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lundi, 02 septembre 2024

Parution du numéro 70 de War Raok

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Parution du numéro 70 de War Raok

EDITORIAL:

Exposer notre théorie, c’est refuser de tricher avec notre peuple

L’élaboration de principes accordés à la défense des peuples colonisés répond à des nécessités. Il faut lui assurer les fondements solides d’une réflexion cohérente, d’une justification convaincante et d’un discours fondateur susceptibles de lui donner sa pleine dimension historique. Il y a urgence parce que la crise aiguë qui secoue nos peuples, aggravée par l’état de déliquescence de la société occidentale, risque d’atteindre un point de non-retour.

Il s’agit de poser des principes clairs car une action mal perçue est vouée à l’échec ou, ce qui est pire, à la perversion, au détournement vers des fins étrangères à son but. Réduite au niveau du spectacle, la revendication nationaliste, à contenu ethniste, ne servira que de faire-valoir à nos adversaires et sera réduite au rôle d’utilité d’une vie politique préfabriquée. Un peuple qui ne parvient pas à faire entendre sa voix ou qui le fait en usant de références qui lui sont données par l’extérieur (idées à la mode, slogans vides de sens...), est voué à être récupéré par le système qui l’aliène. Dans le même ordre d’idées, on sait comment le système colonial laisse filtrer, quand cela lui est utile, une « extrême-gauche » ou une « extrême-droite » qui lui servent de repoussoir et qui sont en fait des produits fabriqués de toute pièce. Pour éviter cette récupération dans un système qui veut la disparition des peuples, nous devons imposer nos propres références historiques, ne pas laisser les autres les définir par rapport à des concepts étrangers, à un vocabulaire exogène... C’est ainsi que nous nous poserons en acteurs historiques, non en figurants marginaux d’une société artificielle.

Sur le plan de la pratique, la cohérence doctrinale est le seul moyen d’éviter les manipulations de tous ordres. On connaît bien l’accusation d’un autonomisme ou d’un indépendantisme qui aurait sa source « à l’étranger ». On connaît aussi l’assimilation de l’ethnisme au « racisme » ou à la « xénophobie ». La déformation par adaptation à l’idéologie en cours est une arme coutumière de ceux qui luttent contre la liberté et l’émancipation des peuples. Nous la détournerons en montrant que nous portons en nous-mêmes les motivations et les justifications de nos actes et de nos idéaux.

Notre engagement pour le peuple breton résulte d’une prise de conscience et d’une décision spécifique. Nous sommes mus par une nécessité interne et non par la pression ou l’influence d’une société qui nous est étrangère, et dont nous refusons les rôles qu’elle veut nous faire jouer. Laisser à d’autres le soin de se définir c’est être agis par eux, c’est être sujets de l’histoire. Or nous voulons faire notre histoire, c’est-à-dire faire rentrer notre peuple dans l’histoire en lui rendant la possibilité d’agir pour lui-même et d’être l’acteur de son devenir.

Alors, nous devons nous situer et prendre du champ par rapport à l’instant, distinguer tactique et stratégie, refuser l’enfermement dans l’actualité, où les plus impatients risquent de perdre le sens de la durée qui caractérise les grandes actions menées au service d’un peuple. Une réflexion théorique est donc à la fois une auto-construction et une maîtrise de l’événement. Il entre enfin dans notre projet un élément d’éthique. Nous vivons en un temps qui favorise le trouble des esprits et provoque indirectement les situations ambiguës. La claire expression de nos idées et de nos buts est l’un des moyens par lesquels nous nous démarquons des velléitaires ou des profiteurs.

Si la conscience de nos buts doit nous inviter à plus d’exigence envers nous-mêmes, elle nous permet aussi de refuser l’aventurisme, l’excès d’actes et de paroles, l’immaturité politique ou le confusionnisme intellectuel qui sont les agents de toutes les provocations... tout comme la complaisance quasi pathologique dans des attitudes outrées.

Nous devons nous donner les moyens de dépasser l’événementiel pour mieux nous construire comme agents de l’histoire, acteurs de notre libération nationale.

Padrig Montauzier

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Sommaire War Raok n°70

Buhezegezh vreizh, page 2

Editorial, page 3

Buan ha Buan, page 4

Politique

Histoire du fascisme, page 8

Environnement

Pseudo-écologistes et hypocrisie des pays occidentaux, page 11

Tribune libre

Migration et culpabilité impériale, page 14

Société

Sur le phénomène Woke, page 16

Billet d’humeur

L’homme politique en tant que menteur pathologique, page 18

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton, page 21

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Mythologie celtique

Le monde des abeilles chez les Celtes, page 23

Tradition

Culture traditionnelle et populaire de Kosovo Polje, page 26

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Grandes figures

Paul Le Flem, 80 années de vie musicale, page 28

Histoire de Bretagne

La bataille de Trans-la-forêt, page 31

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Nature

Le geai des chênes aux ailes marbrées bleues électriques, page 34

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Lip-e-bav

Irish stew, stobhach Gaelach, page 36

Keleier ar Vro

Les châteaux et l’histoire de Bretagne, page 37

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Bretagne sacrée

L’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, page 39.

* * *

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Qui veut faire taire la revue War Raok?

Piv en deus c'hoant da lakaat ar gelaouenn War Raok da devel?

Chère lectrice, cher lecteur, chers abonnés, chers démocrates et défenseurs des libertés bretonnes,

En presque 25 années d’existence, c’est la toute première fois que la revue War Raok sonne l’alarme et sans un soutien de votre part, la revue, votre revue peut disparaître.

De nombreux médias de presse écrite connaissent un effondrement du nombre de leurs abonnés ces dernières années. War Raok est parvenu à limiter cette tendance à une lente érosion. Outre la baisse du nombre des abonnements, citons la hausse vertigineuse du prix du papier, le coût de la distribution… et malgré toutes ces difficultés, nous nous sommes engagés à ne quasiment pas augmenter le prix des abonnements.

Mais c’est pour un tout autre problème que nous tenons à vous informer, une autre menace qui, aujourd’hui, pèse sur la presse libre. En plus de 24 années de publication, War Raok n’a jamais eu la moindre menace de procès ! Et pour cause, l’équipe rédactionnelle et moi-même avons été toujours très rigoureux, très vigilants dans tous les articles publiés. Malgré cela, 4 procédures viennent d’être lancées contre la revue, procédures liées aux droits sur l’image.

Sur plus de 24 années, sur le site internet de War Raok, 11 malheureuses images réduites et miniaturisées au format de 2 centimètres par 2 centimètres servant d’illustrations à certains articles… constituent l’infraction et des facturations amendes de près de 3500 € pour les agences : AFP, Reuters, Associated Press, PA images.

Ne pensez-vous pas qu’un simple courrier nous signifiant l’infraction et nous recommandant par la suite d’être plus vigilants aurait été amplement suffisant ? Nous n’avons jamais voulu enfreindre la loi, ni porter préjudice aux agences de presse concernées… Les images incriminées ont été reprises sur divers sites d’informations et divers journaux, où bien souvent ne figurent pas les droits et le nom de l’agence propriétaire. Notre bonne foi est réelle et ne peut être mise en doute.

Face aux sommes réclamées, totalement disproportionnées, nous sommes toutefois optimistes, convaincus que vous allez être nombreux à nous aider, conscients que War Raok est plus que jamais nécessaire en tant que revue libre et indépendante bretonne, et ainsi faire face aux menaces qui pèsent aujourd’hui sur le pluralisme de la presse.

Pas question à ce stade d’envisager un échec, nous parions résolument sur la réussite de cette mobilisation ! Nous comptons sur vous et chaque don de votre part participera à la survie de la revue, la voix de la nation bretonne… la voix de la Résistance bretonne !

Merci d’avance chers amis, pour la Bretagne, son peuple et les libertés bretonnes toujours aussi menacées.

Padrig Montauzier.

L’équipe rédactionnelle de War Raok.

Trugarez vras deoc’h-holl evit ho skoazell.

Skipailh War Raok/Mouezh Breizh.

Vos dons :

- Chèques bancaires à l’ordre de War Raok

Adresse : 50 B avenue du Maréchal Leclerc, Appt 203, 35310  Mordelles (Breizh).

- Virement bancaire :

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BIC. CMBRFR2BARK

 

mercredi, 03 juillet 2024

Le nationalisme corse entre dans le 21ème siècle

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Le nationalisme corse entre dans le 21ème siècle

Peter W. Logghe

Source : Nieuwsbrief Knooppunt Delta, no 191, juin 2024

La plupart d'entre nous connaissent la Corse comme un merveilleux pays de vacances, avec des montagnes, des plages et une population originale et agréable. Beaucoup d'entre nous connaissent certainement le nom de Pasquale Paoli, le père de la nation corse, un homme qui a joué un rôle crucial dans l'indépendance et dans la création de la première nation corse moderne. Un inspirateur, dit-on, de George Washington lors de la fondation des Etats-Unis. Un homme à l'aube du nationalisme corse.

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Le nationalisme corse de la période qui a précédé la Seconde Guerre mondiale peut être comparé au nationalisme flamand : conservateur, catholique, de droite. Le nationalisme corse s'incarne dans un mouvement comme A Muvra, avec son leader Petru Rocca. Ce dernier est condamné après la Seconde Guerre mondiale, déchu de tous ses droits, pour avoir prétendument mis en danger la "sécurité de l'Etat français". Le mouvement semble avoir été "brûlé". Le parallèle avec la Flandre est frappant.

p5-Encart-Cedic-231x300.jpgDans les années 1960, on assiste à une renaissance du mouvement, avec le CEDIC (Comité d'études et de défense des intérêts de la Corse), avec Max Simeoni, entre autres. Ce n'était pas un parti, mais un mouvement qui essayait de convaincre la gauche et la droite d'une solution fédéraliste pour la Corse - en élargissant le soutien au fédéralisme, en quelque sorte. Ce mouvement n'a pas réussi à s'imposer.

Dans les années qui suivent, la stratégie change et les nationalistes corses mettent en place un mouvement nationaliste, notamment avec l'ARC, et radicalisent la lutte nationaliste notamment avec la fondation du FLNC (ou Fronte di liberazione naziunale corsu). Si la base du mouvement reste assez conservatrice, une tendance gauchiste et tiers-mondiste, d'orientation marxiste-léniniste, en constitue peu à peu le socle idéologique. Bien qu'il flirte - extérieurement du moins - avec la gauche et l'extrême-gauche, il y a toujours eu une minorité active de militants de droite en Corse. Malgré d'assez bons résultats électoraux (jusqu'à environ 25% des voix en Corse en 1992), le mouvement nationaliste a sombré dans une lutte fratricide acharnée entre le "canal historique" et le "canal habituel" (comparable, peut-être, à la lutte en Irlande entre les provisoires et l'IRA officielle?) En conséquence, la lutte nationaliste s'est complètement enlisée au cours des années 1990.

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2015 : année de la victoire nationaliste en Corse

Lors des élections "territoriales" de 2015 en Corse, les nationalistes de Simeoni et Talamoni (photo) remportent une victoire éclatante. La base de leur coalition est un projet d'autonomie pour la Corse, un statut pour les "secondes résidences" sur l'île, la reconnaissance du corse comme langue officielle (à côté du français), et le transfert des prisonniers politiques corses-nationalistes sur l'île (et donc plus très loin sur le continent français). Sur ce mode victorieux, les victoires électorales s'enchaînent lors des élections nationales en France. En 2021, les listes nationalistes en Corse recueillent environ 75% des voix lors des élections "territoriales". Pourtant, il faut oser reconnaître que les résultats politiques obtenus jusqu'à présent sont plutôt médiocres: la Corse n'est toujours pas indépendante. Il est également frappant de constater que les élites politiques semblent dériver de plus en plus vers la gauche, en particulier sur des questions telles que la migration, le wokisme et la mode LGBTQI+, et l'Islam, tandis que les jeunes militants de base semblent avoir moins d'appétit pour les solutions de gauche démodées prisées par les anciens.

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Palatinu - et la métapolitique sur l'île

Nicolas Battini est un nationaliste qui a passé huit ans dans une prison française pour cause d'attentats. L'assassinat d'Yvan Colonna (un autre nationaliste corse) dans une prison française par un islamiste radical a été un tournant majeur dans la vie de Nicolas Battini. De retour en liberté, il fonde un mouvement nationaliste, U Palatinu, dont l'objectif principal est de remettre le mouvement sur les rails idéologiques corses, conscients des défis du 21ème siècle. Il s'agit avant tout d'un combat culturel, d'une reconquête d'un nationalisme de droite, qui fut autrefois conservateur. Ou comme l'écrivait Nicolas Battini lui-même : "A quoi sert une Corse autonome, tiraillée entre héliotropisme et islamisation, une Corse autonome, si les Corses eux-mêmes sont devenus minoritaires dans leur propre pays".

mop.jpgMouvement culturel, le Palatinu défend l'identité corse et la famille comme concept central de ce nationalisme. En mars 2024, Battini passe à l'étape suivante et fonde le parti Mossa Palatina. Quelque 500 Corses assistent au congrès fondateur. Mossa Palatina établira des relations avec d'autres partis de droite en Europe, et veut essayer de rassembler les mouvements régionalistes et autonomistes, de préférence au niveau européen. En tout cas, ses ambitions sont impressionnantes.

Un vent différent semble également souffler sur la Corse par rapport au vent de gauche issu de la révolte de mai 68. Cette page semble désormais tournée. Il faut attendre les premières élections en Corse pour voir si ce vent nouveau va s'imposer.

samedi, 16 septembre 2023

Parution du numéro 67 de War Raok

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Parution du numéro 67 de War Raok

EDITORIAL 

Union dans l’action et dans les esprits   

La situation actuelle de la France nous autorise à esquisser quelques sourires moqueurs, et nous ne sommes pas, nous Bretons, les seuls à regarder notre plus proche voisin sombrer lentement, s’affaiblir et devenir de plus en plus effacé face aux nouveaux grands de ce monde ! Quand on est faible et que l’on veut se faire passer pour puissant on prend un air vaniteux, on se montre même prétentieux, on mène des opérations de prestige qui prennent malheureusement des proportions tout à fait pathologiques. L’État français en est coutumier depuis plusieurs années et, dépité, il souffre d’un besoin névrotique de grandeur. Conscient de l’artifice de son existence, il se croit dans la nécessité de provoquer un sentiment de supériorité autour de ses réalisations qu’il qualifie de grandioses… et, comme d’habitude, il sombre dans un ridicule assez douloureux !

Oui, le bateau France prend l’eau ! Nous, Bretons, pourrions nous réjouir de ce déclin, de cette déliquescence, nous ravir de voir le pays des « Droits de l’Homme », pays qui nie l’existence de notre peuple, de notre nation, ce pays qui nous prive de nos libertés et de nos droits nationaux, qui embastille les peuples basque, corse, catalan, flamand, alsacien, occitan… se perdre et s’abîmer. Eh bien non. Laissons notre voisin gérer son naufrage et les problèmes qu’il s’est créés, pensons à notre Bretagne, épargnons à notre peuple les cruels événements qui font entrevoir l’abîme et arrêtons une gangrène qui se profile inéluctablement.

Faut-il quitter le bateau ? La réponse est évidente ! La société française est malade, touchée et faussée dans ses assises… Alors sauvons la Bretagne. Mais pour cela, un minimum d’unité, d’union politique devient une question de vie ou de mort. Les Bretons, dans leur grande majorité, s’en rendent compte par moments, pour retomber tout de suite après dans leur individualisme, faute d’une certitude qui devrait les engager et déterminer leur conduite. Pourquoi leur « mauvaise conscience » n’est-elle pas devenue conscience et conscience opérante ? Pourquoi les appels à l’union sont-ils restés sans prise sur les partis bretons ?  Pourquoi l’impératif de l’union des forces politiques bretonnes n’a-t-il trouvé, sur peu de plan, les instruments aptes à faire valoir son exigence et à entraîner la Bretagne sur la voie de l’émancipation ?

Les raisons sont multiples. Tout d’abord, l’union n’a pas trouvé son instrument « intellectuel ». Union ne signifie pas juxtaposition, ni alignement comme le souhaiteraient certains, mais synthèse, analyse permettant de découvrir, pour chaque élément de la réalité bretonne ainsi dénombrée, le coefficient permettant de le situer suivant son poids spécifique et de reconstituer cette réalité dans ses articulations concrètes. Attention toutefois à ne pas s’épargner l’effort d’identifier le meilleur point d’application en vue des buts à atteindre.

L’union n’a pas trouvé non plus son instrument « moral ». Dans cette carence, l’intelligence a sa part de responsabilité. On se satisfait bien souvent d’une fausse analyse et l’on finit par se contenter de programme approximatif aux dépens non seulement de l’efficacité mais aussi du caractère. On accepte toute abdication d’une véritable pensée nationaliste devant les raccourcis dialectiques de l’action… La cohérence entre la pensée et l’action se trouve ainsi compromise ce qui désarme les consciences et les livre au désarroi. Il faut, une fois pour toute, mettre à l’écart, se débarrasser et dénoncer les sectaires, idéologues, imposteurs et autres arrivistes qui s’opposent constamment à toute initiative d’union ainsi que leurs travers pernicieux. Ces gens ne travaillent malheureusement pas pour la Bretagne !

Enfin, l’union n’a pas trouvé son instrument « politique », c’est-à-dire avoir une vue d’ensemble de tous les éléments de la vie nationale bretonne permettant de les articuler suivant leur importance et leur conformité aux intérêts du peuple breton.

Pour conclure, une véritable union nationale bretonne se doit de faire la part du présent et de l’avenir, assurer, à travers les nécessités, la sauvegarde des intérêts permanents de la Bretagne, tels qu’ils sont déterminés par son histoire, sa géographie et par les valeurs mûries dans sa civilisation.

Padrig MONTAUZIER.

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SOMMAIRE WAR RAOK N° 67

Spécial été : 52 pages

Éditorial, page 3

Buan ha Buan, page 4

Géopolitique : Conflit en Serbie et au Kosovo ?, Page 13

Notre Europe :L’Europe, la mort ou la capitulation, page 15

Tribune libre : L’activisme écologiste et utopique..., page 17

Billet d’humeur : La “substitution ethnique" dans la société fluide, page 19

Société : Un enseignement enraciné, page 20

Religion : Christianisme orthodoxe et chrétienté celtique, page 22

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton, page 24

Histoire : Géopolitique de la Bretagne, page 29

Symbole sacré : La roue celtique, page 33

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Tradition : La tradition indo-européenne chez les Celtes, page 35

Plantes et santé : Ti al louzoù … aujourd’hui, page 37

Terre de Celtie : Cornouailles : une identité celtique qui perdure, page 39

Civilisation celtique : Littératures écrites et orales des civilisations celtiques, page 44

Nature : Les sauterelles, Grillons, criquets, courtilières, page 47

Lip-e-bav : L’artichaut breton farci, page 49

Keleier ar Vro : La Bretagne défigurée, page 50

Bretagne sacrée : Les rochers sculptés de Rothéneuf, page 51

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vendredi, 12 mai 2023

Aet eo Dominique Simonpierre Delorme d’an anaon

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Aet eo Dominique Simonpierre Delorme d’an anaon

 

Voici un texte de Philippe Jouët en hommage à son ami Simonpierre Delorme décédé le 7 mai 2023

E koun DSD

Kile ker. Comme tu le sais, l’éloge funèbre est un genre passé de mode, et qui se ramène bien souvent à un tri entre ce qui peut être dit, et ce qui est moins recommandé, ou est censé ne pas l’être. Or, cinquante ans de fréquentation forment comme une ambiance où les menus événements ont autant de résonance que les grands. Ce lissage où l’on ne peut choisir, cela s’appelle l’amitié. Tu comprendras aussi que j’aurais du mal à évoquer ces moments de ma vie familiale auxquels tu as été associé, présence dont je te remercie. Tu m’excuseras de n’en pas parler.

Je retrouve ces lignes, que tu avais écrites pour la mort du militant breton Jean Kergren, et je les recopie délibérément : « Il y a dans la préface de la pièce Ar Baganiz « Les Païens », de l’écrivain brestois Tanguy Malmanche, une phrase qui dit : « Il y a en tout Breton du prêtre, du maître d’école et du gendarme ; du prêtre, parce qu’il croit volontiers à l’incompréhensible, du maître d’école, parce qu’il aime à faire partager aux autres sa croyance, et du gendarme, parce qu’il a dans sa façon de l’exprimer quelque chose de péremptoire. » Voilà qui aurait pu assez bien s’appliquer à ta personne, à condition de prendre ces figures pour des métaphores d’autrefois. Ta religion, ce fut d’être fidèle à la pensée quand elle est droite, à la parole quand on la croit juste, à l’action quand on la juge bonne, sans renier la part qui nous dépasse dans le mystère de la vie. Ton école, ce furent, entre autres activités, des cours de breton dispensés souvent à pas d’heure, et sans compter. Quant au péremptoire, il était de facture FLB, c’est tout dire, et la rigueur se faisait sentir, disons à point nommé, et avec passion, comme lorsque certains contradicteurs étalaient leurs préjugés fransquillons sur les sujets qui nous rassemblent : nos langues ethniques, l’Alsace-Moselle, que tu affectionnais, l’idéologie française que nous avons ensemble décortiquée au fil des discussions, et l’Europe comme grand-peuple et unité de civilisation, contre les États-nations, machines à broyer les identités. Tu étais capable de te fâcher tout rouge contre le mur de l’imbécillité hexagonale, de quelque côté qu’en soient les mauvais ouvriers. Je dis bien : de quelque côté.

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Simonpierre Delorme était animé par l'idée d'une Europe aux cent drapeaux. Le voici, en ses plus jeunes années, à Dixmude lors du festival annuel du mouvement flamand, avec le drapeau Gwenn ha Du.

L’Europe ? Il n’était pas facile, sans doute, de se rattacher à une souche culturelle évidente dans ces années d’après-guerre qui voyaient partout se propager le grand reniement des patrimoines, la honte de soi inculquée par les maîtres de l’heure, le bouleversement des mœurs et des coutumes, qui s’est accru comme l’on sait par la suite. Double choix risqué : une patrie ethno-culturelle, conception établie par nos anciens, et une grande aire partagée : l’Europe aux cent drapeaux. Et l’idée de passer de la théorie à la pratique, culturelle, politique, activiste.

Cela se fit, dans ton cas, avec le secours providentiel de tes séjours brestois – Mil meuriad houl a goumoul du / a blav hevelep a bep tu… – , et par ta rencontre avec Jacqueline Duval, de Brasparts, ton épouse. Je me souviens de son attention constante, de l’expression réprobatrice qu’elle prenait lorque tu disais une bêtise, a c’hoarveze a wechoù ganez, sage rappel à la mesure. Il y a quelques années, l’occasion s’étant présentée d’une façon plaisante, cela me vint sur le coup : « J’entends la voix de Jacqueline qui te dit : « Oh, mais enfin… ». À cette évocation spontanée, nous fûmes bien d’accord que les morts sont là et vivent d’une certaine façon à nos côtés.

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Les "belles histoires de l'Oncle Simonpierre" qui communique sa passion des abeilles et de l'apiculture aux enfants des écoles.

Je n’évoquerai pas les nombreux amis, les vrais, les moins vrais, qui gravitaient autour d’activités bretonnes qui t’étaient tombées sur les épaules et que tu avais assumées. Ce fut l’occasion de nombreuses rencontres, certaines fructueuses. Par exemple nous n’oublierons pas que ce sont nos cours de breton qui ont aidé dans sa quête le lexicographe et éditeur Martial Ménard, et d’autres, ce qui confirme la sentence : « La raison dit non, la volonté dit oui. » Quand aux amitiés proprement françaises qui purent se tisser ici et là, elles n’effacèrent jamais les principes fondamentaux. « Nous refusons tout succursalisme », fut une de tes formules. Quand je te l’ai rappelée il y a peu, tu ne te souvenais pas qu’elle était de toi (« Moi, j’ai dit ça ? »), mais tu la trouvas très bien.

Contacts avec des amis flamands chaleureux et attentionnés, avec des Basques et des Corses ainsi qu’avec des Ukrainiens, qui dans leur exil combattaient alors le système soviétique, ces années soixante-dix et quatre-vingts furent une transition, entre les sociétés encore stables du début du XXe siècle et la grande confusion actuelle. Peu importe. Ce qui reste vrai, ce sont les paroles d’un ancien, que « la plus haute politique est de sauver et de servir la nature de son peuple ».

De cela, il est résulté aussi une famille bretonnante que nous avons vue croître, dont les rameaux raniment ou restaurent cet esprit du pays, Spered ar Vro, qui devrait animer tout Européen en chaque cercle d’appartenance, où qu’il se trouve. Comme tu te plaisais à le dire : « L’innovation d’aujourd’hui, c’est la tradition de demain ».

Kenavo, keneil, ra vo digor dit porzh inizi Kornôg, lec’h ma vod an Eneoù e Gwerelaouenn hon Gwenved.

P. J.

Une messe sera célébrée en l’église de Saint-Léger en Yvelines le Mercredi 17 Mai à 10 heures 30. L’inhumation aura lieu le Vendredi 19 Mai à 15 heures 30 au cimetière de Brasparts.

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Brasparts, la commune bretonne où Simonpierre Delorme trouvera sa dernière demeure. Elle est dominée par un "Mont Saint-Michel" particulièrement impressionnant.

mardi, 09 mai 2023

Helgoland - une île allemande aux temps forts et tragiques

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Helgoland - une île allemande aux temps forts et tragiques

Source: https://www.unzensuriert.at/177596-helgoland-eine-deutsche-insel-mit-grossen-und-tragischen-zeiten/?utm_source=Unzensuriert-Infobrief&utm_medium=E-Mail&utm_campaign=Infobrief&pk_campaign=Unzensuriert-Infobrief

Bien que l'île ne mesure qu'un peu plus de quatre kilomètres carrés, une grande fascination émane de Helgoland.

Poésie sur la mélodie de Joseph Haydn

Deux circonstances ont fait de cette minuscule île un mythe : Hoffmann von Fallersleben y a écrit en 1841 le "Chant des Allemands". Mis en musique par le quatuor impérial de Basse-Autriche Joseph Haydn, il établit depuis lors la relation émotionnelle de tous les Allemands "de la Meuse à la Memel, de l'Adige au Belt" et au-delà.

Une importance stratégique

L'histoire de l'île commence il y a 250 millions d'années, lorsque le fond de la mer a commencé à se soulever dans la région, faisant émerger des eaux une vaste plaine plate avec une petite montagne de grès bigarré.

Comme tout le nord de la Frise septentrionale, c'est-à-dire la partie nord-ouest de l'actuel Schleswig-Holstein, Helgoland était sous la couronne danoise à partir du 12ème siècle. Dans leur lutte contre Napoléon, les Britanniques ont compris l'importance stratégique de l'île et l'ont prise. Avec le "Traité sur les colonies et Helgoland", ils cédèrent l'île au Second Empire allemand en 1890.

L'île résiste aux explosions

Mais les Britanniques sont revenus : avec 7.000 bombes sur les 1,9 kilomètres carrés de terre habitable. La Grande-Bretagne occupa Helgoland pendant la Seconde Guerre mondiale et conçut le plan de détruire le "porte-avions insubmersible" en mer du Nord.

En 1947, 6.700 tonnes de munitions de la Seconde Guerre mondiale ont explosé lors de l'opération "Big Bang". Et les bombardements se sont poursuivis sans relâche par la suite. Mais l'île a résisté à la volonté de destruction des Britanniques - et est devenue un mythe.

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Retour en Allemagne

Comme un château fort, l'île a résisté à la plus puissante explosion non nucléaire de l'histoire de l'humanité. Elle a beaucoup souffert, 70.000 mètres carrés ont été engloutis par la mer. Mais elle reste debout. Comme si elle avait dû défendre un bien précieux : en tant que berceau du chant qui unit tous les Allemands, c'est un trésor idéel que nous associons à Helgoland.

Lui aussi a beaucoup souffert, mais il est vivant. Et la petite île, qui n'est revenue à l'administration allemande qu'en 1952 grâce à l'audace admirable de quelques Allemands, a défendu ce bien comme un château fort, donnant ainsi à la postérité l'ordre de le préserver.

Nouvelle publication des Eckartschriften

C'est à cette belle métaphore que Fred Duswald rend hommage dans le dernier Eckartschrift. Avec rapidité et humour, il nous emmène sur l'île d'Helgoland. Amoureux de son propre pays, il peint une fresque colorée qui invite à la visite et à la détente.

Il parle du pays et de ses habitants, de l'histoire et des histoires, des hauts et des bas, sur la base d'un travail minutieux sur les sources - et toujours avec une confiance bienfaisante. Vous pouvez commander le livre ici: https://marktplatz.oelm.at/produkt/eckartschrift-252-helgoland-wiege-des-liedes-der-deutschen/

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vendredi, 05 mai 2023

Balade folciste dans le Cantal

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Balade folciste dans le Cantal

par Georges FELTIN-TRACOL

Plus étendue que la Slovénie, la région Auvergne – Rhône-Alpes (69.711 km²) comprend la Métropole de Lyon et douze départements qui couvrent un territoire des Alpes à une large part du Massif Central. Situé au Sud-Ouest de cette entité administrative, mais au sein d’un vieil ensemble montagneux complexe, le Cantal est son département le moins peuplé (environ 150.000 hab.).

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À l’écart des principaux axes de communication routière, ce territoire mériterait d’être mieux connu des Français et des Européens. Les flancs des Monts du Cantal, une imposante structure volcanique éteinte d’Auvergne d’une superficie de 2500 km², constituent des châteaux d’eau naturels. Au pied de ses principaux sommets – le Plomb du Cantal (1855 m d’altitude), le Puy Mary (1783 m) ou le Puy Griou (1690 m) – se présentent de vastes entailles géologiques creusées par les glaciers qu’occupent des vallées (Cère, Jordanne, Alagnon, Doire, etc.) d’accès difficile entrecoupées de plateaux, d’origine basaltique, plus ou moins élevés appelés « planèzes ».

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La disposition centrale du volcan géant endormi organise au fil des ères géologiques divers bassins marneux et d’autres plateaux, cristallins ceux-là. Dans sa périphérie, on trouve au Nord-Ouest le commencement du plateau limousin des Millevaches, au Sud-Ouest la mystérieuse et attachante Xaintrie, au Nord-Est, le très âpre plateau basaltique du Cézallier aux paysages steppiques (que partage aussi le département du Puy-de-Dôme) et au Sud-Est, les débuts de l’Aubrac riche en monuments mégalithiques, et l’horst (soulèvement d’une partie de la croûte terrestre) faillé de la Margeride qui relève aussi des départements de la Haute-Loire et de la Lozère. Très faiblement peuplé pour cause de conditions de vie rudes, en particulier en hiver long de six à sept mois, la Margeride recèle une forte radio-activité naturelle, car riche en uranium.

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Tome et cantalès

Le département éponyme englobe ce massif volcanique. De 5741 km², il garde son caractère paysan. Distant à vol d’oiseau de 550 km de Paris et à 631 m d’altitude, son chef-lieu, Aurillac (25.700 hab.), bénéficie de la proximité d’une aire traditionnelle d’élevage et de la culture vitale de la châtaigne, la bien nommée Châtaigneraie. On pratique sur les pentes une polyculture céréalière vivrière quand les champs ne servent pas à la belle saison à l’estive du bétail.

Dans le patois local d’origine occitane, le cantalès désigne le responsable des vachers qui travaillaient en altitude. La nuit venue, les vachers se réfugiaient dans des burons (maisons austères en pierre couvertes d’ardoise ou de lauzes). Souvent détruits ou disparus, certains d’entre eux sont toutefois restaurés et deviennent des auberges ou des chambres d’hôtes.

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Avec le lait de vache, les éleveurs fabriquent la fourme du Cantal, un fromage à pâte broyée et pressée. D’une hauteur cylindrique de 40 cm et d’un diamètre de 30 à 50 cm, ce produit rustique s’obtient par emprésurage. Le lait caillé est découpé, puis pressé, d’où on extrait le sérum qu’on émiette ensuite dans un moulin spécial. Pétri et salé, le cylindre moulé – la tome – se met dans une toile. Une fois démoulée, la tome passe à la cave où elle s’affine et est périodiquement frottée avant toute consommation.

Si dans l’histoire, le Cantal appartient à la Haute-Auvergne, les différences ne sont pas que géo-morphologiques avec sa voisine basse-auvergnate. Tandis que la Basse-Auvergne autour de Clermont-Ferrand pratique le droit coutumier d’origine germanique, la Haute-Auvergne suit le droit écrit d’origine romaine. Rome a d’ailleurs laissé des marques prédominantes. Avec Mauriac (3500 hab.), Saint-Flour (6500 hab.) est la seconde sous-préfecture du Cantal. Or Aurillac a longtemps dépendu du diocèse… sanflorain.

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Connu dès l’époque romaine en tant que Mons Indiciacum parce que la cité construite au sommet d’un promontoire rocher massif, permettait aux voyageurs de se repérer de loin, la ville doit son nom à Santi Flori, un ermite apôtre évangélisateur de l’Auvergne. Ce phare terrestre a été une place forte stratégique qui surveille la vallée du L’Ander. Érigée au cours du XVe siècle en pierre volcanique, sa cathédrale témoigne de l’attachement de sa population aux croyances populaires catholiques affirmées. Une anecdote historique veut que pendant les Guerres de Religion (1560 – 1598), un certain Brisson, consul du bourg aurait repoussé toute une troupe huguenote à grands coups de  hache ! Les archives signalent la présence dans la nef de la cathédrale aux XVIe et XVIIe siècles d’une Vierge noire. Les madones noires aux origines toujours énigmatiques sont nombreuses dans le Massif Central (Mauriac, Borée...).

Enracinement spirituel

Le fait religieux modèle le territoire. La ville d’Aurillac provient d’un site monastique près de la Jordanne bâti à la fin du IXe siècle par Saint Géraud. Mais Aurillac doit une certaine renommée à l’un des siens: Gerbert (vers 938 – 1003). Écolâtre formé à l’abbaye de Saint Géraud, puis en Catalogne et à Reims, le clerc Gerbert étudie diverses sciences dont les mathématiques. Conseiller écouté de l’archevêque reimois Adalbéron qui désire que la Francie occidentale intègre enfin le Saint-Empire romain germanique sans pour autant soutenir la candidature à la couronne des Francs du duc Charles de Basse-Lotharingie (ou de Lothier), l’oncle carolingien du défunt roi Louis V, Gerbert d’Aurillac contribue par ses conseils avisés auprès des Grands à l’élection en 987 du comte de Paris et duc des Francs, petit-fils d’un roi des Francs, Hugues Capet. Un bel exemple d’hétérotélie qui empêche la renovatio de la res publica, soit le renouvellement de l’État impérial ottonien!

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Promu à son tour archevêque de Reims en 991, il réussit une réforme ecclésiastique qui le conduit à prendre en 998 la tête du diocèse de Ravenne. Le 2 avril 999, il devient souverain pontife sous le nom de Sylvestre II. Son court pontificat combat fortement la simonie.

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Non loin de Saint-Flour aux portes de la Lozère, le viaduc ferroviaire de Garabit franchit la vallée de la Truyère. Premier ouvrage métallique érigé en France, ce pont-rail indispensable pour la liaison Clermont-Ferrand – Béziers a été conçu par l’ingénieur Léon Boyer et construit entre 1882 et 1884 par Gustave Eiffel. Le viaduc montre l’excellence du savoir-faire français. À 122 m de hauteur du cours d’eau, un pont long de 564 m repose sur cinq piliers implantés sur les deux rives.

Par-delà son folklore qui s’efface peu à peu des mémoires, de son relief majestueux et d’un patrimoine en voie de disparition, le Cantal tend vers une indéniable transcendance matérialisée par les contours du département. On y devine le pendentif porté par les membres de l’Ordre de la Toison d’Or, cette confrérie chevaleresque à vocation européenne fondée à Lille en 1430 par le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, dans l’espoir de renouer avec l’esprit héroïque des Croisades. Ce n’est pas une coïncidence si la forme de ce département fait penser à cet honneur qui engageait à vie son détenteur.

Dans l’inextricable trame à venir de la méta-histoire, il est fort probable que le département du Cantal inscrit au cœur orographique du Massif Central joue un rôle non négligeable.

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C’est sur ces terroirs altiers, hauts lieux telluriques sanctifiés par de mystérieuses statues virginales que convergent le feu des volcans et l’eau des sources, parfois brûlantes (Chaudes-Aigues), la terre des forêts et l’air. Une éventuelle topogenèse (ou développement spirituel d’un lieu) peut y surgir à condition que surgisse un processus original de « passionarité » (Lev Goumilev), c’est-à-dire qu’une population, native ou non, choisisse d’y couler, d’y fondre, d’y tremper sa mentalité. Les divers paysages du Cantal reflètent en effet un aspect archaïque certain, mais la présence du chef-d’œuvre de Garabit représente aussi une nette incursion futuriste. L’isolement de ces contrées en fait finalement des havres propices à l’implantation pérenne de bases autonomes auto-suffisantes, de cantalès matériels pour des êtres différenciés, des bastions d’une survie personnelle et d’une reconquête collective.

GF-T

  • D’abord mis en ligne sur Les lansquenets d’Europe, le 25 avril 2023.

 

mercredi, 15 mars 2023

Parution du numéro 66 de la revue War Raok

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Parution du numéro 66 de la revue War Raok

EDITORIAL 

Il faut oser affronter l’État français et son ministère de l’Éducation coloniale

De plus en plus de voix s’élèvent pour que soit enseigné, de façon officielle, l’Histoire de la Bretagne aux jeunes élèves bretons. Un enseignement obligatoire et non pas une certaine « liberté pédagogique » des enseignants qui consiste à enseigner l’Histoire de France à travers des exemples locaux afin d’agrémenter et embellir le programme ! Voilà le subterfuge, l’échappatoire du ministère français de l’Éducation nationale pour ne pas intégrer officiellement l’Histoire de la Bretagne dans tous les programmes scolaires. Une fidélité aux règles intangibles imposées par les Grands Maîtres de l' Éducation nationale depuis le 19ème siècle.

La République française a choisi de laisser les enfants bretons dans l’ignorance de leur Histoire

Cette Histoire de la nation bretonne, véritable roman national au cœur de notre identité, serait-elle si sulfureuse pour que lʼÉtat français et sa belle République souhaitent la passer sous silence ? Une connaissance parfaite susciterait-elle une prise de conscience et éveillerait-elle soudain un désir d’émancipation au sein du peuple breton ?

Les motifs du refus d’enseigner cette grande Histoire du peuple breton se trouvent en fait dans ces deux interrogations ! Nos braves « Hussards noirs de la République française » ont bien flairé le danger et lorsqu’ils daignent évoquer notre Histoire, ils la falsifient et osent les pires contrefaçons. On va même user des pires arguments fallacieux et s’adjoindre la collaboration de piètres historiens nourris par des visions idéologiques peu recommandables.

Ainsi, on apprend que les Bretons tireraient leur origine des tribus gauloises qui occupaient l’Armorique avant notre ère. Que la langue bretonne serait un miraculeux échantillon conservé de la langue que l’on parlait dans toute la Gaule… et donc que les Bretons seraient ainsi deux fois Français, puisque descendants directs des grands guerriers blonds aux yeux bleus, que la mythologie officielle assigne pour aïeux lointains à l’ensemble des hommes qui habitent entre l’Atlantique, le Rhin et les Alpes.

La vérité est toute autre messieurs. Le berceau historique de notre ethnie est l’Île de Bretagne, où vivaient entre autres peuples, des hommes qui parlaient une langue apparentée à celle des Celtes continentaux et qui possédaient un type physique assez différent.

Peu à peu refoulés vers l’Ouest suite aux diverses invasions, ils ne parvinrent à se maintenir que dans les deux péninsules occidentales de l’Île : le Pays de Galles et la Cornouailles où leurs fils habitent encore. Étaient-ils trop nombreux pour ces territoires ? Toujours est-il qu’ils se mirent à émigrer vers l’Armorique toute proche. L’Armorique ainsi repeuplée devint la Bretagne.

On voit déjà combien, par cette brève première partie de notre Histoire, les débuts de la Bretagne la font différente de la France et l’erreur que l’on commettrait en l’assimilant à une quelconque et vulgaire province française.

La suite de son histoire ne fit que creuser le fossé qui séparait la Bretagne, dès l’origine, de ses voisins de l’Est ! A peine établis en Armorique, les Bretons durent lutter contre les assauts successifs des Francs et repousser les multiples tentatives d’invasion pour sauvegarder leur liberté. Du point de vue historique, une chose est certaine, et personne ne le niera, la Bretagne vécu indépendante pendant de très longs et heureux siècles. Je ne vous ferai pas l’histoire de cette glorieuse période où les souverains bretons donnèrent au pays une prospérité remarquable et où les autres nations regardaient avec envie ce petit peuple européen actif et entreprenant.

L’État français et sa République n’ont eu de cesse de répéter aux Bretons qu’ils n’avaient pas d’Histoire ! Il nous faut maintenant mettre un terme à cette politique bornée où se mêlent peur et méfiance, mais aussi totalitarisme et négationnisme culturel piliers jacobins de l’Éducation nationale française.

Il faut abattre cette féodalité.

 

Padrig MONTAUZIER.

 

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Sommaire War Raok n°66

Buhezegezh vreizh  page 2

Editorial page 3 (Padrig Montauzier)

Buan ha Buan page 4 (Julien Dir, Yann Vallérie)

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Europe

Réflexion sur l’identité européenne page 10 (Enric Ravello)

Tribune libre

L’Occident a tendu un piège perfide aux Russes ? Page 12 (Peter G. Feher)

Histoire

Deux peuples, deux destins page 14 (Fulup Perc’hirin)

Politique

Immigration : la prochaine étape du libéralisme page 17 (Enric Ravello Barber)

Hent an Dazont 

Votre cahier de 2 pages en breton page 18 (Tepod Mab Kerlevenez/Eostig Pont-Eon)

Solidairté Kosovo

Le convoi de Noël, contre vents et marées page 23 (Goulc’hen Danio de Rosquelfen)

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Plantes et santé

L’herboristerie… et le pouvoir des plantes page 25 (Jérôme Marchin)

Civilisation celtique

Littératures écrites et orales des civilisations celtiques page 27 (Fulup Perc’hirin)

Nature

Le ver de terre page 31 (Per Manac’h)

Lip-e-bav

Soupe de poisson à la bretonne page 33 (Youenn ar C’heginer)

Keleier ar Vro

Le Gwenn ha Du de l’Hôtel de ville de Saint-Nazaire page 34 (Meriadeg de Keranflec’h)

Bretagne sacrée

Le dolmen de la Roche-aux-fées  page 35 (Per Manac’h)

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samedi, 11 février 2023

Didier Patte est mort - La Normandie perd un grand Normand

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Didier Patte est mort

La Normandie perd un grand Normand

par Georges FELTIN-TRACOL

Né le 1er janvier 1941, Didier Patte s’est éteint le 5 février dernier dans sa 82e année. Ses obsèques se dérouleront le lundi 13 février à Vatteville-la-Rue. Il est recommandé que pendant ce moment solennel se déploient maintes bannières des pays de France et d’Europe. Les drapeaux normands aux deux léopards ou à la croix scandinave jaune de saint Olaf accompagneront le défunt dans son ultime voyage. Il s’agit, par-delà la peine et le chagrin de ses proches (son épouse Michèle, leurs sept enfants – quatre filles et trois garçons – et leurs dix petits-enfants), de saluer une dernière fois un grand Normand.

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Professeur d’histoire-géographie qui a enseigné à l’université, Didier Patte privilégiait le Moyen Âge et tout particulièrement la vie et l’œuvre du duc Guillaume, futur roi conquérant d’Angleterre. Jeune sympathisant du Cercle Patrie et Progrès de Philippe Rossillon qui développait une interprétation hétérodoxes des débuts de la présidence de Charles De Gaulle et qui prendra ensuite la forme d’un surprenant national-gaullisme de gauche, Didier Patte anime dans les années 1960 la Fédération des étudiants de Rouen (FER), partie prenante de la FNEF (Fédération nationale des étudiants de France), la rivale oubliée de la gauchiste UNEF (Union nationale des étudiants de France).

À la tête d’un groupe de pression tenace

À l’aube de sa vie professionnelle, il se détourne néanmoins du militantisme politique et choisit d’influencer les élus. Il considérait que « le MN […] entend agir en profondeur sur la mentalité normande (1) ». Il se préoccupe vite de la réalité normande à une époque où l’ancien duché se trouve divisé en cinq départements. Il faut y inclure les Îles anglo-normandes (Jersey, Guernesey, Sercq, Lihou, Herm et Jéthou) en dépendance directe de la Couronne britannique. Leurs lois sont toujours régies par le droit coutumier normand enseigné à Caen.

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Didier Patte rencontre très tôt d’ardents défenseurs de ce patrimoine: Jean Mabire et Pierre Godefroy, député gaulliste de la Manche. Le trio se lance d’abord dans une Union pour la région normande (URN). Puis c’est la fondation à Lisieux, le jour de la Saint-Michel, le 29 septembre 1969, le Mouvement de la Jeunesse normande (MJN) avec des éléments de la FER et de l’URN . Deux ans plus tard, il prend son nom définitif de Mouvement Normand (MN).

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Didier Patte aurait été un excellent ministre de la Décentralisation, des relations avec les collectivités territoriales et de l’Aménagement du territoire. S’il critiquait la nocivité de l’hypertrophie parisienne – francilienne et la toxicité d’un personnel politique plus prompt à se servir des Normands qu’à les servir, il avançait toujours des solutions de bon sens. Président du MN jusqu’en 2016, il laissa volontiers sa place à Emmanuel Mauger.

Homme de convictions et de plume, il participa à une myriade de publications (Haro ou Sleipnir) dont les deux fleurons demeurent L’Unité normande et Culture normande. Il animait l’ODIN (Office de documentation et d’information de Normandie) et les Éditions de l’Esnèque. Il s’investissait dans les Éditions d’Héligoland et dans une Web-télé, TVNC. Sa seule ambition était le bien commun de la Normandie envers et contre les prébendiers de la division et les administrations parisiennes qui se moquent des terroirs normands. De 1972 à 2015, le MN, Didier Patte en tête, ferraille avec ténacité contre la division artificielle de la Normandie. Si la Seine-Maritime et l’Eure forment la Haute-Normandie, le Calvados, la Manche et l’Orne constituent la Basse-Normandie. Les tenants des deux « demi-régions » justifient cette scission par l’existence de deux villes principales, Rouen et Caen (en oubliant Le Havre). Ne cessant d’œuvrer contre cette mutilation géo-administrative absurde, Didier Patte propose une répartition équitable et raisonnée des institutions régionales entre les trois villes (la préfecture régionale à Rouen, le conseil régional et son exécutif à Caen, l’union des ports du Havre, de Rouen et de Paris, la Chambre régionale de commerce et d’industrie, et la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement au Havre). Ami du centriste Hervé Morin, l’actuel président du conseil régional de Normandie, il a siégé à plusieurs reprises au Conseil économique, social et environnemental régional de Haute-Normandie, puis de la Normandie au titre de militant syndicaliste, puis en tant que personnalité qualifiée.

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Le régionalisme tranquille

La réforme administrative territoriale de 2015 qui réduit les vingt-deux régions métropolitaines en treize est, malgré de réelles imperfections telles le Grand Est ou la Nouvelle-Aquitaine, l’une des très rares réalisations positives du quinquennat de François Hollande. Didier Patte a eu la chance et le bonheur d’assister à la réunification de la Normandie même si sa dimension historique n’est pas atteinte en raison du caractère exceptionnel. Il se félicitait de cette réunion et dénonçait violemment certains responsables locaux favorables à l’intégration de la vallée de la Seine dans une Île-de-France élargie et à l’addition de la Basse-Normandie à la Bretagne. Il éprouvait néanmoins un scepticisme certain envers la viabilité des régions Bourgogne – Franche-Comté et Auvergne – Rhône-Alpes; l’un des rares points de divergence avec l’auteur de ces lignes. Il considérait en effet que la faisabilité d’une région reposait, à l’exception de la région-capitale, sur la coordination de cinq départements. Ainsi soutenait-il l’entrée de la Loire-Atlantique dans la région Bretagne et applaudissait-il l’union du Nord – Pas-de-Calais et de la Picardie, nonobstant sa nouvelle appellation « Hauts-de-France » qu’il aurait volontiers remplacées selon la longue durée historique par « Pays Bas français ». Son approche dépassait enfin la querelle stérile entre départementalistes et régionalistes. Pour lui, le département, subordonné à la région, avait une vocation sociale tandis que la région s’occuperait mieux de l’économie et des transports.

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L’intérêt pour l’histoire médiévale n’empêchait donc pas « Guillaume               Lenoir », son pseudonyme, de suivre avec intention la vie politique normande. Il épluchait les différentes éditions locales de la presse régionale et en faisait des synthèses époustouflantes. Il regrettait que les services de l’État avec la complaisance (et/ou l’incompétence) de certains acteurs politico-économiques, insistent sur une soi-disant Normandie « utile » (l’axe séquan Paris – Rouen – Le Havre) et se détournent d’une Normandie « périphérique » reléguée dans la désertification et la marginalité. Ses mises au point régulières rappelaient aux élus leur devoir d’aménageurs réfléchis du territoire.

Fondateur et premier président des Amis de Jean Mabire de 2001 à 2007, Didier Patte exprimait un régionalisme serein. Il souhaitait amplifier la décentralisation et la tendre vers une véritable régionalisation. La région était à ses yeux la clef de voûte de la nouvelle architecture administrative nationale. Cette organisation impliquerait le transfert de certaines compétences (santé, éducation et culture) vers les régions qui bénéficieraient d’une redistribution équitable de la fiscalité. Estimant le fédéralisme en France hypothétique, il pourfendait autant les héritiers du centralisme parisien que les partisans du séparatisme régional. Il ne cessait d’affirmer que la Normandie est « terre de France ». Par son histoire, son peuple, ses parlers locaux de langue d’oïl et ses paysages, elle offre cependant aux horsains (aux non-Normands) la faculté d’acquérir l’état d’esprit normand. Le premier président du Sénégal (1960 – 1980), Léopold Sédar Senghor (1906 – 2001), n’a-t-il pas vécu ses derniers années en Normandie à Verson (Calvados) ? Lui aussi déplorait la séparation factice. Didier Patte avouait volontiers que l’identité normande est « plus spirituelle que populaire (2) ».

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La Normandie, terroir français et européen

À l’encontre de bien des régionalistes, autonomistes et indépendantistes de l’Hexagone, Didier Patte n’approuvait pas la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Il contestait l’absence de distinction entre « langues enracinées » et « langues minoritaires (ou communautaires) ». Qu’elles soient d’origine romane, germanique, basque et celtique, les premières sont des langues de France. Les secondes (arabe, arménien, chinois, etc.) ne concernent que leurs locuteurs. Oui aux panneaux à Bayeux écrit en normand, mais pas en wolof ! 

Didier Patte récusait tous les sectarismes. Pour lui, sa chère Normandie se déploie par une riche présence dans l’histoire à travers le monde en y inscrivant ses facettes multiples: anglo-saxonne (il préférait plutôt le terme « anglo-normande »), scandinave, baltique, océanique (avec les familles normandes installées sur le Nouveau Monde en Nouvelle-France et à Saint-Pierre-et-Miquelon), est-européenne (avec l’aventure varègue sur le Dniepr, la Volga et le Dniestr) et méditerranéenne. Le médiéviste se souvenait encore de la Reconquista personnelle de Robert Guiscard et de son frère Roger de Hauteville qui s’emparèrent au milieu du XIe siècle de la Sicile où ils bâtiront un royaume tolérant envers les juifs et les musulmans, véritable contre-exemple à la supercherie multiculturaliste de l’Al-Andalus. Faut-il revenir sur le fait que le dernier descendant des Hauteville sera l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen ? Par ce lien inattendu mais pas anodin, l’esprit normand côtoie le principe impérial gibelin européen.

La Normandie vient de perdre un très grand serviteur. Souhaitons que les Normands les plus conscients de leur patrie charnelle poursuivent, développent et enrichissent son travail. Qu’ils s’en montrent dignes ! Quant à Didier Patte, il discute déjà avec Maît’Jean et Pierre Godefroy. Le trio normand s’est reformé !

Georges Feltin-Tracol  

Notes

1 : Mouvement Normand, Forum de discussion au sein de ses instances, Éditions d’Héligoland, 2007, p. 15, compte-rendu d’une réunion tenue à Bernay, le 3 février 2007.

2 : dans Le Courrier cauchois du 31 décembre 2015.

jeudi, 15 décembre 2022

Parution du numéro 65 de la revue War Raok

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Parution du numéro 65 de la revue War Raok

EDITO

Transformer le crépuscule présent en une nouvelle aurore

En ces temps perturbés et dans un contexte particulièrement trouble, face à l’arrogance et à l’indécence de certains grands prêtres, grands guides ou nouveaux ayatollahs de la terre brûlée plaidant en faveur de cette funeste et aberrante religion révolutionnaire qui consiste à faire du « passé table rase », nous devons plus que jamais affirmer notre attachement aux traditions et aux valeurs, fondements de nos sociétés bretonnes et européennes.

Si la tradition est un ensemble de représentations et de pratiques considérées comme indiscutablement vraies par le peuple qui s’y réfère, elle est également un trait culturel spécifique particulièrement chargé de valeurs. La tradition est intemporelle, incarnée et réalisée puisque, comme l’indique son nom, elle est transmission de principes. Un autre nom de la tradition est mémoire, à condition de ne pas entendre par là une fabrication imposée : un peuple sans mémoire, et plus encore un peuple sans souvenir, est un peuple sans âme.

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Elle ne s’oppose pas au « futur », au « progrès » ou au « moderne », elle les fonde. Les projets et les visées d’avenir sont des mises en perspective de traditions. La tradition touche aussi bien les attitudes mentales que les rites qui doivent demeurer immuables. Nos rites populaires sont un ensemble de coutumes dictées par notre tradition. Ils sont aujourd’hui soit réduits, par déculturation, soit neutralisés par muséification dans un ridicule folklore-spectacle pour touristes. Mais les traditions peuvent être régénérées ou réinventées même après une période d’apparente interruption. En fait, rien ne disparaît jamais, tout est soumis à la loi du changement et demeure susceptible de revenir. Une tradition peut être occultée, nous pouvons la manifester de nouveau. La tradition est un perpétuel recours.

Il nous faut donc refuser tout système de pensée que nous imposent les fanatiques idéologues nourris de la philosophie des « Lumières » : leur but est l’homogénéisation générale des peuples et par conséquent la destruction de tous référents communautaires. Nous refusons de voir l’âme du peuple breton remplacée par l’absence d’âme de ses plus mortels ennemis.

On ne peut pas évoquer la tradition sans y associer le concept de valeurs qui font qu’il n’y a pas de vie possible pour un peuple sans la reconnaissance et l’adoption d’un certain nombre de valeurs fondatrices. Elles ne s’appréhendent pas rationnellement mais dans le vécu d’une communauté ethnique. Des valeurs, qui ne se confondent pas avec des dogmes moraux imposés, mais sont essentiellement une attitude de vie. Il faut savoir lire, à travers la crise qui affecte notre Europe aujourd’hui, le déclin de cadres idéologiques déliquescents et la naissance de nouvelles valeurs, encore indistinctes, mais que nous devons formaliser selon les données immémoriales de nos héritages propres. Les peuples ont besoin d’un système de valeurs renouvelé, réinventé, qui puisse transformer le crépuscule présent en une nouvelle aurore.

Chaque peuple peut placer au-dessus de tout ses propres valeurs, tout en les considérant comme relatives, comme son bien propre et non comme celui de l’humanité tout entière.

Enfin, toute tentative de promouvoir des valeurs universelles est en fait un instrument du déracinement idéologique pour vider de leur substance les morales concrètes des peuples authentiques.

Nous pouvons être guidés dans ce choix de valeurs réelles par notre propre tradition culturelle.

Nous ne voulons pas être tenus pour responsables de la mort du peuple breton et de notre Bretagne. Aussi, nous devons avoir le courage de la résistance et de l’abnégation et convaincre autrui de la portée civilisationnelle de notre combat politique qui occupera obligatoirement l’ensemble des prochaines années à venir.

D’an holl ac’hanoc’h e hetan un Nedeleg laouen hag ur Bloavezh mat 2023.

Padrig MONTAUZIER.

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Sommaire War Raok n° 65

Buhezegezh vreizh page 2

Editorial page 3

Buan ha Buan page 4

Peuples d’Europe

Les Hellènes oubliés page 8

Billet d’humeur

Le nouvel opium du peuple page 9

Europe

La Suède détruit le cauchemar social-démocrate page 10

Environnement

De la mondialisation à la civilisation page 12

Tribune libre

Le destin français de l’Alsace, une tragédie page 14

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton page 19

Politique

Faut-il affirmer une dimension européenne ? Page 23

Histoire de Bretagne

Un point de vue politique (2ème partie) page 26

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Religion

Le sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray page 30

Histoire de Celtie

Les Culdee, Lug et Merlin page 31

Tradition

La San Esteban, la Catalogne et l’axe carolingien page 32

Civilisation celtique

Littératures écrites et orales des civilisations celtiques page 33

Nature

La lamproie page 36

Lip-e-bav

Filet mignon de porc au cidre et son confit page 37

Keleier ar Vro

La statue de Louis XIV dévoilée page 38

Bretagne sacrée

La chapelle Sainte-Barbe page 39

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dimanche, 24 juillet 2022

Parution du n°63 de War Raok

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Parution du n°63 de War Raok

EDITORIAL 

Nous n’avons jamais tant envie de sortir d’une maison que lorsque l’on y est enfermé de force  !

Le jacobinisme, fruit de la Révolution française, sévit impitoyablement sur ce pauvre Hexagone. D’autant plus dangereux qu’il se pare de toutes les qualités et vertus, et apparaît encore pour la grande majorité des hommes politiques français comme une nécessité ! Il est un des pires fléaux auquel il faut ajouter ce colonialisme exercé par l’État français, depuis l’avènement de sa belle Révolution, à l’encontre des peuples ethniques comme le peuple breton. Est-il utile de rappeler que cette Révolution française prétendant libérer le peuple du pouvoir absolu du Roi en rétablissait un autre encore plus absolu avec son système totalitaire.

La Bretagne qui, depuis la perte de son indépendance, jouissait d’une large autonomie, a vu, par un tour de passe-passe, ses libertés purement et simplement supprimées car assimilées à des privilèges. Dorénavant, il faut une Bretagne incolore, docile, soumise qui ne soit plus qu’une banale province française, que le reflet de cette France issue des Lumières.

On cherche ainsi à rendre les Bretons amnésiques et à effacer toute trace de souvenirs historiques ! Dans quelques temps plus tard on commettra sans vergogne, au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, les pires excès, les pires crimes. La France s’est faite par le fer, le feu et le sang reconnaissent volontiers les jacobins   et c’est pourquoi ils pensent qu’elle ne peut se maintenir que par la contrainte et la coercition. Ils n’ont pas compris que la contrainte engendre obligatoirement des réactions, légitimes et parfois violentes, et que l’on a jamais tant envie de sortir d’une maison que lorsque l’on y est enfermé de force. Ils ne se demandent jamais comment on peut être ou devenir autonomiste, souverainiste ou indépendantiste Breton, Corse, Flamand, Catalan, Basque...etc. Ils jugent et condamnent sans chercher à comprendre. Leurs actions néfastes n’ont que trop duré.

La France reste aujourd’hui le pays le moins évolué de toute l’Europe occidentale 

Depuis qu’ils sont au pouvoir, nos braves et indécrottables jacobins, épris de liberté, pratiquent en fait le centralisme démocratique. Sûrs d’eux, insensibles au temps qui passe, aux évolutions géopolitiques, ils demeurent immuables dans leurs convictions. Par leur aplomb, leur suffisance, ils donnent à leur République  une renommée usurpée. L’ « Une et Indivisible »  commence sérieusement à se fissurer, l’Europe des peuples sans État est en marche ! On entend des craquements dans la charpente vermoulue et fatiguée de l’édifice France aux fondations instables et mal assurées.

Jacobins, fanatiques « nationalistes » (les guillemets s’imposent car la France n’est pas une nation mais un État composé de nations) n’ont pas compris qu’en favorisant le nivellement, ils sont en train de creuser eux-mêmes leur propre tombe. Une véritable nation, un véritable peuple ne peuvent être qu’une communauté ethnique.

En fait les tenants de l’indivisibilité de la République française ne font-ils pas tout pour détruire leur République ? Ils se plaignent aujourd’hui ! Ils gémissent et pleurent même… Par leurs conceptions irréalistes et universalistes ils ont amené leur France à ce degré de dissolution et d’inconsistance que l’on connaît aujourd’hui.

Pour le peuple breton et les autres peuples embastillés dans la forteresse France, une émancipation s’impose et si l’ennemi reste encore aujourd’hui la République française, qui s’essouffle et qui n’engendre guère plus aucun enthousiasme, un nouvel ennemi menace et met en danger notre civilisation européenne et l’ensemble de nos peuples européens... Et contre cet ennemi-là nous devrons opposer un front résolu et sans faille.

Padrig MONTAUZIER

SOMMAIRE N° 63

Buhezegezh vreizh

Editorial

Buan ha Buan

Dossier Environnement

  • L’écologie pervertie au profit d’une idéologie politique
  • Les prédicateurs de la mondialisation
  • Génération Greta. Comment la peur de l’effondrement mobilise toute une société et ses médias
  • Éclairer la Bretagne. Sans indépendance énergétique pas d’autonomie économique !
  • En conclusion du dossier

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton

Politique

Quand les petits remplacements mènent au Grand Remplacement

Tribune libre

Nations et nationalismes : la grande confusion

Santé

De pauvres fruits et légumes

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Tradition

Le symbolisme du cerf

Civilisation celtique

Littératures écrites et orales des civilisations celtiques

Nature

Petit musicien de nos foyers : le grillon

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Lip-e-bav

Andouille de Guéméné poêlée et lapin au cidre

Keleier ar Vro

La longue affaire du Bugaled Breizh

Bretagne sacrée

Les cimetières marins

 

dimanche, 03 avril 2022

Asturies, mythologie et identité

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Un pays ignoré, un livre inconnu

Asturies, mythologie et identité

Compte rendu du livre de Cristobo de Milio Carrín: La Creación del mundo y otros mitos asturianos.

La création du monde et autres mythes asturiens

par Carlos X. Blanco, Professeur de philosophie (Ciudad Real)

Source: https://decadenciadeeuropa.blogspot.com/2022/04/un-pays-ignore-un-livre-inconnu.html

cristobo.jpgRésumé :

Nous proposons une critique de ce livre sur la mythologie asturienne, La Creación del Mundo, y otros Mitos Asturianos, où sont exposés les mythes du folklore asturien recueillis à la lumière de comparaisons avec la mythologie celtique et d'autres domaines. Carrin expose les survivances d'une ancienne religion européenne, répandue dans la zone atlantique, mais occultée par l'obsession espagnole pour tout ce qui tourne autour du latin et de la Méditerranée. Ils fournissent également des indices sur les raisons pour lesquelles les asturiens ignorent largement ces questions cruciales.

We offer a review of this book on Asturian mythology, La Creación del Mundo, y otros Mitos Asturianos where myths are exposed in Asturian folklore collected in the light of comparisons with Celtic mythology and other fields. Carrin exposes the survivals of an ancient European religion, widespread in the Atlantic area, but obscured by the Spanish obsession for all things around Latin and Mediterranean. Also provide clues about why asturianists largely ignore these critical issues

Un excellent livre

Le manque de temps, une substance fugitive, nous impose la restriction de n'écrire des critiques que sur des livres excellents. Si, en plus de l'excellence, nous ajoutons la condition d'être inconnu, inaccessible, peu fréquenté, nous nous trouvons devant ce que l'on peut sans doute qualifier de "trésor" (ayalga est le mot asturien qui vient à l'esprit). La création du monde et autres mythes asturiens, de Cristobo de Milio Carrín, est, sans aucun doute, l'un de ces trésors cachés, peu connus, qui méritent une plus large audience (Carrín, 2008). Un trésor, une ayalga.

Cristobo de Milio a travaillé pendant de longues années de silence et sans aucun soutien officiel ou académique (pour autant que je sache), à la rédaction d'un volume épais mais lisible consacré à la mythologie asturienne. L'édition, réalisée par l'auteur lui-même, est soignée et comporte quelques photographies dans ses pages centrales. La structure du livre en différentes parties, avec un résumé à la fin de chacune d'elles, ainsi que des conclusions et une bibliographie étendue, font de ce travail un objet précieux pour l'étudiant érudit de la mythologie, non seulement asturienne et péninsulaire, mais européenne en général.

Centré sur la mythologie asturienne, le livre de Cristobo est l'une des rares tentatives, je ne sais pas si c'est la première, visant à son interprétation au-delà de la vulgarisation. La mythologie asturienne est une grande inconnue, et ce sont les folkloristes des XIXe et XXe siècles qui ont tenté d'extraire un catalogue d'êtres féeriques des légendes populaires, de la tradition orale du peuple paysan.

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Dès l'époque du romantisme du XIXe siècle, le courant de la culture celtique a commencé à se répandre parmi les chercheurs les plus périphériques d'une Espagne qui se reconnaissait officiellement plus latine et méditerranéenne qu'atlantique. Comme on le sait, c'est en Galice que la culture celtique a attiré le plus grand nombre d'adeptes et que la production littéraire et savante celtique est encore assez abondante (Beramendi, 2007).

Celtisme et Covadonguismo.

Nous pouvons maintenant comparer la Galice à une Asturie qui est aveugle à elle-même, à ses propres sources ethnologiques et historiques, une Asturie victime du "Covadonguismo", c'est-à-dire victime d'une idéologie que ses propres élites propagent depuis de nombreuses années : que "les Asturies sont l'Espagne et le reste est une terre conquise", que les Asturies n'ont d'entité et d'importance historique et ethnologique que dans la mesure où elles ont dû être le "berceau" d'une nation espagnole pratiquement éternelle, préexistante dès la préhistoire et, bien sûr, en gestation dans cet étrange acte de Covadonga, au début du VIIIe siècle.

Parmi certains rochers féroces, on prétend que des Asturcantabriens non moins féroces, dirigés par un Goth et avec l'objectif de restaurer une monarchie gothique perdue au profit des Maures - une monarchie plutôt inamicale et éloignée des intérêts et des motivations des farouches montagnards asturiens - ont vaincu la plus grande puissance de l'époque, l'Islam. Ce n'est pas le moment de revenir sur la bataille de Covadonga, elle-même un mythe fondateur, bien que basé sur des événements réels. Mais il est important dans cette revue d'expliquer la raison du blocage du celtisme dans les Asturies et, par la suite, la raison de la méconnaissance du livre de Cristobo Carrín.

Covadonga, le Gesta ou mythe fondateur, est un mythe classique "des débuts", mais des débuts de quoi ? De la nation espagnole uniquement? Ce préjugé, cette idée non critique et neutralisante, l'idée d'une Espagne déjà préexistante au VIIIe siècle, et même renaissante à partir des précédents goths et romains, est ce qui a bloqué l'idée de Covadonga comme acte fondateur, comme "Mythe des commencements" d'une autre peuple, le peuple asturien sensu stricto. Le fait que les Asturiens aient en partie absorbé l'idée qu'"ils sont les Espagnols purs", a bloqué la recherche objective des racines celtiques des Asturiens qui, comme les Cantabres, les Galiciens et d'autres peuples du nord-ouest de la péninsule ibérique, sont partagés dans un continuum difficile à remettre en question du point de vue archéologique, ethnique, folklorique, etc.

Bien sûr, le celtisme du XXIe siècle est très différent de celui qui était défendu dans le passé. Aujourd'hui, il s'agit du sauvetage d'une civilisation, la civilisation celtique, qui était globale et large, et qui existait bien au-delà de la diversité des races et des ethnies que ce monde mental rassemblait. L'élément religieux et culturel est le plus remarquable de tous ceux qui l'ont caractérisé, bien que l'art, les armes, les sépultures et autres témoignages matériels ne fournissent guère de preuves complètes de l'univers mental des Celtes. Dans la péninsule ibérique, et plus encore dans le Nord-Ouest de celle-ci à l'époque préromaine et romaine (étant donné la latinisation superficielle de ces régions, même après l'arrivée des musulmans), nombreux sont ceux qui préfèrent parler de culture "atlantique", comme si le choix d'un terme géographique réduisait les connotations raciales indésirables - pour certains - qui sont généralement attachées au terme celte. Mais peu importe: plus personne n'accepte l'homogénéité raciale des peuples celtiques, et il n'existe pas de critère trop objectif pour indiquer le plus haut degré de "celtisme" d'un peuple.

Au siècle dernier, on a utilisé le critère de la survie linguistique: il n'y a pas de survie des langues celtiques dans la péninsule ibérique, a-t-on dit, comme dans les îles britanniques et en Bretagne, et par conséquent, l'astur, le cantabrique et le galicien seraient en dehors de cet univers mental. Il est aujourd'hui reconnu, au contraire, que le Nord-Ouest de la péninsule - dans son ensemble - était une région importante de la civilisation celtique. Les témoignages linguistiques, archéologiques, ethnologiques, etc. s'accumulent pour former une masse énorme que la romanité académique s'acharne inutilement à ignorer.

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Romanomanie

Nous appelons romanomanie (Carrín et Álvarez Peña, 2011) toutes les tentatives académiques, surtout archéologiques, visant à minimiser l'importance des cultures "indigènes" ou "préromaines" du Nord-Ouest de la Péninsule, et surtout des Asturies, mettant plutôt en évidence la mission civilisatrice de l'Empire romain dans une zone dont l'influence - incontestable, par ailleurs - était plutôt pauvre ou discrète par rapport aux autres régions de l'ancienne Hispanie (le Nord-Ouest était une véritable limite de la barbarie, c'est-à-dire de la non-romanité, par rapport aux régions levantines et méridionales de l'Espagne, par exemple). L'agrandissement d'un Gijón/Xixón romain, d'une supposée "Ruta de la Plata", la dissimulation et l'abandon délibéré des importantes fortifications défensives de La Carisa, et un long etc, ont dessiné le paysage d'une Archéologie d'un Gijón/Xixón romain et ont dessiné le paysage d'une archéologie asturienne fortement infiltrée par les débats idéologiques, dans laquelle Rome apparaît - curieusement et pittoresquement - pour certains politiciens et gestionnaires régionaux et municipaux - comme une transcription de l'"Espagne", tandis que les Asturiens, n'étant pas reconnus comme un peuple homogène et suffisamment fort pour constituer un contre-pouvoir résistant à l'Empire, contre toute évidence scientifique, apparaissent désormais comme les fantômes nationalistes ou séparatistes qui menacent le rêve centraliste jacobin d'une Espagne unitaire.

Il est pour le moins curieux que des événements qui se sont déroulés il y a deux mille ans suscitent autant de boursouflures parmi les forces centralistes représentées dans les Asturies (PSOE, PP, VOX, Podemos), et que les Asturiens, bien que par des moyens inconscients et à travers des complexes psychologiques difficiles à expliquer, continuent d'être un peuple inconfortable. Ces Asturiens qui ont résisté à Rome (et plus tard à l'Islam) semblent être l'archétype de ce que les Asturiens continuent d'être au fond d'eux-mêmes : un groupe ethnique qui ne semble colonisé et oublieux de lui-même qu'en apparence. Ceux qui souffrent de cette romanophilie ont tendance à se placer idéologiquement dans la sphère du nationalisme espagnol, un type de nationalisme qui exclut normalement les périphéries et qui s'identifie, de manière raisonnée ou non, à l'idée de l'Empire. L'Empire hispanique (aujourd'hui, simplement, le Royaume d'Espagne) serait le prolongement de cet Empire de Rome.

L'université tourne le dos

Dans les Asturies, l'introduction tendancieuse, voire le veto à l'introduction elle-même, de certaines sciences humaines et sociales (comme l'anthropologie culturelle ou l'ethnologie) à l'Université a dépendu de diverses circonstances curieuses, circonstances qui remontent à la fin de l'ère franquiste. Le rôle joué par des egos trop influents et très valorisés, comme celui de Gustavo Bueno, a empêché jusqu'à présent la création d'études académiques en Anthropologie (ou Ethnologie), qui pourraient mettre en valeur l'énorme patrimoine que le peuple asturien nous a laissé dans son histoire. La culture asturienne a été négligée par l'Université d'Oviedo, une institution absente de tant de réalités fondamentales de la Principauté, et surtout inattentive aux choses du pays où se trouve l'Université. Dernièrement, des manuels ou des ouvrages généraux consacrés à l'étude de la culture ou de l'anthropologie des Asturies sont apparus (par exemple, Adolfo García, 2008), mais dans ce domaine, il me semble que la fertilisation et la culture continuent de dépendre des efforts individuels plutôt que du soutien institutionnel.

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Le travail des individus

Si l'on laisse de côté l'inaction des universitaires et des institutions en matière d'ethnologie, il convient de souligner le travail méritoire de certaines personnes qui mettent au jour l'immense patrimoine oral du peuple asturien, sans le moindre préjugé romanomaniaque ou espagnoliste. Je fais référence au collectif Belenos qui, depuis de nombreuses années, publie une excellente revue (Asturies, Memoria Encesa d'un País) et organise des rencontres scientifiques au cours desquelles, malgré le climat hostile qui règne dans les Asturies à l'égard de la culture celtique, il transmet à la société l'image correcte de ce pays : un vieux pays atlantique, fortement lié aux autres peuples du nord-ouest de la péninsule ibérique (Galice, Lleón, Cantabrie), mais avec des liens très anciens et plus étroits qu'on ne le pense avec les autres pays atlantiques.

En face de la Mare Nostrum, la Méditerranée, il y avait jusqu'à l'époque moderne une autre mer, plus au nord, qui devait aussi être un vecteur de communication et de jumelage des peuples. En fait, comme on le disait dans l'Antiquité, les Asturies étaient bordées au nord, avec la mer entre les deux, par les îles britanniques et les côtes d'Aquitaine et de Bretagne. Avant l'obsession de l'asphalte des autoroutes et la manie de l'AVE [train à grande vitesse], qui afflige tant d'Asturiens aujourd'hui, la mer était un moyen de communication culturelle plus rapide et plus efficace, bien plus que ces chemins de chèvres qui, presque jusqu'à aujourd'hui, faisaient communiquer la Principauté avec le plateau, c'est-à-dire avec l'Espagne. Ces routes, d'ailleurs, étaient fermées aux calèches pendant les chutes de neige de l'hiver. Les Asturies ont été liées pendant des milliers d'années à ces autres régions et pays d'Europe.

Alberto Álvarez Peña est membre de Belenos et auteur prolifique de livres sur la mythologie asturienne (Álvarez Peña, 2001). Nombre de ses textes peuvent être lus dans la maison d'édition Picu Urriellu, des livres dans lesquels apparaissent de magnifiques dessins du chercheur et diffuseur du folklore asturien lui-même. Contrairement à ses prédécesseurs, comme Aureliano del Llano ou Constantino Cabal, l'œuvre d'Alberto A. Peña n'est pas contaminée par des préjugés espagnolistes, castillanisants.

Il est bien connu que les précédents chercheurs en folklore asturien avaient tendance à considérer la culture asturienne comme un sous-système de la supposée culture espagnole, parallèlement à leur conception de la langue: ils avaient tendance à considérer l'asturien (dont les informateurs s'exprimaient toujours dans certaines de ses variantes) comme un sous-système de l'espagnol ou du castillan. Le celtisme plus ou moins diffus, mais jamais aussi explicite que celui de la Galice, me semble avoir été subordonné à la théorie de l'"héritage commun" des Hispaniques, sans parler des liens atlantistes avec la Bretagne, l'Irlande, l'Écosse, le Pays de Galles... Alberto Peña rompt avec cette tendance, il fait aussi du travail de terrain, c'est-à-dire qu'il profite des derniers informateurs qui restent dans le pays, un pays tellement détruit par un industrialisme que les Asturiens n'ont ni recherché ni désiré, mais qui leur a été imposé de l'extérieur, transformant les Asturies en une colonie minière et sidérurgique. Cette colonie industrielle - et en cours de concentration urbaine - a tué la campagne asturienne et avec elle le véritable être du pays, c'est-à-dire ses traditions, son droit, sa langue, sa musique. Avant que ne survienne la catastrophe où 90% des Asturiens (encore des Asturiens ?) vivent dans le triangle Xixón-Uviéu-Avilés, il existe encore des dépositaires vivants de la tradition. Mais pour cela, il faut chausser ses bottes, marcher le long des sentiers (caleyes), explorer les villages et les vallées, parler aux habitants. Parler et écouter les habitants d'un pays beaucoup plus grand qu'il n'y paraît sur les cartes, cartes sur lesquelles les Asturies sont généralement dessinées comme une petite province coupée au nord-ouest de l'Espagne, dans une Espagne qui semble grande en comparaison. Si par Asturies anthropologiques et linguistiques nous entendons un Pays Asturien (selon la proposition de l'universitaire X.Ll. García Arias) qui déborde les limites administratives de l'actuelle Principauté et inclut León, entre autres, le pays asturien prend d'autres dimensions. De manière plus générale, si nous plaçons le point central dans le golfe de Gascogne et non dans le golfe de León : alors les Asturies peuvent être comparées à la Bretagne, au Pays de Galles, à l'Irlande et à d'autres nations, pour la plupart sans État, mais sans aucun doute des nations culturelles.

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La méthodologie

Le livre que nous analysons ici se situe dans un univers mental très proche de celui du groupe Belenos et de l'ethnographe Alberto A. Peña. Il n'y a pas beaucoup de matériel direct collecté de première main, "travail de terrain", bien qu'il ne manque pas de notes recueillies personnellement par l'auteur ou par d'autres informateurs directs. Non, en effet, il ne s'agit pas d'un ouvrage empirique, mais plutôt d'un livre de mythologie comparée au sens le plus classique du terme. Comme Cristobo Carrín le dit lui-même dès le début, le guide pour établir les comparaisons se veut être le plus simple "bon sens". Il semble que ce soit la volonté de l'auteur de ne pas s'égarer dans d'autres voies épistémologiques ou métathéoriques. Il y a le matériel recueilli par les ethnologues du monde entier, y compris ici une mention spéciale du matériel écrit déjà classique de la mythologie mondiale (du Mabinogion à l'Iliade). Avec ce matériel en main, Cristobo procède à de nombreuses triangulations : par exemple, les légendes irlandaises, grecques et asturiennes. La liste des éléments communs montre déjà la grande similitude des personnages et des récits asturiens avec ceux de la mythologie occidentale, notamment atlantique. Et de cette liste de similitudes, de clichés presque identiques, émergent aussi les différences notables développées sur la même structure commune: plus ou moins grande christianisation de la légende, plus ou moins grande évergétisation des personnages divins, plus ou moins grande dégradation sociale des personnages, etc.

Cette simplicité méthodologique peut agacer le corps académique, très enclin à suivre les modes étrangères et les disquisitions épistémologiques de plus en plus éloignées d'un matériel empirique souvent éloquent. Cela explique en partie pourquoi ce livre est tombé dans l'oubli. Pour moi, en particulier, cela semble être l'une de ses grandes vertus. On a l'impression que l'auteur a assemblé son hypothèse comme s'il rassemblait les pièces les plus diverses d'un puzzle, des pièces qui, au cours de l'histoire, étaient devenues des unités sans lien entre elles, des monades dépourvues de sens en elles-mêmes, des fossiles d'époques absurdes qui n'avaient rien à voir avec autre chose que la répétition même de phrases, d'histoires et de rites. Une répétition qui se justifierait d'elle-même. Mais en assemblant le puzzle, la situation change.

Par exemple, si dans un village asturien on répète sans cesse "cuando llueve y fai sol, anden les vieyes alredor" [quand il pleut et qu'il fait soleil, les vieilles femmes se promènent], il faut se demander qui sont ces "vieyes" -vieilles, en asturien ? Ce ne sont pas simplement les vieilles femmes de l'endroit, et d'ailleurs, quelle relation les grands-mères ont-elles avec les phénomènes atmosphériques ? De plus, dans les Asturies, l'arc-en-ciel (qui a tendance à apparaître précisément les jours où il pleut et où le soleil brille) s'appelle "Arcu la Vieya". Qui ou quoi est ce "vieya" ?

La simplicité de la méthode de comparaison permet de découvrir des indices et encore des indices. Comme dans d'autres pays européens et atlantiques, la Vieya est une manière anthropomorphique de désigner une divinité féminine qui contrôle les phénomènes atmosphériques, une femme d'un âge avancé peut-être pour mettre en valeur son caractère immortel, vénérable, "plus vieille que le monde", une Terre-Mère dont tout et tous, au fond, proviennent. Cette Vieya apparaît souvent en triade, accompagnée de deux autres divinités plus jeunes et plus belles. L'apparition de la Vieya ou de la Triade brandissant un fuseau, thème récurrent dans la mythologie et le folklore européens et asturiens, nous rappelle l'iconographie des Parques de la mythologie classique, ces terribles fileuses entre les mains desquelles repose le destin qui, littéralement, "ne tient qu'à un fil".

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Fuyant le diffusionnisme romanophile

En revanche, le Cristobo de Milio Carrín est très austère en matière de spéculation sur l'origine et le sens profond de tous ces mythes. Les thèses générales du livre sont également très proches du bon sens, et devraient être plus largement diffusées auprès du public. Dans les Asturies, toute allusion à la celtisation des Asturiens et des Cantabres est déjà l'objet de la colère irrationnelle des "romanomanes". Tout comme il serait absurde de nier notre héritage latin (dans la langue asturienne, dans la religion chrétienne, dans les vestiges archéologiques, etc.), bien que beaucoup moins important que celui d'autres territoires de la Péninsule, notre héritage celtique ou atlantique est tout aussi indéniable. À partir du moment où le panthéon celtique est clairement et purement dérivé du panthéon indo-européen commun, de nombreuses similitudes entre la religion de l'Europe ancienne (et donc asturienne) et la religion grecque et romaine sont évidentes, et grâce à cet argument, l'argument (très souvent utilisé par G. Bueno et son école) a été avancé dans les Asturies, ad nauseam, comme un moyen de diffusionnisme diffusionniste. Bueno et son école) selon laquelle tout, absolument tout élément culturel ancien des Asturies, notamment préchrétien ou asturien, est d'origine gréco-romaine et méditerranéenne. Les résidus atlantiques ou celtes ne seraient que pure et simple sauvagerie. On a même dit que les castros étaient romains, que les cornemuses avaient été apportées par les légions, que le diañu ou busgosu [gobelins et lutins spécifiques au peuple asturien] moqueur était le satyre des classiques latins, etc. Les obsédés de la Méditerranée refusent toute civilité à l'Atlantique (ou au Cantabrique dans notre cas) et, maniant les homologies culturelles qui sont dues à un passé indo-européen commun issu de la lointaine préhistoire, ils penchent - au contraire - vers un diffusionnisme irrationnel. Ces jours lointains où l'on défendait la maxime ex oriente lux sont encore valables aux Asturies en raison de l'influence excessive que subit le pays de la part d'une petite clique d'universitaires et de journalistes plongés dans une sorte de complexe provincialiste. Les Asturies sont pro-vincia ("vaincus", au sens étymologique) de l'Espagne, dans leurs schémas idéologiques, de la même manière que le territoire des Asturiens (qui ne coïncide pas avec l'actuelle Principauté, comme on le sait) l'était aussi après la conquête romaine. Curieusement, à Gijón/Xixón, il y a un monument masochiste au Conquérant Auguste, la cause de tant de morts et d'esclavages, comme il sied à tout impérialiste.

Le fameux "syndrome de Stockholm", en vertu duquel les kidnappés, les victimes, en viennent à s'identifier moralement et affectivement à leurs ravisseurs ou bourreaux, est bien connu. Des processus similaires se produisent dans l'histoire des peuples. La "nomenclature" d'Oviedo, bien installée dans la bourgeoisie et la bureaucratie, fait la sourde oreille à toute histoire ou recherche qui défend le caractère national, ou même la spécificité régionale de sa "province", bien qu'elle soit devenue un Royaume médiéval, une Principauté quasi-indépendante à l'époque moderne, bien qu'elle ait sa propre langue et des caractéristiques claires. Cette nomenclature - largement représentée dans une université comme celle d'Oviedo, qui a toujours tourné le dos au pays - est sourde à toutes les preuves qui restent inexploitées intellectuellement.

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Asturianisme, en Babia [en Espagne, "estar en Babia" signifie ne pas avoir conscience d'un problème urgent.]

Il est évident que la nomenclature romanomaniaque pro-méditerranéenne est devenue très forte dans la presse et dans l'enseignement depuis l'époque du franquisme, époque longue et centraliste, époque du nationalisme espagnol intransigeant qui a coupé les discrètes avancées régionalistes de l'époque précédente, initiées par l'indispensable Jovellanos. Mais, dialectiquement, il faut aussi tenir compte de l'absence d'une classe intellectuelle asturianiste solidement établie, aimée et reconnue par la société à laquelle elle appartient. Il y a, en effet, quelques personnes qui, à part Cristobo Carrín, comprennent les Asturies en termes de nationalité. Il convient de répéter la mention, dans le même domaine, d'Alberto A. Peña, et dans le domaine des essais, plus en termes de philoso-identité que d'ethnologie, de Xuan Xosé Sánchez-Vicente, Xaviel Vilareyo et, dans sa brève période d'asturianisme, José Carlos Loredo Narciandi.

L'intérêt de ces quelques auteurs pour les Asturies en tant que "fait national" réside également dans le fait qu'ils ont utilisé la langue asturienne comme vecteur de réflexion sur ce qu'est l'Asturie, sur la place qu'elle doit occuper en Espagne, en Europe et dans le monde et, bien sûr, sur les caractéristiques ethnologiques qui différencient la culture asturienne des autres cultures environnantes. Les essais de ces écrivains, généralement isolés et incompris dans leur propre environnement provincialiste et "acculturé", sont comme des oasis dans un désert. Ils sont comme des oasis dans un désert, un désert où prédomine l'ignorance par la population de sa propre langue, de sa culture, de ses traditions et de son histoire. Il est évident que la liste des écrivains en langue asturienne dans des genres tels que la poésie, les romans, les nouvelles, etc. est beaucoup plus longue, mais je n'ai pu voir l'analyse profonde et calme de la nationalité asturienne que chez ces trois personnes mentionnées, qui ont également écrit en langue asturienne.

Le plus grand problème du nationalisme et du régionalisme asturien ne réside peut-être pas, curieusement, dans cette "nomenclature" qui refuse de reconnaître la nationalité des Asturies, son caractère, sa langue, sa tradition, sa propre histoire politique... Le plus grand problème du nationalisme ou du régionalisme asturien réside dans les asturianistes et les nationalistes eux-mêmes, et nous allons voir brièvement pourquoi.

La "nomenklatura" nationaliste espagnole est en effet forte à gauche et à droite du spectre idéologique, et bénéficie de tribunes importantes telles que le professorat et la presse. Elle a également réussi pendant des décennies (et même des siècles) à instiller une sorte de "haine de soi" (selon les termes de Sánchez-Vicente) dans la masse du peuple qui, conscient de sa spécificité, a néanmoins été mentalement associé à une condition d'infériorité ou de subalternité vis-à-vis d'une culture officielle et unitaire, la culture espagnole. Mais le plus grand obstacle à cette situation, qui a été renversée (au moins en politique et en éducation, ce qui revient au même) en Euskadi, en Catalogne et, plus près de nous, en Galice, réside dans la myopie et l'aveuglement des quelques personnes qui se prétendent asturianistes (qu'elles soient nationalistes ou régionalistes, une distinction politique qui n'est pas pertinente ici). Parce que, pour en revenir au livre de Cristobo Carrín, ce même texte peut servir de symptôme: quelle a été la réaction de l'asturianisme face à un effort personnel de recherche et d'autoédition, consacré à retracer les racines religieuses de nos aînés ? J'ose dire aucun. Les écrivains en asturien, en général, ou les dirigeants (un mot trop grand pour eux) de minuscules partis qui revendiquent pompeusement la réalité nationale du pays des Asturies, sont peut-être des gens très méritants dans d'autres domaines, mais ils ne savent presque rien des Asturiens, de leurs mythes, de la survivance des rites et des mythes ancestraux encore vivants dans le folklore, et très peu de l'histoire du pays avant la Révolution de 1934. J'ai vu des livres et des articles en langue asturienne sur l'Afrique du Sud, Gaza, l'"Euskalherria", par exemple. Mais peu sur l'asturien. Les préoccupations "internationalistes" remplissent les pages web de ces petits médias qui tentent de sortir de la sphère unitariste de l'espagnolisme. Mais La Creación del Mundo y Otros Mitos Asturianos est écrit en espagnol et ce simple fait aliène déjà les lecteurs potentiels intéressés par les Asturies en tant que peuple ancestral. Des lecteurs qui, s'ils croient vraiment en une nationalité asturienne, devraient accorder l'importance qu'elle mérite à la mythologie et aux traditions du peuple pour lequel ils revendiquent des droits collectifs.

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La bataille culturelle, qui est celle qui nous intéresse le plus ici, est perdue d'avance de la part de la minorité asturianiste, si ce secteur n'est pas en mesure d'étudier les racines d'une culture européenne comme l'Astur en elle-même, sans imposer les conditions de subalternité que les folkloristes précédents (le groupe "La Quintana", A. del Llano, C. Cabal) ont établies pour cette étude. Le nationalisme culturel est la seule condition de possibilité qui permette un nouvel épanouissement du nationalisme politique. L'accent excessif mis sur les revendications linguistiques a conduit de nombreux intellectuels et écrivains qui veulent ou ont voulu échapper à l'uniformisme espagnol dans les Asturies à tomber dans des attitudes réductionnistes, bien connues dans la Principauté sous le nom de "talibanismo" [fanatisme, comme le fanatisme religieux des musulmans d'Afghanistan]. Un phénomène caractérisé par l'intransigeance à l'égard des positions non-conformistes, l'obsession du langage et l'oubli de l'histoire, le jargon pseudo-révolutionnaire, etc.

Une œuvre comme celle-ci, qui fournit des indices - le temps nous dira s'ils sont erronés - sur le passé celtique ou, en général, indo-européen des Asturiens, est largement ignorée par le simple fait que le véhicule linguistique dans lequel elle a été écrite, le castillan. Une langue que, inutile de le dire, cent pour cent des Asturiens maîtrisent et comprennent mieux ou moins bien. Dans son important article sur le nationalisme et l'identité dans les Asturies, José Carlos Loredo (Loredo, 2009) met en évidence de nombreuses pathologies du soi-disant asturianisme, pathologies qui, si elles ne sont pas corrigées, conduiront à l'échec encore et encore. Car je crois, comme lui, qu'aussi justes que soient les revendications linguistiques et nationales, les méthodes et formes sectaires dans lesquelles elles sont parfois véhiculées parviennent à dénaturer complètement le problème. Si les Asturies sont une entité culturelle sur un pied d'égalité avec d'autres entités culturelles nationales : bretonne, galloise, basque ou galicienne, par exemple.

Dans son prologue, l'auteur de La Creación del Mundo fournit lui-même une série de clés qui permettent de répondre à cette énorme contradiction dans laquelle se trouvent les chercheurs et les défenseurs d'une culture nationale asturienne. D'une part, la grande masse de la société asturienne considère avec danger et suspicion toute recherche qui parle, non pas de nationalité, mais de la spécificité de l'asturianité. Comme le dit Cristobo, on reçoit même des épithètes peu amènes comme "plouc" ou "séparatiste" pour avoir agi ainsi. Nous avons déjà mentionné que la "nomenclature" au service d'un nationalisme espagnol intransigeant est très bien représentée à l'université, dans l'enseignement secondaire, dans le journalisme, dans l'élite politico-syndicale, etc. Et c'est le cas, plus ou moins, depuis des siècles. Mais la marginalisation de la langue asturienne, dénoncée devant les tribunaux d'État et les instances européennes compétentes, n'a pas suscité une réaction populaire suffisamment forte depuis les années 70 du siècle dernier, date de la fondation de Conceyu Bable. Il se passe quelque chose. Le fait suivant fait peut-être partie du problème: la revendication linguistique de l'asturien ne s'est pas accompagnée d'une réinterprétation profonde des traditions ancestrales, du système de mythes, de l'organisation paysanne naturelle, du droit traditionnel, etc. Tout cela est inconnu d'une minorité de "talibans" qui prennent des modèles étrangers (et malheureux) tels que basque, irlandais ou cubain pour leurs revendications au lieu de trouver un miroir dans lequel ils peuvent simplement se voir comme asturiens.

Des miroirs pour voir et déformer

Tout cet écheveau linguistique est analogue à l'écheveau ethnologique que l'auteur démêle pour nous. Il faut savoir qu'il existe des miroirs déformants qu'il est préférable de ne pas posséder. J'ai déjà mentionné le miroir déformant du "basquisme", et ses concomitants (minoritaires, heureusement) en termes de radicalisme verbal, de mauvaises manières, de séparatisme ridicule et déconnecté de la masse sociale qui, à la lumière de toutes les enquêtes sérieuses, s'identifie plus à l'asturien qu'à l'espagnol, mais sans établir une disjonction exclusive avec l'espagnol... Un autre miroir déformant serait aussi le celtisme s'il était lié (comme il l'a été en Galice dans le passé) à des attitudes racistes ou, au moins, racisantes. Mais il n'y a rien de tel dans des ouvrages tels que celui qui fait l'objet de la présente analyse, ou dans le groupe de recherche de Belenos. Au contraire, M. Carrín insiste sur le caractère universel de nombreux mythes bien attestés dans les Asturies, ainsi que sur l'indéniable continuum avec León et d'autres régions du nord et du plateau qui, ne l'oublions pas, étaient également des territoires asturiens, un territoire qui, à mon avis, était tout à fait celtique (la grande civilisation celtique était plurielle et consistait en une succession de couches ou de degrés de celtisation) et, en revanche, peu romanisé. Le miroir déformant du celtisme, contrairement au prisme grossier du basque, peut remplir d'importantes fonctions correctives. Je m'explique : dans la mesure où la vie de cette culture, qui était bien sûr la perdante de Rome, ne nous est pas directement accessible, il ne nous reste plus qu'à corriger tous les filtres longs, puissants et terriblement efficaces qui ont été accumulés sur un matériau primordial. La méthode qui nous reste pourrait être comparée à celles-ci : une "purification" d'une substance au sens chimique, un examen archéologique des couches les plus profondes, sans se laisser tromper par les plus superficielles ou les plus récentes, une suppression des ajouts modernes pour redonner à un bâtiment ancien sa splendeur d'antan, etc. Toutes ces analogies nous aident à comprendre l'engagement de Carrín.

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Il convient donc de se poser la question : des miroirs déformants ? Oui, certains nous conduisent à la perdition et à l'erreur. D'autres, en revanche, contrebalancent la distorsion de leurs rivaux plus forts et plus efficaces. Il ne fait aucun doute que l'action du miroir "castillan-centrique" a presque succombé aux traits culturels de la nationalité asturienne, mais, d'autre part, le miroir celtique - étant nécessairement une déformation, puisque la civilisation des perdants de Rome est largement inconnue - sert à contrecarrer les tendances centralisatrices, obsédées par la Méditerranée et l'empreinte latine de toute histoire possible.

Il existe un autre miroir et filtre de la déformation (et l'histoire, dans une large mesure, n'est que cela, la déformation) que nous devons commenter. Je fais référence au christianisme. Il est fascinant de lire dans le livre de Cristobo de Milio Carrín comment la vie des saints (hagiographie) aux racines populaires, et l'emplacement des sanctuaires (marial, surtout, notamment celui de Covadonga) peuvent être compris à la lumière de l'ancienne religion celtique et, plus généralement, indo-européenne. Le revêtement chrétien n'était pas toujours un placage léger, mais il s'agissait en tout cas d'un renouvellement de l'ancien rituel et de l'ancienne mythologie. La dévotion populaire des Asturiens trouve ses racines dans des dates bien antérieures à la naissance du Christ et à l'expansion de son Église. C'est une chose que comprend tout Asturien qui n'est pas déconnecté de son pays et de son essence rurale, et qui est également perçue par tout visiteur étranger mais observateur.

Mon compte-rendu se conclut simplement en recommandant la lecture du livre. Si elle doit être critiquée depuis les domaines spécialisés de l'ethnologie, de la mythologie comparée, du folklore, etc. Mais elle ne mérite en aucun cas d'être ignorée.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

(Álvarez Peña, 2001) : Mitología Asturiana. Picu Urriellu, Xixón.

(Beramendi, 2007) : De Provincia a Nación. Xerais, Santiago.

(Carrín, 2008) : La Creación del Mundo y otros Mitos Asturianos, édition d'auteur, Uviéu.

(Carrín et Álvarez Peña, 2011) : "Romanómanos : delirios imperiales en el Xixón de hoy". Atlántica XXII, pps. 21-22.

(García, 2008) : Antropología de Asturias. I : La cultura tradicional, patrimonio de futuro. KRK, Uviéu.

(Loredo, 2009) : "Apuntes sobre nacionalismo, identidad y Asturias", Nómadas, nº 24, 149-157 : http://www.ucm.es/info/nomadas/24/jcloredo.pdf.

lundi, 31 mai 2021

Importance du celtisme dans les Asturies

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Importance du celtisme dans les Asturies

Carlos X. Blanco

Quelle est l'importance du celtisme, au-delà de la curiosité scientifique ? Son importance en termes de préoccupations identitaires ne fait aucun doute. Le passé celtique des Asturies, partagé avec celui de nombreuses régions de la péninsule ibérique, est très remarquable. En fait, si nous nous débarrassons du préjugé linguistique de certains étrangers (seules les nations qui conservent un parler celtique seraient celtiques), il existe en Espagne et au Portugal des témoignages accablants de la présence celtique, ainsi que de la celtisation profonde de nombreux peuples autochtones dont nous sommes issus. Ces super-vies vont au-delà des archives archéologiques ou de quelques traces dans la toponymie, par exemple. Ce sont des "expériences" qui s'actualisent dans une myriade de rituels, de festivals, d'habitudes collectives. Le fait que dans le Pays Asturien (qui dépasse largement l'actuelle Principauté et s'étend à ce qui, au début du Moyen Âge, était un Royaume dans le nord-ouest de la péninsule), tant de rituels, de fêtes, d'habitudes et de physionomies celtiques aient été préservés ne peut s'expliquer uniquement par un isolement séculaire. L'isolement des Asturies et du nord-ouest de l'Espagne par rapport aux territoires qui, plus tard, ont été le théâtre de l'histoire de la grande politique, du grand destin, n'explique pas tout. Il s'agit d'une considération purement négative d'un fait : le fait qu'il existe une celticité très marquée dans notre pays. Outre ce factum, pris dans un sens positif, il faut tenir compte d'une chose qui passe généralement inaperçue : des racines solides, une volonté collective et persistante de rester ce que nous sommes.

Du celtisme asturien, de nombreux points doivent être clarifiés, et mis au milieu de tous, aussi bien du côté des détracteurs que devant les yeux des partisans. Le premier de ces points est qu'il n'est pas possible d'être ni détracteur ni partisan. C'est un fait, un substrat factuel qui est là, attendant d'être de plus en plus exploré. Ce substrat ne contredit en rien la profonde romanisation de nombreuses zones de la Principauté actuelle. Rome nous a légué la langue et de nombreuses institutions. L'étude historique d'un pays implique l'analyse des différentes couches de sa constitution, ainsi que la dialectique et la synthèse de ces substrats. La romanisation du Nord-Ouest lui-même a été très différente de celle des régions du sud et de l'est de l'Espagne : le substrat est informé par les structures de colonisation d'une manière différente. Ici, les Romains sont venus avec le feu et l'épée, pas comme alliés. C'est là que se déroulent les guerres asturiennes, bien plus féroces que les guerres de Gaule et de Germanie de l'époque. On ne colonise pas ou on ne gouverne pas de la même manière un peuple soumis manu militari, et avec une grande distance ethnique d'eux, comme un peuple ami, préalablement soumis à l'influence des civilisations méditerranéennes. Rome y a trouvé de véritables peuples "barbares", c'est-à-dire des altérités inassimilables sauf par la guerre et l'asservissement.

Et c'est là qu'intervient le principal facteur identitaire du celtisme, qui a pu jouer un rôle politique et culturel majeur. Mais, comme ce fut le cas pour la langue asturienne, elle n'a finalement joué aucun rôle. Je pense que cela n'a pas été le cas en raison du lavage de cerveau des "impérialistes hispaniques" dans une large mesure. Les Asturiens, comme d'autres peuples voisins et ethniquement très proches (Galice, Cantabrie, León), ont une conscience assez diffuse de l'existence de deux "Espagnes". Plus d'Espagne "rouge" et "bleue", car la bipolarité de la guerre civile est déjà loin derrière nous, et le clivage purement idéologique, en plus d'être désastreux, n'est plus opérant au XXIe siècle. Je me réfère plutôt au clivage entre l'Espagne atlantique et l'Espagne méditerranéenne, qui a servi à de nombreux Asturiens ayant une conscience identitaire - à droite ou à gauche du spectre idéologique - à trouver un miroir dans lequel revoir leurs propres racines, leurs entrailles, leurs particularités face à un moule "castellaniste" et jacobin fondamentalement méditerranéen.

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L'Espagne castillaniste sent déjà le cadavre. Le schéma que les hispanistes castillanocentriques d'aujourd'hui utilisent n'est rien d'autre qu'une transposition du schéma de l'impérialisme romain. Ce que Gustavo Bueno, père et fils, ce dernier avec ses acolytes et ses pseudonymes, ont fait au cours des dernières décennies n'est rien d'autre que de défendre des idées extrêmement usées et discréditées, les idées d'un impérialisme que j'appelle absorbant, dont le paradigme est Rome et que l'Espagne des Habsbourg a à peine essayé d'imiter. VOX même, et les régénérateurs qui ont précédé ce mouvement, se sont fait une idée absolument déformée de l'Empire hispanique, une idée jacobine, qui ne correspond pas du tout à la nature agglutinante de la couronne espagnole des Habsbourg, plus proche de l'impérialisme également agglutinant de ses parents autrichiens. J'appelle Empire agglutinant celui qui centralise au sommet -dans une Couronne et dans la même idée spirituelle de -Communauté de destin- une hétérogénéité de territoires, de juridictions, de principautés, de villes, de royaumes. L'Empire à la manière du Saint Empire romain germanique, ainsi que de l'Empire austro-hongrois, mais surtout de celui-ci, était plutôt une idée : l'idée d'une fédération efficace d'égaux dans la diversité. L'extrême droite espagnole, ainsi que l'extrême gauche espagnole, se sont donné la main sur ce point. L'intérêt de vouloir nous imposer à tous une vision uniforme, unitaire, homogène, jacobine. Certains, en revitalisant l'idée d'un Empire hispanique qui n'était en rien une transcription de l'Empire romain en pleine modernité. Ce n'est pas parce que la Couronne des Habsbourg d'Espagne était encore totalement imprégnée de droit et de philosophie politique germaniques. Une union par le haut, par la Couronne et par les grandes maisons nobles, une union de la diversité. Gustavo Bueno et ses proches (dans les différents sens du mot "proches") veulent nous confondre tous, en faisant de l'Empire espagnol (XVIe-XVIIe siècles) un Empire absorbant, alors qu'il s'agissait, en réalité, d'un Empire agglutinant, bien que l'hégémonie castillane ait certainement été excessive et même préjudiciable à cette même nationalité.

 

mercredi, 19 mai 2021

La Normandie à la rencontre de son héritage patrimonial par la reconnaissance de ses parlers traditionnels

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La Normandie à la rencontre de son héritage patrimonial par la reconnaissance de ses parlers traditionnels

par le RÉSEAU CITOYEN DU CERCLE NORMAND DE L’OPINION

Les parlers traditionnels en Normandie que l’on désigne couramment sous le nom de langue normande sont pratiqués encore par quelques dizaines de milliers de locuteurs actifs ou occasionnels.

L’UNESCO considère que cette langue est sérieusement en danger. La récente loi votée par le Parlement – qui marque un progrès notable en faveur des langues régionales – ne lui reconnaît pas une réalité suffisante pour qu’elle puisse être admise par l’État dans le Code de l’Éducation, lui permettant la possibilité d’un enseignement immersif dans les écoles publiques.

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C’est une occasion manquée et c’est une faute. La Fédération des associations pour la langue normande (FALE) s’en émeut et a reçu l’appui d’Hervé Morin, président de la région Normandie : ils interpellent le président de la République à ce sujet, réclamant à tout le moins un traitement identique à celui accordé à toutes les autres langues d’oïl.

Ces dernières étant constitutives du Français officiel qu’elles ont fécondé, il serait certainement possible que, dans le cadre du grand projet de promotion de la francophonie en gestation au château de Villers-Cotterêts en cours de restauration, il fût fait une place de choix à la langue normande.

Pourquoi ?

Parce que, par deux fois au moins (XIIIe et XVIIe siècles), la Normandie donna le ton et la prééminence de son vocabulaire et de sa syntaxe à la littérature française et que – particularité insigne – elle fut aussi à l’origine de près de la moitié du vocabulaire de la langue anglaise. Ce que l’on appelle curieusement « l’anglo-normand » n’a d’anglais que l’origine insulaire du normand utilisé par l’élite de la société britannique depuis la conquête de notre Duc Guillaume.

En ces temps de Brexit, où des deux côtés du Norman Channel, on cherche de nouvelles affinités et de nouvelles accointances, il serait peut-être raisonnable que l’on se référât aux parentés linguistiques et historiques : la Normandie a, en ce domaine, plus que son mot à dire.

Drapeau-Normand.pngQuoi qu’il en soit – malgré le mépris affiché par certains milieux au jacobinisme dépassé (Nous pensons, on l’aura compris, au maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, qui s’insurgea contre la volonté régionale de promouvoir les panneaux et autres signalétiques en langue normande) – il convient de soutenir les efforts de la Région en faveur d’une redécouverte et d’une utilisation de la langue normande. Soutien aussi à la diffusion des dictionnaires bilingues franco-normands. Soutien encore à la création d’un Conseil scientifique pour la langue normande et la mise en perspective d’une bibliographie aussi complète que possible des œuvres littéraires en normand.

Quant à l’enseignement… Il suffirait déjà que les autorités académiques encourageassent l’enseignement toujours possible de la culture régionale, tel que prévu par la circulaire Savary de 1982…

Mais ceci est une autre histoire…

Réseau citoyen du Cercle normand de l’Opinion

• D’abord mis en ligne sur TVNC, le 16 avril 2021.

vendredi, 30 avril 2021

L'identité des peuples: un double héritage culturel et biologique... - Entretien avec Henri Levavasseur

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L'identité des peuples: un double héritage culturel et biologique...

Entretien avec Henri Levavasseur
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Henri Levavasseur à Breizh Info à l'occasion de la sortie de son essai L’identité, socle de la Cité. Réconcilier ethnos et polis (La Nouvelle Librairie, 2021).

Docteur en histoire, médiéviste et germaniste, Henri Levavasseur a notamment collaboré à La Nouvelle Revue d’histoire, ainsi qu’à deux ouvrages édités par l’Institut Iliade : Ce que nous sommes — Aux sources de l’identité européenne (Pierre-Guillaume de Roux, 2018), et Nature, excellence, beauté — Pour un réveil européen (La Nouvelle Librairie, 2020). Il a également contribué à La Bibliothèque du jeune Européen, recueil dirigé par Alain de Benoist et Guillaume Travers (Le Rocher, 2020).

Henri Levavasseur : « L’identité des peuples se fonde sur un double héritage, culturel et biologique »

BREIZH INFO : Henri Levavasseur, pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?

HENRI LEVAVASSEUR. Historien et linguiste de formation, je m’intéresse depuis longtemps à la genèse des cultures de l’Europe ancienne. Ma vision du monde a par ailleurs été fortement influencée par la lecture de Martin Heidegger et la manière dont ce philosophe reprend les questionnements fondamentaux de la pensée grecque pour parvenir à une compréhension intime de la modernité. Attaché à mes racines normandes, j’accorde une grande importance à la notion de « patrie charnelle », telle que la conçoivent Barrès et Péguy. Soucieux de transmettre la flamme aux jeunes générations à l’heure où se joue le destin de l’Europe, je me suis tout naturellement rapproché de l’institut Iliade, qui accomplit dans ce domaine un travail remarquable.

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BREIZH INFO : Votre essai constitue une réflexion fondamentale sur la notion d’identité, et sur l’articulation de cette notion avec la Cité, c’est-à-dire avec le Politique. Quelle est votre vision de l’identité de la nation française ? L’identité politique de la république ne s’est-elle pas construite en niant précisément l’identité « charnelle » des peuples et des régions ?

HENRI LEVAVASSEUR. Les entités politiques ne doivent pas être pensées comme des notions abstraites et figées, mais comme des réalités organiques. En tant que telles, elles constituent des ensembles qui valent plus que la somme de leurs parties, mais qui ne peuvent se maintenir en vie lorsque les organes qui les composent cessent de fonctionner harmonieusement. De même, la nation est une entité politique souveraine, qui représente plus que la somme des identités régionales et locales qu’elle rassemble, mais qui ne peut exister de manière pérenne sans ces dernières. La nation est un organisme vivant dont les familles, les communes, les régions forment en quelle sorte le « corps ». Être français, ce n’est pas (ou pas seulement) adhérer à des « valeurs » et à des institutions politiques, c’est d’abord être Normand, Picard, Breton, Provençal, Lorrain (pour ne citer que quelques-unes des identités réelles et enracinées qui constituent collectivement l’essence de la nation française, telle qu’elle s’est progressivement formée au fil des siècles).

Depuis la Révolution française, cette conception organique de la nation tend malheureusement à disparaitre au profit d’une conception idéologique coupée du réel et de l’histoire, fondée sur des valeurs à prétentions universalistes, intangibles et « républicaines ». J’entoure ici de guillemets l’adjectif « républicain », puisque ce discours, révolutionnaire et subversif par essence, vise à nier ou à transformer de manière radicale l’identité française héritée de notre histoire : ce républicanisme-là n’a plus guère à voir avec le service de l’état et du bien commun, c’est-à-dire avec la res publica au sens romain (signification que ce mot conserve encore sous la plume du juriste Jean Bodin au WVIe siècle).

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Il est d’ailleurs assez paradoxal que les révolutionnaires français se soient réclamés du système romain, fondé sur une conception très inégalitaire et aristocratique de la citoyenneté. Mais ces rêveurs sanguinaires n’étaient pas à une contradiction près : ne prêchaient-ils pas l’amour de l’humanité tout en exterminant les Vendéens ? J’évoque dans mon essai les circonstances horribles de la mort de la princesse de Lamballe, massacrée dans des conditions de sauvagerie qui rappellent étrangement l’égorgement récent d’un professeur de lycée par un mahométan fanatique…

BREIZH INFO : L’invocation des « valeurs de la république », qui prend aujourd’hui une dimension quasiment religieuse, ne dissimule-t-elle pas, derrière les appels à l’unité nationale, la fracture béante qui traverse la société française ?

HENRI LEVAVASSEUR. De toute évidence, la question de l’identité de la France se pose aujourd’hui en des termes nouveaux, du fait de l’entrée sur notre territoire, en l’espace d’un demi-siècle à peine, de millions d’immigrés provenant de l’espace extra-européen. A l’échelle du contingent, c’est un phénomène d’une ampleur sans équivalent depuis la Préhistoire. Je renvoie sur ce point aux travaux de l’un de nos plus grands démographes, le regretté Jacques Dupâquier, membre de l’Institut.

Le traumatisme culturel, social, économique et politique provoqué par l’arrivée de ces flux humains considérables a créé en France, mais aussi dans la plupart des pays d’Europe, une véritable fracture entre l’identité ethnoculturelle et l’identité civique, entre ce que les Grecs nommaient, à l’aube de l’histoire européenne de la pensée, l’ethnos (« ethnie ») et la polis (« cité »).

C’est le constat de cette fracture sans précédent, qui menace la cohésion et l’existence même des nations et des peuples d’Europe, qui m’a conduit à écrire ce livre, afin d’inciter mes contemporains à prendre toute la mesure du problème, et surtout à trouver en eux-mêmes les ressources nécessaires pour redonner à nos nations l’avenir qu’elles méritent.

BREIZH INFO : Comment concevez-vous donc la notion même d’identité ? Est-ce une donnée figée ? L’identité n’est-elle pas, comme l’affirment certain, une construction en perpétuelle évolution ?

HENRI LEVAVASSEUR. L’identité des peuples doit naturellement être pensée de manière dynamique : elle est soumise, comme toute réalité vivante, à la loi du devenir. Pour comprendre l’origine et le sens de notre identité, il faut donc revenir aux fondements d’une saine anthropologie. En dépit de ce qu’affirment les tenants de l’idéologie libérale-libertaire, l’homme n’est pas une construction abstraite : il ne se réduit pas à l’image d’un individu doté à la naissance de droits universels, libre de signer un « contrat social » avec ses pairs. Nous savons tout au contraire, depuis Aristote, que l’homme est un « animal politique ». Cela signifie que son identité se construit dans l’espace d’une Cité, sur un territoire où s’exerce une souveraineté, qui permet de garantir la pérennité et le développement d’une culture. Car la « nature » de l’homme est précisément celle d’un « être de culture », comme l’a bien montré le philosophe allemand Arnold Gehlen dans son ouvrage magistral intitulé L’homme, dont la traduction française vient de paraître cette année chez Gallimard. L’existence de la personne humaine se déploie donc toujours, dès l’origine, dans le cadre d’une famille et d’un peuple.

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L’identité des peuples se fonde sur un double héritage, culturel et biologique. Les deux dimensions sont indissociables et se « façonnent » mutuellement, en constante interaction avec le milieu et le territoire. C’est pourquoi les revendications très platement « racialistes » des « indigénistes » sont absurdes : vouloir revendiquer des droits en fonction de la couleur de peau, indépendamment de l’appartenance à une cité, à un territoire et surtout à une culture, n’a aucun sens.

BREIZH INFO : Existe-t-il donc pour vous une identité « européenne », ou l’Europe n’est-elle qu’une construction vide de sens, un fantasme dangereux qui s’opposerait à l’identité des nations ?

HENRI LEVAVASSEUR. Les peuples d’Europe ont en commun plus de cinq mille ans d’histoire, ce que confirment les données établies par la linguistique indo-européenne, l’archéologie et la paléogénétique. Je renvoie ici à la synthèse récente publiée par le généticien David Reich, de l’université de Harvard (Comment nous sommes devenus ce que nous sommes, Quanto, 2019).

L’Europe, ce n’est pas l’Occident, ou plutôt : l’Occident, ce n’est plus l’Europe. Les notions d’Europe et d’Occident ont certes été plus ou moins synonymes jusqu’au xxe siècle. Mais la « Grande guerre mondiale de trente ans », qui a éclaté en 1914 et s’est achevée en 1945, a laissé les nations européennes exsangues, soumises pour moitié au joug communiste, pour moitié à la domination américaine. Or, depuis la chute du système soviétique et le retour des nations d’Europe centrale à la liberté, les concepts d’Occident et d’Europe ne se recoupent plus : l’Occident prend de plus en plus la forme d’un système idéologique libéral-libertaire mondialiste, hostile à l’identité, à la culture, aux traditions, aux intérêts et à la souveraineté des nations européennes.

Il va de soi que l’Europe ne se confond pas davantage avec l’édifice institutionnel de l’U.E., qui s’acharne précisément à nier l’existence de l’identité européenne, en réduisant cette dernière aux « valeurs » occidentales, et en transposant à l’échelle du continent les aberrations du discours idéologique jacobin.

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A la différence des nations qui la composent, l’Europe n’est pas une entité politique. Elle est à la fois autre chose que cela, et bien plus. Elle constitue un espace de civilisation, dont l’existence ne peut être distinguée de celle des cultures, des nations et des peuples qui l’incarnent et lui donnent vie. Cet ensemble véritablement polyphonique se déploie sur un territoire délimité par la géographie et l’histoire, c’est-à-dire par le poids des réalités géopolitiques. L’Europe, c’est une très longue mémoire partagée. C’est la conscience de racines communes, d’autant plus solides qu’elles plongent dans un passé plurimillénaire. C’est la claire vision de l’appartenance à un « concert des nations chrétiennes », voué à dépasser les antagonismes immédiats lorsque les périls extérieurs menacent la pérennité même de l’ensemble. L’Europe, c’est l’union sacrée des nations chrétiennes se portant au secours de Vienne, capitale du Saint-Empire romain germanique, afin de repousser les Ottomans qui l’assiègent en 1683.

BREIZH INFO : L’Europe que vous évoquez est-elle donc un produit de l’histoire, un reflet du passé ? En quoi la référence à l’héritage de l’Europe ancienne peut-il aider dans l’avenir nos peuples à préserver et réaffirmer leur identité ?

HENRI LEVAVASSEUR. Recueillir et revendiquer cet héritage, ce n’est pas s’enfermer dans une vision figée ou idéalisée du passé, c’est parvenir à une compréhension intime de « ce que nous sommes », de ce qui constitue notre spécificité en tant que peuples porteurs de cultures issues d’une matrice commune. C’est mieux saisir ce qui caractérise notre vision du monde et l’éthique qui nous anime. Les mots grecs ethos (« éthique ») et ethnos (« ethnie ») sont d’ailleurs étymologiquement apparentés. Cette relation étymologique est évidemment significative : l’éthique est une manière de « se tenir », conformément à l’usage reçu des aïeux.

Se réapproprier notre héritage, c’est concevoir l’identité comme la réalisation d’un potentiel et l’expression d’un génie propre, qui permet d’agir dans le monde d’une manière conforme à notre nature, c’est-à-dire à notre culture. Prendre conscience de « ce que nous sommes », c’est acquérir l’intuition de « ce que nous pouvons ». Renan, dans son célèbre discours sur la nation, ne dit pas autre chose : une nation, écrit-il, est un « principe spirituel » qui unit la mémoire d’un passé commun à la volonté de prolonger cet héritage. Renan ne dit pas que la nation se réduit à l’expression d’une volonté de « vivre ensemble », mais que cette volonté, naturellement indispensable à la pérennité de notre souveraineté politique, n’a de sens et de solidité que dans la mesure où elle s’enracine dans un patrimoine spirituel commun.

C’est pourquoi le discours à prétentions « républicaines », dans son extrémisme subversif, ne peut pas se réclamer de Renan sans le travestir. Je suis d’ailleurs parti de ce constat pour écrire ce livre.

BREIZH INFO : Comment procéder selon vous à la prise de conscience identitaire que vous appelez de vos vœux ? Quelles formes concrètes cette démarche peut-elle adopter ?

HENRI LEVAVASSEUR. Reprendre conscience de « ce que nous sommes », c’est-à-dire de ce qui nous caractérise en tant que peuple, implique naturellement de rejeter l’absurdité de la « cancel culture », mouvement qu’il faut plutôt qualifier de « culture cancel » : non pas « culture de l’effacement », mais bien « effacement de la culture » !

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Il faut également renoncer aux illusions de l’intégration soi-disant « républicaine », qui prétend imposer à tous (sans en être réellement capable) le respect de « valeurs » plus ou moins universelles (donc abstraites), au prix de notre identité spécifique et de nos libertés concrètes : afin de séduire des éléments exogènes qui ne voient aucune nécessité ni aucun intérêt à s’intégrer, les populations autochtones sont sommées de renoncer à leur identité propre. Cela n’est pas acceptable.

Comme nous y invite Julien Langella dans un ouvrage récent, il faut « refaire un peuple », conscient de son histoire et de sa vocation propre. De manière concrète et pratique, cela signifie qu’il faut rebâtir la Cité à partir de ses fondations, en s’appuyant sur les « communautés organiques » que les tenants de l’idéologie révolutionnaire « arc-en-ciel » s’efforcent précisément de détruire. Ces communautés naturelles, historiques et politiques sont par exemple la famille, la paroisse, la commune, le terroir ou la région – conçues non pas comme de simples entités administratives, mais comme des communautés liées à un territoire, au sein desquelles s’épanouit une identité à la fois enracinée et incarnée, à l’échelle individuelle aussi bien que collective. C’est dans ce cadre qu’il devient possible de réveiller le sens du « bien commun », en saisissant toutes les occasions de redonner vie à nos traditions. Non pas pour singer le passé ou se complaire dans le folklore, mais pour que les germes de vie contenus dans ces traditions puissent à nouveau croître, sans être étouffés par la grisaille « républicaine », la folie « woke », ou les velléités suprématistes manifestées par des cultures exogènes. La jeunesse a un rôle clé à jouer dans ce processus de renouveau, qui doit être guidé naturellement par une « avant-garde ». Tel est l’appel que je lance dans la conclusion de mon ouvrage – tâche ambitieuse à laquelle travaille notamment l’institut Iliade, à travers ses cycles de formation. Il ne s’agit pas pour l’Institut de dispenser un savoir académique, mais de réveiller les mémoires et les énergies, et de proposer un modèle de solidarité communautaire fondée sur la philia, sur la conscience identitaire vécue au quotidien et partagée. Cette avant-garde devra s’engager dans toutes les formes de vies associatives (culturelles et artistiques, intellectuelles et scientifiques, professionnelles et économiques, mais aussi politiques) pour affirmer, moins par le discours que par l’exemple, sa capacité à se réapproprier notre identité et à la faire vivre.

Dans le même temps, l’importance accordée à la dimension communautaire et locale ne doit pas dispenser ce qui le veulent, et le peuvent, d’exercer une influence à d’autres échelons, dans les cercles décisionnels au sein desquels ils auront su pénétrer. Si nos communautés sont des sanctuaires, où sont préservées les sources pérennes de notre identité, cela ne doit pas nous amener à déserter pour autant l’horizon du politique : n’oublions pas qu’il nous faudra un jour, le moment venu, savoir à nouveau manier les instruments de la puissance.

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Enfin, cette entreprise de reconquête intérieure ne pourra provoquer un véritable renouveau de notre civilisation que si elle est menée simultanément dans tous les pays d’Europe, qui doivent plus ou moins faire face aujourd’hui aux mêmes défis. La tâche est immense et exaltante. Elle requiert toute notre intelligence, toute notre volonté, et surtout tout notre courage. Il n’est plus temps de reculer, ni même de tergiverser. Comme l’écrit Ernst Jünger dans le Traité du Rebelle : « La grandeur humaine doit être sans cesse reconquise. Elle triomphe lorsqu’elle repousse l’assaut de l’abjection dans le cœur de chaque homme. C’est là que se trouve la vraie substance de l’histoire. »

Henri Levavasseur, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh Info, 28 avril 2021)

 

mardi, 16 mars 2021

L’Europe aux cent drapeaux ou l’élection régionale comme identification territoriale européenne

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L’Europe aux cent drapeaux ou l’élection régionale comme identification territoriale européenne

par Franck BULEUX

L’Europe aux cent drapeaux, de la Bretagne à la Normandie

En préambule, quelques mots sur ce titre et son origine, L’Europe aux cent drapeaux… Il s’agissait de l’Europe rêvée par le militant breton, Yann Fouéré, qui a rendu célèbre cette expression, souvent reprise par le Normand Jean Mabire, lors de la parution d’un essai en 1968. Yann Fouéré s’affirmait alors comme un théoricien de l’idée européenne et surtout comme l’annonciateur du réveil des peuples européens. Dans cet essai, le militant breton réclame l’Europe politique et rappelle que celle-ci a déjà existé au Moyen Âge, définissant alors une véritable et innovante « supranationalité » au profit d’un empire. Appelant de ses vœux la « troisième Europe », libérée des forces, à l’époque américaine et soviétique, il souhaite l’effacement des États-nations au profit des peuples et des régions naturelles, véritable nature de l’Europe. Yann Fouéré nous rappelle que la politique nationale doit être une question d’identité, et que cette identité ne correspond pas nécessairement parfaitement à la division politico-géographique de l’Europe en États-nations, conséquence de traités rédigés par les éphémères vainqueurs de batailles. Par exemple, notre identité culturelle et nationale en tant qu’Anglais est distincte de notre statut de citoyen du Royaume-Uni. Son travail pose ainsi une question centrale, nous y reviendrons peut-être, entre l’état de national et celui de citoyen, débat totalement occulté aujourd’hui puisque ces deux notions ne se distinguent pas, laissant à tout citoyen le droit d’être un membre à part entière de la communauté nationale.

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La région, comme expression identitaire de base

Cent drapeaux c’est un choix que l’on peut contester, que l’on peut espérer : c’est à la fois une institution de base, la région qui s’impose et se démultiplie pour représenter une entité géographique naturelle, l’Europe. Cette conception, ce choix écarte celui, exclusif, de l’État-nation. Ne regardons pas cela avec les yeux de 2019 : l’Europe éternelle n’est pas l’Union européenne, il ne s’agit pas ici de combattre toute forme de nationalisme, il s’agit plutôt de le redéfinir et surtout de comprendre le modèle civilisationnel qu’est l’Europe. Notre déterminisme est, ici, d’abord géographique, nous sommes Normands, Français et Européens. Dans l’ordre que vous voulez.

Introduire notre échange par le concept d’enracinement me semble nécessaire. Or, pour s’enraciner, il est pertinent de réunir trois composantes cumulatives : des individus, un territoire et un lien commun entre les deux précédents éléments, les hommes et la terre.

Une terre, un peuple et un déterminisme

Prenons d’abord l’élément le plus immuable, le plus naturel, c’est-à-dire ce qui est maintenu à travers le temps, sauf catastrophes naturelles, la terre. Sans cet élément, aucune ambition humaine collective ne peut s’exprimer. Cette terre peut représenter une nation le plus souvent considérée comme un État au sens moderne du terme, mais aussi une région. Elle va, quoi qu’il en soit, s’identifier à un groupe d’hommes et de femmes.

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L’homme (et la femme) représente la population, celle qui va s’installer (la période de sédentarisation des peuples) sur la terre, qui va mettre en valeur ce sol, l’incarner. Ainsi, les Scandinaves qui arrivent ici, en Normandie, à la fin du IXe siècle vont incarner la terre du Nord. Le territoire préexistait mais n’était que partie de la Neustrie, son incarnation, et la permanence de celle-ci, date de 911 grâce à Rollon, le père de la Normandie. Il y a ici une fécondation de la terre par un peuple qui va générer, initier une existence concrète, celle du pays des hommes du Nord.

Mais la terre et l’homme ne sont pas suffisants, il manque un lien entre eux, un lien commun. C’est ce lien qui va profondément, dans le temps et dans l’espace, fonder le territoire comme incarnation d’un peuple.

Sans le cumul de ces trois éléments, il n’est pas de réalité d’un territoire. La reconnaissance que l’on peut évoquer comme quatrième élément provient de la puissance, c’est-à-dire des trois éléments précédents, l’incarnation d’un peuple sur une terre marque une volonté de puissance et donc une marque de distinction, de différenciation entre nous et les autres.

Une fois cette symbiose réalisée, il s’agit, subsidiairement, de qualifier, administrativement, le territoire : une région, une nation, une province, un État-nation…

Oublions l’affreux terme romain de province, division territoriale d’un État placée sous l’autorité d’un délégué du pouvoir central, qui vient du latin pro vincere et qui sert d’appellation régionale médiatique à l’ensemble de nos territoires décentralisés. Laissons cette expression aux animatrices de la météorologie et aux commentateurs parisiens pour qui la traversée du périphérique est une aventure qui mène inexorablement vers le XXIe arrondissement qu’est Deauville.

Le pouvoir des mots : de la région à la nation

Les autres mots peuvent sembler concurrents : région, nation, État-nation. Pourquoi État-nation, parce qu’un État peut être constitué de plusieurs nations. Cela peut nous sembler anticonstitutionnel, à nous Français dont notre nation, « une et indivisible » est née de la révolution jacobine. Pourtant le Royaume-Uni, mère de la démocratie parlementaire, est un État qui unit plusieurs nations, l’Angleterre, l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord. La conception libérale britannique inclut donc, au sein d’un État monarchique constitutionnel, quatre nations qui bénéficient d’autonomie politique importante, notamment par l’existence de gouvernements nationaux représentant des territoires. Plus au sud, les communautés autonomes (en espagnol : comunidades autónomas, abrégé en CC AA) sont le premier niveau de subdivision territoriale du royaume d’Espagne. Au nombre de 17, auxquelles il faut ajouter les villes autonomes de Ceuta et Melilla, en terre marocaine, elles bénéficient toutes d’un régime d’autonomie interne. Toujours au Sud, en 1970, l’Italie est l’un des premiers pays européens à mettre en place un modèle de décentralisation permettant la valorisation et le développement des ressources économiques et culturelles locales ainsi qu’une plus grande démocratisation du pays et une meilleure efficacité administrative. Je pourrais aussi évoquer les Länder allemands.

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En résumé, région et nation ne sont pas forcément distinctes. Selon les États, ce dernier peut être constitué de régions ou de nations. Le problème n’est pas tant l’appellation que la délégation de pouvoirs de l’État central vers l’entité régionale. Le nerf de la guerre est évidemment le budget, il ne peut pas y avoir de politique sans financement, de pouvoir sans moyens de son exercice.

Rappelons : région et nation ne sont pas forcément distinctes. Selon les États, ce dernier peut être constitué de régions ou de nations. Le problème n’est pas tant l’appellation que la délégation de pouvoirs de l’État central vers l’entité régionale. En règle générale, on fait appel au principe dit de subsidiarité.

Les pouvoirs des communautés autonomes s’étendent dans tous les domaines qui ne sont pas expressément assignés à l’État par la Constitution. L’exemple de la Catalogne est intéressant : le droit à l’autonomie gouvernementale est inscrit dans la Constitution espagnole (article 2). Cet article indique que la Constitution « reconnaît et garantit le droit à l’autonomie des nationalités et des régions qui la composent et la solidarité entre elles».

En revanche, le droit à l’indépendance est interdit par ce même article qui rapporte que : « La Constitution a pour fondement l’unité indissoluble de la nation espagnole, patrie commune et indivisible de tous les Espagnols ». L’organisation d’un référendum en faveur de l’indépendance a été fatale aux dirigeants catalans. L’autonomie a ses limites, celles qui sont définies par l’État central, seul fixateur des règles.

indexgal.jpgLe lien nécessaire entre la terre et la population

Enfin, l’essentiel réside dans le lien qui fonde le pacte entre le territoire et la population, c’est-à-dire ce qui les lie, au-delà des structures qui ne sont que les conséquences des éléments ou des valeurs communs. Entre des hommes et des femmes et une terre, il peut exister un certain nombre d’éléments qualitatifs :

• la langue, c’est un des éléments les plus répandus, l’unité linguistique est un des éléments les plus fondateurs. On parle de pan-ethnisme, doctrine qui vise à réunir sous un même drapeau tous les peuples locuteurs d’une même langue. Chaque ethnie, fondée sur la langue, permettrait d’apporter des solutions aux minorités nationales, notamment à l’Est mais il faut reconnaître qu’un État peut être multi-linguiste et, a contrario, une même langue peut être la langue officielle de plusieurs États, y compris sur des continents différents. Sur ce dernier point, on peut concevoir l’importance des langues européennes à travers le monde. On peut aussi évoquer l’origine indo-européenne des individus qui composent notre continent.

• l’ethnie, au sens racial, est un élément plus controversé, ne serait-ce qu’à cause des mouvements géographiques des peuples. Du moins peut-on considérer qu’à une époque, cette évolution était plus liée à des catastrophes naturelles ou à l’esprit de conquête qu’au rêve allocataire du Sud vers le Nord. On peut toutefois noter que, malgré l’image de lutte progressiste des Basques, l’identité de ce peuple fut d’abord strictement fondée sur le sang. Mais la théorie du sang a ses limites spatiales et temporelles et résiste guère à l’épreuve du temps.

• une conquête territoriale : une volonté d’un peuple de conquête peut représenter la naissance d’un territoire, d’une nation; la conquête pouvant être liée à une « terre promise », comme les États-Unis, nation fédérale composée, elle-aussi, de plusieurs États fédérés.

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Ces considérations, quelles qu’elles soient, demandent aussi un continuum, une espèce de référendum permanent de vie commune. C’est cette permanence, ce continuum qui peut poser question, voire problème dans certaines conceptions étatiques fondées sur des éléments ou des critères peu perceptibles ou peu valorisants. La question de l’identification d’un groupe d’individus à une terre doit se renouveler. Il est possible que le critère ethnique soit assez puissant pour maintenir un lien plurimillénaire, il se peut aussi que des difficultés, celles par exemple du « vivre ensemble », comme l’on dit aujourd’hui, se fasse ressentir, visant ici à contrarier une fragile unité.

Cette possibilité rejoint pour moi la nécessité de l’existence d’une Europe aux cent drapeaux, un France aux aspirations régionales… Car c’est précisément lorsqu’un État, parfois constitué de manière fragile et imparfaite à coup de traités internationaux, se remet en cause que renaît la pensée identitaire régionale, la fameuse question du localisme.

Le respect de la diversité national-étatique a un sens, il s’agit moins ici de séparatisme que de maintien d’une structure étatique (même si l’on peut lui reprocher de nombreuses choses) à travers sa richesse ethnique. L’acceptation de l’autonomisme est souvent le meilleur vaccin contre le séparatisme.

22f06908d9a7b0ed7015cd221436fb40.jpgEt cette diversité représente les cent drapeaux d’une Europe non pas éclatée, mais unie dans l’esprit de sa diversité. L’exemple corse montre aux peuples de France l’exemple au moins institutionnel à suivre. Savez-vous que Jean Mabire a été obligé d’arrêter de donner des libres propos dans National Hebdo, l’ancien journal du Front national (FN) parce qu’il y avait affirmé l’existence du peuple corse, en 1991 ? La difficile affirmation d’une identité française surannée laisse, de facto, liberté aux peuples de France à la libre expression. Les seules minorités ethniques reconnues constitutionnellement sont des communautés ultra-marine, or la terre d’Europe, dont la terre française fait partie, est fertile en peuples, en nations non-étatiques.

L’Île de Beauté a conquis, par les armes et par les urnes dans un esprit politico-militaire, un exécutif territorial; Wallis-et-Futuna a conservé ses trois rois traditionnels; la Polynésie est dirigée par un gouvernement disposant de larges pouvoirs autonomes; quant à la Nouvelle-Calédonie, les référendums vont se succéder pour que l’on tente, grâce ou à cause du gel de l’électorat, d’obtenir, par la voie pacifique dite des urnes, le « oui » à l’indépendance. Pourquoi ces règles admissibles ailleurs mais dans l’espace français, ne pourraient-elles pas être semblables au sein de ce que les médias appellent l’Hexagone ?

Et si l’on admettait la France et l’Europe dans leur ensemble comme des territoires féconds, multiples ?

Bien sûr, ce choix peut être lourd de conséquence.

L’affirmation continentale, vers quelle Europe ?

Le principal problème est celui de l’affirmation continentale face aux nations. On reproche trop souvent aux tenants du régionalisme de vouloir à la fois limiter l’expression nationale et promouvoir la machine européenne, c’est-à-dire l’Union européenne (UE). La notion d’empire peut alors être une alternative, il apparaît évident que trois structures verticales semblent difficiles en matière de coexistence : Europe, nation, région. L’échelon national est parfois contesté, l’exemple de l’Écosse est éclairant à ce sujet. De la même façon, certains élus régionaux préfèrent s’adresser aux institutions européennes qu’aux représentants de leur propre nation, au moins du point de vue de la reconnaissance. La Catalogne a fait appel à l’Union européenne, comme hier certains élus corses.

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L’Esprit européen, titre d’une revue qui hélas a cessé de paraître [NDLR Europe Maxima : revue semestrielle de treize numéros entre 2000 et 2005 animée sous pseudonymes par Jacques Marlaud et Georges Feltin-Tracol, à laquelle Franck Buleux était abonné et dont le site Europe Maxima en est l’héritier], nous appelle d’abord à une certaine transcendance, celle de faire fi des guerres civiles européennes menées sur notre sol et cause de la fin de notre leadership mondial. Le futur débat est politique mais aussi humain. Deux positions sont passionnantes à cet effet :

• L’assimilation de tout type d’immigration, ou plus clairement encore l’assimilation de l’immigration maghrébine ou noire à l’immigration italienne ou polonaise : longtemps et encore aujourd’hui, les tenants de la social-démocratie mondialisée ont tenu ce discours pour contenir l’électoral national-populiste. Cette barrière aurait pu être levée plus rapidement si l’esprit européen avait soufflé plus fortement !

• Autre débat, celui qui consiste à se sentir plus proche d’un Ivoirien que d’un Finlandais, c’est l’approche, par exemple, d’Asselineau et de l’UPR. Pourquoi pas ? Sans doute fonde-il cette appréciation sur l’histoire coloniale ou la langue française qui, de toute façon, est de moins en moins parlée ou comprise, ici comme là-bas.

Ces deux thématiques n’ont pour but que de nous éloigner les uns des autres, soit en tentant d’unir l’ensemble des Français de non-souche, soit en divisant les populations immigrées tout en choisissant la lointaine plutôt que celle avec laquelle nous avons des racines communes.

Hier, les Boches mangeaient les enfants, aujourd’hui les autres Européens ne sont que des immigrés de la génération précédente et annonciatrice du remplacement qui vient. Nos élites sont-elles aussi européennes que l’on veut bien l’entendre ?

Une Europe non-européenne

L’autre danger serait de constituer une Europe dont nous ne voulons pas, celle qui se fonderait selon un modèle purement économique, sans volonté d’empire. Cette Europe, nous l’avons, elle est prête à accueillir le Kosovo, État conçu par les États-Unis de Clinton pour servir de « pourboire » à des musulmans yougoslaves malmenés par leurs voisins, parfois cousins, Serbes ou Croates. L’Europe, gavée au plan Marshall ou l’Europe, adepte du Pacte de Varsovie, ne s’identifie pas à notre continent aux identités charnelles.

Face à ces entreprises de refus d’Europe ou d’Europe matérialiste, il doit exister une autre voie, celle d’une Europe où l’identité serait à la fois multiple et liée, celle où la fierté nationale pourrait se cumuler avec la fierté régionale et l’exigence continentale. Car cela nous est reproché parfois, à nous défenseur de l’idée régionale, d’être trop pro-européen. Le slogan « Small is beautiful » fut repris par les élites lors de la mise en place de l’État-croupion, le Kosovo. Mais les cent drapeaux qui flottent dans nos esprits et dans nos cœurs sont ceux des patries charnelles, celles qui ont créées le continent, terre qui a enchanté le monde.

Le danger mondialiste au cœur de l’identité régionale

Il est aussi de bon ton, lorsque l’on commet un texte, de définir une auto-critique. Le régionalisme peut être, dans certains cas si l’on n’y prend pas garde, un exécrable salmigondis mondialiste. L’exemple nous vient, par exemple mais cet exemple n’est hélas pas exhaustif, de la Catalogne où de nombreux militants et sympathisants s’estiment tellement catalans qu’ils rejettent de manière définitive tout ce qui provient de l’État madrilène. Cette position pousse les régionalistes, enfin certains, à défendre, y compris physiquement, les populations migrantes, de telle façon que l’on pourrait qualifier : non aux Espagnols, oui aux migrants. Cette situation condamnable me semble refléter une différenciation entre les modes de régionalisme, entre les fondements utilisés par les défenseurs des territoires, le nationalisme anti-colonial inspire encore, trop souvent, ces mouvements. Dans mon essai, j’essaie de réaliser une distinction entre l’origine des régionalismes, entre le régionalisme issu d’une envie d’identité et le régionalisme dont l’axe se limite à faire diminuer la fiscalité (Barcelone paie pour Madrid, par exemple). Cette distinction mériterait d’être affinée, mais prenons garde de cette vision identitaire forcément et fermement opposé aux valeurs qui forgent souvent notre communauté de destin. Opposer l’identité nationale, elle-même composée d’identités régionales ou locales, à ces dernières n’est pas la solution idoine.

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Yann Fouéré.

De l’Europe à l’Europe, retour vers Yann Fouéré

C’est en puisant au plus profond de nos racines communes, celles évoquées notamment par Georges Dumézil, que notre continent reprendra sa force et sa vigueur.

Terminons donc ce désir d’Europe par cette phrase du Breton Yann Fouéré, puisque nous avons commencé avec lui :

« L’Europe ne doit pas être stérilisée dans une société purement matérialiste où les chiffres de production seraient le seul critère de progrès. Derrière l’extérieur froid des figures et le monde des économistes, il y a des êtres humains et des citoyens, avec les communautés naturelles auxquelles ils appartiennent. Il y a l’infinie richesse culturelle de l’Europe qui naît de sa diversité. »

Ainsi, ce plaidoyer pour une Europe à la fois diverse et une, où le tout côtoie l’infime, où les peuples se jouent des structures institutionnelles, se termine.

Un clin d’œil en hommage à Guillaume Faye

Il y a trente ans s’effondrait le Mur de Berlin, donnant ainsi un signe d’unité. Il est temps qu’aujourd’hui s’effondre le Mur de l’incompréhension entre Européens, ce mur qui a marqué nos peuples à travers les guerres et les haines. Bien plus solide que le communisme, le mondialisme, véritable système à tuer les peuples est toujours debout.

Franck Buleux.

• Ce texte fut l’objet d’une conférence donnée par l’auteur le 30 novembre 2019.

• D’abord mis en ligne sur Meta Infos, le 24 février 2021.

lundi, 07 décembre 2020

WAR RAOK n°59

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WAR RAOK n°59

Sommaire:

Buhezegezh vreizh page 2 (Michel Lugaid).

Editorial page 3 (Padrig Montauzier).

Buan ha Buan page 4 (Tepod Mab Kerlevenez, Meriadeg de Keranflec’h).

Politique

La barbarie n’épargne jamais rien... page 8 (Erwan Houardon).

Billet d’humeur

La République française : arme de destruction massive page 11 (Riec Cado).

Écologie

La protection de notre littoral page 14 (Mael Le Cosquer).

Tradition

Le corbeau dans les traditions indo-européennes page 17 (Alberto Lombardo).

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton page 19 (Donwal Genvenez).

Tribune libre

L’ineffable beauté de notre combat page 23 (Valérien Cantelmo).

Histoire de Bretagne

Il y a 150 ans, l’enfer du Camp de Conlie page 25 (Camille Le Mercier d’Erm).

Environnement

Entre spoliation et artificialisation des terres bretonnes page 28 (Erwan Houardon).

Civilisation bretonne

Rapports entre principes féminin et masculin page 31 (Fulup Perc’hirin).

Nature

“Courte queue”, le chat sauvage page 35 (Youenn Caouissin).

Lip-e-bav

Raie rôtie au lard page 37 (Youenn ar C’heginer).

Keleier ar Vro

Réunification de la Bretagne page 38 (Meriadeg de Keranflec’h).

Bretagne sacrée

Le Mont-Dol, un mont de légendes page 39 (Per Manac’h).

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EDITORIAL

Le nationalisme : exaltation du sentiment national mais également volonté d’émancipation d’un peuple, son droit à disposer de lui-même

Dans un de mes anciens articles je ne boudais pas mon plaisir à mentionner cette petite phrase : « faisons lever une moisson d’espérance aux couleurs du nationalisme breton ».

Il n’est pas dans mon intention de donner ici un cours de philosophie politique, je n’en ai pas les compétences mais surtout j’ai toujours eu une autre préférence : l’action. Toutefois, la jeune génération de militants bretons a besoin de solides repères, de jalons afin de ne pas céder aux chants des sirènes et ainsi de ne pas déserter le terrain idéologique émasculé par des idéologies du déclin. 

Comprendre le monde, réfléchir, élaborer des solutions requière de connaître le sens des mots. Le terme nationaliste, si décrié, si galvaudé, est pour nous Bretons un ingrédient nécessaire à la libération de notre peuple privé de ses droits nationaux.

Mais d’où vient cette opposition entre patriotisme et nationalisme ? Qui a intérêt à entretenir cet antagonisme qui naît en réalité des usages successifs qui ont été faits de ces termes tout au long de l’histoire ? Opposer patriotisme et nationalisme est un lieu commun du discours politique. Le patriotisme, notion méliorative et affective, serait l’amour de son pays, une conception ouverte de sa patrie, la volonté désintéressée de la servir et de la promouvoir. Le patriotisme serait ouvert et inclusif. A contrario, le nationalisme, notion péjorative, serait une doctrine agressive, un amour exalté de la patrie qui dégénérerait en impérialisme... Le nationalisme serait par définition fermé et exclusif.

Les oligarques qui œuvrent, depuis des dizaines d'années, à diaboliser le concept même de nationalisme, au motif spécieux que ceux qui se déclareraient nationalistes seraient prétendument des nostalgiques du fascisme ou du IIIème Reich, développent avec habileté un sophisme de culpabilité par association, technique fallacieuse qui consiste à tenter de décrédibiliser l'adversaire en prétendant qu'il serait semblable à quelqu'un, ou à quelque chose, de détestable sous le prétexte qu'il en partagerait une caractéristique. Il est remarquable que ces mêmes oligarques n'ont aucunement cherché à diaboliser de la même façon le concept de communisme.

 

« En situation de crise, la première chose à faire est de redonner aux mots leur véritable sens »

(Confucius) 

 

Balayons d’un revers de main et jetons aux oubliettes la stupide et ridicule phrase imputée par erreur à un célèbre général français et dont l’auteur est en fait le romancier Romain Gary : « Le patriotisme c’est l’amour des siens…. le nationalisme, c’est la haine des autres ». Un autre imbécile s’était quant à lui autorisé à déclarer devant le parlement européen : « Le nationalisme, c’est la guerre ». (François Mitterrand 17 janvier 1995).

Pour nous militants bretons, le nationalisme, c’est avant tout la volonté du peuple breton à disposer d’un État souverain. La souveraineté étant de fait consubstantielle à l’État, être souverain signifie donc être maître chez soi, mais être maître chez soi nécessite d’avoir un chez soi, cela semblerait être une lapalissade mais il est, pour nous Bretons, impératif de le souligner.

Notre nationalisme, c'est la volonté politique de pouvoir vivre dans sa patrie, autrement dit dans sa nation, d'y être maître, ce qui implique de ne pas être sous la tutelle d’un pouvoir politique dirigé par un État étranger, en l’occurrence l’État français, sans sous-estimer la politique néfaste de l’Union européenne, véritable courroie de transmission des nouvelles oligarchies.

Les Bretons, depuis la perte de l’indépendance de leur patrie, cherchent à être les sujets, les maîtres de leur destin. Ils choisissent de mettre en avant telle ou telle facette de leur identité, cette identité bretonne forte et ancrée, pourtant persécutée et stigmatisée, qui a dû répondre à de si nombreuses attaques de la France ne désirant que l’effacer, la nier, et qui pourtant revient toujours comme le mouvement incessant des vagues s’étalant sur les plages bretonnes. Et étant donné qu'une identité forte est une condition nécessaire à la souveraineté d'une nation, le nationalisme s’impose naturellement comme la défense simultanée de la souveraineté et de l'identité. Ainsi, pour nous Bretons, patriotisme et nationalisme doivent inévitablement marcher main dans la main.

Je vous souhaite à tous un joyeux Noël et une bonne année 2021.

D’an holl ac’hanoc’h e hetan un Nedeleg laouen hag ur Bloavezh mat 2021.

Padrig MONTAUZIER

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mardi, 27 octobre 2020

Arnaud Imatz: "La historia no es maniquea, está siempre hecha de claros y oscuros, no hay buenos y malos absolutos"

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Arnaud Imatz: "La historia no es maniquea, está siempre hecha de claros y oscuros, no hay buenos y malos absolutos"

Ex: https://latribunadelpaisvasco.com

Arnaud Imatz (Bayona - Francia -, 1948) es un historiador francés, doctor de Estado en Ciencias Políticas, diplomado en Derecho y Ciencias Económicas y Académico Correspondiente extranjero de la Real Academia de la Historia. Ha sido también funcionario internacional (OCDE) y fundador y administrador de empresas. Estudioso desde hace largo tiempo del mundo hispánico ha publicado una docena de libros y ha colaborado con numerosos ensayos y artículos en una treintena de las más prestigiosas revistas europeas y americanas. Ahora, La Tribuna del País Vasco Ediciones publica su última obra, un magnífico opúsculo titulado Vascos y Navarros, Mitos, historia y realidades identitarias.

ai-vascos.jpg¿Cómo surgió la idea de escribir el librito “Vascos y Navarros”?

Empecé escribiendo un artículo-cronología en francés que tuve la sorpresa de ver publicado en una guía turística en la cual ni siquiera mencionaban mi firma. A raíz de ese asunto, decidí revisar y ampliar considerablemente el texto. Más que nada es un pequeño homenaje a mis antepasados. Eran vascos, navarros y bearneses. Eran pescadores, panaderos, vinateros, contratistas de obras públicas, militares, carpinteros, tabacaleros, libreros, dueños de restaurantes y hosteleros, ubicados en la mayoría de los casos en Hendaya.

Yo nací en Bayona, pero a los pocos meses de vida ya iba con mi madre a la playa de Hendaya, la de La pointe, justo en frente de Fuenterrabía. Un lugar precioso, hoy desaparecido, habiendo sido sustituido por la bonita pero convencional marina, o puerto deportivo de Sokoburu. Con mi mujer, mi hijo y mis dos hijas he vivido primero en París y luego durante veinte años en Madrid. Allí tengo recuerdos inolvidables y amigos entrañables (incluso un autentico “hijo espiritual”). Pero he pasado la mayoría de mi tiempo - más de cuarenta años -  en el País Vasco, un lugar del mundo excepcional. Por supuesto, mis amigos gallegos, bretones, andaluces o corsos pueden discrepar. Esto es normal. Mis hijos y nietos, que viven más al norte, y mi mujer, nacida en la “Isla de Francia” (aunque de ascendencia en parte vizcaína), se burlan a veces de mi excesivo apego al terruño. ¡Pero qué más da! Yo también tenía mis dudas y reaccionaba con escepticismo cuando en los lejanos años ochenta un amigo vasco, catedrático de Derecho, que había sido miembro del tribunal que examinó mi tesis doctoral, contestaba a mis preguntas: “¿Qué tal La Reunión”, ¿Qué tal La Martinica?”, etc. : “Bien, bien, pero ya sabes que cuando uno conoce Biriatu…”. Ni siquiera se tomaba la molestia de acabar su frase. Ahora sé que tenía razón.

¿Así que su familia ha echado hondas raíces en el País Vasco?

Sí, efectivamente. El patrononímico Imatz o Imaz, significa mimbre, mimbral, pastizal o juncal, se encuentra, sobre todo, en la comunidad autónoma vasca, pero también está presente, aunque de una forma menos frecuente, en Navarra y en el País Vasco francés. En mi rama materna hay un buen número de apellidos vascos. La mayoría nacieron y vivieron en Hendaya. Algunos se alejaron, se fueron a trabajar a diferentes ciudades de Francia o de España (Madrid, Palencia o en Andalucía), incluso en América, pero tarde o temprano casi todos volvieron a su pueblo nativo en el País Vasco francés. Mi abuelo materno era vasco, carlista y por supuesto católico. Conservó toda su vida una boina regalada a su familia por Don Carlos. Estuvo trabajando en hoteles de Guayaquil y de Londres y luego en el María Cristina de San Sebastián, cuando su inauguración en 1912. Durante la Primera Guerra Mundial participó como artillero en la Batalla de Verdún. Una vez desmovilizado volvió a Hendaya para hacerse cargo del hotel de sus padres. Hablaba vasco y francés, pero también español, como la mayoría de los miembros de mi familia de aquella época, y por cierto eran muy amigos de España y de los españoles.

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A finales del siglo XIX y principios del siglo XX, mi bisabuelo tenía un hermano párroco en Biriatu. El hombre se dedicaba a su sacerdocio, pero le gustaba jugar a la pelota, eso sí, siempre llevando su sotana. Se involucró mucho en la defensa y salvaguardia de la lengua y cultura vascas. Así eran los famosos sacerdotes vasco-franceses de antaño. Mi tía-abuela solía tocar el piano y me enseñó, entre otras cosas, el Oriamendi y el Himno de San Marcial. Desde su casa, situada en las orillas del Bidasoa, podía ver el Alarde de Irún y de noche escuchar, aunque muy pocas veces, los susurros de los contrabandistas. Mi tía-abuela y mi bisabuela (una viuda de carácter fuerte que había sido directora del Casino de Hendaya en los años veinte del pasado siglo) me contaron numerosísimos recuerdos de nuestra familia fronteriza.

¿Nos puede contar algunos de estos recuerdos?

Algunas anécdotas: pocos meses antes de morir, mi abuelo carlista, naturalmente a favor del bando nacional, negoció con el comandante Julián Troncoso, un amigo suyo, el canje de una amiga del bando republicano, Pepita Arrocena. A raíz del intento de Revolución Socialista, en 1934, Pepita había cruzado la frontera con su chófer y con el líder socialista Indalecio Prieto escondido en el maletero de su coche.

En otras circunstancias, amigos franceses de mi abuelo participaron al fallido asalto al submarino republicano C2 fondeando en el puerto de Brest. Debo decir que durante la Guerra Civil muchísimos corresponsales extranjeros acostumbraban a alojarse en el hotel de mis abuelos. Al final de la contienda, mi abuela, ya viuda, era muy amiga de la mujer del Mariscal Pétain, embajador de Francia en España. Pero dos años después, estando en la zona llamada “prohibida”, en plena ocupación nazi, y a pesar de su amistad con Annie Pétain, la “Mariscala”, mi abuela simpatizaba con los gaullistas y participaba a la Resistencia anti-alemana. Estaba en contacto con la ORA (Organisation de Résistance de l’Armée) del País Vasco y con su amigo el doctor irunés Alberto Anguera Anglés, el cual se encargaba de encaminar el correo de los evadidos de Francia.

La otra rama de mi familia, la paterna, era bearnesa, venía de Pau y Orthez. Mi abuelo paterno era un republicano católico, un suboficial mayor que había sido uno de los soldados más condecorados de la Primera Guerra Mundial. Mutilado de guerra, se instaló en 1919 en Hendaya con su mujer y sus cuatro hijos para ejercer la profesión de tabacalero y librero. Su hijo, mi padre, llegó a Hendaya a los seis meses. Gran deportista, fue cuatro veces campeón de Francia de pelota en los años 1930 y 1940, en la modalidad de pala larga, en plaza libre. Mi familia paterna se dividía entonces entre los incondicionales del Mariscal Pétain, como mi abuelo, y los partidarios de Charles de Gaulle, como sus cuatro hijos, entre los cuales figuraban mi padre y mi padrino, el mayor de edad herido de gravedad en Dunquerque. Todos estos recuerdos de familia me hicieron entender muy temprano que la historia no es maniquea, que está siempre hecha de claros y oscuros, que no hay buenos y malos absolutos, que no hay pretendidas justicias históricas o democráticas como vuelven a decir hoy los traficantes de odio y de rencor, los miserables fantoches de la política que viven para jugar con el fuego.

En su opinión, entre vascos y navarros, ¿hay más cosas que unen o separan?

Para contestar con detalle habría que referirse a la historia larga de los condados vascos medievales, del reino de Navarra, de España, del Imperio hispánico y del Estado-nación francés. Son temas que abordo, aunque sucintamente, en el breviario histórico al que te refieres y que ha publicado La Tribuna del País Vasco. Sería por supuesto incapaz de resumir todos estos enjundiosos temas en unas pocas palabras. Confieso que a título personal, a pesar de mi nacionalidad, y debido a mi cultura hispano-francesa, simpatizo bastante más con el Imperio Católico Hispánico de Carlos V y Felipe II que con el Estado-nación galicano-católico francés de Richelieu, Luis XIII, Luis XIV y los Revolucionarios de 1789 y 1792. Ya sabemos que la “razón de Estado” de dichos políticos franceses estuvo muy influenciada por Maquiavelo e indirectamente por la prosa y actitud de los protestantes. Dicho esto, no se puede borrar, así como así, cinco, diez o quince siglos de historia común, ni manipularlos, ni tergiversarlos.

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Ahora bien, si en su pregunta se refiere esencialmente a nuestros días le diré que, paradójicamente, hay cada día más cosas que unen a los vascos y navarros y menos que les separen. Pero, ¡ojo!, no caigo por ello en los ensueños independentistas o separatistas. Lo que pienso es que dichos pueblos pierden cada uno sus especificidades y se van uniendo poco a poco, pero desgraciadamente en la nada, en el gran mortero del mundialismo. Me explico: a estas alturas todos somos víctimas de la globalización, del consumismo, del mercantilismo, del declive demográfico, del individualismo multiculturalista, de la decadencia de la religión, de la Iglesia y del cristianismo, tantas plagas que se han revelado a la larga muchísimo más corrosivas y mortíferas para los vascos y los navarros (y también en general para todos los pueblos de Europa) que los “cuarenta años de dictadura franquista”, el “centralismo borbónico del siglo XIX”, o el “centralismo jacobino francés” aún vigente.

Es verdad, gracias a Dios, que nuestras tierras (que han sido a veces marcadas por una violencia salvaje indigna de los seres humanos) no han padecido de forma duradera los horrores del nazismo o peor aún (debido al número de muertos) las monstruosidades del totalitarismo marxista-comunista. En esto, los nacionalistas radicales están completamente ciegos y se equivocan totalmente de adversario. Gangrenado por la mezcolanza del internacionalismo marxista y de lo que los americanos llaman el “marxismo cultural”, el radicalismo izquierdista abertzale ha venido a ser el perfecto aliado del hipercapitalismo o turbocapitalismo mundialista. Los dos, mundialistas y nacionalistas-separatistas, van arrancando lo mejor de los valores de los navarros y vascos, las más hondas raíces de sendos pueblos. En el fondo son dos lados de una misma pinza.

En su opinión, ¿qué supone el euskera para la realidad de vascos y navarros?

Es un factor importante, pero no suficiente para definir toda la identidad y realidad vasca. Tan importantes son la etnia, la demografía, la cultura y la historia. Hay vascos euskaldunak, porque hablan la lengua vasca, hay vascos euskotarrak porque se definen étnicamente como vascos aunque se expresen en francés o en español y hay vascos que son ciudadanos vascos porque residen en el País Vasco y quieren al País Vasco. En la Comunidad Foral de Navarra, que se funda en una larga y brillante historia propia, es otro cantar: hay vascos que se sienten vascos y muchos navarros que no son ni se sienten vascos.

ai-josé.jpgLo que hace el Gobierno Vasco para la defensa de la lengua vasca me parece bastante acertado, a pesar de todas las acciones caricaturescas y desprovistas de sentido que han sido tomadas en contra del idioma castellano o -mejor dicho- del español, una de las dos o tres lengua más habladas del mundo. Ya sabemos que el idioma no es suficiente, pero además de esto no se debe esconder que los resultados de las políticas a favor del euskera son más bien escasos. La realidad es que no hay nación o patria posible sin un legado histórico combinado a un consentimiento y una voluntad de existencia por parte del pueblo. Nicolas Berdiaev y otros autores europeos famosos como Ortega y Gasset hablaban de unidad o comunidad de destino histórico. Pues bien, sin la combinación armoniosa del fundamento histórico-cultural y del factor voluntarista o consensual, sin esos dos ejes, no puede haber nación. Y por eso ya no hay hoy una verdadera nación española como no hay tampoco hoy verdaderas nacionalidades o naciones pequeñas dentro de España.

Lo mismo se puede decir del resto de Europa occidental, cuyo poderío esta en claro declive, si lo comparamos a las grandes potencias actuales. En Francia, es muy significativo que un político profesional como Manuel Valls, que siempre cree tener un as en la manga, haya admitido por fin recientemente que “la sociedad francesa está gangrenada, fracturada por el islamismo”. Por eso mismo las autoridades catalanas y los catalanistas que declaran con énfasis o dejan entender hipócritamente que prefieren una inmigración norteafricana que no habla el español, por considerarla más propensa a aprender el catalán, a una inmigración hispanoamericana católica e hispanohablante, son ignorantes e incoherentes. Con ellos los días del fet Catala están contados. Por lo menos, y de momento, los despropósitos inmigracionistas de los catalanistas no parecen imperar tan fuertemente entre los militantes nacionalistas vascos radicales.

¿Cómo definiría el sentimiento identitario navarro?

Creo haber contestado ya en parte. Para mí el navarrismo se sitúa en el pasado, sus señas de identidad eran el catolicismo y el tradicionalismo. Era lo propio de los requetés, las boinas rojas que tanto admiraba mi abuelo materno y que hoy solo existen a dosis homeopáticas. Lo mismo diría de la figura del vasco noble, católico, arraigado, trabajador y honesto de antaño. Parece que las “élites”, la oligarquía o casta política vasca y navarra hayan elegido, no sé si definitivamente o no, el camino de la armonización y del alineamiento con los valores y presupuestos del mundialismo o del altermundialismo (lo que da lo mismo) o del llamado transnacionalismo progresista. Fingen creer que el vasco y el navarro se definen solo administrativamente o jurídicamente a partir de un documento o un DNI. Parece que ansían poblar los futuros territorios vascos y navarros con el homo economicus, asexual, apatrida y fantasmagórico, tan criticado antaño por el vasco-español Unamuno y por las figuras más relevantes del nacionalismo vasco. Si a esto añadimos los estragos de la terrible crisis demográfica, sin duda la peor de toda España y posiblemente de toda Europa occidental, las perspectivas no son muy alentadoras. Y, mientras tanto, los jóvenes vascos escuchan la música anglosajona, tocan el “rock vasco”, comen hamburguesas, consumen drogas (los jóvenes abertzales más que cualquiera), defienden la apertura de las fronteras, la inmigración sin límites, el laicismo agresivo, la teoría del género, el transhumanismo, el odio al Estado y a la historia de la nación española, y todas la chorradas importadas desde los campus americanos. Podría limitarme a decir en francés o en inglés: “Grand bien leur fasse / Great good to them”. Pero tengo la íntima y terrible convicción que si no se reacciona rápidamente nos traerán un futuro sombrío, crudo y sanguinario que nuestros descendientes padecerán.

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¿Qué opinas de la afirmación que hace Stanley Payne en el prólogo del libro señalando que “El País Vasco es la región más singular de España”? ¿Cuáles son sus sentimientos hacia el País Vasco y hacia Navarra?

Stanley Payne pertenece a la tradición de los historiadores anglosajones que casi nunca pierden su flema o digamos una cierta compostura prudente y equilibrada. Es un investigador e historiador, pero es un hombre y no un robot. Por eso opina, juzga e interpreta, aunque siempre con cierta sobriedad y ponderación. En ese texto se refiere a la singularidad del idioma, de las instituciones y de la historia vasca (pasa por alto la etnia). Ahora bien, es americano, yo no, y si digo que estoy de acuerdo con él cuando dice que "el País Vasco es la región más singular de España" muchos dirán que esto se debe a mi querencia personal. Precisamente a raíz de ese texto de Payne un amigo mío, no exento del sentido del humor, me escribió: "Esta muy bien, aunque yo creo que los gallegos somos más particulares que los vascos".

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En el libro Vascos y Navarros he intentado ser lo más riguroso, honesto y desinteresado posible. Siempre he pensado que la auténtica objetividad no reside tanto en un alejamiento hostil cuanto en una suerte de voluntad bienintencionada que sea capaz de comprender y explicar las ideas ajenas sin renunciar a sus propias razones. Esto dicho, permítanme decir y repetir aquí que, a pesar de las evoluciones o involuciones recientes y de las carencias de las seudo o autoproclamadas "élites" políticas vasco-navarras, el País Vasco y Navarra son mis tierras predilectas. 

¿Cómo se ve la reciente historia del País Vasco y de España desde el País Vasco francés?

El partidismo, el desconocimiento o el desinterés, no solo de la mayoría de los franceses sino también de la mayoría de los políticos y periodistas galos, por la historia y la política del País Vasco y Navarra, y más generalmente por la de España en su conjunto, son abismales, insondables. La tendencia es un poco diferente en el País Vasco francés debido a la proximidad de la frontera y a la presencia de un electorado nacionalista vasco, débil pero no insignificante, que representa del 10% al 12% del electorado. Globalmente, muchos se sienten vascos, pero como en el resto de Francia la mayoría se desinteresa de la historia y de la política de la península a no ser que ocurra un hecho trascendental. En cuanto a la pequeña minoría nacionalista vasca del norte recicla incansablemente los tópicos hispanófobos aunque a veces temen ser fagocitados por sus potentes hermanos del sur.

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En mi caso, no bajo las armas. Con la ayuda de un puñado de jóvenes y veteranos historiadores franceses y de editoriales valientes, sigo y seguiré explicando, denunciando y rebatiendo las leyendas negras, las ideas falsas, los datos censurados, los hechos instrumentalizados y las sandeces hispanofóbicas, difundidas por los ignorantes, los malvados y, lamentablemente, por una buena parte de la casta política vasca, navarra y española.

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mercredi, 26 août 2020

War Raok n° 58

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EDITORIAL:

La victoire de l’audace  ! 

«  La passion doit céder parfois à la raison, lorsque l’on veut réellement atteindre le but que l’on s’est assigné...  ».

Cela ne signifie nullement l’abandon de nos idées, de nos convictions, mais la situation en Bretagne est arrivée à un tel degré qu’il nous faut envisager une stratégie nouvelle, une stratégie d’alliance et d’union avec l’ensemble du mouvement national breton. 

Certains, idéologues sectaires, considèrent que l’union nationale est un classique de la rhétorique politique, une expression magique qui, à chaque crise grave, revient comme une arlésienne. C’est, chaque fois, la même musique... Ils font fausse route et négligent que dans le cadre de la Bretagne il ne s’agit pas d’une simple crise, il s’agit d’une lutte de libération nationale, d’une lutte pour l’émancipation d’un peuple… Cette notion unanimiste consiste à considérer que, pour un temps, ce qui nous rassemble est au-dessus de ce qui nous divise et doit requérir deux principales conditions : qu’il existe un ennemi bien identifié et qu’elle s’inscrive dans un horizon temporel bien défini.

Alors oui cette union est plus nécessaire que jamais, mais il n’y a d’union réellement féconde que sur des principes et fondements certains. Il n’y a d’union digne d’être recherchée et voulue que celle qui ne se fait pas pour un jour, mais pour toujours. De même, il ne peut y avoir unité sans action ou alors elle n’est qu’une banale farce ou duperie et nous n’avons aucun goût pour participer à un rassemblement de pure forme.

Les enthousiasmes les plus ardents, les meilleures volontés ont beau s’unir, s’il ne s’agit que de doctrines, d’idéologies, de plans douteux… les plus belles flammes s’éteignent et ne laissent subsister qu’un peu de cendre froide. La plupart des militants nationalistes bretons sont animés d’un enthousiasme à la fois passionné, exalté et d’une volonté sincère de réaliser le bonheur du peuple breton. La plupart de ces hommes et femmes sont également des militants de valeur et tous ou au moins presque tous ont de toute évidence l’esprit et le cœur frappés comme d’une espèce d’illumination par le terrible sort fait au peuple breton par une république française s’arc-boutant sur un colonialisme d’un autre âge.

L’union nationale, le rassemblement de bonnes volontés, qui ne sont pas seulement valables par ce qu’ils sont, mais aussi par ce qu’ils représentent de possibilités pour la nation bretonne, doivent être une chose vraie. Une union nationale, qui associerait pour un temps les bonnes volontés et laisserait de côté les intérêts partisans au profit de l’intérêt général, doit être une véritable arme que nous devons brandir plus hardiment que jamais. La tâche qui reste à accomplir n’est pas insurmontable. Les militants bretons ont assez de caractère, de détermination en eux-mêmes et s’il leur en manquait, ils les puiseraient dans le souvenir de leurs héros, pour ainsi faire face aux dangers des nombreux ennemis de l’émancipation de notre peuple et aux bassesses mesquines de l’État français.

Pobl vreizh n’eo ket marv koulskoude c’hoazh, met war-nes mervel emañ* 

La mise sur pied d’une authentique union nationale doit, pour tous les défenseurs des libertés bretonnes, être salutaire et c’est pourquoi, plus résolu que jamais à l’union dans le combat et pour une action précise, tout patriote breton doit prendre conscience que la libération de la Bretagne dépend du succès d’une telle expérience. Nos amis Corses ont bien compris la nécessité de s’unir malgré leurs divisions.

Cette tâche, ce véritable espoir pour la Bretagne et pour son peuple, doit être la plus belle mais aussi la plus efficace de toutes celles qui nous sont imparties. Nous devons la mener à bien et assurer sa pleine réussite. De sa réalisation dépend pour la plus grande part l’avenir de la nation bretonne et du peuple breton.

Peut-être est-il temps de changer d’état d’esprit ?

Padrig MONTAUZIER

* Le peuple breton n’est pas encore mort, mais il est sur le point de mourir.

Sommaire War Raok n° 58

Buhezegezh vreizh page 2

Editorial page 3

Buan ha Buan page 4

Terre d’Europe

Les coutumes des peuples de Russie page 12

Politique

Covid-19, muezzin et Le Camp des Saints page 14

Histoire de Celtie

La bataille de Culloden page 18

Billet d’humeur

Et si l’on arrêtait de stigmatiser les extraterrestres ! Page 20

Tribune libre

La guerre sociale qui vient page 22

Identité bretonne

Bretagne : la vie des paysans jadis page 24

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton page 25

Europe

Pourquoi nous combattons page 33

Écologie

L’écologie vue de droite page 35

Géopolitique

La Russie de Poutine page 37

Histoire de Bretagne

Cadoudal : l’attentat de la rue Saint-Nicaise page 39

Environnement

Un environnement sain : un atout majeur pour la Bretagne page 43

Civilisation bretonne

Rapports entre principes féminin et masculin page 45

Nature

Les pics, des percussionnistes agréables à entendre page 47

Lip-e-bav

Potée bretonne version quimperoise page 49

Keleier ar Vro

Pardons bretons et troménies, patrimoine culturel page 50

Bretagne sacrée

Le château de Trécesson page 51

vendredi, 29 mars 2019

Les derniers rebelles alsaciens

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Les derniers rebelles alsaciens

par José Meidinger

Ex: http://www.bvoltaire.fr

Martin-Graff-Mange-ta-choucroute-et-tais-toi.jpgQui l’eût cru ? La très sage, la respectueuse, la tranquille Alsace et ses habitants, souvent plus français (« Hourrah Franzosen ») que les Français eux-mêmes, ruent depuis quelques mois dans les brancards hexagonaux, réclamant un « Elsass-Exit » de cette région Grand Est bricolée à la hâte par Hollande à la fin de son mandat présidentiel, redessinée dans ses contours avec Manuel Valls, sur un coin de table élyséen. L’un de ses contempteurs les mieux inspirés, Martin Graff, le « trublion franco-allemand », est de ceux, avec les militants d’Unserland, que cette dissolution de force de l’Alsace dans le Grand Est hérissait au plus haut point. Inlassable pourfendeur des diktats parisiens, cet éternel « empêcheur de penser en rond » – bienvenue au club – nous avait pourtant prévenus dans son abrasif best-seller alsacien Mange ta choucroute et tais-toi, un pamphlet décapant sur le personnel politique, culturel et économique de notre région qui, aujourd’hui, tant bien que mal, cherche peu ou prou à reprendre la main pour redonner à l’Alsace son identité perdue dans le cadre, cette fois, d’une Collectivité européenne.

À l’instar d’Ernst Jünger (Der Waldgänger), notre rebelle des forêts vosgiennes de la vallée de Munster, Martin Graff, avait un cousin de cœur en Crète, René Ehni, l’un des derniers écrivains alsaciens publiés nationalement (chez Christian Bourgois, La Gloire du vaurien) à vouloir ruer, à son tour, dans les brancards d’une Alsace aseptisée, ankylosée, autosatisfaite… René Ehni en avait à ce point gros sur le cœur qu’il avait quitté à jamais cette Alsace qui, me confiait-il, ne ressemblait plus qu’à « un immense champ de maïs planté de fanions du Crédit mutuel », comme l’a croqué si joliment un jour mon ami Maurice Roeckel (Les Étoiles d’Alsace), rebelle impénitent de la malbouffe en Alsace. René Ehni, exilé au pays de Zorba, converti sous le nom de Nicolas à l’orthodoxie, ne supportait plus le « blabla alsacien » et ses éternels atermoiements. Figure explosive et explosée du Saint-Germain-des-Prés des années 70, grand agitateur d’idées à la sexualité parfois ambiguë, Nicolas Ehni écrit toujours à l’ancienne, tape ses manuscrits sur une machine à écrire Erika de l’ex-Allemagne de l’Est, et l’on attend avec impatience ses prochains délires vivifiants.

schittlycolchiques.jpgIl faudrait également, au Panthéon des écrivains rebelles alsaciens contemporains, ne pas oublier Louis Schittly, cofondateur avec Bernard Kouchner de Médecins sans frontières, et à ce titre colauréat du prix Nobel de la paix. Le sundgauvien Louis Schittly (L’Homme qui voulait voir la guerre de près) est également l’auteur d’Un automne sans colchiques, un roman à feuilleter à voix haute, avec le colchique, une plante bulbeuse indigène répartie surtout sur l’est de la France.

Enfin, comment ne pas garder pour la bonne bouche « l’ogre » Gérard Oberlé, né dans un canton alsacien à la frontière de la Lorraine. Avec Retour à Zornhof, un « voyage d’hiver » rythmé par le cycle des lieder de Schubert, Gérard Oberlé, établi dans le Sud Morvan, essaye de faire enfin la paix avec sa terre natale. Le récit n’est pas autobiographique – enfin, pas vraiment -, avoue-t-il : « Ce sont les errances crépusculaires d’un romancier, un homme d’hier, un homme des sentiments anciens. Trois jours et trois nuits d’inventaire avant fermeture définitive. » Et il ajoute : « Dans un monde entièrement d’apparences, il faut, malgré un sentiment délicieux de la vanité des choses, essayer de garder l’enchantement persistant. »

mercredi, 21 février 2018

Qu’est-ce qu’un Autochtone européen ?

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Qu’est-ce qu’un Autochtone européen?

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

Selon le Larousse, un Autochtone est quelqu’un qui est « originaire par voie ancestrale du pays qu’il habite ». Cette définition a l’avantage de poser correctement ce qui fonde l’autochtonie : la fusion d’une  lignée et d’un lieu. Cependant, le mot « pays » manque ici singulièrement de précision et peut prêter à confusion.
 

Qu’est-ce qu’un « pays » ? On comprend bien qu’il s’agit d’un territoire, mais de quel territoire parle-t-on : celui d’un village avec ses environs, d’une province, d’un Etat, d’un continent ? Un Franc-Comtois résidant en Dauphiné est-il un Autochtone ? On dira sans doute qu’il est un Autochtone de France. Mais est-ce vrai dans la mesure où la lignée ancestrale de ce Franc-Comtois s’enracine dans une province qui n’est pas française avant 1678 ? Et puis la France elle-même, avec ses frontières changeantes, a-t-elle toujours existé ? Et si la France est une création récente, comment une lignée qui plonge son origine dans la nuit des temps pourrait-elle s’y enraciner ? Les frontières conventionnelles et l’autochtonicité n’évoluent pas dans la même durée. D’une manière générale, les limites tracées par l’homme  (administratives, politiques, provinciales, nationales, étatiques…) sont trop aléatoires, mouvantes, passagères, confuses et récentes pour que l’autochtonicité puisse en dépendre véritablement. Un Alsacien, par exemple, est un Autochtone de l’empire romain en 212, un Autochtone du royaume d’Austrasie au VIe siècle, un Autochtone de France à partir de 1648, un Autochtone de l’Empire allemand en 1871, un Autochtone de France en 1919, un Autochtone d’Allemagne en 1940, et de nouveau un Autochtone  de France en 1945 ! De quel « pays » sera-t-il l’Autochtone dans un siècle ou deux ? Cela n’a aucun sens.

Pour surmonter cette difficulté, il faut substituer à la notion de « pays », la notion de « terre ancestrale ». Le « pays » est le produit des vicissitudes de l’histoire. Au contraire, la « terre ancestrale » est le territoire où a vécu la lignée, quels que soient les aléas historiques qui changent le nom de ce territoire, qui le divisent, ou qui le rattachent à telle ou telle possession étatique. Peu importe que des frontières étatiques variables morcellent « accidentellement » la terre où vécurent les ancêtres : la terre ancestrale existe en soi comme un tout indivisible indépendamment de la volonté des hommes. Dès lors, si l’on fait abstraction des frontières posées par l’histoire et si l’on tient compte des grandes migrations intra-européennes (qui ont toujours plus ou moins existé), la terre ancestrale d’un Européen quel qu’il soit, ne peut être, de mémoire d’homme, que l’Europe. L’Europe est le patrimoine commun de tous les ethnoeuropéens. Et ceux-ci, avant d’être par les hasards de l’histoire des Autochtones de France, d’Allemagne ou de Russie, sont par nature des Autochtones européens. Nous posons donc la définition suivante : « Un Autochtone est une personne originaire par voie ancestrale des terres ancestrales qu’il habite ».

Est-ce à dire qu’il n’y a aujourd’hui aucune différence entre les peuples européens ? Bien sûr que non. Nous soulignons simplement que le continent européen est pour tous les peuples européens leur terre ancestrale,  leur terre des pères à tous, leur patrie commune (patrie : du latin patria : « terre des aïeux »). Cela est d’autant plus nécessaire à rappeler que les frontières extérieures des pays européens sont effacées sous les coups du mondialisme et que des frontières intérieures (ethniques, notamment) les fractionnent désormais. Se dire Autochtones de « pays » qui n’en sont plus vraiment, et qui ne l’ont pas toujours été, affaiblit sans doute la notion d’enracinement autochtone. Au contraire, il est bien plus juste et solide de se dire Autochtone européen de tel ou tel pays (la France, l’Italie…) : la notion d’Autochtonie repose alors sur les terres ancestrales européennes (le continent européen) , terres qui se confondent avec le Grand Peuple européen les habitant, de mémoire d’homme, depuis toujours.

De ce qui précède, nous pouvons dire que l’expression « Autochtones de France » est contestable, même si nous l’employons parfois par facilité. Il faudrait dire, pour être plus exact : « Autochtones européens de France » (c’est-à-dire : « Autochtones européens habitant les 551 500 km2 circonscrivant temporairement le territoire temporairement nommé France »). De ce point de vue, un Espagnol habitant la France est autant « Autochtone européen de France » qu’un  « Français de souche » (de même qu’un Français en Espagne est un « Autochtone européen d’Espagne »). Attention : cela ne signifie pas qu’un Espagnol est un Français ou que l’hispanité est la francité !

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De la même manière, il nous semble préférable de substituer l’expression « Français de souche européenne » à celle de « Français de souche ». L’expression « Français de souche européenne » correspond mieux aux réalités historiques et neutralise l’argument-Système clé, selon lequel les Français « descendent tous d'immigrants à un certain horizon temporel » (Herve Le Bras). L’affirmation est juste à condition de définir l’immigrant par rapport aux frontières actuelles, par définition temporaires et accidentelles. De ce point de vue arbitraire, un jeune ramoneur savoyard serait classé comme « immigrant » si la Savoie n’avait pas été rattachée à la France en 1860. A contrario, les Wallons venus travailler en France à la fin du XIXe siècle ne seraient pas classés comme « immigrants » si la Belgique était restée à la France après 1815. Tout cela n’a bien sûr aucun sens. L’important n’est pas l’appartenance juridico-administrative à un moment donné, mais l’appartenance lignagère et identitaire. Au-delà d’un « certain horizon temporel » (ces 50 dernières années) les « immigrants » sont tous, ou peu s’en faut, des Autochtones européens, membres du Grand Peuple européen, disposant du  même fond identitaire européen que les Français et c’est en raison de cela que le « vivre-ensemble » a été possible. Faire reposer l’Autochtonie sur un « pays » incontestable (le continent européen) et sur une voie ancestrale incontestable (la lignée européenne) serait plus juste et neutraliserait par avance de nombreux sophismes voulant justifier le Grand Remplacement. Ajoutons que cela unirait des Européens confrontés aux mêmes défi du Grand Remplacement et leur restituerait dans le même mouvement une patrie véritable, bien qu’à reconquérir.

Les Etats-nations sont devenus des réceptacles où se déverse le monde (des « creusets »). Les patries d’autrefois (la « France », « l’Allemagne », le « Royaume-Uni »…) font maintenant partie de l’ancien monde. L’autochtonicité européenne, quant à elle, s’annonce déjà comme un référent identitaire puissant et incontournable. Expression du droit à l’existence des peuples européens, en même temps que socle sur lequel les peuples européens peuvent vivre leur diversité, l’autochtonicité européenne fonde une nouvelle patrie et révèle un peuple jusque là caché par les soubresauts de l’Histoire : le Grand Peuple européen.

Car si tous les Autochtones européens ont reçu en héritage la même « terre des pères », alors ils sont tous frères.

Antonin Campana

lundi, 15 janvier 2018

Pour une « Grande Provence »

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Pour une « Grande Provence »

PEB-por.jpgNous publions régulièrement dans nos colonnes des éditoriaux de Pierre-Émile Blairon, auteur installé à Aix-en-Provence qui partage ses activités littéraires entre deux passions :
La Provence : il anime la revue Grande Provence, il a écrit deux biographies sur deux grands provençaux : Jean Giono et Nostradamus et Le Guide secret d’Aix-en-Provence.
Les spiritualités traditionnelles : il anime la revue Hyperborée qui se consacre à l’histoire spirituelle du monde et à son devenir. La roue et le sablier résume la vue-du-monde de l’auteur et des collaborateurs de la revue.

Amoureux et grand connaisseur de la Provence, Pierre-Émile Blairon est l’auteur des Guides secrets d’Aix-en-Provence et de la Côte d’Azur.

Pierre-Émile Blairon nous fait part dans un éditorial très argumenté de son point de vue sur le nom qu’il recommande pour notre Région.

Pour une « Grande Provence » ?

Mondialistes et altermondialistes

Nos politiciens et la presse aux ordres veulent nous faire croire que les Français sont toujours régis par le clivage gauche-droite ; il y a pourtant belle lurette que ce clivage démocratique (car inspiré à l’origine de la situation géographique des députés au sein de l’Assemblée nationale) n’existe plus. Ce sont désormais les tenants « progressistes » de l’uniformisation du monde qui s’opposent aux partisans de l’enracinement et de la Tradition, clivage qui ne peut être démocratique car issu (pour ces derniers) des théories complotistes et conspirationnistes, selon le politiquement correct.

provence,pierre-émile blairon,régions,terres d'europe,europe,affaires européennes,france,côte d'azur,nice,histoire,régionalismeLes mondialistes n’avoueraient pour rien au monde qu’ils nous préparent un avenir transhumaniste, c’est-à-dire la robotisation intégrale de la condition humaine, de l’Homme, pour être clair. La procédure exige qu’avant d’arriver à cette étape ultime, il convient de gommer soigneusement tous les éléments de la vie courante qui feraient référence à ces coutumes honnies et largement dépassées qui font référence à l’Histoire, aux traditions, au bon sens, aux vertus, au sentiment patriotique, ou, pire encore, à l’attachement à un sol, ce qui dénoterait un esprit obtus, poussiéreux et rédhibitoirement indécrottable, qui plus est farouchement hostile aux lendemains radieusement métalliques que l’Ordre mondial condescend à nous préparer.

C’est dans cette perspective que ce bon Renaud Muselier, président de l’assemblée régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur, met toute son intelligence (et on sait qu’elle est grande) à bien interpréter les directives qu’il reçoit des instances suprêmes. Ainsi, a-t-il proposé le 15 décembre 2017 - enfin, non, a-t-il unilatéralement décidé - de baptiser la PACA (acronyme qui, certes, ressemblait vaguement à une marque de lessive) du nouveau nom, ô combien original et ambitieux ! de « Sud » qui, lui, ressemble au titre d’une chanson de Nino Ferrer, l’inoubliable interprète des chefs-d’œuvre que sont « Gaston, y a l’téléphon qui son », des « Cornichons » et de « z’avez pas vu Mirza ». M. Muselier aurait pu choisir un autre titre de Nino Ferrer ; « Mirza », par exemple, basique mais accessible, même si ça ne veut rien dire, ou « Cornichon » ; c’est bien, « cornichon », on pense à la corniche, c’est touristique, la corniche, et puis « on », c’est anonyme. Touristique et anonyme : que demande le peuple ?

  1. Muselier est parfaitement en accord avec ses collègues des autres entités régionales françaises tout aussi ingénieux et imaginatifs qui ont baptisé leurs régions du nom de Hauts de France et Grand Est. Quant à Hervé Morin, il a confié le soin de trouver un nouveau nom pour la région normande à une agence de publicité qui a accouché d’une trouvaille géniale : « Normandie », pour la modique somme de 140 000 euros.

provence,pierre-émile blairon,régions,terres d'europe,europe,affaires européennes,france,côte d'azur,nice,histoire,régionalismeMuselier aurait pu aussi appeler la PACA « Bas de France » pour faire pendant aux « Hauts de France », ou, pour faire plus simple et en concertation avec les autres régions françaises, donner des numéros : zone 1 (pour Paris, évidemment) puis zone 2, 3, etc. Muselier, tel un capitaine de navire tenant fermement la barre, nous explique que « le Sud, c’est le soleil, la mer, la montagne et le bien-vivre » (tiens, ça me rappelle une autre chanson : il y a le ciel, le soleil et la mer…). Le navire en question, c’est certainement l’une de ces usines à touristes flottantes qui accostent à Marseille et dont les passagers en descendent pour visiter… Aix-en-Provence.

Ça, c’était pour les mondialistes mais il y en a d’autres de mondialistes, qui sont mondialistes mais autrement : les altermondialistes, où l’on retrouve toute la génération des héritiers des soixante-huitards, « Zadistes » actuels ou anciens hippies du Larzac, qui avaient trouvé dans le mouvement régionaliste un bon moyen de faire croire qu’il étaient attachés à une terre et à un peuple mais qui, en réalité, n’en poursuivent pas moins l’application de leur idéologie ringarde ; il y a bien longtemps que les peuples ont compris que Mao, Staline et Pol-Pot étaient morts et leurs utopies fumeuses et sanglantes avec.

Ainsi, le conseiller régional Partit occitan, Hervé Guerrera, qui lance une pétition pour la dénomination « Provence » pour notre région.

Avec lui, vous n’aurez que la dénomination ; pour le reste, il milite pour l’accueil des clandestins dans notre belle région ; lui, une terre, un peuple, il ne connaît pas ; la Provence, c’est le droit du sol pour tout le monde, et surtout pour les clandestins. Il a d’ailleurs voté un budget de trois millions d’euros dans ce sens.

https://www.aquodaqui.info/Herve-Guerrera-accueillir-c-es...

Un peu d’histoire ?

Trêve de plaisanterie, car cette affaire ressemble à une plaisanterie, c’est loufoque, ridicule, absurde.

Les politiciens ont-ils la moindre idée de ce que pensent les gens qu’ils sont censés représenter ? Sont-ils totalement hors-sol, comme les tomates qu’ils nous font manger ?

Il faut apprendre à ces braves gens incultes, de « gauche » et de « droite », ce qu’est l’histoire de notre région, histoire qui peut déterminer son avenir.

Provence-Alpes-Côte d’Azur est composée de trois entités ; l’une est légitime, la Provence, la deuxième rapportée, les Alpes, la troisième artificielle, la Côte d’Azur.

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A l’origine, ce sont les Celto-ligures qui ont donné sa première unité à cette région ; les Salyens, Celtes issus des pourtours de l’étang de Berre s’étaient établis sur l’ensemble de ce qui constitue le territoire actuel de la Provence-Alpes-Côte d’Azur ; ils s’étaient liés d’amitié (et plus si affinité) avec les Ligures, originaires, eux, de la côte italienne et principalement établis dans la région de Nice.

Puis les Grecs sont arrivés ; ils ont établi des comptoirs tout le long de ce qu’on appelle actuellement La Côte d’Azur (selon le promoteur de l’expression, Stéphen Liégeard, la « Côte d’Azur » démarrait à Marseille pour s’achever à Menton.)

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Puis les Romains sont arrivés ; contrairement aux Grecs qui étaient tournés vers la mer, les Romains investissaient l’intérieur des terres. Ce sont eux qui ont créé le terme de Provence (issu de provincia), la Provence, intégrée ensuite dans la Narbonnaise, étant leur première implantation hors du territoire italien actuel.         Les Alpes constituèrent des provinces distinctes (Alpes Cottiennes) ainsi que la province des Alpes maritimes dont le chef-lieu était Cimiez.

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Aix-en-Provence (Aquae Sextiae) devient la capitale de la Seconde Narbonnaise au IVe siècle.

Après une longue période de décadence essentiellement causée par les diverses invasions (notamment wisigothe, burgonde, ostrogothe, franque, mérovingienne, carolingienne), la Provence retrouve son unité en expulsant au Xe siècle les Sarrasins de leur place-forte de La Garde-Freinet sous l’impulsion du burgonde Guillaume qui devient de ce fait le Libérateur ; le comté de Provence s’étend alors jusqu’à Nice.

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En 1229, le comte de Barcelone, et de Provence, Raymond Bérenger V soumet la commune de Nice qui s’était donnée aux Génois, créant ainsi un Etat régional provençal stable de Barcelonnette dans les Alpes actuelles (ville dénommée ainsi pour rappeler l’origine des comtes de Provence) à Nice, avec Aix-en-Provence pour capitale, avant que  la Provence ne devienne française en 1481 sous Louis XI.

Nice, après s’être donnée à Gênes, se donne à la Savoie en 1388 puis se rattache à la France révolutionnaire, puis au royaume de Piémont-Sardaigne, avant de retourner dans le giron français en 1860.

Sur les armoiries de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur figurent le blason provençal aux deux couleurs rouge et jaune provenant de la maison de Barcelone, le blason de Nice, mais aussi un élément de celui du Dauphiné, représentant les Alpes provençales chères à Jean Giono.

Patries charnelles

Comment concilier ces éléments de la diversité de notre région ? Il y a plusieurs Provences qui cohabitent harmonieusement parce que, hormis une histoire et des épreuves communes, d’autres critères sont venus renforcer la cohésion de notre région, comme l’attachement commun des Pacaïstes (?) aux traditions, aux paysages, aux arts, à la culture, à l’architecture paysanne, à la gastronomie issue des produits locaux, au patrimoine, aux langues originelles, même si elles sont en déclin. Tout ceci représente tout simplement la conscience pour chacun de faire partie d’un peuple attaché à son sol et qui envisage un destin et des projets communs, qui vibre pour les mêmes mots forgés par le terroir et les mêmes musiques enracinées.

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N’importe quelle terre n’appartient pas indifféremment à n’importe qui ni à tout le monde ; elle appartient au peuple qui l’a conquise, comme on conquiert un être aimé, qui l’a labourée, enrichie, soignée ; elle se mérite (il ne suffit pas d’y naître) et elle se respecte.

Les vieux peuples, quand ils marchent sur leur terre, marchent sur des millions de morts, des centaines de générations qui les ont précédés, qui reposent là où ils ont vécu, où ils ont combattu, leurs ancêtres qui ont défendu cette terre et pour laquelle ils sont morts.

Comme nous le voyons avec ce clin d’œil (« Pacaïstes »), pour l’instant, les habitants de notre région ne peuvent pas se nommer, tout comme ne peuvent pas se nommer les habitants des autres nouvelles « zones » ; comment nommer les habitants des « Hauts de France » ? Les Hautistes ? ou du « Grand Est » ? Il s’agit bien là d’une négation pure et intentionnelle d’une identité ; on sait qui sont les Bretons, les Normands ou les Occitans, mais comment appeler les habitants de l’Auvergne-Rhône-Alpes ? Ceux qu’on ne nomme pas n’existent pas.

Quel nouveau nom pour la région ?

Il convient donc de tenir compte de l’Histoire et de la volonté d’enracinement et d’identité des populations qui vivent dans les « pays » qui composent la région administrative, volonté hélas qui s’émousse devant les postes de télévision à regarder des programmes qui, tous, prônent l’uniformisation. et dans les fêtes à répétition concoctées par la République pour faire oublier les manipulations ( Panem et circenses).

provence,pierre-émile blairon,régions,terres d'europe,europe,affaires européennes,france,côte d'azur,nice,histoire,régionalismeLes identités les plus affirmées encore actuellement dans notre région constituent ces nombreux « pays » qui se sont regroupés au sein d’une entité plus importante formée par la grande Provence (qui inclut les « Bas-Alpins » comme les appelait Giono, mais qu’on dénommera plus volontiers les Alpes provençales) et par les Niçois, le Pays de Nice étant un pays ligure à l’origine. Aussi, j’aurais proposé initialement de choisir entre ces deux appellations : Grande Provence et Provence-Ligurie mais nous devons tenir compte du fait que l’ancien comté de Nice, même s’il est constitué essentiellement par la seconde ville de la région en termes d’habitants, ne représente qu’un tout petit territoire sur le plan géographique et que cette particularité pourrait entraîner légitimement la revendication d’autres « pays » tout aussi modestes en superficie qui aimeraient voir aussi leur nom accolé au principal pour diverses raisons, touristiques ou historiques (la Camargue, ou le Comtat venaissin, par exemple), principal qui ne peut être que Provence et nous retomberions dans l’inévitable acronyme pour faire vite, à l’image de notre temps, ce dont nous voulons justement nous débarrasser. D’autre part, cela créerait une confusion avec la province italienne voisine éponyme et engendrerait des problèmes d’ordre concret, notamment administratifs, voire diplomatiques. Je m’en tiens donc à « Grande Provence » pour éviter toute discrimination ou ambiguité.

Pierre-Emile Blairon

Et vous, qu’en pensez-vous ? Répondez à notre grande enquête PACA ou pas PACA ? L’enquête en ligne

(1) Lire à ce sujet Symbolisme des étendards de la Provence
(2) Habitants de la Région PACA

mardi, 28 février 2017

L'IRREDENTISMO CORSO

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L'IRREDENTISMO CORSO

Ex: http://www.katehon.com 

Con il Trattato di Versailles, firmato dai rispettivi plenipotenziari il 15 maggio 1768, la Repubblica di Genova offrì la riottosa e fiera isola di Corsica al Regno di Francia, come garanzia per i debiti contratti con Parigi pari a due milioni di lire genovesi. La situazione politica dell’isola, al momento del passaggio di consegne, era in piena ribellione contro l’occupazione genovese,  che continuò anche contro i francesi guidati dal grande patriota Pasquale Paoli.

L’anelito indipendista fu schiacciato con la battaglia di Ponte Nuovo, tra l’8 e il 9 maggio 1769, dai francesi, che in seguito alla vittoria occuparono tutta la Corsica, ma ciononostante non riuscirono a troncare i radicati e plurisecolari rapporti commerciali e culturali con la Penisola italiana.

Il decreto di riunione della Corsica alla Francia, ultimo atto dell’annessione francese verso l’isola del Mediterraneo, avvenne il 30 novembre 1789. L’italianità era però molto forte, tanto che il filologo e storico Niccolò Tommaseo, in collaborazione con il magistrato e poeta di Bastia Salvatore Viale, tra gli anni 30 e 40 dell’800 studiò il vernacolo corso, influenzato dalla Toscana, definendolo come il più puro dei dialetti italiani. Per tutto il resto del secolo vi fu una sorta di divisione degli ambiti linguistici: il vernacolo corso venne considerato adatto solo a soggetti giocondi, farseschi, popolareschi, mentre per i soggetti più seri la scelta ricadeva sull'italiano.

Il cambiamento di rotta francese avvenne con Napoleone III e la sua francesizzazione che comportò l’imposizione della lingua, delle leggi e dei costumi francesi. Si arrivò addirittura al mancato riconoscimento dei titoli di studio rilasciati dalle Università italiane. Diversi garibaldini e patrioti italiani erano di provenienza corsa, come per esempio Leonetto Cipriani di Centuri che terminò la sua folgorante carriera politica e militare diventando senatore del Regno d’Italia. Dopo la prima guerra mondiale, l’ambito dell’italianità isolana andò peggiorando a causa della politica sciovinistica francese che pretendeva di annullare ogni riferimento culturale italiano della Corsica, scardinando di pari passo anche i legami politici e commerciali. Fu in questo contesto che nacque, per reazione, in Corsica un appassionato movimento irredentista che si diffuse in tutta la popolazione ed in tutti gli strati sociali.

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La situazione economica, già precaria, era diventata disastrosa: molti corsi furono costretti ad emigrare, a fare delle scelte di campo. Chi si appoggiò alla Francia riuscì a trovare un lavoro nell’amministrazione e nell’esercito coloniale francese, chi vedeva un futuro, per l’isola, nell’Italia, come molti intellettuali, si recarono a studiare e a lavorare in Italia. In Corsica, nel frattempo si verificarono continui, meschini scontri tra clans, tra “parrocchie” autonomiste e gruppetti codini di vecchi pensionati dell’impero coloniale francese, per la spartizione di quote locali di potere.

Con l’avvento di Mussolini al potere crebbe, in Italia, l’interesse per i territori di cultura e lingua italiane ancora non riuniti a Roma, come per esempio Corsica e Malta. In contemporanea crebbe in Corsica e nelle altre zone irredente un sentimento fortissimo favorevole a Roma, avvantaggiato peraltro dalle conquiste sociali del Regime.

Quotidiani come  Il Telegrafo di Livorno e L’Isola di Sassari, tra gli altri, che pubblicavano settimanalmente una pagina riguardante la vita corsa. Contemporaneamente fiorirono riviste a carattere spiccatamente  còrso e irredentista, come: Corsica antica e moderna, di Francesco Guerri,  nome di battaglia, “Mimmo Grosso”, e  L’idea còrsa, diretta da Anton Francesco Filippini. Uno tra i primi intellettuali corsi favorevoli all’Italia fu Petru Rocca, nato a Vico il 28 settembre 1887. Dopo aver partecipato alla Prima Guerra Mondiale, fondò, nel 1920, la rivista A Muvra, organo di informazione del Partitu Corsu d’Azzione (PCdA).

Questo partito nel 1927 fu rinominato Partitu Corsu Autonimistu la cui costituzione voleva scrivere Rocca con l’obiettivo di una resistenza corsa verso la Francia. Avendo preso una forte impronta antifrancese nel 1939 il partito fu bandito nel 1939 con l’accusa di aver collaborato con Mussolini. La già ricordata rivista A Muvra esponeva in continuazione l’obiettivo fisso dei suoi redattori: l’unione della Corsica all’Italia. Altri patrioti furono Petru Giovacchini, Marco Angeli e Bertino Poli, i quali fondarono nei primi anni Trenta i Gruppi di Azione Corsa, allo scopo di svolgere attività culturale e politica per l'annessione della Corsica al Regno. Mentre i primi due trattavano argomenti vari e letterari, Poli espresse un contenuto più politico con opere come Il pensiero irredentista còrso e le sue polemiche, pubblicato a Firenze nel 1940, e A Corsica di dumani, pubblicata a Livorno nel 1943. Quello che però aderì  più concretamente e fattivamente al fascismo e che riscosse quindi maggiore apprezzamento presso le autorità italiane fu Petru Giovacchini.

Questi nacque a Canale Verde il primo gennaio 1910 da un’antica nobile famiglia, italiana per cultura, sentimenti, tradizioni. I suoi antenati si erano sempre battuti per l’italianità della Corsica. Simeone Giovacchini, fatto prigioniero durante i primi moti antifrancesi, morì nella fortezza di Tolone senza mai aver rinnegato i suoi ideali di libertà dallo straniero. Un altro antenato, Anghieluvisu, partecipò attivamente al Risorgimento italiano come capo dei Pennuti, i Carbonari corsi. Petru Giovacchini si trasferì a Bastia per studiare al Liceo Nazionale, e si dice che già da adolescente collaborasse a periodici riguardanti l’autonomismo corso. Nel 1927, avendo deciso di dover scrivere su un settimanale risolutamente irredentista, fondò il Primavera, che però venne presto sequestrato comportando per Giovacchini l’espulsione dal  liceo. Nei due anni successivi pubblicò due raccolte di canti patriottici dialettali: Musa casalinga e  Rime notturne. Nel 1930 si iscrisse alla Facoltà di Medicina presso l’Università di Pisa, ma, essendo poi tornato in Corsica per assistere il padre gravemente ammalato, fu costretto a prestare il servizio militare di leva, subendo persecuzioni e violenze durante la ferma, finita la quale gli venne negata la possibilità di concludere gli studi  in Italia. Si trasferì all’Università di Pavia dove fondò, nel 1933, i Gruppi di Cultura Còrsa nel novembre dello stesso anno. Ben presto questi gruppi si trasformarono nei già ricordati Gruppi d’Azione Corsa. Petru Giovacchini fu volontario in Africa  Orientale, arruolato nel 147° battaglione CC.NN. Fu volontario anche in Spagna, come ufficiale medico della Milizia, distinguendosi per valore, ottenendo decorazioni ed il trasferimento in servizio permanente per meriti di guerra. Quando l’Italia entrò in guerra, 10 giugno 1940, Petru chiese di combattere in prima linea per la liberazione della Corsica dal giogo francese, ma il Comando Generale della Milizia ritenne che sarebbe stato molto più producente sfruttare le sue abilità dialettiche nel campo della propaganda. La dichiarazione di guerra alla Francia e la conquista della Corsica da parte delle truppe italiane, dettero speranza agli irredentisti, ma Mussolini rinviò la formalizzazione dell’annessione alla fine della guerra, per non inimicarsi la Francia di Vichy. Nel 1942 fu proposto come Governatore della Corsica non appena fosse terminato l’immane conflitto bellico.

Giovacchini_P..jpgNel febbraio 1943, in Sardegna, fu costituito un Battaglione Corso, inquadrato nella 73° Legione Camice Nere. Questo episodio rappresentò il culmine della collaborazione tra corsi e italiani. Dopo l’8 settembre, ancor prima della rioccupazione della Corsica da parte delle truppe golliste, fu sequestrato dai partigiani locali e in seguito condannato a morte il colonnello Petru Simone Cristofini, con l’accusa di aver collaborato con le autorità italiane e tedesche presenti sull’isola e per aver fornito informazioni sulla resistenza locale. Venne fucilato ad Algeri nel novembre 1943, dopo che il colonnello ebbe tentato il suicidio lanciandosi da una finestra del tribunale al quarto piano. Sua moglie, Marta Renucci, prima donna in Corsica a fare la giornalista, fu condannata a cinque anni di reclusione, che dovette scontare nelle carceri di Algeri, i beni dei coniugi vennero confiscati. Con le stesse accuse furono condannati a morte il colonnello Pantalacci ed il figlio Antoine, che però riuscirono a fuggire in tempo in Italia. Un altro colonnello, Pascal Mondielli, fu condannato all’ergastolo per collaborazionismo. Dopo l’otto settembre, Petru Giovacchini (foto) affidò l’organizzazione irredentista a Giuseppe Mastroserio e si trasferì al Nord per arruolarsi nella Rsi insieme agli amici Angeli e Poli. Non tornarono più in Francia, pendendo sulla loro testa la pena di morte.

La Corte di Giustizia di Bastia, nell’autunno del 1946, condannò a morte in contumacia Giovanni Luccarotti, un lontano discendente di Pasquale Paoli, Pietro Luigi Marchetti, giornalista, Bertino Poli, Marco Angeli e Petru Giovacchini, tutti latitanti, rifugiati in Italia, dove vivevano in semiclandestinità per evitare la giustizia francese. A pesanti pene detentive furono condannati altri imputati: Petru Rocca a quindici anni di lavori forzati, deportato alla Guiana; Yvis Croce, conservatore degli archivi di Stato della Corsica a cinque anni di lavori forzati; don Domenico Parlotti, canonico della cattedrale di Bastia e scrittore dialettale a dieci anni di reclusione, morì in carcere; don Giuseppe Damiani, direttore didattico a cinque anni di lavori forzati. Risultarono condannate anche due donne: Margherita Ambrosi, vedova del poeta Piazzoli che aveva esaltato l’Italia a cinque anni di reclusione e Maria Rosa Alfonsi, giovane parrucchiera di Ajaccio, in contumacia a cinque anni di lavori forzati. Fu condannato a due anni di reclusione Angelo Giovacchini, fratello di Petru. Tutti furono ritenuti colpevoli di aver attentato alla sicurezza nazionale. I loro beni vennero confiscati, eccezion fatta per Angelo Giovacchini. Mentre il sindaco di Pastricciola, Marco Leca, venne condannato alla  degradazione nazionale.

La repressione francese, seguita alla vittoria degli eserciti alleati, fu durissima; ogni movimento autonomista fu soppresso. Si volle  proibire e annullare ogni ricorso alla lingua italiana e perfino al dialetto còrso. Gli alunni delle varie scuole, quando  venivano sorpresi a parlare in dialetto, venivano espulsi e finanche percossi. Fu una repressione feroce. Persino la Chiesa cattolica, che aveva fino allora sempre adoperato l’italiano nelle omelie, nelle prediche, nelle comunicazioni ufficiali, fu costretta ad usare il francese sotto la minaccia di arresti e di persecuzioni. Gli irredentisti, poi, vennero perseguitati accanitamente, braccati, arrestati, processati, condannati, deportati. La francesizzazione dell’isola venne perseguita con una vera e propria colonizzazione imposta con  l’insediamento di coltivatori francesi profughi dall’Algeria,e non solo, i famosi Pieds Noirs ai quali furono concessi i migliori terreni demaniali dell’isola. Venne favorita anche la speculazione turistica straniera ed infine, per coronare l’opera, fu trasferita la Legione Straniera a Corte. Queste manovre di carattere neocoloniale hanno, credo, snaturato completamente il quadro etnico della Corsica.
 

mercredi, 14 septembre 2016

Ce régionalisme peu connu

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Ce régionalisme peu connu

par Georges FELTIN-TRACOL

Au cours des quarante dernières années, la République française fut souvent confrontée aux revendications, parfois violentes, de mouvements régionalistes, autonomistes, voire indépendantistes, en Corse, au Pays Basque, en Bretagne sans oublier des contrées d’Outre-mer. La Catalogne du Nord, l’Occitanie, le Pays Nissart, la Savoie, l’Alsace connurent, eux aussi à un degré moindre, des réclamations similaires. On ignore en revanche qu’il existe en Normandie un mouvement régionaliste.

C’est l’histoire de ce régionalisme peu connu qu’étudie Franck Buleux. Son travail sort au moment où les régions basse- et haute-normandes s’unissent pour former une seule entité régionale : la Normandie. Cette unification constituait la raison d’être majeure du Mouvement Normand (MN). Fondé le 29 septembre 1969 à Lisieux par le député gaulliste Pierre Godefroy, l’universitaire Didier Patte et l’écrivain Jean Mabire, il se nomme avant 1971, Mouvement de la Jeunesse de Normandie (MJN) et rassemble, d’une part, les militants anti-communistes de la Fédération des étudiants rouennais (FER), et, d’autre part, les notables pro-gouvernementaux de l’URN (Union pour la région normande). « Le MJN se veut, non pas l’interlocuteur des masses, mais celui des élus. Il ne se fixe pas des objectifs électoraux, mais son rôle est de convaincre les élus normands de la nécessité, historique comme économique, d’unifier la Normandie (p. 103). »

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La Normandie une et diverse

Son dynamisme en fait vite le promoteur d’une identité normande enchâssée dans plusieurs cercles d’appartenance culturelle et politique spécifiques. « La Normandie, observe Franck Buleux, composée de fortes distinctions géographiques naturelles (notamment par la différence des sols) estimées au nombre de vingt-sept pays (le pays d’Ouche, le pays de Caux, le pays d’Auge, le pays de Bray, la Hague, le Val de Saire, le Cotentin, l’Avranchin, le Mortanais, le Passais, le Bessin, le Bocage, le Houlme, la campagne ou plaine de Caen, la campagne ou plaine d’Alençon, le Lieuvin, le Hiémois, le Thimerais, le Roumois, la Campagne du Neufbourg, la plaine de Saint-André, la Madrie, le Vexin, le Talou, l’Aliermont, le Petit Caux et le Perche) connaît aussi une distinction linguistique (p. 10). » S’ouvrant sur la Manche, la Normandie entre en résonance certaine avec le monde anglo-saxon (qu’il serait plus juste de dire « anglo-normand » !) et la Scandinavie.

buleux.jpgFranck Buleux s’intéresse longuement à la revue d’inspiration nordiciste Viking de Jean Mabire. « Fondée en mars 1949 et diffusée à partir de cette même date, y compris en kiosques dans l’ensemble des départements normands et dans la Capitale, [elle] se qualifia comme “ la revue des Pays Normands ” ou les “ Cahiers de la jeunesse des pays normands ”. Elle va illustrer, tout au long de sa pagination et de son existence, cette identification de la terre normande à son passé scandinave. Cette revue […] produisit un ensemble de 27 numéros entre mars 1949 et le printemps 1958 (p. 44). »

Contrairement à quelques groupuscules indépendantistes loufoques brièvement mentionnés, le Mouvement Normand « rejettera, dès son origine, toute volonté séparatiste vis-à-vis de la France qui entraînerait l’indépendance normande (p. 117) ». Il préfère se définir régionaliste et français. Il réclame par conséquent une véritable et profonde décentralisation. En effet, « au-delà de la réunification, l’objectif concomitant du MN est la reconnaissance d’un réel “ pouvoir régional ”, ce qui le distingue d’autres mouvements de droite, souvent considérés comme proches. Ainsi, Didier Patte reprochera généralement à la droite, ainsi qu’à l’extrême droite nationale, d’être certes, toutes deux, favorables à la réunification, mais d’être beaucoup plus réticentes à la mise en place d’un pouvoir régional, avec la dévolution de certaines prérogatives au profit d’une assemblée normande (p. 116) ».

Des actions plus culturelles que politiques

N’hésitant pas, le cas échéant, à présenter des candidats aux élections, le Mouvement Normand investit en priorité la métapolitique et l’influence auprès des élus locaux. Sa défense acharnée des intérêts normands du Cotentin à la vallée de la Seine, du littoral de la Manche à la Suisse normande, contrarie régulièrement les initiatives strictement localistes et presque égoïstes des maires, des conseils généraux et des conseils régionaux.

Afin de faire avancer ses idées qui ne se limitent pas à la seule unification normande puisqu’il aborde en permanence les questions économiques et d’aménagement du territoire, le Mouvement Normand dispose de deux périodiques : L’Unité Normande à tonalité politique et Culture Normande consacrée aux problèmes culturels. Franck Buleux n’évoque en revanche pas le médiat sur Internet, TVNormanChannel (TVNC), lancé en 2010. Son étude démontre finalement qu’en dépit du centralisme parisien multiséculaire et malgré l’unicité uniformisatrice propre à l’idéologie égalitariste républicaine, un régionalisme enraciné et conséquent aide au maintien du caractère pluraliste des nombreux terroirs qui façonnent cette « Europe en miniature », la France.

Georges Feltin-Tracol

• Franck Buleux, L’unité normande. Réalité historique et incertitude politique, Paris, L’Harmattan, coll. « Connaissance des Régions », 2015, 261 p., 26,50 €.

• D’abord mis en ligne sur Euro-Libertés, le 19 juillet 2016.

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/ce-regionalisme-peu-connu-par-georges-feltin-tracol/

samedi, 28 mars 2015

War Raok n°42

wr42.pngWar Raok

SOMMAIRE N°42

Buhezegezh vreizh 

Editorial 

Buan ha Buan 

Écologie Europe

Pour une écologie authentique et traditionnelle 

Notre Europe

La Croatie : du communisme au mondialisme

Société

Quel avenir pour nos cimetières bretons ?

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton 

Politique

Réflexions sur l’actualité d’un trimestre écoulé

Résistance en Europe

Colloque Voorpost et Congrès Adsav ! 

Tribune libre

La notion de République 

Mémoire bretonne

Ces Bretons qui ne seront jamais honorés

Littérature bretonne

Contes et légendes de Bretagne,

la plus longue mémoire (4e partie)

Lip-e-bav

Emincé de boeuf en salade

Nature

Les animaux n’aiment pas les “amalgames”

Keleier ar Vro

Une profanation qui ne dit pas son nom

Courrier des lecteurs

Bretagne sacrée

Site WAR RAOK MOUEZH BREIZH : 

http://www.war-raok.eu  

Site SAUMONS DE BRETAGNE : http://saumonsdebretagne.hautetfort.com

 

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EDITORIAL

Histoire et tradition, la mémoire d’un peuple

par Padrig Montauzier

Alors que la Bretagne est chaque jour plus menacée dans son identité, que son histoire est chaque jour mise à mal, que sa mémoire est constamment salie, que sa culture se délite, que ses valeurs et traditions, dont elle est porteuse, se transmettent de plus en plus difficilement, pour toutes ces raisons le combat de notre émancipation se fait chaque jour plus pressant. Il est plus que jamais nécessaire de retourner aux sources de ce qui fit la grandeur de la Bretagne pour y puiser ce que la culture et la pensée bretonnes ont produit de meilleur. Il n’y a aucune nostalgie dans ces propos, aucun relent passéiste, juste une constatation de ce qu’est devenu mon pays depuis la perte de sa souveraineté. Il n’est pas question de ramener la Bretagne du XXIème siècle aux institutions passées. Je ne tombe pas plus dans le goût systématique du passé que dans l’adulation frénétique du futur. Chaque moment de l’Histoire contient les trois dimensions du temps que sont le passé, le présent et l’avenir. Il nous faut chercher dans le passé, des enseignements, des racines pour l’avenir. Le passé le plus lointain inspire le futur le plus puissant. Lorsque je parle de tradition, pour moi ce n’est pas ce qui est mort, c’est, au contraire, ce qui vit. C’est ce qui survit du passé dans le présent. Ne pas enseigner le passé est une grave erreur car il y a dans le passé une poésie dont nous avons besoin pour vivre. Faisons pénétrer dans les esprits cette juste idée que les choses d’autrefois ont eu leur raison d’être, qu’il y a des légitimités successives au cours de la vie d’un peuple. Ce n’est pas seulement à nos traditions, c’est à notre histoire, à notre culture que s’attaquent les ennemis de l’âme bretonne, et à cet égard, Messieurs les nihilistes et autres internationalistes, je doute que l’on trouve dans l’histoire un peuple qui, ayant été conquis et humilié par une France arrogante, ait fait le prodigieux effort pour conserver en lui jusqu’à la mémoire de son propre passé. L’histoire de la Bretagne n’est pas seulement un enchaînement de faits, une succession de dates, une alternative de prospérités et de revers… elle est une tradition. La Bretagne charrie avec elle une histoire particulière, une histoire singulière. Les Bretons ne sont pas destinés à faire nombre dans la foule obscure, leur idéal n’est pas de végéter comme une plante. Les Bretons ont une histoire millénaire. Une histoire, un vécu. Ils ont éprouvé tour à tour l’une et l’autre fortune et ressenti, peut être autant de douleurs que de joies. Ils ont connu l’ivresse de la victoire sur l’envahisseur franc mais également le deuil de la défaite. Nous devons sentir couler dans nos veines la mémoire de tout ce glorieux passé. Je plains les peuples qui n’ont pas d’histoire ! Il n’y a point de patrie sans une longue histoire nationale qui en soit ensemble le support, la justification, le principe de vie et de rajeunissement perpétuel. Les ennemis de l’identité bretonne, ceux qui s’acharnent à dilapider l’héritage du passé, d’en jeter comme au vent la poussière, s’ils n’ont pas nécessairement de nom, ont du moins un visage. Ce sont tous ceux qui veulent nier le passé de notre grande nation, annihiler les traditions d’un peuple et parmi celles-ci, plus que toutes autres, celles qui témoignent de l’âpreté des combats passés et de la force du lien sacral qui unit les unes aux autres les générations. Toucher à ces traditions, c’est toucher au patrimoine génétique de la Bretagne. C’est affaiblir ses défenses immunitaires. C’est en fait, prendre le risque d’affaiblir durablement la nation bretonne. C’est enfin  le risque d’anéantir la civilisation qu’elle porte et qui s’incarne en elle.  

En nous enracinant dans ce que la Bretagne a produit de meilleur, méditons sur ce qui fait sa singularité et définit sa place dans l’histoire et dans le monde. Nous aurons ainsi les clés pour comprendre le présent et préparer l’avenir.

Je crois en la Bretagne. Je crois en mon peuple. Cette utilité de croire est pour moi évidente. Cette obligation de croire est impérieuse et je ne peux m’y dérober. L’utilité de croire se fonde sur l’existence d’un besoin essentiel de notre nature. La croyance est le fondement de l’espérance… et on ne l’enlèvera pas au peuple breton.

Padrig MONTAUZIER.   

 

lundi, 29 septembre 2014

Why the Scots Chose To Wear Their Chains With Pride

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Why the Scots Chose To Wear Their Chains With Pride

by Seth Ferris

Ex: http://journal-neo.org

We live in an age of decolonisation, in which big empires have broken up and more and more independent states are coming on to the map. It might therefore seem surprising that Scotland has just voted against independence. In fact, it might just have done the opposite.

Unlike Wales and Ireland, Scotland was never actually conquered by the English. It was a fully independent state for many centuries, and usually allied with France against England. It had its own king and a variety of English it regarded as a separate language. Scots Gaelic, which is incomprehensible to English or Scots speakers, also flourished.

The English king often regarded himself as the feudal overlord of the Scottish king, but Scotland retained its independence even in conflict. Despite the great contributions made by many famous Scots to the United Kingdom, it is Robert the Bruce and William Wallace, who fought for Scottish independence from English domination, who remain its national heroes.

This situation changed in 1603, when King James I of Scotland also became King James I of England as he was next in line to the English throne. Logistics dictated that he and his successors were usually in London. A century later the Scottish Parliament abolished itself and the Act of Union created a common country called Great Britain. This became the United Kingdom in 1801, when the Irish Parliament also voted to abolish itself, Ireland having been effectively ruled by England since Norman times.

The United Kingdom went on to become the world’s greatest superpower. In consequence, many of the usual drivers of separatist sentiment weren’t there. There were no such things as national minorities amongst the British, just different sorts of British people. Everyone was entitled to some piece of the attractive pie, however small, provided they knew their place.

The Scots always played a big part in spreading British power across the globe, through making things and being part of government. Not until the 1970s did the Scottish National Party have a consistent presence in the UK parliament, and even then it held a small minority of Scottish seats, the same parties they have in England claiming all the others, on broader UK-wide platforms, as they do today.

So the referendum on Scotland was not about correcting historic injustices, as these do not engage most electors. It was about whether the Scots need to have an independent country to feel Scottish. It was also about how Scottish their own leaders are, and ultimately this has proved the downfall of the independence advocates.

Yes to Scotland but no to you

The Yes campaign was predictably led by the SNP, the Scottish Nationalist Party, and its longtime de facto leader Alex Salmond. Though a popular figure, Salmond is also controversial, and the one depends upon the other.

Although many political leaders have been expelled from their original party and founded a new one Salmond is one of the few who has been expelled from the one he now leads. When consistent SNP gains came to a shuddering halt in 1979, the party then split between the radical faction to the left of Labour and the romantically nationalist “Tartan Tories”, which succeeded in expelling Salmond and friends for being too leftist. Eventually he won his argument, but at a price.

The SNP is a moderate, mainstream political force but has one thing in common with the extreme and excluded nationalists found in every country. It takes it upon itself to define who is and who is not Scottish, what Scottish should and should not do and what Scottish people should and should not think. It isn’t said in as many words, but if you don’t agree with the SNP you are not a real Scot, in SNP thinking.

There are plenty of Scots around who don’t need the SNP to tell them what to do. They don’t think disagreeing with the SNP makes them any less Scottish, particularly when the person telling them they are has got to where he is by sidelining another faction within the same party. People who may like independence in principle don’t want an SNP independence, and this has affected the result of the referendum.

The devil we don’t want to know

One of the historic grievances which might compel Scots to demand independence is that the country has long been taken for granted by the English. Like Wales, it has been treated as a source of raw materials and labour, and somewhere people can go for their holidays. Local cultures and traditions are seen as something out of history, even though the Scots are much more cultured and better educated than the English, appreciating the importance of literature, for example.

However the Scots mourn the departure of the predominantly working-class culture created by English rule. It is a nation of engineers and skilled workers, whose shipbuilding industry once ruled the world and whose major settlements were largely built around mineral exploitation. That world has largely gone now, but the English, and particularly Mrs. Thatcher, are blamed for this.

The Scotland most electors relate to is the one of their forefathers, the one where everyone worked for the English. It wasn’t ideal, but it still gives them a distinct identity – more than anything the SNP were offering. Scottish politics remains dominated by how to return to the glory days of full employment, and these came under the United Kingdom, like it or not. Being independent for its own sake did not prove attractive enough for people who know they are different anyway, and aren’t any less different as part of the UK.

Scotland traditionally votes Labour, even when there are big Conservative majorities in the UK as a whole. A big reason for this is that the “establishment”, which might be considered Conservative, is England, and Scots are defining themselves in relation to the rest of the UK. If Scotland were independent, it would no longer be necessary for the voters to define themselves in terms of the English, and the SNP itself would also be affected by this. Vested interests were not going to let that happen, and the Yes campaign failed to address the consequences of the sea change in perceptions independence would have brought.

Too good to care

Of course Scotland now has its own parliament again, with significant powers and the right to set different tax levels to the rest of the UK, within certain limits. It has also done rather well out of this arrangement. It is widely acknowledged that public services are better in Scotland than in England, and some English people have moved there for this reason. Complaints about corruption in Holyrood, home of the Scottish parliament, are nothing like the expenses and child abuse scandals which have rocked the UK parliament, even though Scots sitting in Westminster have also been involved in these.

All this implies that the Scots are just as capable as the English of governing themselves, but that very comparison hurt the Yes campaign. It adds to the Scottish identity to be better than the English when they are supposed to be the same, or worse. If Scotland becomes independent it will no longer be relevant whether it does things better than in England, there will be no reason for comparison. Scots will have their own virtues but also their own problems, and only they will be responsible for them.

The Scots are not going to give up their bragging rights. Though presented as a “sense versus sentiment” argument, the No campaign was more appealing precisely to those who have a sentimental attachment to what they see as Scotland and Scottishness. Scots always want to score points over their big bad brother. There wouldn’t be the same point in being Scots if they had to treat the English as foreign friends instead of unhealthy domestic rivals, in their estimation.

Who owns what

If Scotland had voted yes, there would have been considerable debates over who owns what. Everything Scottish actually belongs to the United Kingdom, just as everything in England does. But Scots have always maintained that the British facilities they like, such as the oil deposits situated off the Scottish coast, are rightfully theirs, while those they don’t like, like the nuclear submarine bases and power plants, are English impositions, alien to Scottish culture.

British Prime Minister Cameron, whose name is Scottish and means “twisted nose”, has promised much more devolved power to Scotland and other parts of the UK in return for the No vote. It is highly likely that, if Westminster delivers on its promises, Scots will have far greater control over their resources than they would have done in an independent state. The view of a partner government or local authority, whose powers were granted it by the English, will have to be taken into account. The views of a national government imposed after the relevant agreements were made, which people in the rest of the UK had no say in creating, are not likely to be respected if things like defence establishments are being discussed.

The No vote might ironically deliver more of what the Yes supporters actually wanted, even though the legal framework being offered remains unacceptable to them. It might also deliver more power to communities and national groups throughout the UK, thus giving the Scots more bragging rights, and confirming their identity, more than actual independence, and having to pay for it, would have done. If so, the Yes campaign will claim victory too, in true British fashion, but with considerable justification.

Conclusion

Independence is about identity. The Scots know who they are in relation to the English, so they’ve chosen to remain who they know they are. What they would be without the English to blame was less clear, as the actual idea of independence and separateness is understood and accepted anyway, without the need for any vote on the subject.

The Scots have demonstrated their independence by flying in the face of world opinion. They have stated, for the first time in a generation, that being independent doesn’t have to mean actually running your own country. They haven’t done so by much, but they have, and all Scots will respect this result, thus again confirming that they don’t need to be told what Scots should do.

Less secure nations are continually demanding independence because that is the only way they feel they can be part of the family of nations. The Scots don’t have that feeling. Maybe this is the beginning of new models being worked out which suit more people. The only problem is that nobody outside Scotland will think of asking Scottish Yes campaigners to be part of that process, but that is the sort of price Scotland is prepared to pay.

Seth Ferris, investigative journalist and political scientist, expert on Middle Eastern affairs, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
First appeared: http://journal-neo.org/2014/09/25/why-the-scots-chose-to-wear-their-chains-with-pride/