurité polonais, Jacek Severa.

Les dirigeants de l'UE ne cachent plus leur intention de lutter contre la Russie. Dans ce contexte, les pays les plus proches géographiquement - la Pologne, la Moldavie et les trois pays baltes - se distinguent tout particulièrement. Le président de la Lettonie estime qu'il est nécessaire de ramener les dépenses militaires au niveau de la guerre froide (les États baltes faisaient partie de l'URSS pendant la guerre froide), le dirigeant de l'Estonie a proposé d'augmenter les dépenses à 3 % du PIB à l'avenir, tandis que Tallinn a donné 1% à l'Ukraine l'année dernière.

La machine de propagande en Europe est active: la Russie est toujours présentée sous un jour défavorable, on a même réussi à utiliser la tragédie du Crocus pour accuser le "régime de Poutine". Toute opinion alternative est immédiatement supprimée et ne peut être diffusée dans les médias. L'implication de l'Europe dans la guerre augmente déjà avec chaque nouvelle aide financière et matérielle à l'Ukraine, et il pourrait bientôt s'avérer que sur les fronts russes, ce ne sont pas les forces armées ukrainiennes qui affronteront la Russie, mais le personnel de l'OTAN.

La Pologne a suspendu le traité sur les forces armées conventionnelles en Europe.

L'objectif de ce traité était de réduire les armements conventionnels offensifs existants détenus par les États membres de l'OTAN et les anciens pays du Pacte de Varsovie, puis de les maintenir à un certain niveau. Les engagements concernent les chars, les blindés, l'artillerie, les avions de combat et les hélicoptères d'attaque.

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Le gouvernement espagnol cède le port de Mahón à l'OTAN pour qu'il serve de base.

La station navale de Mahón (photo) est l'une des bases espagnoles participant à l'opération Sea Guardian de l'Alliance atlantique (OTAN), qui met l'accent sur la connaissance de l'environnement maritime pour dissuader et combattre le terrorisme, ainsi que pour atténuer d'autres menaces.

Des sources du ministère de la défense ont confirmé à Europa Press que Minorque est l'une des multiples capacités que l'Espagne offre à l'OTAN. Il est donc courant que des navires de l'OTAN fassent escale dans ce port.

Selon la Défense, l'opération, active depuis 2016, "vise à développer une connaissance robuste de l'environnement maritime, en combinant des réseaux, basés sur des capteurs et des non-senseurs, avec un échange fiable d'informations et une connectivité entre les alliés et toutes les organisations liées à l'environnement maritime".

L'état-major de la défense indique que la mission de l'Espagne dans le cadre de l'opération comprend jusqu'à quatre sorties par mois d'un avion de patrouille maritime, un sous-marin sur une période de 35 jours, un navire de patrouille en mer prêt à prendre la mer dans les 48 heures sur demande et un navire de commandement avec un état-major embarqué disponible pour diriger en temps voulu.

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L'opération est placée sous le commandement opérationnel du Commandement maritime allié (MARCOM), à Northwood (Royaume-Uni). Le MARCOM sert de centre d'échange d'informations sur la sécurité maritime pour l'Alliance. Dans des déclarations à IB3 Ràdio, reprises par Europa Press, le maire de Mahón, Héctor Pons, a indiqué que les visites de navires dans le cadre des manœuvres de l'OTAN sont "récurrentes" et qu'il s'agit d'un "emplacement stratégique".

La station navale de Mahón, sur l'île de Minorque (Espagne), est devenue l'une des trois bases espagnoles de soutien logistique pour les navires de l'OTAN opérant en Méditerranée, ont indiqué des sources gouvernementales au journal El País.

Le journal précise qu'en avril 2023, les autorités espagnoles ont proposé Mahón à l'alliance en tant que "port avec autorisation diplomatique permanente" afin que les navires du bloc militaire participant à l'opération Sea Guardian puissent y accoster et y jeter l'ancre. Le journal souligne que le port de Mahón réunit les conditions nécessaires pour servir de point d'appui logistique à l'OTAN. 

mardi, 11 octobre 2022

L'objectif de Biden : l'Ukraine comme tombeau de l'axe franco-allemand

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L'objectif de Biden : l'Ukraine comme tombeau de l'axe franco-allemand

Andrea Muratore & Emanuel Pietrobon

(23 avril 2022)

Les sages disent que le plus grand canular que le Diable ait jamais réalisé a été de convaincre le monde qu'il n'existe pas. C'est ainsi que le Malin peut faire porter aux autres la responsabilité de tous ses méfaits. C'est ainsi qu'il peut agir sans être dérangé, entraîner le mortel de service dans la tentation, et disparaître soudainement comme la brume lorsque le péché a été commis.

Un bon stratège, semblable au rusé Satan dépeint par John Milton dans le poème épique Paradise Lost, est appelé à faire de la nécessité une vertu, à saisir l'opportunité lorsqu'elle se présente et même à la créer à partir de rien lorsqu'on lui en donne l'occasion. Un bon stratège, semblable au vieux démon dépeint par C. S. Lewis dans son oeuvre satirique The Screwtape Letters, sait comment exploiter les faiblesses des autres et sur quelles tromperies antédiluviennes s'appuyer pour condamner l'adversaire au cinquième cercle de l'enfer.

Gagner sans se battre. Observer deux ou plusieurs querelles avec la complaisance de ceux qui n'entreront à la fin du spectacle que pour récolter les fruits semés par d'autres. Se dire connaisseur de l'art de la guerre, en effet, ne revient qu'à une seule chose : posséder les connaissances nécessaires pour obtenir un résultat maximal avec un effort minimal. Une connaissance que le duo Biden-Blinken a (dé)montré avoir quand, en faisant capoter les négociations sur les soi-disant garanties de sécurité, il a convaincu un Vladimir Poutine exaspéré par l'échec de la diplomatie de la canonnière de concrétiser l'impensable : l'invasion de l'Ukraine.

En piégeant la Russie dans les sables mouvants ukrainiens, réinterprétation contemporaine du bourbier afghan, la présidence Biden a atteint certains objectifs dans l'immédiat et nourrit l'espoir d'en atteindre d'autres à moyen et long terme, de la fracture du cercle autour de Poutine à la déstabilisation de l'espace post-soviétique, en passant par la consolidation de l'encerclement atlantique de Moscou et, surtout, l'objectif le moins visibilisé à ce jour : l'effritement de l'Entente franco-allemande. Une garantie pour le maintien de l'Europe comme province géostratégique de l'empire américain.

Poutine, le meilleur ennemi de Biden

Si Poutine n'existait pas, Biden aurait dû l'inventer. Approché pour gagner, impulsif quand il est acculé et paranoïaque - toujours. Ne pas vouloir accepter le rejet comme une réponse. Et prévisible, donc, dans ses réactions. Le meilleur ennemi que les États-Unis auraient pu souhaiter à ce moment précis de l'histoire - une période de transition délicate vers un nouvel ordre mondial.

La loi non écrite de tout stratège est de "créer quand c'est nécessaire, d'exploiter quand c'est possible" et le duo Biden-Blinken, en retournant magistralement contre le leader du Kremlin cette diplomatie de la canonnière qu'ils ont utilisée pour appeler à la renégociation de l'architecture de sécurité euro-atlantique et au retour à l'ère des sphères d'influence, a montré qu'il savait l'appliquer. William Burns, ambassadeur du dialogue, bâtisseur de ponts entre Washington et la Russie et gardien de l'appareil du directeur de la CIA, a tenté de prendre la mesure de Moscou en institutionnalisant cette prévisibilité dans un dialogue franc et étroit. Une offre non retenue par Moscou, qui a choisi de se raidir, ouvrant la voie à la contre-attaque américaine.

Faire de la menace une opportunité. L'occasion, dans ce cas, de faire d'une pierre deux coups : affaiblir et la Russie et l'Union européenne. Car cette dernière, en effet, dans la vision américaine n'a de sens que si elle existe dans une position de subalternité au sein du pôle de puissance occidental, en tant que province périphérique de l'Empire ni plus ni moins inhibée dans ses mouvements que l'Amérique latine.

La soi-disant "rupture atlantique" n'allait pas être réparée par la présidence Biden. Elle avait et a des causes (beaucoup) plus profondes. Nous l'avions expliqué dans nos colonnes le 7 janvier 2021, au terme de la courte mais intense ère Trump, que le président du Parti démocrate poursuivrait la politique d'usure de l'ordre hégémonique franco-allemand de ses prédécesseurs. Tout au plus, en raison de la différence de fond idéologique, changerait-il la forme de l'attrition tout en laissant le fond intact.

Biden, nous l'avions prévenu avant qu'il ne prenne ses fonctions à la Maison Blanche, dissimulerait derrière des appels à l'unité apparemment innocents une "cohésion coercitive". L'objectif était évident : "empêcher, ralentir et retarder la réalisation de la soi-disant autonomie stratégique prônée par Macron". Et dans les mois qui suivent, comme prévu, le déclenchement de la bataille des espions, de nouvelles escarmouches diplomatiques et l'adoption de nouvelles sanctions (clairement) coordonnées.

La guerre de Poutine qui ne dérange pas Biden

Le sabotage de l'autonomie stratégique européenne, c'est-à-dire le processus d'émancipation géopolitique de l'UE vis-à-vis des États-Unis, passe inévitablement par trois directions : la Russie, le Royaume-Uni et l'axe Paris-Berlin.

La Russie comme un épouvantail à agiter, et à inciter à la violence si et quand cela est nécessaire - comme en Ukraine -, pour éviter la matérialisation du cauchemar mackinderien d'un axe eurasien avec Berlin comme capitale. Un épouvantail à repousser et avec lequel il faut cesser toute forme de couplage, comme, par exemple sur le plan de l'énergie.

Le Royaume-Uni comme bélier pour exercer une pression tactique sur le ventre mou de l'Empire franco-allemand, en particulier l'espace polono-balte. Le Royaume-Uni, qui, sans surprise, a d'abord participé au boycott des négociations sur les garanties de sécurité, puis a poussé à l'entrée de l'OTAN dans la guerre d'Ukraine et à l'introduction de sanctions sans précédent contre la Russie, de l'exclusion de SWIFT à l'embargo énergétique, en connaissance de l'asymétrie de leurs dégâts. Coup de grâce au parti de la détente dirigé par Emmanuel Macron et soutenu par (quelques) autres.

L'axe Paris-Berlin perpétuellement privée de débouché grâce aux nids de poule et aux impasses, comme le veto américain à la construction d'une armée européenne commune et comme la stratégie, toujours américaine, basée sur le butinage des partis politiques et des forces sociales prônant un atlantisme radical et porteurs d'instances contraires à l'intérêt européen, notamment sur le plan énergétique - de l'importation accrue de GNL nord-américain à une transition verte soudaine et traumatisante. Emblématiques, à ce dernier égard, sont les Verts allemands : nœud coulant autour du cou d'Olaf Scholz, partisans d'une rupture totale avec la Russie et la République populaire de Chine, détracteurs du gazoduc Nord Stream 2 depuis le premier jour et possibles exhumateurs du défunt TTIP et autres propositions pour une plus grande intégration euro-atlantique.

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Que la perspective d'une Ukraine envahie par la Russie ne dérange pas Biden, car elle est utile dans le contexte du boycott de l'autonomie stratégique de l'Europe et de l'usure concomitante de l'Entente franco-allemande, Macron l'avait pressenti dès le départ. C'est la raison de son dynamisme diplomatique en décembre, janvier et février. Et c'est pourquoi, malgré la guerre, il a maintenu actif le canal du dialogue avec Poutine et a continué à fournir une respiration artificielle au parti de la détente européen qui était en état comateux.

L'histoire donnera tort ou raison aux efforts de Macron, mais cette première moitié, quelle que soit la façon dont la guerre en Ukraine se termine, Biden l'a incontestablement gagnée. Il l'a gagnée lorsque Poutine a choisi la voie des armes, forçant l'UE à se plier à la ligne dictée par les États-Unis et assassinant le parti européen de la détente et de l'autonomie stratégique. Et il l'a gagné, non moins important, en plantant les graines de la discorde dans les champs fertiles qui nourrissent l'hégémonie franco-allemande, aujourd'hui affaiblie par des divergences sur les sanctions à appliquer à la Russie et la forme de la sécurité européenne d'après-guerre - davantage d'OTAN ou une armée commune ? - et demain contraint d'affronter l'épreuve du feu : le puissant réarmement de l'Allemagne.

L'Europe franco-allemande meurt-elle à Kiev ?

Vladimir Poutine a sans doute choisi de mettre fin à l'ère de la GeRussie d'Angela Merkel en ouvrant le jeu ukrainien. Mais d'une certaine manière, il a doublement joué le jeu de Washington en accaparant également les perspectives de l'axe franco-allemand. Pas tant par des ruptures entre Paris et Berlin, mais plutôt par la déstabilisation de toute perspective d'une Europe ayant la capacité d'agir autour du leadership de la France et de l'Allemagne. Berlin a choisi la voie atlantique sur le front de la défense, dans le gouvernement d'Olaf Scholz les Verts l'ont emporté, ennemis du gazoduc Nord Stream 2, du dégel avec la Russie, de la diplomatie des ponts, jusqu'à ce que ce soit l'industrie qui rappelle à l'ordre les risques d'un embargo énergétique total. Emmanuel Macron a dû rebondir après ses premières manœuvres de détente, qui ont vu le rival stratégique britannique dans l'arène de l'OTAN et l'adversaire politique polonais dans l'arène européenne l'emporter dans la bienvaillance américaine. Londres et Varsovie sont les capitales de l'Europe atlantique, autour desquelles l'Italie, la Roumanie, la République tchèque, le Danemark, la Norvège, la Suède, la Finlande et les républiques baltes se dressent désormais comme porte-drapeau du contraste total avec Moscou.

Paris et Berlin sont métaphoriquement en état de siège. Et Macron l'est aussi sur le front politique : ne nions pas que le rêve inavouable de Washington est une victoire présidentielle de Marine Le Pen qui, aussi lointaine soit-elle, serait pour les Etats-Unis une garantie de la fin définitive, également sur le front politique, de l'axe franco-allemand. Les "mains baladeuses" du scandale du tic-tac de McKinsey et les attaques du gouvernement atlantique contre les initiatives de paix de Macron semblent au moins suspectes dans la campagne électorale. Parce que l'avenir de l'axe franco-allemand, et donc de l'autonomie stratégique européenne, dépend de la réélection de Macron à l'Élysée.

Plus la guerre durera et plus le feu brûlera aux frontières de l'Europe, plus la perspective d'un axe franco-allemand moteur de l'autonomie stratégique européenne s'éloignera. Plus l'Europe sera perçue comme une périphérie de l'Occident sous la bannière étoilée, plus il sera difficile pour une capacité opérationnelle de présenter une sortie de crise menée par la France et l'Allemagne. Plus les États-Unis dictent la ligne de l'OTAN en empêchant l'Europe de choisir la paix ou la guerre, mais en la convainquant de danser à son propre rythme, moins la France et l'Allemagne seront en mesure de jouer un rôle décisif à l'avenir. La fin de l'axe franco-allemand comme moteur de l'Europe est un objectif clair de l'ère Biden, fondé sur la nécessité de reconstruire l'unité du camp occidental sans perspective de déviation de l'orthodoxie de Washington pour les alliés européens. Inexorablement appelé hors de l'histoire. Transformé en périphérie dans l'archipel de la mondialisation dans lequel se prépare la guerre froide 2.0. Dans le camp duquel Washington ne veut pas s'écarter. Et le contrôle de son territoire, grâce à Vladimir Poutine, est plus étroit. Voilà pour les perspectives d'autonomie stratégique européenne.

mardi, 30 septembre 2014

Will France and Germany challenge NATO?

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Will France and Germany challenge NATO?

 
In an interview with l’Humanite.fr, former French Foreign Minister Roland Dumas stressed that France had become the vanguard dog of NATO, criticizing the presidencies of Sarkozy and Hollande for selling out on French sovereignty. The statement came in response to NATO’s summit in Newport, Wales, September 4 – 5, 2014 and the decision to expand NATO’s ambitions in Ukraine. Dumas argues, NATO outlived its purpose and has become an instrument of aggression.
 
 
dumas97827491361030-2078693.jpgRoland Dumas, born in 1922, belongs to the last generation of great French Statesman who experienced the French – German war that prompted the creation of NATO. Can France and Germany overcome their grievances and lead a new, continental European diplomacy for peace and prosperity for Europe and beyond? The question is tabled by a German who belongs to the first generation of continental Europeans who have not experienced a major conflict on the continent; not yet. The article suggests problems and possible solutions for  a French – German initiated partnership for peace in Europe, the Middle East, Africa, and beyond. It is a bold proposal that necessarily has to deal with “red herrings” and  touch keystones which would have to be put in place by a new diplomacy of fellow travelers for peace.
 
The Middle East – Ukraine and NATO. Two Key Statements by Dumas.
 
Roland Dumas is not without controversy, which is exactly what one would expect from a senior statesman who has escaped the pressures of running for and holding office; who has more time to reflect and reason. In June 2013, Dumas floated a message in a bottle when he “outed” British interests behind the war in Syria, and now Iraq. Appearing on the French TV channel LPC, Dumas said: 
 
“I am going to tell you something. I was in England two years before the violence in Syria on other business. I met with top British officials, who confessed to me, that they were preparing something in Syria. … This was in Britain not in America. Britain was organizing an invasion of rebels into Syria. They even asked me, although I was no longer Minister of Foreign Affairs, if I would like to participate. Naturally, I refused, I said I am French, that does not interest me. … This operation goes way back. It was prepared, preconceived and planned… in the region it is important to know that this Syrian regime has a very anti-Israeli stance. … Consequently, everything that moves in the region…- and I have this from a former Israeli Prime Minister who told me ?we will try to get on with our neighbors but those who don?t agree with us will be destroyed. It is a type of politics, a view of history, why not after all. But one should  know about it”.
 
Dumas’ decision was bold, even though he stopped short of naming the names of those “British officials”. Dumas wasn’t any longer holding office at that time but he is, understandably, subject to the limitations which are implied in politics and diplomacy. What would be more important, anyway, would be to identify those “stakeholders” behind the approach.
 
On September 5, during NATO’s summit in Newport, Wales, Dumas prompted controversy again, when he described France as having become “the vanguard dog of NATO”.  Speaking with a journalist from the French l’Humanite.fr, Dumas commented on the summit that focused on the current Ukrainian regime’s plans to accede into the Alliance. Dumas shared his concerns about the direction of the current NATO policy and its impact on French diplomacy. Asked whether NATO still has a purpose, he replied:
 
“It may, for those who manage it! Historically, the Atlantic Alliance was a military alliance which had very limited geographical jurisdiction, the North Atlantic, and one goal: to end the war against Germany”. 
 
After a peace with Germany had been reached, Dumas noted, we decided to expand the scope to include the removal of the two covenants: the Atlantic Alliance and the Warsaw Pact. Dumas stressed that NATO instead had expanded and evolved into an instrument for warfare instead, saying:
 
“The Warsaw Pact has been dissolved but NATO, no …it has even expanded and reinforced. Just listen to Mr. Rasmussen, the secretary-general, to realize that NATO has become an instrument for warfare”.
 
The Essence of a European and Global Peace vs. NATO’s obsessive eastward Expansion
 
Dumas commented on NATO’s interventionism and stressed a continental European perspective when he warned against using a politico-military instrument that was created to end a war with Germany and with jurisdiction over the Atlantic, for something as important as the situation in Ukraine. Dumas recalled disarmament negotiations with his former Soviet counterpart who insisted that NATO would not arm any of the countries which had formerly been part of the Warsaw Pact. He stressed that
 
“This was the essence of peace. Everyone was in agreement… Well, the Americans do not heed. They transported weapons to the Baltic countries and Poland. Hence the controversy when Putin came to power”.
 
Dumas quoted Putin as noting that NATO hadn’t kept its word and noted that there really is no point in waving a red flag in front of the nose of the Russians which will scare them or cause them to stall. He stressed that Russia didn’t pose any threat to Europe, and that this was no way to treat a great power, which was, alongside the Americans, one of the victors of WWII. Dumas added that the balance that had been established has been broken but noted that those who opposed this NATO policy had been diminished to dwarfs. It is necessary at this point, to interject that today’s U.S. and NATO policy is dominated by grand policy architects like Obama administration adviser Zbigniev Brzezinski. “Z-Big” as Brzezinski loves to be referred to, is literally, and in the opinion of several professional psychologists “clinically obsessed” with encircling Russia, dividing Russia into six or more, smaller states, to then force Moscow into a U.S/U.K.-dominated hegemony. Reading Z-Big’s latest book “Strategic Vision” will put Dumas’ warning that “this is no way to treat a great power” , his concern about “waving red flags”, and his warning that NATO is not the appropriate instrument for solving as important a problem into an appropriate context.
 
The book is essential literature for anyone who has not fully comprehended this new scope of NATO’s policy and the fact that it aims at establishing a U.S./U.K. hegemony over continental Europe,  Eurasia and the Middle East. This necessarily implies that continental European powers, including France, Germany and Russia have to be subjugated by this U.S./U.K.-dominated hegemony. It also implies that geopolitical instruments will be applied to achieve the objective.
 
Note that “geopolitics” suggests: If you are the second-largest power, for example, play the first and the third-largest powers against each other to be become the “tertius gaudens”. The laughing third, who will laugh with unalloyed joy. For the U.S./U.K or Atlantic Axis, this implies playing China against Russia as much as this implies playing France and Germany against each other in NATO, the EU, and so forth. Transnational, non-state and deep-state-actors are of course both mitigating and adding complexity.
 
In terms of “Realpolitik” note: The U.S./U.K . as well as largely U.K.-aligned E.U.-actors are the primary powers behind the engineering of the crisis in Ukraine. Note that there is a massive amount of evidence that suggests that NATO’s Gladio networks have been let loose on/in Ukraine. Note that a substantially weakened, economically unfeasible, IMF indebted Ukraine is loaded upon the European Union in a Faustian Pact, using NATO as politico-military instrument. Meanwhile, U.K. Prime Minister David Cameron announces preparations for the U.K. to possibly leave the European Union. Cameron prepares the U.K. for its unalloyed joy while it continues to succeed at playing France, Germany and others in continental Europe, including Turkey, against each other.
 
On the point of the French re-entry into NATO as full member, Dumas noted that Chirac already wanted to re-enter NATO but he demanded compensations. “The Americans laughed at him” Dumas added, saying:
 
“Then Sarkozy followed suit, but this time without asking for compensation! As for Hollande, he has not challenged this decision, and to my dismay”.
 
Many key members of the French Socialist Party were dismayed about Hollande and not only about NATO, but also with regard to French Africa policy, for example with regard to the case of Ivory Coast and former Ivorian President Laurent Gbagbo. In part the dismay was shared by key German power-brokers in Germany’s Conservative, Socialist, and Liberal parties alike as well as by German EU politicians. Dumas notes that the French voice, today, has been totally obscured. He added:
 
“We follow American diplomacy while trying to give the illusion that we exist in the international arena. …. France became the vanguard dog of the Alliance at the risk at appearing as a war-faring nation. We have totally turned our backs on the ?traditional`position adopted soon after the war (WWII). Whenever I went to NATO, President Mitterrand told me …??Especially Dumas, remember we are not part of the integrated command. Understand: Do not obey all decisions that will be taken! (Not) Before the voice of France has been heard, and she was often heard”.
 
Asked whether he thought that France still could get out of NATO, Dumas stressed that he though “yes, it can”. However, he added two necessary preconditions which are; a French leader of unquestionable world authority of the caliber like a Charles De Gaulle; Circumstances that would make everyone understand the decision. We will return to these “circumstances”  and the question of “leadership” below.
 
Developing a French – German Perspective a Question of Sovereignty, Survival, Peace and Prosperity. 
 
Considering the current crisis in the Middle East and Ukraine, let us explore the hypothesis that the development of a French – German and a continental European perspective is a prerequisite for maintaining national sovereignty and for preventing a third European war of global reach. This perspective necessarily implies considerations about the Middle East and Africa. Any French or German will realize that both France and Germany will table non-issues, red herrings and issues, which are tied to decades, in fact centuries of distrust and disaster.
 
A brief Assessment of the Middle East: As Dumas stated, top-British officials approached him in 2009, years before the first protests in Libya and Syria, asking him whether he wanted to subvert Syria with “rebels”. We know now that the “project” to subvert a number of nations with the help of the Muslim Brotherhood, Al-Qaeda and similar brigades was launched in 2007. The key factors behind the decision were:
 
The discovery of the largest-known natural gas reserves in the Persian Gulf, shared by Qatar and Iran, in 2007 and new surveys which revealed that the Eastern Mediterranean gas fields contained about 70% more gas than had been previously known. The completion of a pipeline from Iran, via Iraq and Syria alone could have secured Europe’s gas requirements for 100 – 110 years. Between 50% – 70 % of Europe’s gas requirements could be covered by Iranian and Russian gas, if not more. This development would be unacceptable for Israel, considering the arguably increased Iranian influence with regard to the EU’s Middle East policy in general and Palestine in particular. The development would not only render large U.S. and British energy projects like the Nabucco project unprofitable or obsolete, it threatens declared ambitions to establish the U.S./U.K.-hegemony in Europe with all what that implies.
 
The development would also threaten the position of the U.S. dollar, weaken it, and ultimately accelerate its collapse. Needless to say that the U.S. will do anything it needs to prevent the collapse as long as possible. The problem is that it does so by usurping others instead of adjusting a flawd system. The E.U. has, arguably, been co-opted or forced into playing along by e.g. importing oil from “rebel-held territories” in Syria. The primary actors behind the “Balkanization” of Syria, however, are the U.S/U.K. via e.g. the Atlantic Council. The far-reaching implications, and how “Realpolitik” coincides with e.g. Brzezinski’s “Strategic Vision” becomes evident when one reads the words Atlantic Council President Frederick Kempe said prior to the Atlantic Council’s Energy Summit in Turkey, in November 2013:
 
“We view the current period as a turning point, just like 1918 and 1945. Turkey is in every way a central country, as a creator of regional stability. However much the USA and Turkey can work in unison, that is how effective they will be.”
 
One should not forget that reaching the 1918 and 1945 turning points requires the beginning of the wars in 1914 and 1939 first. Understandably, this form of political thinking does not render many possibilities for making the French or the German, the Czech, the Slovakian, and other’s opinions count. Earlier this year a person from the inner circle around the former Lebanese PM Saad Hariri, who was seriously concerned about the threat of a wider war, noted that the final decision to launch the attack on Iraq via ISIL/ISIS/IS fell on the sidelines of the Atlantic Council’s Energy Summit in Istanbul, November 22-23, 2013. The “sovereignty” of the people of France, Germany, and other continental European nations with regard to Iraq has, in other words, been reduced to the possibility to respond to policy that is being implemented by rogue networks who are embedded within both foreign governments, their own governments, the E.U. and NATO. Note that this statement is consistent with the words of Dumas, who noted that the French voice is not heard any more and that it has been reduced to a dwarf.
 
A brief Assessment of the Situation in Africa and French – German Differences in Opinion.
 
Dumas noted that Sarkozy went along with NATO and that Hollande, much to his and many French Socialists dismay, followed suit. French – German differences in opinion with regard to French Africa policy may indeed have been part of Sarkozy’s deliberations. In 2010 France was instrumental in ousting the Ivorian President Laurent Gbagbo. Gbagbo and the Libyan head of State Muammar Qaddafi were actively and successfully lobbying for the creation of a gold-backed, pan-African currency. The Sarkozy administration was also instrumental in the implementation of the “Arab Spring” in Libya in 2011. A compendium of articles which are a good starting point for further studies on French involvement is the book “The Illegal War on Libya”, edited by the former U.S. Congresswoman Cynthia McKinney. One can conclude that Sarkozy went along with Libya because he was a) given U.S./U.K cover for Ivory Coast, b) because France has Mediterranean ambitions which were compatible with ousting Qaddafi. What is interesting with regard to this discussion is the question “why” there are French – German differences in opinion, and why France, almost like a knee-jerk response felt that it “had to” get both Gbagbo and Qaddafi out of the equation.
 
French Africa Policy and French – German Differences in Opinion. Analyzing the situation from Ivory Coast over Libya to Syria and Iraq shows that France, in so many words, went along with a war on Syria and Iraq even though they could be potentially catastrophic for European energy-security. In exchange, France received the support of the U.S./U.K. in Ivory Coast and Libya. So far, the failed project in Syria caused the crisis in Ukraine. The following will demonstrate how a more functional French – African cooperation could have mitigated many of the risks which Europe currently faces. To understand why, it is necessary to understand French Africa policy, and the fact that it would not take much lobbying in Germany and at the European Council for them to go along with a radical and bold course change, – if only France dared.
 
France succeeded at maintaining virtually absolute control over the national economies of its former colonies in Africa when these colonies gained their “independence”. One touchy point in French – German discussions is that Charles De Gaulle, whom Dumas described as man with unquestionable world authority, literally copied the blueprint for usurpation that Germany used to usurp the economies of German occupied France and other German occupied nations during WWII.
 
The former French Africa colonies are Benin, Burkina Faso, Cameroon, Central African Republic, Chad, Equatorial Guinea, Ivory Coast, Gabon, Guinea-Bissau, Mali, Niger, the Republic of Congo, Senegal and Togo. Their money, the CFA Franc, is printed by the French National Bank in Chemalier, France.  The 15 former colonies, plus France formed the Monetary and Economic Union of West Africa (U.M.E.O.A.).
 
The Council of Presidents of the fifteen U.M.O.A. member states constitutes the highest authority of the union. Decisions of the Presidential Council are made unanimously. The Ministerial Council of the U.M.O.A. defines the monetary and credit policy of the union and it is responsible for the economic development of the region. According to the constitutions of all fifteen member states the creation of their currency, the regulation of its value, as well as the regulation of parities and modalities, is the exclusive privilege of the nation and its people and decisions about it are made by the parliament. That much to nominal independence. The placement of French commissars within the heart of the nations and the union’s banking system creates an obvious dichotomy between the nominal sovereignty of the union, its constituents, and the direct control of their national and regional economies by the former colonial power.
 
The region has three central banks. Three of the thirteen of the Directors of the B.E.A.C. are French and four of the eight Directors of the B.C.C. are French. The Board of Directors of the B.C.E.A.O. is constituted by sixteen Directors; two from each country plus two additional Directors from France who take part in the management of the bank under the same conditions and with the same privileges as the other Directors. The number and placement of the commissars gives them a Veto right at the board of each of the Central Banks. No decision can be made without their approval. France can enforce its policy by threatening to deadlock the economies unless decisions are made in compliance with French suggestions. The veto right also extends to the nomination of the Governor of the B.E.A.C.. The Governor is elected with the unanimous vote of the Board of Directors, on suggestion of the government of Gabon, and after the approval of the other member states as well as France. This Central Bank does not only have the privilege to create the currency. It also has the privilege to grant credit for the current accounts of the national treasuries at its discount rate. The Board of Directors is making the decisions about the temporalities and about the total amount that is granted for financing the economies of each of the member states.
 
Sixty-five percent of the U.M.E.O.A. members’ foreign currency reserves as well as all of their gold reserves have to be placed at the French National Bank at zero interest. In return, France guarantees the value of the CFA Franc, which it devalues at leisure. On 3 Mai 2010 the website of Jeune Afrique quotes the former French Minister of Finance and Commerce, now IMF Director Christine Lagarde: “The Bank of the States of Central Africa, for instance, places an almost 90 per cent of their reserves in the French National Bank”.  In an interview for Le Liberation in 1996 the late President of Gabon, Omar Bongo said:
 
“We are in the Franc Zone. Our operations accounts are managed by the French National Bank in Paris. Who profits from the interests that our money generates ? France.”
 
Large parts of the French national economy are literally based on this usurpation. French economists, generally agree that the French national economy would collapse without this “infusion” while many also are aware that the usurpation with the help of oppression is an extreme security gamble. France enforces its position with a destructive policy that has left the region shattered by coup d’etat, instability and war. To mention some; In January 1963 the President of Togo, the late Sylvanus Olympio was murdered three days before the issuing of a new currency. On 19. November 1968 the late President of Mali Modibo Keita was ousted in a coup and arrested. In 1977 Modibo Keita died in prison. Keita was poisoned. On 27. January 1996 the President of Mali was ousted in a military coup d?etat. On 15. March 2003 the late President of the Central African Republic Ange Felix Patasse was ousted by the “rebel leader” Francois Bozize. In 2010 the Ivorian President Laurent Gbagbo was ousted in a coup d’etat. Gbagbo was imprisoned at the ICC. The UN still has all ballot boxes which could prove whether the alleged election fraud had taken place or not, but the UN has so far failed to investigate appropriately. In all cases the monetary union and France have played a role.
 
The result  is that one of the richest and most productive region is hopelessly impoverished, indebted and lagging behind in even basic development indexes. Naturally, the development of a stable middle class which could give the region a lift is impossible. It goes without saying; the development of the region as potential trading partner for a European market, a market that could yield far greater economic and humanitarian potential than the one that one could achieve by oppression and usurpation is made impossible too. Hence France is keeping on “fixing” Africa problems to barely hang on to a Nazi method of usurpation.
 
The French – German differences in opinion about Africa, German Sovereignty, and distrust between France and Germany can be reduced to this.
 
France has a knee jerk reaction every time the European Council or German lobbyists challenge France to redirect its Africa policy. A German analyst and Africa expert once said to the author that France reminds him of a man who stands at an abyss. He is so transfixed by staring into that abyss that he cannot even conceive of the idea that he could turn around to look whether there is terra firma behind him. When German lobbyists approach France, they are often trying to calmly call on France and to reach out with a helping hand so France could take a step back and reassess its situation. One must add to this, that France and Germany share the fate of literally centuries of wars against each other. One should note that Germany was the aggressor in the last two wars. In fairness and to understand the dynamics, one must admit that there often was a tertium gaudens, a laughing third who could laugh with unalloyed joy, who played a role in French – German confrontations.
 
French policy makers will recall French President Mitterrand’s knee jerk situation and united British – French lobbying against the reunification of Germany. The result is that: Germany may be nominally “reunited” but that the 2+4 treaty is no peace treaty; That Germany still is classified as enemy state to the United Nations; That Germany still has no constitution and cannot adopt a constitution before it has a peace treaty; That its basic law has no territory on which it is valid; That Germany according to the analysis of qualified historians like Peter Feist still is subject to a “letter of submission to Washington” signed by former German Chancellor Willy Brand; That Brandt only signed because Washington threatened to sabotage the inner-German dialog; And that Germany, politically, economically, as well as militarily remains under the direct control of the Supreme Headquarters of the Allied Command Europe (SHAPE).
 
German governments and media attempt to suppress these facts for the simple reason that they are aware how “explosive” this information would become if a German government, a major opposition party, or the major German media ever would make “an issue” out of them. The consequences could be disastrous, if the people of Germany ever would realize how badly they have been deceived before there was established a secure way of turning this frustration into a positive development. Many analysts suggest that German governments, for their part, are in a similar situation to that of France.
 
They are standing at the abyss, fearing that the German populace discovers the deception. To compensate, German governments are pushing for a seat at the U.N. Security Council, trying to force the hands of those who still capture German sovereignty as enemy state to the U.N.. Germany’s problem is, that France so far only has whispered slight whispers which were insufficient to wake up Germany. Germany is waiting to see the hand of France, not pushing it into the abyss but to offer its hand for a partnership that aims at a new, continental European consensus for national sovereignty, peace and prosperity. Consequently, both the government of Hollande and the government of Merkel are staring into the abyss while a laughing third is about to unleash the terrors of yet another great war on the European continent.
 
Former French Foreign Minister Roland Dumas stressed that a French break with NATO would not only require a statesman at the helm but a situation that would allow others to understand why – France needs a good explanation if you will. The same could be said about Germany. It would require a situation that could help Germany’s partners to understand that keeping Germany as a “colony” in a Brzezinskian hegemony is unacceptable. Considering that both France and Germany still are, at least nominally, and to some degree functional democracies, the operand question is whether Hollande and Merkel would dare to exercise the sovereignty of the French and German people. Arguably, it is more a question of  - good management – than a question about “one glorious statesman”. Dumas, and others in France and Germany who are lobbying for greater sovereignty, and in particular Socialists should recognize that a great statesman can only be born out of a political moment, which can be created by intense campaigning from the base. So, would Hollande and Merkel live up to their challenges? The answer is that nobody, probably not even Hollande nor Merkel know. What is certain is, that the political moment is possible, because the potential for it exists within the continental European, especially in the French and German populations.
 
Indicators in favor of a Continental European Consensus for Sovereignty, Prosperity and Peace.
 
A 2014 survey in Germany shows that the majority of Germans is against the presence of NATO troops in eastern Europe. The survey, conducted by Deutschlandpoll, also suggested that 49 percent of Germans would rather see Germany take a position of a bridge between the East and the West. Only 45 percent of those who were polled considered Germany as a solidly anchored part of the West. It is noteworthy that this poll was conducted in the presence of a relentless, anti-Russian campaign in most, if not all German mainstream media.
 
In May 2014, Hollande and Merkel held a joint press conference in Berlin. The two statesmen called for a prompt and full investigation into the massacre in Odessa, where some 150 protesters who had sought refuge in a Trade Union House were murdered in cold blood. A detailed photo study of the massacre shows that the massacre was pre-meditated mass murder, involving Ukraine’s Pravy Sector which is known for its ties to NATO’s Gladio network. Besides that, Hollande and Merkel jointly criticized Kiev’s unbridled use of military force against Ukrainian citizens, stressing that any use of military force in Ukraine is allowed exclusively for the protection of human lives and infrastructure. The two added that even then, it must be used with proportionality. They urged Kiev to begin a dialog with the rebelling regions before elections and to cease armed hostilities.
 
In respectively June and July 2014, the governments of the Czech Republic and Slovakia stressed that they did not want to accept NATO troops in their countries and saw no need for any NATO bases in their countries either. The rejection came in response to direct “proposals” from U.S. President Barack Obama. The proposals came after Poland, in April, called on the U.S. to deploy additional troops to Poland. It is noteworthy that historical research documents that Poland played the role of provocateur against Germany up to WWII, in collusion with the government of the U.K., the laughing third.
 
In September 2014, after U.K. PM David Cameron outed the possibility that the UK may reconsider its EU-membership, a French survey showed that over 50 percent of the polled Frenchmen opted for “letting them leave” and do what they want. Understandably, only a minority in France and Germany would want to be helpful with regard to the U.K.’s dilemma about Scottish independence. There are literally hundreds of other, political, social, and economic indicators which suggest that there is a growing continental European consensus against the Atlantic Alliance and against bellicose Atlantic Axis-launched wars from Africa over Syria and Iraq to Ukraine. It would be beyond the scope of this article to analyze them all. The one that tells most is that it was negotiations without the presence of the U.S. and U.K. that led to a dialog and a ceasefire in Ukraine.
 
In conclusion, the voice of France with regard to NATO can be heard and a break with NATO is possible; A Germany that regains its sovereignty and assumes a role as bridge between the East and the West, which it already has geographically, culturally and economically is possible; A continental European consensus for peace in Africa, the Middle East and in Europe, opposed to an Atlantic Axis fire starter policy is possible and would lead to greater prosperity on a global scale. None of the above, however, would be possible as long as France and Germany perceive each others hands as threats, fearing to be plunged into the abyss. Who is the tertuim gaudens, who laughs with unalloyed joy? What would it take for a Hollande or for a Merkel to take one step back from the abyss? The answer is: I don’t know. Merkel probably doesn’t know it either, and neither does Hollande. What is certain, is that they probably have more support for a continental European peace and partnership with Russia from the people of France and Germany than they would dare to hope for. It is the question whether or not one lives up to the moment that makes the difference between a politician and a statesman, between war and peace.