Strasbourg sera ce samedi en rouge et blanc, les couleurs d’une Alsace qui entend descendre dans la rue pour affirmer sa volonté de ne pas être absorbée par la Lorraine et la Champagne-Ardenne. La manifestation alsacienne aura-t-elle le même succès que celle de Nantes pour la réunification de la Bretagne ? Le président du conseil régional d’Alsace y croit en tout cas, n’hésitant pas à proposer un tarif – TER exceptionnel à 5 € – pour permettre à tous les Alsaciens qui le souhaitent de se joindre à ce mouvement de protestation.
L’opposition socialiste – l’Alsace est de droite depuis toujours – crie bien évidemment au loup et dénonce « l’utilisation indue de fonds publics pour financer une manifestation partisane ». C’est oublier un peu vite qu’une vente flash de 12.000 billets Lyon-Paris à 5 euros a eu lieu l’année dernière par la SNCF, cinq jours avant la manifestation pro-mariage pour tous. Et cette offre était bel et bien disponible 5 jours avant la manif des partisans du « mariage » homosexuel et valable uniquement, comme par hasard, jusqu’au 27 janvier 2013, date de la manifestation des partisans du projet de loi. Sur le Net, la SNCF encourageait ses « amis lyonnais » à profiter de cette « opportunité incroyable » en envisageant une « petite séance shopping dans le Marais », le « quartier gay-friendly de la capitale », comme l’avait relevé alors fort opportunément Valeurs actuelles.
Malgré son maire gay-friendly, l’offre alsacienne n’est pas aussi alléchante, mais la manifestation de samedi sera le point d’orgue d’une campagne de sensibilisation de l’Alsatian Pride, la « fierté alsacienne » que mène depuis quelques mois un tout jeune parti régionaliste Unser Land (Notre pays) qui a remis au goût du jour les couleurs alsaciennes Rot un Wiss (rouge et blanc). De nombreux jeunes – et c’est encourageant – ont rejoint les rangs d’Unser Land et n’hésitent pas, à l’image des activistes de Greenpeace, à se lancer dans des démonstrations spectaculaires, drapeau Rot un Wiss en tête. Ces jeunes militants ne sont pas effarouchés par la notion d’autonomisme et n’hésitent pas à l’expliquer aux badauds qui les encouragent dans leurs actions d’éclat. « N’ayez pas peur, même soyez fiers de votre histoire. Nous devons à ceux qui nous ont précédés, qui se sont battus pour préserver notre droit local, notre culture, notre langue, d’être ce que nous sommes ».
Unser Land milite enfin pour que le drapeau alsacien retrouve droit de cité. « Un vrai drapeau, reconnu, comme celui des Corses, des Bretons ou des Basques. Qui a sa place sur le fronton de nos mairies, entre le drapeau national et le drapeau européen […] Mir welle bliewe, wàs mir sin ! Nous ne voulons pas disparaître dans un mariage forcé contre-nature. Nous voulons rester ce que nous sommes et nous le faisons savoir. »
Contre toute forme de dissolution ou « d’incorporation forcée » de l’Alsace dans des ensembles interrégionaux artificiels : ils seront nombreux à le faire savoir samedi à Strasbourg, où l’on pourra se rendre compte, comme disait la grand-mère de l’un de mes amis, que mine de rien « les Alsaciens sont tous français, dommage que les Français ne soient pas tous alsaciens, on ne serait pas dans la m… »