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samedi, 05 décembre 2020

Un dossier théorique sur l'Europe des ethnies

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Un dossier théorique sur l'Europe des ethnies

Par Carlos X. Blanco

Ouvrage collectif : La Europa de las Etnias. Construcciones teóricas de un mito europeísta [EAS, Alicante, 2020]

Les éditions EAS viennent de publier un volume intitulé La Europa de las Etnias. Construcciones teóricas de un mito europeísta [EAS, Alicante, 2020]. C'est un ouvrage collectif très précieux pour l'étude du régionalisme européen, qui contient un large éventail de contributions. Cependant, la sélection n'est pas complète. Et je le dis d'emblée : il manque certains des grands penseurs traditionalistes espagnols, ensuite, la tradition carliste y est absente. Les figures marquantes (mais peu connues) du régionalisme traditionnel ou du foralisme font défaut : Vázquez de Mella, Elías de Tejada... Il est vrai que le carlisme et le traditionalisme régionaliste espagnol ne s'inscrivent pas très bien dans un concept d’ « Europe des ethnies » puisque ces courants hispaniques, les nôtres si souvent oubliés, subordonnent les langues vernaculaires, leurs propres chartes, l'historicité des territoires et leur pluralité ("Las Españas") à une loyauté envers le Roi légitime, à une obéissance à la Loi naturelle et à une stricte observance de la Doctrine catholique, et l'"ethnicité" y est comprise comme un fait historico-politique plutôt que bio-culturel, sans toutefois exclure complètement et nécessairement cette dernière facette.

De la conception forale et pluraliste de la pensée hispanique traditionnelle émerge une idée de base : il existe en Espagne diverses ethnies, progressivement impliquées dans un processus convergent et synthétique : l'Hispanidad. Il y a aussi une revendication de la diversité et des autonomies (et non les horribles "autonomismes" d'aujourd'hui) en vertu de circonscriptions historiques (nos royaumes et principautés qui forment la couronne d'Espagne) ; nos ethnismes hispaniques sont surtout très hostiles au jacobinisme libéral importé et imposé. À mon avis, un auteur hispanique traditionaliste aurait pu apparaître dans les titres. Dans le livre, les références à l'ethnicité ne manqueraient pas (entendue, je le répète, dans un sens qui n'est jamais raciste, puisqu'un catholique ne peut l'être, mais historico-politique et territorial).

Il existe un certain nombre d'articles d'origine française, ou émanant de pays francophones. Beaucoup d'entre eux sont des auteurs qui peuvent être englobés dans la "Nouvelle Droite" ou la pensée identitaire européenne plus actuelle (Robert Steuckers, Georges Feltin-Tracol). D'autres auteurs sont issus de la pensée fédéraliste et régionaliste française (Guy Héraud). Il y a aussi des études et des commentaires d'auteurs plus anciens mais d’un passé proche ; il s'agit de divers textes consacrés à certains des "pères" de la pensée régionaliste et ethniste identitaire (notamment les travaux de et sur Saint Loup, c'est-à-dire Marc Augier).

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Dans la France jacobine et centraliste, où le républicanisme d'extraction révolutionnaire a toujours été un boulet et un système de prison intellectuelle pour les auteurs régionalistes, il est très méritoire de planter le drapeau des "petits pays" ou des pays "charnels". La diversité a presque toujours été écrasée dans le pays voisin depuis 1789, et ils prévoyaient le retour de ces patries apatrides au milieu d'une crise galopante de l'État-nation au XXIe siècle.  Ils sont une source d'inspiration face à la nécessité de retrouver une force ethnique dans chaque territoire européen face aux dangereux mixages en cours et face à l'invasion afro-arabe, face au multiculturalisme obligatoire. Ce sont des questions intellectuelles majeures qui convergent dans cette rencontre avec la force ethnique des groupes et des territoires. Ce livre est très bon car il propose des documents traduits pour l'étude, quelle que soit la position adoptée par chacun.

C'est, en somme, une œuvre collective qui ne peut laisser personne indifférent.

Le jacobin centralisateur, défenseur d’un État-nation homogène et unitaire, sera toutefois irrité. L'Europe apparaît systématiquement dans le texte non comme un ensemble d'États jacobins mais comme une Europe des ethnies.

Les nationalistes séparatistes ("fractionnaires", comme les élèves de  Gustavo-Bueno aiment à le dire) ne verront pas non plus d'un bon œil certaines des propositions faites dans l’ouvrage. Il se trouve qu'une grande partie des nationalistes séparatistes, ceux qui défendent un droit à l'autodétermination de leur "nation sans État", se qualifient d'"internationalistes". Cependant, utilisant des méthodes violentes ("combat de rue" et terrorisme plus ou moins intense) et invoquant des critères ethnicistes pour se séparer d'un "État-nation vu comme prison des peuples" et d'une ethnie prétendument oppressive (c'est le cas des "abertzales" basques et des "cuperos" et républicains de l'Esquerra catalane), ils accueillent et recrutent tous les étrangers, quelle que soit leur religion, langue et couleur tant qu'ils apprennent leur langue vernaculaire et acceptent d'être citoyens d'une nouvelle petite république non espagnole. Ils méprisent le frère espagnol et se donnent avec amour au nouveau venu. Le séparatisme espagnol de certains Basques et Catalans participe du même ridicule conceptuel que le nationalisme hispanique étroit qui ne revendique que les taureaux, la chèvre de la Légion et la chansonnette "que-viva-Espana" de Manolo Escobar. Le séparatisme abertzale ou catalaniste est ethniciste quand il s'agit de rejeter le reste des Espagnols, mais devient internationaliste quand il s'agit d'enregistrer et de nationaliser le premier être humain qui, sans un seul papier en ordre, passe par la nouvelle république "en construction". Il s'agit d'une simple "souveraineté" artificielle, et non d'un véritable nationalisme identitaire.

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Ce ne sera pas non plus un livre au goût du régionalisme conservateur classique et, comme on l'a dit par le passé, du régionalisme "sain". Par "sain", on entendait dans la droite espagnole et dans le régime franquiste ce type de fierté identitaire pour les traditions folkloriques et les expressions parfois banales d'une province et d'une région. Au Valencien, sa paella, à l'Asturien son cidre et sa fabada, au Catalan la butifarra. Un régionalisme sous-développé et limité au niveau des danses et des costumes régionaux, très stylisé et préservé, mais avec pas mal de déformation, dans l'Espagne unitaire de Franco.

Les réductionnistes linguistiques, qui sont légion en Espagne, n'aiment pas non plus parler d'ethnies. Ces personnes, outre les indicateurs génétiques et somatiques clairs qui identifient les cultures aux races, s'accrochent à la langue comme seul facteur réellement différenciateur, que ce soit à des fins d'autonomie ou dans un but clairement indépendantiste. Ainsi, l'ethniciste catalan, généralement doté d'un phénotype méditerranéen qui est le plus commun dans cette zone du sud de l'Europe, indissociable en tout point de tout autre espagnol "standard", fait valoir son identité linguistique comme seule ressource différenciatrice ; une identité qui, soit dit en passant, est commune avec celle que possèdent les Valenciens et les habitants des Baléares ainsi que de nombreux habitants du sud de la France. L'existence d'une langue catalane est la seule façon pour les séparatistes de parler d'une "nation catalane", qui n'a pas existé politiquement tout au long de l'histoire. À l'autre bout du charabia centrifuge espagnol se trouve le cas des Asturies, où l'on trouve - comme c'est typique du nord de la péninsule - certains des génotypes les plus anciens d'Europe (il faut toujours laisser de côté le flot de population étrangère récente qui s'est accumulé dans les villes) et où l'on trouve des preuves de l'existence du premier royaume chrétien indépendant sur la péninsule après l'invasion mahométane.

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Dans la Principauté des Asturies, la puissance de sa propre langue vernaculaire (et, comme le catalan, pas exclusive non plus, puisqu'elle est également parlée à León, à Zamora et, plus faiblement, dans les Asturies de Santillana) est une puissance bien moindre, moins efficace comme élément de mobilisation des revendications indépendantistes. Les réductionnistes linguistiques pensent que les Asturies ont leur propre langue et qu'il y a aussi une conscience ethnique ; cependant, il y a beaucoup moins de revendications séparatistes dans les Asturies qu'en Catalogne. Mais, bien que beaucoup de gens soient offensés en l’entendant, la Catalogne est une région beaucoup plus "espagnole" au sens habituel du terme, un sens étranger au réductionnisme linguistique, et très espagnole en termes de paysages, de coutumes, de phénotype, etc. Les réductionnistes linguistiques auront toujours du mal à établir des équations entre la langue et l'ethnicité. Les nationalistes asturiens seront donc toujours condamnés à l'échec et au discrédit international en fondant leurs revendications exclusivement sur la bable et la cornemuse, avec des éléments identitaires plus nombreux et plus forts dans la Principauté : don Pelayo, Covadonga, le royaume des douze rois Caudillos... des éléments strictement historiques qui parlent de la lutte entre les civilisations (les civilisations celto-romaine, germanique et chrétienne des rois d'Oviedo contre la Morisma, des éléments objectifs de l'histoire politique (la création médiévale d'un État qui est, en outre, le germe ou la "mère" des autres royaumes hispaniques). Dans les Asturies, il n'y a pratiquement pas de nationalistes (si l'on excepte les figures isolées telles un Xaviel Vilareyo), mais il y a beaucoup plus d'ethnies au sens global, tandis qu'en Catalogne, il y a plus qu'assez de faux nationalistes, car ce n'est qu'avec leur propre langue et la biretta, et en ignorant leur période de pouvoir, qu'ils ont réussi à conditionner la politique et l'économie du reste du peuple espagnol.

Il en va de même pour l'anomalie basque. À la mort du Caudillo, la langue était plus morte que la bable, dans une Espagne où le bilinguisme et le nationalisme (de type celtique) n'étaient paradigmatiques dans leur pureté que dans le cas de la Galice. Les Basques n'avaient jamais formé d'unité politique, comme les Asturiens l'avaient fait, malgré la folie hallucinatoire de Don Sabino, folie qui créa le PNV. Une ethnie dispersée dans les territoires castillans, navarrais et français qui se sont également regroupés politiquement après la Seconde République, pour former une "nation" selon des critères de réduction linguistique, suivant la ligne purement romantique du nationalisme politique, qui commence toujours par la culture.

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Le mot "ethnicité" et la conception ethnique de l'Espagne ou de toute l'Europe suscitent également des réticences parmi les nationalismes "historiques". Pour beaucoup de gens, seule l'histoire est la mère de tous les peuples. Bien sûr, dans l'histoire, la contingence règne : un mariage de rois, une répartition capricieuse des richesses, une invasion qui n'est pas entièrement rejetée, un traité ou un destin aventureux peuvent provoquer la division ou la fusion des peuples. La nation espagnole est le fruit de l'histoire, et si quelque chose a été fait pour unir ses différents groupes ethniques, c'est bien son unité politique, une unité qui a été, depuis le XVIe siècle, une unité d'armes et de langue, et seulement très lentement un concert de lois et de juridictions.

Il est indéniable que l'Espagne est l'une des plus anciennes nations politiques d'Europe, même s'il faut noter qu'en raison de sa composition impériale, elle a toujours été, du début à la fin, un système de nations ethniques, et le jacobinisme n'a jamais été efficace sur notre sol. Et ce ne sera jamais le cas.

Et maintenant, revenons au livre que la maison d'édition EAS vient de publier. Constructions théoriques d'un mythe européiste, et c'est une bonne occasion de repenser l'avenir européen de l'Espagne. C'est un livre pluriel, avec des perspectives plurielles. Il comprend, comme nous l'avons dit, des textes de Robert Steuckers, George Feltin-Tracol, Guy Héraud, Saint-Loup... Les auteurs sont nombreux et leurs pensées sont assez disparates. Le titre de ce volume collectif coïncide avec un ouvrage de Guy Héraud (L' Europe des Ethnies, orig. 1963), et en fait ce texte, qui apparaît ici, vers la fin du volume, est le chapitre le plus long de tous.

Le point de vue de Héraud est fédéraliste, proudhonien. Il considère que l'Europe est en fait un conglomérat de groupes ethniques qui, au sens le plus large, sont aussi des régions ayant leur propre identité nationale, très souvent associée à leur propre conscience linguistique. Mais le fédéraliste français ne semble pas être un réductionniste linguistique comme le sont les indépendantistes espagnols (qu'ils soient asturiens, basques, catalanistes, galiciens, etc.). Il semble qu'en Europe, le facteur linguistique soit une priorité dans l'ethnicité, au-dessus du facteur biologique - étant donné la fraternité fondamentale de tous les peuples européens, mais il apparaît toujours comme un facteur ajouté à d'autres éléments importants qui définissent une culture nationale. Compte tenu de la série de conflits ethnicistes en Europe (rappelons la tragédie de la Yougoslavie ou la tentative de "nettoyage ethnique" menée par l'ETA et la "gauche abertzale"), la proposition faite par Héraud, il y a des années, semble naïve : par exemple, une série de référendums sur l'autodétermination qui regrouperait démocratiquement et "rationaliserait" le continent selon des critères ethniques. Je crois sincèrement que l'utopie fédéraliste et d'autodétermination de Héraud pourrait finir comme le Rosaire de l'Aurore.

L'écrivain et aventurier français Marc Augier (dit Saint-Loup) est également présenté ici. Augier a cultivé son utopie particulière d'une Europe des ethnies, en identifiant les multiples ethnies, qui ne coïncident pas souvent avec l'État-nation, mais avec les soi-disant "patries charnelles". Inscrit dans un courant non officiellement reconnu par le national-socialisme, qui est celui d'un fédéralisme des ethnies européennes au sein d'une Nouvelle Europe apparue après le triomphe de l'Axe, Saint-Loup a parcouru le continent sur sa moto en "plongeant" dans cette mosaïque de petites patries, dont certaines sont enfouies et aliénées. Dans ses romans, l'auteur et ancien combattant de l'Axe, a rêvé et rêvé de cette hypothétique fédération de régions ethniques que, bien sûr, l'hitlérisme aurait été loin d'approuver en cas de victoire, même si certains hiérarques nazis ont nourri certains objectifs similaires. Saint-Loup proposait une utopie.

La notion de "patrie charnelle", loin des connotations national-socialistes et donc racistes et suprémacistes, a été adoptée au sein de la Nouvelle Droite. Robert Steuckers y réfléchit et, dans le cadre des travaux de cet important penseur belge, nous pensons qu'il pourrait bien être le complément nécessaire à la notion fédérative d'Europe comme Imperium : un pouvoir exécutif central fort dans certaines compétences (défense, planification macroéconomique...) mais qui respecte en même temps l'hypothèse d'un principe de subsidiarité.

Si nous voulons que l'identité européenne, et espagnole, se renforce face à l'invasion du Continent et face à la Mondialisation, il est bon que notre noyau le plus intime ou le plus "charnel" de la patrie récupère et acquière une nouvelle sève. Un livre intéressant et une grande initiative éditoriale.

Pour commander l’ouvrage :

https://editorialeas.com/producto/la-europa-de-las-etnias/

mardi, 28 février 2017

L'IRREDENTISMO CORSO

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L'IRREDENTISMO CORSO

Ex: http://www.katehon.com 

Con il Trattato di Versailles, firmato dai rispettivi plenipotenziari il 15 maggio 1768, la Repubblica di Genova offrì la riottosa e fiera isola di Corsica al Regno di Francia, come garanzia per i debiti contratti con Parigi pari a due milioni di lire genovesi. La situazione politica dell’isola, al momento del passaggio di consegne, era in piena ribellione contro l’occupazione genovese,  che continuò anche contro i francesi guidati dal grande patriota Pasquale Paoli.

L’anelito indipendista fu schiacciato con la battaglia di Ponte Nuovo, tra l’8 e il 9 maggio 1769, dai francesi, che in seguito alla vittoria occuparono tutta la Corsica, ma ciononostante non riuscirono a troncare i radicati e plurisecolari rapporti commerciali e culturali con la Penisola italiana.

Il decreto di riunione della Corsica alla Francia, ultimo atto dell’annessione francese verso l’isola del Mediterraneo, avvenne il 30 novembre 1789. L’italianità era però molto forte, tanto che il filologo e storico Niccolò Tommaseo, in collaborazione con il magistrato e poeta di Bastia Salvatore Viale, tra gli anni 30 e 40 dell’800 studiò il vernacolo corso, influenzato dalla Toscana, definendolo come il più puro dei dialetti italiani. Per tutto il resto del secolo vi fu una sorta di divisione degli ambiti linguistici: il vernacolo corso venne considerato adatto solo a soggetti giocondi, farseschi, popolareschi, mentre per i soggetti più seri la scelta ricadeva sull'italiano.

Il cambiamento di rotta francese avvenne con Napoleone III e la sua francesizzazione che comportò l’imposizione della lingua, delle leggi e dei costumi francesi. Si arrivò addirittura al mancato riconoscimento dei titoli di studio rilasciati dalle Università italiane. Diversi garibaldini e patrioti italiani erano di provenienza corsa, come per esempio Leonetto Cipriani di Centuri che terminò la sua folgorante carriera politica e militare diventando senatore del Regno d’Italia. Dopo la prima guerra mondiale, l’ambito dell’italianità isolana andò peggiorando a causa della politica sciovinistica francese che pretendeva di annullare ogni riferimento culturale italiano della Corsica, scardinando di pari passo anche i legami politici e commerciali. Fu in questo contesto che nacque, per reazione, in Corsica un appassionato movimento irredentista che si diffuse in tutta la popolazione ed in tutti gli strati sociali.

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La situazione economica, già precaria, era diventata disastrosa: molti corsi furono costretti ad emigrare, a fare delle scelte di campo. Chi si appoggiò alla Francia riuscì a trovare un lavoro nell’amministrazione e nell’esercito coloniale francese, chi vedeva un futuro, per l’isola, nell’Italia, come molti intellettuali, si recarono a studiare e a lavorare in Italia. In Corsica, nel frattempo si verificarono continui, meschini scontri tra clans, tra “parrocchie” autonomiste e gruppetti codini di vecchi pensionati dell’impero coloniale francese, per la spartizione di quote locali di potere.

Con l’avvento di Mussolini al potere crebbe, in Italia, l’interesse per i territori di cultura e lingua italiane ancora non riuniti a Roma, come per esempio Corsica e Malta. In contemporanea crebbe in Corsica e nelle altre zone irredente un sentimento fortissimo favorevole a Roma, avvantaggiato peraltro dalle conquiste sociali del Regime.

Quotidiani come  Il Telegrafo di Livorno e L’Isola di Sassari, tra gli altri, che pubblicavano settimanalmente una pagina riguardante la vita corsa. Contemporaneamente fiorirono riviste a carattere spiccatamente  còrso e irredentista, come: Corsica antica e moderna, di Francesco Guerri,  nome di battaglia, “Mimmo Grosso”, e  L’idea còrsa, diretta da Anton Francesco Filippini. Uno tra i primi intellettuali corsi favorevoli all’Italia fu Petru Rocca, nato a Vico il 28 settembre 1887. Dopo aver partecipato alla Prima Guerra Mondiale, fondò, nel 1920, la rivista A Muvra, organo di informazione del Partitu Corsu d’Azzione (PCdA).

Questo partito nel 1927 fu rinominato Partitu Corsu Autonimistu la cui costituzione voleva scrivere Rocca con l’obiettivo di una resistenza corsa verso la Francia. Avendo preso una forte impronta antifrancese nel 1939 il partito fu bandito nel 1939 con l’accusa di aver collaborato con Mussolini. La già ricordata rivista A Muvra esponeva in continuazione l’obiettivo fisso dei suoi redattori: l’unione della Corsica all’Italia. Altri patrioti furono Petru Giovacchini, Marco Angeli e Bertino Poli, i quali fondarono nei primi anni Trenta i Gruppi di Azione Corsa, allo scopo di svolgere attività culturale e politica per l'annessione della Corsica al Regno. Mentre i primi due trattavano argomenti vari e letterari, Poli espresse un contenuto più politico con opere come Il pensiero irredentista còrso e le sue polemiche, pubblicato a Firenze nel 1940, e A Corsica di dumani, pubblicata a Livorno nel 1943. Quello che però aderì  più concretamente e fattivamente al fascismo e che riscosse quindi maggiore apprezzamento presso le autorità italiane fu Petru Giovacchini.

Questi nacque a Canale Verde il primo gennaio 1910 da un’antica nobile famiglia, italiana per cultura, sentimenti, tradizioni. I suoi antenati si erano sempre battuti per l’italianità della Corsica. Simeone Giovacchini, fatto prigioniero durante i primi moti antifrancesi, morì nella fortezza di Tolone senza mai aver rinnegato i suoi ideali di libertà dallo straniero. Un altro antenato, Anghieluvisu, partecipò attivamente al Risorgimento italiano come capo dei Pennuti, i Carbonari corsi. Petru Giovacchini si trasferì a Bastia per studiare al Liceo Nazionale, e si dice che già da adolescente collaborasse a periodici riguardanti l’autonomismo corso. Nel 1927, avendo deciso di dover scrivere su un settimanale risolutamente irredentista, fondò il Primavera, che però venne presto sequestrato comportando per Giovacchini l’espulsione dal  liceo. Nei due anni successivi pubblicò due raccolte di canti patriottici dialettali: Musa casalinga e  Rime notturne. Nel 1930 si iscrisse alla Facoltà di Medicina presso l’Università di Pisa, ma, essendo poi tornato in Corsica per assistere il padre gravemente ammalato, fu costretto a prestare il servizio militare di leva, subendo persecuzioni e violenze durante la ferma, finita la quale gli venne negata la possibilità di concludere gli studi  in Italia. Si trasferì all’Università di Pavia dove fondò, nel 1933, i Gruppi di Cultura Còrsa nel novembre dello stesso anno. Ben presto questi gruppi si trasformarono nei già ricordati Gruppi d’Azione Corsa. Petru Giovacchini fu volontario in Africa  Orientale, arruolato nel 147° battaglione CC.NN. Fu volontario anche in Spagna, come ufficiale medico della Milizia, distinguendosi per valore, ottenendo decorazioni ed il trasferimento in servizio permanente per meriti di guerra. Quando l’Italia entrò in guerra, 10 giugno 1940, Petru chiese di combattere in prima linea per la liberazione della Corsica dal giogo francese, ma il Comando Generale della Milizia ritenne che sarebbe stato molto più producente sfruttare le sue abilità dialettiche nel campo della propaganda. La dichiarazione di guerra alla Francia e la conquista della Corsica da parte delle truppe italiane, dettero speranza agli irredentisti, ma Mussolini rinviò la formalizzazione dell’annessione alla fine della guerra, per non inimicarsi la Francia di Vichy. Nel 1942 fu proposto come Governatore della Corsica non appena fosse terminato l’immane conflitto bellico.

Giovacchini_P..jpgNel febbraio 1943, in Sardegna, fu costituito un Battaglione Corso, inquadrato nella 73° Legione Camice Nere. Questo episodio rappresentò il culmine della collaborazione tra corsi e italiani. Dopo l’8 settembre, ancor prima della rioccupazione della Corsica da parte delle truppe golliste, fu sequestrato dai partigiani locali e in seguito condannato a morte il colonnello Petru Simone Cristofini, con l’accusa di aver collaborato con le autorità italiane e tedesche presenti sull’isola e per aver fornito informazioni sulla resistenza locale. Venne fucilato ad Algeri nel novembre 1943, dopo che il colonnello ebbe tentato il suicidio lanciandosi da una finestra del tribunale al quarto piano. Sua moglie, Marta Renucci, prima donna in Corsica a fare la giornalista, fu condannata a cinque anni di reclusione, che dovette scontare nelle carceri di Algeri, i beni dei coniugi vennero confiscati. Con le stesse accuse furono condannati a morte il colonnello Pantalacci ed il figlio Antoine, che però riuscirono a fuggire in tempo in Italia. Un altro colonnello, Pascal Mondielli, fu condannato all’ergastolo per collaborazionismo. Dopo l’otto settembre, Petru Giovacchini (foto) affidò l’organizzazione irredentista a Giuseppe Mastroserio e si trasferì al Nord per arruolarsi nella Rsi insieme agli amici Angeli e Poli. Non tornarono più in Francia, pendendo sulla loro testa la pena di morte.

La Corte di Giustizia di Bastia, nell’autunno del 1946, condannò a morte in contumacia Giovanni Luccarotti, un lontano discendente di Pasquale Paoli, Pietro Luigi Marchetti, giornalista, Bertino Poli, Marco Angeli e Petru Giovacchini, tutti latitanti, rifugiati in Italia, dove vivevano in semiclandestinità per evitare la giustizia francese. A pesanti pene detentive furono condannati altri imputati: Petru Rocca a quindici anni di lavori forzati, deportato alla Guiana; Yvis Croce, conservatore degli archivi di Stato della Corsica a cinque anni di lavori forzati; don Domenico Parlotti, canonico della cattedrale di Bastia e scrittore dialettale a dieci anni di reclusione, morì in carcere; don Giuseppe Damiani, direttore didattico a cinque anni di lavori forzati. Risultarono condannate anche due donne: Margherita Ambrosi, vedova del poeta Piazzoli che aveva esaltato l’Italia a cinque anni di reclusione e Maria Rosa Alfonsi, giovane parrucchiera di Ajaccio, in contumacia a cinque anni di lavori forzati. Fu condannato a due anni di reclusione Angelo Giovacchini, fratello di Petru. Tutti furono ritenuti colpevoli di aver attentato alla sicurezza nazionale. I loro beni vennero confiscati, eccezion fatta per Angelo Giovacchini. Mentre il sindaco di Pastricciola, Marco Leca, venne condannato alla  degradazione nazionale.

La repressione francese, seguita alla vittoria degli eserciti alleati, fu durissima; ogni movimento autonomista fu soppresso. Si volle  proibire e annullare ogni ricorso alla lingua italiana e perfino al dialetto còrso. Gli alunni delle varie scuole, quando  venivano sorpresi a parlare in dialetto, venivano espulsi e finanche percossi. Fu una repressione feroce. Persino la Chiesa cattolica, che aveva fino allora sempre adoperato l’italiano nelle omelie, nelle prediche, nelle comunicazioni ufficiali, fu costretta ad usare il francese sotto la minaccia di arresti e di persecuzioni. Gli irredentisti, poi, vennero perseguitati accanitamente, braccati, arrestati, processati, condannati, deportati. La francesizzazione dell’isola venne perseguita con una vera e propria colonizzazione imposta con  l’insediamento di coltivatori francesi profughi dall’Algeria,e non solo, i famosi Pieds Noirs ai quali furono concessi i migliori terreni demaniali dell’isola. Venne favorita anche la speculazione turistica straniera ed infine, per coronare l’opera, fu trasferita la Legione Straniera a Corte. Queste manovre di carattere neocoloniale hanno, credo, snaturato completamente il quadro etnico della Corsica.
 

mardi, 21 juin 2016

Christian Dutoit: links & Vlaams In memoriam

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Christian Dutoit: links & Vlaams

In memoriam

Henk Cuypers

Ex: http://www.doorbraak.be

ChristianDutoit.jpgMet het overlijden van Christian Dutoit (1956-2016) verliest de radicale Vlaamse beweging een van zijn meest markante figuren.

We ontmoetten mekaar voor het eerst in Leuven aan de universiteit in de tweede helft van de jaren 70. Jij studeerde moderne geschiedenis, ik ook, maar ik zat een jaar lager omdat ik een jaar jonger (van 1957) ben. In de les kwamen we mekaar niet tegen want brossen was bij jou standaard. De Vlaamse beweging en 'op café gaan' waren de verbinding tussen ons beiden.

Christian Dutoit was een markante persoonlijkheid. Hij was de exponent van een links flamingantisme dat Vlaamsgezindheid verbond aan sociaal bewogen zijn.

In zijn studentenjaren - als rasechte West-Vlaming eerst aan de Kulak in Kortrijk, daarna in Leuven - was hij één van de drijvende krachten achter de Werkgroep Arbeid,  een buitenbeentje  binnen de klassieke Vlaamse Beweging. Arbeid, later getooid met de initialen VRSB (Vlaams Republikeinse Socialistische Beweging) ijverde voor een autonoom en socialistisch Vlaanderen. Met zijn goede pen ventileerde Dutoit de standpunten en visies rond de band tussen nationaliteitenconflicten en sociale bewegingen in België maar ook in de rest van de wereld in diverse publicaties en tijdschriften.

Arbeid, De Wesp en - de eerste historische - Meervoud waren in die periode de producten waarvan Christian de eindredactie verzorgde.

In 1980 studeerde hij af met een thesis over de flamingantische communist Jef Van Extergem - een werk dat later bij de bevriende uitgeverij Soethoudt in boekvorm werd uitgegeven. Na zijn studies verhuisde hij naar Brussel. Dat werd zijn nieuwe biotoop.

Na een doortocht bij het kabinet van wijlen Hugo Schiltz waar hij onder meer de dichters-schrijvers Hendrik Carette en Henri-Floris Jespers ontmoette, wierp Dutoit zich in de pers- en communicatiewereld. Hij probeerde het als woordvoerder en liet zich zelfs verleiden om afvalverbranding op zee op het schip de Vulcanus te promoten! Greenpeace en de groene beweging konden daar niet mee lachen. Later werd hij zelfs perswoordvoerder voor een eigenaardige Congolese oppositiepartij. Hij raadde hen aan een regering in ballingschap op te richten, wat ook gebeurde.

Nadien, midden van de jaren 80, was ik mede getuige hoe hij tegen de stroom in, tevergeefs poogde het weekblad De Nieuwe redactioneel en inhoudelijk boven water te houden. Zijn scherpe en eigenzinnige pen kon echter niet vermijden dat het lijfblad van Mark Grammens in 1986 kapseisde.

De flamboyante levensgenieter uit een West-Vlaams burgerlijk milieu - zijn oom had een volks restaurant in Aalbeke waar je goddelijke côte à l'os kon eten - was een gecultiveerde en veel besproken persoonlijkheid. Hij had ook een geheimzinnig kantje dat intrigeerde. Christian had een goede neus voor de goede dingen des levens: drank, eten - hij was zelf een excellente kok, berucht zijn de fameuze Meervoud-etentjes waar Christian zelf achter de kookpot stond - en sigaren. CD waren daarom niet alleen zijn initialen maar ook een favoriet sigarenmerk.

Verdrukte volkeren bestuderen en commentariëren was zijn favoriete aandachtspunt. Baskenland - waar hij overleed, was zijn tweede thuisland. De Baskische ontvoogdingsstrijd (voor een autonoom en links Baskenland - ‘Euskadi askatuta’) was in vele opzichten voor hem een lichtend voorbeeld.

Liefde voor Baskenland

extergem-en-de-vlaamse-beweging-1983.jpgChristian heeft zijn leven lang in de traditie van de Baskische eetclubs - waar de ‘abertzale’ Basken (de Baskisch patriotten/nationalistisch gezinden) samen kwamen om te koken en te discussiëren - geijverd voor een soortgelijke formule.

Het startte begin jarn 90 in de Lakenstraat met een ‘Gure Etxea’ (letterlijk ‘ons huis’). Een Vlaams - Baskische club waar gelijkgezinden zich tegoed deden aan spijs en drank en filosofeerden over de Vlaamse beweging  en de strijd van de (verdrukte) volkeren. Van de Papoea's in Nieuw Guinea, over het Polisario in de Westelijke Sahara tot de Basken, Friezen en Bretoenen.

Er was ‘Anai Artea’ (letterlijk 'onder broeders'), een verwijzing naar de Baskische beweging Anai Artea waar Baskische vluchtelingen, meestal ETA-leden, steeds terecht konden,  voor steun, onderdak en werk, meestal in de kroegen. Christian en co stichten een Vlaamse vleugel van Anai Artea die een eigen tijdschrift uitgaf onder dezelfde naam en waaruit het maandblad Meervoud ontstond.

De ‘Baskische club’ – zoals ‘Gure Etxea’ door alle gasten genoemd werd - verhuisde een paar jaar later naar de Zinnikstraat in Brussel. Nadien kwam er - mede onder impuls en met steun van zijn politieke vader Antoon Roosens - een Vlaams Huis in Brussel in de Drukpersstraat, vlakbij de Wetstraat en het Vlaams Parlement. Dat Vlaams Huis werd al snel een thuis voor vele flaminganten in Brussel. De Brusselse afdeling van de Vlaamse Volksbeweging, het Vlaams Komitee voor Brussel, zelfs het Overlegcenrum van Vlaamse Verenigingen en het Vlaams & Neutraal Ziekenfonds, vonden er onderdak. Na acties was en is het er vaak verzamelen geblazen voor militanten van TAK en Vlaamse studentenverenigingen.

Meervoud

meervoud.jpgNa de doorbraak van het Vlaams Blok bij de parlementsverkiezingen van november 1991, startte Christian Dutoit in het najaar van 1992 opnieuw met de uitgave van het tijdschrift Meervoud dat het ondertussen al 218 nummers volhoudt. Meervoud kan beschouwd worden als een poging tot bundeling van linkse flaminganten die na het verdwijnen van initiatieven als Het Pennoen en De Nieuwe geen spreekbuis meer hadden. Het maandblad noemt zich nu een links Vlaams-nationaal blad noemt, is eerder een opiniërend blad dat vanuit een eigen kritische, en progressieve maar tegelijkertijd ook radicaal-flamingantische invalshoek de actualiteit onder de loep neemt.

In de lijn van de Meervoud uit zijn studententijd laat ook de huidige Meervoud veel ruimte voor nationaliteitenconflicten. Baskenland, Ierland en Catalonië krijgen een bevoorrechte plaats.

In de historische lijn van Jef Van Extergem, Antoon Roosens en Jan Olsen heeft Christian Dutoit ook partijpolitiek geprobeerd om het links flamingantisme op de kaart te zetten. Naar analogie met de Vlaamse Democraten begin jaren zestig, een linkse Vlaams-Brabantse en Brusselse afsplitsing van de opkomende Volksunie, probeerden Christian en zijn soulmate (later echtgenoot) Bernard Daelemans eenzelfde experiment in Brussel. In de jaren 90 nog een Vlaams Democratisch Appel, later een linkse N-VA afdeling in Brussel. Het fijne ervan ken ik niet maar ik heb me laten wijsmaken dat zijn lijst Vlaamse Democraten een N-VA scheurlijst was na een conflict met Antwerpen omtrent de aanwezigheid van de belgicist Jos Chabert op de kartellijst CD&V/N-VA. 

Christian was naast publicist ook de spin in het web bij vele initiatieven om de linkse flaminganten te bundelen. We hebben het dan onder meer over de organisatie van de jaarlijkse Sociaal-Flamingantische Landdagen (ook een verwijzing trouwens naar de Vlaamse Democraten van de beginjaren 60).

Dwarsligger

Basque_Country.svg.pngDutoit was naast publicist ook een prominente dwarsligger. Ik herinner me nog levendig zijn poging bij de parlementsverkiezingen van mei 1995 om in Wallonië op te komen met een lijst VLAAMS. VLAAMS stond voor: Volontaires Linguistiques à l'accélération du Mouvement Social. Het was een kwinkslag naar de francofonie en was erop gericht om de Union Francophone (UF) van antwoord te dienen. Het had alles te maken met de niet-splitsing van het kiesarrondissement Brussel-Halle-Vilvoorde. De Franstaligen konden in BHV voor de Europese en Senaatsverkiezingen stemmen ronselen. Met de lijst VLAAMS dienden Christian en co een lijst in Wallonië in om stemmen te ronselen. Dat is een van de vele akkefietjes waar de groep rond Christian de hand in had.

Natuurlijk kan ik nog zijn veelvuldige contacten met politici uit diverse partijen maar toch vooral de Volksunie vermelden. Dan denk ik in de eerste plaats aan Willy Kuijpers en Walter Luyten, de twee vaandeldragers die binnen deze partij zich engageerden voor dezelfde thema’s. Maar ook bij anderen - om mensenrechtenadvocaat Paul Bekaert te noemen- kon Christian terecht voor advies en steun.

De Vlaamse beweging verliest met Christian Dutoit een van zijn meest markante buitenbeentjes. 

samedi, 14 novembre 2015

Régions et provinces de l’Europe unie de demain

Régions et provinces de l’Europe unie de demain

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

provinces-france.jpgJ’évoque souvent sur les réseaux sociaux cette Europe unie, l’Europe-Nation à bâtir, en expliquant qu’elle sera fondée sur le principe de la « subsidiarité identitaire » selon une formule classique de partage des tâches, à savoir « à l’Europe la souveraineté, aux régions l’identité ». Cette vision de la « région » et/ou « province » et/ou « nation »,  qui peut correspondre au cadre national classique ou à des subdivisions nouvelles du dit cadre, mérite d’être explicitée.

Deux régions aujourd’hui se battent pour leur indépendance par rapport à un cadre étatique traditionnel. Il s’agit de l’Ecosse et de la Catalogne. Il convient de souligner que de nombreuses barrières leur sont opposées. A ceux qui affirment que le mondialisme veut le démantèlement des nations par le régionalisme, ces évènements apportent un démenti catégorique. En effet, ni l’ONU ni l’Union Européenne n’encouragent leurs revendications, bien au contraire. Et même si ces régionalismes sont de centre-gauche, qu’ils ne remettent malheureusement pas en question le « multiculturalisme » qui est plus mortifère pour eux qu’un cadre national qui n’a jamais eu depuis les années 70 en tout cas comme volonté de briser leurs identités, ils sont combattus. Il suffit de songer à la mise en examen d’Artur Mas ou au refus de tenir compte de l’appel à l’indépendance d’une majorité de parlementaires catalans. Il faut aussi songer aux nombreuses pressions que le Royaume-Uni et l’Union Européenne ont fait peser sur les électeurs écossais, l’indépendance étant refusée par une majorité légère, appuyée par le vote des électeurs issus des minorités d’importation.

Pour moi, le cadre politique est moins important que le cadre identitaire, et il est plus important que la Catalogne préserve son identité au sein d’une Espagne unie que par une indépendance théorique. Mais il est vrai qu’aujourd’hui, peu importe ce cadre, nos identités sont menacées comme jamais elles ne l’ont été. Et une Ecosse indépendante ou une Catalogne indépendante demain ne feront pas mieux que le Royaume-Uni et l’Espagne et j’ai peur même qu’elles fassent pire.

Mais en revanche il existe aussi des aspirations naturelles pour chaque peuple, pour chaque identité d’Europe, d’être respecté. Et si la séparation du cadre national, mais en se maintenant en revanche pleinement dans la construction européenne, peut apaiser les tensions générées par une histoire complexe, alors il faut la faire. Que l’Europe unie demain soit divisée en 46 ou en 150 subdivisions internes n’est en rien problématique s’il y a bien unité et un Etat européen à la tête du continent, respectueux bien sûr de toutes les identités qui le composent.

Dans le cadre de l’Europe de demain à laquelle j’aspire, et qui irait donc des fjords d’Islande aux steppes de Russie, toutes les identités devront être préservées et des pouvoirs spécifiques au niveau le plus près de ces réalités devront exister pour le permettre.

Voici donc le schéma que je défends concernant les pouvoirs dévolus à chaque niveau administratif et/ou identitaire.

Le premier cadre est la cité. Il faut revoir complètement son fonctionnement afin que les citoyens soient pleinement associés à sa vie et à son évolution. Elire un maire et son conseil municipal pour plusieurs années n’est pas suffisant. Une fois le mandat en poche, l’édile fait ce qu’il veut, et bien souvent l’édile de droite appliquera la politique promue par son adversaire de gauche. Ou il sera enchaîné par des règles juridiques l’empêchant de tenir ses promesses. C’est donc aux citoyens de trancher. Le référendum municipal doit être inscrit dans le droit, chaque cité divisée en quartiers ou dèmes élisant chacun ses représentants et instituant un système de rotation. Pas de maire donc, mais un édile choisi par les comités de quartier et représentant leurs intérêts. Et selon un principe de répartition des pouvoirs, les habitants de la cité, pour peu qu’ils y soient installés un temps suffisamment long à définir, décideront de l’avenir de leur ville. Par exemple, ce ne sera pas au maire, ni au préfet, ni au conseil d’état, et encore moins au gouvernement, de décider si une mosquée, ou n’importe quel autre temple d’ailleurs, doit être construite dans les frontières de la collectivité territoriale.

Le second cadre est celui de la région qui peut correspondre aux anciennes nations (région « Portugal » par exemple) ou à un nouveau cadre décidé par les habitants (région « Catalogne »). Dans tous les cas, ce redécoupage éventuel ne sera pas décidé d’en haut pas devra provenir de l’expression libre du peuple. Bretons, Corses… et autres choisiront librement s’ils voudront faire partie d’une « région » France ou être leur propre région. Ces décisions ne remettront en revanche jamais en cause l’appartenance à l’Europe. Il n’y aura jamais « d’article 50 » dans la (vraie) constitution européenne que j’imagine. La région aura des pouvoirs spécifiques, des sénateurs pour la représenter au Sénat européen, une sorte de Bundesrat européen, une assemblée régionale dotée de réels pouvoirs, mais toujours par subsidiarité, et notamment celui de protéger la langue de la région (par exemple le breton en Bretagne), de déterminer les règles d’urbanisme pour respecter l’environnement et les traditions locales, et même éventuellement de décider de l’installation d’Européens issus d’autres régions. La région pourra favoriser le localisme économique, privilégier ainsi la ruralité, et aura en charge des missions nombreuses en matière d’écologie. Ce n’est pas à une commission à Bruxelles ou ailleurs de décider de la façon de fabriquer les produits artisanaux. La limite sera la non-utilisation d’OGM et tout ce qui peut avoir un impact sur les autres régions. La défense du terroir au niveau du terroir.

scottish flag old man.jpg

Ainsi, certains Européens sont attachés à leurs figures souveraines. Même si je suis personnellement très républicain, je n’ai pas à juger de cet attachement sincère à ces têtes couronnées. Hors de question de les abolir par décision européenne. Ce seront aux gens concernés de maintenir ou pas ce lien s’ils le souhaitent. Il y a là une indéniable démarche identitaire que je ne saurais vouloir balayer d’un revers de main. On peut penser que les Anglais voudront conserver leur lien avec la dynastie des Windsor par exemple et ils doivent pouvoir le faire. On peut imaginer en revanche que les Gallois voudront rompre et ils auront aussi ce droit. Aux régions concernées d’imaginer librement le statut qu’ils leur conféreront.

La subsidiarité identitaire comme fondement de l’Europe doit être un principe intangible. Nous aurons tous la même nationalité en commun mais pas nécessairement les mêmes attachements charnels. Il est hors de question de vouloir bâtir une Europe jacobine et encore moins de tenir en suspicion les liens historiques profonds de chaque peuple composant ce grand peuple que sont les Européens.

Un régionaliste sincère et un patriote attaché à sa patrie historique doivent pouvoir exister pleinement dans l’Europe unie, se reconnaître en elle et s’y épanouir. Les identités ne s’opposent pas mais se renforcent. On doit pouvoir se sentir nancéen, lorrain, français et européen dans l’Europe de demain, mais tout autant si on le souhaite ne se sentir qu’ « européen » ou « corse et européen » ou « nantais et européen » ou » français et européen ». En revanche on aura à cœur de conserver toutes les strates qui composent notre européanité, et qui fait la véritable richesse de notre continent.

En revanche, ce principe exclut le cadre politique « traditionnel », le droit en vigueur dans un pays européen n’étant pas une « tradition identitaire ». Hors de question de considérer un laxisme « local » comme une règle à préserver. Tout ce qui relèvera du souverain au sens fort sera du domaine de l’Etat européen.

Une euro-région pourra décider de créer une police régionale et même une armée régionale citoyenne, mais l’armée européenne, même divisée en légions « linguistiques », dépendra de l’Etat européen, de même que la diplomatie, la politique de l’énergie, la justice (dans les domaines où la subsidiarité n’aurait pas de sens) et tout ce qui relève des fonctions dévolues à un Etat. Là sera le vrai partage des tâches.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)