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vendredi, 01 janvier 2021

Le symbolisme du sanglier

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Le symbolisme du sanglier

par Gérard Thiemmonge

A propos de l'auteur : J'ai rencontré Gérard Thiemmonge, l'auteur de cet article publié à titre posthume, lors d'une université d'été de la Nouvelle Droite au début des années 80. Jusqu'à sa mort il y a quelques années, nous avons entretenu une amitié étroite, accompagnée d'un échange régulier de documentation sur l'histoire de certaines régions d'Europe et de leurs traditions. Au fil des ans, Gérard Thiemmonge est devenu un encyclopédiste infatigable qui a compilé un impressionnant catalogue d'illustrations, de cartes postales et de documentation sur des sujets aussi divers que la tradition musicale entourant la cornemuse en Europe, les runes et les animaux sacrés dans la tradition indo-européenne. Cependant, Gérard Thiemmonge, enraciné et passionné d'histoire et des traditions d'Europe, était aussi un véritable reître, un aventurier chevronné et un expert en techniques de survie et de la guerilla. À la fin des années 1970, il a combiné ses connaissances de baroudeur dans deux ouvrages, publiés chez Copernic : "Objectif Raid" et "Guide pratique pour l'expédition et l'aventure".

Ralf Van den Haute.

Le symbolisme du sanglier trouve ses origines dans la Tradition primordiale et hyperboréenne, elle-même fondatrice des divers mythes indo-européens.

A côté du cerf, le sanglier faisait partie du monde marginal et divin de la forêt. Il participait de l’animation visible, (lat. anima = âme) comme témoin du panthéon des dieux que l’esprit des hommes avait forgé, pour hiérarchiser le sacré et appréhender le monde.

Ste Osmanne.jpgAnimal solaire, le sanglier participait des trois fonctions de l’idéologie tripartite des indo-européens, et c’est à ce titre que la compréhension de sa symbolique est particulièrement difficile. Perçu distinctement par les castes, sa valeur magico-religieuse était conflictuelle. Cette situation se maintiendra jusqu’au moyen-âge, illustrée en Seine-et-Marne par la légende de Ste Osmanne.

La caste sacerdotale, (les druides) participait de la fonction souveraine. Détentrice du savoir et du sacré, elle dominait la société dans ses orientations.

Selon J. Chevalier et A. Geerbrant, (1) le sanglier est en conflit avec la caste guerrière. Comme le druide, il est en rapport étroit avec la forêt, se nourrit du gland du chêne, et la laie, symboliquement entourée de ses neuf marcassins, fouit la terre au pied du pommier, arbre d’immortalité. Aussi bien dans la société druidique que brahmanique, le sanglier y figure l’autorité spirituelle. Il est l’avatâra sous lequel Vishnu ramène la terre à la surface des eaux pour l’organiser.

Dans le monde indou, notre cycle est désigné comme étant celui du sanglier blanc.

Pour la caste guerrière, le sanglier participait du rituel de la chasse, c’est-à-dire du combat loyal contre la force vénérée et distincte, combat par qui la victoire élève vers les dieux. Le mythe de « La Chasse Sauvage » et le légendaire Hubertien (2) ne sont que des avatars populaires et parfois christianisés de ses rituels initiaux.

Pour la caste paysanne, (fonction productrice) l’animal était naturellement celui qui assure la subsistance du groupe. L’animisme aidant, on s’évertuait à acquérir sa force et son courage. Il remplissait les ventres et les âmes.

Comme on le voit, cette perception distincte ne pouvait qu’entrainer des conflits, des interdits comme la chasse, le sacrifice ou la consommation hors certaines périodes.

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Le nom du sanglier vient du latin populaire singularis, de singulus = seul. Le mot « singulier », combat d’un seul contre un seul, à la même origine. Le nom de la laie vient du francique lêka (moyen haut allemand liehe). Le même mot, remarque L.R. Nougier, désigne également un chemin forestier. (3)

Au moyen-âge, on évoquait le sengler, ou porcq saingler. Le terme servait aussi à désigner un homme solitaire. (4)

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La plus ancienne représentation connue d’un sanglier concerne une peinture pariétale dans la grotte d’Altamira, en Espagne. Elle est d’époque magdalénienne. (Paléolithique supérieur, 12000 ans).

De Perse, de l’Inde, de la Grèce à l’Irlande, il est partout présent dans le monde indo-européen. Il est également présent au Japon et en Chine, au Moyen-Orient, mais sa symbolique se réfère à des mythèmes distincts. (5)

En Grèce, Hercule parvient à rapporter un gigantesque sanglier qui semait la terreur en Arcadie, sur les collines d’Erymanthe. L’animal est transporté vivant sur les épaules. Cet exploit constitue le troisième des douze travaux d’Hercule.

Ailleurs, c’est un autre monstre dévastant l’Etolie, le sanglier de Calydon, que combattent les héros de la Toison d’Or.

Dans la mythologie nordique, le nain Brokk forge un anneau d’or pour Odhin-Wotan, un marteau pour Thor et un sanglier pour Frey.

unnamedwildshw.jpgFrey est le dieu de la fertilité, le dieu de la troisième fonction chez les Scandinaves. « Voici un animal qui peut courir nuit et jour, aussi bien sur terre que dans le ciel et sur l’eau. Il va plus vite que n’importe quel cheval. Et ses soies d’or resplendissent tant qu’elles peuvent éclairer les ténèbres les plus profondes. » (6) Du martellement des forges de Brokk, naissent la fidélité, la puissance et la maîtrise. La maitrise du temps et de l’espace.

C’est en Ardennes (Arduenna sylva), au carrefour des mythes celtes et germaniques, que l’archéologie nous cèdera une petite statuette, hélas décapitée, représentant le seul témoignage connu d’une déesse chevauchant un sanglier. On a évoqué le nom de Diane. Mais celui de Freya, sœur de Frey et déesse de l’amour pourrait s’imposer tout autant.

Chez les Celtes, le sanglier revêt donc une importance fondamentale. Il apparaît sur nombre de monnaies gauloises, et figure comme enseigne ethnique ou guerrière sur les vexillum.

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La stèle calcaire d’Euffignix (Haute-Marne), fait état d’un personnage orné d’un torque au cou, avec un sanglier vertical gravé sur sa poitrine. On peut soupçonner le caractère sacertodal de cette stèle, s’il était confirmé que le motif symbolique de la patte droite est bien une crosse. Cette crosse (francique krukkja = béquille) serait de même nature que l’actuel attribut de l’épiscopat chrétien. Il était déjà l’emblème de dignité religieuse sous le paganisme romain, où du nom lituus, il équipait, les augures et les pontifes.

lituus.jpgL’archéologie irlandaise de son côté, nous confirme la présence de diverses crosses sur les sites cultuels, de même curieusement, que certains monuments mégalithiques. (7) Sur le côté de la stèle, on peut également distinguer la présence d’un œil. La valeur magico-relieuse de l’ensemble, nous permet d’imaginer le troisième œil, celui qui voit, celui de qui vient la religion. (lat. religio = qui relie)

Est-ce un hasard, si un autre dieu du panthéon celtique a été trouvé sous le chœur de N.D. de Paris, en 1970 ? Il s’agit de Cernunnos, « le dieu aux cornes de cerf ». On l’a également localisé à Reims, à Vandoeuvres, à Saintes, et il apparaît sur le célèbre chaudron de Gundestrup, accompagné d’un sanglier.

Comme pour relier les fonctions souveraine et productrice, le sanglier constituait la nourriture sacrificielle de la fête de Samain. (ou Samuhain, Samonios dans le calendrier de Coligny, le 1 novembre. La Toussaint en est la survivance christianisée). (8) On le consacre à Lug, qu’on associe à Mercure. (L’un des surnom de Mercure, Moccus = porc, est attesté par une inscription gallo-romaine à Langres).

La légende de Twrch Trwyth (irlandais triath = roi) s’opposant à Arthur, représente le sacerdoce en lutte contre la royauté, à une époque de décadence spirituelle. (9) Le père de Lug, Cian, se transforme en porc druidique, pour échapper à ses poursuivants, avant néanmoins de mourir sous forme humaine.

Paradoxe d’importance, l’ensemble des textes irlandais, même d’inspiration chrétienne, n’accorde pas de mauvaise part au symbolisme du sanglier. Il s’agit là d’une contradiction flagrante avec les tendances de la tradition judéo-chrétienne.

Dans la Bible, le sanglier est associé à l’impureté, aux déchainement des passions, aux forces démoniaques.

Parmi les légendes recueillies par Roger Lecotté, (10) il en est une qui se rapporte au thème du sanglier, et qui concerne le village de Percy, en Seine-et-Marne.

Ste Osmanne, princesse d’Irlande, après de longues pérégrinations, vint s’établir dans la retraite de Féricy. « Avec sa servante, elle bâtit un abri de feuillage et mena une existence austère. Un jour, un jeune seigneur des environs, chassant un sanglier, vit la bête se réfugier auprès de la sainte, alors en prière près d’une fontaine. Malgré les cris des veneurs, les chiens ne pouvaient bouger, et le seigneur, voulant tuer le sanglier demeura figé. Il injuria Osmanne, qu’il prit pour une enchanteresse et se retira. Passant à Sens, il raconta les faits à St Savinien qui se rendit auprès de la solitaire et la reconnut comme une croyante ; aussi il la baptisa avec l’eau de la fontaine, et lui donna, le nom d’Osmanne. »

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Le bruit de sa sainteté se répandit partout, et de nombreux fidèles vinrent lui demander soulagement de leurs maux.

Anne d’Autriche délégua deux pèlerins pour obtenir la naissance de Louis XIV, puis envoya un courrier à Féricy pour annoncer l’heureuse nouvelle, et fit don du tabernacle actuel.

Un registre de confrèrie du XVII° siècle porte de nombreuses demandes et procès-verbaux de guérisons ou miracles.

Selon la légende locale, les anciennes cloches de l’église, enfouies en 1789 dans la mare de l’abime, et qui, envasées, n’ont jamais pu être récupérées, se font entendre à ceux qui se penchent au-dessus de l’onde, car elles sonnent encore pour la fête de Ste Osmanne.

Ce texte démontre à lui seul, s’il en était besoin, combien l’animisme est vivace au VII°siècle, (10) et comment il est réintégré par l’Eglise sans autre forme de procès.

A partir de quels critères l’évêque de Sens reconnait-il Osmanne comme une croyante ? Elle dispose de pouvoirs légués par la tradition celto-païenne, c’est-à-dire spécifiques aux coutumes de l’animisme européen. On songe aux oracles de Delphes et à la Pythie officiant en extase, près de la source Castalie. (11)

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On songe aux légendes médiévales et aux « sorcières » des forêts profondes. On songe surtout au sanglier comme symbole druidique. On rappellera encore que le nom de « fontaine » désignait initialement une source, et l’on aura posé le décor dans lequel évoluent les acteurs de l’époque.

Sachant que les édifices de la chrétienté médiévale ont été élevés aux lieux même des sites sacrés du paganisme, il resterait à démontrer, au-delà des phénomènes de syncrétisme connus, la part de glissement sacro-religieux réalisée au titre de la Tradition entre la société druidique et la Chrétienté.

Gérard Thiemmonge.

Bibliographie :

  • 1) Dictionnaire des symboles, R. Laffont, Paris 1969
  • 2) J. Rousseau, La Chasse Sauvage, mythe exemplaire, in Nouvelle Ecole n° 16, Paris 1972
  • 3) Au temps des Gaulois, Hachette, Paris 1981
  • 4) Dictionnaire de l’ancien français jusqu’au milieu du XIV° siècle, A.J. Greimas, Larousse, Paris 1980
  • 5) Chevalier et A. Geerbrant, Op.cit.
  • 6) Mabire, les dieux maudits, récits de mythologie nordique, Corpenic, Paris 1978
  • 7) Sharkey, Celtic mysteries, the ancient religion, Thames & Hudson, Londres 1975
  • 8) J. Rousseau, Op.cit.
  • 9) Thème du conflit intrafonctionnel, entre le pouvoir et le sacré.
  • 10) Recherches sur les cultes populaires dans l’actuel diocèse de Meaux, CNRS/FF d’Ile-de-France n° IV, Paris 1953
  • 11) Basile Pétrakos, Delphes, Editions Clio, Athènes 1977

 

vendredi, 31 juillet 2020

Sur les cultes du sanglier

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Sur les cultes du sanglier

Le sanglier est un animal courant et va englober dans sa symbolique la laie, le cochon et la truie. Dans la Grèce, la mythologie représente le sanglier comme instrument des dieux : il est tueur ou tué selon que le héros a été condamné par les dieux ou testé (Héraclès, Adonis, Attis…).

Le sanglier était attribut de Déméter et d'Atalante.

Dans les cultures germano-nordiques, il est attribut de Freya, et Frey, son frère, a pour monture un sanglier aux poils d'or. C'est peut-être Freya qui est devenue en terres erses et celtiques la déesse Arwina, figurée avec un sanglier, et qui, en France, a donné son nom aux Ardennes et à l'Aude, ainsi que divers prénoms : Aude, Audrey, Aldouin, Ardwin…

En outre, en Irlande et en France, le sanglier représente symboliquement la classe des druides et, plus tard, les prêtres : il figure à ce titre sur un des chapiteaux de la basilique de Saulieu — 21 —.

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Parce que lié à la fécondité, de nombreuses légendes mettent en scène des héros élevés par des suidés ; parce que lié à la force mâle, sa chasse fut longtemps initiatique.

L'Église a tenté d'intervenir, mais sans succès cette fois, pour 4 raisons essentielles :

1) trop répandus, sangliers et porcs sont une ressource alimentaire importante ; la peau, les défenses, les ongles, les os… tout ce qui n'est pas mangeable sert à l'artisanat utilitaire ;
2) il est associé à trop de saints populaires : Antoine, Émile, Colomban… ;
3) mettre l'interdit sur les porcs serait avoir la même attitude que les juifs,
4) en Allemagne, il y eut confusion étymologique entre Eber = sanglier et Ibri, ancêtre mythique des Hébreux et donc du Christ, parfois représenté sous forme de sanglier (à Erfurt not.).

mercredi, 27 avril 2011

Un Simbolo Indoeuropeo: El Jabali

 

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Un Símbolo Indoeuropeo: EL JABALÍ

Ex: http://idendidadytradicion.blogia.com/

“En la noche céltica, el jabalí cazado con ahínco y reproducido en algunas piedras de las citânias, era animal sagrado para los galos, afecto a Diana Ardeumi, como el oso a la diosa Artio, el perro al dios del Mazo y el caballo de Epona. Su figura alzada en la cima de un bastón o una horquilla, fue para muchas tribus germanas y galas una bandera venerable.” J.M.Castroviejo


Dentro de nuestro mundo indoeuropeo, como es sabido, los animales tienen una importancia y una trascendencia reveladora más que importante, ya que para nuestros antiguos la observación de la Naturaleza y de sus habitantes, eran constante y consciente fuente de inspiración y de sabiduría. Entre dichos animales de simbolismo positivo –y a veces dual- se encontraban, el caballo, el lobo, el ciervo, el oso y también el jabalí.

Entendemos pues que el símbolo no es sino el empleo de imágenes que encierran y engloban ideas suprasensibles. El símbolo no tiene límites precisos y en este caso en particular podremos observar que en el caso de animal tan noble, acontece tal cual. 

En este presente artículo nos aproximaremos al jabalí como símbolo identitario indoeuropeo de fuerza, valor, coraje y fecundidad, presente desde tiempos remotos tanto en Occidente -en nuestra península celtibérica, así como en el mundo céltico- como en Oriente – en el mundo indo-ario. Y comenzemos pues por estos últimos:

Dentro de la antigua Tradición Hindú, el símbolo del jabalí procede directamente de la Tradición Primordial, con sede en la Tierra de la Luz, Hiperbórea. Este origen netamente hiperbóreo, es igualmente compartido por los celtas, ya que como apunta René Guénon, “entre los celtas, el jabalí y la osa simbolizaban respectivamente a los representantes de la autoridad espiritual y a los del poder temporal, es decir a las dos castas, los druidas y los caballeros, equivalentes, por lo menos originariamente y en sus atribuciones esenciales, a lo que son en la India las de los brahmanes y los Kshatriya (guerreros)” 

El jabalí (varâha), es el animal representativo del tercer avatâra (encarnación) de Vishnú, símbolo que procede directamente de la Tradición primordial y que en el Veda- según R. Guénon – afirma expresamente su origen hiperbóreo, “además dentro de nuestro Kalpa íntegro, es decir, todo el ciclo de manifestación de nuestro mundo, se designa como el Çveta-varâha-kalpa, o sea el “ciclo del jabalí blanco”…por eso la”tierra sagrada” polar, sede del centro espiritual primordial de este Manvântara es denominada tambien Varâhi o “tierra del jabalí”. 

Algunos autores interpretan que según el texto sagrado del Ramayana, Brahma asumió la forma de un jabalí en su tercera encarnación, mientras que otros , según los cuentos tradicionales y remotos que conforman el Vishnú Purana, fue el dios Vishnú que en la forma del dios Brahma se convirtió en jabalí. Ambos coinciden en que bajo la forma del jabalí, Dios- Brahma que creó todo lo existente, viendo que todo era agua al principio, se sumergió en las profundidades de las aguas y con sus colmillos elevó la tierra a la superficie. El jabalí es un animal que entre sus diversos “placeres”, está el deleitarse con el agua, y según el Vishnú Purana, este deleite y purificación con el agua, se dice que es tipo de ritual de los Vedas, representación alegórica de la liberación del mundo de la inundación del adharma (falta de ley, orden, justicia, espiritualidad). 

Etimológicamente, en sánscrito el jabalí es como hemos dicho varâha y la raíz var-, según R.Guénon, tiene el sentido de “cubrir”, “ocultar”, “proteger”, mientras que las lenguas nórdicas su análogo sería bor- . Efectivamente, “Bórea”, Hiperbórea probablemente sería la “tierra del jabalí”, tierra oculta y de los elegidos, aunque este aspecto “solar” y “polar” fue posteriormente transferido del jabalí al oso, posiblemente por la rebelión de los representantes del poder temporal frente a la supremacía de la autoridad espiritual.

Igualmente R.Guénon nos dice que entre los antiguos griegos, la rebelión de los khsátriyas se figuraba por la caza del jabalí de Calidón, que al igual que en la tradición hindú, es blanco. Prosigue el autor con otra interesante analogía, con el nombre de Calidón, ya que el antiguo nombre de Escocia, Caledonia, “aparte de toda cuestión de “localización” particular, es propiamente el país de los “kaldes” o celtas; y el bosque de Calidón no difiere en realidad del de Brocelandia, cuyo nombre es también el mismo, aunque en forma algo modificada y precedido de la palabra bro- o bor-, es decir, el nombre del jabalí” 

Así pues, entre los antiguos indo-arios, como entre los antiguos celtas y también entre los griegos como hemos visto, el jabalí poseía un profundo simbolismo que venía de tiempos remotos, de la sede mítica y centro espiritual que era Hiperbórea, “ya que allí residía la autoridad espiritual primera, de la cual toda otra autoridad legítima del mismo orden no es sino una emanación, no menos natural resulta que los representantes de tal autoridad hayan recibido también el símbolo del jabalí como su signo distintivo y lo hayan mantenido en la sucesión del tiempo; por eso los druidas se designaban a sí mismos como “jabalíes”…una alusión al aislamiento en que los druidas se mantenían con respecto al mundo exterior, pues el jabalí se consideró siempre como el “solitario”; y ha de agregarse, por lo demás, que ese aislamiento mismo, realizado materialmente, entre los celtas como entre los hindúes, en forma de retiro en el bosque, no carece de relación con los caracteres de la “primordialidad”, un reflejo por lo menos de la cual ha debido mantenerse siempre en toda autoridad espiritual digna” 


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En nuestra península celtibérica- “Keltiké”-, uno de los principales legados escultóricos que poseemos de nuestros finales de la Edad del Bronce, son los denominados “Verracos” o “Verrôes”, datados aproximadamente entre los siglos IV-III a.C. Tradicionalmente esta Cultura de los Verracos-Verrôes ocupó la zona comprendida por las tribus célticas de los Vettones, asentadas en la Beira Alta y Trâs-Os-Montes portugueses, Salamanca, Ávila y limitando al este con los ríos Eresma y Alberche y al norte con la Cultura Castrexa galaico-astur. Esta plástica zoomorfa labrada en granito, con trazos muy toscos y en posición erguida (de reposo y de acometida), de sexo masculino (con tendencia a mostrar cierto genitalismo), posee tipos básicos: Cerdos y toros en mayor abundancia, así como también jabalíes. 

La finalidad de los Verrôes-Verracos siempre ha estado envuelta en la controversia: Para unos estudiosos ha sido la expresión del culto egipcio de Osiris y Apis en nuestra península mientras que para otros serían como mojones terminales del territorio de un pueblo . Por ejemplo, para el profesor portugués Santos Junior serían totems relacionados con la virilidad, el coraje y la fuerza. Lo cierto es que según su ubicación podrían tener un simbolismo determinado, así pues a la entrada del castro de Las Cogotas en Ávila estaban ubicados estos verracos, como símbolo totémico de fuerza y valor, mientras que por otro lado en Chamartín de la Sierra podrían determinar un encerradero de animales, como símbolo de protección y de fecundidad. En ambos casos - aunque diferenciados- la finalidad sin duda es mágico-protectora 

Apuntaba el arqueólogo gallego Florentino López- Cuevillas en los albores del pasado siglo XX, que poco se podía decir de las ideas cosmogónicas de los habitantes de la vieja Gallaecia (Galiza, Asturies, Norte Portugal, León y Zamora), de los “galecos”, pero se aventuraba con datos arqueológicos a dar una extensa relación de los cultos practicados por los habitantes de la cultura Castrexa, entre los cuales citaba a “una divinidad en forma de cerdo o de jabalí” 
Por otro lado, dejando atrás la época prerromana, parece ser que estos verracos tuvieron finalidad de carácter funerario según atestiguan las inscripciones latinas en algunos animales, utilizadas a modo de estelas funerarias (siglo II d.C) 

En las Tradiciones Irlandesa y Galesa, el jabalí como animal simbólico igualmente aparece dentro de sus mitologías. Dentro del ciclo del Ulster, el héroe Diarmaid y su enamorada Grainne, -prototipos de los medievales Tristán e Isolda – dicho héroe tenía como mayor prohibición el matar al jabalí ya que su hermano fue muerto accidentalmente y metamorfoseado en jabalí mágico. Igualmente dentro de la interesante historia del druida irlandés, Tuàn Mac Cairill, personaje que es testigo de las cinco grandes invasiones de Irlanda, que sobrevivió metamorfoseando su cuerpo en ciervo, jabalí, halcón, salmón, antes de retornar a ser hombre, imagen del Hombre Primordial, capaz de restablecer aquella edad de oro del comienzo de la Humanidad, tiempos míticos en la que los animales y los hombres hablaban el mismo lenguaje y no se mataban entre ellos. De nuevo el mismo jabalí mágico reaparece dentro de los Mabinogion galeses, “no sólo en el relato de Kulhwch y Olwen en el que Arturo y sus compañeros acosan al jabalí Twrch Trwyth, sino también en algunas Tríadas de la Isla de Bretaña y en la Historia Britonnum de Nennius” 

Dentro del mundo céltico y sobre todo en la Galia, el jabalí ha sido un emblema guerrero indiscutiblemente ya que se han encontrado lábaros sagrados o pértigas coronadas por la representación de dicho animal, además de su aparición en monedas. Citemos por ejemplo el jabalí como enseña militar del arco de Orange, o bien la estatua de una Diana gala encontrada en las Ardenas montada sobre un jabalí. Ecuánimemente nos explica Jean Markale que “sobre una placa del Caldero de Gundestrup, que representa el rito de sofocación, todos los guerreros llevan un casco coronado por un jabalí. Todo estriba en saber si el jabalí representa la fuerza física y “solitaria” del guerrero, lo cual sería simbolismo, o si se trata del animal mítico considerado como el antepasado de la clase guerrera” Este atributo “kshatriya” del jabalí también lo encontraremos entre los pueblos bálticos de los letones, lituanos y antiguos prusianos, especialmente como animal relacionado con el dios Pekurnas, que sería el Thor nórdico, el Taranis galo. 



Y en época clásica grecorromana, igualmente el jabalí aparecía en estas culturas como fiera noble, valor salvaje al que vencer el héroe, tal como nos relata J.M.Castroviejo: “El Señor jabalí tiene su puesto en la Historia y no pequeño… El feroz puerco, perseguido hasta la hondura de su cubil, era un adversario que los dioses mismos no desdeñaban el atacar. Artemisa, la virginal. Lo seguía con su aljaba, tenaz e incansable, hasta lo profundo de las selvas de la Argólida, en veloz carro, acompañada de ladradora jauría y entre un tropel de ninfas galopantes. Y ¿no fue por culpa de un jabalí, primero herido por la diestra Atalante, por lo que el heroico Meleagro, que le da al fin muerte, enloquece y pierde a su vez la vida? Homero en la Odisea (XIX) nos deja un memorable retrato del jabalí que hirió a Ulises. El jabalí era presa noble y los emperadores…de Roma, tras las influencias de la Galia, de España, de Grecia, del Oriente Helenístico y de África, se alababan de su caza. Adriano, Marco Aurelio –cuya fuerza ante el jabalí destaca Dion Casio- y Caracalla, entre otros, se vanagloriaban de afrontarlo. Marcial nos dejará inmortalizado en hermoso latín, el epitafio de la valiente perra Lydia sucumbiendo al colmillo de un jabalí:
Fulmineo, spumantis sum dente perempta
Quantus erat, Calydon, aut, Erymanthe, tuus » 

 

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Pero volvamos de nuevo a la relación simbólica entre el jabalí y el oso de la que antes hemos hablado y veamos una más que interesante interpretación del tema que estamos tratando. Según René Guènon, el jabalí y la osa no aparecen siempre en estado de lucha y oposición sino que igualmente podrían representar de forma armoniosa la relación de las castas de los druidas- sacerdotes-brahmanes con la de los guerreros-caballeros -kshatriyas y esto lo vería R.Guènon en la conocida leyenda de Merlín con Arturo: “En efecto, Merlín, el druida, es también el jabalí del bosque de Broceliande (donde al cabo, por otra parte, no es muerto como el jabalí de Calidón, sino sumido en sueño por una potencia femenina) y el rey Arturo lleva un nombre derivado del oso, arth; más precisamente, este nombre Arthur es idéntico al de la estrella Arcturus, teniendo en cuenta la leve diferencia debida a sus derivaciones respectivas del celta y del griego. Dicha estrella se encuentra en la constelación del Boyero, y en estos nombres pueden verse reunidas las señales de dos períodos diferentes: el “guardián de la Osa” se ha convertido en el Boyero cuando la Osa misma, o el “Sapta-Rksha”, se convirtió en los “Septem triones”, es decir, los “Siete bueyes” (de ahí el nombre de “septentrión” para designar el norte); …la autoridad espiritual, a la cual está reservada la parte superior de la doctrina, eran los verdaderos herederos de la tradición primordial, y el símbolo esencialmente “bóreo”, el del jabalí, les pertenecía propiamente. En cuanto a los caballeros, que tenían por símbolo el oso ( o la osa de Atalanta) puede superponerse que la parte de la tradición más especialmente destinada a ellos incluía sobre todo los elementos procedentes de la tradición atlante; y esta distinción podría incluso, quizá, ayudar a explicar ciertos puntos más o menos enigmáticos en la historia ulterior de las tradiciones occidentales” 


En la tierra mágica de la Españas, Galiza, de nuevo la memoria de la Tradición Primordial emerge, podríamos decir más que curiosamente, puesto que la “combinación” del jabalí con el oso toma forma de heráldica y Tótem para la otrora gran casa feudal de los Andrade, señores del norte de la actual provincia de A Coruña y parte de la de Lugo. “El jabalí, con el oso, fue tótem de la gran casa feudal de los Andrade, como puede verse en el magnífico enterramiento de la iglesia de San Francisco de Betanzos” . Efectivamente, el sepulcro gótico de Fernán Pérez de Andrade “O Bóo” está soportado por un oso y un jabalí, si bien el jabalí es la figura más ligada a la casa de los Andrade. Relacionado con el linaje de los Andrade, tenemos la leyenda novelesca de Roxín Roxal e a Ponte do Porco, que tan bellamente recogió Leandro Carré Alvarellos en sus “Leyendas Tradicionales Gallegas”. De nuevo la memoria céltica galaica se renueva con este héroe solar que combate al fiero “porco bravo”, un temido jabalí que asola la comarca y siembra el pánico entre los labriegos. Roxín Roxal, doncel del señor de Pontedeume, don Nuno Freire de Andrade, era un joven ”esbelto de cuerpo, rubio y roxiño como un sol, alegre y sonriente, valiente y sencillo”, que estaba enamorado de la hija de don Nuno, la joven Tareixa (Teresa), que “montaba a caballo igual que una amazona céltica y disparaba una flecha mejor que algunos arqueros de su padre” , pero que esta doncella fue obligada a casarse con otro señor feudal, don Henrique de Osorio, ya que el señor de Andrade descubrió el amor de Roxín Roxal por su hija . Don Nuno y don Henrique organizaron una cacería para dar muerte al fiero jabalí y en la desembocadura del río Lambre encontraron al animal en el puente. Don Henrique y la joven Tareixa fueron embestidos por el enorme jabalí, don Henrique le clavó su lanza pero saltó del puente y el animal atacó a la joven doncella, matándola. A los pocos días, en dicho puente apareció el jabalí con una daga clavada en el pescuezo, que don Nuno reconoció. Esa daga se la había regalado a su sirviente Roxín Roxal. He aquí la leyenda de Ponte do Porco, donde un héroe mata por amor y frente a la fiereza y el coraje del porco bravo se superpone la del héroe.

 

El Cristianismo medieval, desgraciadamente, fue severo con el fogoso animal de nuestros antepasados, según asevera el tradicionalista católico Louis Charbonneau-Lassay en su hermoso y extenso trabajo sobre simbolismo animal en la Antigüedad y Edad Media “El Bestiario de Cristo”, aunque durante los primeros cuatro siglos de Cristianismo fue representado en lámparas en las que parece representar la cólera divina, frente a la paloma y el cordero que representarían la dulzura de Cristo.

 

En un manuscrito francés del siglo XIV, el jabalí junto con el gallo (animal que como sabemos anuncia la salida del Sol, por lo tanto animal solar y pagano) representa a la Ira, la Lujuria. Así pues la Ira será representada por una mujer que lleva un gallo sobre su mano y que cabalga sobre un jabalí. Nuestra Edad Media europea, conoció salvo raras excepciones, al jabalí de David “asolador de la viña del Señor”, como nos lo relatan los Salmos del Antiguo Testamento. “El jabalí, sin embargo, fue aceptado a veces como imagen del justo, independiente y valeroso frente a los adversarios del Bien y a los enemigos de su alma. En este sentido, San Paulino de Nola, en el siglo V, incluso lo relacionaba con el cordero cuando escribía a uno de sus corresponsales: “Qué satisfacción encontrarme completamente cambiado; ver que el león tiene ahora la dulzura de un joven ternero; que Jesucristo habita en el jabalí, que conserva toda la ferocidad para con el mundo, pero que se ha convertido en cordero para con Dios; ya no eres el jabalí del bosque, te has convertido en el jabalí de la siega”

 

El polifacético y prolífico intelectual galaico Vicente Risco, nos cita siete animales cuya figura puede asumir el diablo, y curiosamente hay dos animales (Jabalí y Cuervo, aves de Odin- Wotan) significativos para las antiguas creencias célticas y germánicas que son marcados con este estigma; “como Jabalí, atemoriza a las gentes del campo, como Cuervo muestra su triste negrura fatídica, que se alimenta de la muerte” He aquí una muestra entre otras muchas mas, de cómo los símbolos paganos fueron tergiversados e invertidos por la nueva religión.

 

Simbólicamente al jabalí se le opuso frente al Cordero de Cristo, así pues frente a las virtudes cristianas del cordero estaban los defectos y pecados paganos del Jabalí. Pese al olvido parcial de animal tan noble como símbolo durante nuestra Edad Media, se representó frecuentemente su caza, siendo esta considerada de gran riesgo, valor y coraje junto con inteligencia, virtudes propias que debían poseer los guerreros. Quizás dentro de los animales salvajes cazados en nuestros montes europeos, la cacería del oso y del jabalí destacarían por ser de elevado peligro, frente a otras especies.

 

Como conclusión para este pequeño aporte al simbolismo del jabalí, apuntaremos esta duda con la que se preguntaba el católico L.Charbonneau –Lassay: “¿Cuál sería exactamente el pensamiento de Albert Durero cuando, cerca del pesebre en el cual puso María al Niño Dios, representó al jabalí y al león, en vez del buey y la mula tradicionales?”.

 

FEDERICO TRASPEDRA

Lughnasad 2004


Bibliografía:

“SIMBOLOS FUNDAMENTALES DE LA CIENCIA SAGRADA” René Guénon. Eudeba-Ediciones Colihue. Buenos Aires 1988. pág.141

Op.cit. René Guénon, pág.145

Op.cit. René Guénon, pág.142.

Cuadernos del Arte Español nº22 “Arte Céltico y Celtibérico” Historia-Grupo16 Madrid1992

“La Civilización Céltica de Galicia”, de Florentino López-Cuevillas. Ed. Istmo, Madrid 1989, pág.280

“Druidas” de Jean Markale, Ed Taurus Alfaguara, Madrid 1989. Pág.202

Op. Cit. Jean Markale, pág.203

“Viaje por los montes y chimeneas de Galicia” J.M. Castroviejo y Álvaro Cunqueiro.Espasa Calpe. Col. Austral. Madrid 1986. Pág.128

Op. Cit. René Guènon, pág 146-147.

J.M.Castroviejo, op.cit. pág 130

“Leyendas Tradicionales Gallegas” de Leandro Carré Alvarellos. Espasa-Calpe, Col.Austral. Madrid 2002 Págs.253-256

“El Bestiario de Cristo” de L.Charbonneau-Lassay, Ed. Olañeta, Palma de Mallorca, 1997. Pág. 174, 175,640.

Satanás, historia del diablo. V.Risco. EdGalaxia, pág.409.

dimanche, 07 novembre 2010

Le cochon: porte-bonheur ou véhicule d' "impureté"?

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« Moestasjrik » / «  ‘t Pallieterke » :

 

Le cochon : porte-bonheur ou vecteur d’ « impureté » ?

 

 

Mes lecteurs me posent des questions ? Je réponds ! Un lecteur veut savoir pourquoi le cochon est un animal symbolique positif en Chine, de même qu’en Europe ( « Schwein haben » en allemand signifie « avoir de la chance »), alors qu’au Moyen Orient, on le considère comme un animal impur. De fait, ce lecteur pose là une question bien utile.  Surtout en ces jours où des organisations caritatives distribuent du bouillon de porc et quelques tranches de pain aux sans-abri, ce qui provoque immédiatement un tollé chez les tenants les plus délirants du « politiquement correct ». Un juge parisien vient d’interdire cette générosité culinaire parce qu’elle constituerait une discrimination à l’endroit des musulmans, alors que les dites organisations caritatives n’ont jamais eu la moindre intention d’empêcher un pauvre, quelle que soit sa religion, de recevoir son bol de soupe. Pour brouiller encore les pistes et insinuer qu’il y a de l’antisémitisme dans l’air, certains agents désinformateurs ont même été jusqu’à affirmer que ces distributeurs de soupe discriminaient et les clochards juifs et les clodos musulmans ; les Juifs, que je sache, n’ont jamais cherché, au cours des siècles, à imposer leurs interdits alimentaires aux autres comme le font aujourd’hui les musulmans dans nos écoles et nos prisons. Quoi qu’il en soit, ces manipulations rhétoriques ne s’avèrent possibles que parce qu’à la base le judaïsme et l’islam interdisent effectivement de consommer de la viande de porc, tandis que les religions dominantes en Europe et en Asie orientale s’abstiennent de prononcer un tel interdit.

 

On explique généralement que cette différence provient de ce que les matrices territoriales de ces différentes religions se situent chaque fois en des zones climatiques différentes. Contrairement aux bovins, ovins et caprins, qui sont exclusivement herbivores, les porcs sont omnivores. Les végétariens n’ont pas entièrement tort lorsqu’ils nous disent que la consommation de viande génère de l’impureté. Les moutons possèdent un système intestinal de dimension très longue afin qu’ils puissent tranquillement absorber et épurer les éléments nutritifs de leur alimentation. Les lions en revanche possèdent un système intestinal court pour pouvoir, après une digestion sommaire, se débarrasser aussi rapidement que possible de la viande qu’ils ont absorbée et qui entre en putréfaction dans leur corps. Au départ, le porc, lui aussi, était végétarien, et donc son système intestinal n’est pas parfaitement adapté à une diète faite de viande. Ils deviennent ainsi assez aisément la proie de vers, de parasites et d’autres germes pathologiques. D’autres animaux carnivores, consommés par l’homme, ont souvent transmis des maladies dangereuses pour l’être humain, notamment la volaille qui nous transmet la grippe.

 

Transmission de maladies

 

Ceux qui tabouisent la consommation de viande de porc prétendent dès lors que leur position est rationnelle ; d’autres éléments apportent de l’eau à leur moulin : l’animal aime se vautrer dans la saleté et le rôle qu’il joue dans la transmission de maladies. A cela s’ajoutent l’amour immodéré du porc pour la boue et le fait qu’il ne mange pas d’herbes mais concurrence l’homme dans la manducation de fruits et de graines.

 

Cette carte d’identité biologique du porc entraine plus de problèmes dans certaines zones climatiques que dans d’autres. Un climat froid, avec de longues périodes de gel, procure à intervalles réguliers, une phase de désinfection générale, tandis que dans les climats chauds tous les microbes et bactéries prolifèrent sans arrêt. En Inde, il y a chaque année prolifération de vermines de toutes sortes juste avant la mousson. Pendant la saison torride, même les moustiques estiment qu’il fait trop chaud pour voler mais après les premières pluies, moustiques, cancrelats et scorpions apparaissent par centaines de millions. Les cadavres commencent alors immédiatement à pourrir : c’est la raison pour laquelle on les brûle le jour même de leur décès avant le coucher du soleil (ou qu’on les enterre s’ils sont musulmans). Sous de tels climats, on ne prend aucun risque avec tout ce que l’on considère comme vecteur d’impureté.

 

Ce problème n’existe pas dans le nord. En Chine, qui est une civilisation née dans le bassin du Fleuve Jaune (Huanghe), nous avons affaire à une zone climatique modérément froide, comparable à nos latitudes. Il n’y existe aucun tabou alimentaire. On y mange de tout : des serpents, des singes, des insectes, des tortues et donc aussi du porc. C’est même cet animal-là qui forme l’essentiel de l’élevage en Chine. Le signe chinois, qui signifie tout à la fois « maison », « foyer » et « famille » (jia), est constitué d’un toit, avec, sous lui, un cochon. Les Chinois accueillent l’Année du Cochon avec joie et les jeunes mariés espèrent, au cours de ces douze mois, avoir un enfant.

 

Et qu’en est-il parmi les peuples indo-européens, que l’on a improprement appelés naguère « Aryens », selon le nom que se donnaient les Indo-Iraniens ? L’opposition nord-sud, que nous avons évoquée en début d’article, est aussi d’application dans le monde indo-européen. En Europe et en Russie, le porc est totalement accepté dans les régimes alimentaires. En Asie du Sud, il n’entre pas dans la cuisine, même chez ceux qui ne suivent pas un régime végétarien. Le sanskrit ne connaît d’ailleurs pas de mot pour désigner le « porc domestiqué » ; il ne connaît seulement qu’un mot, « varahaa », pour le « porc sauvage ». Seules les castes « impures », les plus basses dans la hiérarchie indienne, gardent quelque fois des porcs ; il y a souvent des émeutes quand un de leurs porcs s’échappe et s’égare dans un quartier musulman.

 

Et qu’en est-il entre l’Inde et la Russie, en Asie centrale ? Cette région nous réserve une fameuse surprise. Les archéologues savent que s’ils tombent sur un site de 2000 av. J.C. qui ne contient aucun trace de la présence de porcs, ils l’identifient automatiquement comme indo-européen (1). C’est pour eux une règle d’or. Eviter la viande de porc était donc une caractéristique typique des « Aryens », qui les distinguaient des autres peuples de cette vaste région. On ne doit donc pas partir du principe qu’il y a, d’une part, des Sémites hostiles au cochon et, d’autre part, des « Aryens » adorateurs du cochon.

 

boaravatar.jpgVishnou le Sanglier

 

Malgré ce rejet du porc chez leurs ancêtres, les Hindous, qui ne mangent pas davantage de porc que les musulmans, ont réussi tout de même à jeter un trouble sacré parmi les musulmans, en évoquant un suidé. Les adorateurs de Vishnou croient que leur dieu se montre à intervalles réguliers dans le monde par le truchement d’une incarnation. Ces incarnations suivent une sorte de modèle ascendant, comme dans la doctrine de l’évolution de Darwin, raison pour laquelle cette doctrine évolutionniste n’a jamais choqué les Hindous. Bien avant que Vishnou ne viennent sur terre, en tant que Rama, ou que Krishna, il fut successivement poisson, tortue et, ensuite, sanglier, « varaaha ». Les musulmans s’insurgent lorsque les chrétiens présente Dieu sous la forme d’un homme souffrant ou humble, comme Jésus le fils du charpentier, ou Krishna comme conducteur de chariot. Alors quand on représente Dieu sous les formes d’un suidé, on tombe pour eux dans le blasphème suprême !

 

« Moestajrik » / «  ‘t Pallieterke ».

(article paru dans « ‘t Pallieterke », Anvers, 21 février 2007 ; trad. franç. : octobre 2010).

 

Note :

 

(1) (ndt) Les Indo-Européens d’Asie centrale sont nomades. L’élevage du porc est signe de sédentarité, comme l’indique d’ailleurs le signe chinois « jia », évoqué par notre auteur.